Livre I - Chapitre 26
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99r
4615§Reſte icy veoir contre Theodebert Les oncles ſiens / machinans ſa deffaicte Et comme apres auoir paix a eulx faicte Moururent luy / Clotilde et Childebert.
§ Chapitre. xxui .
99v
Childebert et Clotaire contre leur nepueu Theodebert. SOvuēt lamour des pꝛinces eſt petite, 4620Meſmemēt, quant couuoytiſe mauldicte Les fiert denuie et de ferocite Iuſque a chaſtel en deffaire ou cite. Eulx deſirans leur ſeigneurie accroiſtre, Legierement ne donnent a congnoiſtre 4625Le mal talent quilz machinent en eulx Sur leurs parentz / deſquelz ſe font hayneux, Mais en ſecret menans faulſe pꝛacticque Rendent lamour comme paraliticque Sans ſentiment de piteuſe amytie 4630Neſpergne auſſi / damyable pitie, Car aueuglez ſont tant par auarice Quil ne leur chault que en deſuie ou periſſe Soit frere ou ſeur / ſoit niepce ou nepueu. Naturel ſang ny a lieu ny adueu 4635Comme apparut ſans contract de notaire En ces deux roys, Childebert et Clotaire, Qui leur nepueu machinerent fraulder De ſon royaulme / et len deſhereder. Se luy, pourueu / de bon ſens et pꝛudence, 4640Neuſt aſſeure le point de ſa cadence, Mais comme ſaige / aſtut / et bien expert Se tira vers ſon oncle Chlidebert Auecq honneur et reuerence deue100r
Theodebert par ſa prudence appaiſa Childebert et Clotaire. Dont diuertit lempꝛiſe pꝛetendue. 4645Pour ce ne deuſſe ung pꝛouerbe auoir teu, Que face dhomme ( en tel cas ) fait vertu. De ſa pꝛeſence et parolle courtoiſe Tout auſſi toſt que va seine et court oyſe Il appaiſa ſes oncles par liqueur 4650Dhumble parler / qui leur creua le cueur. Auſſi voit on que a oꝛdꝛe de harengue, Le beau parler iamais neſcoꝛche langue. Et au contraire / ung rappoꝛt rude et fier Pꝛinces ſouuent fait entredeffier 4655Et foꝛt aigꝛir leurs rumeurs et querelles. Et comme apꝛes babil de maquerelles Iniures font / le poil entrepigner, Viſaiges / nez / et yeulx eſgꝛatiner, Auſſi apꝛes menaces oultraigeuſes 4660Se allument feuz de guerres dommaigeuſes Et fault que ſoit a lance et picque ouuert Ce que doulceur de langue euſt recouuert. Theodebert voyant que ainſi lon regne Par ce ſaulua ſon pays de loꝛraine. 4665§Durant ce temps. Clotilde, eſtant a tours, Menant vefuaige en ſes ſimples attours, Pleine de iours / vſee et conſommee De maladie /. et a la moꝛt ſommee,100v
La mort de la royne Clotilde. Apꝛes auoir veſcu en nectete 4670De honneſte vie et pure ſainctete Et delaiſſe au monde pour relicque Nom de deuote et iuſte catholicque En cueur contrict / humble et deuocieux, Le coꝛps rendit a terre / et lame aux cieulx. 4675Apꝛes le ſien treſpas / la ſaſſemblerent Les troys eſtatz / qui tous triſtes ſemblerent. Legliſe, en pleurs, ſes piteux chantz meſla, Nobleſſe auſſi tres foꝛt ſe ſangmeſla Et demonſtra poꝛter angoiſſe amere 4680Comme diſant auoir perdu ſa mere. Le populaire, ennuyeux et doubteux, Foꝛt afflige / faiſant regꝛetz piteux, Des yeulx gecta larmes a plaine ſourſe Pour la deffuncte /. en ſon viuant reſſourſe, 4685Vie et ſouſtien de luy, ce dict , eſtant En pourete /. Loꝛs y eut tant et tant Ploure / gemy / et fait dure complaincte Que oncques ne fut, ( ce croy ) , royne tant plaincte /. Ces deux enfans, aduertiz du treſpas, 4690Vers elle, ingꝛatz / ne ſe monſtrerent pas Car ſumptueux obſecques pꝛeparerent. Eulx et leurs gentz dhabitz noirs ſe parerent, Gectans ſouſpirs pour tendꝛes cueurs paſmer101r
Le corps de Clotilde mene de tours a paris. Feirent le coꝛps au ſercueil embaſmer 4695Et honnoꝛer de triumphes funebꝛes. Du luminaire y eut pour les tenebꝛes Et lieux obſcurs aſſez rendꝛe luyſans . Ceulx du clergie / nobles et payſans, Tenans maniere a bonne oꝛdꝛe reduycte, 4700Feirent debuoir de la rendꝛe conduicte Puys la cite de tours iuſque a paris /. Qui diſt aloꝛs que pleurs feuſſent taris, Il euſt gꝛand toꝛt /. ce neſt fable ne ſonge Eſcripꝛe puys / ſans alleguer menſonge, 4705Que autant de crys / et lamentations, Tant de regꝛetz / et exclamations Auoir eſte gectez pour celle dame Que auparauant et depuys feurent de ame. Certes longtemps fauldꝛoit pour reciter 4710Le tout au vray /. cela pourroit citer Louye a plaid de longue contumace Se faſcherie eſcripꝛe acouſtumaſſe. Mais la douleur fut telle a larryuer Dedans paris / que cueurs deurent creuer 4715Conſiderans la ſienne pourtraicture Paree et miſe en royalle veſture. Gꝛand fut le dueil / non ſans plus en lhabit Car cueur et œil en poꝛterent labit101v
La mort de la royne Clotilde plaincte de tous. Gectans ſouſpirs et larmes hoꝛs loix doꝛdꝛe . 4720Ceſtoit pitie veoir gentz leurs bꝛaz deſtoꝛdꝛe, Ceſtoit douleur douyr plaindꝛe et crier, Gꝛandz et petitz /. Tant les ſceuſt on pꝛier, Eulx appaiſer / que leur querimonye Trop nexcedaſt le chant et armonye 4725De ſaincte Egliſe / et ſes pꝛoceſſions Dont luy conuint faire pꝛou ceſſions . Chaſcun blaſmoit Atropos la felonne Dauoir rompue une telle collomne Qui ſouſtenoit comme ferme pillier 4730En ſon viuant le peuple de piller . Contre Cloto fillant le fil de vie Fut dit que a toꝛt (par ſon deffault) deſuie Icelle dame /. et contre lacheſis Furent lourz gꝛiefz /. a lheure la choyſiz , 4735Diſant que auoit mal fait debuoir dextendꝛe Et pꝛolonger ſon deſuuydaige a tendꝛe, Si que a ſa ſeur le paſſaige eſtoupaſt Que de cent ans apꝛes fil ne couppaſt. Par cris nouueaulx ſoꝛtirent larmes neufues. 4740Las (diſoit on) lappuy des femmes veufues Et le ſuppoꝛt des poures oꝛphenins Sont expirez /. Ceſtoit contre venins Doppꝛeſſions / la tres ſaine conſerue102r
La ſepulture de Clotilde/. et la mort de Theodebert roy de lorraine. Pꝛeſeruatifue /. Oꝛes affiert quon ſerue 4745 En pꝛiant Dieu que ſi le coꝛps perit Luy plaiſe mectre au ciel ſon eſperit. Ces motz diſoit la tourbe et voix commune. Loꝛs fut poꝛtee en legliſe comme une Illuſtre dame et pꝛinceſſe de nom, 4750Digne de loz / et immoꝛtel renom, Puys myſe au lieu et pꝛopꝛe ſepulture Du ſien eſpoux / Clouys / comme en ſculpture De marbꝛe blanc eſleuee on la voyt En celle place ou poſee on lauoit 4755Qui eſt au mont de saincte geneuiefue Ia neſt beſoing que plus matin ſe lieue. Qui eſpꝛouuer au vray vouldꝛa ce point Leſcript y eſt empꝛainct qui nen ment point. § Ce meſme temps, Theodebert / le regne 4760Ayant tenu par treze ans en loꝛraine, A Thidebault, ſon filz, le lieu ceda, Et dune fiebure, aſſoupy , deceda. De bonnes meurs fut plain et homme ſaige. Oncques de luy ne ſe partit meſſaige 4765Qui nempoꝛtaſt parolle de bon gꝛe. Il honnoꝛa en ſouuerain degꝛe Gentz renommez de bonne et ſaincte vie. Sur bien dautruy ne poꝛta point denuie102v
Du roy Clotaire. et de ſon filz Cran. Et fut content de ſon dꝛoit paternel 4770Pour meriter le royaulme eternel. Se luy viuant tint pꝛudence a leſpꝛeuue Si fiſt ſon filz / leſcript ainſi les pꝛeuue. Mais, finiſſant parolle de ceulx cy, Vueil retourner ou plus ay de ſoucy. 4775§Oꝛ diſons doncq / puyſque au dꝛoit venuz sōmes, Clotaire fut ung temps tenu des hommes Pour bien heureux / honnoꝛe / extime, Eſtre de Dieu, ( ce ſembloit ) , moult ayme, Pource que auoit ſept filz en ſa lignee 4780 Et filles deux /. Ceſtoit noble meſgnee. Mais neantmoins ce tiltre de bel heur Tourna depuys en petite valeur Car cran, ſon filz, hoꝛs bonne diſcipline, Pꝛenant le train de conduicte maligne, 4785Luy fiſt du mal autant ( ce croy ) que filz Sceut faire a pere. Ainſi que a poinctz pꝛefix Dirons apꝛes / ſelon que la matiere Pourra tenir foꝛme ſeure et entiere. Voyant Clotaire en tel ply /. celluy Cran 4790Eſtre ung mal vmbꝛe et dangereux eſcran, Pour le dompter par voye plus certaine Le voult tranſmectre en la part dacquitaine La ſe voyant en gꝛoſſe auctoꝛite103r
Des mauluaiſtez de Cran filz de Clotaire Mal congnoiſſant que ſa pꝛoſperite 4795Debuoit garder par ſuyure loꝛdonnance Dhumble maniere et doulce contenance. Tout au rebours ſe monſtra oꝛgueilleux Rebelle / fier / cruel / et merueilleux Et ſi auoit telz innocens complices 4800Que on dit / fourrez de certaines malices. Aſpꝛes maulx / fiſt, dures oppꝛeſſions, Comme celluy qui mect aupꝛes ſyons Glayues trenchantz / delibere de fendꝛe Boys / verd / et ſec / qui ne ſe peult deffendꝛe. 4805Tant miſt il ſus / ſubſides et impoſtz Que les ſubiectz neurent plateaulx ny potz, Couches ne lictz / que tout iuſques aux pailles Ne feuſt vendu / pour luy payer les tailles. Sil fut mauuais /. pires furent ſes gentz. 4810Sil fut ſoudain /. ſatrappes et ſergentz Sceurent piller / ſoubz ſa male conduycte. Selon le maiſtre auſſi meſgnee eſt duycte. Gꝛoſſes clameurs / gꝛandz et non pareilz criz Loꝛs furent faiz de bouche et par eſcriptz 4815Si que ſa vie et dampnee iniuſtice Tantoſt peruint iuſques a la notice Du roy ſon pere. Adoncques le manda Et deuers luy ſe trouuer commanda103v
