Livre III - Chapitre 12
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33








§Pour reciter, de la ieune pucelle. Que dagobert acoincta / ce fut celle. Dont vng filz eut hors adueu nuptial. [2080]Et nonobſtant, miracle ſpecial Se feyt en luy / lhiſtoire ne le ſcelle.
§Chapitre.xiie.
52v
§De raguetrude concubine de dagobert53r DAgobert loꝛs / tresfoꝛt ſe
deſplaiſoit. Que genyus a luy ne com
plaiſoit. Diſant : par trop / vers moy ſe deſnature. [2085]Veu que on le tient miniſtre de nature. Pour labourer ſemer et cultiuer. Tant en pꝛintemps, autumpne, eſte que yuer. Et, par liqueur damoureuſe rozee. Rendꝛe la terre amplement arrozee. [2090]Que oꝛes ne ma de tant fauoꝛize. Et mon labeur ſi bien auctoꝛize. Que, par regard de celeſte influence. Ie nay pꝛoduyct des fruictz en affluence. Apꝛes ces motz, ſe voyant demoure. [2095]Qui iour et nuyct auoit tant laboure. Et ſon labeur trouuant comme inutile. Delibera terre auoir plus fertile. Par ce moyen, raguetrude, a plaiſir. Choiſit pour faire a ſes coſtez geſir. [2100]Mais a ſcauoir sexcuſe legitime. Eut en ce cas / pour reſponſe, iextime.
§Miracle aduenu.53v Que offenſa dieu / car on ne doibt iamais. Commettre vng mal pour bien quelconq̄ / mais. Les pꝛinces ont aultre loy, . ce leur ſemble. [2105]Que ſimples gentz / le tout meſle enſemble. Entre eulx et nous / ne gyſt exeption. Car dieu nentend auoir acception. Dhomme viuant, en tant que touche offenſe. Contreuenant a ce dont faict deffenſe. [2110]Oꝛ paſſons oultre / aduint, touchant cela. Que ceſte fleur ſon germe ne cela. Car ſans doubter eſtre a ce mal menee. Feyt vng beau filz en celle meſme annee. A orleans, elle acoucha et geut. [2115]Le roy pꝛeſent / et ſi a poinct eſcheut. Que la ſuruint aribert / loꝛs, gꝛand feſte. Pour ſa venue et de lenffent fut faicte. De frere a frere y eut tout tel reccueil. Quen pareil caz / cueur doibt penſer / et que œil. [2120]Peult aduiſer / perſonne eſtre pourueue. Dample ſoulaz / quant voyt a pleine veue. Le ſien amy, et pꝛochain delle ſent. Ce qui long temps auoit eſte abſent.
§Au bapteſme du filz de dagobert 54r Lappareil faict que au bapteſme on doibt faire. [2125]Le bon pꝛeudhomme / amand en ceſt affaire. Pour baptiſer lenffent fut deppute. Car il eſtoit ſainct homme reppute. Et a bon dꝛoict legliſe tel lappꝛouue. Ceſt ſainct amand que au cathalogue on trouue. [2130]Lenffent tenu ſur fontz par aribert. Le denomma en ſon nom sygibert. Oꝛ retenez que a ce diuin oꝛacle. Sur lheure, y eut vng euident miracle. A extimer plus ſans comparaiſon. [2135]Que ie ne dy / car apꝛes loꝛaiſon. Que ſainct amand diſoit / neut perſonnaige. Qui mot ſonnaſt / lenffant tenant en aaige. Quarante iours ſans plus / comme examen. Fut ſur ce faict ſeul / reſpondit amen. [2140]A pleine voix foꝛt haulte et bien ouye. Dont les deux roys, et la tourbe eſiouye. Se deurent foꝛt / comme croyꝛe ſe doibt. Eſmerueiller / et dire que ceſtoit. Pour laduenir, pꝛeſaige et aſſeurance. [2145]De tel enffant auoir bonne eſperance.
