Peintures du Livre I
Au début d’un règne que François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
veut novateur, cette scène de dédicace entre
en résonance avec le premier prologue. Ni le lieu, ni la date ne sont connus, la
composition réelle de l’assemblée échappe. Elle
s’inscrit dans un cadre architecturé, portique renaissant, dont la base s’orne au
centre d’une petite fleur de lis (PichoreInformations à venir
rappelle ainsi discrètement l’ancrage que l’image pourrait faire oublier, il donne
ainsi son point de vue).La splendeur du palais, où
elle intervient, est suggérée par une pièce circulaire de grande taille (megaron)
d’inspiration classique. Elle permet d’accéder à une salle au plafond en berceau en
pierre et à caissons.Un riche ensemble textile
(importance politique et économique) dont le roi a le goût et aux couleurs de mode,
allie faste et confort.Un dais gris dont le peintre souligne la structure et une
tenture chatoyante de brocart rose à grand motif floral délimitent l’espace, qui
concrétise la sacralité intrinsèque du roi (PichoreInformations à venir revisite les codes). Le decorum permet au roi, prince
humaniste, de connaître sa juste place dans la société (CicéronCicéron (03/01/106 av J.C. — 07/12/43 av J.C.) Orateur, homme politique et philosophe romain) et d’exercer sa magnificence (AristoteAristote (384 av J.C. — 07/03/322 av J.C.) Philosophe grec) aptitude à démontrer son droit de gouverner par ses vertus
personnelles, ses actions et sa magnanimité. L’absence de couronne et de décor
héraldique dans l’image est significative de l’ère nouvelle qui s’ouvre. Le premier
plan
est dominé par deux figures monumentales François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
Le
peintre n'en donne pas au sens strict un portrait car il n’a pas posé et ne regarde
pas le lecteur. Il est identifiable (yeux en amandes, nez long, teint pâle, bouche
petite charnue)(la beauté physique, selon les codes esthétiques en usage est le
reflet de celle de l'âme, à noter l'insistance sur la pâleur aristocratique, une
constante) mais idéalisé comme les principaux combattants de Marignan. Sa haute
taille et le raffinement de son costume le distinguent : chapeau noir avec bijou or,
robe de brocart or aux motifs renaissants et ourlé de lettres, manches à crevés en
brocart gris, écharpe blanche nouée à la taille.Il est aussi le seul armé : une épée nue au côté (le
vainqueur de Marignan). Les pans de son manteau court rejetés à l’arrière
accentuent sa carrure et laissent voir une doublure de soie rose semée de points or.
Le
portrait en pied est complété par des chausses noires peut-être un repeint. Seul à pouvoir s’asseoir le roi s’est levé (nouveau et
fondamental) main droite tendue pour recevoir l’œuvre. L’auteur : occupe près d’un tiers du registre inférieur. Il
est massif vêtu d’une longue robe noire. Les cheveux courts noirs, les yeux clairs,
le nez fin, les lèvres minces, les pommettes hautes, les joues rosées, un léger
bajoue, un menton à fossette, des rides sur le cou et la carnation rendue avec
réalisme en font un « portrait » (une reconnaissance sociale) qui traduit une
influence flamande. Il diffère de ses autres représentations dans l’œuvre au point
qu’il a pu être attribué à Jean
PerréalInformations à venir.Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français est à
genoux et nue tête en raison de la proximité avec le roi (le roi organise autour de
sa personne la cour, microscome de la société).Il tend le livre, un épais volume au commanditaire par le dos
à deux mains de telle sorte qu’elles ne touchent pas celle du roi. La reliure de
velours blanc, pourvue de deux fermoirs métalliques, élégante et simple, est conforme
à la modestie relative affichée dans le prologue, captatio benevolentiae de
circonstance (le livre trésor de sapience). L’auteur a pu avec déférence
s’approcher du prince – un seul carreau les sépare - et entrer un instant dans sa
familiarité. Cet accueil privilégié est un hommage à l’excellence du poète, à la qualité
de son œuvre. Il est aussi reconnaissance du service attendu et rendu dans la
construction de l’image royale : légitimité et gloire éternelle Le Grand Maître Artus Gouffier de BoisyInformations à venir, gouverneur du prince avant son avènement et
fidèle de Louise de SavoieInformations à venir, présente
au roi l’auteur en l’encourageant. La composition et sa haute silhouette soulignent
son rôle d’intermédiaire (qualité puisqu'il dirige la cour). La main qui désigne
l’auteur est au centre de l’image. Tête nue court vêtu sous un long manteau noir et
fauve, il constitue avec Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français une
diagonale sombre qui met en valeur l’éclat du souverain.Le prince reste
accessible et le protocole encore simple mais la cour est un ensemble hiérarchisé
(les courtisans sans les serviteurs, les huissiers d'armes, les dames). Les tentures
de brocart vert et de brocatelle marron soulignent le rôle discriminant de la
distance avec le roi. Dix courtisans jeunes ou dans la force de l’âge suivent la
cérémonie en civil. Ils sont organisés en cercles, selon leurs rangs. Dans le premier, se trouve, presque visible en entier, à la
droite du roi dont le sépare tout de même au sol quatre carreaux, Charles IV duc d’AlençonInformations à venir (1489-1525),
comte d’Armagnac et de Rodez, héritier présomptif, premier prince du sang et époux
de
MargueriteInformations à venir sœur aînée de
François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
. Un bijou or sur son chapeau, un collier et son manteau de
fourrure gris moucheté soulignent son éminence. Il partage l’honneur du dais et
l’attention prêtée à l’auteur. Ses mains serrées sur une canne sur laquelle il
s’appuie, rappellent que sa santé est fragile. Tout
à gauche, tourné vers le roi et ne regardant que lui, comme le reste de l’assistance,
Charles III de BourbonInformations à venir
(1490-1527) en costume somptueux de lama rose, au col de fourrure gris est un des
derniers grands féodaux (face au roi et à Charles IVInformations à venir, déjà génant). Il a joué un rôle décisif à Marignan, depuis
1515 il est gouverneur de Paris et connétable de France. Derrière ce premier
cercle, au deuxième rang deux hommes dont seuls le visage et une partie du buste sont
visibles : près de Charles IVInformations à venir, avec une toque à rebras gris clair, signe de distinction
sociale peut-être Odet de FoixInformations à venir, seigneur
de Lautrec (1485-1528) maréchal de France, en Italie avec François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
à la
tête des troupes de reconnaissance, gouverneur du duché de Milan en mars en 1515
(peut être absent, il rappelle la première cour méridionale où le futur roi est
élevé).Derrière le Grand Maître, il y a sans doute son frère
Guillaume GouffierInformations à venir, seigneur de
Bonnivet, qui devient amiral de France le 31 décembre 1517. Marin au visage coloré,
PichoreInformations à venir le singularise par un étrange
turban gris qui ne se rencontre pas ailleurs dans le manuscrit (préjugé social et
religieux, on meurt en mer sans confession).En arrière plan, le deuxième cercle
comprend six anonymes répartis par moitié sur deux rangs, pour les uns le visage est
visible presque en entier, pour les autres une partie seulement. La hiérarchie curiale
subtile ne se fonde pas seulement sur l’ancienneté de la noblesse. Elle s’ouvre à
des
hommes de moindre rang, compétents et loyaux placés aux plus hautes fonctions. Les
lettrés comme les artistes approchent le roi un privilège et entretiennent avec lui,
pour les plus talentueux, un lien personnel. Le roi, vainqueur de Marignan, se pose
ici
en homme de paix, protecteur des lettres et des arts. Il sait susciter l’innovation
(en
architecture), reconnaître les talents littéraires (Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français) et artistiques (PichoreInformations à venir) comme les compétences militaires et politiques. Il met en scène
son pouvoir et le construit.
Dans un cadre renaissant sobrement décoré, qui
a pour support une coquille, un paysage baigné d'une douce lumière évoque la conquête
d'Albion. La flotte de BrutusBrutus Roi légendaire de Bretagne, supposé être le descendant du héros troyen
Énée (les navires sont du même type) remonte la Tamise dont les eaux claires se confondent au loin avec
celles de la mer du Nord (uniformité de la couleur). Un bateau accoste sur la rive gauche sauvage et inhabitée vers laquelle se dirige
trois autres navires. Le long de la rive droite, plus
hospitalière s’aligne en fendant les eaux calmes du fleuve le gros de la flotte,
voiles gonflées par des vents tourbillonnants ou déjà carguées. Elle est composée de nefs, grands navires de haute mer,
armés en guerre avec une rangée de canonnières au niveau du pont. La hauteur sur
l’eau et la taille considérables du vaisseau-amiral sont suggérées par un
minuscule hunier au sommet du mât, le nombre de haubans et les lances des exilés
troyens.BrutusBrutus Roi légendaire de Bretagne, supposé être le descendant du héros troyen
Énée, point de fuite
de la composition est le premier à emprunter la planche de débarquement. En armure
dorée et décorée à l’antique, manteau d’apparat et baton de commandement à la
main, le premier roi insulaire vient à peine de poser les pieds sur la terre
fermequ’une ravissante hermine se précipite sur son écu comme
pour se transformer en meuble héraldique.BrutusBrutus Roi légendaire de Bretagne, supposé être le descendant du héros troyen
Énée s’inspire de cet épisode de bon augure pour ses armoiries :
d’argent semé de mouchetures sable. Un héraut les
dessine, puis le roi fait confectionner par deux
tailleurs un gonfanonet des cottes aux armes.CorineüsCorineus Combattant des génats dans la légende médiévale britannique a récupéré la sienne,un autre troyen en apporte une à orner. L’activité
précède la mise en valeur d’Albion. La richesse de l’île explique les dimensions
et
la beauté de Trinovaque, nouvelle Troie (Londres),
dont la défense avancée est assurée par le château de
Windsor. L’image est un hommage de François
IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
à sa jeune reine Claude de FranceInformations à venir, duchesse de Bretagne
épousée le 18 mai 1514.
Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français fait le choix pour l’histoire
des origines du royaume et de Paris, de la version la plus éloignée de la réalité.
L’enjeu est double : les origines du peuple et de la dynastie sont troyennes pas
romaines et le roi de Paris est implicitement le roi de la France. Le peintre et son
équipe ont pour préoccupation de suivre le texte, non de donner une vue de Paris au
début du XVIe siècle Le cadre est sobre, son
support hémisphérique représente un visage de face, de la bouche sortent deux longs
rameaux. Il ment sur la renommée de la ville (vers 681-682). Sous un ciel sans
nuage la composition se divise en deux registres le site, la ville, les travaux en
cours, la tête et le bras du roi et deuxième registre, le roi, les grands et le peuple.
La ville est située dans un espace dominé par une colline,
aux pentes verdoyantesdont le sommet est occupé par des bâtiments religieux (sans
doute Saint-Denis).Le texte mentionne les carrières plâtrières dont la présence
a joué dans le choix du site. A gauche de l’image une roche a été taillée, creusée
(enjeu économique). Il s’agit de la pierre à plâtre ou gypse blanc, jaunâtre ou beige
qui donne un plâtre blanc.Autour de la ville une
ceinture verte laisse apparaître par endroit le sol. Le peintre qui est parisien
reprend la couleur orangée du sable de Paris. Des flaques grises rappellent le
caractère marécageux du site (Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français
comme d'ailleurs PichoreInformations à venir, s'amusent de
l'oubli de cette réalité prégnante). L’espace est encombré de blocs arrondis
et un, déjà taillé, aux angles parfaits, blancs ce qui correspond au banc de calcaire
appelé banc royal. Les ouvriers réalisent un travail de qualité avec de bons outils.
