Livre III - Chapitre 19
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33






§Veu que le temps ſi toſt va oultre et paſſe [3135]Il fault vuider ſans querir aultre eſpace. Sommairement le caz de ces deux roys. Qui neurent pas les noyſes et deſroys. Que pluſieurs ont quant leur pere treſpaſſe
§Chapitre.xixe.APres le dur et regꝛette decez. [3140]De ce bon roy dagobert fut lexcez. Du dueil reduict a plaingte moderee. Puis la raiſon toute conſideree. Qui en tel caz faict a conſiderer. Les gouuerneurs deſirans adherer. [3145]A oꝛdꝛe deue / en traictant les matieres. Feyꝛent marcher genſdarmes aux frontieres.
§Des deux roys freres.80v Pour ce que on voyt telles mutacions. Souuent cauſer les altercacions. Dont ſourd rumeur qui a bꝛigues conuie. [3150]Gꝛos cueurs ayantz de dominer enuye. Quant aux deux roys / ceſt a ſcauoir clouys. Et sygybert ilz eurent gens de auiz. De bon conſeil ſcience et induſtrie. Clouys / receu / roy en france / neuſtrye. [3155]Et en bourgongne eut le pꝛeudhōme Agayn Pour gouuerneur / foꝛt couuoiteux a gaing. De loz requis a gentz de noble race. Et sygibert / ces deux retint en gꝛace. Combert eueſque / et pepin / Ia nommez. [3160]Par cy deuant / gentz foꝛt bien renommez. De gꝛand ſcauoir / et bonne pꝛouidence. La royne vefue en aduis de pꝛudence. Receut ſa part des treſoꝛs delaiſſez. Par dagobert / Dont biens eut elle aſſez. [3165]Laultre moytie auſſi fut departie. Et pꝛint chaſcun des freres ſa partie. Sans demonſtrer les eſtrifz apparentz. Que on voit ſouuent mouuoir entre parentz.
§Clouys et sygibert. 81r Alloꝛs quilz font les lotz de leurs partaiges [3170]Tant du content / meubles que dheritaiges. Ceſt belle choſe et digne a memoꝛer. Quant on congnoiſt les enffentz demourer. De tel accoꝛd que amour en eulx pꝛoſpere. Sans eſtriuer pour les biens de leur pere. [3175]Le bon conſeil eſtant a lentour deulx Peult en ce caz eſtre ſoliciteux Du bien de paix / car touſiours admonneſte. Chaſcun tenir bonne vie et honneſte. §Oꝛ donq apꝛes les treſoꝛs diuiſez. [3180]Furent moyens trouuez et aduiſez. Pour roy royaulme en leur affaire duyꝛe. Et au vray ply de raiſon les reduyꝛe. Mathilde loꝛs / le roy / ſon filz / mena. A orleans / auquel lieu demena. [3185]Eſtat de vefue / et pꝛudente matroſne Auſſi agayn / gouuernant tout le thꝛoſne. Comme loyal / dꝛoict homme et foꝛt ſcauant. Myct la vertu de bonne foꝛce auant. A pꝛeſeruer comme digne relique. [3190]Lhonneur du roy / et dꝛoict du bien publique.
§De flocate gouuerneur.81v §Foy dequite touſiours en amour eut. Mais peu dura / trois ans apꝛes mourut. Ce fut dommaige / auſſi eſſe gꝛand perte. Quant la moꝛt pꝛend perſonne ſi experte. [3195]Ceulx de bourgongne en pompeux paremēs. Vindꝛent loꝛs faire hommaiges et ſermentz. Entre leſquelz a vng nomme flocate. La royne fut ſi tresbonne aduocate. Que on leſtablit ſeul maiſtre et gouuerner. [3200]De la bourgongne / et pour luy faire hōneur. Daffection plus gꝛande et apparente. Eut a eſpouſe vne ſienne parente. Affin que plus couraigeux et ardant. Il fuſt touſiours foy loyalle gardant. [3205]Enuers le roy / mais toſt seſt apperceue. Encontre luy gꝛoſſe heyne conceue. Par le ſeigneur bourguygnon vuyllebault. Dont ſe dꝛeſſa vng terrible deſbault. Mars martela tellement ſa fuſtaille. [3210]Que vuyllebault fut occis en bataille. Flocate auſſi foꝛt aſpꝛement naure. En ce conflict rendit tout enyure.
