Livre II - Chapitre 3
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33






12v
§Pour mectre fin a ce que lœil pourchace, Sommairement sera cy recite [875]Comment Clotaire, a la mort, fut cite, Par trop auoir prinſ trauail a la chaſse.
§Chapitre. iiie.
Clotaire preſ de Soiſsonſ alla a la chaſse13r CLotaire, ung iour, desirant pꝛendꝛe laer, Se departit de Soiſsonſ pour aller En seſ foꝛestz courre leſ cerfz a foꝛce, [880]Comme souuent cueur desireux ſeffoꝛce Paſser le tempſ durant la ceruoison, Mesmeſ eſ lieux / ou sont gꝛandz cerfz foison. Quant leſ veneurſ eurent / sanſ longue enqueste, Deuant le roy rappoꝛte de leur queste , [885]Cerf destourne maintindꝛent aux rappoꝛtz. Estre somme de vingt et quatre coꝛſ /. Loꝛſ fut sa ioye a plaisir redoublee, Et disposa d aller a laſsemblee /. La, mainte couple y eut de chienſ couranſ /. [890]La, sceurent bien veneurſ trouuer garandz, En repꝛenant erreſ sur leurſ bꝛiseeſ /. La furent foꝛt leſ maniereſ pꝛiseeſ Du gꝛand veneur / qui bien sceut , a pꝛopoſ, Faire lancer le cerf de son repoſ, [895]Car a la voix du lymier / pluſ ne doubte, Et tost luy fait bailler la meutte a routte /. Oꝛ, apꝛeſ foꝛt viander / pꝛend delit Cerf au repoſ, sanſ partir de son lict Que a gꝛand regꝛet / si fault que au lancer vse [900]De son mestier /. et face quelque ruse /. La teste haulte / il ſen va en oyant
Clotaire est a la chaſse preſ de Soiſsonſ.13v Labbay deſ chienſ, son payſ tournoyant, Non paſ sanſ foꝛt leſ lasniereſ escourre, Veneurſ apꝛeſ fuyanſ /. et chienſ de courre /. [905]Cest ung plaisir ouyꝛ leſ belleſ voix Deſ chienſ couranſ retentir en ceſ boiſ /. Cest ung deduyt / quant coꝛſ et trompeſ sonnent Du plaisant son / que foꝛestz en resonnent /. Cest paſsetempſ douyꝛ aux chienſ parler : [910] Va cy Clabault / Va, ve le cy aller ! La, la, ira / Rigault / Bꝛvyant / Fricaude, Marteau / Gꝛongnard / Bꝛifault /. par cy va bande ! La, cher amy, va, ve le cy fuyant /. Du train quon tient / et comme on va huyant , [915]Ie laiſseray le surpluſ a compꝛendꝛe A ceulx qui bien ſcauent tel esbat pꝛendꝛe /. Tant fut le cerf celluy iour pourmene, Si foꝛt couru / chaſſe / et maumene, Que apꝛeſ auoir tourne deuant / derriere, [920]Et pꝛacticque mainte ruze en arriere /. Apꝛeſ auoir paſſe viuierſ / estangz, Et gꝛandz marestz / en ceſ foꝛestz estantz, En trauersant dun tailliſ en la plaine, Deuant leſ chienſ demoura hoꝛſ dalaine. [925]Maiſ ce ne fut sanſ faire ample deuoir, Et aux veneurſ et picqueurſ fait ſcauoir
Clotaire vieil prist a la chaſse la fieure continue.14r Comme au mestier on doibt picquer deſ botteſ. Le roy, ce iour, caſsant ceſ quatre motteſ, Se y eschauffa trop pluſ quil ne debuoit, [930]Car pluſ de cueur beaucoup que foꝛce auoit, Et si estoit peruenu a gꝛand aage Pour ne debuoir courir cerfz /. dauantaige. Caſſe / bꝛiſe / et rompu estoit foꝛt, Par trop de iourſ auoir myſ son effoꝛt [935]A demener le mestier de la guerre. Loꝛſ ceste la / qui charge de longue erre, Et fait loger / a moinſ que dire picq, Poureſ humainſ a la pelle et au picq, Et qui la vie a touſ discontinue, [940]Le fist saisir de fieure continue /. §Cest simplement applicque son desir, Quant tel trauail excede le plaisir /. Cest gꝛand malheur / causant lourdeſ tempesteſ, Quant ung roy court ainsi apꝛeſ leſ besteſ /. [945]Cest gꝛand meschief veoir homme pꝛendꝛe courſ, Par le quel face abꝛeger seſ iourſ courtz /. Cest mal aduiſ perdꝛe le poſseſsoire De sa sante / pour ung tel acceſsoire /. Bꝛief / cest pour royſ esbat trop perilleux, [950]Car non sanſ pluſ mectent en peril / eulx, Maiſ auſsi touſ estatz de leur royaume.
