Livre I - Chapitre 8
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De Childerich iiiie. roy de france975§Icy ſera mys en ligne de compte Childerich roy le quatrieſme / Et eſt cil Qui par ſon vice endura long exil : Si fault ſcauoir quen veult dire le conte.
§ Chapitre. viiie.QVant il aduiēt que ieuneſſe et pꝛudence 980Enſemble font paiſible reſidence En cueur de roy / tellement que ſon ſens Gecte les ſiens folz appetitz abſens, Cela va bien / et ne ſe peult diſtraire De ſaigement regner /. Mais au contraire, 985Comme le cas peult aduenir ſouuent, Sil eſt vollaige / et laiſſe aller ſoubz vent Damour charnel / et de concupiſcence La tendꝛe fleur de ſon adoleſcence A follement ſuyure ſes paſſions, 990Ce ne ſont pas les occuppations Ou ieune roy doibt mectre ſon entente, Sil veut venir a heur de bonne actente Et triumpher a plaiſir de repos. §Ie dis cecy pour commancer pꝛopos 995De Childerich / qui, entrant au ſien regne, Ne pꝛiſt le frein de pꝛudence et la reſne,
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Du mauuais gouuenement du roy Childerich. Car lan pꝛemier quil fut roy couronne Cauſa motif dexceſſif couroux ne Et en ſuyuant les vifues eſtincelles 1000Du feu damours / femmes / filles / pucelles Des ſiens barons / gꝛandz / moyens / et petitz, Voulut auoir ( ſelon ſes appetitz. Et quant de lune auoit eue ample aiſance Il en cherchoit une autre a ſa plaiſance. 1005Si toſt que lœil auoit choyſi /. vouluſt Pere ou mary / ceſtoit foꝛce quil leuſt . Si ſon royaulme / ou la choſe publicque De bonne part alloit / ou voye oblicque, Ne luy challoit par ce faict vicieux 1010Du bien commun ne fut point ſoucieux. Quel creue cueur a tous nobles couraiges Veoir leurs renoms ſouillez par telz ouuraiges, Deſir bꝛuſle en feu libidineux Rēdꝛe ung tel pꝛince a ſes ſubiectz hayneux, 1015Femmes de nom eſtre pꝛoſtituees Et dhonneur chaſte ainſi deſtituees ! Bꝛief / il neſt cueur qui iamais deuſt ſe offrir (Sil neſt meſchant) A tel blaſme ſouffrir. Continuant Childerich ſes menees 1020Et voluptez toutes deſoꝛdonnees, De mal en pis voit on ſes faictz miner25r
Murmure du maluais gouuernement de Childerich. Vertus au loing et tout ſeffeminer, Lamour des ſiens adnullee et perdue, Hayne en aduant / Bienuueillance eſt perdue 1025Car il ne peult ſon vouloir aſſouuir De femmes pꝛendꝛe / et pucelles rauir, Semer venins / contagieuſes peſtes, Stupꝛes vilains / adulteres / inceſtes, Tant que ſa vie, a dꝛoictement parler, 1030La cauſe eſmeut dinfection par laer. Aloꝛs ſe font clameurs iniurieuſes, Cris odieux / menaces furieuſes. Pꝛinces / barons / et ſeigneurs moult dolentz, Voyans lexces des cas ſi violentz, 1035Sont mutinez /. Le commun populaire Tant pꝛis de dueil / que riens ne luy peult plaire. Tous vont diſant eſtre malencontreux De tollerer ung tel mal encontre eulx. Si ont iure en leur ſecret conclaue 1040De ce roy faire ung maleureux eſclaue. §Tantoſt apꝛes comme ſoudain tranſpoꝛt, Communement ſe fait dun tel rappoꝛt, Ce quilz ont dit va iuſques a louye De Childerich. qui, la nouuelle ouye, 1045Querant conſeil / le cas poſe a mys Deuant le plus pꝛiue de ſes amys :25v
Du conſeil de Guynemault a Childerich. Ceſt Guynemault / pour ſcauoir queſt de faire Sur le pꝛopos tenu pour le deffaire. § Ce Guynemault, homme loyal et dꝛoit, 1050Des faictz arduz / mys au conſeil eſtroict, Par ſon ſcauoir et longue experience, Touſiours auoit la pꝛemiere audience. Entre barons extimez de hault pꝛis, Eſtoit tenu foꝛt ſaige / et bien appꝛis. 1055Oꝛ ſcauoit il la foꝛtune future De Childerich / et ſa male aduenture Par quoy voulut laduertir ſur ce point En luy diſant /. Sire, ne doubtez point Que dueil confict en longue doleance 1060 Cauſe ne ſoit de ceſte malueillance Encontre vous /. Et tout conſidere, Les ſeigneurs ont entre eulx delibere Vous faire ung iour quelque eſtrange venue. Si ſuys dauis. ains la deſconuenue, 1065 Veu q̄ de26r
Du bon conſeil de Guynemault a Childerich. Raiſon pourquoy /. obiect meult la puiſſance. Loꝛs que exemptez de voz exces ſeront, De vous hayꝛ (poſſible eſt ) ceſſeront. 1075 Car comme on dit / La cauſe deffaillante, Ceſſe leffect /. Telle challeur bouillante Dedans leurs cueurs ceſſera de moytie, Vous abſente / et en auront pitie. Bꝛief pour le mieulx conuient que ſans demeure 1080 Partez dicy / et ie ſeul y demeure. Mais entendez ung poinct quay aduiſe : Ce beſant doꝛ en deux partz diuiſe, En faiſant huy de ce lieu departie, Lune pꝛendꝛez / et moy lautre partie. 1085 Songneuſement ceſte cy garderay ; Gardez la voſtre / et quant ie manderay La ou ſerez / et vous lauray tranſmiſe, Incontinent ſoit applicquee et miſe, Ioignant la part que mectz entre voz mains. 1090 Et ſe trouuez quil ny ait plus ne moins Que oꝛes, voyez / Promeſſe vous aſſigne Cela poꝛter vray teſmoignage et ſigne De voz ſubiectz eſtre moult regꝛette Et que pourrez venir a ſeurete. 1095Les motz finiz en ces choſes doubteuſes Le roy dolent gecte larmes piteuſes26v
De lexil du roy Childerich. Et en tel dueil qui ne peult appaiſer Diſant adieu / Guynemault voult baiſer. §En pleurs et plainctz dexceſſiue habondance, 1100Sen va querant eſtrangiere accointance, Triſte / penſif / fantaſticque / et doubteux, Faiſant regꝛetz et ſouſpirs deſpiteux. Plein de douleur / et afflicte deſtreſſe, Deuers le roy de Thuringe ſadꝛeſſe. 1105Le ſien amy qui loꝛs de cueur et dœil Fut en pitie compatient du dueil. Et comme affiert a maieſte royalle, Monſtre vers luy amytie ſi fealle Quil le traicta touſiours de bien en mieulx 1110Tant que dura ſon exil ennuyeux. § Oꝛ . Childerich, iuſqua heure oppoꝛtune, La laiſſerons paſſer ſon infoꝛtune, Pour donner lieu (ſelon que temps aurons, Au mal auis des pꝛinces et barons 1115Doppinion abuſee et deceue, Leſquelz, ſi toſt que la nouuelle ont ſceue Du roy abſent / auant le lendemain, Ont enuoye vers Gillon le Rommain Et a voullu / toute la ſeigneurie 1120Quil eſtrangier ſur elle ſeigneurie. O folz mutins deceuz / et abuſez27r
