Livre II - Chapitre 3
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33
12v
§Pour mectre fin a ce que lœil pourchace, Sommairement ſera cy recite [875]Comment Clotaire, a la mort, fut cite, Par trop auoir prins trauail a la chaſſe.
§Chapitre. iiie.
13r
Clotaire pres de Soiſſons alla a la chaſſe CLotaire, ung iour, deſirant pꝛendꝛe laer, Se departit de Soiſſons pour aller En ſes foꝛeſtz courre les cerfz a foꝛce, [880]Comme ſouuent cueur deſireux ſeffoꝛce Paſſer le temps durant la ceruoiſon, Meſmes es lieux / ou ſont gꝛandz cerfz foiſon. Quant les veneurs eurent / ſans longue enqueſte, Deuant le roy rappoꝛte de leur queſte , [885]Cerf deſtourne maintindꝛent aux rappoꝛtz. Eſtre ſomme de vingt et quatre coꝛs /. Loꝛs fut ſa ioye a plaiſir redoublee, Et diſpoſa d aller a laſſemblee /. La, mainte couple y eut de chiens courans /. [890]La, ſceurent bien veneurs trouuer garandz, En repꝛenant erres ſur leurs bꝛiſees /. La furent foꝛt les manieres pꝛiſees Du gꝛand veneur / qui bien ſceut , a pꝛopos, Faire lancer le cerf de ſon repos, [895]Car a la voix du lymier / plus ne doubte, Et toſt luy fait bailler la meutte a routte /. Oꝛ, apꝛes foꝛt viander / pꝛend delit Cerf au repos, ſans partir de ſon lict Que a gꝛand regꝛet /si fault que au lancer vſe [900]De ſon meſtier /. et face quelque ruſe /. La teſte haulte / il ſen va en oyant13v
Clotaire eſt a la chaſſe pres de Soiſſons. Labbay des chiens, ſon pays tournoyant, Non pas ſans foꝛt les laſnieres eſcourre, Veneurs apꝛes fuyans /. et chiens de courre /. [905]Ceſt ung plaiſir ouyꝛ les belles voix Des chiens courans retentir en ces bois /. Ceſt ung deduyt / quant coꝛs et trompes ſonnent Du plaiſant ſon / que foꝛeſtz en reſonnent /. Ceſt paſſetemps douyꝛ aux chiens parler : [910]Va cy Clabault / Va, ve le cy aller ! La, la, ira / Rigault / Bꝛuyant / Fricaude, Marteau / Gꝛongnard / Bꝛifault /. par cy va bande ! La, cher amy, va, ve le cy fuyant /. Du train quon tient / et comme on va huyant , [915]Ie laiſſeray le ſurplus a compꝛendꝛe A ceulx qui bien ſcauent tel eſbat pꝛendꝛe /. Tant fut le cerf celluy iour pourmene, Si foꝛt couru / chaſſe / et maumene, Que apꝛes auoir tourne deuant / derriere, [920]Et pꝛacticque mainte ruze en arriere /. Apꝛes auoir paſſe viuiers / eſtangz, Et gꝛandz mareſtz / en ces foꝛeſtz eſtantz, En trauerſant dun taillis en la plaine, Deuant les chiens demoura hoꝛs dalaine. [925]Mais ce ne fut ſans faire ample deuoir, Et aux veneurs et picqueurs fait ſcauoir14r
Clotaire vieil priſt a la chaſſe la fieure continue. Comme au meſtier on doibt picquer des bottes. Le roy, ce iour, caſſant ces quatre mottes, Se y eſchauffa trop plus quil ne debuoit, [930]Car plus de cueur beaucoup que foꝛce auoit, Et ſi eſtoit peruenu a gꝛand aage Pour ne debuoir courir cerfz /. dauantaige. Caſſe / bꝛiſe / et rompu eſtoit foꝛt, Par trop de iours auoir mys ſon effoꝛt [935]A demener le meſtier de la guerre. Loꝛs ceſte la / qui charge de longue erre, Et fait loger / a moins que dire picq, Poures humains a la pelle et au picq, Et qui la vie a tous diſcontinue, [940]Le fiſt ſaiſir de fieure continue /. §Ceſt ſimplement applicque ſon deſir, Quant tel trauail excede le plaiſir /. Ceſt gꝛand malheur / cauſant lourdes tempeſtes, Quant ung roy court ainſi apꝛes les beſtes /. [945]Ceſt gꝛand meſchief veoir homme pꝛendꝛe cours, Par le quel face abꝛeger ſes iours courtz /. Ceſt mal aduis perdꝛe le poſſeſſoire De ſa ſante / pour ung tel acceſſoire /. Bꝛief / ceſt pour roys eſbat trop perilleux, [950]Car non ſans plus mectent en peril / eulx, Mais auſſi tous eſtatz de leur royaume.14v
Clotaire eſt au lict de la mort. Ceſt bien raiſon / ſe la chaſſe ung roy ame, Que ſon plaiſir y ait /.Mais nentre pas En train de courre / aultre que l entrepas . [955]Car en courant toute ſa foꝛce enerfue /. Cecy ne dis pour enſeigner Minerue, Mais ceſt affin quon penſe, a laduenir, Au gꝛand dangier / qui en peult ſuruenir. §Clotaire eſtant ſur le lict moꝛtuaire, [960]Ne ſe trouuoit cyꝛop / electuaire, Dꝛogue / coulis / eſpꝛaincte / ou reſtaurant, Qui contre moꝛt luy ſceuſt poꝛter garant / Car laſpꝛe fieure aigue et rigoureuſe Le moleſta daigꝛeur ſi langoureuſe [965]Que, dardeur , entre en tremblante douleur, Et de froidure / en ardante challeur /. Ainſi afflict / giſant a la renuerſe, Tant afflige de paſſion diuerſe, Triſte / penſif / dolent / piteux / et las, [970]Fit ſes regꝛetz / diſant ces motz /. Helas ! Combien eſt gꝛande et puiſſante la foꝛce Du roy celeſte. Actendu quil parfoꝛce Les roys de terre / au tribut naturel, Et fait laiſſer leur regne tempoꝛel /. [975]O ! qveſt il gꝛand / ce roy qui humilie Les plus puiſſans / et ce que ennemy lie,15r