Clotaire est au lict de la mort.14v Cest bien raison / se la chaſse ung roy ame, Que son plaisir y ait /. Maiſ nentre paſ En train de courre / aultre que l entrepaſ . [955]Car en courant toute sa foꝛce enerfue /. Cecy ne diſ pour enseigner Minerue, Maiſ cest affin quon pense, a laduenir, Au gꝛand dangier / qui en peult suruenir. §Clotaire estant sur le lict moꝛtuaire, [960]Ne se trouuoit cyꝛop / electuaire, Dꝛogue / couliſ / espꝛaincte / ou restaurant, Qui contre moꝛt luy sceust poꝛter garant / Car laspꝛe fieure aigue et rigoureuse Le molesta daigꝛeur si langoureuse [965]Que, dardeur , entre en tremblante douleur, Et de froidure / en ardante challeur /. Ainsi afflict / gisant a la renuerse, Tant afflige de paſſion diuerse, Triste / pensif / dolent / piteux / et laſ, [970]Fit seſ regꝛetz / disant ceſ motz /. Helaſ ! Combien est gꝛande et puiſsante la foꝛce Du roy celeste. Actendu quil parfoꝛce Leſ royſ de terre / au tribut naturel, Et fait laiſser leur regne tempoꝛel /. [975] O ! qvest il gꝛand / ce roy qui humilie Leſ pluſ puiſsanſ / et ce que ennemy lie,
La mort du roy Clotaire inhume a Soiſsonſ.15r Il le deslie /. et a lame et au coꝛpſ Donne sante, tant est misericoꝛdz /. Tant est il bon / quil ne pꝛend point vengence [980] Dhomme pecheur, faisant sa diligence Tourner verſ luy / et pardon demander Auecq pꝛopoſ ferme de se amander /. Tant est piteux / si doulx / et si traictable, Que au monde nest peche si detestable [985] Ne si gꝛand caſ / que lhomme ou femme ait fait, Quil ne pardonne aiseement leur mesfait /. §Loꝛſ, deuant touſ, dist, en ferme constance , De son peche la gꝛiefue circonstance. Et tant contrict en cueur que faire sceut, [990]Seſ sacrementz deuotement receut. Ainsi rendit / par moꝛt qui tout atterre / Lame ou dieu pleut /. et le coꝛpſ a la terre /. Ayant deſ anſ cinquante et ung regne, Et son royaulme amplement gouuerne /. [995]Pour le debuoir dobsecqueſ funerailleſ, On myt / au lieu / ou mourut seſ entrailleſ, Puyſ fut le coꝛpſ / apꝛeſ estre embasme, A Sainct Medard de Soiſsonſ inhume, Ou pꝛeparer le triumphe enuoyerent [1000]Seſ quatre filz /. et la le conuoyerent /.
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§Pour mectre fin à ce que l'œil pourchace, Sommairement sera cy recité + 3 [BnFfr4965] [875]Comment ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, à la mort, fut cité, Par trop avoir prins travail à la chasse.
§Chapitre iiie+om. [BnFfr4965, BnFfr23146]
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
prés de Soissons alla à la chasse ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, ung jour, desirant prendre l'aer, Se departit de Soissons pour aller En ses forestz courre+contre [BnFfr4965] les cerfz à force, [880]Comme souvent cueur desireux s'efforce Passer le temps durant la cervoison1, Mesmes es lieux où sont grandz cerfz foison. Quant les veneurs eurent, sans longue enqueste, Devant le roy rapporté de leur queste, [885]Cerf destourné maintindrent aux rapportz Estre sommé de vingt et+om. [Aix419] quatre cors. Lors fut sa joye à plaisir redoublee, Et disposa d+om. [BnFfr4965]'aller à l'assemblee. Là, mainte couple y eut de chiens courans ; [890]Là, sceurent bien veneurs trouver+trouvé [BnFfr23146] garandz, En reprenant erres+arres [BnFfr23146] sur leurs brisees2+leur braser [BnFfr23146] ; Là furent fort les manieres prisees Du grand veneur, qui bien sceut+
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est à la chasse prés de Soissons L'abbay des chiens, son paÿs tournoyant, Non pas sans fort les+ses [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515] lasnieres+lasniere [BnFfr23146] escourre, Veneurs aprés fuyans, et chiens de courre. [905]C'est ung plaisir ouyr+
d'ouyr [Aix419, BnFfr17274, Cha515] ;
d'ouir [BnFfr23146]
les belles voix
Des chiens courans retentir en ces bois.
C'est ung deduyt+plaisir [BnFfr23146] quant cors et trompes sonnent
Du plaisant son
que forestz en resonnent.
C'est passe temps d'ouyr aux chiens parler :
[910]
« Va cy
ClabaultClabault Chien ! Va, ve+vez [Cha515]
le cy+lecy [BnFfr4965] aller !
Là, là, ira
RigaultRigault Chien,
BruyantBruyant Chien,
FricaudeFricaude Chien,
MarteauMarteau Chien,
GrongnardGrongnard Chien,
Brifault+Brechault [BnFfr4964, BnFfr4965, Aix419]Brehault [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]Brifault Chien !
Par cy va bande+baulde [Cha515] !
Là, cher amy, va, ve+vez [BnFfr23146, Cha515]
le cy+lecy [BnFfr4965] fuyant4 ! »
Du+Au [BnFfr4964, Cha515]Ou [BnFfr4965] train qu'on tient, et comme on va
huyant,
[915]Je laisseray le surplus à comprendre
À ceulx qui bien sçavent tel esbat+
l'esbat y [BnFfr17274] ;
l'esbat i [BnFfr23146]
prendre5.
