Livre I - Chapitre 19
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70r
§Les faictz Clouys mys et touchez au vray Auant monſtrer que du regne deſuie, Dirons comment Richer perdit la vie, Qui eſtoit prince et comte de Cambray.
§Chapitre. §xixe.
70v
Plainctes par les Cambroyſiens faictes de Richer 3235CLouis regnāt en paix et amour telle Auecq les ſiens /. ſuruīt guerre moꝛtelle Par le deffault du pꝛince et gouuerneur De Cambꝛeſis / hōme ſans nul hōneur, Viuant de vie auſtere / impetueuſe, 3240 Vile / lubꝛicque / oꝛde et voluptueuſe. Ce fut celluy deſſus nomme / Richer Au quel vendit (Foꝛtune) ſon riz cher. Foꝛtune a ceulx toſt le cou riue et ſoulde Quant elle veult les oſter de ſa ſoulde. 3245Ceſt ceſte la qui vins de voluptez Hault compte a ceulx qui les ont voulluz telz. Ceſt ceſte la qui iamais ne ſenroue Pour ſeſchauffer a retourner ſa roe. Ceſt ceſte la qui maintz y leſſe hault 3250Aſſez longtemps /. puys leur donne le ſault. Ceſt ceſte la, furieuſe pꝛinceſſe, Par qui richer de pꝛoſperer pꝛint ceſſe. §Apꝛes pluſieurs folz deſirs acompliz Cambꝛoyſiens de mal talent rempliz 3255Deuers le roy ambaſſadeurs tranſmirent Qui par contractz de blancz ſeellez pꝛomirent Celluy Richer liurer entre ſes mains Eulx complaignans des exces inhumains Laſches, meſchans / vilains tours et infames71r
Les preſens que enuoye Clouis aux ambaſſades de Cābreſis . 3260Quil auoit faictz en leurs filles et femmes Querans quil feuſt (veu tel pꝛincipe) oſte Et degecte hoꝛs la pꝛincipaulte De celle terre /. Et la choſe affermee Luy pleuſt tantoſt auecques ſon armee 3265Soꝛtir aux champs / Car ilz ont remarche Le moyen / dont en aura bon marche. Quant le roy eut leur parolle entendue Touchant la charge empꝛiſe et pꝛetendue Il fiſt foꝛger par ouurier ſouuerain 3270Certains harnoys complectz de fin arain . Puys commanda que tous dune pareure Feuſſent chargez de ſi bonne doꝛeure Quen les voyant tant dedans que dehoꝛs Semblaſſent doꝛ tous maſſis /. Et aloꝛs 3275Que feurent pꝛeſtz / aux ſeigneurs les enuoye Par ceulx quilz ont vers luy fait mectre en voye Leur pꝛomectant bꝛiefuement les venger Sans iamais plus les ſouffrir oultraiger. § Ceſtuy Richer en ſa vie affectee 3280Se nourriſſoit par la langue affeſtee Dun ſien mignon nomme (Pharon) Le quel Enuiron luy poꝛtoit langaige tel Quoncques dun mot ne le voulut deſdire, Feuſt bien ou mal / ce que luy plaiſoit dire.71v
Des flateries de Pharon enuers Richer. 3285Tout accoꝛdoit comme fait ung flateur, Adulateur / et diſſimulateur. Pire eſt poyſon de langue flatereſſe Et meſmement quant elle eſt mentereſſe Que foꝛt venin deſcoꝛpion picquant 3290Pire eſt flateur que moꝛtel aſpic quant A ſon ſeigneur fait ſi laſches ſeruices Que vertus foulle / et tend exaulcer vices O la poyſon dun flateur faulx langard Ayant credit au pꝛince / Dieu len gard 3295Pꝛince / ſeigneur / et autre que lon flate Quelque rappoꝛt que flateur luy relate Mente / ou vray die / Il peult et doibt ſcauoir Quil ne le fait foꝛs pour ſes biens auoir. Ainſi faiſoit Pharon que Icy ie nomme 3300Paiſiblement gouuernant ce ieune homme Qui cauſe fut de la contention, Deſloyaulte et malle intention De la plus part des ſeigneurs pleins dangoiſſe Par ce quil fault que le monde congnoiſſe 3305Le bon renom de Cambꝛay leur cite Eſtre aboly par la lubꝛicite Du pꝛince tel / dont eſt la renommee A tant de gens foulee et mal nommee Au ſeul pourchatz dun macquereau meſchant,72r
Richer aſſemble ſes gens contre Clouis. 3310Laſche et vilan / toute heure ne cherchant Foꝛs deceuoir les poures creatures Et les renger a males aduentures Vela pourquoy ces deux furent hays Des gꝛandz / moyens / et petitz du pays. 3315Vela pour quoy diſcenſions et guerres Souuenteſfoys ſourdent en maintes terres. Vela pourquoy voyons aſſez de foiz Lire de Dieu / gens flageller des foetz Dhoſtilite / famine / et peſtilence 3320Durer ne peult ſi foꝛte violence. §Oꝛ ce Richer, a poꝛt darmes ſaichant Le roy Clouys eſtre ſur luy marchant, Tout foꝛcene, plein de raige et furie, Fiſt aſſembler toute la ſeigneurie 3325Et commanda charger armes / auant Trois iours paſſez / pour aller au deuant Du roy / que entend / ſur luy querelle empꝛandꝛe Et au pays ſouuerainete pꝛendꝛe. Les traytres loꝛs quil ſommoit a garantz 3330Feirent ſemblant du cas eſtre ignoꝛantz Et dirent bien / pour plus foꝛt lenflammer Quen ce (le roy) faiſoit trop a blaſmer Et quilz ſont pꝛeſtz / ou que le ſien oſt aille Viure et mourir quant et luy en bataille.72v
Clouys deffiſt Richer en bataille. et priſt Cambray 3335Aux champs ſe miſt comme deulx tout certain Mais il fut trop de ſon penſer loingtain Car quant on vint a baiſſer picque et lance, A bien fouyꝛ monſtrerent leur vaillance Et luy folaſtre oultrecuyde richer 3340Cuydant tout rompꝛe / abatre et deffricher Le boys debout / comme en foꝛeſt ſe couppe Se alla gecter ſur la pꝛemiere trouppe Ou au charger poꝛta ſi peu deffect Quil fut rue ius par terre et deffait. 3345La demoura / et tous ceulx de ſa race. A larriuer / les ſiens monſtrerent gꝛace De bien ſeruir /. Mais au donner /. leur ſoing Ne fut, ſinon le laiſſer au beſoing. Loꝛs de Cambꝛay, ſans autre reſiſtance, 3350Iouyt le roy /. Mais quil euſt confidence A nul de ceulx faiſans la trahyſon Non eut iamais /. et a bonne raiſon Car puys quilz ont commis ung tour ſi laſche A luy pourront en faire autant ſans laſche 3355Mais le bon fut /. quant les nommez deſſus De leurs harnois ſceurent eſtre deceuz Trouuans au vray eſtre arain a la touche Ont dit entre eulx ( veu que ce cas leur touche ) Que au roy / qui la|aſſez pꝛes encoꝛ eſt73r
Les trahiſtres de Richer ſe plaignent du preſent de Clouis. 3360Doibuent aller remonſtrer lintereſt Cela conclud, vers le roy ſe trouuerent Et auſſitoſt quen ſa chambꝛe arriuerent Lun deulx parla /. diſant que ſont venuz Luy declairer comme circonuenuz 3365Ilz ont eſte des dons quil leur fiſt faire Et que luy plaiſe a cela ſatiſfaire. Incontinent que le roy entendit Ce beau pꝛopos /. plus gueres nactendit Quil ne rendiſt liure entiere pour once. 3370Et tout ainſi leur fiſt ceſte reſponſe : O gens ingꝛatz / gens tres mal conſeillez, Cueurs eſhontez / yeulx bendez et ſillez, Gens deſloyaulx de foy faulſe et mentie, Voz laſchetez ont nobleſſe amoꝛtie 3375 En voz parentz / uoſtre pꝛodition Les rend vilains / et de condition Ruſticque / vile / auillenee / et ſerfue. Penſez vous point quelle peine deſſerue Traytre vaſſal tant meſpꝛiſant honneur 3380 Qui laſchement trahit le ſien ſeigneur En le vendant ainſi que auez le voſtre Et comme fiſt le pꝛoditeur apoſtre De Ieſus Criſt /. Sans doubte / le loyer Requiert de moꝛt honteuſe le payer.73v