La mort du roy Clotaire inhume a Soiſſons. Il le deſlie /. et a lame et au coꝛps Donne ſante, tant eſt miſericoꝛdz /. Tant eſt il bon / quil ne pꝛend point vengence [980]Dhomme pecheur, faiſant ſa diligence Tourner vers luy / et pardon demander Auecq pꝛopos ferme de ſe amander /. Tant eſt piteux / ſi doulx / et ſi traictable, Que au monde neſt peche ſi deteſtable [985]Ne ſi gꝛand cas / que lhomme ou femme ait fait, Quil ne pardonne aiſeement leur meſfait /. §Loꝛs, deuant tous, diſt, en ferme conſtance , De ſon peche la gꝛiefue circonſtance. Et tant contrict en cueur que faire ſceut, [990]Ses ſacrementz deuotement receut. Ainſi rendit / par moꝛt qui tout atterre / Lame ou dieu pleut /. et le coꝛps a la terre /. Ayant des ans cinquante et ung regne, Et ſon royaulme amplement gouuerne /. [995]Pour le debuoir dobſecques funerailles, On myt / au lieu / ou mourut ſes entrailles, Puys fut le coꝛps / apꝛes eſtre embaſme, A Sainct Medard de Soiſſons inhume, Ou pꝛeparer le triumphe enuoyerent [1000]Ses quatre filz /. et la le conuoyerent /.Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Pour mectre fin à ce que l’œil pourchace, Sommairement sera cy recité + 3 [BnFfr4965] [875]Comment ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, à la mort, fut cité, Par trop avoir prins travail à la chasse.
§Chapitre iiie+om. [BnFfr4965, BnFfr23146]
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
prés de Soissons alla à la chasse ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, ung jour, desirant prendre l’aer, Se departit de Soissons pour aller En ses forestz courre+contre [BnFfr4965] les cerfz à force, [880]Comme souvent cueur desireux s’efforce Passer le temps durant la cervoison1, Mesmes es lieux où sont grandz cerfz foison. Quant les veneurs eurent, sans longue enqueste, Devant le roy rapporté de leur queste, [885]Cerf destourné maintindrent aux rapportz Estre sommé de vingt et+om. [Aix419] quatre cors. Lors fut sa joye à plaisir redoublee, Et disposa d+om. [BnFfr4965]’aller à l’assemblee. Là, mainte couple2y eut de chiens courans ; [890]Là, sceurent bien veneurs trouver+trouvé [BnFfr23146] garandz3, En reprenant erres+arres [BnFfr23146]4 sur leurs brisees5+leur braser [BnFfr23146] ; Là furent fort les manieres prisees Du grand veneur, qui bien sceut+
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est à la chasse prés de Soissons L’abbay des chiens, son pays tournoyant, Non pas sans fort les+ses [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]lasnieres+lasniere [BnFfr23146] escourre9, Veneurs aprés fuyans, et chiens de courre. [905]C’est ung plaisir ouyr+d’ouyr [Aix419, BnFfr17274, Cha515] ; d’ouir [BnFfr23146] les belles voix Des chiens courans retentir en ces bois. C’est ung deduyt+plaisir [BnFfr23146] quant cors et trompes sonnent Du plaisant sonque forestz en resonnent. C’est passe temps d’ouyr aux chiens parler : [910]« Va cy ClabaultClabault Chien ! Va, ve+vez [Cha515] le cy+lecy [BnFfr4965] aller ! Là, là, ira RigaultRigault Chien, BruyantBruyant Chien, FricaudeFricaude Chien, MarteauMarteau Chien, GrongnardGrongnard Chien, Brifault+Brechault [BnFfr4964, BnFfr4965, Aix419]Brehault [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]Brifault Chien ! Par cy va bande+baulde [Cha515] ! Là, cher amy, va, ve+vez [BnFfr23146, Cha515] le cy+lecy [BnFfr4965] fuyant10 ! » Du+Au [BnFfr4964, Cha515]Ou [BnFfr4965] train qu’on tient, et comme on va huyant, [915]Je laisseray le surplus à comprendre À ceulx qui bien sçavent tel esbat+l’esbat y [BnFfr17274] ; l’esbat i [BnFfr23146] prendre11. Tant fut+fut [Aix419] le cerf celluy jour pourmené, Si fort couru chassé et maumené, Que aprés avoir tourné devant, derriere, [920]Et practicqué mainte ruze+maintes ruses [BnFfr23146] en arriere, Aprés avoir passé viviers, estangz, Et grandz marestz, en ces+ses [Aix419] forestz estantz, En traversant+traver [BnFfr23146] d’un taillis en la plaine, Devant les chiens demoura hors d’alaine. [925]Mais ce ne fut sans faire ample devoir, Et aux veneurs et picqueurs fait sçavoir
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
vieil prist à la chasse la fievre continue Comme au mestier on doibt picquer des bottes. Le roy, ce+se [BnFfr23146] jour, cassant ces+ses [BnFfr23146] quatre mottes12, Se y+Si [Cha515] eschauffa trop plus qu’il ne debvoit, [930]Car plus de cueur beaucoup que force avoit, Et si estoit+estoy [BnFfr23146] pervenu à grand aage Pour ne debvoir courir+courre [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515] cerfz davantaige. Cassé, brisé et rompu estoit fort, Par+Car [BnFfr4965] trop de jours avoir+avoit [BnFfr17274, BnFfr23146] mys son effort [935]À demener le mestier de la guerre. Lors ceste là qui charge de+sans charger [BnFfr4965] longue erre, Et+Tous [BnFfr4965] fait loger, à moins que dire « picq », Povres humains à la pelle et au picq, Et qui la vie à tous+tant [BnFfr4965] discontinue, [940]Le fist saisir de fievre continue. §C’est simplement +donc [BnFfr23146]applicqué+applicque
