Guillaume Cretin à la Sainte-Chapelle de Vincennes

1. Présentation des sources

Afin de comprendre les fonctions de Guillaume Cretin à la Sainte-Chapelle de Vincennes ainsi que son influence, certaines sources sont nécessaires à exploiter, voire à redécouvrir. Les Registres capitulaires, donnent un aperçu du fonctionnement de l’assemblée ecclésiastique. Ils sont conservés aux Archives nationales de France, à Paris, au site du CARAN. Si leur présentation permet de mieux en saisir le contenu, elle révèle aussi leur complexité ainsi les limites que peut offrir leur exploitation.

Deux Registres capitulaires de la Sainte-Chapelle ont été exploités dans le cadre de cette étude. L’un compile les délibérations produites entre le 2 janvier 1488 et le 10 juin 1524⁵³ ; l’autre relate les mêmes délibérations produites entre le 22 avril 1524 et le 15 juin 1561⁵⁴. Bien que le premier soit le plus exploité dans le cadre de cette étude (il est celui qui couvre toute la période durant laquelle Guillaume Cretin exerce les fonctions de trésorier), le second a fait l’objet d’une exploitation complète afin de trouver des éléments relatifs à la réception de la fondation de ses exécuteurs testamentaires à la Sainte-Chapelle de Vincennes.

2. Le registre LL640

Les délibérations capitulaires relatées dans ce registre de 88 folios sont tenues en latin⁵⁵. Il présente de nombreuses singularités qui peuvent en rendre l’exploitation complexe. Initialement, il avait la cote LL629 et sa présentation en 1888, rend davantage compte de son état matériel que de son contenu :

LL629 en assez mauvais état. (in f^o)

Registre des délibérations capitulaires. Commençant au 2 Janvier 1487 (ns) et finissant au 16 Juin 1524.

Se composait autrefois de 88 feuillets : mais un certain nombre de feuillets ont disparu. Ainsi le registre commence au feuillet vii. De la (sic) un assez grand nombre de lacunes dans la suite des délibérations ; lacunes remontant à une date déjà ancienne⁵⁶.

Cette présentation est laconique. En effet, il apparaît plusieurs numérotations pour un même folio, des délibérations sont établies deux fois, et d’autres délibérations ne sont pas relatées par ordre chronologique. L’auteur de cette présentation oublie même de souligner que le registre a subi une forte restauration lors de la reliure, rendant complexe sa compréhension. En effet, chaque feuillet est renforcé par un papier afin de rendre la reliure possible⁵⁷.

La numérotation des folios actuellement en usage est très certainement postérieure à la production du registre. Elle est établie en chiffres romains, dans la partie supérieure droite du recto de chaque folio. Il est possible de remarquer une numérotation antérieure, le plus souvent en chiffres romains, elle aussi, relatée dans la partie supérieure droite de certains folios rectos. Certaines erreurs de numérotation amènent à signaler des particularités :

• des folios sont inexistants (les folios 27, 70, 76) ;

• des folios portent le même numéro (les folios 11 , 43 et 51) ;

• des folios n’ont pas été numérotés sans que la continuité de la numérotation soit perturbée (comme pour les folios 6, 7 et 88 ; les deux premiers et le dernier folio reliés) ;

• la double numérotation met en lumière que plusieurs cahiers ont d’abord numérotés. Il se pourrait qu’ils aient été usés par la suite. Les feuillets auraient alors été réunis, ensuite reliés et enfin numérotés à nouveau afin de conserver des témoignages du fonctionnement administratif de l’institution canoniale.

L’ordonnancement des dates est parfois aléatoire. Certaines sont mentionnées deux fois pour deux types de délibérations différentes. En effet, deux types de délibérations capitulaires sont identifiables :

1. les mentions relatives au personnel ecclésiastique qui s’articulent en deux ensembles :

1. 1. les délibérations du Chapitre général. L’assemblée capitulaire est réunie, normalement dans son intégralité, au moins deux fois par an. Une première fois au lendemain de l’Épiphanie (cette fête tombe le 6 janvier) et une seconde fois au lendemain de la fête de saint Jean-le-Baptiste (cette fête tombe le 25 juin). Ces chapitres sont qualifiés de « Chapitre général d’été » (26 juin) et « Chapitre général d’hiver » (7 janvier) ;

1. 2. les délibérations relatives au personnel ecclésiastique. Elles sont articulées en deux parties. La première est une introduction qui établit la réception d’un ecclésiastique et les fonctions attribuées à l’impétrant. La seconde partie est la copie de ses lettres de provisions royales. La liste des membres du Chapitre (désignés parfois sous le titre de capitulantes), présents lors de l’assemblée capitulaire, est parfois relatée dans la marge de gauche⁵⁸. S’il ne s’agit pas de la réception d’un ecclésiastique, il peut s’agir aussi de la mention de son décès.