A droite, après avoir enlevé le bossage avec un pic, l’un dresse la pierre avec un
marteau à taillant droit et brettelé, l’autre avec un marteau finisseur travaille
le
parement sans l’abîmer. Devant les murs, un tailleur de pierre s’apprête avec une
bonne position à déplacer une pierre ornée de deux moulures, au sol un taillant
abandonné sans précaution. Son vis-à-vis (mesure de sécurité) est à l’aplomb du
ballant de la chèvre dont un fin trait noir évoque le filin qui va servir à monter
la
pierre en haut des murs. Le peintre décrit la mise en place du système de levage
appelé louve. En haut de la tour, un autre, maçon supérieur se penche attendant le
signal pour le levage, tout un art (les ouvriers des plâtrières ne sont pas
figurés).La Seine n’étant pas figurée, la présence
du marais pourrait suggérer une vue du nord depuis les buttes parisiennes au premier
plan. Il n’est pas possible de déterminer la forme de l’enceinte.Tours et tourelles
n’étant pas engagées dans les murs donnent une impression de relief. Le peintre
figure deux tours plus petites à gauche pour indiquer l’extension du périmètre et
suggère la densité du bâti, au-dessus des courtines par les étages supérieurs des
maisons à pignon avec des éléments appartenant aux palais qui se multiplient dans
la
ville dès le second XIVe siècle. Sur trois tours des gonfanons gris flottent dans
des
directions différentes, un moyen discret d’évoquer la taille de la capitale.
L’absence de porte, de fait longtemps rares et la disparition de tout clocher,
indiquent un effort particulier. Ce premier Paris emprunte des éléments aux murs de
de Philippe AugusteInformations à venir et de Charles VInformations à venir meurtrières avec archères cannonières et
simples cannonières qui apparaissent après 1450. La couleur des toits suggèrent une
territorialisation qualitative, à gauche orangés pour la partie plus ancienne, puis
bleu pour un quartier plus aristocratique avec sur le grand toit d’un bâtiment à
étages une petite tour à créneaux (là où on attendrait une cheminée
décorative).Suivent à droite, une tour en cours
d’achèvement (la tour de Nesle) et un logis royal
récent, bâtiment clair au toit d’ardoise pourvu de quatre lucarnes reposant sur un
bandeau de pierre, à l’arrière se trouve une grosse tour ronde. Il s’agit sur la rive
droite de l’hôtel des Tournelles et d’Angoulême à proximité la Grosse tour ancienne.
Ainsi la construction de Paris est liée dès l’origine de façon mythique à la dynastie
Orléans et à François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
.Dans le registre inférieur le
roi est installé entre deux collines.Les Francs sont disposés en deux groupes.
A gauche une douzaine de personnages tournés vers l’enceinte. Trois se distinguent :
le
premier regarde la manœuvre de levage, un autre contemple le roi.Dos au groupe mais au premier plan, seul à figurer dans
l’espace central, le troisième se détache par la taille, le costume et… la bourse.
Les deux mains dans la ceinture, loyaliste, il prête la plus grande attention au
geste royal. Issu des rangs des Parisiens, il paraît en être le représentant éminent,
préfiguration du prévôt des marchands, servant d’interface avec le second groupe à
droite (très rare représentation). Plus étoffé, il comprend une vingtaine de
personnes, tournées vers le roi sauf deux qui regardent les interlocuteurs royaux.PharamondPharamond (365 — 430) Roi des Francs (?-430)
s’adresse à
deux hommes de dos, savants docteurs, doctes conseillers, qui acceptent bon gré mal
gré sa décision (ils se soumettent à la décision du roi qui les a consulté, important
dans la définition du pouvoir). Le roi avec derrière lui, Clodion le CheveluClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
(angoisse dynastique) son fils domine les deux groupes.
Le geste impérieux, dont le mouvement est bien
évoqué, indique que le choix du nom, qui échappe au groupe de gauche, relève du roi
seul
qui en informe d’abord le groupe de droite, gens de robes longues. Le discours visuel
souligne la concomitance entre la construction, le baptême de la ville et l’avènement
du
premier roi de France qui porte déjà une haute couronne fleuronnée. Bénéficiant du
prestige immémorial du fils de PriamPriam Personnage de la mythologie grecque, dernier roi de Troie, fils et successeur
de Laomédon, la jeune
capitale déjà belle est promise à égaler les villes les plus illustres, invitation
à
l’égard du jeune commanditaire à en poursuivre l’embellissement et à y résider. L’image
montre l’effort pour rendre vraisemblable un récit des origines dont l’auteur connaît
les limites en essayant de s’approcher de la ville primitive, sans faire place à la
cité
romaine, et en évitant les anachronismes. Faite de signes à partir de l’existant,
elle
est une reconstruction politique. La tour de Nesle,
pointée par le roi, avec ses caractéristiques contemporaines, est significative. Elle
s’explique par le paragraphe consacré à l’autre grande œuvre du premier roi de France,
la loi salique qui exclue les femmes du trône justifiant la succession masculine en
droite ligne. L’allusion rappelle avec la faiblesse des derniers Capétiens, le
changement dynastique, l’avènement des Valois et la supériorité en quelque sorte
constitutionnelle du royaume et de son souverain par rapport aux Anglais.
Le thème est original. En bas du cadre deux
branches d’acanthe, décalées vers la droite, soulignent l’importance de l’événement
mémorable.ClodionClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
, roi des Francs considéré comme fondateur de la noblesse par
droit de conquête, pénètre en territoire romain. Il
traverse la forêt Charbonnière (mythique, grande importance dans l'histoire de la
littérature) s’empare de Tournai, emporte Cambrai au
premier assaut. Elle devient la capitale d’un petit royaume. L’auteur mentionne les
deux villes, le peintre ne retient pas Tournai ville anglaise depuis 1514, reste
Cambrai. Depuis le haut Moyen Âge, elle est un enjeu entre la France et l’Empire et
au cœur d’une intense activité diplomatique. L’importance politique de la ville
perdure. En 1516, François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
, MaximilienInformations à venir et Charles
d’AutricheInformations à venir se retrouvent à Cambrai pour préparer un traité les liant
plus étroitement. Le 11 mars 1517 est signé le traité de Cambrai, par lequel ils se
promettent assistance dans le projet de croisade contre les Ottomans, mettant fin
aux
premières guerres d’Italie. Le texte indique que la ville est prise d’assaut
(v. 782). Le ciel sans nuage évoque les beaux jours du début
de l’été, temps de guerre.Au premier plan, un tiers
de l’image, des collines parfois abruptes, dominent une plaine verdoyante où serpente
un chemin. Autour de Cambrai, le couvert s’éclaircit.La Forêt Charbonnière épaisse et impénétrable et ses frondaisons étagées cachent une
partie de la ville,dont l’enveloppement est montré
(il précède l'assaut qui n'est pas figuré, l'image montre avant et après). Une
douzaine de lances inclinées signalent un déplacement de troupes longeant la forêt.
A
droite, une partie de l’armée innombrable est déjà dans la cité. L’autre se presse
à
sa suite : ne sont visibles que les casques gris vus sous des angles différents pour
accompagner le mouvement.Quatre corps sont présents
à en juger par les gonfanons (moyen de reconnaissance et de communication des
ordres), dont celui du roi jaune orné de trois crapeaux. Le peintre décrit une
organisation structurée par la répartition discriminante des équipements défensifs.
Clodion le
cheveluClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
(ici par convention à l’arrière) est avec deux généraux à la
tête de la cavalerie (elle garde son prestige). A sa droite, son second coiffé d’un casque doré a
une dossière d’acier ornée d’une fleur de lys. L’autre dans les rangs vers l’entrée
de la ville a dossière, épaulière, et braconnière dorées. Dans l’infanterie à gauche, la distribution des pièces dorées
se fait sur trois hommes groupés : un n’a qu’un casque, l’autre des protections de
jambes. Au premier plan le capitaine tout dévoué au
roi, tient un grand bouclier rond bleu et la dossière dorée de son armure à la
romaine est ornée d’une grande fleur de lys. Mais ses jambes sont couvertes de plates
grises et il porte un casque orné d’un volute en forme de coquillage, reprise d’un
modèle italien. Le point de fuite est le roi
ClodionClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
qui est le seul couvert d’une
armure complète dorée. Roi de France, sur sa barbute orfévrée est posée une couronne.
Sa courte cape et sa selle sont bleues et il est monté sur un splendide cheval blanc
(bleu dynastique et cheval blanc car depuis Charles
VInformations à venir, le roi est empereur dans son royaume). Le Mérovingien a sur les
hanches une ceinture noire élégante ourlée de perles d’or dans le goût de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
.
PichoreInformations à venir souligne le volume de la cuisse,
la finesse de la taille du vainqueur qui contemple la fière silhouette de la cité.
La ville est puissante et riche. La hauteur et la
largeur de la porte sont caractéristiques des villes populeuses. Point faible, elle
est flanquée de deux tours, surmontée d’une chambre de levage et d’une plate-forme
d’un étage munie de hourds de bois, qui atteste une mise en défense récente. Le
peintre, qui n’entend pas valoriser le castrum romain, évoque Cambrai à travers une
enceinte qui n’est plus celle disparue du XIe siècle et donne des repères du début
XVIe siècle De droite à gauche, se reconnaissent la
porte-tour de Sellesle Château de Selles avec
l’église Notre Dame,le palais épiscopal et l’abbaye
Saint Auberten arrière plan le Mont-des Bœufs et
Saint-Géry.Viennent ensuite une tour ronde, une autre à
côté de la porte du Saint-Sépulchre, l’église du Saint Sépulchre, la tour
Carréeavec en arrière-plan le beffroi Saint-Martin
avec sa flèche torseet tout à gauche un quartier plus populaire. Des
travaux réalisés entre 1502 et 1512 expliquent cette relative précision. L’image renvoie
aussi avec l’église du Sépulchre, au projet de la croisade auquel le roi
travaille.
Le cadre donne une des clés de l’image, son
fronton orné d’un cercle est décalé vers le logis royal d’Orléans assiégée.
Intervient ensuite la bataille des champs catalauniques, qui occupe le premier plan
et
tire son nom de campus, lieu à la végétation basse ou rase d’où l’observateur peut
voir
de loin, la composition en reprend l’idée. La ville a une
présence forte. Elle est au loin dans le val d’Orléans, en raison de la distance
entre la ville et le Chalonnois et de l’intervalle entre le siège et la
bataille.Les trois quarts de l’image se situent à
proximité de la Marne. La rivière large et puissante entaille le plateau champenois.
Le point de fuite se situe en bas de l’image au niveau des ondulations karstiques
sans végétation.Sous un ciel limpide, la ville qui a
résisté est un symbole identitaire pour la dynastie et le royaume. Elle est vue du
nord.AttilaAttila (395 — 453) Roi des Huns de 434 à 453
l’assiège avec une batterie de quatre canons, mobiles.Il leur tourne le dos, pour évoquer la levée précipitée du
siège et la fuite à la fin de la bataille.L’image
est conforme au texte, qui indique qu’elle n’est pas détruite, allusion indirecte
au
rôle de saint AignanAignan d'Orléans (358 — 17/11/452) Evêque d’Orléans. L’absence de
hourds de bois sur les murs indique qu’elle n’a pas eu le temps de se mettre en
guerre. L’effort de perspective se marque de chaque côté par la hauteur décroissante
des tours et sans symétrie des courtines. La vue de profil donne une idée d’ensemble
de l’impressionnante place forte. Elle est réalisée avec soin, ainsi les bannières
sur le haut des tours et des constructions « flottent » dans le même sens. Leur
horizontalité renvoie aux panonceaux aux armes d’Orléans très présents dans la ville
au XVIe siècle. A l’intérieur, la densité des bâtiments donne une idée des étapes
de
sa construction et de la répartition fonctionnelle des espaces de pouvoir dans la
ville.Le centre politique est à droite des tours
centrales l’emplacement du castrum et du palais mérovingien. Deux bâtiments à toits
bleus près des murs voisinent avec un logis « royal » évoquant le passage de la
domination romaine à la nouvelle. L’éminence de cet espace est confirmée par la
rotonde au sommet des deux tours qui en marquent la limite. L’extension à partir du milieu du XIVe siècle se fait à gauche.