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est au lict de la mort C’est bien raison, se la chasse ung roy ame,+ung roy les chaces ame [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]ung roy les chasses ames [BnFfr4964] Que son plaisir y ait,mais n’entre pas En train de courre aultre que l’entrepas+outrepas [BnFfr4965]autrepas [BnFfr23146]. [955]Car en courant toute sa force enerfve. Cecy ne dis pour enseigner+enseigne [BnFfr23146]MinerveMinerve Déesse romaine de la sagesse, Mais c’est affin qu’on pense, à l’advenir, Au grand dangier qui en peult survenir13. §ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
estant sur le lict mortuaire, [960]Ne se trouvoit cyrop, electuaire14, Drogue, coulis, espraincte15 ou restaurant16, Qui contre mort luy sceust porter garant. Car l’aspre fievre aigüe+aigre [BnFfr23146] et rigoureuse Le molesta d’aigreur si langoureuse +om. [BnFfr23146]17 [965]Que, d’ardeur, entre en tremblante douleur, Et de froidure, en ardante challeur. Ainsi afflict+a faict [BnFfr23146], gisant à la renverse, Tant affligé de passïon diverse, Triste, pensif, dolent, piteux et las, [970]Fit ses+ces [Aix419, Cha515] regretz, disant ces motz :« Helas ! Combien est grande et puissante la force Du roy celesteDieu Concept de Dieu dans le christianisme ! Actendu qu’il parforce+qu’il parforce [BnFfr17274]qui par
La mort du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
inhumé à Soissons Il le deslie, Et à l’ame et au corps Donne santé, tant est misericordz. Tant est il bon, qu’il ne prend point vengence [980]D’homme pecheur, faisant sa diligence Tourner vers luy, et pardon demander Avecq propos ferme de se amander. Tant est piteux, si doulx et si traictable, Que au monde n’est peché si detestable [985]Ne si grand cas que l’homme ou femme ait+ay [Aix419] fait, Qu’il+Qui [BnFfr17274] ne pardonne aiseement leur mesfait. » §Lors, devant tous, dist, en+à [BnFfr23146] ferme constance, De son peché la griefve circonstance. Et tant contrict en cueur que faire sceut, [990]Ses sacrementz devotement receut. Ainsi rendit, par mort qui tout atterre+à terre [Aix419], L’ame où DieuDieu Concept de Dieu dans le christianismepleut+plaist [Aix419], et le corps à la terre, Ayant des ans cinquante et+om. [BnFfr4965, Aix419] ung regné, Et+En [BnFfr17274, BnFfr23146] son royaulme amplement gouverné. [995]Pour le debvoir d’obsecques funerailles, On myt au lieu où mourut ses entrailles, Puys fut le corps,aprés estre+om. [Aix419] embasmé, À Sainct Medard de Soissons inhumé, Où preparer le triumphe envoyerent [1000]Ses quatre filz et là le convoyerent.
Note n°1
Saison de la
chasse au cerf.
Note n°2
Attaque.
Note n°3
Abris, refuges.
Note n°4
Chemin.
Note n°5
Branche brisée que le chasseur
laisse pendante ou met à terre pour indiquer la voie de la
bête.
Note n°6
Se nourrir.
Note n°7
Débusquer un
animal.
Note n°8
Le sujet de ce verbe et le
suivant est le grand veneur.
Note n°9
Agiter.
Note n°10
Ce passage est la réécriture d'un
poème que Cretin avait déjà consacré à la chasse : le
Debat entre deux dames sur le passetemps des chiens
et oyseaux (Œuvres poétiques, éd. K.
Chesney, Genève, Slatkine Reprints, 1977 [Paris, Droz, 1932], p.
94-143). En voici quelques vers : La noise alors commence
de plus belle, / Veneurs s’en vont apres les chiens huant :
/ « Merlant, Rigault, Marteau, appelle, appelle ! » / C’est
ung deduict d’oyr telle chappelle, / « La, compaing, la, va,
veez le cy fuyant ! » (v. 631-635). A noter que le
Débat entre deux dames de Cretin est lui-même
la réécriture d'une partie du Livre des deduis du Roy
Modus, traité de chasse composé dans la deuxième
moitié du XIVe siècle, parfois
attribué à Henri de Ferrières, et qui a pu nourrir l'intégralité
de ce chapitre, notamment pour la précision de son vocabulaire
cynégétique. Sur cette intertextualité, voir : M. Randall, « On
the Empire of the Senses in Cretin’s Débat entre deux
dames », dans Esprit généreux, esprit
pantagruélicque. Essays by his Students in Honor of François
Rigolot, éd. R. Leushuis et Z. Zalloua, Genève,
Droz, 2008, p. 75-92 et E. Delvallée, « Débat et dialogue en
vers chez Guillaume Cretin », dans « La Forme versifiée du
dialogue dans les genres narratifs », dossier dirigé par Corinne
Denoyelle et Pascale Mounier, Elseneur, vol. 37,
2022, p. 79-96 [parution sur Open Edition : ref].
