Livre III - Chapitre 31
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33
124v
§ La matiere offre / en ce paſſaige mettre. Comme pepin au pape oza tranſmettre. Le ſuppliant de voulloir expoſer. Vng caz quen brief luy faiſoit propoſer. [4900]Ou sattendoit totalement ſubmettre.
§Chapitre xxxie.
125r
§Legacion tranſmyſe au pape zacharie.125v SElon le bꝛuyt deſloꝛs courant en court. Ce duc pepin / dit et nomme le court. A la raiſon de celle petiteſſe. Quen coꝛps auoit / pour monſtrer la haulteſſe. [4905]De ſa gꝛandeur en magnanimite. Conſiderant puſillanimite. En childerich / rendꝛe vertu tarye. Loꝛs roy de france / au pappe zacharye. Tranſmyct les ſiens meſſagiers et legatz. [4910]Pour laduertir / et reciter les caz. Dont ne pouoit ſans luy en ceſt affaire. A ſon deſir / bonnement ſatiffaire. Sa ſainctete ſuppliant decreter. Ce quentendoit deuers elle traicter. [4915]Et quil luy pleuſt a la choſe condigne. Donner auiz / lequel des deux plus digne. Eſtre deuoit nomme roy / ou celuy. De valleur nulle / aux aultres ne pour luy. Qui fruict ne coeult / en ſa terre fertille. [4920]Mais comme vng ſot nyes et inutille.
§Par pepin le court. 126r Touſiours demeure aux cendꝛes endoꝛmny Sans luy challoir damy ou ennemy. Dont la vie eſt tresignominieuſe. Honteuſe aux ſiens / et a tous ennuyeuſe. [4925]Par folz delictz remplys dinfections. En quoy du tout mect ſes affections. Et na ſoucy / ſoing / chagꝛin / ſens ne cure. Si bien ou mal / ſon peuple ſe pꝛocure. Ou ceſtuy la qui poꝛte iours et nuyctz. [4930]Peynes / trauaulx / meſayſes et ennuys. Qui en tout temps par challeurs et froidures. Souſtient la peine / et fex de guerres dures. Qui toſt et tard / veult ſa vie expoſer. A gꝛandz perilz / ſans voulloir repoſer. [4935]En lictz parez / mais auec ſes genſdarmes. Sur terre dure / attendans les alarmes. Qui ſcet mener les affaires vrgentz. Sans riens doubter / faire combatz ſur gentz Combien que foꝛtz et puiſſantz penſent eſtre. [4940]Qui par la foꝛce et vertu de ſa dextre. Rend ia domptez aduerſaires a taz. Et qui ſi bien gouuerne les eſtatz.
§Pepin eſleu roy de france.126v Que tout le faict de la choſe publique. Soubz luy va dꝛoict / et non par voye oblique. [4945]Semblables motz au ſainct pere manda. Et ſon conſeil ſur ce paz demanda. A quoy luy feyt bonne et bꝛiefue reſponſe. Selon le dict narre en ſa ſemonce. Diſant deuoir homme tel pꝛeferer. [4950]Auant tout aultre / et roy le pꝛoferer. Ou la vertu ſi foꝛiſſante habonde. Au gꝛe de dieu et vueil de tout le monde. Et que celuy negligent pareſſeux. Et inutile / oꝛ compare a ceulx. [4955]Deſquelz la vie on eſcript et deſchiffre. Rien ne ſeruir au monde que dvng chiffre. Du nom royal deuoir deſtituer. Pour le vaillant / et pꝛeux inſtituer. §Oꝛ bien ſcauoit pepin pꝛudent homme eſtre. [4960]Chef gouuerneur du palays et gꝛand maiſtre. Plein de vertus pꝛoueſſes et honneurs. Pource manda aux pꝛinces et ſeigneurs. Que roy de france on le voulſiſt eſlire. Ce qui fut faict apꝛes ſon reſcript lire.