Remonſtrance de Guynemault aux francoys. Ou pꝛenez vous le conſeil dont vſez ? Pꝛinces ſans cueur /. gentz de laſches couraiges, Oubliez vous les gꝛiefz maulx et oultraiges 1125Que au temps paſſe auez faitz aux Rommains ? Dedans leur ſang ſe baignerent voz mains, Femmes auez et filles violees, Pays gaſtez / et leurs maiſons bꝛuſlees. Plus / on a dit / et encoꝛes dit lon 1130Lexceſſif mal fait a celluy Gillon. Ne penſez pas, ſil vous tient a ſa poſte, Quil nayt au cueur ceſte hayne repoſte, Mais cuydez vous auoir de luy reſpit Sans ſoy venger du ſien paſſe deſpit ? 1135Sera ſa perte ainſi recompenſee Quil ne vous garde une male penſee ? Au monde eſt il plus dangereuſe peſte Que pꝛimaulte dennemy manifeſte ? Certes, auant paſſer gueres long temps, 1140Pluſieurs de vous ſerez ſi mal contentz Que mauldirez iour et lheure queſleuſtes Roy eſtranger /. et quauoir le vouluſtes. Vela que ceſt /. folles oppinions Rompent ſouuent paiſibles unions. 1145 Ce Guynemault voit la fureur et lire Deulx tous eſmeuz / a ce Gillon eſlire27v
Du Rommain Gillon par les francoys fait roy Pour leur regent /. Le faict conſiderant, Se manifeſte eſtre a luy adherant, Mais bien ſe penſe a traict de longue induce 1150Uſer de ſens / induſtrie et aſtuce Si quil fera retourner a honneur Son naturel et ſouuerain ſeigneur. Ainſi Gillon tout gouuerne et regente Paiſiblement / tenant maniere gente, 1155Comme celluy qui tout veult au nouueau Faire apparoir ſon regne bon et beau Et ſemble a veoir quen riens ne ſe ſoucie, Foꝛs quau plaiſir de tous / il aſſocie Le ſien deſir / pꝛomectant ſemployer 1160Au bien publicq en tous cas / ſans ployer. Oꝛ Guynemault eſpiant par pꝛudence Tumber au poinct de la bonne cadence, Pour Childerich / dont eſt lamy ſecret, Se monſtrant froid / peſant / gꝛaue et diſcret, 1165Patron dhonneur / et parfaict exemplaire De bonnes meurs /. taſche a Gillon complaire. Et vient ſi bien / quil attainct au degꝛe De gouuerneur / faiſant tout a ſon gꝛe, Si que depuys noꝛdonna riens quelconcques 1170Que Guynemault ne le voulſiſt /. Adoncques Tendant venir au deſir pꝛetendu,28r
Guynemault incite Gillon a leuer impoſtz Apꝛes auoir longuement actendu, A Gillon ſemble amy feal luy eſtre Plus que nul autre /.Et touſiours a ſa dextre 1175Eſtoit pꝛeſent / pour tout cas oꝛdonner, Fuſt a pugnir / ou pour gꝛaces donner. Loꝛs Guynemault / ſaichant lentente ſienne Querir vengeance a liniure ancienne Et quaux francoys ne poꝛte affection 1180Quen ſimulee amour et fiction, Chaſcune foys / que a ſecret le conuocque Touſiours linduyt a ce point et pꝛouocque, Affin que ſoubz ſemblant dhumanite, Doulce amytie / et de benignite, 1185Trop mieulx et plus facillement / il puiſſe Leuer tribuz / et que peu a peu iſſe Exaction ( des francoys ) deſrogans Aux dꝛoictz royaulx / comme gentz arrogans, Fiers / couraigeux / oꝛgueilleux / et rebelles, 1190Quant on obice encontre leurs libelles. Ces motz diſoit doubles / et aſſez fins Pour peruenir doulcement a ſes fins, Car bien ſe penſe, a la pꝛemiere pꝛiſe Que aura Gillon, ceſte facon appꝛiſe 1195De mectre impoſtz / auant paſſer cinq ans Les touchera daiguillons ſi picquans28v
De Gillon leuant impoſtz ſur les francoys. Que au faix poꝛter trouueront leurs negoces Nauoir eſte iamais a telles nopces. Ainſi aduint /. Car petit a petit 1200Leua deniers tout a ſon appetit En impoſant diuerſes maletoſtes. Si dirent bien quoncq ne receurent dhoſtes, Durant le temps du bon roy Childerich, Dont peuple feuſt taille ſi ric a ric. 1205Voyant celluy Guynemault / la fournaiſe De leur fureur allumee / eſt bien aiſe Et ia ſcet il loccaſion pꝛeueoir De bon remede a Childeric pourueoir. Mais lheure actent / et ſon bon point aduiſe. 1210§Ung iour / Ainſi que enſemble on ſe deuiſe, Gillon, ſaichant quon murmure ſur luy, Demande aduis et conſeil a celluy En qui ſe fie / et totallement cuyde Que a bon pꝛouffit le ſien affaire guyde, 1215En quoy ſe abuſe / et clerement decoit, Car de penſer que pour ſon aide ſoit, De ſoꝛte y va que chemine eſcreuice Et ne pꝛetend a luy faire ſeruice, Foꝛs ſoubz couleur de pouoir paruenir 1220Childerich faire en celle part venir. Tout le deſir de ſa penſee entiere29r
Du faulx conſeil de Guynemault a Gillon. Eſt de mener a fin ceſte matiere. Le differer luy ſemble moult peſant Que ia nenuoye une part du beſant 1225Pour aduertir le ſien ſeigneur et maiſtre Comme a voulu vers luy bon pꝛeudhomme eſtre. Loꝛs pꝛactiquant hazardz ſur ce tripot, Sans gueres plus tourner au tour du pot, Sur le pꝛopos que meynent et pourſuyuent 1230Les pꝛopꝛes motz va dire / qui ſenſuyuent : § Se mon conſeil de tant voullez pꝛiſer, Seigneur, notez / que pour rompꝛe et bꝛiſer Le fier deſpit et obſtine couraige De ces mutins /. Il conuient quelque oꝛaige 1235 Tempeſtatif / faire tumber ſur eulx, En eſpluchant a part les plus vereux. Ce peuple cy eſt rude et mal docile A bien dompter /. et luy eſt difficile Gueres ſouffrir de ſon ſuperieur. 1240 Ne voyez vous par ſigne exterieur Sa malueillance / et malice empiree De foꝛt venin / et poyſon conſpiree ? Pour luy donner doubteuſe obiection Et le renger a la ſubiection 1245 Qui rend mutins humbles / ſimples et ſouples, Faictes mourir des gꝛos cinq ou ſix couples.29v
Des tirannies de Gillon. En puniſſant les gꝛos et plus puiſſantz, Autres ſeront vers vous obeiſſantz. Ains que plus veoir commotions eſpoindꝛe, 1250 Ainſi debuez les coꝛriger et poindꝛe. Certes ie ſcay des pꝛincipaulx ſeigneurs Du murmure eſtre aucteurs et enſeigneurs, Ia ne tiendꝛez le commun peuple en craincte Si les plus gꝛandz ne menez par contraincte. 1255§En ceſte foꝛme et maniere parla Deuant Gillon / Guynemault /. et, par la, Pꝛiſt achoyſon ſur certains vrays ſemblables Accuſer ceulx quil ſentit plus coulpables Et qui au peuple ozerent conſeiller 1260Faire leur roy Childerich exiller. Aloꝛs Gillon commect ſes ſatellites , Gꝛandz garnementz30r
Murmure des princes contre Gillon. Loccaſion que a regner ceſſera.Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
De ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
iiiie roy de France
975§Icy sera mys en ligne de compte ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
roy le+ quatriesme. Et est cil Qui par son vice endura long exil : Si fault sçavoir qu’en veult dire le conte.