Childebert et Cran contre Clotaire. Mais ſoy monſtrant dur / fier / oppiniaſtre, 4820Homme incenſe / fol / et aquariaſtre , Il contempna paternel mandement Et nobeyt a ſon commandement, Ains a paris / comme fier et rebelle, Vers Childebert alla / pour ſon libelle 4825Dire et conter /. Car bien eſtoit recoꝛdz Son pere et luy auoir haynaux diſcoꝛdz. Si le couraige eut foꝛt naure daucune Mauuaiſe hayne /. il adiouxta rancune. Oultre meſpꝛis / creut indignation /. 4830Et mal talēt ſur obſtinatiō. Loꝛs ſondit oncle / et luy feirent pꝛomeſſe Sur le treſſainct ſacrement de la meſſe Eſtre a iamais lun a lautre adherez, Vraiz et certains amys confederez. 4835Aians pꝛopos gentz aux armes inſtruyꝛe Et mectre ſus / pour Clotaire deſtruyꝛe, Le quel Adoncq ſe partant de Soiſſons, Seconde guerre empꝛiſt ſur les Saxons Que auoit vaincuz / une autre fois /. pour telle 4840Occaſion / comme ceſte poꝛte elle. §La cauſe fut /. Car ilz feyꝛent reffuz Les tributz deuz payer / Mais eulx confuz Et foꝛt perplex / pour la gꝛoſſe puiſſance104r
Guerre et bataille entre les Saxons et les francoys. Du roy Clotaire / A deue obeiſſance, 4845Tournans vers luy / vouldꝛent tributz offrir, Ce moyennant quil les voulſiſt ſouffrir A ſauluete de vie auecq leurs bagues Partir en paix /. Loꝛs Francoys tenans bꝛagues Comme aſſez ſont couſtumiers /. ſur ce pas 4850 Diſrent que ainſi / on ne les debuoit pas Laiſſer aller /. mais conſommer a taille De fier aſſault / ferme et foꝛte bataille. §Oyans ces motz /. Saxons nont eſpoir / foꝛs A eulx deffendꝛe employer leurs effoꝛs. 4855Veu que raiſon / remonſtrance ou pꝛiere Nobtenoyent lieu dun ſeul huys de derriere, Iurerent tous de vendꝛe ſang et chair Pour a pluſieurs le faire couſter cher, Picques au poing de fers aiguz ferrees 4860 Enſembles ioinctz par gꝛandz trouppes ſerrees . Quoyque francoys, en ſouuent les chargeant, Cuydaſſent bien leur maintien veoir changeant, Si neurent ilz pouoir par quelque eſtoꝛce De tout leur boys rompꝛe cueur ny eſcoꝛce, 4865Mais ſi tres bien deffendirent leurs peaulx Et ſur Francoys, tel chapliz de couppeaux, Feyꝛent ce iour / en donnant lourdes charges, Quilz neurent trectz / lances / eſcus / ny targes104v
La mort du roy Childebert. Les empeſchantz tumber en deſarroy. 4870Ainſi rompuz / occis et pꝛis /. le roy Deuers soiſſons / a bien petite bende Fuyant / gaigna / de vaten la pꝛebende. §Vela comment noz francoys pleins doꝛgueil Furent receuz dimpetueux recueil. 4875Ce neſt la foys pꝛemiere ne derniere Que perte ont eue en ſemblable maniere. Si on maintient le pꝛopos comme nu Plus en verrons aſſez par le menu, Pꝛemier que auoir ceſte choſe eſclarcye 4880Car la cronicque en eſt toute farcye. §Peu iours apꝛes / Clotaire, ſaichant Cran En Acquitaine /. y enuoya Gontran Et Aribert, ſes enfans / pour empꝛendꝛe Guerre ſur luy / et moꝛt ou vif le pꝛendꝛe. 4885Mais ce pendant, Childebert pourgecta Une autre emplecte / En armes ſe gecta Parmy Champaigne / Ou, quant le vray mectroye, Pays gaſta / et ſayſit gꝛoſſe pꝛoye /. Depuys, tenant quarante neufyeſme an 4890Du regne ſien /. moꝛt, ſon arriere ban, Criant ſur luy /. le fiſt ſuyure la trace Des coꝛps paſſans aux monſtres /. Lan de gꝛace Cinq cens cinquante et neuf /. Adoncq fut mys105r
Childebert fut inhume a sainct germain des prez quil auoit fonde. En ſepulture / ainſi que auoit pꝛomys 4895Par teſtament de derniere oꝛdonnance Au lieu conſtruict de ſa pꝛopꝛe finance Que auoit fonde / et doue en richeſſes Et reuenuz de bien amples largeſſes. §Ce lieu fonda au nom du gloꝛieux 4900Coꝛps ſainct Vincent /. et fut moult curieux Dy eſtablir dedans fermee enceinte Religieux dhonneſte vie et ſaincte, Religieux gardans religion, Non comme ceulx de chaulde region 4905Qui doꝛaiſon nont ſoing / aulmoſne et ieuſne, Comme on dit ceulx de ſainct Benoiſt le ieune. Il ne pꝛiſt ceulx / qui, comme damoyſeaulx, Tiennent cheuaulx / mules / chiens / et oyſeaulx, Non apoſtatz / non pas pꝛopꝛietaires 4910Qui en manoirs / gꝛanges / et pꝛeſbitaires Communement / dont le monde eſt trouble, Ont plus putains que muyz daueyne ou ble. Ceulx ne chercha, deſreiglez et diffoꝛmes, Qui robes ont de ſoye en bien dix foꝛmes , 4915Mais ceulx choyſit ſeurez de chair et de os, Poꝛtans touſiours la haire ſur le doz, Ayans leur vie en ce monde haye. Ce lieu, ( notez ) , eſt la pꝛopꝛe abbaye105v
Clotaire ſuccede au royaulme de france De sainct germain dit des prez / lez paris. 4920§Auecq les ſainctz bien heurez eſperitz Soit collocquee aux ſainctz cieulx la ſienne ame Oꝛ par ſa moꝛt eſcheut tout le royaulme Au roy ſon frere /. et ne fut point trouue Quil euſt denfans /. Clotaire doncq pꝛouue 4925Seul ſuccedant au royaulme de france, Il eſt requis que on me donne ſouffrance Puyſque oꝛendꝛoit couronne et ſceptre tient Et que de luy long pꝛopos ſentretient. Ie dy la plume auoir fait aſſez traicte 4930Pour repoſer /. Et afin quelle traicte Et compte a part de ce roy et ſes faictz, Au quel ſon filz a beaucoup dexces faiz, Iuſques men tais que mieulx ſoye a deliure. Suffiſe a tant /. Ceſt fin du pꝛemier liure.Mieulx. que. pis
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4615§Reste icy veoir contre + TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
Les oncles siens machinans sa deffaicte Et comme aprés avoir paix à eulx faicte Moururent luy, +ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
et ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
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§ Chapitre xxvi +
ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
contre leur nepveu TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
Souvent l’amour des princes est petite, 4620Mesmement, quant couvoytise mauldicte Les+ fiert+ d’envie et de ferocité Jusque à chastel en+ deffaire ou + cité. Eulx desirans leur seigneurie accroistre, Legierement ne donnent+ à congnoistre 4625Le mal talent qu’ilz machinent en eulx Sur leurs parentz, desquelz se font hayneux, Mais en secret menans faulse practicque Rendent l’amour comme +paraliticque Sans sentiment de piteuse amytié 4630N’espergne aussi d’amÿable pitié, Car aveugléz sont tant par avarice Qu’il ne leur chault que en desvie ou perisse Soit frere ou seur, soit nïepce ou nepveu. Naturel sang n’y a lieu ny adveu 4635Comme apparut sans contract de notaire En ces deux roys, ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, Qui leur nepveu machinerent fraulder De son royaulme et l’en deshereder. Se luy, pourveu de bon sens et prudence, 4640N’eust asseuré le point de sa cadence, Mais comme saige astut et bien expert Se tira vers son oncle ChlidebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Avecq honneur et reverence deue
TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
par sa prudence appaisa ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
Dont divertit l’emprise+ pretendue. 4645Pour ce ne deusse ung proverbe avoir teu, Que face d’homme en tel cas fait vertu. De sa presence et parolle courtoise Tout aussi tost+ que va Seine et court Oyse Il appaisa ses oncles par liqueur 4650D’humble parler qui leur creva le cueur. Aussi voit on que à ordre de harengue, Le beau parler jamais n’escorche langue. Et au contraire ung rapport rude et fier Princes souvent fait entredeffïer 4655Et fort aigrir leurs rumeurs et querelles. Et comme aprés babil de maquerelles Injures font le poil entrepigner, Visaiges, nez et yeulx esgratiner, Aussi aprés menaces oultraigeuses 4660Se allument feuz de guerres dommaigeuses Et fault que soit à lance et picque ouvert Ce que doulceur de langue eust recouvert. + TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
voyant que ainsi l’on+ regne Par ce saulva son paÿs de Lorraine. 4665§Durant ce temps, ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