Clouys reprend ceulx qui luy trahirent Richer. 3385 Certes, meſchantz / trop meilleur benefice Auez receu que ne vault le ſeruice Qui demandez pour voz faictz tant infectz Eſtre de moy payez et ſatiſfaitz. Nentendez vous telles riches doꝛeures 3390 Dont feiz parer ceſtes fainctes armeures Que de par moy vous manday pꝛeſenter ? Ne deuſſent bien voz cueurs repꝛeſenter Loꝛ ſur larain deſigne quen faict trouble Le beau parler / cache cueur fainct et double 3395 Vous reſſemblez ſepulchꝛes et tumbeaux Qui par dehoꝛs ſont plaiſans et tous beaux Mais au dedans ce neſt que nourriture Dinfection / vermine et pourriture. Allez ſans plus nulz termes applicquer 3400 Pour ung ſeul mot ſur ce me replicquer Ceſt bien aſſez que a pur et plain deliure Voz cheſtifz coꝛps /. et les permecte viure. A ceſtuy mot tenant lieu de reffuz Sans mot ſonner ſe partirent confuz. 3405Ce fut nota poꝛtant tel exemplaire Que ſelon lœuure eſtoit deu le ſalaire. §Le cours du temps ( ſuyuant ) pꝛeſuppoſe Fut tout ung an le roy mal diſpoſe De fieure quarte ayant chere eſbahye74r
De la ſaincte vierge Geneuefue / et de ſainct Germain 3410Loꝛs on luy diſt quen la belle abbaye De ſainct maurice / oꝛes dicte chabliz , Cyſterciens fondez et eſtabliz Viuoyent de reigle honneſte et reffoꝛmee. Luy fut auſſi de certain affermee 3415Leſtroicte vie et gꝛande auſterite Que seuerin, tenant lauctoꝛite De pere abbe / menoit en ce ſainct eſtre. Si le manda /. Et ſi toſt que ſceut eſtre Vers luy venu /. A Dieu fiſt oꝛaiſon, 3420Dont il receut entiere gariſon. §Ou temps naſquit en la francoyſe terre Pꝛes de paris / au bourg nomme Nanterre, La belle fleur odoꝛante en renom Comme doulx baſme /. Et Geneuefue eut nom. 3425Elle, petite encoꝛes de bas eaige, A Dieu ſeruir et aymer pꝛint lvſaige De tel endꝛoit / que comme elle croiſſoit Gꝛace de Dieu en elle apparraiſſoit De ſainct germain lavxerrois fut ſacree 3430Loꝛſquil paſſa en icelle contree Allant gecter de Bꝛetaigne lerreur Pelagienne / a poꝛt de vifue aigꝛeur. Les ſainctetez, œuures miraculeuſes, Gꝛaces / vertus / gꝛandes et merueilleuſes74v
De la ſainctete de ſaincte Geneuefue. 3435De ceſte vierge / a qui bien les vouldꝛoit Eſcripꝛe au long / lhumain ſens y fauldꝛoit. Tant fut a Dieu ceſte vierge plaiſante Tant fut ſa vie en vertus reluyſante Et tant veſquit ſainctement en ce cours 3440Que infiny monde y couroit a ſecours. En ieunes ans ſe rendit aſſeruie A bien ſeruir / tant que furent en vie, Ses pere et mere /. et apꝛes leurs deces Vint a Paris / non pour mondain acces 3445Y demander / mais par ſongneuſe eſtude Des deſolez auoir ſollicitude. Fruict ſi parfaict de ceſte fleur yſſoit Et tellement ſa vertu fleuriſſoit Que deſuoyez rendoit aſſeurs et fermes 3450Et gariſſoit debiles et enfermes. Aux affligez par tribulation Donnoit tel ayde et conſolation Que les gardoit diniurieux oppꝛobꝛe . Durant ſa vie elle fut toute ſobꝛe. 3455De vin, viande, abhoꝛroit la ſaueur, Et nauoit gouſt foꝛs au benoiſt saulueur Et a leſcript de ſon ſainct evangille. En ieuſne / aulmoſne / oꝛaiſon et vigille Perſeuera / tant que clouyſt le pas75r
Des ſignes et preſaiges qui feurēt deuant la mort de Clouis. 3460Du ſien heureux et gloꝛieux treſpas. §En celluy temps, aduint une merueille Dedans uienne, ainſi que non pareille, Ceſt aſſauoir que deſloꝛs / puys cent ans, Ne feurent ceulx de la ville ſentans 3465Une frayeur ſi gꝛande et merueilleuſe, A leur aduis / ne ſi tres perilleuſe Que eurent le iour de paſque en ung inſtant. Leur bon paſteur, Mamert, illec eſtant Et celebꝛant le diuin ſacrifice 3470Car tremblement de terre (auant loffice Eſtre acomply) fut tel que les aultiers Arbꝛes / maiſons / tours / clochiers / et mouſtiers En trebuchant / tant de places couurirent Que pluſieurs gens ſans remede y perirent. 3475Le feu du ciel ſoudainement eſpars Sur le palais tumba / et fut tout ars. Quoy plus / ? Apꝛes ces cruelles tempeſtes, Loups affamez / gꝛandz ours / et autres beſtes, Femmes / enfans / et hommes par les champs, 3480Comme enraigez, furent de pꝛes cherchans Les deuoꝛans / ſilz ne feuſſent habilles A eulx ſauluer dedans les bonnes villes. Ce bon pꝛelat, pour telle affliction De feruent zele et gꝛande affection75v
De la fin et mort du roy Clouys. 3485Peuples induyt a faire penitence Et de leurs maulx par vraye repentence Confeſſion faire ample / et pꝛopoſer Pour laduenir bien viure eulx diſpoſer Enffans nudz piedz chantans la letanie, 3490Tout le clergie /. peuple a gꝛand compaignie, Faire oꝛdonner trois iours pꝛoceſſions Et fut celluy qui les rogations Inſtitua / que mere ſaincte egliſe Par chaſcun an celebꝛe et ſollempniſe 3495Trois iours pꝛouchains auant lAſcention. Ainſi ceſſa la perſecution. §Le roy non plus penſant a faict de guerre Deuot au chief / des apoſtres / ſainct pierre En ſon egliſe a romme enuoye offrir 3500Couronne doꝛ / laquelle fiſt couurir Tout a lentour de pierres pꝛecieuſes. Et ce meſme an / Apꝛes ſes vertueuſes Empꝛiſes, faitz et executions, Apꝛes auoir a ſes intentions 3505De ſon royaulme eſlargy leſtendue, Apꝛes la fin de ſa vie entendue, Ses ſacremens receuz / et oꝛdonne De tout ſon cas / ayant trente ans regne Rendit le coꝛps a terre / et lame a Dieu.76r
Clouis inhume au mōt ſaīcte geneuefue a paris/ quil fonda 3510Dedans paris pꝛint ſepulture au lieu Par luy fonde / en ſaiſon aſſez bꝛiefue Que nous diſons huy Saincte geneuiefue En lan cinq cens quatoꝛze / ſon treſpas Fut iuſtement /. Si on ne men croit pas, 3515Quon aille veoir au dit lieu le paraphe Ou eſt la dacte en foꝛme depitaphe Que ſainct remy par metres compoſa Leſquelz au tour de ſa tombe poſa.Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Les faictz ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
mys et touchéz+ au vray Avant monstrer que du regne desvie, Dirons+ comment RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
perdit la vie, Qui estoit prince et comte de Cambray.