Cette deuxième étape englobe le faubourg oriental avec l’église de saint Aignan et
l’abbaye de saint Euverte.La troisième extension
occidentale, à droite plus récente, comprend une tour carrée et deux
rondes.La dernière extension orientale, à gauche,
qui commence à la tour carrée, double la surface protégée. La faible élévation des
bâtiments par rapport aux espaces centraux rappelle qu’il s’agit de faubourgs
populeux où se concentre l’activité commerçante et artisanale de la ville. Le
lien établi par l’image entre Orléans et le champ de bataille à 215 km illustre la
permanence de la menace.Les Huns se reconnaissent à leurs
bardiches. Quelques unes figurent dans les rangs des vainqueurs rappel de la
présence à côté des Francs et des Romains des Wisigoths.L’armée alliée est considérable. A gauche le gonfanon de MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
(d’or à trois crapauds de sable) ne flotte
pas, une partie des troupes n’a pas encore bougé (lances verticales). Devant eux,
une
autre s’ébranle (lances inclinées), les premières lignes (lances à l’horizontal) sont
au contact. Le peintre excelle à rendre le mouvement des combattants et des
chevaux.La description du Mérovingien emprunte au
commanditaire. MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
jeune et glabre en
tête de la cavalerie alliée, lance la charge épaule droite en arrière, bras
semi-tendu, main en tierce, pointe de l’épée plus bas que le poignet, en attendant
d’allonger le bras de toute sa longueur pour donner un coup de pointe, estoc
meurtrier. Il est le seul à combattre à l’épée. Son cheval de guerre au galop est
d’un blanc éclatant, harnaché d’azur et or, il a mis son museau à la queue du cheval
ennemi (référence à un mot célébre). Le roi a ses attributs identitaires : couronne,
armure dorée ouvragée, courte cape bleue. Le gris de la jupe de sa braconnière et
le
noir de sa selle incrustée d’or, sont les couleurs préférées de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
.Sa cavalerie est nombreuse (25).
Les cavaliers en première ligne, ont tous des casques différents et le visage
découvert.AetiusAetius (390 — 21/09/454) Général romain est général romain, son casque à pointe italien, le vermillon
de la braconnière de son armure romaine et le harnais rouge de son cheval sont autant
de référence à son imperium. Il est en retrait au propre comme au figuré par rapport
à MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
.Le troisième chef de la coalition est au sol sous la monture royale. Le corps du roi
Wisigoth ThierryThéodoric Ier (393 — 20/06/451) Roi des Wisigoths couché sur le ventre est
couvert d’une armure ouvragée gris clair hommage à son courage. L’image se situe
après la première phase de la bataille, ThierryThéodoric Ier (393 — 20/06/451) Roi des Wisigoths ayant trouvé la mort en soutenant le choc de la cohorte
hunnique.AttilaAttila (395 — 453) Roi des Huns de 434 à 453 occupe dans l’image une place à la mesure du danger qu’il
représente avec une armée supérieure en nombre et de la détestation qu’il suscite.
Sans couronne, une bardiche sur l’épaule, il porte une targe péjorative. L’opposition
avec le Salien est aussi chromatique, mais une cotte bleue éclaire l’enjeu du combat,
ses prétentions sur la Gaule. Le contraste est enfin gestuel : monte ancienne,
surtout AttilaAttila (395 — 453) Roi des Huns de 434 à 453 est dans une position
caractéristique : il fuit.Sur un cheval noir un autre chef bat en retraite. Le
texte conclut « Ainsi doncq terminee/ Des Huns la force et toute exterminée avec
les
siens ». Le peintre sans complaisance pour la sanglante mêlée, le suit. Il ne laisse
en
rien deviner qu’il s’agit d’un combat entre fédérés et qu’AetiusAetius (390 — 21/09/454) Général romain ne poursuit pas les vaincus avec qui il s’allie ensuite. Entre la
puissance de la ville symbole de toutes les résistances et des Orléans et l’élan de
MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
premier roi des Francs reconnu
comme tel, l’image est à l’unisson de l’enthousiasme qui suit l’avènement et
Marignan.
L’image représente l’adieu de Childéric IerChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
à GuinementGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier et la bataille entre ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
et Gillon (Aegidius)Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de
Childéric
le Romain choisi pour le remplacer pendant son exil. Elle se lit de bas en haut. Au premier plan deux collines dessinent un arc autour de la
terre battue où évoluent des personnages de taille monumentale. A l’arrière et hors
de proportion, un ensemble
palatial fermé, donne sur un espace plan verdoyant. Le texte et les
sources utilisées par l’auteur ne donne pas d’indication sur le lieu : une villa ?
Le logis royal au toit droit à la française couvert d’ardoises
a un décor renaissant, allusion peut-être à l’aile Louis XIILouis XII (27/06/1462 — 01/01/1515) Roi de France (1498-1515)
du château de Blois.Un
second bâtiment en bois emprunte moins au répertoire renaissant.La façade principale du troisième, plus claire, récente, est
rythmée par cinq fenêtres au-dessus d’un décor à l’antique de grande envergure. En
l’état la représentation atteste du progrès de la diffusion du répertoire décoratif
de la première renaissance.Près de la
moitié de l’image est occupée par le peuple franc en armes divisé les uns derrière
le
roi, les autres derrière son ami. Rien ne laisse deviner une quelconque organisation,
il s’agit d’une cohue de Francs revêtus d’armures à la romaine. Tous réputés nobles,
ils n’ont pas le même statut d’où la présence de casques dorés et dans les rangs des
contestataires genouillères et grèves dorées. Au premier rang de chaque camp, se
trouvent ceux qui servent d’étiquette au groupe, pour autant chacun se distingue.
La
distribution des pièces du costume militaire complète l’individualisation par le
portrait, la surface occupée dans l’image et la position.Derrière le roi, un fidèle échange un regard avec
son voisin à barbe blanche qui se tourne vers lui avec une expression
douloureuse.La même tristesse marque le visage d’un
dignitaire barbare en armure dorée, casque gris à pointe déportée dont la barbe
longue frisée est la transposition en quelque sorte de l’idée de chevelure hirsute
(un stéréotype). Les porteurs d’armes d’hast sont à quatre rangs derrière
ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
. Le point est important. En
face, le groupe des contestataires : le premier marche
menaçant une main sur sa lance déjà inclinée, l’autre sur le pommeau de son épée.
La
visière de son armet à l’italienne descend jusqu’à la naissance du nez, la vue
rectangulaire est placée trop haut pour qu’il puisse voir… la colère l’aveugle !
(PichoreInformations à venir s’amuse)Son voisin équipé d’un grand bouclier rond s’apprête à avancer.
Dans les rangs un homme est de face, comme un diable
(PichoreInformations à venir condamne la remise en cause de
l’ordre établi). Les deux principaux protagonistes, nu tête sont au centre.
GuinementGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, qui
n’est pas le plus élevé dans la hiérarchie militaire, est loyal : la fleur de lys
sur
sa cuirasse et la jupe bleue de sa braconnière en attestent. Il s’incline vers son
roi et compatit à son malheur (PichoreInformations à venir a
surmonté la difficulté à savoir ne pas présenter le conseiller protégeant le roi,
dangereuse inversion).ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
occupe la plus grande surface et se
distingue par la tonalité et la richesse du décor de son armure et sa qualité donnant
au métal par endroit l’allure d’un tissu. Son ample manteau bleu, le paludamentum
des
empereurs romains (PichoreInformations à venir en a sans doute eu
des représentations sous les yeux) souligne son mouvement : il se penche vers son
ami. Le visage est juvénile, il paraît sur le point de pleurer. Sa couronne mordorée,
(la valorisation de la gamme des roux est impressionnante, l’inversion est radicale)
ses cheveux roux et sa barbe en collier font ressortir la pâleur du teint. ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
est par nature destiné à être roi,
idée portée à propos de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
dans l’entourage de Louise de SavoieInformations à venir (prémisse à l’idéologie du
sang royal à nul autre pareil). Quelle que soit sa faute, elle n’en fait pas un
mauvais roi : il a du chagrin – une forme de contrition – et prend son ami dans ses
bras comme pour lui donner l’osculum qui lie le seigneur à son vassal. S’exilant dans
l’intérêt de son peuple, il n’est pas un tyran. Après huit ans d’exil et la défaite
sur le champ de bataille de son remplaçant romain Gillon (Aegidius)Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de
Childéric, un jugement de Dieu, il peut donc
revenir.Dans le tiers supérieur droit de l’image,
est représenté le refuge de ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
:
le château de Bar-sur-Seine puissante forteresse, dont les tours alignées font masse
(perspective soignée).Deux armées commencent à
s’affronter devant ses murs. Le texte précise que GuinementGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, qui est à l’avant-garde de l’armée de
Gillon (Aegidius)Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de
Childéric a fait déployer les
bannières (les étendards) en arrivant sur le champ de bataille, un signal. Le premier à frapper dans la mêlée est le Romain visage
découvert(ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
dos aux murs de Bar pare le coup).L’étendard or à trois crapauds de sable du roi dépasse le rouge
et or du représentant de l’empire, annonçant la victoire.Le fronton du cadre est décalé vers la gauche,
au-dessus de Bar, du roi et de son ami. En bas deux branches d’acanthe s’enroulent
autour d’une cordelière (PichoreInformations à venir rend
explicite l’allusion, qui ne pouvait échapper au commanditaire, à l’intention de la
cour). Elle renvoie à un membre de la famille du roi, à sa demi-sœur, son aînée,
Jeanne d’OrléansInformations à venir fille naturelle
de Charles d’Orléans dit Charles
d’AngoulêmeInformations à venir. Épouse depuis 1509 de Jean IV de LongwyInformations à venir baron de Pagny sur Meuse
(à 29 km de Bar-sur-Seine), elle accueille son royal demi-frère chaque fois qu’il
se
rend en Champagne. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
lui donne le comté de Bar-sur-Seine le 24 mars 1522, en
témoignage d’affection.
La lecture politique de l’image, est indissociable ici de celle tropologique (morale)
et anagogique (qui conduit des choses visibles aux invisibles, à l’au-delà).Sous le fronton trinitaire du cadre, la
composition utilise le nombre d’or.La remise des
armes occupe le tiers supérieur de l’image sous un ciel qui s’éclaircit à l’horizon
et dans un paysage verdoyant sur fond de colline bleu. Dans un vallon, la Fontaine des lys, une source, sort d’un rocher et l’eau
tombe dans un bassin naturel.Le vieil ermite à
genoux, est revêtu d’une humble coule non teintée.Un ange descend vers lui en tenant non pas un écu
(personnel) mais une bannière aux armes de France moderne (introduction forte avec
une variante signficative, annonce la couleur !) Elle a vocation à conduire le
peuple de France, élu de Dieu, dans tous les combats, y compris spirituels.