, estant à Tours, Menant vefvaige en ses simples attours, Pleine de jours, usee et+ consommee De maladie, et à la mort sommee,
La mort de la royne ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
Aprés avoir vescu en necteté 4670De honneste vie et pure saincteté Et delaissé au monde pour relicque Nom de devote et juste catholicque En cueur contrict, humble et+ devocïeux, Le corps rendit à terre et l’ame aux cieulx. 4675Aprés le sien trespas là s’assemblerent Les troys estatz qui tous tristes semblerent. L’eglise, en pleurs, ses piteux chantz+ mesla, Noblesse aussi trés fort se sangmesla Et demonstra porter angoisse amere 4680Comme disant avoir perdu sa mere. Le populaire, ennuyeux et doubteux, Fort affligé, faisant regretz piteux, Des yeulx gecta larmes à+ plaine sourse Pour la deffuncte en son vivant ressourse, 4685Vie et soustien de luy, ce dict, estant En povreté. Lors y eut tant et tant Plouré, gemy, et fait+ dure complaincte Que oncques ne fut, ce croy, royne tant plaincte. Ces+ deux enfans, advertiz du trespas, 4690Vers elle, ingratz, ne se monstrerent pas Car sumptueux obsecques preparerent. Eulx et leurs gentz d’habitz noirs se parerent, Gectans souspirs pour tendres cueurs pasmer
Le corps de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
mené de Tours à Paris Feirent le corps au sercueil embasmer 4695Et honnorer de triumphes funebres. Du luminaire y eut pour les tenebres Et lieux obscurs assez rendre luysans+. Ceulx du clergié, nobles et paÿsans, Tenans maniere à+ bonne+ ordre reduycte, 4700Feirent debvoir de la rendre conduicte Puys la cité de Tours jusque à Paris. Qui dist alors que pleurs feussent taris, Il eust grand + tort. Ce n’est fable ne songe Escripre puys, sans alleguer mensonge, 4705Que autant de crys et lamentatïons, Tant de regretz et exclamatïons+ Avoir esté gectéz+ pour celle dame Que auparavant et depuys feurent de ame. Certes longtemps fauldroit pour reciter 4710Le tout au+ vray Cela pourroit citer L’ouÿe+ à+ plaid de longue+ contumace Se fascherie escripre acoustumasse. Mais la douleur fut telle à l’arryver Dedans Paris que cueurs deurent crever 4715Considerans la sienne pourtraicture Paree et mise en royalle vesture. Grand fut le dueil non sans plus en l’habit +Car cueur et œil en porterent labit+
La mort de la royne ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
plaincte de tous Gectans souspirs et larmes hors loix d’ordre+. 4720C’estoit pitié veoir gentz leurs braz destordre, C’estoit douleur d’ouÿr plaindre et crier, Grandz et petitz. Tant les sceust on prier, Eulx appaiser que leur querimonye Trop n’excedast le chant et armonye 4725De saincte Eglise et ses+ processïons Dont luy convint faire prou cessïons. Chascun blasmoit AtroposAtropos Divinité de la mythologie grecque, une des Moires, coupant le fil de la vie la felonne D’avoir rompue+ une telle collomne Qui soustenoit comme+ ferme pillier+ 4730En son vivant le peuple de piller+. Contre ClotoClotho Divinité de la mythologie grecque, une des Moires, tissant le fil de la vie fillant le fil de vie Fut dit que à tort par son deffault desvie Icelle dame. Et contre LachesisLachésis Divinité de la mythologie grecque, une des Moires, déroulant le fil de la vie Furent lourz griefz à l’heure là choysiz+, 4735Disant que avoit mal+ fait debvoir d’extendre Et prolonger+ son desvuydaige à tendre, Si que à sa seur + le passaige estoupast Que de cent ans aprés fil ne couppast. Par cris nouveaulx sortirent larmes neufves. 4740« Las », disoit on, « l’appuy des femmes veufves » « Et le support des povres orphenins » « Sont expiréz. C’estoit + contre venins » « D’oppressïons la trés saine conserve »
La sepulture de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
et la mort de TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
roy de Lorraine « Preservatifve. Ores affiert qu’on serve » 4745 « En prïant DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme que si le corps perit » « Luy plaise+ mectre au ciel+ son esperit. » Ces motz disoit la tourbe et voix commune. Lors fut portee en l’eglise comme une Illustre dame et princesse de nom, 4750Digne de loz et immortel renom, Puys myse au lieu et propre sepulture Du sien espoux ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, comme en sculpture De marbre blanc eslevee on la voyt En celle+ place où posee on l’avoit+ 4755Qui est au mont de Saincte Geneviefve Ja+ n’est besoing que plus matin se lieve. Qui esprouver au vray vouldra ce point L’escript y est emprainct+ qui n’en ment point. §Ce+ mesme temps, TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
, le regne 4760Ayant tenu par treze ans en Lorraine, À ThidebaultThéodebald (534 — 555) Roi des Francs de Metz (548-555)
Roi des Francs de Metz, son filz, le lieu ceda, Et+ d’une fiebvre, assoupy+, deceda. De bonnes meurs fut plain et homme saige. Oncques de luy ne se partit messaige 4765Qui n’emportast parolle de bon gré. Il honnora en souverain degré Gentz renomméz de bonne et saincte vie. Sur bien d’autruy +ne porta point d’envie
Du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
et de son filz CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc Et fut content de son droit paternel 4770Pour meriter le royaulme eternel. Se+ luy vivant tint prudence à l’espreuve Si fist son filz, l’escript ainsi+ les+ preuve. Mais, finissant parolle de ceulx cy, Vueil retourner où plus ay+ de soucy. 4775§Or disons doncq, puysque+ au droit venuz sommes, ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
fut ung temps tenu des hommes Pour bien heureux, honnoré, +extimé, Estre + de DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme, ce sembloit, moult+ aymé, Pource que avoit sept filz en sa lignee 4780 Et filles deux. C’estoit noble mesgnee.+ Mais neantmoins ce tiltre de bel heur Tourna depuys en petite valeur Car +CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc, son filz, hors bonne discipline, Prenant le train de conduicte maligne, 4785Luy fist du mal autant ce+ croy que filz Sceut faire à pere, ainsi que à poinctz prefix Dirons aprés selon que la matiere Pourra tenir + forme + seure et entiere. Voyant ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
en tel ply celluy CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc 4790Estre ung mal umbre et dangereux escran, Pour le dompter par voye plus certaine Le voult+ transmectre en la part d’Acquitaine Là se voyant en grosse auctorité
Des maulvaistéz de CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc filz de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
Mal congnoissant que sa prosperité 4795Debvoit garder par suyvre l’ordonnance D’humble maniere et doulce contenance. Tout au rebours se monstra orgueilleux Rebelle, fier, cruel et merveilleux Et si avoit telz innocens complices 4800Que on dit fourréz de certaines malices. Aspres maulx+ fist, dures oppressïons, Comme celluy qui mect+ auprés sÿons Glayves trenchantz delibere de fendre Boys verd et sec qui ne se peult deffendre. 4805Tant mist il sus subsides et impostz Que les subjectz n’eurent plateaulx ny potz, Couches+ ne lictz que tout jusques aux pailles Ne feust vendu pour luy payer les tailles. S’il fut mauvais, pires furent ses gentz. 4810S’il fut soudain, satrappes et sergentz Sceurent piller soubz sa male conduycte. Selon le maistre aussi+ mesgnee est duycte. Grosses clameurs, grandz et non pareilz criz Lors furent faiz de bouche et par escriptz 4815Si que sa vie et dampnee injustice Tantost pervint jusques à la notice Du roy son pere. Adoncques le manda Et devers luy se trouver commanda
ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc contre ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
Mais soy monstrant dur, fier, oppinïastre, 4820Homme incensé, fol et aquarïastre+, Il contempna+ paternel mandement Et n’obeÿt à son commandement,+ Ains à Paris, comme fier et rebelle, Vers ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