§ Chapitre viiie+Quant il advient que jeunesse et prudence 980Ensemble font paisible residence En cueur de roy, tellement que son sens Gecte les siens folz appetitz+ absens, Cela va bien et ne se peult distraire De saigement regner. Mais au contraire, 985Comme le cas peult advenir souvent, S’il est vollaige et laisse aller soubz vent D’amour charnel et de concupiscence La tendre fleur de son adolescence À follement suyvre ses passïons, 990Ce ne sont pas les occuppatïons Où jeune roy doibt mectre son entente, S’il veut venir à heur de bonne actente Et triumpher à plaisir de repos. §Je dis cecy pour commancer propos 995De +ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
qui, entrant au sien regne, Ne prist le frein de prudence et la resne,
Du mauvais [gouvernement] du roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
Car l’an premier qu’il fut roy couronné Causa motif d’excessif couroux né Et en suyvant les vifves estincelles 1000Du feu d’amours, femmes, filles, pucelles Des siens barons grandz, moyens et petitz, Voulut avoir selon ses appetitz. Et quant de l’une avoit eue ample aisance Il en cherchoit une autre à sa plaisance. 1005Si tost que l’œil avoit choysi, voulust Pere ou mary, c’estoit force qu’il l’eust+. Si+ son royaulme ou la chose publicque De bonne part alloit ou voye oblicque, Ne luy challoit par ce faict vicïeux 1010Du bien commun ne fut point soucïeux. Quel creve cueur à tous nobles couraiges Veoir leurs renoms souilléz par telz ouvraiges, Desir bruslé en feu libidineux + Rendre ung tel+ prince à ses subjectz hayneux, 1015Femmes de nom+ estre prostitüees Et d’honneur chaste ainsi destitüees ! Brief il n’est cueur qui jamais deust se offrir S’il n’est meschant à tel blasme souffrir. Continuant ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
ses menees 1020Et voluptéz toutes desordonnees, De mal en pis voit on ses faictz miner
Murmure du malvais gouvernement de ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
Vertus au loing et tout s’effeminer, L’amour des siens adnullee et perdue, Hayne en advant. Bienvueillance est perdue+ 1025Car il ne peult son vouloir assouvir De femmes prendre et pucelles ravir, Semer venins, contagïeuses pestes, Stupres vilains, adulteres, incestes, Tant que sa vie, à droictement parler, 1030La cause esmeut d’infectïon par l’aer. Alors se font clameurs injurïeuses, Cris odïeux, menaces furïeuses. Princes, barons et seigneurs moult dolentz, Voyans l’excés des cas+ si violentz, 1035Sont mutinéz ; le commun populaire Tant pris de dueil que riens ne luy peult plaire. Tous vont disant estre malencontreux De tollerer ung tel mal encontre eulx. Si ont juré en leur secret conclave 1040De ce roy faire ung maleureux esclave. §Tantost aprés comme soudain transport, Communement+ se fait d’un tel rapport, Ce qu’ilz ont dit+ va jusques à l’ouÿe De ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
qui, la nouvelle ouÿe, 1045Querant conseil, le cas posé a mys Devant le plus privé de ses amys :
Du conseil de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier à ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
C’est GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, pour sçavoir qu’est de faire Sur le propos tenu pour+ le deffaire. + §Ce+ GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, homme loyal et droit, 1050Des faictz arduz mys au + conseil estroict, Par son sçavoir et longue experïence, Tousjours avoit la premiere audïence. Entre barons extiméz de hault pris, Estoit tenu fort saige et bien appris. 1055Or sçavoit il la fortune future De ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
et sa male adventure Par quoy voulut l’advertir sur ce point En luy disant : « Sire, ne doubtez point » « Que dueil confict en longue dolëance » 1060 « Cause ne soit de ceste malveillance » « Encontre vous. Et tout considéré, » « Les seigneurs ont entre eulx deliberé » « Vous faire ung jour quelque estrange venue. » « Si suys d’avis, ains la desconvenue, » 1065 « Veu que de tous mal voulu vous sentez, » « Que certain temps d’ici vous absentez : » « Certes quant l’œil voit la cause du trouble, » « Son maltalent augmente et se redouble. » « Le cueur ne deult que œil ne voit quand change aer : » 1070 « Ne pensez pas leurs couraiges changer » « Tant qu’ilz auront de vos faictz congnoissance. »
Du bon conseil de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier à ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
« Raison pourquoy : object meult la puissance. » « Lorsque exemptéz de voz excés seront, » « De vous hayr, possible est+, cesseront. » 1075 « Car comme on dit: la cause deffaillante, » « Cesse l’effect. Telle challeur bouillante » « Dedans leurs cueurs cessera de moytié, » « Vous absenté, et en auront pitié. » « Brief pour le mieulx convient que sans demeure » 1080 « Partez d’icy et je seul y demeure. » « Mais entendez ung poinct qu’ay advisé : » « Ce besant d’or en deux partz divisé, » « En faisant huy de ce lieu departie, » « L’une prendrez et moy l’autre partie. » 1085 « Songneusement ceste cy garderay ; » « Gardez la vostre et quant je manderay » « Là où serez et vous l’auray transmise, » « Incontinent soit+ applicquee et mise, » « Joignant la part que mectz entre voz mains. » 1090 « Et se trouvez qu’il n’y ait plus ne moins » « Que ores, voyez promesse vous assigne » « Cela porter vray tesmoignage et signe » « De voz subjectz estre moult regretté » « Et que pourrez venir à seureté. » 1095Les motz finiz en ces choses doubteuses Le roy dolent gecte larmes piteuses
De l’exil du roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
Et en tel dueil qui+ ne peult appaiser Disant « adieu » GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier voult+ baiser. §En pleurs et plainctz d’excessive habondance, 1100S’en va querant estrangiere accointance, Triste, pensif, fantasticque et doubteux, Faisant regretz et souspirs despiteux. Plein de douleur et afflicte destresse, Devers le roy de Thuringe s’adresse. 1105Le sien amy qui lors de cueur et d’œil Fut en pitié compatïent du dueil. Et comme affiert à majesté royalle, Monstre+ vers luy amytié si fëalle+ Qu’il le traicta tousjours de bien en mieulx 1110Tant que dura son exil ennuyeux. §Or+ ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
, jusqu’à heure opportune, Là laisserons passer son infortune, Pour donner lieu, selon que temps aurons, Au mal avis des princes et barons 1115D’oppinïon abusee et deceue, Lesquelz, si tost que la nouvelle ont sceue Du roy absent, avant le lendemain, Ont envoyé vers GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric le Rommain Et a voullu toute la seigneurie 1120Qu’il estrangier sur elle seigneurie. O folz mutins deceuz et abusez
Remonstrance de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier aux Françoys Où prenez vous le conseil dont usez ? Princes sans cueur, gentz de lasches couraiges, Oubliez vous les griefz maulx et oultraiges 1125Que au temps passé avez faitz aux Rommains ? Dedans leur sang se baignerent voz mains, Femmes avez et filles violees, Paÿs gastéz et leurs maisons bruslees. Plus, on a dit et encores dit l’on+ 1130L’excessif mal fait à celluy GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric. Ne pensez pas, s’il vous tient à sa poste, Qu’il n’ayt au cueur ceste hayne+ reposte, Mais cuydez vous avoir de luy respit Sans soy venger du sien passé despit ? 1135Sera sa perte ainsi recompensee Qu’il ne vous garde une male pensee ? Au monde est il plus dangereuse peste Que primaulté d’ennemy manifeste ? + Certes, avant passer gueres long temps, 1140Plusieurs de vous serez si mal contentz Que mauldirez jour et l’heure+ qu’esleustes Roy estranger et qu’avoir le voulustes. Vela que c’est : folles oppinïons Rompent souvent paisibles unïons. 1145Ce+ GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier voit la + fureur et l’ire D’eulx tous esmeuz à ce GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric+ eslire
