Livre III - Chapitre 5
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33







21v
[905]§Sans eſpargner nul labeur deſcriptoire, Icy endroict mettrons en repertoire. Que dagobert feyt vng cerf deſtourner. Qui ſe ſaulua apres courre et tourner En ce petit et deuot oratoire.
Chapitre.ve.[910]Adoleſcent / dagobert, mys en ply. De bonnes meurs / & bonte gꝛande emply. Aux ieunes ans de ſon adoleſcence. Ne ſuiuuit pas folle concupiſcence. Et tout ainſi / que en coꝛps alloit croyſſant. [915]Vertu ſur luy ſe monſtroit floꝛiſſant. Si que on diſoit / veu le temps de ſon naiſtre. Que difficile eſtoit veoir perſonne eſtre. A bien choiſir / par millyons et centz. Mieulx acomply en ſcauoir et bon ſens. [920]§Oꝛ comme on voyt que ieune homme seffoꝛce. Pꝛendꝛe plaiſir de courre cerfz a foꝛce.
§Vng cerf a force. 22r Luy au meſtier de chaſſes foꝛt bien duyt. Vng iour voulut y pꝛandꝛe ſon deduyt. Si fault notter que emmy le territoire. [925]Dentour paris / iuſques pꝛes loꝛatoire. Ou furent mys les ſainctz pꝛecieulx coꝛps. Auoit foꝛeſt / ou cerf de ſeize coꝛs. Somme fut veu / loꝛs allerent en queſte. Tous les veneurs, non pas a ſa requeſte. [930]Car bien cuida, au bꝛuyt que on meyne ouyꝛ. Secrettement de la seſuanouyꝛ. Et ſoꝛtir hoꝛs / leur enceynte / demblee. §A dagobert, pꝛeſent a laſſemblee. Fut rappoꝛt faict / Cerf meſcreu deſtourne. [935]De ſeize coꝛs / ſomme et attourne. Oꝛ deuynez sil y eut des rizees. Quant le veneur pourſuiuant ſes bꝛizees. Par les buyſſons, alla tout le pꝛemier. Tenant a peyne et foꝛce ſon lymier. [940]Et sil eut point comme on en voyt lvſaige Deſpine ou ronſe vne marque au viſaige. Quant a cela il aduient bien ſouuent. Mais tout autant en empoꝛte le vent.
§Dagobert et ſes veneurs.22v Ceſt paſſe temps / nen faictes point de doubte, [945]Veoir la endꝛoict bailler la meutte a routte. Meſmement quant on ſcet bien a pꝛopos. Faire lancer le cerf de ſon repos. Ceſt vng deduyt / en voyant telle beſte. Partir du lyct / comme il poꝛte ſa teſte. [950]Comme en courant faict ſes ruzes et ſaultz. Quant ſent les chiens / luy dōner telz aſſaultz ! Ceſt vng triumphe / ouyꝛ telle chappelle. De chiens courantz, ainſi que on les appelle. Et que foꝛeſtz / on fait hault reſonner. [955]Ceſt tout plaiſir douyꝛ trompes ſonner. De veoir picqueurs / picquer / et veneurs courre, Cheuaulx et chiens / Iambes a foꝛce eſcourre. Ceſt bel eſbat, quant le cerf / en oyant. Chiens apꝛes luy / et quil va tournoyant. [960]Boys et tailliz / fuyant ceſte bꝛayꝛie. Du tour quil fait quant en lande ou pꝛarye. Vaches encontre / il ſe fait loing poꝛter. Le plus quil peult / pour faire tranſpoꝛter. Et amuzer les chiens / ſi que aux pourſuyttes. [965]Les mette au change ou deffault en ſes fuyttes.
§Courantz le cerf. 23r A bꝛief parler / ceſt vng foꝛt gꝛand plaiſir. A gentz qui ont de quoy / temps et loyſir. A ce pꝛopos / apꝛes maint ſault et ruze. Dont en fuſtaye / en landes / et terre vze. [970]Vng cerf courable en pleine ceruoyſon. Qui poꝛte bonne et gꝛande venoyſon. Ceſtuy taſchant faire ſes fuyttes ſeures. Ne courut moins de cinq ou de ſix heures. Dont dagobert bien garda, en ce iour. [975]Deſtre faſche par ennuyeux ſeiour. Car le cerf feyt / ſes poſſibles eſpꝛeuues. Paſſant eſtangs / riuieres et gꝛos fleuues. Pour eſchapper / mais apꝛes ſi treſfoꝛt. Auoir couru et fait maint aultre effoꝛt. [980]Sans plus trouuer voye eſtre a luy duyſante. Foꝛt maumene / et la teſte peſante. Cherchant maiſons / et delaiſſant haultz boys. Comme tout pꝛeſt de rendꝛe les aboys. Le pouure cerf / ſe alla getter et rendꝛe. [985]En la chappelle, et ſa franchiſe pꝛendꝛe. Tout dꝛoict deſſus les tumbes des ſainctz coꝛps Deuant nommez / Veneurs trompes et coꝛs.