§Ordre donnee par dagobert.54v Les pꝛeſtres la furent ce ver chantantz. Qui dit / de bouche / aux enffantz alettantz. Ô tu, seigneur / que ſans ceſſe loue ange. As huy parfaicte / icy digne louange. [2150]Ie laiſſe a dire / et au penſer remetz. Quelz appareilz on feyt de diuers metz. Quelx feux de ioye et quelles rondes tables. Dꝛeſſerent peuple et perſonnes notables. De toute france / il ne fault pas doubter. [2155]Que tout compter ſembleroit radotter. Ces choſes la ſont au cueur et penſee. De ceulx dont tiens la plume diſpenſee. Quant a ce poinct / ſi men vueil depoꝛter. Tant ſeullement / Ce mot puis rappoꝛter. [2160]Que adonq le pere / eut gꝛand ſoing de la mere. Et receut ioye / apꝛes doulleur amere. Apꝛes regꝛet / de ne ſe veoir enffent. A tel plaiſir que a poy ſon cueur en fend. Et va diſant que gꝛand ſoulaz luy eſſe. [2165]Apꝛes ennuy / auoir telle lyeſſe. Oꝛ demandez sil feyt tout appꝛeſter. Pour plaiſamment la nourrir et traicter.
§Sur la nourriture de ſon filz. 55r Penſez que ſi / Il donna, dauentaige. Charge du filz / a vng cheualier daaige. [2170]Nomme Egna / qui fainct homme neſtoit. Et bien ſouuent ſon maiſtre admonneſtoit. Sans voulloir riens / pour le ſien ſalut, taire. Quil ſcauoit eſtre a lame ſalutaire. Donq a bon dꝛoict ceſte charge receut. [2175]Car ſaigement et bien faire le ſceut. Laiſſons le la / et lenffent / iuſqua lheure. Que den parler aurons cauſe meilleure. Ains que aribert, du roy ſon frere, euſt pꝛis. Dernier congie / dardante amour eſpꝛis. [2180]Offre luy feyt / et don de beneffice. Coꝛps employer et biens a ſon ſeruice. Au cas pareil / le frere / tout autant. Luy en offrit de bon cueur / et par tant. Apꝛes pꝛeſentz que vng a aultre impartirent. [2185]Pꝛenantz congie / denſemble ſe partirent. Ce faict voulut dagobert vſiter. Luy et ſes gentz / affin de viſiter. Le ſien royaulme, allant de place en place. Oꝛ aille foꝛt / a male heure deſplace.
§Dagobert diuerty.55v [2190]Se le ſentier bien dꝛoict va trauerſer. Pour pꝛendꝛe voye / ou il pourra verſer. Par le villain peche dingꝛatitude. De liberte tumbant en ſeruitude. On ſcet aſſez / que, par ce vice infect. [2195]Maint homme au monde / en a tout ainſi faict. Dieu nous en gard / et doint la vertu telle. Que vil foꝛfaict ne nous tienne en tutelle.
Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Pour reciter, de la jeune pucelle Que Dagobert acoincta, ce fut celle Dont ung filz eut hors adveu nuptïal. [2080]Et nonobstant, miracle special Se feyt en luy, l'histoire ne le scelle.
§Chapitre.xiie.
§De Raguetrude concubine de Dagobert Dagobert lors trés fort se desplaisoit. Que Genyus 1 à luy ne complaisoit, Disant : Par trop vers moy se desnature, [2085]Veu que on le tient ministre de nature, Pour labourer semer et cultiver, Tant en printemps, autumpne, esté que yver Et, par liqueur d'amoureuse rozee, Rendre la terre amplement arrozee, [2090]Que ores ne m'a de tant favorizé, Et mon labeur si bien auctorizé Que, par regard de celeste influence, Je n'ay produyct des fruictz en affluence. Aprés ces motz, se voyant demouré, [2095]Qui jour et nuyct avoit tant labouré, Et son labeur trouvant comme inutile, Delibera terre avoir plus fertile. Par ce moyen, Raguetrude, à plaisir, Choisit pour faire à ses costez gesir. [2100]Mais à sçavoir s'excuse legitime Eut en ce cas, pour response, j'extime
§Miracle advenu Que offensa Dieu, car on ne doibt jamais Commettre ung mal pour bien quelconque. Mais Les princes ont aultre loy, , ce leur semble, [2105]Que simples gentz. Le tout meslé ensemble, Entre eulx et nous, ne gyst exeptïon, Car Dieu n'entend avoir acceptïon D'homme vivant, en tant que touche offense, Contrevenant à ce dont faict deffense. [2110]Or passons oultre. Advint, touchant cela, Que ceste fleur son germe ne cela. Car sans doubter estre à ce mal menee, Feyt ung beau filz en celle mesme annee. À Orlëans, elle acoucha et geut, [2115]Le roy present. Et si à poinct escheut, Que là survint Aribert. Lors, grand feste Pour sa venue et de l'enffent fut faicte. De frere à frere y eut tout tel reccueil, Qu'en pareil caz, cueur doibt penser et que œil [2120]Peult adviser, personne estre pourveue D'ample soulaz, quant voyt à pleine veue Le sien amy, et prochain d'elle sent Ce qui longtemps avoit esté absent.