§Et ſon heynneux vuyllebauet. 82r Son filz au ſang de ſa cruelle playe. Loꝛs la vertu de ſes foꝛces employe. [3215]Si quen gouſtant ce deſpiteux remoꝛs. Gentz infiniz getta par terre moꝛs. Par ainſi fut ceſte bende rompue. Et de tel metz eſtrangement repeue. Lhiſtoire dit ce combat pꝛes authun [3220]Auoir eſte / du lieu ce meſt tout vng. Ce quen recite eſt pour monſtrer que enuye. Cauſe a pluſieurs perdꝛe honneur biēs et vie. Mathilde loꝛs a ſon faict voulut veoir. Et au ſalut de ſon ame pourueoir. [3225]Doubtant la moꝛt delle neſtre loingtaine. Et que lheure eſt aux humains incertaine. De ſens pourueue / et ſain entendement. Delibera faire ſon teſtament. Et des treſoꝛs que auoit gꝛandz et foꝛt āples. [3230]Diſtribua aux egliſes et temples. Ou ſceut auoir plus de neceſſitez. A ſouffreteux / tant en villes citez. Que plat pays / aulmoſna gꝛandes ſommes. De ſes deniers / aux poures gentilz hommes.
§Le treſpaz de la royne mathilde.82v [3235]Chargez denffentz / feyt argent departir. Elle oꝛdonna deſnuez reueſtir. Vefues nourrir / marier oꝛphenynes Que ſcauoit eſtre honneſtes et benignes. Bꝛief veuz les biens que feyt tant que veſquit. [3240]Et le deuoir de ſi entier acquict. On peult penſer merite auoir en elle. Tel que lame eſt en la gloire eternelle. Quant eſt du coꝛps par affecte deſir. Voulut aupꝛes du ſien eſpoux geſir. [3245]Ainſi payant le tribut de nature. Au lieu ou gyſt fut miſe en ſepulture.
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§Veu que le temps si tost va oultre et passe [3135]Il fault vuider sans querir aultre espace. Sommairement le caz de ces deux roys. Qui n'eurent pas les noyses et desroys. Que plusieurs ont quant leur pere trespasse
§Chapitre.xixe.Aprés le dur et regretté decez. [3140]De ce bon roy Dagobert fut l'excez. Du dueil reduict à plaingte moderee. Puis la raison toute consideree. Qui en tel caz faict à considerer. Les gouverneurs desirans adherer. [3145]À ordre deue en traictant les matieres. Feyrent marcher gensdarmes aux frontieres.
§Des deux roys freres Pour ce que on voyt telles mutacïons. Souvent causer les altercacïons. Dont sourd rumeur qui à brigues convie. [3150]Gros cueurs ayantz de dominer envye. Quant aux deux roys c'est à sçavoir Clovys. Et Sygybert ilz eurent gens de aviz. De bon conseil scïence et industrie. Clovys receu roy en France Neustrye. [3155]Et en Bourgongne eut le agayn Pour gouverneur fort couvoiteux à gaing. De loz requis à gentz de noble race. Et Sygibert ces deux retint en grace. Combert evesque et Pepin ja nommez. [3160]Par cy devant gentz fort bien renommez. De grand sçavoir et bonne providence. La royne vefve en advis de prudence. Receut sa part des tresors delaissez. Par Dagobert dont biens eut elle assez. [3165]L'aultre moytié aussi fut departie. Et print chascun des freres sa partie. Sans demonstrer les estrifz apparentz. Que on voit souvent mouvoir entre parentz.
§Clovys et Sygibert Allors qu'ilz font les lotz de leurs partaiges [3170]Tant du content meubles que d'heritaiges. C'est belle chose et digne à memorer. Quant on congnoist les enffentz demourer. De tel accord que amour en eulx prospere. Sans estriver pour les biens de leur pere. [3175]Le bon conseil estant à l'entour d'eulx Peult en ce caz estre soliciteux Du bien de paix car tousjours admonneste. Chascun tenir bonne vie et honneste. §Or donq aprés les tresors divisez. [3180]Furent moyens trouvez et advisez. Pour roy royaulme en leur affaire duyre. Et au vray ply de raison les reduyre. Mathilde lors le roy son filz mena. À Orlëans auquel lieu demena. [3185]Estat de vefve et prudente matrosne Aussi Agayn gouvernant tout le throsne. Comme loyal droict homme et fort sçavant. Myct la vertu de bonne force avant. À preserver comme digne relique. [3190]L'honneur du roy et droict du bien publique.