Note n°11
La prétérition, ici, ne se réduit pas
qu'à une figure de style : Cretin manifeste une certaine connivence
avec le roi, son lecteur, par ailleurs féru de chasse à courre et
amateur de traités de vénerie. Guillaume Budé en rédigera un à son
attention, sous la forme d'un dialogue entre lui-même et le roi :
De Venatione, Paris, Michel Vascosan, 1536
Note n°12
Monticule de chasseur.
Note n°13
Le propos semble directement adressé à François Ier et le met en garde, de façon
insistante, contre une pratique excessive de son loisir. Peut-être
ce passage a-t-il été écrit à la suite d'un événement particulier :
on sait par le journal de Louise de Savoie, sa mère, que François
Ier a été blessé par une branche
d'arbre, alors qu'il chassait, le 23 septembre 1519 (Journal
de Louise de Savoie duchesse d’Angoulesme, d’Anjou et de Valois,
mère du grand roi François Ier (1459-1522), éd. Pascal Dumaih,
Clermont-Ferrand, Paléo, 2006 [1838]). Quarante ans plus tard, le
roi Henri II est mortellement blessé lors d'un
tournoi...
Note n°14
Préparation médicinale sous forme
de pâte, souvent faite d'épices et de pulpe de fruit.
Note n°15
Compresse.
Note n°16
Remède fortifiant.
Note n°17
En marge du manuscrit BnF, fr. 23146 : "nota".
Non num.
BnFfr4965
3
Non num.
BnFfr4965, BnFfr23146 om.
BnFfr4965 contre
Aix419 om.
BnFfr4965 om.
BnFfr23146 trouvé
BnFfr23146 arres
BnFfr23146 leur braser
BnFfr23146 bi sceut
bien seut sceut sceut
BnFfr17274 et
BnFfr17274 en hault
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ses
BnFfr23146 lasniere
Aix419, BnFfr17274, Cha515 d’ouyr ; BnFfr23146 d’ouir
BnFfr23146 plaisir
Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
Cha515 baulde
BnFfr23146, Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
BnFfr17274 l’esbat y ; BnFfr23146 l’esbat i
Aix419 fut
BnFfr23146 maintes ruses
Aix419 ses
BnFfr23146 traver
BnFfr23146 se
BnFfr23146 ses
Cha515 Si
BnFfr23146 estoy
BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 courre
BnFfr4965 Car
BnFfr17274, BnFfr23146 avoit
BnFfr4965 sans charger
BnFfr4965 Tous
BnFfr4965 tant
BnFfr23146 donc
BnFfr23146 om.
BnFfr4965 aprés
BnFfr23146 sens
BnFfr23146 son
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ung roy les
chaces ame
BnFfr4964 ung roy les chasses ames
BnFfr23146 enseigne
BnFfr23146 aigre
BnFfr23146 om.
BnFfr23146 a faict
Aix419, Cha515 ces
Aix419 le
Aix419 ay
BnFfr17274 Qui
BnFfr23146 à
Aix419 à terre
Aix419 plaist
BnFfr4965, Aix419 om.
BnFfr17274, BnFfr23146 En
Aix419 om.
12v
§Pour mectre fin a ce que lœil pourchace, Sommairement ſera cy recite [875]Comment Clotaire, a la mort, fut cite, Par trop auoir prins trauail a la chaſſe.
§Chapitre. iiie.
13r
Clotaire pres de Soiſſons alla a la chaſſe CLotaire, ung iour, deſirant pꝛendꝛe laer, Se departit de Soiſſons pour aller En ſes foꝛeſtz courre les cerfz a foꝛce, [880]Comme ſouuent cueur deſireux ſeffoꝛce Paſſer le temps durant la ceruoiſon, Meſmes es lieux / ou ſont gꝛandz cerfz foiſon. Quant les veneurs eurent / ſans longue enqueſte, Deuant le roy rappoꝛte de leur queſte , [885]Cerf deſtourne maintindꝛent aux rappoꝛtz. Eſtre ſomme de vingt et quatre coꝛs /. Loꝛs fut ſa ioye a plaiſir redoublee, Et diſpoſa d aller a laſſemblee /. La, mainte couple y eut de chiens courans /. [890]La, ſceurent bien veneurs trouuer garandz, En repꝛenant erres ſur leurs bꝛiſees /. La furent foꝛt les manieres pꝛiſees Du gꝛand veneur / qui bien ſceut , a pꝛopos, Faire lancer le cerf de ſon repos, [895]Car a la voix du lymier / plus ne doubte, Et toſt luy fait bailler la meutte a routte /. Oꝛ, apꝛes foꝛt viander / pꝛend delit Cerf au repos, ſans partir de ſon lict Que a gꝛand regꝛet /si fault que au lancer vſe [900]De ſon meſtier /. et face quelque ruſe /. La teſte haulte / il ſen va en oyant13v