§Childerich rendu moyne. 127r [4965]Et childerich en nouice tondu. Religieux a chelles fut rendu. Ou demoura le ſurplus de ſa vie. §Ceulx qui de luy / et ſon frere ont enuye. Scauoir au vray / le temps du regne leur. [4970]Sans auoir faict / nul acte de valeur. Saichent / Celuy theodoꝛich / de ſon regne. Le quinzieſme an / de ſa bꝛide auoir reſne. Par moꝛt rompue / a childerich auſſi. Foible de ſens / de ſcauoir et ſoucy. [4975]Le neufieſme an de ſon regner eut marque. Pepin ſur luy / eſleu ſeul chef monarque. Et roy de france / ainſi ſe deffinit. Que la lignee a pharamond finit. A ces deux cy / en lan ſept centz cinquante. [4980]Ainſi que fut la couronne vaquante. Dix et huyt roys regnerent par trois centz. Trente et vng an / ſelon ce que ien ſens. §Pepin faict roy en publique audience. Sainct boniface eueſque de mayence. [4985]Tenu martyꝛ / et aſcript aux lecons. Du cathalogue / Au ſeiour de soiſſons.
§Victoire de pepin contre les saxons127v Loingnit ſacra et benyſt en la foꝛme. Des roys iadiz au dꝛoict diuin confoꝛme. Et ce meſme an quil eut tiltre de roy. [4990]Foꝛce luy fut ſes oſtz mettre en arroy. Et demonſtrer leffect de ſa vaillance. Contre saxons comblez de malueillance. Comme oublieux / et non aſſez recoꝛdz Quelz pꝛoffitz font paciffiques accoꝛdz. [4995]Comme la guerre eſt fiere / et moult dyuerſe. Comme ſouuent leſpoir du monde y verſe. Et comme auſſi a gꝛand peine on sen ſoꝛt. Veu que aſſeurance on na vne once en ſoꝛt. Si hazardeux / quant foꝛtune en ſes tailles. [5000]Foꝛt contre foꝛt fauoꝛize aux batailles. §Ces malheureux / malencontre cherchantz. Pour le gꝛeuer / ſe getterent aux champs. Qui les chargea de ſi farouche ataincte. Que emmy leur ſang / fut mainte lāce taingte. [5005]Et maint eſtoc / loꝛs conduicte aueq heur. Deulx et leur roy / le rendirent vainqueur. §Lan enſuuant poꝛta gꝛiefue ſouffrance. Le papꝛe eſtienne / abſtraint venir en france.
§Le pappe eſtienne venu en france 128r Au roy pepin / pource que toutes pars. [5010]Alſtulphe loꝛs / eſtant roy des lombardz Par gꝛos excez qui monde ſcandalize. Moleſtoit / luy les romains et legliſe. §Quant appꝛocher le bon ſainct pere ſceut. Par humble accueil / doulcement le receut. [5015]Dedans paris / allant de veue apperte. Bayſer ſes piedz / auſſi la royne berthe. Sa chere eſpouſe / et ſes deux filz / Auant. Son arriuee / allerent au deuant. Ceſt aſcauoir charles et charlemaigne. [5020]§Roy / royne / enffentz / de reuerence humaine. Treshumblement le ſceurent honnoꝛer. Meſmes le roy / pour mieulx le reuerer. Se myct a pied / tenant en main la reſne. De ſa monture / Apꝛes marcha la royne. [5025]En train honneſte / auecques ſes enffantz. Et aultres maintz / en eſtatz triumphantz. Ainſi marchantz / de maniere poſee. Vindꝛent au lieu eſieu pour repoſee. Luy deſcendu / pꝛint le roy par la main. [5030]Et loꝛs plourant tant ſur peuple romain.
§Le pappe eſtienne ſacre et beneyt pepin.128v Que pour legliſe en parolles piteuſes. Luy recita dalſtulphe les doubteuſes. Oppꝛeſſions / dont tel alarme oyant. Pepin piteux du pappe larmoyant. [5035]Dhumble confoꝛt / luy pꝛomyt que loffence. Toſt vengeroit et quil ſeroit deffenſe. Poꝛt et pillier de luy et des romains. En laſſeurant / tout remettre en ſes mains. Ce que tenoit le roy de lombardye. [5040]Diſant / ſe auoit la chere ſi hardye. De ſe combatre homme a homme en leſtour. Bien pꝛomettoit / ne luy faire vng let tour. Mais donneroit a congnoiſtre dentree. Sil auoit main aux armes adextree. [5045]Et ſi aux coupz departir / vng lombard. Feroit ce iour / au francoys a la part. §En ſes pꝛopoz eut le pape eſperance. De recouurer quelque heureuſe aſſeurance. Voyant le roy faire a mont et a val. [5050]Gentz aſſembler / tant de pied que a cheual. Pour rendꝛe toſt lombardye enuahye. §Oꝛ ce pendant / en la belle abbaye.