Du rommain GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric par les Françoys fait roy Pour leur regent+. Le faict considerant, Se manifeste estre à luy+ adherant, Mais +bien se pense à traict de longue induce 1150User de sens, industrie+ et astuce Si qu’il fera retourner à honneur Son naturel et souverain seigneur. Ainsi GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric tout gouverne et regente Paisiblement, tenant maniere gente, 1155Comme celluy qui tout veult+ au + nouveau Faire apparoir son regne bon et beau Et semble à veoir qu’en riens ne se soucie, Fors qu’au plaisir de tous il associe Le sien desir, promectant s’employer 1160Au bien publicq en tous cas sans ployer. Or GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier espiant par prudence Tumber au poinct de la bonne cadence, Pour ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
dont est l’amy+ secret, Se monstrant froid, pesant, grave et discret, 1165Patron d’honneur et parfaict exemplaire De bonnes meurs, tasche à GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric complaire. Et+ vient si bien qu’il attainct au degré De gouverneur, faisant tout à son gré, Si que depuys n’ordonna riens quelconcques+ 1170Que GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier ne le+ voulsist. Adoncques Tendant venir au desir pretendu,
GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier incite GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric à lever impostz Aprés avoir longuement actendu, À GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric semble amy feal luy estre Plus que nul autre.Et tousjours à sa dextre 1175Estoit present pour tout+ cas ordonner, Fust à pugnir ou pour graces donner. Lors GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier saichant l’entente sïenne Querir vengeance à l’injure ancïenne Et qu’aux Françoys ne porte affectïon 1180Qu’en simulee amour et fictïon, Chascune foys que à secret le convocque Tousjours l’induyt à ce point et provocque, Affin que soubz semblant d’humanité, Doulce amytié et de benignité, 1185Trop mieulx et plus facillement il puisse Lever tribuz et que peu à peu isse Exactïon des Françoys desrogans Aux droictz royaulx, comme gentz arrogans, Fiers, couraigeux, orgueilleux et rebelles, 1190Quant on+ obice encontre+ leurs libelles. Ces motz disoit doubles et assez fins Pour pervenir doulcement à ses fins, Car bien se pense, à la premiere prise Que+ aura GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric, ceste façon apprise 1195De mectre impostz avant passer+ cinq ans Les touchera+ d’aiguillons si picquans
De GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric levant impostz sur les Françoys Que au faix porter trouveront leurs+ negoces N’avoir esté jamais à telles nopces. Ainsi advint, car petit à petit 1200Leva deniers tout à son appetit En imposant diverses maletostes. Si dirent bien qu’oncq ne receurent d’hostes, Durant le temps du bon roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
, Dont peuple feust taillé si ric à ric. 1205Voyant celluy GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier la fournaise De leur fureur allumee, est bien aise Et ja scet il l’occasïon preveoir De bon remede à ChildericChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
pourveoir. Mais l’heure actent et+ son bon point advise. 1210§Ung jour, ainsi que ensemble+ on se devise, GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric, saichant qu’on murmure sur luy, Demande advis et conseil à celluy En qui se fie et totallement cuyde Que à bon prouffit le sien affaire guyde, 1215En quoy se abuse et clerement deçoit, Car de penser que pour son aide soit, De sorte y va que chemine escrevice Et ne pretend à luy faire service, Fors soubz couleur de pouoir parvenir 1220ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
faire en celle+ part venir. Tout le desir de sa pensee entiere
Du faulx conseil de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier à GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric Est de mener à fin ceste matiere. Le differer luy semble moult pesant Que ja n’envoye une part du besant 1225Pour advertir le sien seigneur et maistre Comme a voulu vers luy bon preudhomme estre. Lors practiquant hazardz sur ce tripot, Sans gueres plus tourner autour du pot, Sur le propos que meynent et poursuyvent 1230Les propres motz va dire qui s’ensuyvent : § « Se mon conseil de tant+ voullez priser, » « Seigneur, notez que pour rompre et briser » « Le fier despit et obstiné couraige » « De ces mutins, il convient quelque oraige » 1235 « Tempestatif faire tumber sur eulx, » « En espluchant à part les plus vereux. » « Ce peuple cy+ est rude et mal docile » « À bien dompter, et luy est difficile » « Gueres souffrir de son superïeur. » 1240 « Ne voyez vous par signe exterïeur » « Sa +malveillance et malice empiree » « De fort venin et poyson conspiree ? » « Pour luy donner doubteuse objectïon » « Et le renger à la subjectïon » 1245 « Qui rend mutins+ humbles, simples et souples, » « Faictes mourir des gros cinq ou six couples. »
Des tirannies de GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric « En punissant les gros+ et plus puissantz, » « Autres seront vers vous obeissantz. » « Ains que plus veoir commotïons espoindre, » 1250 « Ainsi debvez les corriger et poindre. » « Certes je sçay des principaulx seigneurs » « Du murmure estre aucteurs et enseigneurs, » « Ja ne tiendrez le commun peuple en craincte » « Si les plus grandz ne menez par contraincte. » 1255§En ceste forme et maniere parla Devant Gillon+Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier et, par là, Prist achoyson sur certains vrays semblables Accuser ceulx qu’il+ sentit plus coulpables Et qui au peuple ozerent conseiller 1260Faire leur roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
exiller. + Alors GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric commect+ ses satellites+, Grandz garnementz et sattrappes d’eslites Prendre, piller, mectre maisons à sac, Aucuns gecter en l’eau dedans ung sac. 1265Les autres fait sans veoir nulles+ enquestes Prendre soudain et leur coupper les testes, Sur eschauffaulx mande corps estaller, Testes trencher, membres escarteller. Et par rigueur d’austere felonnie 1270Fait excercer crüelle tyrannie Dont se deçoit. Car tel excés sera
Murmure des princes contre GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric L’occasïon que à regner cessera.
BnFfr23145 om.
Non num.
Cha514 Chapitre huyctiesme.
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966 om.
BnFfr17274 appetitz
tous
BnFfr4967 Chid
BnFfr17274 eust
BnFfr17274
et
BnFfr17274 om.
BnFfr17274
de non
BnFfr17274 et benivolence esperdue
BnFfr23145, Aix419, Vat966, Cha514, BnFfr5299, BnFfr4967 bienveillance esperdue
BnFfr4967 om.
Aix419 Premierement
BnFfr17274 on dict
Non num.
Vat966 om.
Aix419 de
Vat966 C’est
Aix419 con
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr5299, Aix419, BnFfr4967, Vat966 om.
Vat966 sort
BnFfr17274, BnFfr23145, Cha514, Aix419, BnFfr5299, BnFfr4967 qu’il
Aix419 veult
Aix419 Monstra
BnFfr23145, Aix419, BnFfr5299, Vat966 lealle ; Cha514 loyalle ; BnFfr17274 loialle
Vat966 Ce
BnFfr23145 dict on
BnFfr17274 seine
Non num.
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 om.
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Cha514, BnFfr4967, BnFfr5299 heure
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 om.
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 grand
Aix419 Gillon
regent
Aix419 Et à part soy
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Cha514, Vat966 à luy estre
BnFfr4967 se
BnFfr17274 industruye
BnFfr17274 om.
BnFfr17274
temps
BnFfr17274 amy
Aix419 Or
BnFfr23145 quelzconques
Aix419 leur
BnFfr23145, Aix419, Cha514, BnFfr5299, BnFfr4967, Vat966, Cha514 tous
BnFfr17274 ont
BnFfr4967 entre
BnFfr4967 Quant
BnFfr17274 passé
Aix419 toucher
BnFfr17274 leur
BnFfr4967 à
Vat966 ensemble ainsi que
BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 ceste
BnFfr17274 du tout
Aix419 icy
BnFfr4967 mauv
BnFfr17274 matins
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr5299, Vat966, Aix419, Cha514 grandz
Aix419 om.
BnFfr17274 qui
BnFfr17274 Adonc
BnFfr23145 convient
Cha514 fatalités
BnFfr17274
aucunes
23v
24r
De Childerich iiiie. roy de france975§Icy ſera mys en ligne de compte Childerich roy le quatrieſme / Et eſt cil Qui par ſon vice endura long exil : Si fault ſcauoir quen veult dire le conte.