§Chapitre §xixe+
Plainctes par les Cambroysiens faictes de RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3235ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
regnant en paix et amour telle Avecq les siens survint guerre mortelle Par le+ deffault du prince et gouverneur De+ Cambresis, homme sans nul honneur, Vivant de vie austere, impetueuse, 3240Vile+, lubricque, orde et voluptueuse. Ce fut celluy dessus nommé RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
Auquel vendit FortuneFortune Allégorie +son riz cher. Fortune à ceulx tost le cou rive et soulde Quant elle veult les oster de sa soulde. 3245C’est ceste là qui+ vins de voluptéz Hault compte à ceulx qui les+ ont voulluz telz. C’est ceste là qui jamais ne s’enroue + Pour s’eschauffer à+ retourner+ sa roe. C’est ceste là qui maintz y lesse hault 3250Assez longtemps, puys leur donne le sault. C’est ceste là, furïeuse princesse, Par qui RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
de prosperer print cesse. §Aprés plusieurs folz+ desirs acompliz Cambroysiens de maltalent rempliz + 3255Devers le roy ambassadeurs transmirent Qui par contractz de blancz seelléz promirent Celluy RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
livrer entre ses mains Eulx complaignans des excés inhumains Lasches, meschans, vilains tours et infames
Les presens que envoye ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
aux ambassades de Cambresis 3260Qu’il avoit faictz en leurs filles et femmes Querans qu’il feust veu tel principe osté Et degecté+ hors la principaulté De celle terre. Et la chose affermee Luy pleust tantost avecques son armee 3265Sortir aux champs car ilz ont remarché Le moyen dont en aura bon marché. Quant le roy eut leur parolle entendue Touchant la charge emprise et pretendue + Il fist forger par ouvrier souverain 3270Certains harnoys complectz de fin arain+. Puys commanda que+ tous d’une pareure Feussent chargéz de si bonne doreure Qu’en les voyant tant dedans que dehors Semblassent d’or tous massis+. Et alors 3275Que feurent prestz, aux seigneurs+ les envoye Par ceulx qu’ilz ont vers luy fait mectre en voye Leur promectant briefvement les venger Sans jamais plus les souffrir oultraiger. §Cestuy+ RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
en sa vie affectee 3280Se nourrissoit par la langue affestee+ D’un sien mignon nommé PharonFarron (Ve siècle — ) Conseiller de Richer/Ragnacaire lequel Environ luy portoit+ langaige tel Qu’oncques d’un mot ne le voulut desdire, Feust bien ou mal, ce que luy plaisoit dire.
Des flateries de PharonFarron (Ve siècle — ) Conseiller de Richer/Ragnacaire envers RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3285Tout accordoit comme fait ung flateur, Adulateur et dissimulateur. Pire est poyson de langue flateresse Et mesmement quant elle est menteresse Que fort venin de scorpïon picquant 3290Pire est flateur que mortel aspic quant À son seigneur fait si lasches services Que vertus foulle et tend exaulcer vices O la poyson d’un flateur faulx langard Ayant credit au prince, DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme l’en gard 3295Prince, seigneur et autre que l’on flate Quelque rapport que flateur luy relate Mente ou vray die, il peult et doibt sçavoir Qu’il ne le fait fors pour ses biens avoir. Ainsi faisoit + PharonFarron (Ve siècle — ) Conseiller de Richer/Ragnacaire que icy+ je nomme 3300Paisiblement gouvernant+ ce jeune homme Qui cause fut de la contentïon, Desloyaulté et malle intentïon De la pluspart des seigneurs pleins d’angoisse Parce qu’il fault que le monde congnoisse 3305Le bon renom de Cambray leur cité Estre aboly par la lubricité Du prince tel dont est la renommee À tant de gens foulee et mal nommee Au seul pourchatz d’un macquereau meschant,
RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
assemble ses gens contre ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3310Lasche et vilan toute heure ne cherchant Fors decevoir les povres creatures Et les renger à males adventures Vela pourquoy ces deux furent haÿs Des grandz, moyens et petitz du paÿs. 3315Vela pourquoy discensïons et guerres Souventesfoys sourdent en maintes terres. Vela+ pourquoy voyons assez de foiz L’ire de DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme gens flageller des foetz D’hostilité, famine et pestilence 3320Durer ne peult si forte vïolence. §Or ce RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
, à port d’armes saichant+ Le roy ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
estre sur luy+ marchant, Tout forcené, plein de raige et furie, Fist assembler toute la seigneurie 3325Et commanda charger armes avant Trois jours passéz pour aller au devant Du roy, que entend, sur luy querelle emprandre Et au paÿs souveraineté prendre. Les traytres lorsqu’il sommoit à garantz 3330Feirent semblant du cas estre ignorantz Et dirent bien pour plus fort l’enflammer Qu’en ce le roy faisoit trop à blasmer Et qu’ilz sont prestz où que le sien ost aille Vivre et mourir quant et luy en bataille.
ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
deffist RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
en bataille et prist Cambray 3335Aux champs se mist comme d’eulx tout certain Mais il fut trop de son penser loingtain Car quant on+ vint à baisser picque et lance, À bien fouyr monstrerent leur vaillance Et luy folastre oultrecuyde RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3340Cuydant tout rompre, abatre et deffricher Le boys debout comme en forest se couppe Se alla gecter sur la premiere trouppe Où au+ charger porta si peu d’effect+ Qu’il fut rüé jus par terre et deffait. 3345Là demoura et tous ceulx de sa race. À l’arriver les siens monstrerent grace De bien servir. Mais au donner, leur soing Ne fut, sinon le laisser au besoing. Lors de Cambray, sans autre+ resistance, 3350Jouyt le roy. Mais qu’il eust confidence+ À nul de ceulx faisans la trahyson Non eut jamais, et à bonne raison Car puysqu’ilz ont commis ung tour si lasche À luy pourront en faire autant sans lasche 3355Mais le bon fut quant les nomméz dessus De leurs harnois sceurent estre deceuz Trouvans au vray estre arain à la touche Ont dit entre eulx veu que ce cas leur touche Que au roy qui là assez prés encor est
Les trahistres de RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
se plaignent du present de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3360Doibvent aller remonstrer l’interest Cela conclud, vers le roy se trouverent Et aussitost qu’en sa chambre arriverent L’un d’eulx parla, disant que sont venuz Luy declairer+ comme circonvenuz 3365Ilz ont esté des dons qu’il leur fist faire Et que+ luy plaise à cela satisfaire. Incontinent que le roy entendit Ce beau propos, plus gueres n’actendit + Qu’il ne rendist livre entiere pour once. 3370Et tout ainsi leur fist ceste response : « O gens ingratz, gens trés mal conseilléz, » « Cueurs eshontéz, yeulx bendéz et silléz, » « Gens desloyaulx de foy faulse et mentie, » « Voz laschetéz ont noblesse amortie » 3375 « En voz parentz+. Vostre proditïon+ » « Les rend vilains et de conditïon » « Rusticque, vile, avillenee et serfve. » « Pensez vous point quelle peine desserve » « Traytre vassal tant mesprisant honneur » 3380 « Qui laschement trahit le sien seigneur » « En le vendant ainsi que avez le vostre » « Et comme fist le proditeur apostre » « De Jesus CristJésus-Christ Messie et fils unique de Dieu pour les chrétiens ? Sans doubte le loyer » « Requiert de mort honteuse+ le payer. »
ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
