Livre III - Chapitre 3
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33








[465]§Qui trop au loing naura les yeulx eſpars, Icy verra clotaire bonnes partz. Donner aux ſiens en certaines prouinces. Et en monſtrant que honneur ſiet bien a princes, Vouldra quicter le tribut aux lombardz.
§Chapitre iiie.[470]LE roy clotaire / entieremēt paiſible. De toute gaulle / hoꝛs mys trou
ble nuyſible. Voullant vzer de liberalite. Bonte pꝛiuee et coꝛdialite. Manda vers luy ſa nobleſſe / fournye. [475]De foꝛt honneſte et belle baronnye. Et comme bꝛuyt ſoudain en place court. La ſe trouua vne ſi gꝛoſſe court. Que de ſeigneurs y eut terre couuerte. Loꝛs commanda tenir maiſon ouuerte.
§Des liberalitez.10v [480]Et feyt banquetz plantureux apꝛeſter. Pour gꝛandz / moyens / et petitz bien traicter. Si que au plaiſir et vueil de ſon entente. Bende ny euſt / qui ne fuſt trescontente. Oꝛ auoit il la gꝛace de tenir. [485]Telle parolle / a gentz entretenir. Que tout viuant de bonne fantaſie. Trouuoit en luy doulceur et courtoiſye. §De luy ne fut oncques homme engygne. Neſtoit ſaige / et bien moꝛigine. [490]Bening, piteux / de bonne pacience. Les gentz aymant de ſaine conſcience. Aux humbles / doulx / courtoys et gꝛacieux. Dur, aygꝛe et fier / aux fiers et vicieux. Il pugniſſoit tout cryme et maleffice. [495]Il pourueoit doffice ou beneffice Ceulx quil ſcauoit lauoir bien deſſeruy. Tant enuers dieu ſe rendit aſſeruy. Quen ſa penſee eut touſiours / ſans contraīcte, Limpꝛeſſion de ſon amour et craincte. [500]Tant quen ce cours / terreſte demoura. Religion obſeruee honnoꝛa.
§De clotaire. 11r §Science ayma / et gentz de bonne lettre. Il fut hardy foꝛt pꝛeux et bien a dextre. Et neſt trouue quen armes il ayt fait. [505]Iamais vng tour de laſche et vil effect. Le meſtier ſceut de chaſſes bien conduyꝛe. Et ſe y voulut ſouuenteſfoiz deſduyꝛe. En cas piteux / pꝛiue / ou general. Fut aulmoſnier treslarge et liberal. [510]Bꝛief, comme au long ſa geſte dit et pꝛeuue. Ce fut vng roy de bien loyale eſpꝛeuue. §Oꝛ, pour rentrer au pꝛopos deuant mys. Apꝛes auoir / feſtoye ſes amys. Il deſploya treſoꝛs damples richeſſes. [515]Et leur monſtra telz ſignes de largeſſes. Que a peine loꝛs ſceuſſent alleguer dons. De plus peſans et ſumptueux guerdons. §A ce garnier / dont mencion eſt faicte. Eut vollunte ſi tresbonne et affecte. [520]Quil leſtablit a tiltre de bon heur. De ſon palays pꝛeuoſt et gouuerneur. Comme extime auoir charge totale. De ſa cite et ville capitale.
§Folle ſuaſion de lendemond eueſque.11v §En auſtraſie, inſtitua Rhadon. [525]Pour gouuerneur / en bourgongne Herpon. Qui furent deux notables pꝛeudes hōmes. Dignes de auoir gꝛoſſes charges et ſommes. Fuſt temps de paix / ou guerre / comme ceulx. A bien ouurer / iamais non pareſſeux. [530]§Le .xxxme. an du regne a ce clotaire. Fut, aux lombardz / le deuoir tributaire. Par luy quicte / dont ſes pꝛedeceſſeurs. Depuis gontran, furent vrays poſſeſſeurs. §Cauſe alleguer / ſur ce, ny en ſcay que vne. [535]Ceſt que au moyen de certaine pecune. Donnee a luy / ſa debonnairete. Les myct a pleine et pure liberte. §En ce meſme an, comme pluſieurs au monde. Sont empeſchez du crime et vice immmunde. [540]Qui fraulde a dol, par trahyſon ſemond. Le faulx eueſque appele lendemond. A lappetit du ſeducteur althee. Folle parolle / en ſon cueur, relatee. Vng iour, penſant parler diſcrettement. [545]Deuers la royne alla ſecrettement.