alla pour son libelle 4825Dire et conter, car bien estoit recordz Son pere et luy avoir haynaux discordz. Si le couraige eut fort navré d’aucune Mauvaise hayne, il adjouxta rancune. Oultre mespris + creut indignatïon 4830Et mal talent sur obstinatïon. Lors son dit oncle et luy feirent promesse Sur le trés sainct sacrement de la messe Estre+ à jamais l’un à l’autre adheréz, Vraiz et certains amys confederéz. 4835Aians propos gentz aux armes instruyre Et mectre sus pour ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
destruyre, Lequel adoncq se partant de Soissons, Seconde guerre emprist sur les Saxons Que avoit vaincuz une autre fois pour telle 4840Occasïon comme ceste+ porte elle. §La cause fut car ilz feyrent reffuz Les tributz deuz+ payer. Mais eulx confuz Et fort perplex pour la grosse puissance
Guerre et bataille entre les Saxons et les Françoys Du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, à deue obeissance, 4845Tournans vers luy vouldrent tributz offrir, Ce moyennant qu’il+ les voulsist souffrir À saulveté de vie avecq+ leurs bagues Partir en paix. Lors Françoys tenans bragues Comme assez sont coustumiers, sur ce pas 4850Disrent+ que ainsi on ne les debvoit pas Laisser aller, mais consommer à taille De fier assault ferme et forte bataille. §Oyans ces motz, Saxons n’ont espoir, fors À eulx deffendre employer leurs effors. 4855Veu que raison, remonstrance ou prïere N’obtenoyent lieu d’un seul huys de derriere, Jurerent tous de vendre sang et chair Pour à plusieurs le faire couster cher, + Picques au poing de fers aiguz ferrees 4860Ensembles+ joinctz par grandz trouppes +serrees+. Quoyque Françoys, en souvent les chargeant, Cuydassent bien leur maintien veoir changeant, Si n’eurent ilz pouoir par quelque estorce De tout leur boys rompre cueur ny escorce, 4865Mais si trés bien deffendirent leurs peaulx Et sur Françoys, tel chapliz de couppeaux, Feyrent ce jour, en donnant lourdes charges, Qu’ilz n’eurent trectz, lances, escus ny targes
La mort du roy ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Les empeschantz tumber en desarroy. 4870Ainsi rompuz, occis et pris, le roy Devers Soissons à+ bien petite bende Fuyant, gaigna de vaten+ la prebende. §Vela comment noz Françoys pleins d’orgueil Furent receuz d’impetueux recueil. 4875Ce n’est la foys premiere ne derniere Que +perte ont eue en semblable maniere. Si on maintient le propos comme nu Plus+ en verrons assez par+ le menu, Premier que avoir ceste chose esclarcye 4880Car la cronicque en est toute farcye. §Peu jours aprés, ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, saichant CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc En Acquitaine, y envoya GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne Et AribertCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
, ses enfans, pour emprendre Guerre sur luy, et mort ou vif le prendre. 4885Mais ce pendant, ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
pourgecta Une autre emplecte. En armes se gecta Parmy Champaigne où, quant le vray mectroye, Paÿs gasta et saysit grosse proye. Depuys, tenant quarante neufyesme an 4890Du regne sien, mort, son arriere ban, Crïant sur luy, le fist suyvre la trace Des corps passans aux monstres l’an de grace Cinq cens cinquante et+ neuf. Adoncq fut mys
ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
fut inhumé à Sainct Germain des Préz qu’il avoit fondé En sepulture ainsi que avoit promys 4895Par testament de derniere ordonnance Au lieu construict de sa propre finance Que avoit fondé et doué+ en richesses Et revenuz de bien amples largesses.+ §Ce lieu fonda au nom du glorïeux 4900Corps sainct VincentVincent de Saragosse, saint (IIIe siècle — 304) Saint catholique et fut moult curïeux D’y establir dedans fermee enceinte+ Religïeux d’honneste vie et saincte, Religïeux gardans religïon, + Non comme ceulx de chaulde regïon + 4905Qui d’oraison n’ont soing, +aulmosne et jeusne, Comme on dit ceulx de sainct BenoistBenoît de Nursie, saint (03/03/480 — 23/03/547) Fondateur du monachisme chrétien et de l'ordre bénédictin, saint des Églises catholique et orthodoxe le jeune.+ Il ne prist ceulx+ qui, comme damoyseaulx, Tiennent chevaulx, mules, chiens et oyseaulx, Non apostatz, non pas proprietaires 4910Qui en manoirs, granges+ et presbitaires+ Communement, dont le monde est troublé, Ont plus putains que muyz d’aveyne ou blé. Ceulx ne chercha, desreigléz et difformes, Qui robes ont de soye en bien dix formes+, 4915Mais ceulx choysit sevréz+ de chair et de os, Portans tousjours la haire sur le doz, Ayans+ leur vie en ce monde haÿe. Ce lieu, notez, est la propre abbaÿe
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
succede au royaulme de France De Sainct Germain dit des Préz, lez Paris. 4920§Avecq les sainctz bienheuréz esperitz Soit collocquee aux sainctz cieulx la sienne ame. Or par sa mort escheut tout le royaulme Au roy son frere, et ne fut point trouvé Qu’il eust+ d’enfans. ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
doncq prouvé 4925Seul succedant au+ royaulme de France, Il est requis + que on me donne souffrance Puysque orendroit+ couronne et sceptre tient Et que de luy long propos s’entretient. Je dy la plume avoir fait assez traicte 4930Pour reposer. Et afin qu’elle traicte Et compte à part de ce roy et ses faictz, Auquel son filz a beaucoup d’excés faiz, Jusques m’en tais que mieulx soye à+ delivre. Suffise à tant. C’est fin du premier livre.
BnFfr17274, Aix419, Cha514 ce
BnFfr4967 Childebert
Non num.
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966 om.
Cha514 Chapitre.vingt.vie.
Aix419 Le
BnFfr4967 fier
BnFfr17274 om.
BnFfr17274 la
BnFfr23145 donne
BnFfr4967 parilique
Vat966 l’office
BnFfr17274, Aix419, Vat966 aussy doulx ; BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Cha514 aussi
doulx
BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Cha514 Lors
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Aix419, Vat966, Cha514 on
BnFfr17274, Aix419, Vat966 om.
BnFfr23145 det
Aix419 champs
Aix419 en
Aix419 faicte
BnFfr17274 Ses
BnFfr23145 reluysans
BnFfr23145 et
Vat966 noble
Aix419 om.
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274 à
BnFfr23145 L’ouy
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Vat966, BnFfr5299, BnFfr4967, Cha514 au
BnFfr17274 langue
BnFfr4967 om.
BnFfr17274, BnFfr23145 lhabit
BnFfr17274, Aix419, Cha514 loy de ordre ; Vat966 loy d’ordre
BnFfr4967, BnFfr5299 d’ordre ; BnFfr23145 de l’ordre
Aix419, Cha514 rompu
Vat966 om.
BnFfr17274 piller
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Vat966 pillier
Vat966 choiz
BnFfr23145 mal avoit
BnFfr17274 plonger
BnFfr17274 estoupast
Aix419 om.
BnFfr4967 laisse
BnFfr23145 au ciel mettre
BnFfr4967 icelle
BnFfr4967 la veoit
BnFfr23145 Il
BnFfr23145, BnFfr5299 escript
Cha514 Au
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 et souppy
BnFfr4967 et
BnFfr17274, BnFfr23145 Et
BnFfr4967, BnFfr5299 aussi
BnFfr17274, Aix419, Cha514 le
BnFfr4967 ayt
BnFfr4967 depuis que
BnFfr4967 et
BnFfr23145, BnFfr4967 et
BnFfr23145 bien
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 ce
BnFfr4967 qui
BnFfr17274 om.
BnFfr17274 om.
BnFfr17274 veult
Aix419 Aprés griefz maulx
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299 om.
Vat966 Cruches
BnFfr17274 ainsy
Vat966 alrariastre
BnFfr4967 condempna
BnFfr17274 om.
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299 tant
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 D’estre
BnFfr17274 celle
BnFfr23145 dehuz
Aix419 acevques
BnFfr23145, Vat966 Disoient
Non num.
BnFfr17274 om.
Aix419 Ensembles
BnFfr4967 ferrees
BnFfr4967 serres
BnFfr17274 vatem
BnFfr4967 ont
BnFfr17274, Cha514 Nous
BnFfr23145, Aix419 pour
BnFfr23145 om.
BnFfr17274, Vat966 donné
BnFfr4967 om.
BnFfr17274
et et ceincte
Non num.
BnFfr23145 om.
BnFfr4967, BnFfr5299 Non comme ceulx de chaulde regïon
Non num.
BnFfr4967, BnFfr5299 Lesquelz ovrent dedans religïon
BnFfr4967 aux
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 om.
Vat966 granches
Cha514 prebitaires
BnFfr4967 difformes
BnFfr17274 seurs
BnFfr23145 Ains
BnFfr4967 om.
BnFfr23145 à
BnFfr23145 d
BnFfr17274 ore endroit
BnFfr4967 et
Non num.
Vat966 Finis.
Non num.
BnFfr23145, BnFfr4967 om.
Non num.
BnFfr5299 Lalemant
99r
4615§Reſte icy veoir contre Theodebert Les oncles ſiens / machinans ſa deffaicte Et comme apres auoir paix a eulx faicte Moururent luy / Clotilde et Childebert.