Tant fut+fut [Aix419] le cerf celluy jour pourmené,
Si fort couru chassé et maumené,
Que aprés avoir tourné devant, derriere,
[920]Et practicqué mainte ruze+maintes ruses [BnFfr23146] en arriere,
Aprés avoir passé viviers, estangz,
Et grandz marestz, en ces+ses [Aix419] forestz estantz,
En traversant+traver [BnFfr23146] d'un taillis en la plaine,
Devant les chiens demoura hors d'alaine.
[925]Mais ce ne fut sans faire ample devoir,
Et aux veneurs et picqueurs fait sçavoir
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
vieil prist à la chasse la fievre continue Comme au mestier on doibt picquer des bottes. Le roy, ce+se [BnFfr23146] jour, cassant ces+ses [BnFfr23146] quatre mottes, Se y+Si [Cha515] eschauffa trop plus qu'il ne debvoit, [930]Car plus de cueur beaucoup que force avoit, Et si estoit+estoy [BnFfr23146] pervenu à grand aage Pour ne debvoir courir+courre [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515] cerfz davantaige. Cassé, brisé et rompu estoit fort, Par+Car [BnFfr4965] trop de jours avoir+avoit [BnFfr17274, BnFfr23146] mys son effort [935]À demener le mestier de la guerre. Lors ceste là qui charge de+sans charger [BnFfr4965] longue erre, Et+Tous [BnFfr4965] fait loger, à moins que dire « picq », Povres humains à la pelle et au picq, Et qui la vie à tous+tant [BnFfr4965] discontinue, [940]Le fist saisir de fievre continue. §C'est simplement +donc [BnFfr23146]applicqué+applicque
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est au lict de la mort C'est bien raison, se la chasse ung roy ame,+ung roy les chaces ame [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]ung roy les chasses ames [BnFfr4964] Que son plaisir y ait, mais n'entre pas En train de courre aultre que l' entrepas+outrepas [BnFfr4965]autrepas [BnFfr23146]. [955]Car en courant toute sa force enerfve. Cecy ne dis pour enseigner+enseigne [BnFfr23146] MinerveMinerve Déesse romaine de la sagesse, Mais c'est affin qu'on pense, à l'advenir, Au grand dangier qui en peult survenir6. § ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
estant sur le lict mortuaire, [960]Ne se trouvoit cyrop, electuaire, Drogue, coulis, espraincte ou restaurant, Qui contre mort luy sceust porter garant. Car l'aspre fievre aigüe+aigre [BnFfr23146] et rigoureuse Le molesta d'aigreur si langoureuse +om. [BnFfr23146] 7 [965]Que, d'ardeur, entre en tremblante douleur, Et de froidure, en ardante challeur. Ainsi afflict+a faict [BnFfr23146], gisant à la renverse, Tant affligé de passïon diverse, Triste, pensif, dolent, piteux et las, [970]Fit ses+ces [Aix419, Cha515] regretz, disant ces motz : « Helas ! Combien est grande et puissante la force Du roy celesteDieu Concept de Dieu dans le christianisme ! Actendu qu'il parforce+qu'il parforce [BnFfr17274]qui par
La mort du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
inhumé à Soissons Il le deslie, et à l'ame et au corps Donne santé, tant est misericordz. Tant est il bon, qu'il ne prend point vengence [980] D'homme pecheur, faisant sa diligence Tourner vers luy, et pardon demander Avecq propos ferme de se amander. Tant est piteux, si doulx et si traictable, Que au monde n'est peché si detestable [985] Ne si grand cas que l'homme ou femme ait+ay [Aix419] fait, Qu'il+Qui [BnFfr17274] ne pardonne aiseement leur mesfait. » §Lors, devant tous, dist, en+à [BnFfr23146] ferme constance, De son peché la griefve circonstance. Et tant contrict en cueur que faire sceut, [990]Ses sacrementz devotement receut. Ainsi rendit, par mort qui tout atterre+à terre [Aix419], L'ame où DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme pleut+plaist [Aix419], et le corps à la terre, Ayant des ans cinquante et+om. [BnFfr4965, Aix419] ung regné, Et+En [BnFfr17274, BnFfr23146] son royaulme amplement gouverné. [995]Pour le debvoir d'obsecques funerailles, On myt au lieu où mourut ses entrailles, Puys fut le corps, aprés estre+om. [Aix419] embasmé, À Sainct Medard de Soissons inhumé, Où preparer le triumphe envoyerent [1000]Ses quatre filz et là le convoyerent.
Note n°1
Saison de
la chasse au cerf.
Note n°2
Branche brisée que le
chasseur laisse pendante ou met à terre pour indiquer la
voie de la bête.
Note n°3
Le sujet de ce verbe et le suivant est le
grand veneur.
Note n°4
Ce passage est la réécriture d'un
poème que Cretin avait déjà consacré à la chasse : le
Debat entre deux dames sur le passetemps des chiens
et oyseaux (Œuvres poétiques, éd. K.