§En labbaye ſainct denys 129r De ſainct denys / eſleurent leur ſeiour. En attendant le tant deſire iour. [5055]Que loſt marchaſt pour ainſi que on ſe auoye. Paſſer deſtroitz et alpes de sauoye. Tant ſe trouua le ſainct pere eſiouy. En ce que auoit de ſa reuenge ouy. Quen celebꝛant le diuin ſacriffice. [5060]Pour rendꝛe au roy / guerdon du beneffice. Luy myct la ſaincte / vnction ſur le chef. Le conferma et ſacra de rechef. §La royne auſſi a ce faire pꝛeſente. Ne ſe trouua de telle gꝛace exempte. [5065]Les deux enffentz / et leur poſterite. Toute benyſt et de lauctoꝛite. Des clefz ſainct pierre / autant q̄̇l les ſent ſeures. Ceule interdit de agꝛauantes cenſures. Poullantz ſur tous / roys de france aduenir. [5070]Par nul effoꝛt en riens contreuenir. §Alſtulphe loꝛs / pour diuertir lempꝛiſe. Feyt karlomaus partir hoꝛs la pourpꝛiſe. Du mont Caſſin : et labbe contraingnit. Si quen linſtant a ſon moyne enioingnit.
§Carlomans tranſmys a uienne.129v [5075]Deuers ſon frere / aller pour le diſtraire. De donner ayde au pappe a luy contraire. §Non bien content pepin de ſon venir. Le renuoya / pour viure a laduenir. En vng couuent reffoꝛme / a uienne. [5080]Diſant ces motz / frere ne vous aduienne. Sans mandement / deuers moy retourner. Pour mon empꝛiſe entendꝛe deſtourner. §Si croy et tien / toute raiſon compꝛiſe. Que de bon gꝛe nauoit la charge pꝛiſe. [5085]Mais ceſt aſſez pour moynes eſbahyꝛ. Quant leur abbe les contrainct dobeyꝛ. §Ainſi alla ſans murmur ny enuye. La conſommer le ſurplus de ſa vie. §Adonq pepin larmee feyt marcher. [5090]Autant pieton gendarme comme archer. Artillerye et aultres vſtencilles. Pour faict de guerre En deſtroictz difficilles. De montz ayguz paſſerent aſſez toſt. Et quant alſtulphe entendit ſi gꝛand oſt. [5095]Ainſi marcher / feyt par ſoudains meſſaiges. Ban publier / pour garder les paſſaiges.
§Pepin paſſe les montz a groſſe armee 130r Ou le dangier eſt ſi gꝛand comme on ſcet. Que vng homme ſeul en deuroit battre ſept. La voye eſtroicte / eſtrange et peu hantee. [5100]Rend vne armee a lheure eſpouentee. Car on ny peult marcher / ſinon atraict. Mais au moyen que eut foꝛce gentz de traict. Ce gentil roy qui iamais ne vaxille. Du difficille / il feyt trouuer facille. [5105]Parquoy francoys pꝛindꝛent couraige et cueur. De foꝛce vifue / et ardante vigueur. Dont les lombardz / telle craincte receurent. Que reſiſter au paſſaige ne ſceurent. Les montz paſſez ozerent encoꝛ moins. [5110]Eſtre en pleins champs / aux coupz doner / teſmoīgs. Leur roy auſſi / nauenturant pas vie. Comme vng couard fouyt dedans pauye. Ou ſe voyant aſſiege / moult / doubta. Mais ce doubter / en telle mode oſta. [5115]Que au roy liura quarante bons hoſtaiges. Pꝛomettant rendꝛe au pappe ſes couſtaiges. Terres et biens / du tout reſtituer. Ont il lauoit voulu deſtituer.