§A la royne. 12r Luy conſeillant. À plains coffres et bouges. Tous ſes treſoꝛs faire poꝛter a bourges. Pour la raiſon que le roy, ſon mary. Dont neantmoins monſtroit eſtre marry. [550]Deuoit, ſelon fatale deſtinee. Comme il diſoit / deceder ceſte annee. Oultre luy dit que althee eſtoit ſeigneur. Comble de biens de vertuz et honneur. Et pꝛomettoit laiſſer ſa pꝛopꝛe femme. [555]Pour leſpouſer / ſans y penſer diffame. Selle vouloit, apꝛes la moꝛt du roy. A ce moyen, au train de noble arroy. Seroit touſiours haultement gouuernee. Et par deux foys en france couronnee. [560]§La bonne dame apꝛes auoir ouy. Ce ſot pꝛopos / ſans non dire ne ouy. Pꝛiſe de dueil, ſe gecta ſur ſa couche. Ainſi que faict celle que regꝛet touche. Tant du deſpit qui aſpꝛement la moꝛd. [565]Voyant ainſi pꝛonoſtiquer la moꝛt.. De ſon eſpoux / que pour laygꝛeur / trenchante Deſtre extimee ainſi laſche et meſchante.
§Althee proditeur.12v Que ſon honneur voulſiſt mettre au deſtour. De conſentir faire au roy vng tel tour. [570]§Loꝛs lendemond, plein de malice caulte. Doubtant ſe veoir / pour ceſte
§Condampne a mort. 13r [590]Faict et conclud / sa confeſſion pꝛiſe. Sur le deffault de ſi lourde meſpꝛiſe. Fut declaire ,du cas magnifeſte. Crime encouru de leze mageſte. Loꝛs, condampne / a peyne capitalle. [595]Celle attropos, furieuſe fatalle. Trencha le fil / dont aultres criminelz. Furent ce iour quant et luy terminez. §Deux femmes eut clotaire / la pꝛemiere. Fut bergedꝛude / et laultre puis derniere. [600]Sichilde eut nom / de lvne / dagobert. Son filz naſqit / et de laultre / aribert. Apꝛes la moꝛt de celle bergedꝛude. Dont le dueil fut a luy / foꝛt dur et rude. Car bien laymoit / et ſi faiſoit chaſcun. [605]Laultre eſpouſa / mais sil y a quelcvn. Diſant deuoir delles maiſon et race. Eſcripꝛe icy / endꝛoict / Saulue ſa gꝛace. Ie ne puis pas en mettre ne coucher. Foꝛs ce que voy la cronique en toucher. [610]§Oꝛ feyt le roy / lenffent dagobert mettre. A diſcipline / et oꝛdonna ſon maiſtre.
13v Et pꝛecepteur / leueſque loꝛs de metz. Non pour linſtruyꝛe en plaiſance oꝛde / Mais En bonnes meurs / et moꝛale ſcience. [615]Car homme eſtoit de lettre et conſcience. A tant le laiſſe et ny vueil arreſter. Pour cy apꝛes a mon pꝛopos traicter. Quelque incident qui ſemble raiſonnable. En la matiere / et aſſez conuenable.
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[465]§Qui trop au loing n'aura les yeulx espars, Icy verra Clotaire bonnes partz Donner aux siens en certaines provinces. Et en monstrant que honneur siet bien à princes, Vouldra quicter le tribut aux Lombardz.