Un chemin de terre rejoint le groupe des princes et des nobles, venus assistés au
baptême de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
en somptueux vêtements
longs.La cérémonie se situe dans le baptistère au
XVIe siècle inclus depuis longtemps dans le périmètre de la cathédrale. Seul un côté
du quadrilatère est visible : un collatéral éclairé de trois baies avec trois arcs
surhaussés.Ils sont
soutenus par trois colonnes en marbre brillant, noir au-dessus de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, première allusion à François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
(le roi
est un soutien de l’Eglise serment du sacre). La couleur se retrouve dans les
claveaux du porche et au sol dans les carreaux. La place des personnages est
considérable. Dans le tiers gauche, en arrière plan quatre se devinent : un observe
la
scène avec une extrême attention. Trois évêques mitrés concourent à la célébration.Au premier rang, le seul visible en entier tend avec respect
une fiole ou ampoule en direction de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique.
La crosse est-elle la sienne ou celle de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique, prétendument donnée par le pape HormisdasInformations à venir avec le pouvoir de consacrer et la primatie sur toute la
Gaule ?Un porte-croix (presque caché) tient une
croix processionnelle, archiépiscopale tournée vers le saint. Signe d’un évêque
résidentiel, elle rappelle les prérogatives de l’église rémoise (sur fond de long
conflit pour le contrôle de l’Eglise de France, le roi écarte la revendication à la
primature, dangereux cumul et maintient l’archevêque dans ses prérogatives).Un prêtre ou un diacre tonsuré, en aube blanche, regarde
l’ampoule et tient sur la poitrine à l’intention de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique un livre liturgique ouvert. Les prélats ont tous participé
à la conversion de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
: en arrière plan SolemniusInformations à venirpuis VaastVaast d'Arras, saint (453 — 540) Evêque français, seul mentionné par le texte, qui se
tourne vers le frère aîné de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique,PrincipiusInformations à venir
conseiller de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
, évêque de Soissons
et abbé. Le peintre joue sur l’alternance chromatique des costumes.Aucun des saints prélats n’est nimbé, à la différence de
RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique. La chape rose précieuse de
l’archevêque est doublée de vert, couleur de l’espérance. Seul élément sur l’axe central le dessus de la manche droite de sa dalmatique
azur et de son aube est éclairé par une lumière venant du haut présence divine non
figurée (influence des idées réformées) Le geste est large, le saint,
sourcils froncés, est tout à la gravité de l’ instant. Il retourne la patène sur la
tête du roi en s’inclinant. Le mouvement et la variété des positions donne beaucoup
de d’intensité à la scène.Pour la cuve baptismale
de pierre à décor de cannelures, mal commode pour contenir le roi, même à genoux,
PichoreInformations à venir reprend après d’autres, la forme
d’un calice (les jambes ne rentrent pas même celles courtes et grêles de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
).ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
roi chevelu porte sur ses longs cheveux auburn (pas
d’exubérance capillaire ou pileuse) une couronne précieuse dont les fleurs de lis
sont ornées de perles blanches ou noires symbole de perfection. Elle ne couvre pas
le
front plissé par des rides. Les sourcils froncés, les paupières lourdes, les
prunelles levées laissant voir le blanc des yeux entourés de cernes gris, donnent
au
visage une expression de grande tristesse. ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
est nu jusqu’à l’aine, les mains longues et fines jointes, il
prie. Le corps lisse, au nombril apparent, s’ombre par endroit de gris (pour donner
du modelé au corps et l’idée car la couleur ne se retrouve pas dans d’autres nudités
de l’œuvre, qu’il meurt en quelque sorte à un monde ancien, son passé, il aurait été
réellement malade, ce qui fait débat). La clé de la figuration est donnée par l’huile
sainte du baptême, claire comme une goutte d’eau près de la racine des cheveux elle
se transforme en filets gris foncés et gouttes épaisses. Elle évoque ainsi la
purification du roi lavé de sa lèpre, c’est-à-dire de ses péchés et de l’hérésie.
L’opération se confond avec la chrismation ou consignation qui clôture la cérémonie
sous forme d’une onction sur le front avec l’huile sainte mêlée au chrême. Le visage
de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
est aussi celui du Christ
souffrant dont le calice rappelle le sang versé en sacrifice. Nouveau Christ le roi
s’offre en holocauste pour son peuple, il entre ainsi dans une dimension nouvelle.
Sa
couronne n’est pas celle de la royauté terrestre mais celle glorieuse qui l’attend
dans l’au-delà pour l’éternité et qu’évoque le texte. Baptisé, consacré par l’huile
sainte, il est aussi sacré, comme DavidDavid Personnage de la Bible, deuxième roi d'Israël a reçu
l’onction de SamuelInformations à venir. ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
/François
IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
s’abandonne à la volonté de Dieu, la
royauté est un lourd fardeau, il en prend la mesure.Princes, grands et nobles (en fait l’armée si l’on suit le texte, ici ils sont sans
arme, le combat est spirituel, la fait d’être en civil renvoie aussi à la conversion
des populations) qui assistent à la cérémonie vont à leur tour être
baptisés.L’un d’eux regarde la patène avec
gravité.Un autre détourne le regard, effrayé par la
contemplation du rite et la présence divine,comme
au premier rang, un jeune prince se tourne vers son voisin,saisi par la grandeur de l’instant (crainte
révérentielle). La cérémonie de baptême, encore essentiel, s’apparente déjà à
celle du sacre avec RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique et ses suffragants
dans le rôle des pairs ecclésiastiques et les princes dans celui des pairs laïcs.
Mais
depuis la fin du XVe siècle le roi a absorbé une à une les vraies pairies, il est
désormais le soutien de sa propre couronne. Dès lors les deux cérémonies peuvent se
confondre. L’image saturée d’enjeux importants et multiples marque l’entrée dans la
modernité.
Le cadre met en valeur ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
près d’une colonne haute plus longue et
claire. En bas le support décalé vers la droite attire l’attention sur ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
. Le texte ne donne aucune indication
de lieu, sans doute Paris où ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
est
enterré.L’audience privée (3574) se déroule dans une
salle au décor renaissant, médaillons de marbre noirs ou roses au sol sur les
carreaux une ombre portée. La pièce est plus petite que le baptistère.Un dais gris clair donne une idée de sa hauteur. Ses côtés
sont ornés de lettres capitales dorées. Au centre du plafond vert foncé, un soleil
aux rais torses, est repris de l’emblématique de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
. Une tenture d’honneur en soie aux tons bleu à
motifs dorés est derrière le trône, installé sur une estrade. L’assise rappelle le
trône de DagobertInformations à venir. Les montants du très
haut dossier sont terminés par une pomme de pin motif utilisé pour la Vierge qui
symbolise l’éternel retour,rappelant que la reine
(PichoreInformations à venir multiplie les signes
conventionnels associés au pouvoir souverain, la simplicité du costume de la reine
la
magnifie en s’écartant de la norme du faste vestimentaire des reines et princesses)
est à l’origine d’une lignée multiséculaire. Les pieds posés sur un coussin sont
cachés par l’ample jupe de sa robe. Le haut est ajusté, avec manche en cornet fourrée
d’hermine. Elle porte une guimpe, pièce de toile qui couvre la tête, descend sur le
front encadre le visage, réuni à une touaille ou une barbette blanche et plissée
couvrant le cou et descendant un peu sur les épaules et la poitrine. Un voile,
symbole d’humilité, de chasteté et de pudeur est posé par-dessus. Les habits noirs
et
les accessoires blancs sont ceux des moniales et des veuves. La reine sans nimbe
porte une couronne fleuronnée plus haute que celle de ses fils. Elle s’adresse à eux
dans son malheur. Elle est âgée, les doigts de ses mains fines, sont osseux. Le texte
précise qu’elle est pâle, décomposée par le chagrin. Les yeux suppliants sont cernés,
le nez est long, au-dessus des lèvres, sur le menton, des traces de larmes.
L’expression du visage est celle d’une grande douleur morale. Le peintre donne ici
à
reconnaître Louise de SavoieInformations à venir, mère
de roi, veuve, régente. Trois religieuses ou vivant comme telles, se tiennent
debout à la gauche de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
. Leur
identification à partir du texte est difficile, indirecte.La
plus proche du trône a une relation privilégiée avec elle : la reine a posé sa main
sur la sienne. Il s’agit de sa fille et homonyme, veuve d’AmalaricAmalaric (502 — 531) Roi des Wisigoths de 511 à 531, sans doute un « portrait » de MargueriteInformations à venir, sœur de François Ier, réputée pour sa vie exemplaire et empreinte de
religiosité. Elle partage la peine de la reine et regarde ses frères.Un peu en retrait, GondoqueInformations à venir la première à être veuve au décès de ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
est peut être le portrait de Philiberte de SavoieInformations à venir, duchesse de
Nemours, épouse depuis le 10 février 1515 de Julien de MédicisInformations à venir, décédé le 17 mars 1516.Derrière en grande partie cachée par les deux précédentes,
SuavegothaInformations à venir veuve de Thierry IerThierry Ier (485 — 534) Roi des Francs de Metz (511-534)
dont
le décès est mentionné dans le texte, renvoie peut-être à Jeanne d’AngoulêmeInformations à venir demi-sœur de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
, veuve
avant 1509. Malgré le partage du royaume, la reine mère, grâce à son autorité morale
et son influence sur son beau-fils et ses fils, exerce encore un réel pouvoir.
Les Mérovingiens (de gauche à droite), fils de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
sont rangés par âge et selon une hiérarchie subtile combinant
d’autres critères.Au premier rang, Thierry IerThierry Ier (485 — 534) Roi des Francs de Metz (511-534)
, roi de
Metz et de Lorraine, est le fils de la première épouse de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, une princesse franque. La position de son
visage, la couleur de ses cheveux et celles de son costume indiquent qu’il est un
bon
roi. Il est en grande partie caché par son demi-frère,fils aîné de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
, ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
, roi
d’Orléans est seul au premier plan, en volumineux manteau de soie rose à grand col
de
fourrure. Il souscrit à deux mains à la demande de sa mère. Mais il est de trois
quart dos, visage de profil car lors de l’expédition dans le royaume Burgonde, il
fait tuer SigismondSigismond (475 — 01/05/524) Roi des Burgondes (516-523) et saint chrétien, demi-frère de son
épouse, et ses enfants. Il est brun comme ses deux frères, qui, à son décès éliminent
ses trois héritiers.Childebert IerChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
,
encore en marche est en manteau bleu car roi de Paris mais court, l’auteur en fait
seulement le complice de l’assassinat,dont il rejette la responsabilité sur Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
roi de
Soissons. Déjà marié, ce dernier épouse GondoqueInformations à venir, veuve de son frère ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
. De profil, il ne regarde pas sa mère, mais vers les
religieuses. Il est le seul prince à porter sa couronne sur un chapeau (il réunifie
le royaume en 558).Son fils Caribert (ou Charibert) IerCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
est à ses côtés, juste derrière Childebert IerChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
(double silhouetté) il va être roi de Paris, pour l’instant sans couronne, il a un
long manteau long gris bleu.A travers l’encadrement
de la porte, conformément à leur engagement, l’image
montre les quatre frères partant en campagne contre SigismondSigismond (475 — 01/05/524) Roi des Burgondes (516-523) et saint chrétien. Ils sont figurés à l’arrière de leur armée
innombrable, l’un avec une armure or, le second avec une grande targe rouge et or,
le
troisième avec une braconnière azur et or, le dernier avec un grand bouclier rond
rouge et or. Ils se dirigent vers une des places fortes burgondes riches, populeuses,
bien défendues, qu’ils convoitent.