reprend ceulx qui luy trahirent RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3385 « Certes, meschantz, trop meilleur benefice » « Avez receu que ne vault le service » « Qui demandez pour voz faictz tant infectz » « Estre de moy+ payéz et satisfaitz. » « N’entendez vous+ telles riches doreures » 3390 « Dont feiz parer cestes fainctes+ armeures » « Que de par moy vous manday presenter ? » « Ne deussent bien voz cueurs representer » « L’or+ sur l’arain designe+ qu’en+ faict trouble » « Le beau parler cache cueur fainct et double » 3395 « Vous ressemblez sepulchres et tumbeaux » « Qui par dehors sont plaisans et tous beaux » « Mais au dedans ce n’est que nourriture » « D’infectïon, vermine et pourriture. » + « Allez+ sans plus nulz termes applicquer » 3400 « Pour ung seul mot sur ce me+ replicquer » « C’est bien assez que à pur et plain delivre » « Voz chestifz corps et les permecte vivre. » À cestuy mot tenant lieu de reffuz Sans mot sonner se partirent confuz. 3405Ce fut+ nota portant tel exemplaire Que selon l’œuvre estoit deu le salaire. §Le cours du temps suyvant presupposé Fut tout ung an le roy mal disposé De fievre quarte ayant chere esbahye
De la saincte vierge GenevefveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des gendarmes et de sainct GermainGermain d'Auxerre, saint (378 — 31/07/448) Saint, évêque d'Auxerre 3410Lors on luy dist qu’en la belle abbaye De Sainct Maurice+, ores dicte+ Chabliz+, Cystercïens fondéz et establiz Vivoyent de reigle honneste et refformee. Luy fut aussi de certain affermee 3415L’estroicte vie et grande austerité Que SeverinSéverin d'Agaune (Ve siècle — 01/01/507) Abbé, tenant l’auctorité De pere abbé, menoit en ce sainct estre. Si le manda. Et si tost que sceut estre Vers luy venu, à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme fist oraison, 3420Dont il receut entiere garison. §Ou temps nasquit en la françoyse terre Prés de Paris, au bourg nommé Nanterre, La belle fleur odorante en renom Comme doulx basme. Et GenevefveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des gendarmes eut nom. 1 3425Elle, petite encores de bas eaige, À DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme servir et aymer print l’usaige De tel endroit que comme elle croissoit Grace de DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme en elle apparraissoit De sainct GermainGermain d'Auxerre, saint (378 — 31/07/448) Saint, évêque d'Auxerre l’Auxerrois fut sacree 3430Lorsqu’il passa en icelle contree Allant gecter de Bretaigne l’erreur Pelagïenne à port de vifve aigreur. Les sainctetéz, œuvres miraculeuses, Graces, vertus grandes et merveilleuses
De la saincteté de saincte GenevefveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des gendarmes 3435De ceste vierge, à qui bien les vouldroit Escripre au long l’humain sens+ y fauldroit. Tant fut à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme ceste vierge plaisante Tant fut sa vie en vertus reluysante Et tant vesquit sainctement en ce cours 3440Que infiny monde y couroit à secours. En jeunes ans se rendit asservie À bien servir, tant que furent en vie, Ses pere et mere. Et aprés leurs decés Vint à Paris, non pour mondain accés 3445Y demander, mais par songneuse estude Des desoléz avoir sollicitude. Fruict si parfaict de ceste fleur yssoit Et tellement sa vertu fleurissoit Que desvoyéz rendoit asseurs et fermes 3450Et garissoit debiles et enfermes. Aux affligéz par tribulatïon Donnoit tel+ ayde et consolatïon Que les gardoit d’injurïeux opprobre. Durant sa vie elle fut+ toute sobre. 3455De vin, vïande, abhorroit la saveur, Et n’avoit goust fors au benoist SaulveurJésus-Christ Messie et fils unique de Dieu pour les chrétiens Et à l’escript de son sainct Evangille. En jeusne, aulmosne, oraison et vigille Persevera tant que clouyst le+ pas
Des signes et presaiges qui feurent devant la mort de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3460Du sien heureux et glorïeux trespas. §En celluy temps, advint une merveille Dedans Vïenne, ainsi que non pareille, C’est assavoir que dès lors, puys cent ans, Ne feurent ceulx de la ville sentans 3465Une frayeur si grande et merveilleuse, À leur advis, ne si trés perilleuse Que eurent le jour de Pasque+ en ung instant. Leur bon pasteur, MamertMamert de Vienne (Ve siècle — 475) Evêque de Vienne, illec estant Et celebrant le divin sacrifice 3470Car tremblement de terre, avant l’office Estre acomply, fut tel que les aultiers Arbres, maisons, tours, clochiers+ et moustiers En trebuchant tant de places+ couvrirent Que plusieurs gens sans remede y perirent. 3475Le feu du ciel soudainement espars Sur le palais tumba, et fut tout ars. Quoy plus ? Aprés ces cruelles tempestes, Loups affaméz, grandz ours+ et autres bestes, Femmes, enfans et hommes par les champs, 3480Comme enraigéz, furent de prés cherchans Les devorans s’ilz+ ne feussent habilles À eulx+ saulver dedans les bonnes villes. Ce bon prelat, pour telle afflictïon De fervent zele et grande affectïon
De la fin et mort du roy ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3485Peuples induyt à faire penitence Et de leurs maulx par vrayë repentence Confessïon faire ample et proposer Pour l’advenir bien vivre eulx disposer Enffans +nudz piedz chantans la letanie, 3490Tout le clergié, peuple à grand compaignie, Faire ordonner+ trois jours processïons Et fut celluy qui les rogatïons Institua que mere saincte Eglise Par chascun an celebre et sollempnise 3495Trois jours prouchains avant l’Ascentïon. Ainsi cessa la persecutïon. §Le roy non plus pensant à+ faict de guerre Devot au chief des apostres+ sainct PierrePierre, saint (Ier siècle avant J.C. — entre 64 et 68) Apôtre du Christ et premier pape de l'Église catholique En+ son eglise à Romme envoye offrir 3500Couronne d’or, laquelle fist couvrir Tout à l’entour de pierres precïeuses. Et ce mesme+ an, aprés ses vertueuses Emprises, faitz et executïons, Aprés avoir à ses intentïons 3505De son royaulme eslargy l’estendue, Aprés la fin de sa vie entendue, Ses sacremens receuz et ordonné De tout son cas ayant trente ans regné Rendit le corps à terre et l’ame à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme.
ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
inhumé au mont saincte Genevefve à Paris qu’il fonda 3510Dedans Paris print sepulture au lieu Par luy fondé en saison assez briefve Que nous disons huy Saincte Geneviefve + En l’an cinq cens quatorze son trespas Fut +justement. Si on+ ne m’en croit pas, 3515Qu’on aille veoir au dit lieu le paraphe Où est la+ dacte en forme d’epitaphe Que sainct RemyRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique par metres composa Lesquelz autour de sa tombe posa.
Note n°1
En marge : nota de saincte
GeneviesveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des
gendarmes
Aix419 touchéz et mis
BnFfr23145 Disons
Non num.
BnFfr17274
Chapitre
xixe
BnFfr23145, BnFfr4967, Vat966 om.
BnFfr23145 om.
BnFfr17274 Du
BnFfr23145, BnFfr4967 Vie
Vat966 de
BnFfr4967 qui la
Aix419 le
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274 et
BnFfr23145 tourner
BnFfr4967 foys
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 regecté
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274 a erain
BnFfr4967 qu’il a
BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 massifz
Aix419 au seignur
BnFfr4967 Celluy
BnFfr23145 porta
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, Vat966, BnFfr5299, Cha514 om.
BnFfr23145, Cha514 gouvernoit
BnFfr17274, Aix419 Veez là
Vat966 sarchant
Aix419 sur luy estre
BnFfr23145 om.
BnFfr17274, BnFfr23145 à
BnFfr17274 de faict
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr5299, BnFfr4967, Aix419, Vat966, Cha514 nulle
BnFfr4967 aidant
Cha514 declairéz
BnFfr23145, Vat966 qu’il
Non num.
BnFfr4967 om.
Vat966 paretz
BnFfr17274 perdicïon
BnFfr23145 honteuse mort
Vat966 om.
BnFfr17274
point
Aix419 faulces
BnFfr4967 Lors
BnFfr17274 qui en
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 Assez
Vat966 fait
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Aix419, Vat966, Cha514 Mamert
BnFfr17274 ors ch dict
Vat966 tabliz
BnFfr4967 om.
Aix419, Cha514 telle
BnFfr23145 estoit
BnFfr17274 les
Vat966 cloches
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 terre
BnFfr17274 ours chiens
BnFfr17274 s’il
BnFfr17274 D’eulx tost
BnFfr4967 nulz
BnFfr23145, Aix419 au
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Cha514, Vat966 de l’apostre ; Aix419 de l’appostre
BnFfr17274 À
Aix419 mesmes
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274
BnFfr4967 si
BnFfr23145 en
70r
§Les faictz Clouys mys et touchez au vray Auant monſtrer que du regne deſuie, Dirons comment Richer perdit la vie, Qui eſtoit prince et comte de Cambray.