Chesney, Genève, Slatkine Reprints, 1977 [Paris, Droz, 1932], p.
94-143). En voici quelques vers : « La noise alors commence
de plus belle, / Veneurs s'en vont apres les chiens huant :
/ « Merlant, Rigault, Marteau, appelle, appelle ! » / C'est
ung deduict d'oyr telle chappelle, / « La, compaing, la, va,
veez le cy fuyant ! » » (v. 631-635). A noter que le
Débat entre deux dames de Cretin est lui-même
la réécriture d'une partie du Livre des deduis du Roy
Modus, traité de chasse composé dans la deuxième
moitié du XIVe siècle, parfois
attribué à Henri de Ferrières, et qui a pu nourrir l'intégralité
de ce chapitre, notamment pour la précision de son vocabulaire
cynégétique. Sur cette intertextualité, voir : M. Randall, « On
the Empire of the Senses in Cretin's Débat entre deux
dames », dans Esprit généreux, esprit
pantagruélicque. Essays by his Students in Honor of François
Rigolot, éd. R. Leushuis et Z. Zalloua, Genève,
Droz, 2008, p. 75-92 et E. Delvallée, « Débat et dialogue en
vers chez Guillaume Cretin », dans « La Forme versifiée du
dialogue dans les genres narratifs », dossier dirigé par Corinne
Denoyelle et Pascale Mounier, Elseneur, vol. 37,
2022, p. 79-96 [parution sur Open Edition : https://doi.org/10.4000/elseneur.290].
Note n°5
La prétérition, ici, ne se réduit pas
qu'à une figure de style : Cretin manifeste une certaine connivence
avec le roi, son lecteur, par ailleurs féru de chasse à courre et
amateur de traités de vénerie. Guillaume Budé en rédigera un à son
attention, sous la forme d'un dialogue entre lui-même et le roi :
De Venatione, Paris, Michel Vascosan, 1536
Note n°6
Le propos semble directement adressé à François Ier et le met en garde, de façon
insistante, contre une pratique excessive de son loisir. Peut-être
ce passage a-t-il été écrit à la suite d'un événement particulier :
on sait par le journal de Louise de Savoie, sa mère, que François
Ier a été blessé par une branche
d'arbre, alors qu'il chassait, le 23 septembre 1519 (Journal
de Louise de Savoie duchesse d'Angoulesme, d'Anjou et de Valois,
mère du grand roi François Ier (1459-1522), éd. Pascal Dumaih,
Clermont-Ferrand, Paléo, 2006 [1838]). Quarante ans plus tard, le
roi Henri II est mortellement blessé lors d'un
tournoi...
Note n°7
En marge du manuscrit BnF, fr. 23146 : "nota".
Non num.
BnFfr4965
3
Non num.
BnFfr4965, BnFfr23146 om.
BnFfr4965 contre
Aix419 om.
BnFfr4965 om.
BnFfr23146 trouvé
BnFfr23146 arres
BnFfr23146 leur braser
BnFfr23146 bi sceut
bien seut sceut sceut
BnFfr17274 et
BnFfr17274 en hault
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ses
BnFfr23146 lasniere
Aix419, BnFfr17274, Cha515 d'ouyr ;
BnFfr23146 d'ouir
BnFfr23146 plaisir
Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
Cha515 baulde
BnFfr23146, Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
BnFfr17274 l'esbat y ;
BnFfr23146 l'esbat i
Aix419 fut
BnFfr23146 maintes ruses
Aix419 ses
BnFfr23146 traver
BnFfr23146 se
BnFfr23146 ses
Cha515 Si
BnFfr23146 estoy
BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 courre
BnFfr4965 Car
BnFfr17274, BnFfr23146 avoit
BnFfr4965 sans charger
BnFfr4965 Tous
BnFfr4965 tant
BnFfr23146 donc
BnFfr23146 om.
BnFfr4965 aprés
BnFfr23146 sens
BnFfr23146 son
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ung roy les
chaces ame
BnFfr4964 ung roy les chasses ames
BnFfr23146 enseigne
BnFfr23146 aigre
BnFfr23146 om.
BnFfr23146 a faict
Aix419, Cha515 ces
Aix419 le
Aix419 ay
BnFfr17274 Qui
BnFfr23146 à
Aix419 à terre
Aix419 plaist
BnFfr4965, Aix419 om.
BnFfr17274, BnFfr23146 En
Aix419 om.






12v
§Pour mectre fin a ce que lœil pourchace, Sommairement sera cy recite [875]Comment Clotaire, a la mort, fut cite, Par trop auoir prinſ trauail a la chaſse.
§Chapitre. iiie.