§Le cerf ſe ſaulue en loratoire ſainct denys23v Sonnerent loꝛs / pour de pꝛiſe aſſuree. Le cerf deffaire et donner la curee. [990]Mais ſainct denys, le gloꝛieux martyꝛ. Et ſes conſoꝛs ne laiſſerent partir. Leur pꝛiſonnier, pour gꝛande ſonnerie. Quen ce lieu fiſt / toute la venerye. La feyꝛent chiens merueilles de abayer. [995]Suiuantz leur dꝛoict / comme ſe on deubſt payer. Le deuoir deu a vne telle pꝛiſe. Veneurs deuant tel enclos, et pour pꝛiſe. Feyꝛent aſſez leur effoꝛt dy entrer. Mais dieu voulut tel miracle y monſtrer. [1000]Que a eulx / leurs chiens / et aultres, impoſſible. Leur fut lentree / ains faicte inacceſſible. Dagobert, moult du cas eſmerueille. Se retira, comme tout traueille. Lequel miracle en ſon penſer demeure. [1005]Dont luy pourra ſouuenir a bonne heure.
24r
§Du gouuerneur.24v
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[905]§Sans espargner nul labeur d'escriptoire, Icy endroict mettrons en repertoire Que Dagobert feyt ung cerf destourner, Qui se saulva aprés courre et tourner En ce petit et devot oratoire.
Chapitre.ve.[910]Adolescent, Dagobert, mys en ply De bonnes meurs, et bonté grande emply, Aux jeunes ans de son adolescence, Ne suiuvit pas folle concupiscence. Et tout ainsi que en corps alloit croyssant, [915]Vertu sur luy se monstroit florissant, Si que on disoit, veu le temps de son naistre, Que difficile estoit veoir personne estre, À bien choisir, par millÿons et centz, Mieulx acomply en sçavoir et bon sens. [920]§Or comme on voyt que jeune homme s'efforce Prendre plaisir de courre cerfz à force,
§Ung cerf à force Luy au mestier de chasses fort bien duyt, Ung jour voulut y prandre son deduyt. Si fault notter que emmy le territoire [925]D'entour Paris, jusques près l'oratoire Où furent mys les sainctz precieulx corps, Avoit forest, où cerf de seize cors Sommé fut veu. Lors allerent en queste Tous les veneurs, non pas à sa requeste, [930]Car bien cuida, au bruyt que on meyne ouÿr, Secrettement de là s'esvanouÿr Et sortir hors leur enceynte d'emblee. §À Dagobert, present à l'assemblee, Fut rapport faict, cerf mescreu destourné [935]De seize cors, sommé et attourné. Or devynez s'il y eut des rizees, Quant le veneur poursuiuant ses brizees, Par les buyssons, alla tout le premier, Tenant a peyne et force son lymier, [940]Et s'il eut point comme on en voyt l'usaige D'espine ou ronse une marque au visaige ? Quant a cela il advient bien souvent, Mais tout autant en emporte le vent.
§Dagobert et ses veneurs C'est passe temps, n'en faictes point de doubte, [945]Veoir là endroict bailler la meutte à routte, Mesmement quant on scet bien à propos, Faire lancer le cerf de son repos ! C'est ung deduyt, en voyant telle beste, Partir du lyct, comme il porte sa teste, [950]Comme en courant faict ses ruzes et saultz, Quant sent les chiens luy donner telz assaultz ! C'est ung triumphe ouÿr telle chappelle De chiens courantz, ainsi que on les appelle, Et que forestz on fait hault resonner ! [955]C'est tout plaisir d'ouÿr trompes sonner, De veoir picqueurs picquer et veneurs courre, Chevaulx et chiens jambes à force escourre ! C'est bel esbat, quant le cerf en oyant Chiens aprés luy et qu'il va tournoyant [960]Boys et tailliz, fuyant ceste brayrie, Du tour qu'il fait quant en lande ou prarye, Vaches encontre ! Il se fait loing porter, Le plus qu'il peult, pour faire transporter Et amuzer les chiens, si que aux poursuyttes [965]Les mette au change ou deffault en ses fuyttes.