§ Chapitre. viiie.QVant il aduiēt que ieuneſſe et pꝛudence 980Enſemble font paiſible reſidence En cueur de roy / tellement que ſon ſens Gecte les ſiens folz appetitz abſens, Cela va bien / et ne ſe peult diſtraire De ſaigement regner /. Mais au contraire, 985Comme le cas peult aduenir ſouuent, Sil eſt vollaige / et laiſſe aller ſoubz vent Damour charnel / et de concupiſcence La tendꝛe fleur de ſon adoleſcence A follement ſuyure ſes paſſions, 990Ce ne ſont pas les occuppations Ou ieune roy doibt mectre ſon entente, Sil veut venir a heur de bonne actente Et triumpher a plaiſir de repos. §Ie dis cecy pour commancer pꝛopos 995De Childerich / qui, entrant au ſien regne, Ne pꝛiſt le frein de pꝛudence et la reſne,
24v
Du mauuais gouuenement du roy Childerich. Car lan pꝛemier quil fut roy couronne Cauſa motif dexceſſif couroux ne Et en ſuyuant les vifues eſtincelles 1000Du feu damours / femmes / filles / pucelles Des ſiens barons / gꝛandz / moyens / et petitz, Voulut auoir ( ſelon ſes appetitz. Et quant de lune auoit eue ample aiſance Il en cherchoit une autre a ſa plaiſance. 1005Si toſt que lœil auoit choyſi /. vouluſt Pere ou mary / ceſtoit foꝛce quil leuſt . Si ſon royaulme / ou la choſe publicque De bonne part alloit / ou voye oblicque, Ne luy challoit par ce faict vicieux 1010Du bien commun ne fut point ſoucieux. Quel creue cueur a tous nobles couraiges Veoir leurs renoms ſouillez par telz ouuraiges, Deſir bꝛuſle en feu libidineux Rēdꝛe ung tel pꝛince a ſes ſubiectz hayneux, 1015Femmes de nom eſtre pꝛoſtituees Et dhonneur chaſte ainſi deſtituees ! Bꝛief / il neſt cueur qui iamais deuſt ſe offrir (Sil neſt meſchant) A tel blaſme ſouffrir. Continuant Childerich ſes menees 1020Et voluptez toutes deſoꝛdonnees, De mal en pis voit on ſes faictz miner25r
Murmure du maluais gouuernement de Childerich. Vertus au loing et tout ſeffeminer, Lamour des ſiens adnullee et perdue, Hayne en aduant / Bienuueillance eſt perdue 1025Car il ne peult ſon vouloir aſſouuir De femmes pꝛendꝛe / et pucelles rauir, Semer venins / contagieuſes peſtes, Stupꝛes vilains / adulteres / inceſtes, Tant que ſa vie, a dꝛoictement parler, 1030La cauſe eſmeut dinfection par laer. Aloꝛs ſe font clameurs iniurieuſes, Cris odieux / menaces furieuſes. Pꝛinces / barons / et ſeigneurs moult dolentz, Voyans lexces des cas ſi violentz, 1035Sont mutinez /. Le commun populaire Tant pꝛis de dueil / que riens ne luy peult plaire. Tous vont diſant eſtre malencontreux De tollerer ung tel mal encontre eulx. Si ont iure en leur ſecret conclaue 1040De ce roy faire ung maleureux eſclaue. §Tantoſt apꝛes comme ſoudain tranſpoꝛt, Communement ſe fait dun tel rappoꝛt, Ce quilz ont dit va iuſques a louye De Childerich. qui, la nouuelle ouye, 1045Querant conſeil / le cas poſe a mys Deuant le plus pꝛiue de ſes amys :25v
Du conſeil de Guynemault a Childerich. Ceſt Guynemault / pour ſcauoir queſt de faire Sur le pꝛopos tenu pour le deffaire. § Ce Guynemault, homme loyal et dꝛoit, 1050Des faictz arduz / mys au conſeil eſtroict, Par ſon ſcauoir et longue experience, Touſiours auoit la pꝛemiere audience. Entre barons extimez de hault pꝛis, Eſtoit tenu foꝛt ſaige / et bien appꝛis. 1055Oꝛ ſcauoit il la foꝛtune future De Childerich / et ſa male aduenture Par quoy voulut laduertir ſur ce point En luy diſant /. Sire, ne doubtez point Que dueil confict en longue doleance 1060 Cauſe ne ſoit de ceſte malueillance Encontre vous /. Et tout conſidere, Les ſeigneurs ont entre eulx delibere Vous faire ung iour quelque eſtrange venue. Si ſuys dauis. ains la deſconuenue, 1065 Veu q̄ de26r
Du bon conſeil de Guynemault a Childerich. Raiſon pourquoy /. obiect meult la puiſſance. Loꝛs que exemptez de voz exces ſeront, De vous hayꝛ (poſſible eſt ) ceſſeront. 1075 Car comme on dit / La cauſe deffaillante, Ceſſe leffect /. Telle challeur bouillante Dedans leurs cueurs ceſſera de moytie, Vous abſente / et en auront pitie. Bꝛief pour le mieulx conuient que ſans demeure 1080 Partez dicy / et ie ſeul y demeure. Mais entendez ung poinct quay aduiſe : Ce beſant doꝛ en deux partz diuiſe, En faiſant huy de ce lieu departie, Lune pꝛendꝛez / et moy lautre partie. 1085 Songneuſement ceſte cy garderay ; Gardez la voſtre / et quant ie manderay La ou ſerez / et vous lauray tranſmiſe, Incontinent ſoit applicquee et miſe, Ioignant la part que mectz entre voz mains. 1090 Et ſe trouuez quil ny ait plus ne moins Que oꝛes, voyez / Promeſſe vous aſſigne Cela poꝛter vray teſmoignage et ſigne De voz ſubiectz eſtre moult regꝛette Et que pourrez venir a ſeurete. 1095Les motz finiz en ces choſes doubteuſes Le roy dolent gecte larmes piteuſes26v
De lexil du roy Childerich. Et en tel dueil qui ne peult appaiſer Diſant adieu / Guynemault voult baiſer. §En pleurs et plainctz dexceſſiue habondance, 1100Sen va querant eſtrangiere accointance, Triſte / penſif / fantaſticque / et doubteux, Faiſant regꝛetz et ſouſpirs deſpiteux. Plein de douleur / et afflicte deſtreſſe, Deuers le roy de Thuringe ſadꝛeſſe. 1105Le ſien amy qui loꝛs de cueur et dœil Fut en pitie compatient du dueil. Et comme affiert a maieſte royalle, Monſtre vers luy amytie ſi fealle Quil le traicta touſiours de bien en mieulx 1110Tant que dura ſon exil ennuyeux. § Oꝛ . Childerich, iuſqua heure oppoꝛtune, La laiſſerons paſſer ſon infoꝛtune, Pour donner lieu (ſelon que temps aurons, Au mal auis des pꝛinces et barons 1115Doppinion abuſee et deceue, Leſquelz, ſi toſt que la nouuelle ont ſceue Du roy abſent / auant le lendemain, Ont enuoye vers Gillon le Rommain Et a voullu / toute la ſeigneurie 1120Quil eſtrangier ſur elle ſeigneurie. O folz mutins deceuz / et abuſez27r
