Livre III - Chapitre 24
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33









93v
§On trouuera en liſant ce chapitre. Comme ebroyn pour recouurer le tiltre. Et bruict que auoit premier que eſtre en exil. Laiſſa le froc / et feyt a lendeſil. [3695]Vng laſche tour faulx deſloyal et traytre.
§Chapitre .xxiiiie.CHilderich moꝛt / et theodoꝛich remys /. En ſon royaulme / ebꝛoyn par amys. Nouuelles eut des foꝛtunes ſoꝛties. Par quoy getta gonne et froc aux oꝛtyes. [3700]Si attendit que de cheueulx ſon chef. Fuſt recouuert / loꝛs repꝛint de rechef. Maulx exercer / et mettre ſus vacarmes. Comme celuy qui bien eſpꝛouua que armes. Feirent baigner foꝛce glaiues trenchantz [3705]En ſang humain par ſouldardz mettre aux chāps Ô cueur peruers plein dangoiſſes ameres. Ne croy que enffentz aux ventres de le.rs meres.
§Faict guerre a Theodorich 94r Deuſſent voulloir pluſtoſt eſtre moꝛs nez Quen telz exces eulx trouuer pourmenez. [3710]Ce faulx tyꝛant ainſi que homme seffoꝛce. Gꝛeuer aultruy / eut genſdarmes a foꝛce. Pour theodoꝛich rudement enuahir. Foꝛt leſtonner et ſes gentz eſbahyꝛ. Ardant tiſon en feu de yꝛe lembꝛaſe. [3715]Meſmes ſur vng / par qui la teſte raze. Auoit poꝛtee / et iure sen vanger. Auant doꝛmir / boyꝛe auſſi ne manger. Sans ia daigner tour dennemy luy taire. Loꝛs lendeſil homme en lart militaire. [3720]Tenu de tous bien experimente. Apꝛes auoir du faict parlemente. Pour reſiſter a la folle entrepꝛiſe. De ce peruers ebꝛoyn / gentz de pꝛiſe. Foꝛt bien eſleuz / en gꝛand nombꝛe aſſembla. [3725]Quil feyt marcher / loꝛs que bon luy ſembla. Et quil congneut eſtre heure neceſſaire. To2 les deux oſtz ſur le fleuue de yſaire. Que ouayſe nommons / miſrent tetes & parqs. Et la ſerrez / ſans guieres eſtre eſpars.
§Theodorich et lendeſil.94v [3730]Gꝛand guet aſſis ſur les pontz et paſſaiges. Feyt ebꝛoyn partir certains meſſaiges. Selon leſcript / dvng autheur / a rouan. Vers larcheueſque / oꝛes dit ſainct ouan. Le ſuppliant luy voulloir en laffaire. [3735]Donner conſeil de ce que auroit a faire. En quoy ne fut de reſponce eſcondit. Et luy manda ces motz / ainſi que on dit. Recoꝛde toy ſouuent / quoy quil te aduiengne. De fredegonde et a poinct / ten ſouuiengne. [3740]Ces motz receuz / luy cauteleux et fin. Penſa venir a chef et bonne fin. De ſa ſoudaine et hardye entrepꝛiſe. Par le moyen de la lecon apꝛiſe. Que fredegonde aupꝛes de soyſſons feyt. [3745]Quant ennemys ſubtilement deffyt. Et ainſi fut / car la nuyct enſuiuante. Secrettement ſans voulloir que on ſe vante. Commanda loſt / marcher de main a main. Et auant iour pongnant du lendemain. [3750]Il feyt donner par les plus ſeurs genſdarmes. A ceulx du guet ſi terribles alarmes.
§Mys en fuytte. 95r Que eulx et pluſieurs a la charge commys. Des pontz garder rendirent a moꝛt mys. Les pontz / et guez / paſſez a la trauerſe. [3755]Chargea ſur loſt de ſa partie aduerſe. Dont la pluſpart doꝛmantz et deſarmez. Furent de coupz ſi aſpꝛement chariez. Que toſt larmee en alla deſconficte. Loꝛs theodoꝛich et lendeſil par fuytte. [3760]Sauluerent eulx et quelque peu de gens. Mais ebꝛoyn / loꝛs des plus diligentz. Picquant apꝛes ſans paſſer pont ne planche. Les pourſuiuit iuſques a ville blanche. La il ſaiſit et rauyt les treſoꝛs. [3765]De theodoꝛich eſtantz leans pour loꝛs. Lequel gaigna crecy pour ſa retraicte. Depuis ainſi que appoinctement ſe traicte. Fut ebꝛoyn / faict maiſtre du palays. Comme deuant / faſcheux beaucoup a lays. [3770]Et plus aux clercz / mais la paix acheptee. Quoy quelle couſte / eſt touſiours acceptee. Peu temps apꝛes / quant le faulx apoſtat. Se vit remys en ſon pꝛemier eſtat.