§Chapitre. §xixe.
70v
Plainctes par les Cambroyſiens faictes de Richer 3235CLouis regnāt en paix et amour telle Auecq les ſiens /. ſuruīt guerre moꝛtelle Par le deffault du pꝛince et gouuerneur De Cambꝛeſis / hōme ſans nul hōneur, Viuant de vie auſtere / impetueuſe, 3240 Vile / lubꝛicque / oꝛde et voluptueuſe. Ce fut celluy deſſus nomme / Richer Au quel vendit (Foꝛtune) ſon riz cher. Foꝛtune a ceulx toſt le cou riue et ſoulde Quant elle veult les oſter de ſa ſoulde. 3245Ceſt ceſte la qui vins de voluptez Hault compte a ceulx qui les ont voulluz telz. Ceſt ceſte la qui iamais ne ſenroue Pour ſeſchauffer a retourner ſa roe. Ceſt ceſte la qui maintz y leſſe hault 3250Aſſez longtemps /. puys leur donne le ſault. Ceſt ceſte la, furieuſe pꝛinceſſe, Par qui richer de pꝛoſperer pꝛint ceſſe. §Apꝛes pluſieurs folz deſirs acompliz Cambꝛoyſiens de mal talent rempliz 3255Deuers le roy ambaſſadeurs tranſmirent Qui par contractz de blancz ſeellez pꝛomirent Celluy Richer liurer entre ſes mains Eulx complaignans des exces inhumains Laſches, meſchans / vilains tours et infames71r
Les preſens que enuoye Clouis aux ambaſſades de Cābreſis . 3260Quil auoit faictz en leurs filles et femmes Querans quil feuſt (veu tel pꝛincipe) oſte Et degecte hoꝛs la pꝛincipaulte De celle terre /. Et la choſe affermee Luy pleuſt tantoſt auecques ſon armee 3265Soꝛtir aux champs / Car ilz ont remarche Le moyen / dont en aura bon marche. Quant le roy eut leur parolle entendue Touchant la charge empꝛiſe et pꝛetendue Il fiſt foꝛger par ouurier ſouuerain 3270Certains harnoys complectz de fin arain . Puys commanda que tous dune pareure Feuſſent chargez de ſi bonne doꝛeure Quen les voyant tant dedans que dehoꝛs Semblaſſent doꝛ tous maſſis /. Et aloꝛs 3275Que feurent pꝛeſtz / aux ſeigneurs les enuoye Par ceulx quilz ont vers luy fait mectre en voye Leur pꝛomectant bꝛiefuement les venger Sans iamais plus les ſouffrir oultraiger. § Ceſtuy Richer en ſa vie affectee 3280Se nourriſſoit par la langue affeſtee Dun ſien mignon nomme (Pharon) Le quel Enuiron luy poꝛtoit langaige tel Quoncques dun mot ne le voulut deſdire, Feuſt bien ou mal / ce que luy plaiſoit dire.71v
Des flateries de Pharon enuers Richer. 3285Tout accoꝛdoit comme fait ung flateur, Adulateur / et diſſimulateur. Pire eſt poyſon de langue flatereſſe Et meſmement quant elle eſt mentereſſe Que foꝛt venin deſcoꝛpion picquant 3290Pire eſt flateur que moꝛtel aſpic quant A ſon ſeigneur fait ſi laſches ſeruices Que vertus foulle / et tend exaulcer vices O la poyſon dun flateur faulx langard Ayant credit au pꝛince / Dieu len gard 3295Pꝛince / ſeigneur / et autre que lon flate Quelque rappoꝛt que flateur luy relate Mente / ou vray die / Il peult et doibt ſcauoir Quil ne le fait foꝛs pour ſes biens auoir. Ainſi faiſoit Pharon que Icy ie nomme 3300Paiſiblement gouuernant ce ieune homme Qui cauſe fut de la contention, Deſloyaulte et malle intention De la plus part des ſeigneurs pleins dangoiſſe Par ce quil fault que le monde congnoiſſe 3305Le bon renom de Cambꝛay leur cite Eſtre aboly par la lubꝛicite Du pꝛince tel / dont eſt la renommee A tant de gens foulee et mal nommee Au ſeul pourchatz dun macquereau meſchant,72r
Richer aſſemble ſes gens contre Clouis. 3310Laſche et vilan / toute heure ne cherchant Foꝛs deceuoir les poures creatures Et les renger a males aduentures Vela pourquoy ces deux furent hays Des gꝛandz / moyens / et petitz du pays. 3315Vela pour quoy diſcenſions et guerres Souuenteſfoys ſourdent en maintes terres. Vela pourquoy voyons aſſez de foiz Lire de Dieu / gens flageller des foetz Dhoſtilite / famine / et peſtilence 3320Durer ne peult ſi foꝛte violence. §Oꝛ ce Richer, a poꝛt darmes ſaichant Le roy Clouys eſtre ſur luy marchant, Tout foꝛcene, plein de raige et furie, Fiſt aſſembler toute la ſeigneurie 3325Et commanda charger armes / auant Trois iours paſſez / pour aller au deuant Du roy / que entend / ſur luy querelle empꝛandꝛe Et au pays ſouuerainete pꝛendꝛe. Les traytres loꝛs quil ſommoit a garantz 3330Feirent ſemblant du cas eſtre ignoꝛantz Et dirent bien / pour plus foꝛt lenflammer Quen ce (le roy) faiſoit trop a blaſmer Et quilz ſont pꝛeſtz / ou que le ſien oſt aille Viure et mourir quant et luy en bataille.72v
Clouys deffiſt Richer en bataille. et priſt Cambray 3335Aux champs ſe miſt comme deulx tout certain Mais il fut trop de ſon penſer loingtain Car quant on vint a baiſſer picque et lance, A bien fouyꝛ monſtrerent leur vaillance Et luy folaſtre oultrecuyde richer 3340Cuydant tout rompꝛe / abatre et deffricher Le boys debout / comme en foꝛeſt ſe couppe Se alla gecter ſur la pꝛemiere trouppe Ou au charger poꝛta ſi peu deffect Quil fut rue ius par terre et deffait. 3345La demoura / et tous ceulx de ſa race. A larriuer / les ſiens monſtrerent gꝛace De bien ſeruir /. Mais au donner /. leur ſoing Ne fut, ſinon le laiſſer au beſoing. Loꝛs de Cambꝛay, ſans autre reſiſtance, 3350Iouyt le roy /. Mais quil euſt confidence A nul de ceulx faiſans la trahyſon Non eut iamais /. et a bonne raiſon Car puys quilz ont commis ung tour ſi laſche A luy pourront en faire autant ſans laſche 3355Mais le bon fut /. quant les nommez deſſus De leurs harnois ſceurent eſtre deceuz Trouuans au vray eſtre arain a la touche Ont dit entre eulx ( veu que ce cas leur touche ) Que au roy / qui la|aſſez pꝛes encoꝛ eſt73r
Les trahiſtres de Richer ſe plaignent du preſent de Clouis. 3360Doibuent aller remonſtrer lintereſt Cela conclud, vers le roy ſe trouuerent Et auſſitoſt quen ſa chambꝛe arriuerent Lun deulx parla /. diſant que ſont venuz Luy declairer comme circonuenuz 3365Ilz ont eſte des dons quil leur fiſt faire Et que luy plaiſe a cela ſatiſfaire. Incontinent que le roy entendit Ce beau pꝛopos /. plus gueres nactendit Quil ne rendiſt liure entiere pour once. 3370Et tout ainſi leur fiſt ceſte reſponſe : O gens ingꝛatz / gens tres mal conſeillez, Cueurs eſhontez / yeulx bendez et ſillez, Gens deſloyaulx de foy faulſe et mentie, Voz laſchetez ont nobleſſe amoꝛtie 3375 En voz parentz / uoſtre pꝛodition Les rend vilains / et de condition Ruſticque / vile / auillenee / et ſerfue. Penſez vous point quelle peine deſſerue Traytre vaſſal tant meſpꝛiſant honneur 3380 Qui laſchement trahit le ſien ſeigneur En le vendant ainſi que auez le voſtre Et comme fiſt le pꝛoditeur apoſtre De Ieſus Criſt /. Sans doubte / le loyer Requiert de moꝛt honteuſe le payer.73v