§Au baptesme du filz de Dagobert L'appareil faict que au baptesme on doibt faire, [2125]Le bon preud'homme, Amand en cest affaire, Pour baptiser l'enffent fut depputé, Car il estoit sainct homme repputé. Et à bon droict l'eglise tel l'approuve, C'est sainct Amand que au cathalogue on trouve. [2130]L'enffent tenu sur fontz par Aribert, Le denomma en son nom Sygibert. Or retenez que à ce divin oracle, Sur l'heure, y eut ung evident miracle, À extimer plus sans comparaison, [2135]Que je ne dy. Car aprés l'oraison Que sainct Amand disoit, n'eut personnaige Qui mot sonnast, l'enffant tenant en aaige Quarante jours sans plus, comme examen Fut sur ce faict seul, respondit « amen », [2140]À pleine voix fort haulte et bien ouÿe, Dont les deux roys, et la tourbe esjouye, Se deurent fort, comme croyre se doibt, Esmerveiller, et dire que c'estoit, Pour l'advenir, presaige et asseurance [2145]De tel enffant avoir bonne esperance.
§Ordre donnee par Dagobert Les prestres là furent ce ver chantantz, Qui dit, de bouche, aux enffantz alettantz : Ô Tu, Seigneur, que sans cesse loue ange, As huy parfaicte icy digne louange. [2150]Je laisse à dire et au penser remetz Quelz appareilz on feyt de divers metz, Quelx feux de joye et quelles rondes tables Dresserent peuple et personnes notables, De toute France. Il ne fault pas doubter [2155]Que tout compter sembleroit radotter. Ces choses là sont au cueur et pensee De ceulx dont tiens la plume dispensee. Quant à ce poinct, si m'en vueil deporter, Tant seullement, ce mot puis rapporter [2160]Que adonq le pere eut grand soing de la mere, Et receut joye, aprés doulleur amere, Aprés regret de ne se veoir enffent, À tel plaisir que à poy son cueur en fend. Et va disant que grand soulaz luy esse, [2165]Aprés ennuy, avoir telle lÿesse. Or demandez s'il feyt tout apprester, Pour plaisamment la nourrir et traicter,
§Sur la nourriture de son filz Pensez que si. Il donna, daventaige, Charge du filz à ung chevalier d'aaige, [2170]Nommé Egna, qui fainct homme n'estoit, Et bien souvent son maistre admonnestoit, Sans voulloir riens, pour le sien salut, taire Qu'il sçavoit estre à l'ame salutaire. Donq à bon droict ceste charge receut, [2175]Car saigement et bien faire le sceut. Laissons le là, et l'enffent, jusqu'à l'heure Que d'en parler aurons cause meilleure. Ains que Aribert, du roy son frere, eust pris Dernier congié, d'ardante amour espris, [2180]Offre luy feyt, et don de beneffice, Corps employer et biens à son service. Au cas pareil, le frere, tout autant Luy en offrit de bon cueur. Et partant, Aprés presentz que ung à aultre impartirent, [2185]Prenantz congié, d'ensemble se partirent. Ce faict voulut Dagobert usiter, Luy et ses gentz, affin de visiter Le sien royaulme, allant de place en place. Or aille fort, à male heure desplace,
§Dagobert diverty [2190]Se le sentier bien droict va traverser, Pour prendre voye où il pourra verser, Par le villain peché d'ingratitude, De liberté tumbant en servitude. On scet assez que, par ce vice infect, [2195]Maint homme au monde en a tout ainsi faict. Dieu nous en gard et doint la vertu telle Que vil forfaict ne nous tienne en tutelle.
Note n°1
Personnage du Roman de la Rose
invitant à utiliser les moyens que Dieu a fourni aux hommes pour
s'assurer l'immortalité, à savoir la procréation.