§Lendeſil occiz en trahyſon.95v Vng vent doꝛgueil par le ſoufflet denuye. [3775]Enfla ſon cueur voulant oſter la vie. A lendeſil pource que auoit eſte. Sur luy eſleu en celle pꝛeuoſte. Loꝛs faulx ſemblant adioincte|ypocriſye. Soubz le manteau de faincte courtoiſye. [3780]Luy adꝛeſſa pꝛiere de venir. En ſon hoſtel / pour eſtre a laduenir. Si bien vniz que des deux cueurs nen ſemble. Comme il diſoit que vng ſeul voulloir enſemble. Et pour lattraire a deuoir|ſeurement. [3785]Se y tranſpoꝛter / iura vng gꝛand ſerment. Quil nentendoit enuers luy ſe meffaire. Pour laſche tour / luy penſer iamais faire. Sur ceſte foy / le pꝛeudhomme parla. A ſon heynneux / en male heure / car la. [3790]Luy qui penſoit ſa vie auoir bien miſe. A ſeurete ſoubz parolle pꝛomiſe. Le coup moꝛtel receut du fier gꝛongnart. Qui en ſa manche auoit mys vng pongnart. Et ſans monſtrer vne ſeulle apparence. [3795]De maltalent / luy faiſant reuerence.
§Par ebroyn. 96r Ce faulx meurdꝛier faingint de lembꝛaſſer. Et le pongnard luy alla trauerſer. Parmy les flans / dont cheut a la renuerſe. Moꝛt et tranſſy / Ô trahyſon peruerſe. [3800]Long temps maintiens la cruaulte que feyz. Quant amaſa et abner tu deffyz. Par ioab / chef de la gendarmerye. Au roy dauid / blazon et armairie. Tu luy donnas de trop piteux recoꝛdz. [3805]Mettant a moꝛt / laſchement ces deux coꝛps. §A ce ioab Ebꝛoyn par traffique. De dol / cache / ſoubz rappoꝛt pacifique. Se monſtra bien / luy eſtre ſucceſſeur. Et qui lenſuyt et enſuyura ſoit ſeur. [3810]Si en ce plat / cauſe que aultruy mal ſouppe. Quil ſe verra trencher de tel pain ſouppe. §Oꝛ demandez ſi ce cruel tyꝛant. De mal en piz / fut ſa vie empirant. Foꝛt lempira par cruaultez iniques. [3815]Dauſteritez fieres et tyꝛanniques. Quant feyt au bon ſainct leger arracher. Les yeulx du chef / langue et leures trencher.
§Sainct leger et aultres ꝑ ebroyn mys a mort.96v Et toſt apꝛes ſans pꝛoces ny enqueſte. Luy ſepara du digne coꝛps la teſte. [3820]Garin ſon frere / auſſi apꝛehende. Fut de par luy meurdꝛy et lapide. Pource ſans plus / que en pꝛopoz raiſonnables. Blaſmerent luy & ſes facons dampnables. Sans cauſe nulle / il faiſoit gentz pugnir. [3825]Nobles deſtruyꝛe / exiller et banyꝛ. Pluſieurs pꝛelatz / teſmoing celuy du lyege. Dict ſainct lambert / quil oſta de ſon ſiege. Ce quil diſoit au roy / fuſt bel ou let. Eſtoit paſſe Tel maiſtre / tel varlet. [3830]Maiſtre mauuais / ayant varlet confoꝛme. Trouue a ſon pied / ſoullier de meſme foꝛme.
97r
§Fuicte du duc pepin.97v
Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§On trouvera en lisant ce chapitre. Comme Ebroÿn pour recouvrer le tiltre. Et bruict que avoit premier que estre en exil. Laissa le froc et feyt à Lendesil. [3695]Ung lasche tour faulx desloyal et traytre.