Clotaire eſt a la chaſſe pres de Soiſſons. Labbay des chiens, ſon pays tournoyant, Non pas ſans foꝛt les laſnieres eſcourre, Veneurs apꝛes fuyans /. et chiens de courre /. [905]Ceſt ung plaiſir ouyꝛ les belles voix Des chiens courans retentir en ces bois /. Ceſt ung deduyt / quant coꝛs et trompes ſonnent Du plaiſant ſon / que foꝛeſtz en reſonnent /. Ceſt paſſetemps douyꝛ aux chiens parler : [910]Va cy Clabault / Va, ve le cy aller ! La, la, ira / Rigault / Bꝛuyant / Fricaude, Marteau / Gꝛongnard / Bꝛifault /. par cy va bande ! La, cher amy, va, ve le cy fuyant /. Du train quon tient / et comme on va huyant , [915]Ie laiſſeray le ſurplus a compꝛendꝛe A ceulx qui bien ſcauent tel eſbat pꝛendꝛe /. Tant fut le cerf celluy iour pourmene, Si foꝛt couru / chaſſe / et maumene, Que apꝛes auoir tourne deuant / derriere, [920]Et pꝛacticque mainte ruze en arriere /. Apꝛes auoir paſſe viuiers / eſtangz, Et gꝛandz mareſtz / en ces foꝛeſtz eſtantz, En trauerſant dun taillis en la plaine, Deuant les chiens demoura hoꝛs dalaine. [925]Mais ce ne fut ſans faire ample deuoir, Et aux veneurs et picqueurs fait ſcauoir14r
Clotaire vieil priſt a la chaſſe la fieure continue. Comme au meſtier on doibt picquer des bottes. Le roy, ce iour, caſſant ces quatre mottes, Se y eſchauffa trop plus quil ne debuoit, [930]Car plus de cueur beaucoup que foꝛce auoit, Et ſi eſtoit peruenu a gꝛand aage Pour ne debuoir courir cerfz /. dauantaige. Caſſe / bꝛiſe / et rompu eſtoit foꝛt, Par trop de iours auoir mys ſon effoꝛt [935]A demener le meſtier de la guerre. Loꝛs ceſte la / qui charge de longue erre, Et fait loger / a moins que dire picq, Poures humains a la pelle et au picq, Et qui la vie a tous diſcontinue, [940]Le fiſt ſaiſir de fieure continue /. §Ceſt ſimplement applicque ſon deſir, Quant tel trauail excede le plaiſir /. Ceſt gꝛand malheur / cauſant lourdes tempeſtes, Quant ung roy court ainſi apꝛes les beſtes /. [945]Ceſt gꝛand meſchief veoir homme pꝛendꝛe cours, Par le quel face abꝛeger ſes iours courtz /. Ceſt mal aduis perdꝛe le poſſeſſoire De ſa ſante / pour ung tel acceſſoire /. Bꝛief / ceſt pour roys eſbat trop perilleux, [950]Car non ſans plus mectent en peril / eulx, Mais auſſi tous eſtatz de leur royaume.14v
Clotaire eſt au lict de la mort. Ceſt bien raiſon / ſe la chaſſe ung roy ame, Que ſon plaiſir y ait /.Mais nentre pas En train de courre / aultre que l entrepas . [955]Car en courant toute ſa foꝛce enerfue /. Cecy ne dis pour enſeigner Minerue, Mais ceſt affin quon penſe, a laduenir, Au gꝛand dangier / qui en peult ſuruenir. §Clotaire eſtant ſur le lict moꝛtuaire, [960]Ne ſe trouuoit cyꝛop / electuaire, Dꝛogue / coulis / eſpꝛaincte / ou reſtaurant, Qui contre moꝛt luy ſceuſt poꝛter garant / Car laſpꝛe fieure aigue et rigoureuſe Le moleſta daigꝛeur ſi langoureuſe [965]Que, dardeur , entre en tremblante douleur, Et de froidure / en ardante challeur /. Ainſi afflict / giſant a la renuerſe, Tant afflige de paſſion diuerſe, Triſte / penſif / dolent / piteux / et las, [970]Fit ſes regꝛetz / diſant ces motz /. Helas ! Combien eſt gꝛande et puiſſante la foꝛce Du roy celeſte. Actendu quil parfoꝛce Les roys de terre / au tribut naturel, Et fait laiſſer leur regne tempoꝛel /. [975]O ! qveſt il gꝛand / ce roy qui humilie Les plus puiſſans / et ce que ennemy lie,15r
La mort du roy Clotaire inhume a Soiſſons. Il le deſlie /. et a lame et au coꝛps Donne ſante, tant eſt miſericoꝛdz /. Tant eſt il bon / quil ne pꝛend point vengence [980]Dhomme pecheur, faiſant ſa diligence Tourner vers luy / et pardon demander Auecq pꝛopos ferme de ſe amander /. Tant eſt piteux / ſi doulx / et ſi traictable, Que au monde neſt peche ſi deteſtable [985]Ne ſi gꝛand cas / que lhomme ou femme ait fait, Quil ne pardonne aiſeement leur meſfait /. §Loꝛs, deuant tous, diſt, en ferme conſtance , De ſon peche la gꝛiefue circonſtance. Et tant contrict en cueur que faire ſceut, [990]Ses ſacrementz deuotement receut. Ainſi rendit / par moꝛt qui tout atterre / Lame ou dieu pleut /. et le coꝛps a la terre /. Ayant des ans cinquante et ung regne, Et ſon royaulme amplement gouuerne /. [995]Pour le debuoir dobſecques funerailles, On myt / au lieu / ou mourut ſes entrailles, Puys fut le coꝛps / apꝛes eſtre embaſme, A Sainct Medard de Soiſſons inhume, Ou pꝛeparer le triumphe enuoyerent [1000]Ses quatre filz /. et la le conuoyerent /.Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Pour mectre fin à ce que l’œil pourchace, Sommairement sera cy recité + 3 [BnFfr4965] [875]Comment ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, à la mort, fut cité, Par trop avoir prins travail à la chasse.