§Pepin paſſant les montz poꝛ la ſeconde foiz130v Pepin ioyeulx penſant le caz reduyꝛe. [5120]A ſeurete / feyt le pappe conduyꝛe. Iuſques a rome / et au congie de luy. Sen retourna en france / mais celuy. Laſche lombard / apꝛes ſa deliurance. Se deſmentit nonobſtant laſſeurance. [5125]Par luy donnee / en hoſtaiges la mys. Car ſans tenir ce quil auoit pꝛomis. Ses oſtz mena fierement deuers rome. Et ny permyct a peine ſauluer homme. Que tout ne fuſt par glaiue ou feu deſtruict. [5130]Maint temple ſainct trimphāment cōſtruict. Maint hault palays / par ouuraige autentique. Ediffye / et baſty a lantique. Feyt deſmolir / mainte place razer. Et maint manoir par flames embꝛazer. [5135]Non gardant foy de loyal catholique. Cauſa getter du ſiege apoſtolique. Le pere ſainct / qui neut ailleurs recours. Foꝛs a pepin pour demander ſecours. Tant feyt dexcez en la cite romaine. [5140]Ce fier tyꝛant que la raige inhumaine.
§Remect le ſainct pere en ſon ſiege.131r Des viſegothz paſſe a troys centz ans. Ne feyꝛent maulx ſi aygꝛement cuiſantz. Loꝛs de rechef ce pꝛince tresilluſtre. Paſſa les montz en armes de bon luſtre. [5145]Pour chaſtier la gꝛande meſpꝛiſon. De ce menteur tout plein de trahyſon. §Dedans pauye aſſailly / telle craincte. Eut en ſon cueur quil fut foꝛce contraincte. vuider ſes mains en faiſant ceſſion. [5150]De tout le bien et la poſſeſſion. Quil vſurpoit ſur legliſe romaine. Aueq cela de ſon pꝛopꝛe demaine. Non par amour / mais en craintif deuoir. Donna rauenne / au pappe pour auoir. [5155]Remiſſion de la faulte commiſe. Par ainſi fut ſa ſainctete remiſe. Aydant le roy / en ſon ſiege pappal. Comme vray filz pꝛemier et pꝛincipal. De ſaincte egliſe et loꝛs en paix pꝛoſpere. [5160]Rome voyant / pꝛint congie du ſainct pere Qui luy donna en retribution. Tel pꝛiuileige et benediction.
§Priuileige dōne au roy pepin et ſes ſucceſſeurs.131v Que pappe nul pour quelque cauſe de yꝛe. Scaura iamais roy de france interdire. [5165]Et ſur ce poinct ſans pꝛendꝛe aultre deſtour. Delibera de ſon ioyeux / retour. §Peu temps apꝛes / ainſi que homme pourchace. En ſes foꝛeſtz faiſant queſte pour chace. Ce roy lombard / galoppant contre val. [5170]Apꝛes vng cerf tumba de ſon cheual. Par accident de moꝛtelle roupture. Et fut la fin de ſa male auenture. §Perſecuteur degliſe ainſi mourra. Et impugny iamais ne demoura. [5175]Les iugementz de dieu / toſt sexecutent. Sur gentz peruers / qui les ſiens perſecutent. Il ſcet en fin loyers attribuer. Pour maulx pugnir et biens retribuer. Et ſi on dit que legliſe eſt trop riche. [5180]Notte celuy / qui ſes terres deffriche. Si delle pꝛend / et il ne sen repend. Deux piedz ſans plus luy couſteront larpent.
§Ambaſſade tranſmyſe au roy pepin.
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§ La matiere offre en ce passaige mettre. Comme Pepin au pape oza transmettre. Le supplïant de uoulloir exposer. Ung caz qu'en brief luy faisoit proposer. [4900]Où s'attendoit totalement submettre.
§Chapitre xxxje.