§Pour reciter, de la ieune pucelle. Que dagobert acoincta / ce fut celle. Dont vng filz eut hors adueu nuptial. [2080]Et nonobſtant, miracle ſpecial Se feyt en luy / lhiſtoire ne le ſcelle.
§Chapitre.xiie.
52v
§De raguetrude concubine de dagobert53r DAgobert loꝛs / tresfoꝛt ſe
deſplaiſoit. Que genyus a luy ne com
plaiſoit. Diſant : par trop / vers moy ſe deſnature. [2085]Veu que on le tient miniſtre de nature. Pour labourer ſemer et cultiuer. Tant en pꝛintemps, autumpne, eſte que yuer. Et, par liqueur damoureuſe rozee. Rendꝛe la terre amplement arrozee. [2090]Que oꝛes ne ma de tant fauoꝛize. Et mon labeur ſi bien auctoꝛize. Que, par regard de celeſte influence. Ie nay pꝛoduyct des fruictz en affluence. Apꝛes ces motz, ſe voyant demoure. [2095]Qui iour et nuyct auoit tant laboure. Et ſon labeur trouuant comme inutile. Delibera terre auoir plus fertile. Par ce moyen, raguetrude, a plaiſir. Choiſit pour faire a ſes coſtez geſir. [2100]Mais a ſcauoir sexcuſe legitime. Eut en ce cas / pour reſponſe, iextime.
§Miracle aduenu.53v Que offenſa dieu / car on ne doibt iamais. Commettre vng mal pour bien quelconq̄ / mais. Les pꝛinces ont aultre loy, . ce leur ſemble. [2105]Que ſimples gentz / le tout meſle enſemble. Entre eulx et nous / ne gyſt exeption. Car dieu nentend auoir acception. Dhomme viuant, en tant que touche offenſe. Contreuenant a ce dont faict deffenſe. [2110]Oꝛ paſſons oultre / aduint, touchant cela. Que ceſte fleur ſon germe ne cela. Car ſans doubter eſtre a ce mal menee. Feyt vng beau filz en celle meſme annee. A orleans, elle acoucha et geut. [2115]Le roy pꝛeſent / et ſi a poinct eſcheut. Que la ſuruint aribert / loꝛs, gꝛand feſte. Pour ſa venue et de lenffent fut faicte. De frere a frere y eut tout tel reccueil. Quen pareil caz / cueur doibt penſer / et que œil. [2120]Peult aduiſer / perſonne eſtre pourueue. Dample ſoulaz / quant voyt a pleine veue. Le ſien amy, et pꝛochain delle ſent. Ce qui long temps auoit eſte abſent.
§Au bapteſme du filz de dagobert 54r Lappareil faict que au bapteſme on doibt faire. [2125]Le bon pꝛeudhomme / amand en ceſt affaire. Pour baptiſer lenffent fut deppute. Car il eſtoit ſainct homme reppute. Et a bon dꝛoict legliſe tel lappꝛouue. Ceſt ſainct amand que au cathalogue on trouue. [2130]Lenffent tenu ſur fontz par aribert. Le denomma en ſon nom sygibert. Oꝛ retenez que a ce diuin oꝛacle. Sur lheure, y eut vng euident miracle. A extimer plus ſans comparaiſon. [2135]Que ie ne dy / car apꝛes loꝛaiſon. Que ſainct amand diſoit / neut perſonnaige. Qui mot ſonnaſt / lenffant tenant en aaige. Quarante iours ſans plus / comme examen. Fut ſur ce faict ſeul / reſpondit amen. [2140]A pleine voix foꝛt haulte et bien ouye. Dont les deux roys, et la tourbe eſiouye. Se deurent foꝛt / comme croyꝛe ſe doibt. Eſmerueiller / et dire que ceſtoit. Pour laduenir, pꝛeſaige et aſſeurance. [2145]De tel enffant auoir bonne eſperance.