§Chapitre iiie+om. [BnFfr4965, BnFfr23146]
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
prés de Soissons alla à la chasse ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, ung jour, desirant prendre l’aer, Se departit de Soissons pour aller En ses forestz courre+contre [BnFfr4965] les cerfz à force, [880]Comme souvent cueur desireux s’efforce Passer le temps durant la cervoison1, Mesmes es lieux où sont grandz cerfz foison. Quant les veneurs eurent, sans longue enqueste, Devant le roy rapporté de leur queste, [885]Cerf destourné maintindrent aux rapportz Estre sommé de vingt et+om. [Aix419] quatre cors. Lors fut sa joye à plaisir redoublee, Et disposa d+om. [BnFfr4965]’aller à l’assemblee. Là, mainte couple2y eut de chiens courans ; [890]Là, sceurent bien veneurs trouver+trouvé [BnFfr23146] garandz3, En reprenant erres+arres [BnFfr23146]4 sur leurs brisees5+leur braser [BnFfr23146] ; Là furent fort les manieres prisees Du grand veneur, qui bien sceut+
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est à la chasse prés de Soissons L’abbay des chiens, son pays tournoyant, Non pas sans fort les+ses [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]lasnieres+lasniere [BnFfr23146] escourre9, Veneurs aprés fuyans, et chiens de courre. [905]C’est ung plaisir ouyr+d’ouyr [Aix419, BnFfr17274, Cha515] ; d’ouir [BnFfr23146] les belles voix Des chiens courans retentir en ces bois. C’est ung deduyt+plaisir [BnFfr23146] quant cors et trompes sonnent Du plaisant sonque forestz en resonnent. C’est passe temps d’ouyr aux chiens parler : [910]« Va cy ClabaultClabault Chien ! Va, ve+vez [Cha515] le cy+lecy [BnFfr4965] aller ! Là, là, ira RigaultRigault Chien, BruyantBruyant Chien, FricaudeFricaude Chien, MarteauMarteau Chien, GrongnardGrongnard Chien, Brifault+Brechault [BnFfr4964, BnFfr4965, Aix419]Brehault [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]Brifault Chien ! Par cy va bande+baulde [Cha515] ! Là, cher amy, va, ve+vez [BnFfr23146, Cha515] le cy+lecy [BnFfr4965] fuyant10 ! » Du+Au [BnFfr4964, Cha515]Ou [BnFfr4965] train qu’on tient, et comme on va huyant, [915]Je laisseray le surplus à comprendre À ceulx qui bien sçavent tel esbat+l’esbat y [BnFfr17274] ; l’esbat i [BnFfr23146] prendre11. Tant fut+fut [Aix419] le cerf celluy jour pourmené, Si fort couru chassé et maumené, Que aprés avoir tourné devant, derriere, [920]Et practicqué mainte ruze+maintes ruses [BnFfr23146] en arriere, Aprés avoir passé viviers, estangz, Et grandz marestz, en ces+ses [Aix419] forestz estantz, En traversant+traver [BnFfr23146] d’un taillis en la plaine, Devant les chiens demoura hors d’alaine. [925]Mais ce ne fut sans faire ample devoir, Et aux veneurs et picqueurs fait sçavoir
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
vieil prist à la chasse la fievre continue Comme au mestier on doibt picquer des bottes. Le roy, ce+se [BnFfr23146] jour, cassant ces+ses [BnFfr23146] quatre mottes12, Se y+Si [Cha515] eschauffa trop plus qu’il ne debvoit, [930]Car plus de cueur beaucoup que force avoit, Et si estoit+estoy [BnFfr23146] pervenu à grand aage Pour ne debvoir courir+courre [BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515] cerfz davantaige. Cassé, brisé et rompu estoit fort, Par+Car [BnFfr4965] trop de jours avoir+avoit [BnFfr17274, BnFfr23146] mys son effort [935]À demener le mestier de la guerre. Lors ceste là qui charge de+sans charger [BnFfr4965] longue erre, Et+Tous [BnFfr4965] fait loger, à moins que dire « picq », Povres humains à la pelle et au picq, Et qui la vie à tous+tant [BnFfr4965] discontinue, [940]Le fist saisir de fievre continue. §C’est simplement +donc [BnFfr23146]applicqué+applicque
ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
est au lict de la mort C’est bien raison, se la chasse ung roy ame,+ung roy les chaces ame [Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515]ung roy les chasses ames [BnFfr4964] Que son plaisir y ait,mais n’entre pas En train de courre aultre que l’entrepas+outrepas [BnFfr4965]autrepas [BnFfr23146]. [955]Car en courant toute sa force enerfve. Cecy ne dis pour enseigner+enseigne [BnFfr23146]MinerveMinerve Déesse romaine de la sagesse, Mais c’est affin qu’on pense, à l’advenir, Au grand dangier qui en peult survenir13. §ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
estant sur le lict mortuaire, [960]Ne se trouvoit cyrop, electuaire14, Drogue, coulis, espraincte15 ou restaurant16, Qui contre mort luy sceust porter garant. Car l’aspre fievre aigüe+aigre [BnFfr23146] et rigoureuse Le molesta d’aigreur si langoureuse +om. [BnFfr23146]17 [965]Que, d’ardeur, entre en tremblante douleur, Et de froidure, en ardante challeur. Ainsi afflict+a faict [BnFfr23146], gisant à la renverse, Tant affligé de passïon diverse, Triste, pensif, dolent, piteux et las, [970]Fit ses+ces [Aix419, Cha515] regretz, disant ces motz :« Helas ! Combien est grande et puissante la force Du roy celesteDieu Concept de Dieu dans le christianisme ! Actendu qu’il parforce+qu’il parforce [BnFfr17274]qui par
La mort du roy ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
inhumé à Soissons Il le deslie, Et à l’ame et au corps Donne santé, tant est misericordz. Tant est il bon, qu’il ne prend point vengence [980]D’homme pecheur, faisant sa diligence Tourner vers luy, et pardon demander Avecq propos ferme de se amander. Tant est piteux, si doulx et si traictable, Que au monde n’est peché si detestable [985]Ne si grand cas que l’homme ou femme ait+ay [Aix419] fait, Qu’il+Qui [BnFfr17274] ne pardonne aiseement leur mesfait. » §Lors, devant tous, dist, en+à [BnFfr23146] ferme constance, De son peché la griefve circonstance. Et tant contrict en cueur que faire sceut, [990]Ses sacrementz devotement receut. Ainsi rendit, par mort qui tout atterre+à terre [Aix419], L’ame où DieuDieu Concept de Dieu dans le christianismepleut+plaist [Aix419], et le corps à la terre, Ayant des ans cinquante et+om. [BnFfr4965, Aix419] ung regné, Et+En [BnFfr17274, BnFfr23146] son royaulme amplement gouverné. [995]Pour le debvoir d’obsecques funerailles, On myt au lieu où mourut ses entrailles, Puys fut le corps,aprés estre+om. [Aix419] embasmé, À Sainct Medard de Soissons inhumé, Où preparer le triumphe envoyerent [1000]Ses quatre filz et là le convoyerent.