Clotaire preſ de Soiſsonſ alla a la chaſse13r CLotaire, ung iour, desirant pꝛendꝛe laer, Se departit de Soiſsonſ pour aller En seſ foꝛestz courre leſ cerfz a foꝛce, [880]Comme souuent cueur desireux ſeffoꝛce Paſser le tempſ durant la ceruoison, Mesmeſ eſ lieux / ou sont gꝛandz cerfz foison. Quant leſ veneurſ eurent / sanſ longue enqueste, Deuant le roy rappoꝛte de leur queste , [885]Cerf destourne maintindꝛent aux rappoꝛtz. Estre somme de vingt et quatre coꝛſ /. Loꝛſ fut sa ioye a plaisir redoublee, Et disposa d aller a laſsemblee /. La, mainte couple y eut de chienſ couranſ /. [890]La, sceurent bien veneurſ trouuer garandz, En repꝛenant erreſ sur leurſ bꝛiseeſ /. La furent foꝛt leſ maniereſ pꝛiseeſ Du gꝛand veneur / qui bien sceut , a pꝛopoſ, Faire lancer le cerf de son repoſ, [895]Car a la voix du lymier / pluſ ne doubte, Et tost luy fait bailler la meutte a routte /. Oꝛ, apꝛeſ foꝛt viander / pꝛend delit Cerf au repoſ, sanſ partir de son lict Que a gꝛand regꝛet / si fault que au lancer vse [900]De son mestier /. et face quelque ruse /. La teste haulte / il ſen va en oyant
Clotaire est a la chaſse preſ de Soiſsonſ.13v Labbay deſ chienſ, son payſ tournoyant, Non paſ sanſ foꝛt leſ lasniereſ escourre, Veneurſ apꝛeſ fuyanſ /. et chienſ de courre /. [905]Cest ung plaisir ouyꝛ leſ belleſ voix Deſ chienſ couranſ retentir en ceſ boiſ /. Cest ung deduyt / quant coꝛſ et trompeſ sonnent Du plaisant son / que foꝛestz en resonnent /. Cest paſsetempſ douyꝛ aux chienſ parler : [910] Va cy Clabault / Va, ve le cy aller ! La, la, ira / Rigault / Bꝛvyant / Fricaude, Marteau / Gꝛongnard / Bꝛifault /. par cy va bande ! La, cher amy, va, ve le cy fuyant /. Du train quon tient / et comme on va huyant , [915]Ie laiſseray le surpluſ a compꝛendꝛe A ceulx qui bien ſcauent tel esbat pꝛendꝛe /. Tant fut le cerf celluy iour pourmene, Si foꝛt couru / chaſſe / et maumene, Que apꝛeſ auoir tourne deuant / derriere, [920]Et pꝛacticque mainte ruze en arriere /. Apꝛeſ auoir paſſe viuierſ / estangz, Et gꝛandz marestz / en ceſ foꝛestz estantz, En trauersant dun tailliſ en la plaine, Deuant leſ chienſ demoura hoꝛſ dalaine. [925]Maiſ ce ne fut sanſ faire ample deuoir, Et aux veneurſ et picqueurſ fait ſcauoir
Clotaire vieil prist a la chaſse la fieure continue.14r Comme au mestier on doibt picquer deſ botteſ. Le roy, ce iour, caſsant ceſ quatre motteſ, Se y eschauffa trop pluſ quil ne debuoit, [930]Car pluſ de cueur beaucoup que foꝛce auoit, Et si estoit peruenu a gꝛand aage Pour ne debuoir courir cerfz /. dauantaige. Caſſe / bꝛiſe / et rompu estoit foꝛt, Par trop de iourſ auoir myſ son effoꝛt [935]A demener le mestier de la guerre. Loꝛſ ceste la / qui charge de longue erre, Et fait loger / a moinſ que dire picq, Poureſ humainſ a la pelle et au picq, Et qui la vie a touſ discontinue, [940]Le fist saisir de fieure continue /. §Cest simplement applicque son desir, Quant tel trauail excede le plaisir /. Cest gꝛand malheur / causant lourdeſ tempesteſ, Quant ung roy court ainsi apꝛeſ leſ besteſ /. [945]Cest gꝛand meschief veoir homme pꝛendꝛe courſ, Par le quel face abꝛeger seſ iourſ courtz /. Cest mal aduiſ perdꝛe le poſseſsoire De sa sante / pour ung tel acceſsoire /. Bꝛief / cest pour royſ esbat trop perilleux, [950]Car non sanſ pluſ mectent en peril / eulx, Maiſ auſsi touſ estatz de leur royaume.