§Courantz le cerf À brief parler, c'est ung fort grand plaisir À gentz qui ont de quoy, temps et loysir. À ce propos, aprés maint sault et ruze, Dont en fustaye, en landes, et terre uze, [970]Ung cerf courable en pleine cervoyson, Qui porte bonne et grande venoyson, Cestuy taschant faire ses fuyttes seures, Ne courut moins de cinq ou de six heures. Dont Dagobert bien garda, en ce jour, [975]D'estre fasché par ennuyeux sejour, Car le cerf feyt ses possibles espreuves, Passant estangs, rivieres et gros fleuves, Pour eschapper. Mais aprés si tresfort Avoir couru et fait maint aultre effort, [980]Sans plus trouver voye estre à luy duysante, Fort maumené et la teste pesante, Cherchant maisons et delaissant haultz boys, Comme tout prest de rendre les aboys, Le pouvre cerf se alla getter et rendre [985]En la chappelle, et sa franchise prendre Tout droict dessus les tumbes des sainctz corps Devant nommez. Veneurs trompes et cors
§Le cerf se saulve en l'oratoire sainct Denys Sonnerent lors, pour de prise assuree Le cerf deffaire et donner la curee. [990]Mais sainct Denys, le glorïeux martyr, Et ses consors ne laisserent partir Leur prisonnier, pour grande sonnerie Qu'en ce lieu fist toute la venerye. Là feyrent chiens merveilles de abayer, [995]Suivantz leur droict, comme se on deubst payer Le devoir deu à une telle prise. Veneurs devant tel enclos, et pour prise, Feyrent assez leur effort d'y entrer. Mais Dieu voulut tel miracle y monstrer, [1000]Que à eulx, leurs chiens et aultres, impossible Leur fut l'entree, ains faicte inaccessible. Dagobert, moult du cas esmerveillé, Se retira, comme tout traveillé. Lequel miracle en son penser demeure, [1005]Dont luy pourra souvenir à bonne heure.
§Du gouverneur







21v
[905]§Sans eſpargner nul labeur deſcriptoire, Icy endroict mettrons en repertoire. Que dagobert feyt vng cerf deſtourner. Qui ſe ſaulua apres courre et tourner En ce petit et deuot oratoire.
Chapitre.ve.[910]Adoleſcent / dagobert, mys en ply. De bonnes meurs / & bonte gꝛande emply. Aux ieunes ans de ſon adoleſcence. Ne ſuiuuit pas folle concupiſcence. Et tout ainſi / que en coꝛps alloit croyſſant. [915]Vertu ſur luy ſe monſtroit floꝛiſſant. Si que on diſoit / veu le temps de ſon naiſtre. Que difficile eſtoit veoir perſonne eſtre. A bien choiſir / par millyons et centz. Mieulx acomply en ſcauoir et bon ſens. [920]§Oꝛ comme on voyt que ieune homme seffoꝛce. Pꝛendꝛe plaiſir de courre cerfz a foꝛce.
§Vng cerf a force. 22r Luy au meſtier de chaſſes foꝛt bien duyt. Vng iour voulut y pꝛandꝛe ſon deduyt. Si fault notter que emmy le territoire. [925]Dentour paris / iuſques pꝛes loꝛatoire. Ou furent mys les ſainctz pꝛecieulx coꝛps. Auoit foꝛeſt / ou cerf de ſeize coꝛs. Somme fut veu / loꝛs allerent en queſte. Tous les veneurs, non pas a ſa requeſte. [930]Car bien cuida, au bꝛuyt que on meyne ouyꝛ. Secrettement de la seſuanouyꝛ. Et ſoꝛtir hoꝛs / leur enceynte / demblee. §A dagobert, pꝛeſent a laſſemblee. Fut rappoꝛt faict / Cerf meſcreu deſtourne. [935]De ſeize coꝛs / ſomme et attourne. Oꝛ deuynez sil y eut des rizees. Quant le veneur pourſuiuant ſes bꝛizees. Par les buyſſons, alla tout le pꝛemier. Tenant a peyne et foꝛce ſon lymier. [940]Et sil eut point comme on en voyt lvſaige Deſpine ou ronſe vne marque au viſaige. Quant a cela il aduient bien ſouuent. Mais tout autant en empoꝛte le vent.