§Ordre donnee par dagobert.54v Les pꝛeſtres la furent ce ver chantantz. Qui dit / de bouche / aux enffantz alettantz. Ô tu, seigneur / que ſans ceſſe loue ange. As huy parfaicte / icy digne louange. [2150]Ie laiſſe a dire / et au penſer remetz. Quelz appareilz on feyt de diuers metz. Quelx feux de ioye et quelles rondes tables. Dꝛeſſerent peuple et perſonnes notables. De toute france / il ne fault pas doubter. [2155]Que tout compter ſembleroit radotter. Ces choſes la ſont au cueur et penſee. De ceulx dont tiens la plume diſpenſee. Quant a ce poinct / ſi men vueil depoꝛter. Tant ſeullement / Ce mot puis rappoꝛter. [2160]Que adonq le pere / eut gꝛand ſoing de la mere. Et receut ioye / apꝛes doulleur amere. Apꝛes regꝛet / de ne ſe veoir enffent. A tel plaiſir que a poy ſon cueur en fend. Et va diſant que gꝛand ſoulaz luy eſſe. [2165]Apꝛes ennuy / auoir telle lyeſſe. Oꝛ demandez sil feyt tout appꝛeſter. Pour plaiſamment la nourrir et traicter.
§Sur la nourriture de ſon filz. 55r Penſez que ſi / Il donna, dauentaige. Charge du filz / a vng cheualier daaige. [2170]Nomme Egna / qui fainct homme neſtoit. Et bien ſouuent ſon maiſtre admonneſtoit. Sans voulloir riens / pour le ſien ſalut, taire. Quil ſcauoit eſtre a lame ſalutaire. Donq a bon dꝛoict ceſte charge receut. [2175]Car ſaigement et bien faire le ſceut. Laiſſons le la / et lenffent / iuſqua lheure. Que den parler aurons cauſe meilleure. Ains que aribert, du roy ſon frere, euſt pꝛis. Dernier congie / dardante amour eſpꝛis. [2180]Offre luy feyt / et don de beneffice. Coꝛps employer et biens a ſon ſeruice. Au cas pareil / le frere / tout autant. Luy en offrit de bon cueur / et par tant. Apꝛes pꝛeſentz que vng a aultre impartirent. [2185]Pꝛenantz congie / denſemble ſe partirent. Ce faict voulut dagobert vſiter. Luy et ſes gentz / affin de viſiter. Le ſien royaulme, allant de place en place. Oꝛ aille foꝛt / a male heure deſplace.
§Dagobert diuerty.55v [2190]Se le ſentier bien dꝛoict va trauerſer. Pour pꝛendꝛe voye / ou il pourra verſer. Par le villain peche dingꝛatitude. De liberte tumbant en ſeruitude. On ſcet aſſez / que, par ce vice infect. [2195]Maint homme au monde / en a tout ainſi faict. Dieu nous en gard / et doint la vertu telle. Que vil foꝛfaict ne nous tienne en tutelle.
Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Pour reciter, de la jeune pucelle Que Dagobert acoincta, ce fut celle Dont ung filz eut hors adveu nuptïal. [2080]Et nonobstant, miracle special Se feyt en luy, l'histoire ne le scelle.
§Chapitre.xiie.
§De Raguetrude concubine de Dagobert Dagobert lors trés fort se desplaisoit. Que Genyus 1 à luy ne complaisoit, Disant : Par trop vers moy se desnature, [2085]Veu que on le tient ministre de nature, Pour labourer semer et cultiver, Tant en printemps, autumpne, esté que yver Et, par liqueur d'amoureuse rozee, Rendre la terre amplement arrozee, [2090]Que ores ne m'a de tant favorizé, Et mon labeur si bien auctorizé Que, par regard de celeste influence, Je n'ay produyct des fruictz en affluence. Aprés ces motz, se voyant demouré, [2095]Qui jour et nuyct avoit tant labouré, Et son labeur trouvant comme inutile, Delibera terre avoir plus fertile. Par ce moyen, Raguetrude, à plaisir, Choisit pour faire à ses costez gesir. [2100]Mais à sçavoir s'excuse legitime Eut en ce cas, pour response, j'extime
§Miracle advenu Que offensa Dieu, car on ne doibt jamais Commettre ung mal pour bien quelconque. Mais Les princes ont aultre loy, , ce leur semble, [2105]Que simples gentz. Le tout meslé ensemble, Entre eulx et nous, ne gyst exeptïon, Car Dieu n'entend avoir acceptïon D'homme vivant, en tant que touche offense, Contrevenant à ce dont faict deffense. [2110]Or passons oultre. Advint, touchant cela, Que ceste fleur son germe ne cela. Car sans doubter estre à ce mal menee, Feyt ung beau filz en celle mesme annee. À Orlëans, elle acoucha et geut, [2115]Le roy present. Et si à poinct escheut, Que là survint Aribert. Lors, grand feste Pour sa venue et de l'enffent fut faicte. De frere à frere y eut tout tel reccueil, Qu'en pareil caz, cueur doibt penser et que œil [2120]Peult adviser, personne estre pourveue D'ample soulaz, quant voyt à pleine veue Le sien amy, et prochain d'elle sent Ce qui longtemps avoit esté absent.