§Chapitre iiie.[470]Le roy Clotaire entierement paisible, De toute Gaulle hors mys trouble nuysible, Voullant uzer de liberalité, Bonté privee et cordïalité, Manda vers luy sa noblesse, fournye [475]De fort honneste et belle baronnye. Et comme bruyt soudain en place court, Là se trouva une si grosse court, Que de seigneurs y eut terre couverte. Lors commanda tenir maison ouverte,
§Des liberalitez [480]Et feyt banquetz plantureux aprester, Pour grandz, moyens, et petitz bien traicter, Si que au plaisir et vueil de son entente, Bende n'y eust qui ne fust trés contente. Or avoit il la grace de tenir [485]Telle parolle, à gentz entretenir, Que tout vivant de bonne fantasie Trouvoit en luy doulceur et courtoisye. §De luy ne fut oncques homme engygné, N'estoit saige et bïen moriginé. [490]Bening, piteux, de bonne pacïence, Les gentz aymant de saine conscïence, Aux humbles doulx, courtoys et gracïeux, Dur, aygre et fier aux fiers et vicïeux, Il pugnissoit tout cryme et maleffice, [495]Il pourveoit d'office ou beneffice Ceulx qu'il sçavoit l'avoir bien desservy. Tant envers Dieu se rendit asservy, Qu'en sa pensee eut tousjours, sans contraincte, L'impressïon de son amour et craincte. [500]Tant qu'en ce cours terreste demoura, Religïon observee honnora.
§De Clotaire §Scïence ayma et gentz de bonne lettre. Il fut hardy fort preux et bien à dextre, Et n'est trouvé qu'en armes il ayt fait [505]Jamais ung tour de lasche et vil effect. Le mestier sceut de chasses bien conduyre Et se y voulut souventesfoiz desduyre. En cas piteux, privé ou general, Fut aulmosnier trés large et liberal. [510]Brief, comme au long sa geste dit et preuve, Ce fut ung roy de bien loyale espreuve. §Or, pour rentrer au propos devant mys, Aprés avoir festoyé ses amys, Il desploya tresors d'amples richesses, [515]Et leur monstra telz signes de largesses, Que à peine lors sceussent alleguer dons De plus pesans et sumptueux guerdons. §À ce Garnier, dont mencïon est faicte, Eut vollunté si trés bonne et affecte, [520]Qu'il l'establit à tiltre de bon heur De son palays prevost et gouverneur, Comme extimé avoir charge totale De sa cité et ville capitale.
§Folle suasion de Lendemond evesque §En Austrasie, institua Rhadon [525]Pour gouverneur, en Bourgongne Herpon, Qui furent d'eux notables preudes hommes. Dignes de avoir grosses charges et sommes, Fust temps de paix ou guerre, comme ceulx À bien ouvrer jamais non paresseux. [530]§Le .xxxme. an du regne à ce Clotaire, Fut, aux Lombardz, le devoir tributaire Par luy quicte, dont ses predecesseurs, Depuis Gontran, furent vrays possesseurs. §Cause alleguer sur ce, n'y en sçay que une, [535]Cest que au moyen de certaine pecune Donnee à luy, sa debonnaireté Les myct à pleine et pure liberté. §En ce mesme an, comme plusieurs au monde, Sont empeschez du crime et vice immmunde, [540]Qui fraulde à dol, par trahyson semond. Le faulx evesque appelé Lendemond, À l'appetit du seducteur althee, Folle parolle, en son cueur, relatee, Ung jour, pensant parler discrettement, [545]Devers la royne alla secrettement,
§À la royne Luy conseillant, à plains coffres et bouges, Tous ses tresors faire porter à Bourges, Pour la raison que le roy, son mary, Dont neantmoins monstroit estre marry, [550]Devoit, selon fatale destinee, Comme il disoit, deceder ceste annee. Oultre luy dit que althee estoit seigneur Comblé de biens de vertuz et honneur, Et promettoit laisser sa propre femme [555]Pour l'espouser, sans y penser diffame, S'elle vouloit, aprés la mort du roy. À ce moyen, au train de noble arroy, Seroit tousjours haultement gouvernee, Et par deux foys en France couronnee. [560]§La bonne dame aprés avoir ouÿ Ce sot propos, sans non dire ne ouy, Prise de dueil, se gecta sur sa couche, Ainsi que faict celle que regret touche, Tant du despit qui asprement la mord, [565]Voyant ainsi pronostiquer la mort,. De son espoux, que pour l'aygreur trenchante D'estre extimee ainsi lasche et meschante,