2. les récits de décisions administratives relatives à la gestion de biens immobiliers situés, le plus souvent, en province, ainsi, des copies de baux ou de distributions de biens.

Au vu de ce contenu et des numéros de folios initiaux, il apparaît probable que ce registre composite soit constitué de feuillets reliés tardivement par ordre chronologique⁵⁹. Il mêle les décisions relatives au personnel ecclésiastique de la Sainte-Chapelle, ainsi que les décisions relatives à la gestion de biens immobiliers. Vraisemblablement, ces deux types d’informations étaient relatées dans deux registres distincts. Probablement ces feuillets ont été réunis et reliés tardivement, à des fin conservatoires.

3. Le registre LL641

Le registre LL 641 est principalement tenu en français. La première délibération rapportée date du 22 avril 1524⁶⁰ alors que la dernière, qui n’est pas clairement datée, fait état de l’office du 1^er juin 1561, célébré par le trésorier⁶¹. Ce registre ne contient pas toutes les délibérations capitulaires relatives à la vie canoniale. Il est principalement constitué de décisions attestant la gestion des fiefs, cens, baux et rentes. Ces résolutions sont indépendantes des affaires internes du Chapitre.

Ce registre portait initialement la cote LL 630. Il a déjà fait l’objet d’une présentation succincte, rendant compte davantage de l’état matériel du registre que de son contenu, une fois encore :

LL630 Registre des délibérations capitulaires

92 feuillets. Commençant au 22 Avril 1524 et finissant en Juin 1561. Nous donnons dans nos pièces justificatives l’analyse de toutes les pièces de ce registre page par page afin de donner une idée de ce que peut être un de ces registres⁶².

La numérotation des 92 folios est relatée dans la partie supérieure droite de chaque folio recto, en chiffres arabes. Tous ne sont pas numérotés. C’est le cas des folios 1, 2 17 et 18, mais l’ordre de numérotation n’en est pas interrompu pour autant. Deux mains ont apposé une numérotation : une première, pour les 70 premiers folios, usant d’une encre noire, alors que la seconde, plus tardive, use d’encre rouge, tout en continuant la numérotation initiale

À partir de la délibération du Chapitre général du 25 juin 1540 il est fait état d’affaires capitulaires⁶³. Néanmoins, de nombreuses mentions de nominations, installations ou décès d’ecclésiastiques du Chapitre sont rajoutées dans les parties inférieures des folios. Elles sont relatées par une autre main que la main principale. Elles ne suivent pas la logique chronologique des récits de délibérations capitulaires occupant le corps principal de chaque folio. En outre, les lettres de provisions royales des impétrants ne sont pas non plus transcrites : il s’agit uniquement d’une date, du nom du dignitaire et d’un fait le concernant⁶⁴. Il est à noter que ces mentions renseignent principalement sur les hauts membres de la hiérarchie, ceux qui sont qualifiés de capitulantes dans le registre LL 640 : les trésorier, chantres, chanoines et vicaires⁶⁵. Quelques clercs sont malgré tout mentionnés. En outre, certains fonctionnaires ecclésiastiques peuvent faire l’objet d’une mention en français, dans la partie principale du registre. C’est notamment le cas pour la rémission de Mathieu Guyot aux fonctions de marguillier, datée du 14 décembre 1547, relatée en détail⁶⁶.

À partir de cette année 1552, il apparaît que le registre contient autant les délibérations relatives à la vie du personnel ecclésiastique de la Sainte-Chapelle qu’à son fonctionnement administratif, ainsi qu’aux familiers du château⁶⁷. Toutefois, certaines mentions relatives à la réception du personnel sont encore tenues en latin⁶⁸. Cette pratique cesse définitivement à partir du 10 août 1555⁶⁹. Les délibérations des Chapitre Généraux ne sont pas systématiquement relatées, si tant est qu’ils aient été tenus ou les délibérations rapportées.

Au vu de l’organisation de ce registre et de la fréquence des mentions relatives au mouvement du personnel ecclésiastique, il se pourrait qu’avant 1555, les récits des délibérations capitulaire relatives au personnel du Chapitre aient été rajoutées après la rédaction des délibérations relatives aux affaires administratives, sous une forme résumée, afin de laisser un précédent. Ces mentions apparaissent comme transcrites là où le secrétaire trouve de la place.

Ces observations, croisées avec celles mentionnées précédemment pour comprendre le registre LL 640, laissent penser, une fois encore, que le Chapitre aurait pu tenir deux registres de délibérations capitulaires : un relatif à la vie interne du Chapitre (nominations, réception, installation, décès des membres du corps ecclésiastique, ainsi que le récit des Chapitre Généraux tenus deux fois par an), et un autre relatif à la gestion des biens situés à l’extérieur de Vincennes.