§Chapitre .xxiiiie.Childerich mort et Theodorich remys. En son royaulme Ebroÿn par amys. Nouvelles eut des fortunes sorties. Par quoy getta gonne et froc aux ortyes. [3700]Si attendit que de cheveulx son chef. Fust recouvert lors reprint de rechef. Maulx exercer et mettre sus vacarmes. Comme celuy qui bien esprouva que armes. Feirent baigner force glaives trenchantz [3705]En sang humain par souldardz mettre aux champs Ô cueur pervers plein d'angoisses ameres. Ne croy que enffentz aux ventres de leurs meres.
§Faict guerre à Theodorich Deussent voulloir plustost estre mors nez Qu'en telz excés eulx trouver pourmenez. [3710]Ce faulx tyrant ainsi que homme s'efforce. Greuer aultruy eut gensdarmes à force. Pour Theodorich rudement envahir. Fort l'estonner et ses gentz esbahyr. Ardant tison en feu de yre l'embrase. [3715]Mesmes sur ung par qui la teste raze. Avoit portee et juré s'en vanger. Avant dormir boyre aussi ne manger. Sans ja daigner tour d'ennemy luy taire. Lors Lendesil homme en l'art militaire. [3720]Tenu de tous bien experimenté. Aprés avoir du faict parlementé. Pour resister à la folle entreprise. De ce pervers Ebroÿn gentz de prise. Fort bien esleuz en grand nombre assembla. [3725]Qu'il feyt marcher lors que bon luy sembla. Et qu'il congneut estre heure necessaire. Tous les deux ostz sur le fleuve de Ysaire. Que Ouayse nommons misrent tetes et parqs. Et là serrez sans guieres estre espars.
§Theodorich et Lendesil [3730]Grand guet assis sur les pontz et passaiges. Feyt Ebroÿn partir certains messaiges. Selon l'escript d'ung autheur à Roüan. Vers l'archevesque ores dit sainct Oüan. Le supplïant luy voulloir en l'affaire. [3735]Donner conseil de ce que auroit à faire. En quoy ne fut de responce escondit. Et luy manda ces motz ainsi que on dit. Recorde toy souvent quoy qu'il te adviengne. De Fredegonde et à poinct t'en souviengne. [3740]Ces motz receuz luy cauteleux et fin. Pensa venir à chef et bonne fin. De sa soudaine et hardye entreprise. Par le moyen de la leçon aprise. Que Fredegonde auprés de Soyssons feyt. [3745]Quant ennemys subtilement deffyt. Et ainsi fut car la nuyct ensuivante. Secrettement sans voulloir que on se vante. Commanda l'ost marcher de main à main. Et avant jour pongnant du lendemain. [3750]Il feyt donner par les plus seurs gensdarmes. À ceulx du guet si terribles alarmes.
§Mys en fuytte Que eulx et plusieurs à la charge commys. Des pontz garder rendirent à mort mys. Les pontz et guez passez à la traverse. [3755]Chargea sur l'ost de sa partie adverse. Dont la pluspart dormantz et desarmez. Furent de coupz si asprement chariez. Que tost l'armee en alla desconficte. Lors Theodorich et Lendesil par fuytte. [3760]Saulverent eulx et quelque peu de gens. Mais Ebroÿn lors des plus diligentz. Picquant aprés sans passer pont ne planche. Les poursuivit jusques à ville blanche. Là il saisit et ravyt les tresors. [3765]De Theodorich estantz lëans pour lors. Lequel gaigna Crecy pour sa retraicte. Depuis ainsi que appoinctement se traicte. Fut Ebroÿn faict maistre du palays. Comme devant fascheux beaucoup à lays. [3770]Et plus aux clercz mais la paix acheptee. Quoy qu'elle couste est tousjours acceptee. Peu temps aprés quant le faulx apostat. Se vit remys en son premier estat.
§Lendesil occiz en trahyson Ung vent d'orgueil par le soufflet d'envye. [3775]Enfla son cueur voulant oster la vie. À Lendesil pource que avoit esté. Sur luy esleu en celle prevosté. Lors faulx semblant adjoincte ypocrisye. Soubz le manteau de faincte courtoisye. [3780]Luy adressa prïere de venir. En son hostel pour estre à l'advenir. Si bien uniz que des deux cueurs n'en semble. Comme il disoit que ung seul voulloir ensemble. Et pour l'attraire à deuoir seurement. [3785]Se y transporter jura ung grand serment. Qu'il n'entendoit envers luy se meffaire. Pour lasche tour luy penser jamais faire. Sur ceste foy le preud'homme parla. À son heynneux en male heure car là. [3790]Luy qui pensoit sa vie avoir bien mise. À seureté soubz parolle promise. Le coup mortel receut du fier grongnart. Qui en sa manche avoit mys ung pongnart. Et sans monstrer une seulle apparence. [3795]De maltalent luy faisant reverence.