Clotaire est au lict de la mort.14v Cest bien raison / se la chaſse ung roy ame, Que son plaisir y ait /. Maiſ nentre paſ En train de courre / aultre que l entrepaſ . [955]Car en courant toute sa foꝛce enerfue /. Cecy ne diſ pour enseigner Minerue, Maiſ cest affin quon pense, a laduenir, Au gꝛand dangier / qui en peult suruenir. §Clotaire estant sur le lict moꝛtuaire, [960]Ne se trouuoit cyꝛop / electuaire, Dꝛogue / couliſ / espꝛaincte / ou restaurant, Qui contre moꝛt luy sceust poꝛter garant / Car laspꝛe fieure aigue et rigoureuse Le molesta daigꝛeur si langoureuse [965]Que, dardeur , entre en tremblante douleur, Et de froidure / en ardante challeur /. Ainsi afflict / gisant a la renuerse, Tant afflige de paſſion diuerse, Triste / pensif / dolent / piteux / et laſ, [970]Fit seſ regꝛetz / disant ceſ motz /. Helaſ ! Combien est gꝛande et puiſsante la foꝛce Du roy celeste. Actendu quil parfoꝛce Leſ royſ de terre / au tribut naturel, Et fait laiſser leur regne tempoꝛel /. [975] O ! qvest il gꝛand / ce roy qui humilie Leſ pluſ puiſsanſ / et ce que ennemy lie,
La mort du roy Clotaire inhume a Soiſsonſ.15r Il le deslie /. et a lame et au coꝛpſ Donne sante, tant est misericoꝛdz /. Tant est il bon / quil ne pꝛend point vengence [980] Dhomme pecheur, faisant sa diligence Tourner verſ luy / et pardon demander Auecq pꝛopoſ ferme de se amander /. Tant est piteux / si doulx / et si traictable, Que au monde nest peche si detestable [985] Ne si gꝛand caſ / que lhomme ou femme ait fait, Quil ne pardonne aiseement leur mesfait /. §Loꝛſ, deuant touſ, dist, en ferme constance , De son peche la gꝛiefue circonstance. Et tant contrict en cueur que faire sceut, [990]Seſ sacrementz deuotement receut. Ainsi rendit / par moꝛt qui tout atterre / Lame ou dieu pleut /. et le coꝛpſ a la terre /. Ayant deſ anſ cinquante et ung regne, Et son royaulme amplement gouuerne /. [995]Pour le debuoir dobsecqueſ funerailleſ, On myt / au lieu / ou mourut seſ entrailleſ, Puyſ fut le coꝛpſ / apꝛeſ estre embasme, A Sainct Medard de Soiſsonſ inhume, Ou pꝛeparer le triumphe enuoyerent [1000]Seſ quatre filz /. et la le conuoyerent /.
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§Pour mectre fin à ce que l'œil pourchace, Sommairement sera cy recité + 3 [BnFfr4965] [875]Comment ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, à la mort, fut cité, Par trop avoir prins travail à la chasse.
§Chapitre iiie+om. [BnFfr4965, BnFfr23146]
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
prés de Soissons alla à la chasse ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, ung jour, desirant prendre l'aer, Se departit de Soissons pour aller En ses forestz courre+contre [BnFfr4965] les cerfz à force, [880]Comme souvent cueur desireux s'efforce Passer le temps durant la cervoison1, Mesmes es lieux où sont grandz cerfz foison. Quant les veneurs eurent, sans longue enqueste, Devant le roy rapporté de leur queste, [885]Cerf destourné maintindrent aux rapportz Estre sommé de vingt et+om. [Aix419] quatre cors. Lors fut sa joye à plaisir redoublee, Et disposa d+om. [BnFfr4965]'aller à l'assemblee. Là, mainte couple y eut de chiens courans ; [890]Là, sceurent bien veneurs trouver+trouvé [BnFfr23146] garandz, En reprenant erres+arres [BnFfr23146] sur leurs brisees2+leur braser [BnFfr23146] ; Là furent fort les manieres prisees Du grand veneur, qui bien sceut+
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est à la chasse prés de Soissons L'abbay des chiens, son paÿs tournoyant, Non pas sans fort les+ses [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515] lasnieres+lasniere [BnFfr23146] escourre, Veneurs aprés fuyans, et chiens de courre. [905]C'est ung plaisir ouyr+
d'ouyr [Aix419, BnFfr17274, Cha515] ;
d'ouir [BnFfr23146]
les belles voix
Des chiens courans retentir en ces bois.
C'est ung deduyt+plaisir [BnFfr23146] quant cors et trompes sonnent
Du plaisant son
que forestz en resonnent.
C'est passe temps d'ouyr aux chiens parler :
[910]
« Va cy
ClabaultClabault Chien ! Va, ve+vez [Cha515]
le cy+lecy [BnFfr4965] aller !
Là, là, ira
RigaultRigault Chien,
BruyantBruyant Chien,
FricaudeFricaude Chien,
MarteauMarteau Chien,
GrongnardGrongnard Chien,
Brifault+Brechault [BnFfr4964, BnFfr4965, Aix419]Brehault [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]Brifault Chien !
Par cy va bande+baulde [Cha515] !
Là, cher amy, va, ve+vez [BnFfr23146, Cha515]
le cy+lecy [BnFfr4965] fuyant4 ! »
Du+Au [BnFfr4964, Cha515]Ou [BnFfr4965] train qu'on tient, et comme on va
huyant,
[915]Je laisseray le surplus à comprendre
À ceulx qui bien sçavent tel esbat+
l'esbat y [BnFfr17274] ;
l'esbat i [BnFfr23146]
prendre5.
Tant fut+fut [Aix419] le cerf celluy jour pourmené,
Si fort couru chassé et maumené,
Que aprés avoir tourné devant, derriere,
[920]Et practicqué mainte ruze+maintes ruses [BnFfr23146] en arriere,
Aprés avoir passé viviers, estangz,
Et grandz marestz, en ces+ses [Aix419] forestz estantz,
En traversant+traver [BnFfr23146] d'un taillis en la plaine,
Devant les chiens demoura hors d'alaine.