Clouys reprend ceulx qui luy trahirent Richer. 3385 Certes, meſchantz / trop meilleur benefice Auez receu que ne vault le ſeruice Qui demandez pour voz faictz tant infectz Eſtre de moy payez et ſatiſfaitz. Nentendez vous telles riches doꝛeures 3390 Dont feiz parer ceſtes fainctes armeures Que de par moy vous manday pꝛeſenter ? Ne deuſſent bien voz cueurs repꝛeſenter Loꝛ ſur larain deſigne quen faict trouble Le beau parler / cache cueur fainct et double 3395 Vous reſſemblez ſepulchꝛes et tumbeaux Qui par dehoꝛs ſont plaiſans et tous beaux Mais au dedans ce neſt que nourriture Dinfection / vermine et pourriture. Allez ſans plus nulz termes applicquer 3400 Pour ung ſeul mot ſur ce me replicquer Ceſt bien aſſez que a pur et plain deliure Voz cheſtifz coꝛps /. et les permecte viure. A ceſtuy mot tenant lieu de reffuz Sans mot ſonner ſe partirent confuz. 3405Ce fut nota poꝛtant tel exemplaire Que ſelon lœuure eſtoit deu le ſalaire. §Le cours du temps ( ſuyuant ) pꝛeſuppoſe Fut tout ung an le roy mal diſpoſe De fieure quarte ayant chere eſbahye74r
De la ſaincte vierge Geneuefue / et de ſainct Germain 3410Loꝛs on luy diſt quen la belle abbaye De ſainct maurice / oꝛes dicte chabliz , Cyſterciens fondez et eſtabliz Viuoyent de reigle honneſte et reffoꝛmee. Luy fut auſſi de certain affermee 3415Leſtroicte vie et gꝛande auſterite Que seuerin, tenant lauctoꝛite De pere abbe / menoit en ce ſainct eſtre. Si le manda /. Et ſi toſt que ſceut eſtre Vers luy venu /. A Dieu fiſt oꝛaiſon, 3420Dont il receut entiere gariſon. §Ou temps naſquit en la francoyſe terre Pꝛes de paris / au bourg nomme Nanterre, La belle fleur odoꝛante en renom Comme doulx baſme /. Et Geneuefue eut nom. 3425Elle, petite encoꝛes de bas eaige, A Dieu ſeruir et aymer pꝛint lvſaige De tel endꝛoit / que comme elle croiſſoit Gꝛace de Dieu en elle apparraiſſoit De ſainct germain lavxerrois fut ſacree 3430Loꝛſquil paſſa en icelle contree Allant gecter de Bꝛetaigne lerreur Pelagienne / a poꝛt de vifue aigꝛeur. Les ſainctetez, œuures miraculeuſes, Gꝛaces / vertus / gꝛandes et merueilleuſes74v
De la ſainctete de ſaincte Geneuefue. 3435De ceſte vierge / a qui bien les vouldꝛoit Eſcripꝛe au long / lhumain ſens y fauldꝛoit. Tant fut a Dieu ceſte vierge plaiſante Tant fut ſa vie en vertus reluyſante Et tant veſquit ſainctement en ce cours 3440Que infiny monde y couroit a ſecours. En ieunes ans ſe rendit aſſeruie A bien ſeruir / tant que furent en vie, Ses pere et mere /. et apꝛes leurs deces Vint a Paris / non pour mondain acces 3445Y demander / mais par ſongneuſe eſtude Des deſolez auoir ſollicitude. Fruict ſi parfaict de ceſte fleur yſſoit Et tellement ſa vertu fleuriſſoit Que deſuoyez rendoit aſſeurs et fermes 3450Et gariſſoit debiles et enfermes. Aux affligez par tribulation Donnoit tel ayde et conſolation Que les gardoit diniurieux oppꝛobꝛe . Durant ſa vie elle fut toute ſobꝛe. 3455De vin, viande, abhoꝛroit la ſaueur, Et nauoit gouſt foꝛs au benoiſt saulueur Et a leſcript de ſon ſainct evangille. En ieuſne / aulmoſne / oꝛaiſon et vigille Perſeuera / tant que clouyſt le pas75r
Des ſignes et preſaiges qui feurēt deuant la mort de Clouis. 3460Du ſien heureux et gloꝛieux treſpas. §En celluy temps, aduint une merueille Dedans uienne, ainſi que non pareille, Ceſt aſſauoir que deſloꝛs / puys cent ans, Ne feurent ceulx de la ville ſentans 3465Une frayeur ſi gꝛande et merueilleuſe, A leur aduis / ne ſi tres perilleuſe Que eurent le iour de paſque en ung inſtant. Leur bon paſteur, Mamert, illec eſtant Et celebꝛant le diuin ſacrifice 3470Car tremblement de terre (auant loffice Eſtre acomply) fut tel que les aultiers Arbꝛes / maiſons / tours / clochiers / et mouſtiers En trebuchant / tant de places couurirent Que pluſieurs gens ſans remede y perirent. 3475Le feu du ciel ſoudainement eſpars Sur le palais tumba / et fut tout ars. Quoy plus / ? Apꝛes ces cruelles tempeſtes, Loups affamez / gꝛandz ours / et autres beſtes, Femmes / enfans / et hommes par les champs, 3480Comme enraigez, furent de pꝛes cherchans Les deuoꝛans / ſilz ne feuſſent habilles A eulx ſauluer dedans les bonnes villes. Ce bon pꝛelat, pour telle affliction De feruent zele et gꝛande affection75v
De la fin et mort du roy Clouys. 3485Peuples induyt a faire penitence Et de leurs maulx par vraye repentence Confeſſion faire ample / et pꝛopoſer Pour laduenir bien viure eulx diſpoſer Enffans nudz piedz chantans la letanie, 3490Tout le clergie /. peuple a gꝛand compaignie, Faire oꝛdonner trois iours pꝛoceſſions Et fut celluy qui les rogations Inſtitua / que mere ſaincte egliſe Par chaſcun an celebꝛe et ſollempniſe 3495Trois iours pꝛouchains auant lAſcention. Ainſi ceſſa la perſecution. §Le roy non plus penſant a faict de guerre Deuot au chief / des apoſtres / ſainct pierre En ſon egliſe a romme enuoye offrir 3500Couronne doꝛ / laquelle fiſt couurir Tout a lentour de pierres pꝛecieuſes. Et ce meſme an / Apꝛes ſes vertueuſes Empꝛiſes, faitz et executions, Apꝛes auoir a ſes intentions 3505De ſon royaulme eſlargy leſtendue, Apꝛes la fin de ſa vie entendue, Ses ſacremens receuz / et oꝛdonne De tout ſon cas / ayant trente ans regne Rendit le coꝛps a terre / et lame a Dieu.76r
Clouis inhume au mōt ſaīcte geneuefue a paris/ quil fonda 3510Dedans paris pꝛint ſepulture au lieu Par luy fonde / en ſaiſon aſſez bꝛiefue Que nous diſons huy Saincte geneuiefue En lan cinq cens quatoꝛze / ſon treſpas Fut iuſtement /. Si on ne men croit pas, 3515Quon aille veoir au dit lieu le paraphe Ou eſt la dacte en foꝛme depitaphe Que ſainct remy par metres compoſa Leſquelz au tour de ſa tombe poſa.Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Les faictz ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
mys et touchéz+ au vray Avant monstrer que du regne desvie, Dirons+ comment RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
perdit la vie, Qui estoit prince et comte de Cambray.