Note n°1
Saison de la
chasse au cerf.
Note n°2
Attaque.
Note n°3
Abris, refuges.
Note n°4
Chemin.
Note n°5
Branche brisée que le chasseur
laisse pendante ou met à terre pour indiquer la voie de la
bête.
Note n°6
Se nourrir.
Note n°7
Débusquer un
animal.
Note n°8
Le sujet de ce verbe et le
suivant est le grand veneur.
Note n°9
Agiter.
Note n°10
Ce passage est la réécriture d'un
poème que Cretin avait déjà consacré à la chasse : le
Debat entre deux dames sur le passetemps des chiens
et oyseaux (Œuvres poétiques, éd. K.
Chesney, Genève, Slatkine Reprints, 1977 [Paris, Droz, 1932], p.
94-143). En voici quelques vers : La noise alors commence
de plus belle, / Veneurs s’en vont apres les chiens huant :
/ « Merlant, Rigault, Marteau, appelle, appelle ! » / C’est
ung deduict d’oyr telle chappelle, / « La, compaing, la, va,
veez le cy fuyant ! » (v. 631-635). A noter que le
Débat entre deux dames de Cretin est lui-même
la réécriture d'une partie du Livre des deduis du Roy
Modus, traité de chasse composé dans la deuxième
moitié du XIVe siècle, parfois
attribué à Henri de Ferrières, et qui a pu nourrir l'intégralité
de ce chapitre, notamment pour la précision de son vocabulaire
cynégétique. Sur cette intertextualité, voir : M. Randall, « On
the Empire of the Senses in Cretin’s Débat entre deux
dames », dans Esprit généreux, esprit
pantagruélicque. Essays by his Students in Honor of François
Rigolot, éd. R. Leushuis et Z. Zalloua, Genève,
Droz, 2008, p. 75-92 et E. Delvallée, « Débat et dialogue en
vers chez Guillaume Cretin », dans « La Forme versifiée du
dialogue dans les genres narratifs », dossier dirigé par Corinne
Denoyelle et Pascale Mounier, Elseneur, vol. 37,
2022, p. 79-96 [parution sur Open Edition : ref].
Note n°11
La prétérition, ici, ne se réduit pas
qu'à une figure de style : Cretin manifeste une certaine connivence
avec le roi, son lecteur, par ailleurs féru de chasse à courre et
amateur de traités de vénerie. Guillaume Budé en rédigera un à son
attention, sous la forme d'un dialogue entre lui-même et le roi :
De Venatione, Paris, Michel Vascosan, 1536
Note n°12
Monticule de chasseur.
Note n°13
Le propos semble directement adressé à François Ier et le met en garde, de façon
insistante, contre une pratique excessive de son loisir. Peut-être
ce passage a-t-il été écrit à la suite d'un événement particulier :
on sait par le journal de Louise de Savoie, sa mère, que François
Ier a été blessé par une branche
d'arbre, alors qu'il chassait, le 23 septembre 1519 (Journal
de Louise de Savoie duchesse d’Angoulesme, d’Anjou et de Valois,
mère du grand roi François Ier (1459-1522), éd. Pascal Dumaih,
Clermont-Ferrand, Paléo, 2006 [1838]). Quarante ans plus tard, le
roi Henri II est mortellement blessé lors d'un
tournoi...
Note n°14
Préparation médicinale sous forme
de pâte, souvent faite d'épices et de pulpe de fruit.
Note n°15
Compresse.
Note n°16
Remède fortifiant.
Note n°17
En marge du manuscrit BnF, fr. 23146 : "nota".
Non num.
BnFfr4965
3
Non num.
BnFfr4965, BnFfr23146 om.
BnFfr4965 contre
Aix419 om.
BnFfr4965 om.
BnFfr23146 trouvé
BnFfr23146 arres
BnFfr23146 leur braser
BnFfr23146 bi sceut
bien seut sceut sceut
BnFfr17274 et
BnFfr17274 en hault
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ses
BnFfr23146 lasniere
Aix419, BnFfr17274, Cha515 d’ouyr ; BnFfr23146 d’ouir
BnFfr23146 plaisir
Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
Cha515 baulde
BnFfr23146, Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
BnFfr17274 l’esbat y ; BnFfr23146 l’esbat i
Aix419 fut
BnFfr23146 maintes ruses
Aix419 ses
BnFfr23146 traver
BnFfr23146 se
BnFfr23146 ses
Cha515 Si
BnFfr23146 estoy
BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 courre
BnFfr4965 Car
BnFfr17274, BnFfr23146 avoit
BnFfr4965 sans charger
BnFfr4965 Tous
BnFfr4965 tant
BnFfr23146 donc
BnFfr23146 om.
BnFfr4965 aprés
BnFfr23146 sens
BnFfr23146 son
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ung roy les
chaces ame
BnFfr4964 ung roy les chasses ames
BnFfr23146 enseigne
BnFfr23146 aigre
BnFfr23146 om.