Au début d’un règne que François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
veut novateur, cette scène de dédicace entre
en résonance avec le premier prologue. Ni le lieu, ni la date ne sont connus, la
composition réelle de l’assemblée échappe. Elle
s’inscrit dans un cadre architecturé, portique renaissant, dont la base s’orne au
centre d’une petite fleur de lis (PichoreInformations à venir
rappelle ainsi discrètement l’ancrage que l’image pourrait faire oublier, il donne
ainsi son point de vue).La splendeur du palais, où
elle intervient, est suggérée par une pièce circulaire de grande taille (megaron)
d’inspiration classique. Elle permet d’accéder à une salle au plafond en berceau en
pierre et à caissons.Un riche ensemble textile
(importance politique et économique) dont le roi a le goût et aux couleurs de mode,
allie faste et confort.Un dais gris dont le peintre souligne la structure et une
tenture chatoyante de brocart rose à grand motif floral délimitent l’espace, qui
concrétise la sacralité intrinsèque du roi (PichoreInformations à venir revisite les codes). Le decorum permet au roi, prince
humaniste, de connaître sa juste place dans la société (CicéronCicéron (03/01/106 av J.C. — 07/12/43 av J.C.) Orateur, homme politique et philosophe romain) et d’exercer sa magnificence (AristoteAristote (384 av J.C. — 07/03/322 av J.C.) Philosophe grec) aptitude à démontrer son droit de gouverner par ses vertus
personnelles, ses actions et sa magnanimité. L’absence de couronne et de décor
héraldique dans l’image est significative de l’ère nouvelle qui s’ouvre. Le premier
plan
est dominé par deux figures monumentales François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
Le
peintre n'en donne pas au sens strict un portrait car il n’a pas posé et ne regarde
pas le lecteur. Il est identifiable (yeux en amandes, nez long, teint pâle, bouche
petite charnue)(la beauté physique, selon les codes esthétiques en usage est le
reflet de celle de l'âme, à noter l'insistance sur la pâleur aristocratique, une
constante) mais idéalisé comme les principaux combattants de Marignan. Sa haute
taille et le raffinement de son costume le distinguent : chapeau noir avec bijou or,
robe de brocart or aux motifs renaissants et ourlé de lettres, manches à crevés en
brocart gris, écharpe blanche nouée à la taille.Il est aussi le seul armé : une épée nue au côté (le
vainqueur de Marignan). Les pans de son manteau court rejetés à l’arrière
accentuent sa carrure et laissent voir une doublure de soie rose semée de points or.
Le
portrait en pied est complété par des chausses noires peut-être un repeint. Seul à pouvoir s’asseoir le roi s’est levé (nouveau et
fondamental) main droite tendue pour recevoir l’œuvre. L’auteur : occupe près d’un tiers du registre inférieur. Il
est massif vêtu d’une longue robe noire. Les cheveux courts noirs, les yeux clairs,
le nez fin, les lèvres minces, les pommettes hautes, les joues rosées, un léger
bajoue, un menton à fossette, des rides sur le cou et la carnation rendue avec
réalisme en font un « portrait » (une reconnaissance sociale) qui traduit une
influence flamande. Il diffère de ses autres représentations dans l’œuvre au point
qu’il a pu être attribué à Jean
PerréalInformations à venir.Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français est à
genoux et nue tête en raison de la proximité avec le roi (le roi organise autour de
sa personne la cour, microscome de la société).Il tend le livre, un épais volume au commanditaire par le dos
à deux mains de telle sorte qu’elles ne touchent pas celle du roi. La reliure de
velours blanc, pourvue de deux fermoirs métalliques, élégante et simple, est conforme
à la modestie relative affichée dans le prologue, captatio benevolentiae de
circonstance (le livre trésor de sapience). L’auteur a pu avec déférence
s’approcher du prince – un seul carreau les sépare - et entrer un instant dans sa
familiarité. Cet accueil privilégié est un hommage à l’excellence du poète, à la qualité
de son œuvre. Il est aussi reconnaissance du service attendu et rendu dans la
construction de l’image royale : légitimité et gloire éternelle Le Grand Maître Artus Gouffier de BoisyInformations à venir, gouverneur du prince avant son avènement et
fidèle de Louise de SavoieInformations à venir, présente
au roi l’auteur en l’encourageant. La composition et sa haute silhouette soulignent
son rôle d’intermédiaire (qualité puisqu'il dirige la cour). La main qui désigne
l’auteur est au centre de l’image. Tête nue court vêtu sous un long manteau noir et
fauve, il constitue avec Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français une
diagonale sombre qui met en valeur l’éclat du souverain.Le prince reste
accessible et le protocole encore simple mais la cour est un ensemble hiérarchisé
(les courtisans sans les serviteurs, les huissiers d'armes, les dames). Les tentures
de brocart vert et de brocatelle marron soulignent le rôle discriminant de la
distance avec le roi. Dix courtisans jeunes ou dans la force de l’âge suivent la
cérémonie en civil. Ils sont organisés en cercles, selon leurs rangs. Dans le premier, se trouve, presque visible en entier, à la
droite du roi dont le sépare tout de même au sol quatre carreaux, Charles IV duc d’AlençonInformations à venir (1489-1525),
comte d’Armagnac et de Rodez, héritier présomptif, premier prince du sang et époux
de
MargueriteInformations à venir sœur aînée de
François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
. Un bijou or sur son chapeau, un collier et son manteau de
fourrure gris moucheté soulignent son éminence. Il partage l’honneur du dais et
l’attention prêtée à l’auteur. Ses mains serrées sur une canne sur laquelle il
s’appuie, rappellent que sa santé est fragile. Tout
à gauche, tourné vers le roi et ne regardant que lui, comme le reste de l’assistance,
Charles III de BourbonInformations à venir
(1490-1527) en costume somptueux de lama rose, au col de fourrure gris est un des
derniers grands féodaux (face au roi et à Charles IVInformations à venir, déjà génant). Il a joué un rôle décisif à Marignan, depuis
1515 il est gouverneur de Paris et connétable de France. Derrière ce premier
cercle, au deuxième rang deux hommes dont seuls le visage et une partie du buste sont
visibles : près de Charles IVInformations à venir, avec une toque à rebras gris clair, signe de distinction
sociale peut-être Odet de FoixInformations à venir, seigneur
de Lautrec (1485-1528) maréchal de France, en Italie avec François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
à la
tête des troupes de reconnaissance, gouverneur du duché de Milan en mars en 1515
(peut être absent, il rappelle la première cour méridionale où le futur roi est
élevé).Derrière le Grand Maître, il y a sans doute son frère
Guillaume GouffierInformations à venir, seigneur de
Bonnivet, qui devient amiral de France le 31 décembre 1517. Marin au visage coloré,
PichoreInformations à venir le singularise par un étrange
turban gris qui ne se rencontre pas ailleurs dans le manuscrit (préjugé social et
religieux, on meurt en mer sans confession).En arrière plan, le deuxième cercle
comprend six anonymes répartis par moitié sur deux rangs, pour les uns le visage est
visible presque en entier, pour les autres une partie seulement. La hiérarchie curiale
subtile ne se fonde pas seulement sur l’ancienneté de la noblesse. Elle s’ouvre à
des
hommes de moindre rang, compétents et loyaux placés aux plus hautes fonctions. Les
lettrés comme les artistes approchent le roi un privilège et entretiennent avec lui,
pour les plus talentueux, un lien personnel. Le roi, vainqueur de Marignan, se pose
ici
en homme de paix, protecteur des lettres et des arts. Il sait susciter l’innovation
(en
architecture), reconnaître les talents littéraires (Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français) et artistiques (PichoreInformations à venir) comme les compétences militaires et politiques. Il met en scène
son pouvoir et le construit.
Dans un cadre renaissant sobrement décoré, qui
a pour support une coquille, un paysage baigné d'une douce lumière évoque la conquête
d'Albion. La flotte de BrutusBrutus Roi légendaire de Bretagne, supposé être le descendant du héros troyen
Énée (les navires sont du même type) remonte la Tamise dont les eaux claires se confondent au loin avec
celles de la mer du Nord (uniformité de la couleur). Un bateau accoste sur la rive gauche sauvage et inhabitée vers laquelle se dirige
trois autres navires. Le long de la rive droite, plus
hospitalière s’aligne en fendant les eaux calmes du fleuve le gros de la flotte,
voiles gonflées par des vents tourbillonnants ou déjà carguées. Elle est composée de nefs, grands navires de haute mer,
armés en guerre avec une rangée de canonnières au niveau du pont. La hauteur sur
l’eau et la taille considérables du vaisseau-amiral sont suggérées par un
minuscule hunier au sommet du mât, le nombre de haubans et les lances des exilés
troyens.BrutusBrutus Roi légendaire de Bretagne, supposé être le descendant du héros troyen
Énée, point de fuite
de la composition est le premier à emprunter la planche de débarquement. En armure
dorée et décorée à l’antique, manteau d’apparat et baton de commandement à la
main, le premier roi insulaire vient à peine de poser les pieds sur la terre
fermequ’une ravissante hermine se précipite sur son écu comme
pour se transformer en meuble héraldique.BrutusBrutus Roi légendaire de Bretagne, supposé être le descendant du héros troyen
Énée s’inspire de cet épisode de bon augure pour ses armoiries :
d’argent semé de mouchetures sable. Un héraut les
dessine, puis le roi fait confectionner par deux
tailleurs un gonfanonet des cottes aux armes.CorineüsCorineus Combattant des génats dans la légende médiévale britannique a récupéré la sienne,un autre troyen en apporte une à orner. L’activité
précède la mise en valeur d’Albion. La richesse de l’île explique les dimensions
et
la beauté de Trinovaque, nouvelle Troie (Londres),
dont la défense avancée est assurée par le château de
Windsor. L’image est un hommage de François
IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
à sa jeune reine Claude de FranceInformations à venir, duchesse de Bretagne
épousée le 18 mai 1514.
Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français fait le choix pour l’histoire
des origines du royaume et de Paris, de la version la plus éloignée de la réalité.
L’enjeu est double : les origines du peuple et de la dynastie sont troyennes pas
romaines et le roi de Paris est implicitement le roi de la France. Le peintre et son
équipe ont pour préoccupation de suivre le texte, non de donner une vue de Paris au
début du XVIe siècle Le cadre est sobre, son
support hémisphérique représente un visage de face, de la bouche sortent deux longs
rameaux. Il ment sur la renommée de la ville (vers 681-682). Sous un ciel sans
nuage la composition se divise en deux registres le site, la ville, les travaux en
cours, la tête et le bras du roi et deuxième registre, le roi, les grands et le peuple.
La ville est située dans un espace dominé par une colline,
aux pentes verdoyantesdont le sommet est occupé par des bâtiments religieux (sans
doute Saint-Denis).Le texte mentionne les carrières plâtrières dont la présence
a joué dans le choix du site. A gauche de l’image une roche a été taillée, creusée
(enjeu économique). Il s’agit de la pierre à plâtre ou gypse blanc, jaunâtre ou beige
qui donne un plâtre blanc.Autour de la ville une
ceinture verte laisse apparaître par endroit le sol. Le peintre qui est parisien
reprend la couleur orangée du sable de Paris. Des flaques grises rappellent le
caractère marécageux du site (Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français
comme d'ailleurs PichoreInformations à venir, s'amusent de
l'oubli de cette réalité prégnante). L’espace est encombré de blocs arrondis
et un, déjà taillé, aux angles parfaits, blancs ce qui correspond au banc de calcaire
appelé banc royal. Les ouvriers réalisent un travail de qualité avec de bons outils.