§De Flocate gouverneur §Foy d'equité tousjours en amour eut. Mais peu dura trois ans aprés mourut. Ce fut dommaige aussi esse grand perte. Quant la mort prend personne si experte. [3195]Ceulx de Bourgongne en pompeux parementz. Vindrent lors faire hommaiges et sermentz. Entre lesquelz à ung nommé Flocate. La royne fut si trés bonne advocate. Que on l'establit seul maistre et gouveneur. [3200]De la Bourgongne et pour luy faire honneur. D'affectïon plus grande et apparente. Eut à espouse une sienne parente. Affin que plus couraigeux et ardant. Il fust tousjours foy loyälle gardant. [3205]Envers le roy mais tost s'est apperceue. Encontre luy grosse heyne conceue. Par le seigneur Bourguygnon Vuyllebault. Dont se dressa ung terrible desbault. Mars martela tellement sa fustaille. [3210]Que Vuyllebault fut occis en bataille. Flocate aussi fort asprement navré. En ce conflict rendit tout enyvré.
§Et son heynneux Vuyllebauet Son filz au sang de sa crüelle playe. Lors la vertu de ses forces employe. [3215]Si qu'en goustant ce despiteux remors. Gentz infiniz getta par terre mors. Par ainsi fut ceste bende rompue. Et de tel metz estrangement repeue. L'histoire dit ce combat près Authun [3220]Avoir esté du lieu ce m'est tout ung. Ce qu'en recite est pour monstrer que envye. Cause à plusieurs perdre honneur biens et vie. Mathilde lors à son faict voulut veoir. Et au salut de son ame pourveoir. [3225]Doubtant la mort d'elle n'estre loingtaine. Et que l'heure est aux humains incertaine. De sens pourveue et sain entendement. Delibera faire son testament. Et des tresors que avoit grandz et fort amples. [3230]Distribüa aux eglises et temples. Où sceut avoir plus de necessitez. À souffreteux tant en villes citez. Que plat paÿs aulmosna grandes sommes. De ses deniers aux povres gentilz hommes.
§Le trespaz de la royne Mathilde [3235]Chargez d'enffentz feyt argent departir. Elle ordonna desnuez revestir. Vefves nourrir marïer orphenynes Que sçavoit estre honnestes et benignes. Brief veuz les biens que feyt tant que vesquit. [3240]Et le devoir de si entier acquict. On peult penser merite avoir en elle. Tel que l'ame est en la gloire eternelle. Quant est du corps par affecte desir. Voulut auprés du sien espoux gesir. [3245]Ainsi payant le tribut de nature. Au lieu où gyst fut mise en sepulture.






§Veu que le temps ſi toſt va oultre et paſſe [3135]Il fault vuider ſans querir aultre eſpace. Sommairement le caz de ces deux roys. Qui neurent pas les noyſes et deſroys. Que pluſieurs ont quant leur pere treſpaſſe
§Chapitre.xixe.APres le dur et regꝛette decez. [3140]De ce bon roy dagobert fut lexcez. Du dueil reduict a plaingte moderee. Puis la raiſon toute conſideree. Qui en tel caz faict a conſiderer. Les gouuerneurs deſirans adherer. [3145]A oꝛdꝛe deue / en traictant les matieres. Feyꝛent marcher genſdarmes aux frontieres.
§Des deux roys freres.80v Pour ce que on voyt telles mutacions. Souuent cauſer les altercacions. Dont ſourd rumeur qui a bꝛigues conuie. [3150]Gꝛos cueurs ayantz de dominer enuye. Quant aux deux roys / ceſt a ſcauoir clouys. Et sygybert ilz eurent gens de auiz. De bon conſeil ſcience et induſtrie. Clouys / receu / roy en france / neuſtrye. [3155]Et en bourgongne eut le pꝛeudhōme Agayn Pour gouuerneur / foꝛt couuoiteux a gaing. De loz requis a gentz de noble race. Et sygibert / ces deux retint en gꝛace. Combert eueſque / et pepin / Ia nommez. [3160]Par cy deuant / gentz foꝛt bien renommez. De gꝛand ſcauoir / et bonne pꝛouidence. La royne vefue en aduis de pꝛudence. Receut ſa part des treſoꝛs delaiſſez. Par dagobert / Dont biens eut elle aſſez. [3165]Laultre moytie auſſi fut departie. Et pꝛint chaſcun des freres ſa partie. Sans demonſtrer les eſtrifz apparentz. Que on voit ſouuent mouuoir entre parentz.