[925]Mais ce ne fut sans faire ample devoir,
Et aux veneurs et picqueurs fait sçavoir
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
vieil prist à la chasse la fievre continue Comme au mestier on doibt picquer des bottes. Le roy, ce+se [BnFfr23146] jour, cassant ces+ses [BnFfr23146] quatre mottes, Se y+Si [Cha515] eschauffa trop plus qu'il ne debvoit, [930]Car plus de cueur beaucoup que force avoit, Et si estoit+estoy [BnFfr23146] pervenu à grand aage Pour ne debvoir courir+courre [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515] cerfz davantaige. Cassé, brisé et rompu estoit fort, Par+Car [BnFfr4965] trop de jours avoir+avoit [BnFfr17274, BnFfr23146] mys son effort [935]À demener le mestier de la guerre. Lors ceste là qui charge de+sans charger [BnFfr4965] longue erre, Et+Tous [BnFfr4965] fait loger, à moins que dire « picq », Povres humains à la pelle et au picq, Et qui la vie à tous+tant [BnFfr4965] discontinue, [940]Le fist saisir de fievre continue. §C'est simplement +donc [BnFfr23146]applicqué+applicque
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est au lict de la mort C'est bien raison, se la chasse ung roy ame,+ung roy les chaces ame [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]ung roy les chasses ames [BnFfr4964] Que son plaisir y ait, mais n'entre pas En train de courre aultre que l' entrepas+outrepas [BnFfr4965]autrepas [BnFfr23146]. [955]Car en courant toute sa force enerfve. Cecy ne dis pour enseigner+enseigne [BnFfr23146] MinerveMinerve Déesse romaine de la sagesse, Mais c'est affin qu'on pense, à l'advenir, Au grand dangier qui en peult survenir6. § ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
estant sur le lict mortuaire, [960]Ne se trouvoit cyrop, electuaire, Drogue, coulis, espraincte ou restaurant, Qui contre mort luy sceust porter garant. Car l'aspre fievre aigüe+aigre [BnFfr23146] et rigoureuse Le molesta d'aigreur si langoureuse +om. [BnFfr23146] 7 [965]Que, d'ardeur, entre en tremblante douleur, Et de froidure, en ardante challeur. Ainsi afflict+a faict [BnFfr23146], gisant à la renverse, Tant affligé de passïon diverse, Triste, pensif, dolent, piteux et las, [970]Fit ses+ces [Aix419, Cha515] regretz, disant ces motz : « Helas ! Combien est grande et puissante la force Du roy celesteDieu Concept de Dieu dans le christianisme ! Actendu qu'il parforce+qu'il parforce [BnFfr17274]qui par
La mort du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
inhumé à Soissons Il le deslie, et à l'ame et au corps Donne santé, tant est misericordz. Tant est il bon, qu'il ne prend point vengence [980] D'homme pecheur, faisant sa diligence Tourner vers luy, et pardon demander Avecq propos ferme de se amander. Tant est piteux, si doulx et si traictable, Que au monde n'est peché si detestable [985] Ne si grand cas que l'homme ou femme ait+ay [Aix419] fait, Qu'il+Qui [BnFfr17274] ne pardonne aiseement leur mesfait. » §Lors, devant tous, dist, en+à [BnFfr23146] ferme constance, De son peché la griefve circonstance. Et tant contrict en cueur que faire sceut, [990]Ses sacrementz devotement receut. Ainsi rendit, par mort qui tout atterre+à terre [Aix419], L'ame où DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme pleut+plaist [Aix419], et le corps à la terre, Ayant des ans cinquante et+om. [BnFfr4965, Aix419] ung regné, Et+En [BnFfr17274, BnFfr23146] son royaulme amplement gouverné. [995]Pour le debvoir d'obsecques funerailles, On myt au lieu où mourut ses entrailles, Puys fut le corps, aprés estre+om. [Aix419] embasmé, À Sainct Medard de Soissons inhumé, Où preparer le triumphe envoyerent [1000]Ses quatre filz et là le convoyerent.
Note n°1
Saison de
la chasse au cerf.
Note n°2
Branche brisée que le
chasseur laisse pendante ou met à terre pour indiquer la
voie de la bête.
Note n°3
Le sujet de ce verbe et le suivant est le
grand veneur.
Note n°4
Ce passage est la réécriture d'un
poème que Cretin avait déjà consacré à la chasse : le
Debat entre deux dames sur le passetemps des chiens
et oyseaux (Œuvres poétiques, éd. K.
Chesney, Genève, Slatkine Reprints, 1977 [Paris, Droz, 1932], p.
94-143). En voici quelques vers : « La noise alors commence
de plus belle, / Veneurs s'en vont apres les chiens huant :
/ « Merlant, Rigault, Marteau, appelle, appelle ! » / C'est
ung deduict d'oyr telle chappelle, / « La, compaing, la, va,
veez le cy fuyant ! » » (v. 631-635). A noter que le
Débat entre deux dames de Cretin est lui-même
la réécriture d'une partie du Livre des deduis du Roy
Modus, traité de chasse composé dans la deuxième
moitié du XIVe siècle, parfois
attribué à Henri de Ferrières, et qui a pu nourrir l'intégralité
de ce chapitre, notamment pour la précision de son vocabulaire
cynégétique. Sur cette intertextualité, voir : M. Randall, « On
the Empire of the Senses in Cretin's Débat entre deux
dames », dans Esprit généreux, esprit
pantagruélicque. Essays by his Students in Honor of François
Rigolot, éd. R. Leushuis et Z. Zalloua, Genève,
Droz, 2008, p. 75-92 et E. Delvallée, « Débat et dialogue en
vers chez Guillaume Cretin », dans « La Forme versifiée du
dialogue dans les genres narratifs », dossier dirigé par Corinne
Denoyelle et Pascale Mounier, Elseneur, vol. 37,
2022, p. 79-96 [parution sur Open Edition : https://doi.org/10.4000/elseneur.290].