§Par Ebroÿn Ce faulx meurdrier faingint de l'embrasser. Et le pongnard luy alla traverser. Parmy les flans dont cheut à la renverse. Mort et transsy Ô trahyson perverse. [3800]Long temps maintiens la cruaulté que feyz. Quant Amasa et Abner tu deffyz. Par Ioab chef de la gendarmerye. Au roy David blazon et armairie. Tu luy donnas de trop piteux recordz. [3805]Mettant à mort laschement ces deux corps. §À ce Ioab Ebroÿn par traffique. De dol caché soubz rapport pacifique. Se monstra bien luy estre successeur. Et qui l'ensuyt et ensuyvra soit seur. [3810]Si en ce plat cause que aultruy mal souppe. Qu'il se verra trencher de tel pain souppe. §Or demandez si ce crüel tyrant. De mal en piz fut sa vie empirant. Fort l'empira par crüaultez iniques. [3815]D'austeritez fieres et tyranniques. Quant feyt au bon sainct Leger arracher. Les yeulx du chef langue et levres trencher.
§Sainct Leger et aultres par Ebroÿn mys à mort Et tost aprés sans procés ny enqueste. Luy separa du digne corps la teste. [3820]Garin son frere aussi aprehendé. Fut de par luy meurdry et lapidé. Pource sans plus que en propoz raisonnables. Blasmerent luy et ses façons dampnables. Sans cause nulle il faisoit gentz pugnir. [3825]Nobles destruyre exiller et banyr. Plusieurs prelatz tesmoing celuy du Lyege. Dict sainct Lambert qu'il osta de son siege. Ce qu'il disoit au roy fust bel ou let. Estoit passé Tel maistre tel varlet. [3830]Maistre mauvais ayant varlet conforme. Trouve à son pied soullier de mesme forme.
§Fuicte du duc Pepin









93v
§On trouuera en liſant ce chapitre. Comme ebroyn pour recouurer le tiltre. Et bruict que auoit premier que eſtre en exil. Laiſſa le froc / et feyt a lendeſil. [3695]Vng laſche tour faulx deſloyal et traytre.
§Chapitre .xxiiiie.CHilderich moꝛt / et theodoꝛich remys /. En ſon royaulme / ebꝛoyn par amys. Nouuelles eut des foꝛtunes ſoꝛties. Par quoy getta gonne et froc aux oꝛtyes. [3700]Si attendit que de cheueulx ſon chef. Fuſt recouuert / loꝛs repꝛint de rechef. Maulx exercer / et mettre ſus vacarmes. Comme celuy qui bien eſpꝛouua que armes. Feirent baigner foꝛce glaiues trenchantz [3705]En ſang humain par ſouldardz mettre aux chāps Ô cueur peruers plein dangoiſſes ameres. Ne croy que enffentz aux ventres de le.rs meres.
§Faict guerre a Theodorich 94r Deuſſent voulloir pluſtoſt eſtre moꝛs nez Quen telz exces eulx trouuer pourmenez. [3710]Ce faulx tyꝛant ainſi que homme seffoꝛce. Gꝛeuer aultruy / eut genſdarmes a foꝛce. Pour theodoꝛich rudement enuahir. Foꝛt leſtonner et ſes gentz eſbahyꝛ. Ardant tiſon en feu de yꝛe lembꝛaſe. [3715]Meſmes ſur vng / par qui la teſte raze. Auoit poꝛtee / et iure sen vanger. Auant doꝛmir / boyꝛe auſſi ne manger. Sans ia daigner tour dennemy luy taire. Loꝛs lendeſil homme en lart militaire. [3720]Tenu de tous bien experimente. Apꝛes auoir du faict parlemente. Pour reſiſter a la folle entrepꝛiſe. De ce peruers ebꝛoyn / gentz de pꝛiſe. Foꝛt bien eſleuz / en gꝛand nombꝛe aſſembla. [3725]Quil feyt marcher / loꝛs que bon luy ſembla. Et quil congneut eſtre heure neceſſaire. To2 les deux oſtz ſur le fleuue de yſaire. Que ouayſe nommons / miſrent tetes & parqs. Et la ſerrez / ſans guieres eſtre eſpars.