A droite, après avoir enlevé le bossage avec un pic, l’un dresse la pierre avec un
marteau à taillant droit et brettelé, l’autre avec un marteau finisseur travaille
le
parement sans l’abîmer. Devant les murs, un tailleur de pierre s’apprête avec une
bonne position à déplacer une pierre ornée de deux moulures, au sol un taillant
abandonné sans précaution. Son vis-à-vis (mesure de sécurité) est à l’aplomb du
ballant de la chèvre dont un fin trait noir évoque le filin qui va servir à monter
la
pierre en haut des murs. Le peintre décrit la mise en place du système de levage
appelé louve. En haut de la tour, un autre, maçon supérieur se penche attendant le
signal pour le levage, tout un art (les ouvriers des plâtrières ne sont pas
figurés).La Seine n’étant pas figurée, la présence
du marais pourrait suggérer une vue du nord depuis les buttes parisiennes au premier
plan. Il n’est pas possible de déterminer la forme de l’enceinte.Tours et tourelles
n’étant pas engagées dans les murs donnent une impression de relief. Le peintre
figure deux tours plus petites à gauche pour indiquer l’extension du périmètre et
suggère la densité du bâti, au-dessus des courtines par les étages supérieurs des
maisons à pignon avec des éléments appartenant aux palais qui se multiplient dans
la
ville dès le second XIVe siècle. Sur trois tours des gonfanons gris flottent dans
des
directions différentes, un moyen discret d’évoquer la taille de la capitale.
L’absence de porte, de fait longtemps rares et la disparition de tout clocher,
indiquent un effort particulier. Ce premier Paris emprunte des éléments aux murs de
de Philippe AugusteInformations à venir et de Charles VInformations à venir meurtrières avec archères cannonières et
simples cannonières qui apparaissent après 1450. La couleur des toits suggèrent une
territorialisation qualitative, à gauche orangés pour la partie plus ancienne, puis
bleu pour un quartier plus aristocratique avec sur le grand toit d’un bâtiment à
étages une petite tour à créneaux (là où on attendrait une cheminée
décorative).Suivent à droite, une tour en cours
d’achèvement (la tour de Nesle) et un logis royal
récent, bâtiment clair au toit d’ardoise pourvu de quatre lucarnes reposant sur un
bandeau de pierre, à l’arrière se trouve une grosse tour ronde. Il s’agit sur la rive
droite de l’hôtel des Tournelles et d’Angoulême à proximité la Grosse tour ancienne.
Ainsi la construction de Paris est liée dès l’origine de façon mythique à la dynastie
Orléans et à François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
.Dans le registre inférieur le
roi est installé entre deux collines.Les Francs sont disposés en deux groupes.
A gauche une douzaine de personnages tournés vers l’enceinte. Trois se distinguent :
le
premier regarde la manœuvre de levage, un autre contemple le roi.Dos au groupe mais au premier plan, seul à figurer dans
l’espace central, le troisième se détache par la taille, le costume et… la bourse.
Les deux mains dans la ceinture, loyaliste, il prête la plus grande attention au
geste royal. Issu des rangs des Parisiens, il paraît en être le représentant éminent,
préfiguration du prévôt des marchands, servant d’interface avec le second groupe à
droite (très rare représentation). Plus étoffé, il comprend une vingtaine de
personnes, tournées vers le roi sauf deux qui regardent les interlocuteurs royaux.PharamondPharamond (365 — 430) Roi des Francs (?-430)
s’adresse à
deux hommes de dos, savants docteurs, doctes conseillers, qui acceptent bon gré mal
gré sa décision (ils se soumettent à la décision du roi qui les a consulté, important
dans la définition du pouvoir). Le roi avec derrière lui, Clodion le CheveluClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
(angoisse dynastique) son fils domine les deux groupes.
Le geste impérieux, dont le mouvement est bien
évoqué, indique que le choix du nom, qui échappe au groupe de gauche, relève du roi
seul
qui en informe d’abord le groupe de droite, gens de robes longues. Le discours visuel
souligne la concomitance entre la construction, le baptême de la ville et l’avènement
du
premier roi de France qui porte déjà une haute couronne fleuronnée. Bénéficiant du
prestige immémorial du fils de PriamPriam Personnage de la mythologie grecque, dernier roi de Troie, fils et successeur
de Laomédon, la jeune
capitale déjà belle est promise à égaler les villes les plus illustres, invitation
à
l’égard du jeune commanditaire à en poursuivre l’embellissement et à y résider. L’image
montre l’effort pour rendre vraisemblable un récit des origines dont l’auteur connaît
les limites en essayant de s’approcher de la ville primitive, sans faire place à la
cité
romaine, et en évitant les anachronismes. Faite de signes à partir de l’existant,
elle
est une reconstruction politique. La tour de Nesle,
pointée par le roi, avec ses caractéristiques contemporaines, est significative. Elle
s’explique par le paragraphe consacré à l’autre grande œuvre du premier roi de France,
la loi salique qui exclue les femmes du trône justifiant la succession masculine en
droite ligne. L’allusion rappelle avec la faiblesse des derniers Capétiens, le
changement dynastique, l’avènement des Valois et la supériorité en quelque sorte
constitutionnelle du royaume et de son souverain par rapport aux Anglais.
Le thème est original. En bas du cadre deux
branches d’acanthe, décalées vers la droite, soulignent l’importance de l’événement
mémorable.ClodionClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
, roi des Francs considéré comme fondateur de la noblesse par
droit de conquête, pénètre en territoire romain. Il
traverse la forêt Charbonnière (mythique, grande importance dans l'histoire de la
littérature) s’empare de Tournai, emporte Cambrai au
premier assaut. Elle devient la capitale d’un petit royaume. L’auteur mentionne les
deux villes, le peintre ne retient pas Tournai ville anglaise depuis 1514, reste
Cambrai. Depuis le haut Moyen Âge, elle est un enjeu entre la France et l’Empire et
au cœur d’une intense activité diplomatique. L’importance politique de la ville
perdure. En 1516, François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
, MaximilienInformations à venir et Charles
d’AutricheInformations à venir se retrouvent à Cambrai pour préparer un traité les liant
plus étroitement. Le 11 mars 1517 est signé le traité de Cambrai, par lequel ils se
promettent assistance dans le projet de croisade contre les Ottomans, mettant fin
aux
premières guerres d’Italie. Le texte indique que la ville est prise d’assaut
(v. 782). Le ciel sans nuage évoque les beaux jours du début
de l’été, temps de guerre.Au premier plan, un tiers
de l’image, des collines parfois abruptes, dominent une plaine verdoyante où serpente
un chemin. Autour de Cambrai, le couvert s’éclaircit.La Forêt Charbonnière épaisse et impénétrable et ses frondaisons étagées cachent une
partie de la ville,dont l’enveloppement est montré
(il précède l'assaut qui n'est pas figuré, l'image montre avant et après). Une
douzaine de lances inclinées signalent un déplacement de troupes longeant la forêt.
A
droite, une partie de l’armée innombrable est déjà dans la cité. L’autre se presse
à
sa suite : ne sont visibles que les casques gris vus sous des angles différents pour
accompagner le mouvement.Quatre corps sont présents
à en juger par les gonfanons (moyen de reconnaissance et de communication des
ordres), dont celui du roi jaune orné de trois crapeaux. Le peintre décrit une
organisation structurée par la répartition discriminante des équipements défensifs.
Clodion le
cheveluClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
(ici par convention à l’arrière) est avec deux généraux à la
tête de la cavalerie (elle garde son prestige). A sa droite, son second coiffé d’un casque doré a
une dossière d’acier ornée d’une fleur de lys. L’autre dans les rangs vers l’entrée
de la ville a dossière, épaulière, et braconnière dorées. Dans l’infanterie à gauche, la distribution des pièces dorées
se fait sur trois hommes groupés : un n’a qu’un casque, l’autre des protections de
jambes. Au premier plan le capitaine tout dévoué au
roi, tient un grand bouclier rond bleu et la dossière dorée de son armure à la
romaine est ornée d’une grande fleur de lys. Mais ses jambes sont couvertes de plates
grises et il porte un casque orné d’un volute en forme de coquillage, reprise d’un
modèle italien. Le point de fuite est le roi
ClodionClodion le Chevelu (393 — 448) Roi des Francs saliens (428-448)
qui est le seul couvert d’une
armure complète dorée. Roi de France, sur sa barbute orfévrée est posée une couronne.
Sa courte cape et sa selle sont bleues et il est monté sur un splendide cheval blanc
(bleu dynastique et cheval blanc car depuis Charles
VInformations à venir, le roi est empereur dans son royaume). Le Mérovingien a sur les
hanches une ceinture noire élégante ourlée de perles d’or dans le goût de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
.
PichoreInformations à venir souligne le volume de la cuisse,
la finesse de la taille du vainqueur qui contemple la fière silhouette de la cité.
La ville est puissante et riche. La hauteur et la
largeur de la porte sont caractéristiques des villes populeuses. Point faible, elle
est flanquée de deux tours, surmontée d’une chambre de levage et d’une plate-forme
d’un étage munie de hourds de bois, qui atteste une mise en défense récente. Le
peintre, qui n’entend pas valoriser le castrum romain, évoque Cambrai à travers une
enceinte qui n’est plus celle disparue du XIe siècle et donne des repères du début
XVIe siècle De droite à gauche, se reconnaissent la
porte-tour de Sellesle Château de Selles avec
l’église Notre Dame,le palais épiscopal et l’abbaye
Saint Auberten arrière plan le Mont-des Bœufs et
Saint-Géry.Viennent ensuite une tour ronde, une autre à
côté de la porte du Saint-Sépulchre, l’église du Saint Sépulchre, la tour
Carréeavec en arrière-plan le beffroi Saint-Martin
avec sa flèche torseet tout à gauche un quartier plus populaire. Des
travaux réalisés entre 1502 et 1512 expliquent cette relative précision. L’image renvoie
aussi avec l’église du Sépulchre, au projet de la croisade auquel le roi
travaille.
Le cadre donne une des clés de l’image, son
fronton orné d’un cercle est décalé vers le logis royal d’Orléans assiégée.
Intervient ensuite la bataille des champs catalauniques, qui occupe le premier plan
et
tire son nom de campus, lieu à la végétation basse ou rase d’où l’observateur peut
voir
de loin, la composition en reprend l’idée. La ville a une
présence forte. Elle est au loin dans le val d’Orléans, en raison de la distance
entre la ville et le Chalonnois et de l’intervalle entre le siège et la
bataille.Les trois quarts de l’image se situent à
proximité de la Marne. La rivière large et puissante entaille le plateau champenois.
Le point de fuite se situe en bas de l’image au niveau des ondulations karstiques
sans végétation.Sous un ciel limpide, la ville qui a
résisté est un symbole identitaire pour la dynastie et le royaume. Elle est vue du
nord.AttilaAttila (395 — 453) Roi des Huns de 434 à 453
l’assiège avec une batterie de quatre canons, mobiles.Il leur tourne le dos, pour évoquer la levée précipitée du
siège et la fuite à la fin de la bataille.L’image
est conforme au texte, qui indique qu’elle n’est pas détruite, allusion indirecte
au
rôle de saint AignanAignan d'Orléans (358 — 17/11/452) Evêque d’Orléans. L’absence de
hourds de bois sur les murs indique qu’elle n’a pas eu le temps de se mettre en
guerre. L’effort de perspective se marque de chaque côté par la hauteur décroissante
des tours et sans symétrie des courtines. La vue de profil donne une idée d’ensemble
de l’impressionnante place forte. Elle est réalisée avec soin, ainsi les bannières
sur le haut des tours et des constructions « flottent » dans le même sens. Leur
horizontalité renvoie aux panonceaux aux armes d’Orléans très présents dans la ville
au XVIe siècle. A l’intérieur, la densité des bâtiments donne une idée des étapes
de
sa construction et de la répartition fonctionnelle des espaces de pouvoir dans la
ville.Le centre politique est à droite des tours
centrales l’emplacement du castrum et du palais mérovingien. Deux bâtiments à toits
bleus près des murs voisinent avec un logis « royal » évoquant le passage de la
domination romaine à la nouvelle. L’éminence de cet espace est confirmée par la
rotonde au sommet des deux tours qui en marquent la limite. L’extension à partir du milieu du XIVe siècle se fait à gauche.