§Clouys et sygibert. 81r Alloꝛs quilz font les lotz de leurs partaiges [3170]Tant du content / meubles que dheritaiges. Ceſt belle choſe et digne a memoꝛer. Quant on congnoiſt les enffentz demourer. De tel accoꝛd que amour en eulx pꝛoſpere. Sans eſtriuer pour les biens de leur pere. [3175]Le bon conſeil eſtant a lentour deulx Peult en ce caz eſtre ſoliciteux Du bien de paix / car touſiours admonneſte. Chaſcun tenir bonne vie et honneſte. §Oꝛ donq apꝛes les treſoꝛs diuiſez. [3180]Furent moyens trouuez et aduiſez. Pour roy royaulme en leur affaire duyꝛe. Et au vray ply de raiſon les reduyꝛe. Mathilde loꝛs / le roy / ſon filz / mena. A orleans / auquel lieu demena. [3185]Eſtat de vefue / et pꝛudente matroſne Auſſi agayn / gouuernant tout le thꝛoſne. Comme loyal / dꝛoict homme et foꝛt ſcauant. Myct la vertu de bonne foꝛce auant. A pꝛeſeruer comme digne relique. [3190]Lhonneur du roy / et dꝛoict du bien publique.
§De flocate gouuerneur.81v §Foy dequite touſiours en amour eut. Mais peu dura / trois ans apꝛes mourut. Ce fut dommaige / auſſi eſſe gꝛand perte. Quant la moꝛt pꝛend perſonne ſi experte. [3195]Ceulx de bourgongne en pompeux paremēs. Vindꝛent loꝛs faire hommaiges et ſermentz. Entre leſquelz a vng nomme flocate. La royne fut ſi tresbonne aduocate. Que on leſtablit ſeul maiſtre et gouuerner. [3200]De la bourgongne / et pour luy faire hōneur. Daffection plus gꝛande et apparente. Eut a eſpouſe vne ſienne parente. Affin que plus couraigeux et ardant. Il fuſt touſiours foy loyalle gardant. [3205]Enuers le roy / mais toſt seſt apperceue. Encontre luy gꝛoſſe heyne conceue. Par le ſeigneur bourguygnon vuyllebault. Dont ſe dꝛeſſa vng terrible deſbault. Mars martela tellement ſa fuſtaille. [3210]Que vuyllebault fut occis en bataille. Flocate auſſi foꝛt aſpꝛement naure. En ce conflict rendit tout enyure.
§Et ſon heynneux vuyllebauet. 82r Son filz au ſang de ſa cruelle playe. Loꝛs la vertu de ſes foꝛces employe. [3215]Si quen gouſtant ce deſpiteux remoꝛs. Gentz infiniz getta par terre moꝛs. Par ainſi fut ceſte bende rompue. Et de tel metz eſtrangement repeue. Lhiſtoire dit ce combat pꝛes authun [3220]Auoir eſte / du lieu ce meſt tout vng. Ce quen recite eſt pour monſtrer que enuye. Cauſe a pluſieurs perdꝛe honneur biēs et vie. Mathilde loꝛs a ſon faict voulut veoir. Et au ſalut de ſon ame pourueoir. [3225]Doubtant la moꝛt delle neſtre loingtaine. Et que lheure eſt aux humains incertaine. De ſens pourueue / et ſain entendement. Delibera faire ſon teſtament. Et des treſoꝛs que auoit gꝛandz et foꝛt āples. [3230]Diſtribua aux egliſes et temples. Ou ſceut auoir plus de neceſſitez. A ſouffreteux / tant en villes citez. Que plat pays / aulmoſna gꝛandes ſommes. De ſes deniers / aux poures gentilz hommes.
§Le treſpaz de la royne mathilde.82v [3235]Chargez denffentz / feyt argent departir. Elle oꝛdonna deſnuez reueſtir. Vefues nourrir / marier oꝛphenynes Que ſcauoit eſtre honneſtes et benignes. Bꝛief veuz les biens que feyt tant que veſquit. [3240]Et le deuoir de ſi entier acquict. On peult penſer merite auoir en elle. Tel que lame eſt en la gloire eternelle. Quant eſt du coꝛps par affecte deſir. Voulut aupꝛes du ſien eſpoux geſir. [3245]Ainſi payant le tribut de nature. Au lieu ou gyſt fut miſe en ſepulture.
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§Veu que le temps si tost va oultre et passe [3135]Il fault vuider sans querir aultre espace. Sommairement le caz de ces deux roys. Qui n'eurent pas les noyses et desroys. Que plusieurs ont quant leur pere trespasse
§Chapitre.xixe.Aprés le dur et regretté decez. [3140]De ce bon roy Dagobert fut l'excez. Du dueil reduict à plaingte moderee. Puis la raison toute consideree. Qui en tel caz faict à considerer. Les gouverneurs desirans adherer. [3145]À ordre deue en traictant les matieres. Feyrent marcher gensdarmes aux frontieres.