§Althee proditeur Que son honneur voulsist mettre au destour De consentir faire au roy ung tel tour. [570]§Lors Lendemond, plein de malice caulte, Doubtant se veoir, pour ceste lourde faulte, À honte mys et deshonnesteté, Devers Austrase, homme de saincteté, Se retira, le prïant au roy faire [575]Humble requeste, affin que tel affaire Luy pardonnast, en quoy avoit mespris, Mettant sa foy à peu d'extime et pris. §Le bon preud'homme, aprés larmes piteuses, Ne feyt reffus sur ces choses doubteuses, [580]Ains tant requist le roy et supplïa, Que à pardonner ce mal conceu plya. Et qui plus est, fut content de permettre Celuy prelat en son siege remettre. Mais bien ayant consideracïon [585]À la menee et conspiracïon Du proditeur, devant nommé althee, Voulut la cause estre mise et traictee. Devant plusieurs legistes, gentz expers, Dont le procés, presentz les douze pers,
§Condampné à mort [590]Faict et conclud. Sa confessïon prise, Sur le deffault de si lourde mesprise, Fut declairé ,du cas magnifesté, Crime encouru de leze magesté. Lors, condampné à peyne capitalle, [595]Celle Attropos, furieuse fatalle, Trencha le fil, dont aultres criminelz Furent ce jour quant et luy terminez. §Deux femmes eut Clotaire : la premiere Fut Bergedrude et l'aultre puis derniere, [600]Sichilde eut nom. De l'une, Dagobert Son filz nasqit, et de l'aultre, Aribert. Aprés la mort de celle Bergedrude, Dont le dueil fut à luy fort dur et rude, Car bien l'aymoit et si faisoit chascun, [605]L'aultre espousa. Mais s'il y a quelc'un Disant devoir d'elles maison et race, Escripre icy endroict, saulve sa grace, Je ne puis pas en mettre ne coucher, Fors ce que voy la cronique en toucher. [610]§Or feyt le roy l'enffent Dagobert mettre À discipline, et ordonna son maistre
Et precepteur, l'evesque lors de Metz, Non pour l'instruyre en plaisance orde, mais, En bonnes meurs et morale scïence, [615]Car homme estoit de lettre et conscïence. À tant le laisse et n'y vueil arrester, Pour cy aprés à mon propos traicter Quelque incident qui semble raisonnable En la matiere et assez convenable.








[465]§Qui trop au loing naura les yeulx eſpars, Icy verra clotaire bonnes partz. Donner aux ſiens en certaines prouinces. Et en monſtrant que honneur ſiet bien a princes, Vouldra quicter le tribut aux lombardz.
§Chapitre iiie.[470]LE roy clotaire / entieremēt paiſible. De toute gaulle / hoꝛs mys trou
ble nuyſible. Voullant vzer de liberalite. Bonte pꝛiuee et coꝛdialite. Manda vers luy ſa nobleſſe / fournye. [475]De foꝛt honneſte et belle baronnye. Et comme bꝛuyt ſoudain en place court. La ſe trouua vne ſi gꝛoſſe court. Que de ſeigneurs y eut terre couuerte. Loꝛs commanda tenir maiſon ouuerte.
§Des liberalitez.10v [480]Et feyt banquetz plantureux apꝛeſter. Pour gꝛandz / moyens / et petitz bien traicter. Si que au plaiſir et vueil de ſon entente. Bende ny euſt / qui ne fuſt trescontente. Oꝛ auoit il la gꝛace de tenir. [485]Telle parolle / a gentz entretenir. Que tout viuant de bonne fantaſie. Trouuoit en luy doulceur et courtoiſye. §De luy ne fut oncques homme engygne. Neſtoit ſaige / et bien moꝛigine. [490]Bening, piteux / de bonne pacience. Les gentz aymant de ſaine conſcience. Aux humbles / doulx / courtoys et gꝛacieux. Dur, aygꝛe et fier / aux fiers et vicieux. Il pugniſſoit tout cryme et maleffice. [495]Il pourueoit doffice ou beneffice Ceulx quil ſcauoit lauoir bien deſſeruy. Tant enuers dieu ſe rendit aſſeruy. Quen ſa penſee eut touſiours / ſans contraīcte, Limpꝛeſſion de ſon amour et craincte. [500]Tant quen ce cours / terreſte demoura. Religion obſeruee honnoꝛa.