Cette deuxième étape englobe le faubourg oriental avec l’église de saint Aignan et
l’abbaye de saint Euverte.La troisième extension
occidentale, à droite plus récente, comprend une tour carrée et deux
rondes.La dernière extension orientale, à gauche,
qui commence à la tour carrée, double la surface protégée. La faible élévation des
bâtiments par rapport aux espaces centraux rappelle qu’il s’agit de faubourgs
populeux où se concentre l’activité commerçante et artisanale de la ville. Le
lien établi par l’image entre Orléans et le champ de bataille à 215 km illustre la
permanence de la menace.Les Huns se reconnaissent à leurs
bardiches. Quelques unes figurent dans les rangs des vainqueurs rappel de la
présence à côté des Francs et des Romains des Wisigoths.L’armée alliée est considérable. A gauche le gonfanon de MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
(d’or à trois crapauds de sable) ne flotte
pas, une partie des troupes n’a pas encore bougé (lances verticales). Devant eux,
une
autre s’ébranle (lances inclinées), les premières lignes (lances à l’horizontal) sont
au contact. Le peintre excelle à rendre le mouvement des combattants et des
chevaux.La description du Mérovingien emprunte au
commanditaire. MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
jeune et glabre en
tête de la cavalerie alliée, lance la charge épaule droite en arrière, bras
semi-tendu, main en tierce, pointe de l’épée plus bas que le poignet, en attendant
d’allonger le bras de toute sa longueur pour donner un coup de pointe, estoc
meurtrier. Il est le seul à combattre à l’épée. Son cheval de guerre au galop est
d’un blanc éclatant, harnaché d’azur et or, il a mis son museau à la queue du cheval
ennemi (référence à un mot célébre). Le roi a ses attributs identitaires : couronne,
armure dorée ouvragée, courte cape bleue. Le gris de la jupe de sa braconnière et
le
noir de sa selle incrustée d’or, sont les couleurs préférées de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
.Sa cavalerie est nombreuse (25).
Les cavaliers en première ligne, ont tous des casques différents et le visage
découvert.AetiusAetius (390 — 21/09/454) Général romain est général romain, son casque à pointe italien, le vermillon
de la braconnière de son armure romaine et le harnais rouge de son cheval sont autant
de référence à son imperium. Il est en retrait au propre comme au figuré par rapport
à MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
.Le troisième chef de la coalition est au sol sous la monture royale. Le corps du roi
Wisigoth ThierryThéodoric Ier (393 — 20/06/451) Roi des Wisigoths couché sur le ventre est
couvert d’une armure ouvragée gris clair hommage à son courage. L’image se situe
après la première phase de la bataille, ThierryThéodoric Ier (393 — 20/06/451) Roi des Wisigoths ayant trouvé la mort en soutenant le choc de la cohorte
hunnique.AttilaAttila (395 — 453) Roi des Huns de 434 à 453 occupe dans l’image une place à la mesure du danger qu’il
représente avec une armée supérieure en nombre et de la détestation qu’il suscite.
Sans couronne, une bardiche sur l’épaule, il porte une targe péjorative. L’opposition
avec le Salien est aussi chromatique, mais une cotte bleue éclaire l’enjeu du combat,
ses prétentions sur la Gaule. Le contraste est enfin gestuel : monte ancienne,
surtout AttilaAttila (395 — 453) Roi des Huns de 434 à 453 est dans une position
caractéristique : il fuit.Sur un cheval noir un autre chef bat en retraite. Le
texte conclut « Ainsi doncq terminee/ Des Huns la force et toute exterminée avec
les
siens ». Le peintre sans complaisance pour la sanglante mêlée, le suit. Il ne laisse
en
rien deviner qu’il s’agit d’un combat entre fédérés et qu’AetiusAetius (390 — 21/09/454) Général romain ne poursuit pas les vaincus avec qui il s’allie ensuite. Entre la
puissance de la ville symbole de toutes les résistances et des Orléans et l’élan de
MérovéeMérovée Ier (415 — 457) Roi des Francs saliens (451-457)
premier roi des Francs reconnu
comme tel, l’image est à l’unisson de l’enthousiasme qui suit l’avènement et
Marignan.
L’image représente l’adieu de Childéric IerChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
à GuinementGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier et la bataille entre ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
et Gillon (Aegidius)Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de
Childéric
le Romain choisi pour le remplacer pendant son exil. Elle se lit de bas en haut. Au premier plan deux collines dessinent un arc autour de la
terre battue où évoluent des personnages de taille monumentale. A l’arrière et hors
de proportion, un ensemble
palatial fermé, donne sur un espace plan verdoyant. Le texte et les
sources utilisées par l’auteur ne donne pas d’indication sur le lieu : une villa ?
Le logis royal au toit droit à la française couvert d’ardoises
a un décor renaissant, allusion peut-être à l’aile Louis XIILouis XII (27/06/1462 — 01/01/1515) Roi de France (1498-1515)
du château de Blois.Un
second bâtiment en bois emprunte moins au répertoire renaissant.La façade principale du troisième, plus claire, récente, est
rythmée par cinq fenêtres au-dessus d’un décor à l’antique de grande envergure. En
l’état la représentation atteste du progrès de la diffusion du répertoire décoratif
de la première renaissance.Près de la
moitié de l’image est occupée par le peuple franc en armes divisé les uns derrière
le
roi, les autres derrière son ami. Rien ne laisse deviner une quelconque organisation,
il s’agit d’une cohue de Francs revêtus d’armures à la romaine. Tous réputés nobles,
ils n’ont pas le même statut d’où la présence de casques dorés et dans les rangs des
contestataires genouillères et grèves dorées. Au premier rang de chaque camp, se
trouvent ceux qui servent d’étiquette au groupe, pour autant chacun se distingue.
La
distribution des pièces du costume militaire complète l’individualisation par le
portrait, la surface occupée dans l’image et la position.Derrière le roi, un fidèle échange un regard avec
son voisin à barbe blanche qui se tourne vers lui avec une expression
douloureuse.La même tristesse marque le visage d’un
dignitaire barbare en armure dorée, casque gris à pointe déportée dont la barbe
longue frisée est la transposition en quelque sorte de l’idée de chevelure hirsute
(un stéréotype). Les porteurs d’armes d’hast sont à quatre rangs derrière
ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
. Le point est important. En
face, le groupe des contestataires : le premier marche
menaçant une main sur sa lance déjà inclinée, l’autre sur le pommeau de son épée.
La
visière de son armet à l’italienne descend jusqu’à la naissance du nez, la vue
rectangulaire est placée trop haut pour qu’il puisse voir… la colère l’aveugle !
(PichoreInformations à venir s’amuse)Son voisin équipé d’un grand bouclier rond s’apprête à avancer.
Dans les rangs un homme est de face, comme un diable
(PichoreInformations à venir condamne la remise en cause de
l’ordre établi). Les deux principaux protagonistes, nu tête sont au centre.
GuinementGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, qui
n’est pas le plus élevé dans la hiérarchie militaire, est loyal : la fleur de lys
sur
sa cuirasse et la jupe bleue de sa braconnière en attestent. Il s’incline vers son
roi et compatit à son malheur (PichoreInformations à venir a
surmonté la difficulté à savoir ne pas présenter le conseiller protégeant le roi,
dangereuse inversion).ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
occupe la plus grande surface et se
distingue par la tonalité et la richesse du décor de son armure et sa qualité donnant
au métal par endroit l’allure d’un tissu. Son ample manteau bleu, le paludamentum
des
empereurs romains (PichoreInformations à venir en a sans doute eu
des représentations sous les yeux) souligne son mouvement : il se penche vers son
ami. Le visage est juvénile, il paraît sur le point de pleurer. Sa couronne mordorée,
(la valorisation de la gamme des roux est impressionnante, l’inversion est radicale)
ses cheveux roux et sa barbe en collier font ressortir la pâleur du teint. ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
est par nature destiné à être roi,
idée portée à propos de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
dans l’entourage de Louise de SavoieInformations à venir (prémisse à l’idéologie du
sang royal à nul autre pareil). Quelle que soit sa faute, elle n’en fait pas un
mauvais roi : il a du chagrin – une forme de contrition – et prend son ami dans ses
bras comme pour lui donner l’osculum qui lie le seigneur à son vassal. S’exilant dans
l’intérêt de son peuple, il n’est pas un tyran. Après huit ans d’exil et la défaite
sur le champ de bataille de son remplaçant romain Gillon (Aegidius)Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de
Childéric, un jugement de Dieu, il peut donc
revenir.Dans le tiers supérieur droit de l’image,
est représenté le refuge de ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
:
le château de Bar-sur-Seine puissante forteresse, dont les tours alignées font masse
(perspective soignée).Deux armées commencent à
s’affronter devant ses murs. Le texte précise que GuinementGuinement (Ve siècle — ) Conseiller de Childeric Ier, qui est à l’avant-garde de l’armée de
Gillon (Aegidius)Ægidius (01/01/400 — 01/01/464) Général romain, à la tête du royaume des Francs durant l'exil de
Childéric a fait déployer les
bannières (les étendards) en arrivant sur le champ de bataille, un signal. Le premier à frapper dans la mêlée est le Romain visage
découvert(ChildéricChildéric Ier (436 — 481) Roi des Francs saliens (457-481)
dos aux murs de Bar pare le coup).L’étendard or à trois crapauds de sable du roi dépasse le rouge
et or du représentant de l’empire, annonçant la victoire.Le fronton du cadre est décalé vers la gauche,
au-dessus de Bar, du roi et de son ami. En bas deux branches d’acanthe s’enroulent
autour d’une cordelière (PichoreInformations à venir rend
explicite l’allusion, qui ne pouvait échapper au commanditaire, à l’intention de la
cour). Elle renvoie à un membre de la famille du roi, à sa demi-sœur, son aînée,
Jeanne d’OrléansInformations à venir fille naturelle
de Charles d’Orléans dit Charles
d’AngoulêmeInformations à venir. Épouse depuis 1509 de Jean IV de LongwyInformations à venir baron de Pagny sur Meuse
(à 29 km de Bar-sur-Seine), elle accueille son royal demi-frère chaque fois qu’il
se
rend en Champagne. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
lui donne le comté de Bar-sur-Seine le 24 mars 1522, en
témoignage d’affection.
La lecture politique de l’image, est indissociable ici de celle tropologique (morale)
et anagogique (qui conduit des choses visibles aux invisibles, à l’au-delà).Sous le fronton trinitaire du cadre, la
composition utilise le nombre d’or.La remise des
armes occupe le tiers supérieur de l’image sous un ciel qui s’éclaircit à l’horizon
et dans un paysage verdoyant sur fond de colline bleu. Dans un vallon, la Fontaine des lys, une source, sort d’un rocher et l’eau
tombe dans un bassin naturel.Le vieil ermite à
genoux, est revêtu d’une humble coule non teintée.Un ange descend vers lui en tenant non pas un écu
(personnel) mais une bannière aux armes de France moderne (introduction forte avec
une variante signficative, annonce la couleur !) Elle a vocation à conduire le
peuple de France, élu de Dieu, dans tous les combats, y compris spirituels.