Remonſtrance de Guynemault aux francoys. Ou pꝛenez vous le conſeil dont vſez ? Pꝛinces ſans cueur /. gentz de laſches couraiges, Oubliez vous les gꝛiefz maulx et oultraiges 1125Que au temps paſſe auez faitz aux Rommains ? Dedans leur ſang ſe baignerent voz mains, Femmes auez et filles violees, Pays gaſtez / et leurs maiſons bꝛuſlees. Plus / on a dit / et encoꝛes dit lon 1130Lexceſſif mal fait a celluy Gillon. Ne penſez pas, ſil vous tient a ſa poſte, Quil nayt au cueur ceſte hayne repoſte, Mais cuydez vous auoir de luy reſpit Sans ſoy venger du ſien paſſe deſpit ? 1135Sera ſa perte ainſi recompenſee Quil ne vous garde une male penſee ? Au monde eſt il plus dangereuſe peſte Que pꝛimaulte dennemy manifeſte ? Certes, auant paſſer gueres long temps, 1140Pluſieurs de vous ſerez ſi mal contentz Que mauldirez iour et lheure queſleuſtes Roy eſtranger /. et quauoir le vouluſtes. Vela que ceſt /. folles oppinions Rompent ſouuent paiſibles unions. 1145 Ce Guynemault voit la fureur et lire Deulx tous eſmeuz / a ce Gillon eſlire27v
Du Rommain Gillon par les francoys fait roy Pour leur regent /. Le faict conſiderant, Se manifeſte eſtre a luy adherant, Mais bien ſe penſe a traict de longue induce 1150Uſer de ſens / induſtrie et aſtuce Si quil fera retourner a honneur Son naturel et ſouuerain ſeigneur. Ainſi Gillon tout gouuerne et regente Paiſiblement / tenant maniere gente, 1155Comme celluy qui tout veult au nouueau Faire apparoir ſon regne bon et beau Et ſemble a veoir quen riens ne ſe ſoucie, Foꝛs quau plaiſir de tous / il aſſocie Le ſien deſir / pꝛomectant ſemployer 1160Au bien publicq en tous cas / ſans ployer. Oꝛ Guynemault eſpiant par pꝛudence Tumber au poinct de la bonne cadence, Pour Childerich / dont eſt lamy ſecret, Se monſtrant froid / peſant / gꝛaue et diſcret, 1165Patron dhonneur / et parfaict exemplaire De bonnes meurs /. taſche a Gillon complaire. Et vient ſi bien / quil attainct au degꝛe De gouuerneur / faiſant tout a ſon gꝛe, Si que depuys noꝛdonna riens quelconcques 1170Que Guynemault ne le voulſiſt /. Adoncques Tendant venir au deſir pꝛetendu,28r
Guynemault incite Gillon a leuer impoſtz Apꝛes auoir longuement actendu, A Gillon ſemble amy feal luy eſtre Plus que nul autre /.Et touſiours a ſa dextre 1175Eſtoit pꝛeſent / pour tout cas oꝛdonner, Fuſt a pugnir / ou pour gꝛaces donner. Loꝛs Guynemault / ſaichant lentente ſienne Querir vengeance a liniure ancienne Et quaux francoys ne poꝛte affection 1180Quen ſimulee amour et fiction, Chaſcune foys / que a ſecret le conuocque Touſiours linduyt a ce point et pꝛouocque, Affin que ſoubz ſemblant dhumanite, Doulce amytie / et de benignite, 1185Trop mieulx et plus facillement / il puiſſe Leuer tribuz / et que peu a peu iſſe Exaction ( des francoys ) deſrogans Aux dꝛoictz royaulx / comme gentz arrogans, Fiers / couraigeux / oꝛgueilleux / et rebelles, 1190Quant on obice encontre leurs libelles. Ces motz diſoit doubles / et aſſez fins Pour peruenir doulcement a ſes fins, Car bien ſe penſe, a la pꝛemiere pꝛiſe Que aura Gillon, ceſte facon appꝛiſe 1195De mectre impoſtz / auant paſſer cinq ans Les touchera daiguillons ſi picquans28v
De Gillon leuant impoſtz ſur les francoys. Que au faix poꝛter trouueront leurs negoces Nauoir eſte iamais a telles nopces. Ainſi aduint /. Car petit a petit 1200Leua deniers tout a ſon appetit En impoſant diuerſes maletoſtes. Si dirent bien quoncq ne receurent dhoſtes, Durant le temps du bon roy Childerich, Dont peuple feuſt taille ſi ric a ric. 1205Voyant celluy Guynemault / la fournaiſe De leur fureur allumee / eſt bien aiſe Et ia ſcet il loccaſion pꝛeueoir De bon remede a Childeric pourueoir. Mais lheure actent / et ſon bon point aduiſe. 1210§Ung iour / Ainſi que enſemble on ſe deuiſe, Gillon, ſaichant quon murmure ſur luy, Demande aduis et conſeil a celluy En qui ſe fie / et totallement cuyde Que a bon pꝛouffit le ſien affaire guyde, 1215En quoy ſe abuſe / et clerement decoit, Car de penſer que pour ſon aide ſoit, De ſoꝛte y va que chemine eſcreuice Et ne pꝛetend a luy faire ſeruice, Foꝛs ſoubz couleur de pouoir paruenir 1220Childerich faire en celle part venir. Tout le deſir de ſa penſee entiere29r
Du faulx conſeil de Guynemault a Gillon. Eſt de mener a fin ceſte matiere. Le differer luy ſemble moult peſant Que ia nenuoye une part du beſant 1225Pour aduertir le ſien ſeigneur et maiſtre Comme a voulu vers luy bon pꝛeudhomme eſtre. Loꝛs pꝛactiquant hazardz ſur ce tripot, Sans gueres plus tourner au tour du pot, Sur le pꝛopos que meynent et pourſuyuent 1230Les pꝛopꝛes motz va dire / qui ſenſuyuent : § Se mon conſeil de tant voullez pꝛiſer, Seigneur, notez / que pour rompꝛe et bꝛiſer Le fier deſpit et obſtine couraige De ces mutins /. Il conuient quelque oꝛaige 1235 Tempeſtatif / faire tumber ſur eulx, En eſpluchant a part les plus vereux. Ce peuple cy eſt rude et mal docile A bien dompter /. et luy eſt difficile Gueres ſouffrir de ſon ſuperieur. 1240 Ne voyez vous par ſigne exterieur Sa malueillance / et malice empiree De foꝛt venin / et poyſon conſpiree ? Pour luy donner doubteuſe obiection Et le renger a la ſubiection 1245 Qui rend mutins humbles / ſimples et ſouples, Faictes mourir des gꝛos cinq ou ſix couples.29v
Des tirannies de Gillon. En puniſſant les gꝛos et plus puiſſantz, Autres ſeront vers vous obeiſſantz. Ains que plus veoir commotions eſpoindꝛe, 1250 Ainſi debuez les coꝛriger et poindꝛe. Certes ie ſcay des pꝛincipaulx ſeigneurs Du murmure eſtre aucteurs et enſeigneurs, Ia ne tiendꝛez le commun peuple en craincte Si les plus gꝛandz ne menez par contraincte. 1255§En ceſte foꝛme et maniere parla Deuant Gillon / Guynemault /. et, par la, Pꝛiſt achoyſon ſur certains vrays ſemblables Accuſer ceulx quil ſentit plus coulpables Et qui au peuple ozerent conſeiller 1260Faire leur roy Childerich exiller. Aloꝛs Gillon commect ſes ſatellites , Gꝛandz garnementz30r
Murmure des princes contre Gillon. Loccaſion que a regner ceſſera.Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
De ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
iiiie roy de France
975§Icy sera mys en ligne de compte ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
roy le+ quatriesme. Et est cil Qui par son vice endura long exil : Si fault sçavoir qu’en veult dire le conte.