§Legacion transmyse au pape Zacharie Selon le bruyt deslors courant en court. Ce duc Pepin dit et nommé le court. À la raison de celle petitesse. Qu'en corps avoit pour monstrer la haultesse. [4905]De sa grandeur en magnanimité. Considerant pusillanimité. En Childerich rendre vertu tarye. Lors roy de France au pappe Zacharye. Transmyct les siens messagiers et legatz. [4910]Pour l'advertir et reciter les caz. Dont ne povoit sans luy en cest affaire. À son desir bonnement satiffaire. Sa saincteté supplïant decreter. Ce qu'entendoit devers elle traicter. [4915]Et qu'il luy pleust à la chose condigne. Donner aviz lequel des deux plus digne. Estre devoit nommé roy ou celuy. De valleur nulle aux aultres né pour luy. Qui fruict ne coeult en sa terre fertille. [4920]Mais comme ung sot nyés et inutille.
§Par Pepin le court Tousjours demeure aux cendres endormny Sans luy challoir d'amy ou ennemy. Dont la vie est trés ignominieuse. Honteuse aux siens et à tous ennuyeuse. [4925]Par folz delictz remplys d'infectïons. En quoy du tout mect ses affectïons. Et n'a soucy soing chagrin sens ne cure. Si bien ou mal son peuple se procure. Ou cestuy là qui porte jours et nuyctz. [4930]Peynes travaulx mesayses et ennuys. Qui en tout temps par challeurs et froidures. Soustient la peine et fex de guerres dures. Qui tost et tard veult sa vie exposer. À grandz perilz sans voulloir reposer. [4935]En lictz parez mais avec ses gensdarmes. Sur terre dure attendans les alarmes. Qui scet mener les affaires urgentz. Sans riens doubter faire combatz sur gentz Combien que fortz et puissantz pensent estre. [4940]Qui par la force et vertu de sa dextre. Rend ja domptez adversaires à taz. Et qui si bien gouverne les estatz.
§Pepin esleu roy de France Que tout le faict de la chose publique. Soubz luy va droict et non par voye oblique. [4945]Semblables motz au sainct pere manda. Et son conseil sur ce paz demanda. À quoy luy feyt bonne et briefve response. Selon le dict narré en sa semonce. Disant devoir homme tel preferer. [4950]Avant tout aultre et roy le proferer. Où la vertu si forissante habonde. Au gré de Dieu et vueil de tout le monde. Et que celuy negligent paresseux. Et inutile or compare à ceulx. [4955]Desquelz la vie on escript et deschiffre. Rien ne servir au monde que d'ung chiffre. Du nom royal devoir destituer. Pour le vaillant et preux instituer. §Or bien sçavoit Pepin prudent homme estre. [4960]Chef gouverneur du palays et grand maistre. Plein de vertus prouësses et honneurs. Pour ce manda aux princes et seigneurs. Que roy de France on le voulsist eslire. Ce qui fut faict aprés son rescript lire.
§Childerich rendu moyne [4965]Et Childerich en novice tondu. Religïeux à Chelles fut rendu. Où demoura le surplus de sa vie. §Ceulx qui de luy et son frere ont envye. Sçavoir au vray le temps du regne leur. [4970]Sans avoir faict nul acte de valeur. Saichent Celuy Theodorich de son regne. Le quinziesme an de sa bride avoir resne. Par mort rompue à Childerich aussi. Foible de sens de sçavoir et soucy. [4975]Le neufiesme an de son regner eut marque. Pepin sur luy esleu seul chef monarque. Et roy de France ainsi se deffinit. Que la lignee à Pharamond finit. À ces deux cy en l'an sept centz cinquante. [4980]Ainsi que fut la couronne vaquante. Dix et huyt roys regnerent par trois centz. Trente et ung an selon ce que j'en sens. §Pepin faict roy en publique audïence. Sainct Boniface evesque de Mayence. [4985]Tenu martyr et ascript aux leçons. Du cathalogue Au sejour de Soissons.