§De clotaire. 11r §Science ayma / et gentz de bonne lettre. Il fut hardy foꝛt pꝛeux et bien a dextre. Et neſt trouue quen armes il ayt fait. [505]Iamais vng tour de laſche et vil effect. Le meſtier ſceut de chaſſes bien conduyꝛe. Et ſe y voulut ſouuenteſfoiz deſduyꝛe. En cas piteux / pꝛiue / ou general. Fut aulmoſnier treslarge et liberal. [510]Bꝛief, comme au long ſa geſte dit et pꝛeuue. Ce fut vng roy de bien loyale eſpꝛeuue. §Oꝛ, pour rentrer au pꝛopos deuant mys. Apꝛes auoir / feſtoye ſes amys. Il deſploya treſoꝛs damples richeſſes. [515]Et leur monſtra telz ſignes de largeſſes. Que a peine loꝛs ſceuſſent alleguer dons. De plus peſans et ſumptueux guerdons. §A ce garnier / dont mencion eſt faicte. Eut vollunte ſi tresbonne et affecte. [520]Quil leſtablit a tiltre de bon heur. De ſon palays pꝛeuoſt et gouuerneur. Comme extime auoir charge totale. De ſa cite et ville capitale.
§Folle ſuaſion de lendemond eueſque.11v §En auſtraſie, inſtitua Rhadon. [525]Pour gouuerneur / en bourgongne Herpon. Qui furent deux notables pꝛeudes hōmes. Dignes de auoir gꝛoſſes charges et ſommes. Fuſt temps de paix / ou guerre / comme ceulx. A bien ouurer / iamais non pareſſeux. [530]§Le .xxxme. an du regne a ce clotaire. Fut, aux lombardz / le deuoir tributaire. Par luy quicte / dont ſes pꝛedeceſſeurs. Depuis gontran, furent vrays poſſeſſeurs. §Cauſe alleguer / ſur ce, ny en ſcay que vne. [535]Ceſt que au moyen de certaine pecune. Donnee a luy / ſa debonnairete. Les myct a pleine et pure liberte. §En ce meſme an, comme pluſieurs au monde. Sont empeſchez du crime et vice immmunde. [540]Qui fraulde a dol, par trahyſon ſemond. Le faulx eueſque appele lendemond. A lappetit du ſeducteur althee. Folle parolle / en ſon cueur, relatee. Vng iour, penſant parler diſcrettement. [545]Deuers la royne alla ſecrettement.
§A la royne. 12r Luy conſeillant. À plains coffres et bouges. Tous ſes treſoꝛs faire poꝛter a bourges. Pour la raiſon que le roy, ſon mary. Dont neantmoins monſtroit eſtre marry. [550]Deuoit, ſelon fatale deſtinee. Comme il diſoit / deceder ceſte annee. Oultre luy dit que althee eſtoit ſeigneur. Comble de biens de vertuz et honneur. Et pꝛomettoit laiſſer ſa pꝛopꝛe femme. [555]Pour leſpouſer / ſans y penſer diffame. Selle vouloit, apꝛes la moꝛt du roy. A ce moyen, au train de noble arroy. Seroit touſiours haultement gouuernee. Et par deux foys en france couronnee. [560]§La bonne dame apꝛes auoir ouy. Ce ſot pꝛopos / ſans non dire ne ouy. Pꝛiſe de dueil, ſe gecta ſur ſa couche. Ainſi que faict celle que regꝛet touche. Tant du deſpit qui aſpꝛement la moꝛd. [565]Voyant ainſi pꝛonoſtiquer la moꝛt.. De ſon eſpoux / que pour laygꝛeur / trenchante Deſtre extimee ainſi laſche et meſchante.