§ Chapitre. xxui .
99v
Childebert et Clotaire contre leur nepueu Theodebert. SOvuēt lamour des pꝛinces eſt petite, 4620Meſmemēt, quant couuoytiſe mauldicte Les fiert denuie et de ferocite Iuſque a chaſtel en deffaire ou cite. Eulx deſirans leur ſeigneurie accroiſtre, Legierement ne donnent a congnoiſtre 4625Le mal talent quilz machinent en eulx Sur leurs parentz / deſquelz ſe font hayneux, Mais en ſecret menans faulſe pꝛacticque Rendent lamour comme paraliticque Sans ſentiment de piteuſe amytie 4630Neſpergne auſſi / damyable pitie, Car aueuglez ſont tant par auarice Quil ne leur chault que en deſuie ou periſſe Soit frere ou ſeur / ſoit niepce ou nepueu. Naturel ſang ny a lieu ny adueu 4635Comme apparut ſans contract de notaire En ces deux roys, Childebert et Clotaire, Qui leur nepueu machinerent fraulder De ſon royaulme / et len deſhereder. Se luy, pourueu / de bon ſens et pꝛudence, 4640Neuſt aſſeure le point de ſa cadence, Mais comme ſaige / aſtut / et bien expert Se tira vers ſon oncle Chlidebert Auecq honneur et reuerence deue100r
Theodebert par ſa prudence appaiſa Childebert et Clotaire. Dont diuertit lempꝛiſe pꝛetendue. 4645Pour ce ne deuſſe ung pꝛouerbe auoir teu, Que face dhomme ( en tel cas ) fait vertu. De ſa pꝛeſence et parolle courtoiſe Tout auſſi toſt que va seine et court oyſe Il appaiſa ſes oncles par liqueur 4650Dhumble parler / qui leur creua le cueur. Auſſi voit on que a oꝛdꝛe de harengue, Le beau parler iamais neſcoꝛche langue. Et au contraire / ung rappoꝛt rude et fier Pꝛinces ſouuent fait entredeffier 4655Et foꝛt aigꝛir leurs rumeurs et querelles. Et comme apꝛes babil de maquerelles Iniures font / le poil entrepigner, Viſaiges / nez / et yeulx eſgꝛatiner, Auſſi apꝛes menaces oultraigeuſes 4660Se allument feuz de guerres dommaigeuſes Et fault que ſoit a lance et picque ouuert Ce que doulceur de langue euſt recouuert. Theodebert voyant que ainſi lon regne Par ce ſaulua ſon pays de loꝛraine. 4665§Durant ce temps. Clotilde, eſtant a tours, Menant vefuaige en ſes ſimples attours, Pleine de iours / vſee et conſommee De maladie /. et a la moꝛt ſommee,100v
La mort de la royne Clotilde. Apꝛes auoir veſcu en nectete 4670De honneſte vie et pure ſainctete Et delaiſſe au monde pour relicque Nom de deuote et iuſte catholicque En cueur contrict / humble et deuocieux, Le coꝛps rendit a terre / et lame aux cieulx. 4675Apꝛes le ſien treſpas / la ſaſſemblerent Les troys eſtatz / qui tous triſtes ſemblerent. Legliſe, en pleurs, ſes piteux chantz meſla, Nobleſſe auſſi tres foꝛt ſe ſangmeſla Et demonſtra poꝛter angoiſſe amere 4680Comme diſant auoir perdu ſa mere. Le populaire, ennuyeux et doubteux, Foꝛt afflige / faiſant regꝛetz piteux, Des yeulx gecta larmes a plaine ſourſe Pour la deffuncte /. en ſon viuant reſſourſe, 4685Vie et ſouſtien de luy, ce dict , eſtant En pourete /. Loꝛs y eut tant et tant Ploure / gemy / et fait dure complaincte Que oncques ne fut, ( ce croy ) , royne tant plaincte /. Ces deux enfans, aduertiz du treſpas, 4690Vers elle, ingꝛatz / ne ſe monſtrerent pas Car ſumptueux obſecques pꝛeparerent. Eulx et leurs gentz dhabitz noirs ſe parerent, Gectans ſouſpirs pour tendꝛes cueurs paſmer101r
Le corps de Clotilde mene de tours a paris. Feirent le coꝛps au ſercueil embaſmer 4695Et honnoꝛer de triumphes funebꝛes. Du luminaire y eut pour les tenebꝛes Et lieux obſcurs aſſez rendꝛe luyſans . Ceulx du clergie / nobles et payſans, Tenans maniere a bonne oꝛdꝛe reduycte, 4700Feirent debuoir de la rendꝛe conduicte Puys la cite de tours iuſque a paris /. Qui diſt aloꝛs que pleurs feuſſent taris, Il euſt gꝛand toꝛt /. ce neſt fable ne ſonge Eſcripꝛe puys / ſans alleguer menſonge, 4705Que autant de crys / et lamentations, Tant de regꝛetz / et exclamations Auoir eſte gectez pour celle dame Que auparauant et depuys feurent de ame. Certes longtemps fauldꝛoit pour reciter 4710Le tout au vray /. cela pourroit citer Louye a plaid de longue contumace Se faſcherie eſcripꝛe acouſtumaſſe. Mais la douleur fut telle a larryuer Dedans paris / que cueurs deurent creuer 4715Conſiderans la ſienne pourtraicture Paree et miſe en royalle veſture. Gꝛand fut le dueil / non ſans plus en lhabit Car cueur et œil en poꝛterent labit101v
La mort de la royne Clotilde plaincte de tous. Gectans ſouſpirs et larmes hoꝛs loix doꝛdꝛe . 4720Ceſtoit pitie veoir gentz leurs bꝛaz deſtoꝛdꝛe, Ceſtoit douleur douyr plaindꝛe et crier, Gꝛandz et petitz /. Tant les ſceuſt on pꝛier, Eulx appaiſer / que leur querimonye Trop nexcedaſt le chant et armonye 4725De ſaincte Egliſe / et ſes pꝛoceſſions Dont luy conuint faire pꝛou ceſſions . Chaſcun blaſmoit Atropos la felonne Dauoir rompue une telle collomne Qui ſouſtenoit comme ferme pillier 4730En ſon viuant le peuple de piller . Contre Cloto fillant le fil de vie Fut dit que a toꝛt (par ſon deffault) deſuie Icelle dame /. et contre lacheſis Furent lourz gꝛiefz /. a lheure la choyſiz , 4735Diſant que auoit mal fait debuoir dextendꝛe Et pꝛolonger ſon deſuuydaige a tendꝛe, Si que a ſa ſeur le paſſaige eſtoupaſt Que de cent ans apꝛes fil ne couppaſt. Par cris nouueaulx ſoꝛtirent larmes neufues. 4740Las (diſoit on) lappuy des femmes veufues Et le ſuppoꝛt des poures oꝛphenins Sont expirez /. Ceſtoit contre venins Doppꝛeſſions / la tres ſaine conſerue102r
La ſepulture de Clotilde/. et la mort de Theodebert roy de lorraine. Pꝛeſeruatifue /. Oꝛes affiert quon ſerue 4745 En pꝛiant Dieu que ſi le coꝛps perit Luy plaiſe mectre au ciel ſon eſperit. Ces motz diſoit la tourbe et voix commune. Loꝛs fut poꝛtee en legliſe comme une Illuſtre dame et pꝛinceſſe de nom, 4750Digne de loz / et immoꝛtel renom, Puys myſe au lieu et pꝛopꝛe ſepulture Du ſien eſpoux / Clouys / comme en ſculpture De marbꝛe blanc eſleuee on la voyt En celle place ou poſee on lauoit 4755Qui eſt au mont de saincte geneuiefue Ia neſt beſoing que plus matin ſe lieue. Qui eſpꝛouuer au vray vouldꝛa ce point Leſcript y eſt empꝛainct qui nen ment point. § Ce meſme temps, Theodebert / le regne 4760Ayant tenu par treze ans en loꝛraine, A Thidebault, ſon filz, le lieu ceda, Et dune fiebure, aſſoupy , deceda. De bonnes meurs fut plain et homme ſaige. Oncques de luy ne ſe partit meſſaige 4765Qui nempoꝛtaſt parolle de bon gꝛe. Il honnoꝛa en ſouuerain degꝛe Gentz renommez de bonne et ſaincte vie. Sur bien dautruy ne poꝛta point denuie102v
Du roy Clotaire. et de ſon filz Cran. Et fut content de ſon dꝛoit paternel 4770Pour meriter le royaulme eternel. Se luy viuant tint pꝛudence a leſpꝛeuue Si fiſt ſon filz / leſcript ainſi les pꝛeuue. Mais, finiſſant parolle de ceulx cy, Vueil retourner ou plus ay de ſoucy. 4775§Oꝛ diſons doncq / puyſque au dꝛoit venuz sōmes, Clotaire fut ung temps tenu des hommes Pour bien heureux / honnoꝛe / extime, Eſtre de Dieu, ( ce ſembloit ) , moult ayme, Pource que auoit ſept filz en ſa lignee 4780 Et filles deux /. Ceſtoit noble meſgnee. Mais neantmoins ce tiltre de bel heur Tourna depuys en petite valeur Car cran, ſon filz, hoꝛs bonne diſcipline, Pꝛenant le train de conduicte maligne, 4785Luy fiſt du mal autant ( ce croy ) que filz Sceut faire a pere. Ainſi que a poinctz pꝛefix Dirons apꝛes / ſelon que la matiere Pourra tenir foꝛme ſeure et entiere. Voyant Clotaire en tel ply /. celluy Cran 4790Eſtre ung mal vmbꝛe et dangereux eſcran, Pour le dompter par voye plus certaine Le voult tranſmectre en la part dacquitaine La ſe voyant en gꝛoſſe auctoꝛite103r
Des mauluaiſtez de Cran filz de Clotaire Mal congnoiſſant que ſa pꝛoſperite 4795Debuoit garder par ſuyure loꝛdonnance Dhumble maniere et doulce contenance. Tout au rebours ſe monſtra oꝛgueilleux Rebelle / fier / cruel / et merueilleux Et ſi auoit telz innocens complices 4800Que on dit / fourrez de certaines malices. Aſpꝛes maulx / fiſt, dures oppꝛeſſions, Comme celluy qui mect aupꝛes ſyons Glayues trenchantz / delibere de fendꝛe Boys / verd / et ſec / qui ne ſe peult deffendꝛe. 4805Tant miſt il ſus / ſubſides et impoſtz Que les ſubiectz neurent plateaulx ny potz, Couches ne lictz / que tout iuſques aux pailles Ne feuſt vendu / pour luy payer les tailles. Sil fut mauuais /. pires furent ſes gentz. 4810Sil fut ſoudain /. ſatrappes et ſergentz Sceurent piller / ſoubz ſa male conduycte. Selon le maiſtre auſſi meſgnee eſt duycte. Gꝛoſſes clameurs / gꝛandz et non pareilz criz Loꝛs furent faiz de bouche et par eſcriptz 4815Si que ſa vie et dampnee iniuſtice Tantoſt peruint iuſques a la notice Du roy ſon pere. Adoncques le manda Et deuers luy ſe trouuer commanda103v