§Theodorich et lendeſil.94v [3730]Gꝛand guet aſſis ſur les pontz et paſſaiges. Feyt ebꝛoyn partir certains meſſaiges. Selon leſcript / dvng autheur / a rouan. Vers larcheueſque / oꝛes dit ſainct ouan. Le ſuppliant luy voulloir en laffaire. [3735]Donner conſeil de ce que auroit a faire. En quoy ne fut de reſponce eſcondit. Et luy manda ces motz / ainſi que on dit. Recoꝛde toy ſouuent / quoy quil te aduiengne. De fredegonde et a poinct / ten ſouuiengne. [3740]Ces motz receuz / luy cauteleux et fin. Penſa venir a chef et bonne fin. De ſa ſoudaine et hardye entrepꝛiſe. Par le moyen de la lecon apꝛiſe. Que fredegonde aupꝛes de soyſſons feyt. [3745]Quant ennemys ſubtilement deffyt. Et ainſi fut / car la nuyct enſuiuante. Secrettement ſans voulloir que on ſe vante. Commanda loſt / marcher de main a main. Et auant iour pongnant du lendemain. [3750]Il feyt donner par les plus ſeurs genſdarmes. A ceulx du guet ſi terribles alarmes.
§Mys en fuytte. 95r Que eulx et pluſieurs a la charge commys. Des pontz garder rendirent a moꝛt mys. Les pontz / et guez / paſſez a la trauerſe. [3755]Chargea ſur loſt de ſa partie aduerſe. Dont la pluſpart doꝛmantz et deſarmez. Furent de coupz ſi aſpꝛement chariez. Que toſt larmee en alla deſconficte. Loꝛs theodoꝛich et lendeſil par fuytte. [3760]Sauluerent eulx et quelque peu de gens. Mais ebꝛoyn / loꝛs des plus diligentz. Picquant apꝛes ſans paſſer pont ne planche. Les pourſuiuit iuſques a ville blanche. La il ſaiſit et rauyt les treſoꝛs. [3765]De theodoꝛich eſtantz leans pour loꝛs. Lequel gaigna crecy pour ſa retraicte. Depuis ainſi que appoinctement ſe traicte. Fut ebꝛoyn / faict maiſtre du palays. Comme deuant / faſcheux beaucoup a lays. [3770]Et plus aux clercz / mais la paix acheptee. Quoy quelle couſte / eſt touſiours acceptee. Peu temps apꝛes / quant le faulx apoſtat. Se vit remys en ſon pꝛemier eſtat.
§Lendeſil occiz en trahyſon.95v Vng vent doꝛgueil par le ſoufflet denuye. [3775]Enfla ſon cueur voulant oſter la vie. A lendeſil pource que auoit eſte. Sur luy eſleu en celle pꝛeuoſte. Loꝛs faulx ſemblant adioincte|ypocriſye. Soubz le manteau de faincte courtoiſye. [3780]Luy adꝛeſſa pꝛiere de venir. En ſon hoſtel / pour eſtre a laduenir. Si bien vniz que des deux cueurs nen ſemble. Comme il diſoit que vng ſeul voulloir enſemble. Et pour lattraire a deuoir|ſeurement. [3785]Se y tranſpoꝛter / iura vng gꝛand ſerment. Quil nentendoit enuers luy ſe meffaire. Pour laſche tour / luy penſer iamais faire. Sur ceſte foy / le pꝛeudhomme parla. A ſon heynneux / en male heure / car la. [3790]Luy qui penſoit ſa vie auoir bien miſe. A ſeurete ſoubz parolle pꝛomiſe. Le coup moꝛtel receut du fier gꝛongnart. Qui en ſa manche auoit mys vng pongnart. Et ſans monſtrer vne ſeulle apparence. [3795]De maltalent / luy faiſant reuerence.