§Chapitre §xixe+
Plainctes par les Cambroysiens faictes de RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3235ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
regnant en paix et amour telle Avecq les siens survint guerre mortelle Par le+ deffault du prince et gouverneur De+ Cambresis, homme sans nul honneur, Vivant de vie austere, impetueuse, 3240Vile+, lubricque, orde et voluptueuse. Ce fut celluy dessus nommé RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
Auquel vendit FortuneFortune Allégorie +son riz cher. Fortune à ceulx tost le cou rive et soulde Quant elle veult les oster de sa soulde. 3245C’est ceste là qui+ vins de voluptéz Hault compte à ceulx qui les+ ont voulluz telz. C’est ceste là qui jamais ne s’enroue + Pour s’eschauffer à+ retourner+ sa roe. C’est ceste là qui maintz y lesse hault 3250Assez longtemps, puys leur donne le sault. C’est ceste là, furïeuse princesse, Par qui RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
de prosperer print cesse. §Aprés plusieurs folz+ desirs acompliz Cambroysiens de maltalent rempliz + 3255Devers le roy ambassadeurs transmirent Qui par contractz de blancz seelléz promirent Celluy RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
livrer entre ses mains Eulx complaignans des excés inhumains Lasches, meschans, vilains tours et infames
Les presens que envoye ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
aux ambassades de Cambresis 3260Qu’il avoit faictz en leurs filles et femmes Querans qu’il feust veu tel principe osté Et degecté+ hors la principaulté De celle terre. Et la chose affermee Luy pleust tantost avecques son armee 3265Sortir aux champs car ilz ont remarché Le moyen dont en aura bon marché. Quant le roy eut leur parolle entendue Touchant la charge emprise et pretendue + Il fist forger par ouvrier souverain 3270Certains harnoys complectz de fin arain+. Puys commanda que+ tous d’une pareure Feussent chargéz de si bonne doreure Qu’en les voyant tant dedans que dehors Semblassent d’or tous massis+. Et alors 3275Que feurent prestz, aux seigneurs+ les envoye Par ceulx qu’ilz ont vers luy fait mectre en voye Leur promectant briefvement les venger Sans jamais plus les souffrir oultraiger. §Cestuy+ RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
en sa vie affectee 3280Se nourrissoit par la langue affestee+ D’un sien mignon nommé PharonFarron (Ve siècle — ) Conseiller de Richer/Ragnacaire lequel Environ luy portoit+ langaige tel Qu’oncques d’un mot ne le voulut desdire, Feust bien ou mal, ce que luy plaisoit dire.
Des flateries de PharonFarron (Ve siècle — ) Conseiller de Richer/Ragnacaire envers RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3285Tout accordoit comme fait ung flateur, Adulateur et dissimulateur. Pire est poyson de langue flateresse Et mesmement quant elle est menteresse Que fort venin de scorpïon picquant 3290Pire est flateur que mortel aspic quant À son seigneur fait si lasches services Que vertus foulle et tend exaulcer vices O la poyson d’un flateur faulx langard Ayant credit au prince, DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme l’en gard 3295Prince, seigneur et autre que l’on flate Quelque rapport que flateur luy relate Mente ou vray die, il peult et doibt sçavoir Qu’il ne le fait fors pour ses biens avoir. Ainsi faisoit + PharonFarron (Ve siècle — ) Conseiller de Richer/Ragnacaire que icy+ je nomme 3300Paisiblement gouvernant+ ce jeune homme Qui cause fut de la contentïon, Desloyaulté et malle intentïon De la pluspart des seigneurs pleins d’angoisse Parce qu’il fault que le monde congnoisse 3305Le bon renom de Cambray leur cité Estre aboly par la lubricité Du prince tel dont est la renommee À tant de gens foulee et mal nommee Au seul pourchatz d’un macquereau meschant,
RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
assemble ses gens contre ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3310Lasche et vilan toute heure ne cherchant Fors decevoir les povres creatures Et les renger à males adventures Vela pourquoy ces deux furent haÿs Des grandz, moyens et petitz du paÿs. 3315Vela pourquoy discensïons et guerres Souventesfoys sourdent en maintes terres. Vela+ pourquoy voyons assez de foiz L’ire de DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme gens flageller des foetz D’hostilité, famine et pestilence 3320Durer ne peult si forte vïolence. §Or ce RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
, à port d’armes saichant+ Le roy ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
estre sur luy+ marchant, Tout forcené, plein de raige et furie, Fist assembler toute la seigneurie 3325Et commanda charger armes avant Trois jours passéz pour aller au devant Du roy, que entend, sur luy querelle emprandre Et au paÿs souveraineté prendre. Les traytres lorsqu’il sommoit à garantz 3330Feirent semblant du cas estre ignorantz Et dirent bien pour plus fort l’enflammer Qu’en ce le roy faisoit trop à blasmer Et qu’ilz sont prestz où que le sien ost aille Vivre et mourir quant et luy en bataille.
ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
deffist RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
en bataille et prist Cambray 3335Aux champs se mist comme d’eulx tout certain Mais il fut trop de son penser loingtain Car quant on+ vint à baisser picque et lance, À bien fouyr monstrerent leur vaillance Et luy folastre oultrecuyde RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3340Cuydant tout rompre, abatre et deffricher Le boys debout comme en forest se couppe Se alla gecter sur la premiere trouppe Où au+ charger porta si peu d’effect+ Qu’il fut rüé jus par terre et deffait. 3345Là demoura et tous ceulx de sa race. À l’arriver les siens monstrerent grace De bien servir. Mais au donner, leur soing Ne fut, sinon le laisser au besoing. Lors de Cambray, sans autre+ resistance, 3350Jouyt le roy. Mais qu’il eust confidence+ À nul de ceulx faisans la trahyson Non eut jamais, et à bonne raison Car puysqu’ilz ont commis ung tour si lasche À luy pourront en faire autant sans lasche 3355Mais le bon fut quant les nomméz dessus De leurs harnois sceurent estre deceuz Trouvans au vray estre arain à la touche Ont dit entre eulx veu que ce cas leur touche Que au roy qui là assez prés encor est
Les trahistres de RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
se plaignent du present de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3360Doibvent aller remonstrer l’interest Cela conclud, vers le roy se trouverent Et aussitost qu’en sa chambre arriverent L’un d’eulx parla, disant que sont venuz Luy declairer+ comme circonvenuz 3365Ilz ont esté des dons qu’il leur fist faire Et que+ luy plaise à cela satisfaire. Incontinent que le roy entendit Ce beau propos, plus gueres n’actendit + Qu’il ne rendist livre entiere pour once. 3370Et tout ainsi leur fist ceste response : « O gens ingratz, gens trés mal conseilléz, » « Cueurs eshontéz, yeulx bendéz et silléz, » « Gens desloyaulx de foy faulse et mentie, » « Voz laschetéz ont noblesse amortie » 3375 « En voz parentz+. Vostre proditïon+ » « Les rend vilains et de conditïon » « Rusticque, vile, avillenee et serfve. » « Pensez vous point quelle peine desserve » « Traytre vassal tant mesprisant honneur » 3380 « Qui laschement trahit le sien seigneur » « En le vendant ainsi que avez le vostre » « Et comme fist le proditeur apostre » « De Jesus CristJésus-Christ Messie et fils unique de Dieu pour les chrétiens ? Sans doubte le loyer » « Requiert de mort honteuse+ le payer. »
ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
reprend ceulx qui luy trahirent RicherRagnacaire (circa 470 — entre 489 et 510) Roi des Francs à Cambrai (?-?)