Childebert et Cran contre Clotaire. Mais ſoy monſtrant dur / fier / oppiniaſtre, 4820Homme incenſe / fol / et aquariaſtre , Il contempna paternel mandement Et nobeyt a ſon commandement, Ains a paris / comme fier et rebelle, Vers Childebert alla / pour ſon libelle 4825Dire et conter /. Car bien eſtoit recoꝛdz Son pere et luy auoir haynaux diſcoꝛdz. Si le couraige eut foꝛt naure daucune Mauuaiſe hayne /. il adiouxta rancune. Oultre meſpꝛis / creut indignation /. 4830Et mal talēt ſur obſtinatiō. Loꝛs ſondit oncle / et luy feirent pꝛomeſſe Sur le treſſainct ſacrement de la meſſe Eſtre a iamais lun a lautre adherez, Vraiz et certains amys confederez. 4835Aians pꝛopos gentz aux armes inſtruyꝛe Et mectre ſus / pour Clotaire deſtruyꝛe, Le quel Adoncq ſe partant de Soiſſons, Seconde guerre empꝛiſt ſur les Saxons Que auoit vaincuz / une autre fois /. pour telle 4840Occaſion / comme ceſte poꝛte elle. §La cauſe fut /. Car ilz feyꝛent reffuz Les tributz deuz payer / Mais eulx confuz Et foꝛt perplex / pour la gꝛoſſe puiſſance104r
Guerre et bataille entre les Saxons et les francoys. Du roy Clotaire / A deue obeiſſance, 4845Tournans vers luy / vouldꝛent tributz offrir, Ce moyennant quil les voulſiſt ſouffrir A ſauluete de vie auecq leurs bagues Partir en paix /. Loꝛs Francoys tenans bꝛagues Comme aſſez ſont couſtumiers /. ſur ce pas 4850 Diſrent que ainſi / on ne les debuoit pas Laiſſer aller /. mais conſommer a taille De fier aſſault / ferme et foꝛte bataille. §Oyans ces motz /. Saxons nont eſpoir / foꝛs A eulx deffendꝛe employer leurs effoꝛs. 4855Veu que raiſon / remonſtrance ou pꝛiere Nobtenoyent lieu dun ſeul huys de derriere, Iurerent tous de vendꝛe ſang et chair Pour a pluſieurs le faire couſter cher, Picques au poing de fers aiguz ferrees 4860 Enſembles ioinctz par gꝛandz trouppes ſerrees . Quoyque francoys, en ſouuent les chargeant, Cuydaſſent bien leur maintien veoir changeant, Si neurent ilz pouoir par quelque eſtoꝛce De tout leur boys rompꝛe cueur ny eſcoꝛce, 4865Mais ſi tres bien deffendirent leurs peaulx Et ſur Francoys, tel chapliz de couppeaux, Feyꝛent ce iour / en donnant lourdes charges, Quilz neurent trectz / lances / eſcus / ny targes104v
La mort du roy Childebert. Les empeſchantz tumber en deſarroy. 4870Ainſi rompuz / occis et pꝛis /. le roy Deuers soiſſons / a bien petite bende Fuyant / gaigna / de vaten la pꝛebende. §Vela comment noz francoys pleins doꝛgueil Furent receuz dimpetueux recueil. 4875Ce neſt la foys pꝛemiere ne derniere Que perte ont eue en ſemblable maniere. Si on maintient le pꝛopos comme nu Plus en verrons aſſez par le menu, Pꝛemier que auoir ceſte choſe eſclarcye 4880Car la cronicque en eſt toute farcye. §Peu iours apꝛes / Clotaire, ſaichant Cran En Acquitaine /. y enuoya Gontran Et Aribert, ſes enfans / pour empꝛendꝛe Guerre ſur luy / et moꝛt ou vif le pꝛendꝛe. 4885Mais ce pendant, Childebert pourgecta Une autre emplecte / En armes ſe gecta Parmy Champaigne / Ou, quant le vray mectroye, Pays gaſta / et ſayſit gꝛoſſe pꝛoye /. Depuys, tenant quarante neufyeſme an 4890Du regne ſien /. moꝛt, ſon arriere ban, Criant ſur luy /. le fiſt ſuyure la trace Des coꝛps paſſans aux monſtres /. Lan de gꝛace Cinq cens cinquante et neuf /. Adoncq fut mys105r
Childebert fut inhume a sainct germain des prez quil auoit fonde. En ſepulture / ainſi que auoit pꝛomys 4895Par teſtament de derniere oꝛdonnance Au lieu conſtruict de ſa pꝛopꝛe finance Que auoit fonde / et doue en richeſſes Et reuenuz de bien amples largeſſes. §Ce lieu fonda au nom du gloꝛieux 4900Coꝛps ſainct Vincent /. et fut moult curieux Dy eſtablir dedans fermee enceinte Religieux dhonneſte vie et ſaincte, Religieux gardans religion, Non comme ceulx de chaulde region 4905Qui doꝛaiſon nont ſoing / aulmoſne et ieuſne, Comme on dit ceulx de ſainct Benoiſt le ieune. Il ne pꝛiſt ceulx / qui, comme damoyſeaulx, Tiennent cheuaulx / mules / chiens / et oyſeaulx, Non apoſtatz / non pas pꝛopꝛietaires 4910Qui en manoirs / gꝛanges / et pꝛeſbitaires Communement / dont le monde eſt trouble, Ont plus putains que muyz daueyne ou ble. Ceulx ne chercha, deſreiglez et diffoꝛmes, Qui robes ont de ſoye en bien dix foꝛmes , 4915Mais ceulx choyſit ſeurez de chair et de os, Poꝛtans touſiours la haire ſur le doz, Ayans leur vie en ce monde haye. Ce lieu, ( notez ) , eſt la pꝛopꝛe abbaye105v
Clotaire ſuccede au royaulme de france De sainct germain dit des prez / lez paris. 4920§Auecq les ſainctz bien heurez eſperitz Soit collocquee aux ſainctz cieulx la ſienne ame Oꝛ par ſa moꝛt eſcheut tout le royaulme Au roy ſon frere /. et ne fut point trouue Quil euſt denfans /. Clotaire doncq pꝛouue 4925Seul ſuccedant au royaulme de france, Il eſt requis que on me donne ſouffrance Puyſque oꝛendꝛoit couronne et ſceptre tient Et que de luy long pꝛopos ſentretient. Ie dy la plume auoir fait aſſez traicte 4930Pour repoſer /. Et afin quelle traicte Et compte a part de ce roy et ſes faictz, Au quel ſon filz a beaucoup dexces faiz, Iuſques men tais que mieulx ſoye a deliure. Suffiſe a tant /. Ceſt fin du pꝛemier liure.Mieulx. que. pis
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4615§Reste icy veoir contre + TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
Les oncles siens machinans sa deffaicte Et comme aprés avoir paix à eulx faicte Moururent luy, +ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
et ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
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§ Chapitre xxvi +
ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
contre leur nepveu TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
Souvent l’amour des princes est petite, 4620Mesmement, quant couvoytise mauldicte Les+ fiert+ d’envie et de ferocité Jusque à chastel en+ deffaire ou + cité. Eulx desirans leur seigneurie accroistre, Legierement ne donnent+ à congnoistre 4625Le mal talent qu’ilz machinent en eulx Sur leurs parentz, desquelz se font hayneux, Mais en secret menans faulse practicque Rendent l’amour comme +paraliticque Sans sentiment de piteuse amytié 4630N’espergne aussi d’amÿable pitié, Car aveugléz sont tant par avarice Qu’il ne leur chault que en desvie ou perisse Soit frere ou seur, soit nïepce ou nepveu. Naturel sang n’y a lieu ny adveu 4635Comme apparut sans contract de notaire En ces deux roys, ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
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Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, Qui leur nepveu machinerent fraulder De son royaulme et l’en deshereder. Se luy, pourveu de bon sens et prudence, 4640N’eust asseuré le point de sa cadence, Mais comme saige astut et bien expert Se tira vers son oncle ChlidebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Avecq honneur et reverence deue
TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
par sa prudence appaisa ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
Dont divertit l’emprise+ pretendue. 4645Pour ce ne deusse ung proverbe avoir teu, Que face d’homme en tel cas fait vertu. De sa presence et parolle courtoise Tout aussi tost+ que va Seine et court Oyse Il appaisa ses oncles par liqueur 4650D’humble parler qui leur creva le cueur. Aussi voit on que à ordre de harengue, Le beau parler jamais n’escorche langue. Et au contraire ung rapport rude et fier Princes souvent fait entredeffïer 4655Et fort aigrir leurs rumeurs et querelles. Et comme aprés babil de maquerelles Injures font le poil entrepigner, Visaiges, nez et yeulx esgratiner, Aussi aprés menaces oultraigeuses 4660Se allument feuz de guerres dommaigeuses Et fault que soit à lance et picque ouvert Ce que doulceur de langue eust recouvert. + TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
voyant que ainsi l’on+ regne Par ce saulva son paÿs de Lorraine. 4665§Durant ce temps, ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