Un chemin de terre rejoint le groupe des princes et des nobles, venus assistés au
baptême de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
en somptueux vêtements
longs.La cérémonie se situe dans le baptistère au
XVIe siècle inclus depuis longtemps dans le périmètre de la cathédrale. Seul un côté
du quadrilatère est visible : un collatéral éclairé de trois baies avec trois arcs
surhaussés.Ils sont
soutenus par trois colonnes en marbre brillant, noir au-dessus de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, première allusion à François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
(le roi
est un soutien de l’Eglise serment du sacre). La couleur se retrouve dans les
claveaux du porche et au sol dans les carreaux. La place des personnages est
considérable. Dans le tiers gauche, en arrière plan quatre se devinent : un observe
la
scène avec une extrême attention. Trois évêques mitrés concourent à la célébration.Au premier rang, le seul visible en entier tend avec respect
une fiole ou ampoule en direction de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique.
La crosse est-elle la sienne ou celle de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique, prétendument donnée par le pape HormisdasInformations à venir avec le pouvoir de consacrer et la primatie sur toute la
Gaule ?Un porte-croix (presque caché) tient une
croix processionnelle, archiépiscopale tournée vers le saint. Signe d’un évêque
résidentiel, elle rappelle les prérogatives de l’église rémoise (sur fond de long
conflit pour le contrôle de l’Eglise de France, le roi écarte la revendication à la
primature, dangereux cumul et maintient l’archevêque dans ses prérogatives).Un prêtre ou un diacre tonsuré, en aube blanche, regarde
l’ampoule et tient sur la poitrine à l’intention de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique un livre liturgique ouvert. Les prélats ont tous participé
à la conversion de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
: en arrière plan SolemniusInformations à venirpuis VaastVaast d'Arras, saint (453 — 540) Evêque français, seul mentionné par le texte, qui se
tourne vers le frère aîné de RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique,PrincipiusInformations à venir
conseiller de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
, évêque de Soissons
et abbé. Le peintre joue sur l’alternance chromatique des costumes.Aucun des saints prélats n’est nimbé, à la différence de
RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique. La chape rose précieuse de
l’archevêque est doublée de vert, couleur de l’espérance. Seul élément sur l’axe central le dessus de la manche droite de sa dalmatique
azur et de son aube est éclairé par une lumière venant du haut présence divine non
figurée (influence des idées réformées) Le geste est large, le saint,
sourcils froncés, est tout à la gravité de l’ instant. Il retourne la patène sur la
tête du roi en s’inclinant. Le mouvement et la variété des positions donne beaucoup
de d’intensité à la scène.Pour la cuve baptismale
de pierre à décor de cannelures, mal commode pour contenir le roi, même à genoux,
PichoreInformations à venir reprend après d’autres, la forme
d’un calice (les jambes ne rentrent pas même celles courtes et grêles de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
).ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
roi chevelu porte sur ses longs cheveux auburn (pas
d’exubérance capillaire ou pileuse) une couronne précieuse dont les fleurs de lis
sont ornées de perles blanches ou noires symbole de perfection. Elle ne couvre pas
le
front plissé par des rides. Les sourcils froncés, les paupières lourdes, les
prunelles levées laissant voir le blanc des yeux entourés de cernes gris, donnent
au
visage une expression de grande tristesse. ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
est nu jusqu’à l’aine, les mains longues et fines jointes, il
prie. Le corps lisse, au nombril apparent, s’ombre par endroit de gris (pour donner
du modelé au corps et l’idée car la couleur ne se retrouve pas dans d’autres nudités
de l’œuvre, qu’il meurt en quelque sorte à un monde ancien, son passé, il aurait été
réellement malade, ce qui fait débat). La clé de la figuration est donnée par l’huile
sainte du baptême, claire comme une goutte d’eau près de la racine des cheveux elle
se transforme en filets gris foncés et gouttes épaisses. Elle évoque ainsi la
purification du roi lavé de sa lèpre, c’est-à-dire de ses péchés et de l’hérésie.
L’opération se confond avec la chrismation ou consignation qui clôture la cérémonie
sous forme d’une onction sur le front avec l’huile sainte mêlée au chrême. Le visage
de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
est aussi celui du Christ
souffrant dont le calice rappelle le sang versé en sacrifice. Nouveau Christ le roi
s’offre en holocauste pour son peuple, il entre ainsi dans une dimension nouvelle.
Sa
couronne n’est pas celle de la royauté terrestre mais celle glorieuse qui l’attend
dans l’au-delà pour l’éternité et qu’évoque le texte. Baptisé, consacré par l’huile
sainte, il est aussi sacré, comme DavidDavid Personnage de la Bible, deuxième roi d'Israël a reçu
l’onction de SamuelInformations à venir. ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
/François
IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
s’abandonne à la volonté de Dieu, la
royauté est un lourd fardeau, il en prend la mesure.Princes, grands et nobles (en fait l’armée si l’on suit le texte, ici ils sont sans
arme, le combat est spirituel, la fait d’être en civil renvoie aussi à la conversion
des populations) qui assistent à la cérémonie vont à leur tour être
baptisés.L’un d’eux regarde la patène avec
gravité.Un autre détourne le regard, effrayé par la
contemplation du rite et la présence divine,comme
au premier rang, un jeune prince se tourne vers son voisin,saisi par la grandeur de l’instant (crainte
révérentielle). La cérémonie de baptême, encore essentiel, s’apparente déjà à
celle du sacre avec RémiRémi de Reims, saint (437 — 13/01/553) Saint catholique et ses suffragants
dans le rôle des pairs ecclésiastiques et les princes dans celui des pairs laïcs.
Mais
depuis la fin du XVe siècle le roi a absorbé une à une les vraies pairies, il est
désormais le soutien de sa propre couronne. Dès lors les deux cérémonies peuvent se
confondre. L’image saturée d’enjeux importants et multiples marque l’entrée dans la
modernité.
Le cadre met en valeur ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
près d’une colonne haute plus longue et
claire. En bas le support décalé vers la droite attire l’attention sur ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
. Le texte ne donne aucune indication
de lieu, sans doute Paris où ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
est
enterré.L’audience privée (3574) se déroule dans une
salle au décor renaissant, médaillons de marbre noirs ou roses au sol sur les
carreaux une ombre portée. La pièce est plus petite que le baptistère.Un dais gris clair donne une idée de sa hauteur. Ses côtés
sont ornés de lettres capitales dorées. Au centre du plafond vert foncé, un soleil
aux rais torses, est repris de l’emblématique de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
. Une tenture d’honneur en soie aux tons bleu à
motifs dorés est derrière le trône, installé sur une estrade. L’assise rappelle le
trône de DagobertInformations à venir. Les montants du très
haut dossier sont terminés par une pomme de pin motif utilisé pour la Vierge qui
symbolise l’éternel retour,rappelant que la reine
(PichoreInformations à venir multiplie les signes
conventionnels associés au pouvoir souverain, la simplicité du costume de la reine
la
magnifie en s’écartant de la norme du faste vestimentaire des reines et princesses)
est à l’origine d’une lignée multiséculaire. Les pieds posés sur un coussin sont
cachés par l’ample jupe de sa robe. Le haut est ajusté, avec manche en cornet fourrée
d’hermine. Elle porte une guimpe, pièce de toile qui couvre la tête, descend sur le
front encadre le visage, réuni à une touaille ou une barbette blanche et plissée
couvrant le cou et descendant un peu sur les épaules et la poitrine. Un voile,
symbole d’humilité, de chasteté et de pudeur est posé par-dessus. Les habits noirs
et
les accessoires blancs sont ceux des moniales et des veuves. La reine sans nimbe
porte une couronne fleuronnée plus haute que celle de ses fils. Elle s’adresse à eux
dans son malheur. Elle est âgée, les doigts de ses mains fines, sont osseux. Le texte
précise qu’elle est pâle, décomposée par le chagrin. Les yeux suppliants sont cernés,
le nez est long, au-dessus des lèvres, sur le menton, des traces de larmes.
L’expression du visage est celle d’une grande douleur morale. Le peintre donne ici
à
reconnaître Louise de SavoieInformations à venir, mère
de roi, veuve, régente. Trois religieuses ou vivant comme telles, se tiennent
debout à la gauche de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
. Leur
identification à partir du texte est difficile, indirecte.La
plus proche du trône a une relation privilégiée avec elle : la reine a posé sa main
sur la sienne. Il s’agit de sa fille et homonyme, veuve d’AmalaricAmalaric (502 — 531) Roi des Wisigoths de 511 à 531, sans doute un « portrait » de MargueriteInformations à venir, sœur de François Ier, réputée pour sa vie exemplaire et empreinte de
religiosité. Elle partage la peine de la reine et regarde ses frères.Un peu en retrait, GondoqueInformations à venir la première à être veuve au décès de ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
est peut être le portrait de Philiberte de SavoieInformations à venir, duchesse de
Nemours, épouse depuis le 10 février 1515 de Julien de MédicisInformations à venir, décédé le 17 mars 1516.Derrière en grande partie cachée par les deux précédentes,
SuavegothaInformations à venir veuve de Thierry IerThierry Ier (485 — 534) Roi des Francs de Metz (511-534)
dont
le décès est mentionné dans le texte, renvoie peut-être à Jeanne d’AngoulêmeInformations à venir demi-sœur de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
, veuve
avant 1509. Malgré le partage du royaume, la reine mère, grâce à son autorité morale
et son influence sur son beau-fils et ses fils, exerce encore un réel pouvoir.
Les Mérovingiens (de gauche à droite), fils de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
sont rangés par âge et selon une hiérarchie subtile combinant
d’autres critères.Au premier rang, Thierry IerThierry Ier (485 — 534) Roi des Francs de Metz (511-534)
, roi de
Metz et de Lorraine, est le fils de la première épouse de ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, une princesse franque. La position de son
visage, la couleur de ses cheveux et celles de son costume indiquent qu’il est un
bon
roi. Il est en grande partie caché par son demi-frère,fils aîné de ClotildeClotilde (entre 474 et 475 — 03/06/545) Princesse burgonde (474-493)
Reine des Francs (493-511)
, ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
, roi
d’Orléans est seul au premier plan, en volumineux manteau de soie rose à grand col
de
fourrure. Il souscrit à deux mains à la demande de sa mère. Mais il est de trois
quart dos, visage de profil car lors de l’expédition dans le royaume Burgonde, il
fait tuer SigismondSigismond (475 — 01/05/524) Roi des Burgondes (516-523) et saint chrétien, demi-frère de son
épouse, et ses enfants. Il est brun comme ses deux frères, qui, à son décès éliminent
ses trois héritiers.Childebert IerChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
,
encore en marche est en manteau bleu car roi de Paris mais court, l’auteur en fait
seulement le complice de l’assassinat,dont il rejette la responsabilité sur Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
roi de
Soissons. Déjà marié, ce dernier épouse GondoqueInformations à venir, veuve de son frère ClodomirClodomir (01/01/495 — 21/06/524) Roi des Francs d'Orléans (511-524)
. De profil, il ne regarde pas sa mère, mais vers les
religieuses. Il est le seul prince à porter sa couronne sur un chapeau (il réunifie
le royaume en 558).Son fils Caribert (ou Charibert) IerCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
est à ses côtés, juste derrière Childebert IerChildebert Ier (01/01/497 — entre 13/12/558 et 25/12/558) Roi des Francs de Paris (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
(double silhouetté) il va être roi de Paris, pour l’instant sans couronne, il a un
long manteau long gris bleu.A travers l’encadrement
de la porte, conformément à leur engagement, l’image
montre les quatre frères partant en campagne contre SigismondSigismond (475 — 01/05/524) Roi des Burgondes (516-523) et saint chrétien. Ils sont figurés à l’arrière de leur armée
innombrable, l’un avec une armure or, le second avec une grande targe rouge et or,
le
troisième avec une braconnière azur et or, le dernier avec un grand bouclier rond
rouge et or. Ils se dirigent vers une des places fortes burgondes riches, populeuses,
bien défendues, qu’ils convoitent.