§Victoire de Pepin contre les Saxons L'oingnit sacra et benyst en la forme. Des roys jadiz au droict divin conforme. Et ce mesme an qu'il eut tiltre de roy. [4990]Force luy fut ses ostz mettre en arroy. Et demonstrer l'effect de sa vaillance. Contre Saxons comblez de malveillance. Comme oublieux et non assez recordz Quelz proffitz font paciffiques accordz. [4995]Comme la guerre est fiere et moult dyverse. Comme souvent l'espoir du monde y verse. Et comme aussi à grand peine on s'en sort. Veu que asseurance on n'a une once en sort. Si hazardeux quant Fortune en ses tailles. [5000]Fort contre fort favorize aux batailles. §Ces malheureux malencontre cherchantz. Pour le grever se getterent aux champs. Qui les chargea de si farouche ataincte. Que emmy leur sang fut mainte lance taingte. [5005]Et maint estoc lors conduicte aveq heur. D'eulx et leur roy le rendirent vainqueur. §L'an ensuuant porta griefve souffrance. Le papre Estienne abstraint venir en France.
§Le pappe Estienne venu en France Au roy Pepin pource que toutes pars. [5010]Alstulphe lors estant roy des Lombardz Par gros excez qui monde scandalize. Molestoit luy les romains et l'eglise. §Quant approcher le bon sainct pere sceut. Par humble accueil doulcement le receut. [5015]Dedans Paris allant de veue apperte. Bayser ses piedz aussi la royne Berthe. Sa chere espouse et ses deux filz Avant. Son arrivee allerent au devant. C'est à scavoir Charles et Charlemaigne. [5020]§Roy royne enffentz de reverence humaine. Trés humblement le sceurent honnorer. Mesmes le roy pour mieulx le reverer. Se myct à pied tenant en main la resne. De sa monture Aprés marcha la royne. [5025]En train honneste avecques ses enffantz. Et aultres maintz en estatz triumphantz. Ainsi marchantz de maniere posee. Vindrent au lieu esieu pour reposee. Luy descendu print le roy par la main. [5030]Et lors plourant tant sur peuple Romain.
§Le pappe Estienne sacre et beneyt Pepin Que pour l'eglise en parolles piteuses. Luy recita d'Alstulphe les doubteuses. Oppressïons dont tel alarme oyant. Pepin piteux du pappe larmoyant. [5035]D'humble confort luy promyt que l'offence. Tost vengeroit et qu'il seroit deffense. Port et pillier de luy et des romains. En l'asseurant tout remettre en ses mains. Ce que tenoit le roy de Lombardye. [5040]Disant se avoit la chere si hardye. De se combatre homme à homme en l'estour. Bien promettoit ne luy faire ung let tour. Mais donneroit à congnoistre d'entree. S'il avoit main aux armes adextree. [5045]Et si aux coupz departir ung Lombard. Feroit ce jour au Françoys à la part. §En ses propoz eut le pape esperance. De recouvrer quelque heureuse asseurance. Voyant le roy faire à mont et à val. [5050]Gentz assembler tant de pied que à cheval. Pour rendre tost Lombardye envahye. §Or ce pendant en la belle abbaye.
§En l'abbaye sainct Denys De sainct Denys esleurent leur sejour. En attendant le tant desiré jour. [5055]Que l'ost marchast pour ainsi que on se avoye. Passer destroitz et Alpes de Savoye. Tant se trouva le sainct pere esjouy. En ce que avoit de sa revenge ouy. Qu'en celebrant le divin sacriffice. [5060]Pour rendre au roy guerdon du beneffice. Luy myct la saincte unction sur le chef. Le conferma et sacra de rechef. §La royne aussi à ce faire presente. Ne se trouva de telle grace exempte. [5065]Les deux enffentz et leur posterité. Toute benyst et de l'auctorité. Des clefz sainct Pierre autant qu'il les sent seures. Ceule interdit de agrauantes censures. Poullantz sur tous roys de France advenir. [5070]Par nul effort en riens contrevenir. §Alstulphe lors pour divertir l'emprise. Feyt Karlomaus partir hors la pourprise. Du mont Cassin : et l'abbé contraingnit. Si qu'en l'instant à son moyne enjoingnit.