§Dagobert et ſes veneurs.22v Ceſt paſſe temps / nen faictes point de doubte, [945]Veoir la endꝛoict bailler la meutte a routte. Meſmement quant on ſcet bien a pꝛopos. Faire lancer le cerf de ſon repos. Ceſt vng deduyt / en voyant telle beſte. Partir du lyct / comme il poꝛte ſa teſte. [950]Comme en courant faict ſes ruzes et ſaultz. Quant ſent les chiens / luy dōner telz aſſaultz ! Ceſt vng triumphe / ouyꝛ telle chappelle. De chiens courantz, ainſi que on les appelle. Et que foꝛeſtz / on fait hault reſonner. [955]Ceſt tout plaiſir douyꝛ trompes ſonner. De veoir picqueurs / picquer / et veneurs courre, Cheuaulx et chiens / Iambes a foꝛce eſcourre. Ceſt bel eſbat, quant le cerf / en oyant. Chiens apꝛes luy / et quil va tournoyant. [960]Boys et tailliz / fuyant ceſte bꝛayꝛie. Du tour quil fait quant en lande ou pꝛarye. Vaches encontre / il ſe fait loing poꝛter. Le plus quil peult / pour faire tranſpoꝛter. Et amuzer les chiens / ſi que aux pourſuyttes. [965]Les mette au change ou deffault en ſes fuyttes.
§Courantz le cerf. 23r A bꝛief parler / ceſt vng foꝛt gꝛand plaiſir. A gentz qui ont de quoy / temps et loyſir. A ce pꝛopos / apꝛes maint ſault et ruze. Dont en fuſtaye / en landes / et terre vze. [970]Vng cerf courable en pleine ceruoyſon. Qui poꝛte bonne et gꝛande venoyſon. Ceſtuy taſchant faire ſes fuyttes ſeures. Ne courut moins de cinq ou de ſix heures. Dont dagobert bien garda, en ce iour. [975]Deſtre faſche par ennuyeux ſeiour. Car le cerf feyt / ſes poſſibles eſpꝛeuues. Paſſant eſtangs / riuieres et gꝛos fleuues. Pour eſchapper / mais apꝛes ſi treſfoꝛt. Auoir couru et fait maint aultre effoꝛt. [980]Sans plus trouuer voye eſtre a luy duyſante. Foꝛt maumene / et la teſte peſante. Cherchant maiſons / et delaiſſant haultz boys. Comme tout pꝛeſt de rendꝛe les aboys. Le pouure cerf / ſe alla getter et rendꝛe. [985]En la chappelle, et ſa franchiſe pꝛendꝛe. Tout dꝛoict deſſus les tumbes des ſainctz coꝛps Deuant nommez / Veneurs trompes et coꝛs.
§Le cerf ſe ſaulue en loratoire ſainct denys23v Sonnerent loꝛs / pour de pꝛiſe aſſuree. Le cerf deffaire et donner la curee. [990]Mais ſainct denys, le gloꝛieux martyꝛ. Et ſes conſoꝛs ne laiſſerent partir. Leur pꝛiſonnier, pour gꝛande ſonnerie. Quen ce lieu fiſt / toute la venerye. La feyꝛent chiens merueilles de abayer. [995]Suiuantz leur dꝛoict / comme ſe on deubſt payer. Le deuoir deu a vne telle pꝛiſe. Veneurs deuant tel enclos, et pour pꝛiſe. Feyꝛent aſſez leur effoꝛt dy entrer. Mais dieu voulut tel miracle y monſtrer. [1000]Que a eulx / leurs chiens / et aultres, impoſſible. Leur fut lentree / ains faicte inacceſſible. Dagobert, moult du cas eſmerueille. Se retira, comme tout traueille. Lequel miracle en ſon penſer demeure. [1005]Dont luy pourra ſouuenir a bonne heure.
24r
§Du gouuerneur.24v
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[905]§Sans espargner nul labeur d'escriptoire, Icy endroict mettrons en repertoire Que Dagobert feyt ung cerf destourner, Qui se saulva aprés courre et tourner En ce petit et devot oratoire.