, estant à Tours, Menant vefvaige en ses simples attours, Pleine de jours, usee et+ consommee De maladie, et à la mort sommee,
La mort de la royne ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
Aprés avoir vescu en necteté 4670De honneste vie et pure saincteté Et delaissé au monde pour relicque Nom de devote et juste catholicque En cueur contrict, humble et+ devocïeux, Le corps rendit à terre et l’ame aux cieulx. 4675Aprés le sien trespas là s’assemblerent Les troys estatz qui tous tristes semblerent. L’eglise, en pleurs, ses piteux chantz+ mesla, Noblesse aussi trés fort se sangmesla Et demonstra porter angoisse amere 4680Comme disant avoir perdu sa mere. Le populaire, ennuyeux et doubteux, Fort affligé, faisant regretz piteux, Des yeulx gecta larmes à+ plaine sourse Pour la deffuncte en son vivant ressourse, 4685Vie et soustien de luy, ce dict, estant En povreté. Lors y eut tant et tant Plouré, gemy, et fait+ dure complaincte Que oncques ne fut, ce croy, royne tant plaincte. Ces+ deux enfans, advertiz du trespas, 4690Vers elle, ingratz, ne se monstrerent pas Car sumptueux obsecques preparerent. Eulx et leurs gentz d’habitz noirs se parerent, Gectans souspirs pour tendres cueurs pasmer
Le corps de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
mené de Tours à Paris Feirent le corps au sercueil embasmer 4695Et honnorer de triumphes funebres. Du luminaire y eut pour les tenebres Et lieux obscurs assez rendre luysans+. Ceulx du clergié, nobles et paÿsans, Tenans maniere à+ bonne+ ordre reduycte, 4700Feirent debvoir de la rendre conduicte Puys la cité de Tours jusque à Paris. Qui dist alors que pleurs feussent taris, Il eust grand + tort. Ce n’est fable ne songe Escripre puys, sans alleguer mensonge, 4705Que autant de crys et lamentatïons, Tant de regretz et exclamatïons+ Avoir esté gectéz+ pour celle dame Que auparavant et depuys feurent de ame. Certes longtemps fauldroit pour reciter 4710Le tout au+ vray Cela pourroit citer L’ouÿe+ à+ plaid de longue+ contumace Se fascherie escripre acoustumasse. Mais la douleur fut telle à l’arryver Dedans Paris que cueurs deurent crever 4715Considerans la sienne pourtraicture Paree et mise en royalle vesture. Grand fut le dueil non sans plus en l’habit +Car cueur et œil en porterent labit+
La mort de la royne ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
plaincte de tous Gectans souspirs et larmes hors loix d’ordre+. 4720C’estoit pitié veoir gentz leurs braz destordre, C’estoit douleur d’ouÿr plaindre et crier, Grandz et petitz. Tant les sceust on prier, Eulx appaiser que leur querimonye Trop n’excedast le chant et armonye 4725De saincte Eglise et ses+ processïons Dont luy convint faire prou cessïons. Chascun blasmoit AtroposAtropos Divinité de la mythologie grecque, une des Moires, coupant le fil de la vie la felonne D’avoir rompue+ une telle collomne Qui soustenoit comme+ ferme pillier+ 4730En son vivant le peuple de piller+. Contre ClotoClotho Divinité de la mythologie grecque, une des Moires, tissant le fil de la vie fillant le fil de vie Fut dit que à tort par son deffault desvie Icelle dame. Et contre LachesisLachésis Divinité de la mythologie grecque, une des Moires, déroulant le fil de la vie Furent lourz griefz à l’heure là choysiz+, 4735Disant que avoit mal+ fait debvoir d’extendre Et prolonger+ son desvuydaige à tendre, Si que à sa seur + le passaige estoupast Que de cent ans aprés fil ne couppast. Par cris nouveaulx sortirent larmes neufves. 4740« Las », disoit on, « l’appuy des femmes veufves » « Et le support des povres orphenins » « Sont expiréz. C’estoit + contre venins » « D’oppressïons la trés saine conserve »
La sepulture de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
et la mort de TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
roy de Lorraine « Preservatifve. Ores affiert qu’on serve » 4745 « En prïant DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme que si le corps perit » « Luy plaise+ mectre au ciel+ son esperit. » Ces motz disoit la tourbe et voix commune. Lors fut portee en l’eglise comme une Illustre dame et princesse de nom, 4750Digne de loz et immortel renom, Puys myse au lieu et propre sepulture Du sien espoux ClovysClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, comme en sculpture De marbre blanc eslevee on la voyt En celle+ place où posee on l’avoit+ 4755Qui est au mont de Saincte Geneviefve Ja+ n’est besoing que plus matin se lieve. Qui esprouver au vray vouldra ce point L’escript y est emprainct+ qui n’en ment point. §Ce+ mesme temps, TheodebertThéodebert Ier (entre 496 et 505 — 548) Roi des Francs de Metz (534-548)
, le regne 4760Ayant tenu par treze ans en Lorraine, À ThidebaultThéodebald (534 — 555) Roi des Francs de Metz (548-555)
Roi des Francs de Metz, son filz, le lieu ceda, Et+ d’une fiebvre, assoupy+, deceda. De bonnes meurs fut plain et homme saige. Oncques de luy ne se partit messaige 4765Qui n’emportast parolle de bon gré. Il honnora en souverain degré Gentz renomméz de bonne et saincte vie. Sur bien d’autruy +ne porta point d’envie
Du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
et de son filz CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc Et fut content de son droit paternel 4770Pour meriter le royaulme eternel. Se+ luy vivant tint prudence à l’espreuve Si fist son filz, l’escript ainsi+ les+ preuve. Mais, finissant parolle de ceulx cy, Vueil retourner où plus ay+ de soucy. 4775§Or disons doncq, puysque+ au droit venuz sommes, ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
fut ung temps tenu des hommes Pour bien heureux, honnoré, +extimé, Estre + de DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme, ce sembloit, moult+ aymé, Pource que avoit sept filz en sa lignee 4780 Et filles deux. C’estoit noble mesgnee.+ Mais neantmoins ce tiltre de bel heur Tourna depuys en petite valeur Car +CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc, son filz, hors bonne discipline, Prenant le train de conduicte maligne, 4785Luy fist du mal autant ce+ croy que filz Sceut faire à pere, ainsi que à poinctz prefix Dirons aprés selon que la matiere Pourra tenir + forme + seure et entiere. Voyant ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
en tel ply celluy CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc 4790Estre ung mal umbre et dangereux escran, Pour le dompter par voye plus certaine Le voult+ transmectre en la part d’Acquitaine Là se voyant en grosse auctorité
Des maulvaistéz de CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc filz de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
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Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
Mal congnoissant que sa prosperité 4795Debvoit garder par suyvre l’ordonnance D’humble maniere et doulce contenance. Tout au rebours se monstra orgueilleux Rebelle, fier, cruel et merveilleux Et si avoit telz innocens complices 4800Que on dit fourréz de certaines malices. Aspres maulx+ fist, dures oppressïons, Comme celluy qui mect+ auprés sÿons Glayves trenchantz delibere de fendre Boys verd et sec qui ne se peult deffendre. 4805Tant mist il sus subsides et impostz Que les subjectz n’eurent plateaulx ny potz, Couches+ ne lictz que tout jusques aux pailles Ne feust vendu pour luy payer les tailles. S’il fut mauvais, pires furent ses gentz. 4810S’il fut soudain, satrappes et sergentz Sceurent piller soubz sa male conduycte. Selon le maistre aussi+ mesgnee est duycte. Grosses clameurs, grandz et non pareilz criz Lors furent faiz de bouche et par escriptz 4815Si que sa vie et dampnee injustice Tantost pervint jusques à la notice Du roy son pere. Adoncques le manda Et devers luy se trouver commanda
ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
et CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc contre ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
Mais soy monstrant dur, fier, oppinïastre, 4820Homme incensé, fol et aquarïastre+, Il contempna+ paternel mandement Et n’obeÿt à son commandement,+ Ains à Paris, comme fier et rebelle, Vers ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