§Althee proditeur.12v Que ſon honneur voulſiſt mettre au deſtour. De conſentir faire au roy vng tel tour. [570]§Loꝛs lendemond, plein de malice caulte. Doubtant ſe veoir / pour ceſte
§Condampne a mort. 13r [590]Faict et conclud / sa confeſſion pꝛiſe. Sur le deffault de ſi lourde meſpꝛiſe. Fut declaire ,du cas magnifeſte. Crime encouru de leze mageſte. Loꝛs, condampne / a peyne capitalle. [595]Celle attropos, furieuſe fatalle. Trencha le fil / dont aultres criminelz. Furent ce iour quant et luy terminez. §Deux femmes eut clotaire / la pꝛemiere. Fut bergedꝛude / et laultre puis derniere. [600]Sichilde eut nom / de lvne / dagobert. Son filz naſqit / et de laultre / aribert. Apꝛes la moꝛt de celle bergedꝛude. Dont le dueil fut a luy / foꝛt dur et rude. Car bien laymoit / et ſi faiſoit chaſcun. [605]Laultre eſpouſa / mais sil y a quelcvn. Diſant deuoir delles maiſon et race. Eſcripꝛe icy / endꝛoict / Saulue ſa gꝛace. Ie ne puis pas en mettre ne coucher. Foꝛs ce que voy la cronique en toucher. [610]§Oꝛ feyt le roy / lenffent dagobert mettre. A diſcipline / et oꝛdonna ſon maiſtre.
13v Et pꝛecepteur / leueſque loꝛs de metz. Non pour linſtruyꝛe en plaiſance oꝛde / Mais En bonnes meurs / et moꝛale ſcience. [615]Car homme eſtoit de lettre et conſcience. A tant le laiſſe et ny vueil arreſter. Pour cy apꝛes a mon pꝛopos traicter. Quelque incident qui ſemble raiſonnable. En la matiere / et aſſez conuenable.
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[465]§Qui trop au loing n'aura les yeulx espars, Icy verra Clotaire bonnes partz Donner aux siens en certaines provinces. Et en monstrant que honneur siet bien à princes, Vouldra quicter le tribut aux Lombardz.
§Chapitre iiie.[470]Le roy Clotaire entierement paisible, De toute Gaulle hors mys trouble nuysible, Voullant uzer de liberalité, Bonté privee et cordïalité, Manda vers luy sa noblesse, fournye [475]De fort honneste et belle baronnye. Et comme bruyt soudain en place court, Là se trouva une si grosse court, Que de seigneurs y eut terre couverte. Lors commanda tenir maison ouverte,
§Des liberalitez [480]Et feyt banquetz plantureux aprester, Pour grandz, moyens, et petitz bien traicter, Si que au plaisir et vueil de son entente, Bende n'y eust qui ne fust trés contente. Or avoit il la grace de tenir [485]Telle parolle, à gentz entretenir, Que tout vivant de bonne fantasie Trouvoit en luy doulceur et courtoisye. §De luy ne fut oncques homme engygné, N'estoit saige et bïen moriginé. [490]Bening, piteux, de bonne pacïence, Les gentz aymant de saine conscïence, Aux humbles doulx, courtoys et gracïeux, Dur, aygre et fier aux fiers et vicïeux, Il pugnissoit tout cryme et maleffice, [495]Il pourveoit d'office ou beneffice Ceulx qu'il sçavoit l'avoir bien desservy. Tant envers Dieu se rendit asservy, Qu'en sa pensee eut tousjours, sans contraincte, L'impressïon de son amour et craincte. [500]Tant qu'en ce cours terreste demoura, Religïon observee honnora.
§De Clotaire §Scïence ayma et gentz de bonne lettre. Il fut hardy fort preux et bien à dextre, Et n'est trouvé qu'en armes il ayt fait [505]Jamais ung tour de lasche et vil effect. Le mestier sceut de chasses bien conduyre Et se y voulut souventesfoiz desduyre. En cas piteux, privé ou general, Fut aulmosnier trés large et liberal. [510]Brief, comme au long sa geste dit et preuve, Ce fut ung roy de bien loyale espreuve. §Or, pour rentrer au propos devant mys, Aprés avoir festoyé ses amys, Il desploya tresors d'amples richesses, [515]Et leur monstra telz signes de largesses, Que à peine lors sceussent alleguer dons De plus pesans et sumptueux guerdons. §À ce Garnier, dont mencïon est faicte, Eut vollunté si trés bonne et affecte, [520]Qu'il l'establit à tiltre de bon heur De son palays prevost et gouverneur, Comme extimé avoir charge totale De sa cité et ville capitale.