3385 « Certes, meschantz, trop meilleur benefice » « Avez receu que ne vault le service » « Qui demandez pour voz faictz tant infectz » « Estre de moy+ payéz et satisfaitz. » « N’entendez vous+ telles riches doreures » 3390 « Dont feiz parer cestes fainctes+ armeures » « Que de par moy vous manday presenter ? » « Ne deussent bien voz cueurs representer » « L’or+ sur l’arain designe+ qu’en+ faict trouble » « Le beau parler cache cueur fainct et double » 3395 « Vous ressemblez sepulchres et tumbeaux » « Qui par dehors sont plaisans et tous beaux » « Mais au dedans ce n’est que nourriture » « D’infectïon, vermine et pourriture. » + « Allez+ sans plus nulz termes applicquer » 3400 « Pour ung seul mot sur ce me+ replicquer » « C’est bien assez que à pur et plain delivre » « Voz chestifz corps et les permecte vivre. » À cestuy mot tenant lieu de reffuz Sans mot sonner se partirent confuz. 3405Ce fut+ nota portant tel exemplaire Que selon l’œuvre estoit deu le salaire. §Le cours du temps suyvant presupposé Fut tout ung an le roy mal disposé De fievre quarte ayant chere esbahye
De la saincte vierge GenevefveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des gendarmes et de sainct GermainGermain d'Auxerre, saint (378 — 31/07/448) Saint, évêque d'Auxerre 3410Lors on luy dist qu’en la belle abbaye De Sainct Maurice+, ores dicte+ Chabliz+, Cystercïens fondéz et establiz Vivoyent de reigle honneste et refformee. Luy fut aussi de certain affermee 3415L’estroicte vie et grande austerité Que SeverinSéverin d'Agaune (Ve siècle — 01/01/507) Abbé, tenant l’auctorité De pere abbé, menoit en ce sainct estre. Si le manda. Et si tost que sceut estre Vers luy venu, à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme fist oraison, 3420Dont il receut entiere garison. §Ou temps nasquit en la françoyse terre Prés de Paris, au bourg nommé Nanterre, La belle fleur odorante en renom Comme doulx basme. Et GenevefveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des gendarmes eut nom. 1 3425Elle, petite encores de bas eaige, À DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme servir et aymer print l’usaige De tel endroit que comme elle croissoit Grace de DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme en elle apparraissoit De sainct GermainGermain d'Auxerre, saint (378 — 31/07/448) Saint, évêque d'Auxerre l’Auxerrois fut sacree 3430Lorsqu’il passa en icelle contree Allant gecter de Bretaigne l’erreur Pelagïenne à port de vifve aigreur. Les sainctetéz, œuvres miraculeuses, Graces, vertus grandes et merveilleuses
De la saincteté de saincte GenevefveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des gendarmes 3435De ceste vierge, à qui bien les vouldroit Escripre au long l’humain sens+ y fauldroit. Tant fut à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme ceste vierge plaisante Tant fut sa vie en vertus reluysante Et tant vesquit sainctement en ce cours 3440Que infiny monde y couroit à secours. En jeunes ans se rendit asservie À bien servir, tant que furent en vie, Ses pere et mere. Et aprés leurs decés Vint à Paris, non pour mondain accés 3445Y demander, mais par songneuse estude Des desoléz avoir sollicitude. Fruict si parfaict de ceste fleur yssoit Et tellement sa vertu fleurissoit Que desvoyéz rendoit asseurs et fermes 3450Et garissoit debiles et enfermes. Aux affligéz par tribulatïon Donnoit tel+ ayde et consolatïon Que les gardoit d’injurïeux opprobre. Durant sa vie elle fut+ toute sobre. 3455De vin, vïande, abhorroit la saveur, Et n’avoit goust fors au benoist SaulveurJésus-Christ Messie et fils unique de Dieu pour les chrétiens Et à l’escript de son sainct Evangille. En jeusne, aulmosne, oraison et vigille Persevera tant que clouyst le+ pas
Des signes et presaiges qui feurent devant la mort de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3460Du sien heureux et glorïeux trespas. §En celluy temps, advint une merveille Dedans Vïenne, ainsi que non pareille, C’est assavoir que dès lors, puys cent ans, Ne feurent ceulx de la ville sentans 3465Une frayeur si grande et merveilleuse, À leur advis, ne si trés perilleuse Que eurent le jour de Pasque+ en ung instant. Leur bon pasteur, MamertMamert de Vienne (Ve siècle — 475) Evêque de Vienne, illec estant Et celebrant le divin sacrifice 3470Car tremblement de terre, avant l’office Estre acomply, fut tel que les aultiers Arbres, maisons, tours, clochiers+ et moustiers En trebuchant tant de places+ couvrirent Que plusieurs gens sans remede y perirent. 3475Le feu du ciel soudainement espars Sur le palais tumba, et fut tout ars. Quoy plus ? Aprés ces cruelles tempestes, Loups affaméz, grandz ours+ et autres bestes, Femmes, enfans et hommes par les champs, 3480Comme enraigéz, furent de prés cherchans Les devorans s’ilz+ ne feussent habilles À eulx+ saulver dedans les bonnes villes. Ce bon prelat, pour telle afflictïon De fervent zele et grande affectïon
De la fin et mort du roy ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
3485Peuples induyt à faire penitence Et de leurs maulx par vrayë repentence Confessïon faire ample et proposer Pour l’advenir bien vivre eulx disposer Enffans +nudz piedz chantans la letanie, 3490Tout le clergié, peuple à grand compaignie, Faire ordonner+ trois jours processïons Et fut celluy qui les rogatïons Institua que mere saincte Eglise Par chascun an celebre et sollempnise 3495Trois jours prouchains avant l’Ascentïon. Ainsi cessa la persecutïon. §Le roy non plus pensant à+ faict de guerre Devot au chief des apostres+ sainct PierrePierre, saint (Ier siècle avant J.C. — entre 64 et 68) Apôtre du Christ et premier pape de l'Église catholique En+ son eglise à Romme envoye offrir 3500Couronne d’or, laquelle fist couvrir Tout à l’entour de pierres precïeuses. Et ce mesme+ an, aprés ses vertueuses Emprises, faitz et executïons, Aprés avoir à ses intentïons 3505De son royaulme eslargy l’estendue, Aprés la fin de sa vie entendue, Ses sacremens receuz et ordonné De tout son cas ayant trente ans regné Rendit le corps à terre et l’ame à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme.
ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
inhumé au mont saincte Genevefve à Paris qu’il fonda 3510Dedans Paris print sepulture au lieu Par luy fondé en saison assez briefve Que nous disons huy Saincte Geneviefve + En l’an cinq cens quatorze son trespas Fut +justement. Si on+ ne m’en croit pas, 3515Qu’on aille veoir au dit lieu le paraphe Où est la+ dacte en forme d’epitaphe Que sainct RemyRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique par metres composa Lesquelz autour de sa tombe posa.
Note n°1
En marge : nota de saincte
GeneviesveGeneviève, sainte (423 — 502) Sainte française, patronne de la ville de Paris, du diocèse de Nanterre et des
gendarmes
Aix419 touchéz et mis
BnFfr23145 Disons
Non num.
BnFfr17274
Chapitre
xixe
BnFfr23145, BnFfr4967, Vat966 om.
BnFfr23145 om.
BnFfr17274 Du
BnFfr23145, BnFfr4967 Vie
Vat966 de
BnFfr4967 qui la
Aix419 le
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274 et
BnFfr23145 tourner
BnFfr4967 foys
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 regecté
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274 a erain
BnFfr4967 qu’il a
BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 massifz
Aix419 au seignur
BnFfr4967 Celluy
BnFfr23145 porta
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, Vat966, BnFfr5299, Cha514 om.
BnFfr23145, Cha514 gouvernoit
BnFfr17274, Aix419 Veez là
Vat966 sarchant
Aix419 sur luy estre
BnFfr23145 om.
BnFfr17274, BnFfr23145 à
BnFfr17274 de faict
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr5299, BnFfr4967, Aix419, Vat966, Cha514 nulle
BnFfr4967 aidant
Cha514 declairéz
BnFfr23145, Vat966 qu’il
Non num.
BnFfr4967 om.
Vat966 paretz
BnFfr17274 perdicïon
BnFfr23145 honteuse mort
Vat966 om.
BnFfr17274
point
Aix419 faulces
BnFfr4967 Lors
BnFfr17274 qui en
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 Assez
Vat966 fait
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Aix419, Vat966, Cha514 Mamert
BnFfr17274 ors ch dict
Vat966 tabliz
BnFfr4967 om.
Aix419, Cha514 telle
BnFfr23145 estoit
BnFfr17274 les
Vat966 cloches
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 terre
BnFfr17274 ours chiens
BnFfr17274 s’il
BnFfr17274 D’eulx tost
BnFfr4967 nulz
BnFfr23145, Aix419 au
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Cha514, Vat966 de l’apostre ; Aix419 de l’appostre
BnFfr17274 À
Aix419 mesmes
Non num.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274
BnFfr4967 si
BnFfr23145 en