BnFfr23146 a faict
Aix419, Cha515 ces
Aix419 le
Aix419 ay
BnFfr17274 Qui
BnFfr23146 à
Aix419 à terre
Aix419 plaist
BnFfr4965, Aix419 om.
BnFfr17274, BnFfr23146 En
Aix419 om.
Note n°1
Saison de la
chasse au cerf.
Note n°2
Attaque.
Note n°3
Abris, refuges.
Note n°4
Chemin.
Note n°5
Branche brisée que le chasseur
laisse pendante ou met à terre pour indiquer la voie de la
bête.
Note n°6
Se nourrir.
Note n°7
Débusquer un
animal.
Note n°8
Le sujet de ce verbe et le
suivant est le grand veneur.
Note n°9
Agiter.
Note n°10
Ce passage est la réécriture d'un
poème que Cretin avait déjà consacré à la chasse : le
Debat entre deux dames sur le passetemps des chiens
et oyseaux (Œuvres poétiques, éd. K.
Chesney, Genève, Slatkine Reprints, 1977 [Paris, Droz, 1932], p.
94-143). En voici quelques vers : La noise alors commence
de plus belle, / Veneurs s’en vont apres les chiens huant :
/ « Merlant, Rigault, Marteau, appelle, appelle ! » / C’est
ung deduict d’oyr telle chappelle, / « La, compaing, la, va,
veez le cy fuyant ! » (v. 631-635). A noter que le
Débat entre deux dames de Cretin est lui-même
la réécriture d'une partie du Livre des deduis du Roy
Modus, traité de chasse composé dans la deuxième
moitié du XIVe siècle, parfois
attribué à Henri de Ferrières, et qui a pu nourrir l'intégralité
de ce chapitre, notamment pour la précision de son vocabulaire
cynégétique. Sur cette intertextualité, voir : M. Randall, « On
the Empire of the Senses in Cretin’s Débat entre deux
dames », dans Esprit généreux, esprit
pantagruélicque. Essays by his Students in Honor of François
Rigolot, éd. R. Leushuis et Z. Zalloua, Genève,
Droz, 2008, p. 75-92 et E. Delvallée, « Débat et dialogue en
vers chez Guillaume Cretin », dans « La Forme versifiée du
dialogue dans les genres narratifs », dossier dirigé par Corinne
Denoyelle et Pascale Mounier, Elseneur, vol. 37,
2022, p. 79-96 [parution sur Open Edition : ref].
Note n°11
La prétérition, ici, ne se réduit pas
qu'à une figure de style : Cretin manifeste une certaine connivence
avec le roi, son lecteur, par ailleurs féru de chasse à courre et
amateur de traités de vénerie. Guillaume Budé en rédigera un à son
attention, sous la forme d'un dialogue entre lui-même et le roi :
De Venatione, Paris, Michel Vascosan, 1536
Note n°12
Monticule de chasseur.
Note n°13
Le propos semble directement adressé à François Ier et le met en garde, de façon
insistante, contre une pratique excessive de son loisir. Peut-être
ce passage a-t-il été écrit à la suite d'un événement particulier :
on sait par le journal de Louise de Savoie, sa mère, que François
Ier a été blessé par une branche
d'arbre, alors qu'il chassait, le 23 septembre 1519 (Journal
de Louise de Savoie duchesse d’Angoulesme, d’Anjou et de Valois,
mère du grand roi François Ier (1459-1522), éd. Pascal Dumaih,
Clermont-Ferrand, Paléo, 2006 [1838]). Quarante ans plus tard, le
roi Henri II est mortellement blessé lors d'un
tournoi...
Note n°14
Préparation médicinale sous forme
de pâte, souvent faite d'épices et de pulpe de fruit.
Note n°15
Compresse.
Note n°16
Remède fortifiant.
Note n°17
En marge du manuscrit BnF, fr. 23146 : "nota".
Non num.
BnFfr4965
3
Non num.
BnFfr4965, BnFfr23146 om.
BnFfr4965 contre
Aix419 om.
BnFfr4965 om.
BnFfr23146 trouvé
BnFfr23146 arres
BnFfr23146 leur braser
BnFfr23146 bi sceut
bien seut sceut sceut
BnFfr17274 et
BnFfr17274 en hault
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ses
BnFfr23146 lasniere
Aix419, BnFfr17274, Cha515 d’ouyr ; BnFfr23146 d’ouir
BnFfr23146 plaisir
Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
Cha515 baulde
BnFfr23146, Cha515 vez
BnFfr4965 lecy
BnFfr17274 l’esbat y ; BnFfr23146 l’esbat i
Aix419 fut
BnFfr23146 maintes ruses
Aix419 ses
BnFfr23146 traver
BnFfr23146 se
BnFfr23146 ses
Cha515 Si
BnFfr23146 estoy
BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 courre
BnFfr4965 Car
BnFfr17274, BnFfr23146 avoit
BnFfr4965 sans charger
BnFfr4965 Tous
BnFfr4965 tant
BnFfr23146 donc
BnFfr23146 om.
BnFfr4965 aprés
BnFfr23146 sens
BnFfr23146 son
Aix419, BnFfr17274, BnFfr23146, Cha515 ung roy les
chaces ame
BnFfr4964 ung roy les chasses ames
BnFfr23146 enseigne
BnFfr23146 aigre
BnFfr23146 om.
BnFfr23146 a faict
Aix419, Cha515 ces
Aix419 le
Aix419 ay
BnFfr17274 Qui
BnFfr23146 à
Aix419 à terre
Aix419 plaist
BnFfr4965, Aix419 om.
BnFfr17274, BnFfr23146 En
Aix419 om.