§Folle suasion de Lendemond evesque §En Austrasie, institua Rhadon [525]Pour gouverneur, en Bourgongne Herpon, Qui furent d'eux notables preudes hommes. Dignes de avoir grosses charges et sommes, Fust temps de paix ou guerre, comme ceulx À bien ouvrer jamais non paresseux. [530]§Le .xxxme. an du regne à ce Clotaire, Fut, aux Lombardz, le devoir tributaire Par luy quicte, dont ses predecesseurs, Depuis Gontran, furent vrays possesseurs. §Cause alleguer sur ce, n'y en sçay que une, [535]Cest que au moyen de certaine pecune Donnee à luy, sa debonnaireté Les myct à pleine et pure liberté. §En ce mesme an, comme plusieurs au monde, Sont empeschez du crime et vice immmunde, [540]Qui fraulde à dol, par trahyson semond. Le faulx evesque appelé Lendemond, À l'appetit du seducteur althee, Folle parolle, en son cueur, relatee, Ung jour, pensant parler discrettement, [545]Devers la royne alla secrettement,
§À la royne Luy conseillant, à plains coffres et bouges, Tous ses tresors faire porter à Bourges, Pour la raison que le roy, son mary, Dont neantmoins monstroit estre marry, [550]Devoit, selon fatale destinee, Comme il disoit, deceder ceste annee. Oultre luy dit que althee estoit seigneur Comblé de biens de vertuz et honneur, Et promettoit laisser sa propre femme [555]Pour l'espouser, sans y penser diffame, S'elle vouloit, aprés la mort du roy. À ce moyen, au train de noble arroy, Seroit tousjours haultement gouvernee, Et par deux foys en France couronnee. [560]§La bonne dame aprés avoir ouÿ Ce sot propos, sans non dire ne ouy, Prise de dueil, se gecta sur sa couche, Ainsi que faict celle que regret touche, Tant du despit qui asprement la mord, [565]Voyant ainsi pronostiquer la mort,. De son espoux, que pour l'aygreur trenchante D'estre extimee ainsi lasche et meschante,
§Althee proditeur Que son honneur voulsist mettre au destour De consentir faire au roy ung tel tour. [570]§Lors Lendemond, plein de malice caulte, Doubtant se veoir, pour ceste lourde faulte, À honte mys et deshonnesteté, Devers Austrase, homme de saincteté, Se retira, le prïant au roy faire [575]Humble requeste, affin que tel affaire Luy pardonnast, en quoy avoit mespris, Mettant sa foy à peu d'extime et pris. §Le bon preud'homme, aprés larmes piteuses, Ne feyt reffus sur ces choses doubteuses, [580]Ains tant requist le roy et supplïa, Que à pardonner ce mal conceu plya. Et qui plus est, fut content de permettre Celuy prelat en son siege remettre. Mais bien ayant consideracïon [585]À la menee et conspiracïon Du proditeur, devant nommé althee, Voulut la cause estre mise et traictee. Devant plusieurs legistes, gentz expers, Dont le procés, presentz les douze pers,
§Condampné à mort [590]Faict et conclud. Sa confessïon prise, Sur le deffault de si lourde mesprise, Fut declairé ,du cas magnifesté, Crime encouru de leze magesté. Lors, condampné à peyne capitalle, [595]Celle Attropos, furieuse fatalle, Trencha le fil, dont aultres criminelz Furent ce jour quant et luy terminez. §Deux femmes eut Clotaire : la premiere Fut Bergedrude et l'aultre puis derniere, [600]Sichilde eut nom. De l'une, Dagobert Son filz nasqit, et de l'aultre, Aribert. Aprés la mort de celle Bergedrude, Dont le dueil fut à luy fort dur et rude, Car bien l'aymoit et si faisoit chascun, [605]L'aultre espousa. Mais s'il y a quelc'un Disant devoir d'elles maison et race, Escripre icy endroict, saulve sa grace, Je ne puis pas en mettre ne coucher, Fors ce que voy la cronique en toucher. [610]§Or feyt le roy l'enffent Dagobert mettre À discipline, et ordonna son maistre
Et precepteur, l'evesque lors de Metz, Non pour l'instruyre en plaisance orde, mais, En bonnes meurs et morale scïence, [615]Car homme estoit de lettre et conscïence. À tant le laisse et n'y vueil arrester, Pour cy aprés à mon propos traicter Quelque incident qui semble raisonnable En la matiere et assez convenable.