Note n°5
La prétérition, ici, ne se réduit pas
qu'à une figure de style : Cretin manifeste une certaine connivence
avec le roi, son lecteur, par ailleurs féru de chasse à courre et
amateur de traités de vénerie. Guillaume Budé en rédigera un à son
attention, sous la forme d'un dialogue entre lui-même et le roi :
De Venatione, Paris, Michel Vascosan, 1536
Note n°6
Le propos semble directement adressé à François Ier et le met en garde, de façon
insistante, contre une pratique excessive de son loisir. Peut-être
ce passage a-t-il été écrit à la suite d'un événement particulier :
on sait par le journal de Louise de Savoie, sa mère, que François
Ier a été blessé par une branche
d'arbre, alors qu'il chassait, le 23 septembre 1519 (Journal
de Louise de Savoie duchesse d'Angoulesme, d'Anjou et de Valois,
mère du grand roi François Ier (1459-1522), éd. Pascal Dumaih,
Clermont-Ferrand, Paléo, 2006 [1838]). Quarante ans plus tard, le
roi Henri II est mortellement blessé lors d'un
tournoi...
Note n°7
En marge du manuscrit BnF, fr. 23146 : "nota".
Non num.
BnFfr4965
3
Non num.
BnFfr4965, BnFfr23146 om.
BnFfr4965 contre
Aix419 om.
BnFfr4965 om.
BnFfr23146 trouvé
BnFfr23146 arres
BnFfr23146 leur braser
BnFfr23146 bi sceut
bien seut sceut sceut
BnFfr17274 et
BnFfr17274 en hault
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ses
BnFfr23146 lasniere
Aix419, BnFfr17274, Cha515 d'ouyr ;
BnFfr23146 d'ouir
BnFfr23146 plaisir
Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
Cha515 baulde
BnFfr23146, Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
BnFfr17274 l'esbat y ;
BnFfr23146 l'esbat i
Aix419 fut
BnFfr23146 maintes ruses
Aix419 ses
BnFfr23146 traver
BnFfr23146 se
BnFfr23146 ses
Cha515 Si
BnFfr23146 estoy
BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 courre
BnFfr4965 Car
BnFfr17274, BnFfr23146 avoit
BnFfr4965 sans charger
BnFfr4965 Tous
BnFfr4965 tant
BnFfr23146 donc
BnFfr23146 om.
BnFfr4965 aprés
BnFfr23146 sens
BnFfr23146 son
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ung roy les
chaces ame
BnFfr4964 ung roy les chasses ames
BnFfr23146 enseigne
BnFfr23146 aigre
BnFfr23146 om.
BnFfr23146 a faict
Aix419, Cha515 ces
Aix419 le
Aix419 ay
BnFfr17274 Qui
BnFfr23146 à
Aix419 à terre
Aix419 plaist
BnFfr4965, Aix419 om.
BnFfr17274, BnFfr23146 En
Aix419 om.
Non num.
BnFfr4965
3
Non num.
BnFfr4965, BnFfr23146 om.
BnFfr4965 contre
Aix419 om.
BnFfr4965 om.
BnFfr23146 trouvé
BnFfr23146 arres
BnFfr23146 leur braser
BnFfr23146 bi sceut
bien seut sceut sceut
BnFfr17274 et
BnFfr17274 en hault
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ses
BnFfr23146 lasniere
Aix419, BnFfr17274, Cha515 d'ouyr ;
BnFfr23146 d'ouir
BnFfr23146 plaisir
Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
Cha515 baulde
BnFfr23146, Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
BnFfr17274 l'esbat y ;
BnFfr23146 l'esbat i
Aix419 fut
BnFfr23146 maintes ruses
Aix419 ses
BnFfr23146 traver
BnFfr23146 se
BnFfr23146 ses
Cha515 Si
BnFfr23146 estoy
BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 courre
BnFfr4965 Car
BnFfr17274, BnFfr23146 avoit
BnFfr4965 sans charger
BnFfr4965 Tous
BnFfr4965 tant
BnFfr23146 donc
BnFfr23146 om.
BnFfr4965 aprés
BnFfr23146 sens
BnFfr23146 son
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ung roy les
chaces ame
BnFfr4964 ung roy les chasses ames
BnFfr23146 enseigne
BnFfr23146 aigre
BnFfr23146 om.
BnFfr23146 a faict
Aix419, Cha515 ces
Aix419 le
Aix419 ay
BnFfr17274 Qui
BnFfr23146 à
Aix419 à terre
Aix419 plaist
BnFfr4965, Aix419 om.
BnFfr17274, BnFfr23146 En
Aix419 om.