§Par ebroyn. 96r Ce faulx meurdꝛier faingint de lembꝛaſſer. Et le pongnard luy alla trauerſer. Parmy les flans / dont cheut a la renuerſe. Moꝛt et tranſſy / Ô trahyſon peruerſe. [3800]Long temps maintiens la cruaulte que feyz. Quant amaſa et abner tu deffyz. Par ioab / chef de la gendarmerye. Au roy dauid / blazon et armairie. Tu luy donnas de trop piteux recoꝛdz. [3805]Mettant a moꝛt / laſchement ces deux coꝛps. §A ce ioab Ebꝛoyn par traffique. De dol / cache / ſoubz rappoꝛt pacifique. Se monſtra bien / luy eſtre ſucceſſeur. Et qui lenſuyt et enſuyura ſoit ſeur. [3810]Si en ce plat / cauſe que aultruy mal ſouppe. Quil ſe verra trencher de tel pain ſouppe. §Oꝛ demandez ſi ce cruel tyꝛant. De mal en piz / fut ſa vie empirant. Foꝛt lempira par cruaultez iniques. [3815]Dauſteritez fieres et tyꝛanniques. Quant feyt au bon ſainct leger arracher. Les yeulx du chef / langue et leures trencher.
§Sainct leger et aultres ꝑ ebroyn mys a mort.96v Et toſt apꝛes ſans pꝛoces ny enqueſte. Luy ſepara du digne coꝛps la teſte. [3820]Garin ſon frere / auſſi apꝛehende. Fut de par luy meurdꝛy et lapide. Pource ſans plus / que en pꝛopoz raiſonnables. Blaſmerent luy & ſes facons dampnables. Sans cauſe nulle / il faiſoit gentz pugnir. [3825]Nobles deſtruyꝛe / exiller et banyꝛ. Pluſieurs pꝛelatz / teſmoing celuy du lyege. Dict ſainct lambert / quil oſta de ſon ſiege. Ce quil diſoit au roy / fuſt bel ou let. Eſtoit paſſe Tel maiſtre / tel varlet. [3830]Maiſtre mauuais / ayant varlet confoꝛme. Trouue a ſon pied / ſoullier de meſme foꝛme.
97r
§Fuicte du duc pepin.97v
Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§On trouvera en lisant ce chapitre. Comme Ebroÿn pour recouvrer le tiltre. Et bruict que avoit premier que estre en exil. Laissa le froc et feyt à Lendesil. [3695]Ung lasche tour faulx desloyal et traytre.
§Chapitre .xxiiiie.Childerich mort et Theodorich remys. En son royaulme Ebroÿn par amys. Nouvelles eut des fortunes sorties. Par quoy getta gonne et froc aux ortyes. [3700]Si attendit que de cheveulx son chef. Fust recouvert lors reprint de rechef. Maulx exercer et mettre sus vacarmes. Comme celuy qui bien esprouva que armes. Feirent baigner force glaives trenchantz [3705]En sang humain par souldardz mettre aux champs Ô cueur pervers plein d'angoisses ameres. Ne croy que enffentz aux ventres de leurs meres.
§Faict guerre à Theodorich Deussent voulloir plustost estre mors nez Qu'en telz excés eulx trouver pourmenez. [3710]Ce faulx tyrant ainsi que homme s'efforce. Greuer aultruy eut gensdarmes à force. Pour Theodorich rudement envahir. Fort l'estonner et ses gentz esbahyr. Ardant tison en feu de yre l'embrase. [3715]Mesmes sur ung par qui la teste raze. Avoit portee et juré s'en vanger. Avant dormir boyre aussi ne manger. Sans ja daigner tour d'ennemy luy taire. Lors Lendesil homme en l'art militaire. [3720]Tenu de tous bien experimenté. Aprés avoir du faict parlementé. Pour resister à la folle entreprise. De ce pervers Ebroÿn gentz de prise. Fort bien esleuz en grand nombre assembla. [3725]Qu'il feyt marcher lors que bon luy sembla. Et qu'il congneut estre heure necessaire. Tous les deux ostz sur le fleuve de Ysaire. Que Ouayse nommons misrent tetes et parqs. Et là serrez sans guieres estre espars.
§Theodorich et Lendesil [3730]Grand guet assis sur les pontz et passaiges. Feyt Ebroÿn partir certains messaiges. Selon l'escript d'ung autheur à Roüan. Vers l'archevesque ores dit sainct Oüan. Le supplïant luy voulloir en l'affaire. [3735]Donner conseil de ce que auroit à faire. En quoy ne fut de responce escondit. Et luy manda ces motz ainsi que on dit. Recorde toy souvent quoy qu'il te adviengne. De Fredegonde et à poinct t'en souviengne. [3740]Ces motz receuz luy cauteleux et fin. Pensa venir à chef et bonne fin. De sa soudaine et hardye entreprise. Par le moyen de la leçon aprise. Que Fredegonde auprés de Soyssons feyt. [3745]Quant ennemys subtilement deffyt. Et ainsi fut car la nuyct ensuivante. Secrettement sans voulloir que on se vante. Commanda l'ost marcher de main à main. Et avant jour pongnant du lendemain. [3750]Il feyt donner par les plus seurs gensdarmes. À ceulx du guet si terribles alarmes.