§ Chapitre viiie+Quant il advient que jeunesse et prudence 980Ensemble font paisible residence En cueur de roy, tellement que son sens Gecte les siens folz appetitz+ absens, Cela va bien et ne se peult distraire De saigement regner. Mais au contraire, 985Comme le cas peult advenir souvent, S’il est vollaige et laisse aller soubz vent D’amour charnel et de concupiscence La tendre fleur de son adolescence À follement suyvre ses passïons, 990Ce ne sont pas les occuppatïons Où jeune roy doibt mectre son entente, S’il veut venir à heur de bonne actente Et triumpher à plaisir de repos. §Je dis cecy pour commancer propos 995De +ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
qui, entrant au sien regne, Ne prist le frein de prudence et la resne,
Du mauvais [gouvernement] du roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
Car l’an premier qu’il fut roy couronné Causa motif d’excessif couroux né Et en suyvant les vifves estincelles 1000Du feu d’amours, femmes, filles, pucelles Des siens barons grandz, moyens et petitz, Voulut avoir selon ses appetitz. Et quant de l’une avoit eue ample aisance Il en cherchoit une autre à sa plaisance. 1005Si tost que l’œil avoit choysi, voulust Pere ou mary, c’estoit force qu’il l’eust+. Si+ son royaulme ou la chose publicque De bonne part alloit ou voye oblicque, Ne luy challoit par ce faict vicïeux 1010Du bien commun ne fut point soucïeux. Quel creve cueur à tous nobles couraiges Veoir leurs renoms souilléz par telz ouvraiges, Desir bruslé en feu libidineux + Rendre ung tel+ prince à ses subjectz hayneux, 1015Femmes de nom+ estre prostitüees Et d’honneur chaste ainsi destitüees ! Brief il n’est cueur qui jamais deust se offrir S’il n’est meschant à tel blasme souffrir. Continuant ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
ses menees 1020Et voluptéz toutes desordonnees, De mal en pis voit on ses faictz miner
Murmure du malvais gouvernement de ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
Vertus au loing et tout s’effeminer, L’amour des siens adnullee et perdue, Hayne en advant. Bienvueillance est perdue+ 1025Car il ne peult son vouloir assouvir De femmes prendre et pucelles ravir, Semer venins, contagïeuses pestes, Stupres vilains, adulteres, incestes, Tant que sa vie, à droictement parler, 1030La cause esmeut d’infectïon par l’aer. Alors se font clameurs injurïeuses, Cris odïeux, menaces furïeuses. Princes, barons et seigneurs moult dolentz, Voyans l’excés des cas+ si violentz, 1035Sont mutinéz ; le commun populaire Tant pris de dueil que riens ne luy peult plaire. Tous vont disant estre malencontreux De tollerer ung tel mal encontre eulx. Si ont juré en leur secret conclave 1040De ce roy faire ung maleureux esclave. §Tantost aprés comme soudain transport, Communement+ se fait d’un tel rapport, Ce qu’ilz ont dit+ va jusques à l’ouÿe De ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
qui, la nouvelle ouÿe, 1045Querant conseil, le cas posé a mys Devant le plus privé de ses amys :
Du conseil de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier à ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
C’est GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, pour sçavoir qu’est de faire Sur le propos tenu pour+ le deffaire. + §Ce+ GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, homme loyal et droit, 1050Des faictz arduz mys au + conseil estroict, Par son sçavoir et longue experïence, Tousjours avoit la premiere audïence. Entre barons extiméz de hault pris, Estoit tenu fort saige et bien appris. 1055Or sçavoit il la fortune future De ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
et sa male adventure Par quoy voulut l’advertir sur ce point En luy disant : « Sire, ne doubtez point » « Que dueil confict en longue dolëance » 1060 « Cause ne soit de ceste malveillance » « Encontre vous. Et tout considéré, » « Les seigneurs ont entre eulx deliberé » « Vous faire ung jour quelque estrange venue. » « Si suys d’avis, ains la desconvenue, » 1065 « Veu que de tous mal voulu vous sentez, » « Que certain temps d’ici vous absentez : » « Certes quant l’œil voit la cause du trouble, » « Son maltalent augmente et se redouble. » « Le cueur ne deult que œil ne voit quand change aer : » 1070 « Ne pensez pas leurs couraiges changer » « Tant qu’ilz auront de vos faictz congnoissance. »
Du bon conseil de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier à ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
« Raison pourquoy : object meult la puissance. » « Lorsque exemptéz de voz excés seront, » « De vous hayr, possible est+, cesseront. » 1075 « Car comme on dit: la cause deffaillante, » « Cesse l’effect. Telle challeur bouillante » « Dedans leurs cueurs cessera de moytié, » « Vous absenté, et en auront pitié. » « Brief pour le mieulx convient que sans demeure » 1080 « Partez d’icy et je seul y demeure. » « Mais entendez ung poinct qu’ay advisé : » « Ce besant d’or en deux partz divisé, » « En faisant huy de ce lieu departie, » « L’une prendrez et moy l’autre partie. » 1085 « Songneusement ceste cy garderay ; » « Gardez la vostre et quant je manderay » « Là où serez et vous l’auray transmise, » « Incontinent soit+ applicquee et mise, » « Joignant la part que mectz entre voz mains. » 1090 « Et se trouvez qu’il n’y ait plus ne moins » « Que ores, voyez promesse vous assigne » « Cela porter vray tesmoignage et signe » « De voz subjectz estre moult regretté » « Et que pourrez venir à seureté. » 1095Les motz finiz en ces choses doubteuses Le roy dolent gecte larmes piteuses
De l’exil du roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
Et en tel dueil qui+ ne peult appaiser Disant « adieu » GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier voult+ baiser. §En pleurs et plainctz d’excessive habondance, 1100S’en va querant estrangiere accointance, Triste, pensif, fantasticque et doubteux, Faisant regretz et souspirs despiteux. Plein de douleur et afflicte destresse, Devers le roy de Thuringe s’adresse. 1105Le sien amy qui lors de cueur et d’œil Fut en pitié compatïent du dueil. Et comme affiert à majesté royalle, Monstre+ vers luy amytié si fëalle+ Qu’il le traicta tousjours de bien en mieulx 1110Tant que dura son exil ennuyeux. §Or+ ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
, jusqu’à heure opportune, Là laisserons passer son infortune, Pour donner lieu, selon que temps aurons, Au mal avis des princes et barons 1115D’oppinïon abusee et deceue, Lesquelz, si tost que la nouvelle ont sceue Du roy absent, avant le lendemain, Ont envoyé vers GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric le Rommain Et a voullu toute la seigneurie 1120Qu’il estrangier sur elle seigneurie. O folz mutins deceuz et abusez
Remonstrance de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier aux Françoys Où prenez vous le conseil dont usez ? Princes sans cueur, gentz de lasches couraiges, Oubliez vous les griefz maulx et oultraiges 1125Que au temps passé avez faitz aux Rommains ? Dedans leur sang se baignerent voz mains, Femmes avez et filles violees, Paÿs gastéz et leurs maisons bruslees. Plus, on a dit et encores dit l’on+ 1130L’excessif mal fait à celluy GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric. Ne pensez pas, s’il vous tient à sa poste, Qu’il n’ayt au cueur ceste hayne+ reposte, Mais cuydez vous avoir de luy respit Sans soy venger du sien passé despit ? 1135Sera sa perte ainsi recompensee Qu’il ne vous garde une male pensee ? Au monde est il plus dangereuse peste Que primaulté d’ennemy manifeste ? + Certes, avant passer gueres long temps, 1140Plusieurs de vous serez si mal contentz Que mauldirez jour et l’heure+ qu’esleustes Roy estranger et qu’avoir le voulustes. Vela que c’est : folles oppinïons Rompent souvent paisibles unïons. 1145Ce+ GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier voit la + fureur et l’ire D’eulx tous esmeuz à ce GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric+ eslire