§Au baptesme du filz de Dagobert L'appareil faict que au baptesme on doibt faire, [2125]Le bon preud'homme, Amand en cest affaire, Pour baptiser l'enffent fut depputé, Car il estoit sainct homme repputé. Et à bon droict l'eglise tel l'approuve, C'est sainct Amand que au cathalogue on trouve. [2130]L'enffent tenu sur fontz par Aribert, Le denomma en son nom Sygibert. Or retenez que à ce divin oracle, Sur l'heure, y eut ung evident miracle, À extimer plus sans comparaison, [2135]Que je ne dy. Car aprés l'oraison Que sainct Amand disoit, n'eut personnaige Qui mot sonnast, l'enffant tenant en aaige Quarante jours sans plus, comme examen Fut sur ce faict seul, respondit « amen », [2140]À pleine voix fort haulte et bien ouÿe, Dont les deux roys, et la tourbe esjouye, Se deurent fort, comme croyre se doibt, Esmerveiller, et dire que c'estoit, Pour l'advenir, presaige et asseurance [2145]De tel enffant avoir bonne esperance.
§Ordre donnee par Dagobert Les prestres là furent ce ver chantantz, Qui dit, de bouche, aux enffantz alettantz : Ô Tu, Seigneur, que sans cesse loue ange, As huy parfaicte icy digne louange. [2150]Je laisse à dire et au penser remetz Quelz appareilz on feyt de divers metz, Quelx feux de joye et quelles rondes tables Dresserent peuple et personnes notables, De toute France. Il ne fault pas doubter [2155]Que tout compter sembleroit radotter. Ces choses là sont au cueur et pensee De ceulx dont tiens la plume dispensee. Quant à ce poinct, si m'en vueil deporter, Tant seullement, ce mot puis rapporter [2160]Que adonq le pere eut grand soing de la mere, Et receut joye, aprés doulleur amere, Aprés regret de ne se veoir enffent, À tel plaisir que à poy son cueur en fend. Et va disant que grand soulaz luy esse, [2165]Aprés ennuy, avoir telle lÿesse. Or demandez s'il feyt tout apprester, Pour plaisamment la nourrir et traicter,
§Sur la nourriture de son filz Pensez que si. Il donna, daventaige, Charge du filz à ung chevalier d'aaige, [2170]Nommé Egna, qui fainct homme n'estoit, Et bien souvent son maistre admonnestoit, Sans voulloir riens, pour le sien salut, taire Qu'il sçavoit estre à l'ame salutaire. Donq à bon droict ceste charge receut, [2175]Car saigement et bien faire le sceut. Laissons le là, et l'enffent, jusqu'à l'heure Que d'en parler aurons cause meilleure. Ains que Aribert, du roy son frere, eust pris Dernier congié, d'ardante amour espris, [2180]Offre luy feyt, et don de beneffice, Corps employer et biens à son service. Au cas pareil, le frere, tout autant Luy en offrit de bon cueur. Et partant, Aprés presentz que ung à aultre impartirent, [2185]Prenantz congié, d'ensemble se partirent. Ce faict voulut Dagobert usiter, Luy et ses gentz, affin de visiter Le sien royaulme, allant de place en place. Or aille fort, à male heure desplace,
§Dagobert diverty [2190]Se le sentier bien droict va traverser, Pour prendre voye où il pourra verser, Par le villain peché d'ingratitude, De liberté tumbant en servitude. On scet assez que, par ce vice infect, [2195]Maint homme au monde en a tout ainsi faict. Dieu nous en gard et doint la vertu telle Que vil forfaict ne nous tienne en tutelle.
Note n°1
Personnage du Roman de la Rose
invitant à utiliser les moyens que Dieu a fourni aux hommes pour
s'assurer l'immortalité, à savoir la procréation.