§Mys en fuytte Que eulx et plusieurs à la charge commys. Des pontz garder rendirent à mort mys. Les pontz et guez passez à la traverse. [3755]Chargea sur l'ost de sa partie adverse. Dont la pluspart dormantz et desarmez. Furent de coupz si asprement chariez. Que tost l'armee en alla desconficte. Lors Theodorich et Lendesil par fuytte. [3760]Saulverent eulx et quelque peu de gens. Mais Ebroÿn lors des plus diligentz. Picquant aprés sans passer pont ne planche. Les poursuivit jusques à ville blanche. Là il saisit et ravyt les tresors. [3765]De Theodorich estantz lëans pour lors. Lequel gaigna Crecy pour sa retraicte. Depuis ainsi que appoinctement se traicte. Fut Ebroÿn faict maistre du palays. Comme devant fascheux beaucoup à lays. [3770]Et plus aux clercz mais la paix acheptee. Quoy qu'elle couste est tousjours acceptee. Peu temps aprés quant le faulx apostat. Se vit remys en son premier estat.
§Lendesil occiz en trahyson Ung vent d'orgueil par le soufflet d'envye. [3775]Enfla son cueur voulant oster la vie. À Lendesil pource que avoit esté. Sur luy esleu en celle prevosté. Lors faulx semblant adjoincte ypocrisye. Soubz le manteau de faincte courtoisye. [3780]Luy adressa prïere de venir. En son hostel pour estre à l'advenir. Si bien uniz que des deux cueurs n'en semble. Comme il disoit que ung seul voulloir ensemble. Et pour l'attraire à deuoir seurement. [3785]Se y transporter jura ung grand serment. Qu'il n'entendoit envers luy se meffaire. Pour lasche tour luy penser jamais faire. Sur ceste foy le preud'homme parla. À son heynneux en male heure car là. [3790]Luy qui pensoit sa vie avoir bien mise. À seureté soubz parolle promise. Le coup mortel receut du fier grongnart. Qui en sa manche avoit mys ung pongnart. Et sans monstrer une seulle apparence. [3795]De maltalent luy faisant reverence.
§Par Ebroÿn Ce faulx meurdrier faingint de l'embrasser. Et le pongnard luy alla traverser. Parmy les flans dont cheut à la renverse. Mort et transsy Ô trahyson perverse. [3800]Long temps maintiens la cruaulté que feyz. Quant Amasa et Abner tu deffyz. Par Ioab chef de la gendarmerye. Au roy David blazon et armairie. Tu luy donnas de trop piteux recordz. [3805]Mettant à mort laschement ces deux corps. §À ce Ioab Ebroÿn par traffique. De dol caché soubz rapport pacifique. Se monstra bien luy estre successeur. Et qui l'ensuyt et ensuyvra soit seur. [3810]Si en ce plat cause que aultruy mal souppe. Qu'il se verra trencher de tel pain souppe. §Or demandez si ce crüel tyrant. De mal en piz fut sa vie empirant. Fort l'empira par crüaultez iniques. [3815]D'austeritez fieres et tyranniques. Quant feyt au bon sainct Leger arracher. Les yeulx du chef langue et levres trencher.
§Sainct Leger et aultres par Ebroÿn mys à mort Et tost aprés sans procés ny enqueste. Luy separa du digne corps la teste. [3820]Garin son frere aussi aprehendé. Fut de par luy meurdry et lapidé. Pource sans plus que en propoz raisonnables. Blasmerent luy et ses façons dampnables. Sans cause nulle il faisoit gentz pugnir. [3825]Nobles destruyre exiller et banyr. Plusieurs prelatz tesmoing celuy du Lyege. Dict sainct Lambert qu'il osta de son siege. Ce qu'il disoit au roy fust bel ou let. Estoit passé Tel maistre tel varlet. [3830]Maistre mauvais ayant varlet conforme. Trouve à son pied soullier de mesme forme.
§Fuicte du duc Pepin