Chapitre.ve.[910]Adolescent, Dagobert, mys en ply De bonnes meurs, et bonté grande emply, Aux jeunes ans de son adolescence, Ne suiuvit pas folle concupiscence. Et tout ainsi que en corps alloit croyssant, [915]Vertu sur luy se monstroit florissant, Si que on disoit, veu le temps de son naistre, Que difficile estoit veoir personne estre, À bien choisir, par millÿons et centz, Mieulx acomply en sçavoir et bon sens. [920]§Or comme on voyt que jeune homme s'efforce Prendre plaisir de courre cerfz à force,
§Ung cerf à force Luy au mestier de chasses fort bien duyt, Ung jour voulut y prandre son deduyt. Si fault notter que emmy le territoire [925]D'entour Paris, jusques près l'oratoire Où furent mys les sainctz precieulx corps, Avoit forest, où cerf de seize cors Sommé fut veu. Lors allerent en queste Tous les veneurs, non pas à sa requeste, [930]Car bien cuida, au bruyt que on meyne ouÿr, Secrettement de là s'esvanouÿr Et sortir hors leur enceynte d'emblee. §À Dagobert, present à l'assemblee, Fut rapport faict, cerf mescreu destourné [935]De seize cors, sommé et attourné. Or devynez s'il y eut des rizees, Quant le veneur poursuiuant ses brizees, Par les buyssons, alla tout le premier, Tenant a peyne et force son lymier, [940]Et s'il eut point comme on en voyt l'usaige D'espine ou ronse une marque au visaige ? Quant a cela il advient bien souvent, Mais tout autant en emporte le vent.
§Dagobert et ses veneurs C'est passe temps, n'en faictes point de doubte, [945]Veoir là endroict bailler la meutte à routte, Mesmement quant on scet bien à propos, Faire lancer le cerf de son repos ! C'est ung deduyt, en voyant telle beste, Partir du lyct, comme il porte sa teste, [950]Comme en courant faict ses ruzes et saultz, Quant sent les chiens luy donner telz assaultz ! C'est ung triumphe ouÿr telle chappelle De chiens courantz, ainsi que on les appelle, Et que forestz on fait hault resonner ! [955]C'est tout plaisir d'ouÿr trompes sonner, De veoir picqueurs picquer et veneurs courre, Chevaulx et chiens jambes à force escourre ! C'est bel esbat, quant le cerf en oyant Chiens aprés luy et qu'il va tournoyant [960]Boys et tailliz, fuyant ceste brayrie, Du tour qu'il fait quant en lande ou prarye, Vaches encontre ! Il se fait loing porter, Le plus qu'il peult, pour faire transporter Et amuzer les chiens, si que aux poursuyttes [965]Les mette au change ou deffault en ses fuyttes.
§Courantz le cerf À brief parler, c'est ung fort grand plaisir À gentz qui ont de quoy, temps et loysir. À ce propos, aprés maint sault et ruze, Dont en fustaye, en landes, et terre uze, [970]Ung cerf courable en pleine cervoyson, Qui porte bonne et grande venoyson, Cestuy taschant faire ses fuyttes seures, Ne courut moins de cinq ou de six heures. Dont Dagobert bien garda, en ce jour, [975]D'estre fasché par ennuyeux sejour, Car le cerf feyt ses possibles espreuves, Passant estangs, rivieres et gros fleuves, Pour eschapper. Mais aprés si tresfort Avoir couru et fait maint aultre effort, [980]Sans plus trouver voye estre à luy duysante, Fort maumené et la teste pesante, Cherchant maisons et delaissant haultz boys, Comme tout prest de rendre les aboys, Le pouvre cerf se alla getter et rendre [985]En la chappelle, et sa franchise prendre Tout droict dessus les tumbes des sainctz corps Devant nommez. Veneurs trompes et cors
§Le cerf se saulve en l'oratoire sainct Denys Sonnerent lors, pour de prise assuree Le cerf deffaire et donner la curee. [990]Mais sainct Denys, le glorïeux martyr, Et ses consors ne laisserent partir Leur prisonnier, pour grande sonnerie Qu'en ce lieu fist toute la venerye. Là feyrent chiens merveilles de abayer, [995]Suivantz leur droict, comme se on deubst payer Le devoir deu à une telle prise. Veneurs devant tel enclos, et pour prise, Feyrent assez leur effort d'y entrer. Mais Dieu voulut tel miracle y monstrer, [1000]Que à eulx, leurs chiens et aultres, impossible Leur fut l'entree, ains faicte inaccessible. Dagobert, moult du cas esmerveillé, Se retira, comme tout traveillé. Lequel miracle en son penser demeure, [1005]Dont luy pourra souvenir à bonne heure.
§Du gouverneur