L’exploitation de ce registre dans l’objectif de trouver la réception et l’application de l’obit fondé par les exécuteurs testamentaires de Guillaume Cretin s’est avérée infructueuse. Néanmoins, elle aurait pu être possible pour deux principales raisons, toutes deux liées à la fondation obituaire de Guillaume Cretin par ses exécuteurs testamentaires. Dans un premier temps, il est fait référence à la fondation obituaire d’Estienne de Paris dans le contrat notarial qui établit les conditions de la fondation de Guillaume Cretin⁷⁰ ; les conditions relatives l’établissement de l’obit d’Estienne de Paris sont attestées dans le Registre capitulaire⁷¹. Dans un second temps, le notaire devant lequel la fondation obituaire est établie, relate que la réception de l’obit fait l’objet d’une mention capitulaire le 26 juin 1536⁷² ; aucune délibération enregistrée à cette date est mentionnée dans le registre⁷³.

L’exploitation de ces deux registres met en lumière une pratique administrative suivie par le Chapitre au cours du xvi^e siècle. Deux supports différents sont vraisemblablement utilisés pour rapporter les récits des délibérations capitulaires : un concernant l’organisation hiérarchique de l’assemblée collégiale (nomination, réception, changement de statut, et la copie des lettres de provision, ainsi que les mentions de décès), relaté en latin ; un autre relatif aux propriétés immobilières hors de Vincennes, et la nomination du personnel qui en a la charge, relaté en français. Or, à partir de 1540, ces pratiques tendent à changer. Ainsi, des mentions concernant le personnel sont-elles ajoutées au fil des cahiers relatifs à la gestion du patrimoine, là où le secrétaire trouve de la place (dans la partie inférieure des feuillets). Elles sont toujours mentionnées en latin, de manière synthétique (les lettres de provision ne figurent pas, ni même la mention que l’impétrant en eût été pourvu, et le lieu de conservation de la copie). À partir de 1550, et plus systématiquement encore à partir de 1555, ces mentions font partie intégrante des cahiers. Rapportées de façons synthétique, elles sont relatées par ordre chronologique, avec les délibérations relatives aux affaires décidées en Chapitre. Ce qui pouvait apparaît comme une forme de prise de note, ou un témoignage succinct relatif à la vie canoniale avant le milieu du xvi^e siècle devient une habitude, et conduit à une importante perte d’informations, notamment en raison de l’absence de copie des lettres de provisions. Il est donc difficile d’appréhender ces deux registres d’une même manière, et surtout, avec les mêmes protocoles de travaux que pour les Registres mémoriaux de la Sainte-Chapelle de Paris.

4. Relevé de présence de Guillaume Cretin aux assemblées capitulaires

Le tableau ci-dessous met en regard le jour de la délibération capitulaire, conséquente de la réunion de l’assemblée du Chapitre de la Sainte-Chapelle, avec la mention de la présence de Guillaume Cretin en tant que membre du Chapitre et/ou son influence dans la délibération capitulaire finale, et la référence bibliographique. Il permet de savoir si Guillaume Cretin est mentionné comme présent, ainsi que sa fonction ecclésiastique. Il suit un protocole de mise en forme systématique, le même que celui utilisé pour l’exploitation des Mémoriaux de la Sainte-Chapelle de Paris :

• lorsque Guillaume Cretin est ne fait pas encore partie du corps canonial, il ne peut être considéré comme absent. Cela fait l’objet de la mention « Non » dans la colonne « Présent ou absent (et fonction ecclésiastique) » ;

• lorsque Guillaume Cretin est un membre du Chapitre mais qu’il est absent le jour de la réunion capitulaire, cela fait l’objet de la mention « Absent » dans la colonne « Présent ou absent (et fonction ecclésiastique) » ;

• la dignité occupée et/ou selon laquelle Guillaume Cretin est qualifié, est mentionnée entre parenthèses dans la colonne « Présent ou absent (et fonction ecclésiastique) » ;

• quand le secrétaire ne mentionne pas les membres du Chapitre réunis, cela fait l’objet de la mention « S.P. » (signifiant « S[ans] P[récision] ») ;

• lorsque Guillaume Cretin est mentionné dans une délibération capitulaire, « Oui » est mentionné dans la colonne « Mentionné dans la décision capitulaire » ; et « Non » dans le cas contraire » ;

• le numéro du folio est mentionné en italiques et entre crochets carrés, s’il s’agit d’une restitution de notre part. Cela signifie que la numérotation est soit omise, soit que sa mention sur la page est arrachée, toutefois, elle ne change en rien la numérotation continue des pages (ex. « LL 640, fol. [6]r ») ;

• lorsque deux folios portent deux fois le même numéro, le second est signalé par la mention « [bis] » (ex. « LL640, fol. 11[bis]r ») ;

• en cas d’absence de numérotation, la numérotation précédente a été répétée suivie de la mention « bis » ; ces deux éléments sont entre crochets carrrés et en italiques (ex. « LL 640, fol. [28bis]r »).