Du rommain GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric par les Françoys fait roy Pour leur regent+. Le faict considerant, Se manifeste estre à luy+ adherant, Mais +bien se pense à traict de longue induce 1150User de sens, industrie+ et astuce Si qu’il fera retourner à honneur Son naturel et souverain seigneur. Ainsi GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric tout gouverne et regente Paisiblement, tenant maniere gente, 1155Comme celluy qui tout veult+ au + nouveau Faire apparoir son regne bon et beau Et semble à veoir qu’en riens ne se soucie, Fors qu’au plaisir de tous il associe Le sien desir, promectant s’employer 1160Au bien publicq en tous cas sans ployer. Or GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier espiant par prudence Tumber au poinct de la bonne cadence, Pour ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
dont est l’amy+ secret, Se monstrant froid, pesant, grave et discret, 1165Patron d’honneur et parfaict exemplaire De bonnes meurs, tasche à GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric complaire. Et+ vient si bien qu’il attainct au degré De gouverneur, faisant tout à son gré, Si que depuys n’ordonna riens quelconcques+ 1170Que GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier ne le+ voulsist. Adoncques Tendant venir au desir pretendu,
GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier incite GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric à lever impostz Aprés avoir longuement actendu, À GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric semble amy feal luy estre Plus que nul autre.Et tousjours à sa dextre 1175Estoit present pour tout+ cas ordonner, Fust à pugnir ou pour graces donner. Lors GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier saichant l’entente sïenne Querir vengeance à l’injure ancïenne Et qu’aux Françoys ne porte affectïon 1180Qu’en simulee amour et fictïon, Chascune foys que à secret le convocque Tousjours l’induyt à ce point et provocque, Affin que soubz semblant d’humanité, Doulce amytié et de benignité, 1185Trop mieulx et plus facillement il puisse Lever tribuz et que peu à peu isse Exactïon des Françoys desrogans Aux droictz royaulx, comme gentz arrogans, Fiers, couraigeux, orgueilleux et rebelles, 1190Quant on+ obice encontre+ leurs libelles. Ces motz disoit doubles et assez fins Pour pervenir doulcement à ses fins, Car bien se pense, à la premiere prise Que+ aura GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric, ceste façon apprise 1195De mectre impostz avant passer+ cinq ans Les touchera+ d’aiguillons si picquans
De GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric levant impostz sur les Françoys Que au faix porter trouveront leurs+ negoces N’avoir esté jamais à telles nopces. Ainsi advint, car petit à petit 1200Leva deniers tout à son appetit En imposant diverses maletostes. Si dirent bien qu’oncq ne receurent d’hostes, Durant le temps du bon roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
, Dont peuple feust taillé si ric à ric. 1205Voyant celluy GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier la fournaise De leur fureur allumee, est bien aise Et ja scet il l’occasïon preveoir De bon remede à ChildericChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
pourveoir. Mais l’heure actent et+ son bon point advise. 1210§Ung jour, ainsi que ensemble+ on se devise, GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric, saichant qu’on murmure sur luy, Demande advis et conseil à celluy En qui se fie et totallement cuyde Que à bon prouffit le sien affaire guyde, 1215En quoy se abuse et clerement deçoit, Car de penser que pour son aide soit, De sorte y va que chemine escrevice Et ne pretend à luy faire service, Fors soubz couleur de pouoir parvenir 1220ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
faire en celle+ part venir. Tout le desir de sa pensee entiere
Du faulx conseil de GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier à GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric Est de mener à fin ceste matiere. Le differer luy semble moult pesant Que ja n’envoye une part du besant 1225Pour advertir le sien seigneur et maistre Comme a voulu vers luy bon preudhomme estre. Lors practiquant hazardz sur ce tripot, Sans gueres plus tourner autour du pot, Sur le propos que meynent et poursuyvent 1230Les propres motz va dire qui s’ensuyvent : § « Se mon conseil de tant+ voullez priser, » « Seigneur, notez que pour rompre et briser » « Le fier despit et obstiné couraige » « De ces mutins, il convient quelque oraige » 1235 « Tempestatif faire tumber sur eulx, » « En espluchant à part les plus vereux. » « Ce peuple cy+ est rude et mal docile » « À bien dompter, et luy est difficile » « Gueres souffrir de son superïeur. » 1240 « Ne voyez vous par signe exterïeur » « Sa +malveillance et malice empiree » « De fort venin et poyson conspiree ? » « Pour luy donner doubteuse objectïon » « Et le renger à la subjectïon » 1245 « Qui rend mutins+ humbles, simples et souples, » « Faictes mourir des gros cinq ou six couples. »
Des tirannies de GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric « En punissant les gros+ et plus puissantz, » « Autres seront vers vous obeissantz. » « Ains que plus veoir commotïons espoindre, » 1250 « Ainsi debvez les corriger et poindre. » « Certes je sçay des principaulx seigneurs » « Du murmure estre aucteurs et enseigneurs, » « Ja ne tiendrez le commun peuple en craincte » « Si les plus grandz ne menez par contraincte. » 1255§En ceste forme et maniere parla Devant Gillon+Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric GuynemaultGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier et, par là, Prist achoyson sur certains vrays semblables Accuser ceulx qu’il+ sentit plus coulpables Et qui au peuple ozerent conseiller 1260Faire leur roy ChilderichChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
exiller. + Alors GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric commect+ ses satellites+, Grandz garnementz et sattrappes d’eslites Prendre, piller, mectre maisons à sac, Aucuns gecter en l’eau dedans ung sac. 1265Les autres fait sans veoir nulles+ enquestes Prendre soudain et leur coupper les testes, Sur eschauffaulx mande corps estaller, Testes trencher, membres escarteller. Et par rigueur d’austere felonnie 1270Fait excercer crüelle tyrannie Dont se deçoit. Car tel excés sera
Murmure des princes contre GillonÆgidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de Childéric L’occasïon que à regner cessera.
BnFfr23145 om.
Non num.
Cha514 Chapitre huyctiesme.
BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966 om.
BnFfr17274 appetitz
tous
BnFfr4967 Chid
BnFfr17274 eust
BnFfr17274
et
BnFfr17274 om.
BnFfr17274
de non
BnFfr17274 et benivolence esperdue
BnFfr23145, Aix419, Vat966, Cha514, BnFfr5299, BnFfr4967 bienveillance esperdue
BnFfr4967 om.
Aix419 Premierement
BnFfr17274 on dict
Non num.
Vat966 om.
Aix419 de
Vat966 C’est
Aix419 con
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr5299, Aix419, BnFfr4967, Vat966 om.
Vat966 sort
BnFfr17274, BnFfr23145, Cha514, Aix419, BnFfr5299, BnFfr4967 qu’il
Aix419 veult
Aix419 Monstra
BnFfr23145, Aix419, BnFfr5299, Vat966 lealle ; Cha514 loyalle ; BnFfr17274 loialle
Vat966 Ce
BnFfr23145 dict on
BnFfr17274 seine
Non num.
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 om.
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, Cha514, BnFfr4967, BnFfr5299 heure
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 om.
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 grand
Aix419 Gillon
regent
Aix419 Et à part soy
BnFfr17274, BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Cha514, Vat966 à luy estre
BnFfr4967 se
BnFfr17274 industruye
BnFfr17274 om.
BnFfr17274
temps
BnFfr17274 amy
Aix419 Or
BnFfr23145 quelzconques
Aix419 leur
BnFfr23145, Aix419, Cha514, BnFfr5299, BnFfr4967, Vat966, Cha514 tous
BnFfr17274 ont
BnFfr4967 entre
BnFfr4967 Quant
BnFfr17274 passé
Aix419 toucher
BnFfr17274 leur
BnFfr4967 à
Vat966 ensemble ainsi que
BnFfr23145, Aix419, BnFfr4967, BnFfr5299, Vat966, Cha514 ceste
BnFfr17274 du tout
Aix419 icy
BnFfr4967 mauv
BnFfr17274 matins
BnFfr17274, BnFfr23145, BnFfr5299, Vat966, Aix419, Cha514 grandz
Aix419 om.
BnFfr17274 qui
BnFfr17274 Adonc
BnFfr23145 convient
Cha514 fatalités
BnFfr17274
aucunes