alla pour son libelle 4825Dire et conter, car bien estoit recordz Son pere et luy avoir haynaux discordz. Si le couraige eut fort navré d’aucune Mauvaise hayne, il adjouxta rancune. Oultre mespris + creut indignatïon 4830Et mal talent sur obstinatïon. Lors son dit oncle et luy feirent promesse Sur le trés sainct sacrement de la messe Estre+ à jamais l’un à l’autre adheréz, Vraiz et certains amys confederéz. 4835Aians propos gentz aux armes instruyre Et mectre sus pour ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
destruyre, Lequel adoncq se partant de Soissons, Seconde guerre emprist sur les Saxons Que avoit vaincuz une autre fois pour telle 4840Occasïon comme ceste+ porte elle. §La cause fut car ilz feyrent reffuz Les tributz deuz+ payer. Mais eulx confuz Et fort perplex pour la grosse puissance
Guerre et bataille entre les Saxons et les Françoys Du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, à deue obeissance, 4845Tournans vers luy vouldrent tributz offrir, Ce moyennant qu’il+ les voulsist souffrir À saulveté de vie avecq+ leurs bagues Partir en paix. Lors Françoys tenans bragues Comme assez sont coustumiers, sur ce pas 4850Disrent+ que ainsi on ne les debvoit pas Laisser aller, mais consommer à taille De fier assault ferme et forte bataille. §Oyans ces motz, Saxons n’ont espoir, fors À eulx deffendre employer leurs effors. 4855Veu que raison, remonstrance ou prïere N’obtenoyent lieu d’un seul huys de derriere, Jurerent tous de vendre sang et chair Pour à plusieurs le faire couster cher, + Picques au poing de fers aiguz ferrees 4860Ensembles+ joinctz par grandz trouppes +serrees+. Quoyque Françoys, en souvent les chargeant, Cuydassent bien leur maintien veoir changeant, Si n’eurent ilz pouoir par quelque estorce De tout leur boys rompre cueur ny escorce, 4865Mais si trés bien deffendirent leurs peaulx Et sur Françoys, tel chapliz de couppeaux, Feyrent ce jour, en donnant lourdes charges, Qu’ilz n’eurent trectz, lances, escus ny targes
La mort du roy ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Les empeschantz tumber en desarroy. 4870Ainsi rompuz, occis et pris, le roy Devers Soissons à+ bien petite bende Fuyant, gaigna de vaten+ la prebende. §Vela comment noz Françoys pleins d’orgueil Furent receuz d’impetueux recueil. 4875Ce n’est la foys premiere ne derniere Que +perte ont eue en semblable maniere. Si on maintient le propos comme nu Plus+ en verrons assez par+ le menu, Premier que avoir ceste chose esclarcye 4880Car la cronicque en est toute farcye. §Peu jours aprés, ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, saichant CranChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc En Acquitaine, y envoya GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne Et AribertCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
, ses enfans, pour emprendre Guerre sur luy, et mort ou vif le prendre. 4885Mais ce pendant, ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
pourgecta Une autre emplecte. En armes se gecta Parmy Champaigne où, quant le vray mectroye, Paÿs gasta et saysit grosse proye. Depuys, tenant quarante neufyesme an 4890Du regne sien, mort, son arriere ban, Crïant sur luy, le fist suyvre la trace Des corps passans aux monstres l’an de grace Cinq cens cinquante et+ neuf. Adoncq fut mys
ChildebertChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
fut inhumé à Sainct Germain des Préz qu’il avoit fondé En sepulture ainsi que avoit promys 4895Par testament de derniere ordonnance Au lieu construict de sa propre finance Que avoit fondé et doué+ en richesses Et revenuz de bien amples largesses.+ §Ce lieu fonda au nom du glorïeux 4900Corps sainct VincentVincent de Saragosse, saint (IIIe siècle — 304) Saint catholique et fut moult curïeux D’y establir dedans fermee enceinte+ Religïeux d’honneste vie et saincte, Religïeux gardans religïon, + Non comme ceulx de chaulde regïon + 4905Qui d’oraison n’ont soing, +aulmosne et jeusne, Comme on dit ceulx de sainct BenoistBenoît de Nursie, saint (03/03/480 — 23/03/547) Fondateur du monachisme chrétien et de l'ordre bénédictin, saint des Églises catholique et orthodoxe le jeune.+ Il ne prist ceulx+ qui, comme damoyseaulx, Tiennent chevaulx, mules, chiens et oyseaulx, Non apostatz, non pas proprietaires 4910Qui en manoirs, granges+ et presbitaires+ Communement, dont le monde est troublé, Ont plus putains que muyz d’aveyne ou blé. Ceulx ne chercha, desreigléz et difformes, Qui robes ont de soye en bien dix formes+, 4915Mais ceulx choysit sevréz+ de chair et de os, Portans tousjours la haire sur le doz, Ayans+ leur vie en ce monde haÿe. Ce lieu, notez, est la propre abbaÿe
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
succede au royaulme de France De Sainct Germain dit des Préz, lez Paris. 4920§Avecq les sainctz bienheuréz esperitz Soit collocquee aux sainctz cieulx la sienne ame. Or par sa mort escheut tout le royaulme Au roy son frere, et ne fut point trouvé Qu’il eust+ d’enfans. ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
doncq prouvé 4925Seul succedant au+ royaulme de France, Il est requis + que on me donne souffrance Puysque orendroit+ couronne et sceptre tient Et que de luy long propos s’entretient. Je dy la plume avoir fait assez traicte 4930Pour reposer. Et afin qu’elle traicte Et compte à part de ce roy et ses faictz, Auquel son filz a beaucoup d’excés faiz, Jusques m’en tais que mieulx soye à+ delivre. Suffise à tant. C’est fin du premier livre.
BnFfr17274, Aix419, Cha514 ce
BnFfr4967 Childebert
Non num.
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966 om.
Cha514 Chapitre.vingt.vie.
Aix419 Le
BnFfr4967 fier
BnFfr17274 om.
BnFfr17274 la
BnFfr23145 donne
BnFfr4967 parilique
Vat966 l’office
BnFfr17274, Aix419, Vat966 aussy doulx ; BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Cha514 aussi
doulx
BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Cha514 Lors
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Aix419, Vat966, Cha514 on
BnFfr17274, Aix419, Vat966 om.
BnFfr23145 det
Aix419 champs
Aix419 en
Aix419 faicte
BnFfr17274 Ses
BnFfr23145 reluysans
BnFfr23145 et
Vat966 noble
Aix419 om.
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 om.
BnFfr17274 à
BnFfr23145 L’ouy
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Vat966, BnFfr5299, BnFfr4967, Cha514 au
BnFfr17274 langue
BnFfr4967 om.
BnFfr17274, BnFfr23145 lhabit
BnFfr17274, Aix419, Cha514 loy de ordre ; Vat966 loy d’ordre
BnFfr4967, BnFfr5299 d’ordre ; BnFfr23145 de l’ordre
Aix419, Cha514 rompu
Vat966 om.
BnFfr17274 piller
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Vat966 pillier
Vat966 choiz
BnFfr23145 mal avoit
BnFfr17274 plonger
BnFfr17274 estoupast
Aix419 om.
BnFfr4967 laisse
BnFfr23145 au ciel mettre
BnFfr4967 icelle
BnFfr4967 la veoit
BnFfr23145 Il
BnFfr23145, BnFfr5299 escript
Cha514 Au
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 et souppy
BnFfr4967 et
BnFfr17274, BnFfr23145 Et
BnFfr4967, BnFfr5299 aussi
BnFfr17274, Aix419, Cha514 le
BnFfr4967 ayt
BnFfr4967 depuis que
BnFfr4967 et
BnFfr23145, BnFfr4967 et
BnFfr23145 bien
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 ce
BnFfr4967 qui
BnFfr17274 om.
BnFfr17274 om.
BnFfr17274 veult
Aix419 Aprés griefz maulx
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299 om.
Vat966 Cruches
BnFfr17274 ainsy
Vat966 alrariastre
BnFfr4967 condempna
BnFfr17274 om.
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299 tant
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 D’estre
BnFfr17274 celle
BnFfr23145 dehuz
Aix419 acevques
BnFfr23145, Vat966 Disoient
Non num.
BnFfr17274 om.
Aix419 Ensembles
BnFfr4967 ferrees
BnFfr4967 serres
BnFfr17274 vatem
BnFfr4967 ont
BnFfr17274, Cha514 Nous
BnFfr23145, Aix419 pour
BnFfr23145 om.
BnFfr17274, Vat966 donné
BnFfr4967 om.
BnFfr17274
et et ceincte
Non num.
BnFfr23145 om.
BnFfr4967, BnFfr5299 Non comme ceulx de chaulde regïon
Non num.
BnFfr4967, BnFfr5299 Lesquelz ovrent dedans religïon
BnFfr4967 aux
BnFfr4967 om.
BnFfr4967 om.
Vat966 granches
Cha514 prebitaires
BnFfr4967 difformes
BnFfr17274 seurs
BnFfr23145 Ains
BnFfr4967 om.
BnFfr23145 à
BnFfr23145 d
BnFfr17274 ore endroit
BnFfr4967 et
Non num.
Vat966 Finis.
Non num.
BnFfr23145, BnFfr4967 om.
Non num.
BnFfr5299 Lalemant