§Des deux roys freres Pour ce que on voyt telles mutacïons. Souvent causer les altercacïons. Dont sourd rumeur qui à brigues convie. [3150]Gros cueurs ayantz de dominer envye. Quant aux deux roys c'est à sçavoir Clovys. Et Sygybert ilz eurent gens de aviz. De bon conseil scïence et industrie. Clovys receu roy en France Neustrye. [3155]Et en Bourgongne eut le agayn Pour gouverneur fort couvoiteux à gaing. De loz requis à gentz de noble race. Et Sygibert ces deux retint en grace. Combert evesque et Pepin ja nommez. [3160]Par cy devant gentz fort bien renommez. De grand sçavoir et bonne providence. La royne vefve en advis de prudence. Receut sa part des tresors delaissez. Par Dagobert dont biens eut elle assez. [3165]L'aultre moytié aussi fut departie. Et print chascun des freres sa partie. Sans demonstrer les estrifz apparentz. Que on voit souvent mouvoir entre parentz.
§Clovys et Sygibert Allors qu'ilz font les lotz de leurs partaiges [3170]Tant du content meubles que d'heritaiges. C'est belle chose et digne à memorer. Quant on congnoist les enffentz demourer. De tel accord que amour en eulx prospere. Sans estriver pour les biens de leur pere. [3175]Le bon conseil estant à l'entour d'eulx Peult en ce caz estre soliciteux Du bien de paix car tousjours admonneste. Chascun tenir bonne vie et honneste. §Or donq aprés les tresors divisez. [3180]Furent moyens trouvez et advisez. Pour roy royaulme en leur affaire duyre. Et au vray ply de raison les reduyre. Mathilde lors le roy son filz mena. À Orlëans auquel lieu demena. [3185]Estat de vefve et prudente matrosne Aussi Agayn gouvernant tout le throsne. Comme loyal droict homme et fort sçavant. Myct la vertu de bonne force avant. À preserver comme digne relique. [3190]L'honneur du roy et droict du bien publique.
§De Flocate gouverneur §Foy d'equité tousjours en amour eut. Mais peu dura trois ans aprés mourut. Ce fut dommaige aussi esse grand perte. Quant la mort prend personne si experte. [3195]Ceulx de Bourgongne en pompeux parementz. Vindrent lors faire hommaiges et sermentz. Entre lesquelz à ung nommé Flocate. La royne fut si trés bonne advocate. Que on l'establit seul maistre et gouveneur. [3200]De la Bourgongne et pour luy faire honneur. D'affectïon plus grande et apparente. Eut à espouse une sienne parente. Affin que plus couraigeux et ardant. Il fust tousjours foy loyälle gardant. [3205]Envers le roy mais tost s'est apperceue. Encontre luy grosse heyne conceue. Par le seigneur Bourguygnon Vuyllebault. Dont se dressa ung terrible desbault. Mars martela tellement sa fustaille. [3210]Que Vuyllebault fut occis en bataille. Flocate aussi fort asprement navré. En ce conflict rendit tout enyvré.
§Et son heynneux Vuyllebauet Son filz au sang de sa crüelle playe. Lors la vertu de ses forces employe. [3215]Si qu'en goustant ce despiteux remors. Gentz infiniz getta par terre mors. Par ainsi fut ceste bende rompue. Et de tel metz estrangement repeue. L'histoire dit ce combat près Authun [3220]Avoir esté du lieu ce m'est tout ung. Ce qu'en recite est pour monstrer que envye. Cause à plusieurs perdre honneur biens et vie. Mathilde lors à son faict voulut veoir. Et au salut de son ame pourveoir. [3225]Doubtant la mort d'elle n'estre loingtaine. Et que l'heure est aux humains incertaine. De sens pourveue et sain entendement. Delibera faire son testament. Et des tresors que avoit grandz et fort amples. [3230]Distribüa aux eglises et temples. Où sceut avoir plus de necessitez. À souffreteux tant en villes citez. Que plat paÿs aulmosna grandes sommes. De ses deniers aux povres gentilz hommes.
§Le trespaz de la royne Mathilde [3235]Chargez d'enffentz feyt argent departir. Elle ordonna desnuez revestir. Vefves nourrir marïer orphenynes Que sçavoit estre honnestes et benignes. Brief veuz les biens que feyt tant que vesquit. [3240]Et le devoir de si entier acquict. On peult penser merite avoir en elle. Tel que l'ame est en la gloire eternelle. Quant est du corps par affecte desir. Voulut auprés du sien espoux gesir. [3245]Ainsi payant le tribut de nature. Au lieu où gyst fut mise en sepulture.