§Carlomans transmys à Vienne [5075]Devers son frere aller pour le distraire. De donner ayde au pappe à luy contraire. §Non bien content Pepin de son venir. Le renvoya pour vivre à l'advenir. En ung couvent refformé à Vïenne. [5080]Disant ces motz frere ne vous advïenne. Sans mandement devers moy retourner. Pour mon emprise entendre destourner. §Si croy et tien toute raison comprise. Que de bon gré n'avoit la charge prise. [5085]Mais c'est assez pour moynes esbahyr. Quant leur abbé les contrainct d'obeyr. §Ainsi alla sans murmur ny envye. Là consommer le surplus de sa vie. §Adonq Pepin l'armee feyt marcher. [5090]Autant pieton gendarme comme archer. Artillerye et aultres ustencilles. Pour faict de guerre En destroictz difficilles. De montz ayguz passerent assez tost. Et quant Alstulphe entendit si grand ost. [5095]Ainsi marcher feyt par soudains messaiges. Ban publier pour garder les passaiges.
§Pepin passe les montz à grosse armee Où le dangier est si grand comme on scet. Que ung homme seul en devroit battre sept. La voye estroicte estrange et peu hantee. [5100]Rend une armee à l'heure espoventee. Car on n'y peult marcher sinon atraict. Mais au moyen que eut force gentz de traict. Ce gentil roy qui jamais ne vaxille. Du difficille il feyt trouver facille. [5105]Parquoy Françoys prindrent couraige et cueur. De force vifve et ardante vigueur. Dont les Lombardz telle craincte receurent. Que resister au passaige ne sceurent. Les montz passez ozerent encor moins. [5110]Estre en pleins champs aux coupz doner tesmoings. Leur roy aussi n'aventurant pas vie. Comme ung couard fouÿt dedans Pavye. Où se voyant assiegé moult doubta. Mais ce doubter en telle mode osta. [5115]Que au roy livra quarante bons hostaiges. Promettant rendre au pappe ses coustaiges. Terres et biens du tout restituer. Ont il l'avoit voulu destituer.
§Pepin passant les montz pour la seconde foiz Pepin joyeulx pensant le caz reduyre. [5120]À seureté feyt le pappe conduyre. Jusques à Rome et au congié de luy. S'en retourna en France mais celuy. Lasche Lombard aprés sa delivrance. Se desmentit nonobstant l'asseurance. [5125]Par luy donnee en hostaiges l'a mys. Car sans tenir ce qu'il avoit promis. Ses ostz mena fierement devers Rome. Et n'y permyct à peine saulver homme. Que tout ne fust par glaive ou feu destruict. [5130]Maint temple sainct trimphamment construict. Maint hault palays par ouvraige autentique. Ediffyé et basty à l'antique. Feyt desmolir mainte place razer. Et maint manoir par flames embrazer. [5135]Non gardant foy de loyal catholique. Causa getter du siege apostolique. Le pere sainct qui n'eut ailleurs recours. Fors à Pepin pour demander secours. Tant feyt dexcez en la cité romaine. [5140]Ce fier tyrant que la raige inhumaine.
§Remect le sainct pere en son siege Des Visegothz passé à troys centz ans. Ne feyrent maulx si aygrement cuisantz. Lors de rechef ce prince trés illustre. Passa les montz en armes de bon lustre. [5145]Pour chastier la grande mesprison. De ce menteur tout plein de trahyson. §Dedans Pavye assailly telle craincte. Eut en son cueur qu'il fut force contraincte. vuider ses mains en faisant cessïon. [5150]De tout le bien et la possessïon. Qu'il usurpoit sur l'eglise romaine. Aveq cela de son propre demaine. Non par amour mais en craintif devoir. Donna Ravenne au pappe pour avoir. [5155]Remissïon de la faulte commise. Par ainsi fut sa saincteté remise. Aydant le roy en son siege pappal. Comme vray filz premier et principal. De saincte eglise et lors en paix prospere. [5160]Rome voyant print congié du sainct pere Qui luy donna en retributïon. Tel privileige et benedictïon.
§Privileige donné au roy Pepin et ses successeurs Que pappe nul pour quelque cause de yre. Sçaura jamais roy de France interdire. [5165]Et sur ce poinct sans prendre aultre destour. Delibera de son joyeux retour. §Peu temps aprés ainsi que homme pourchace. En ses forestz faisant queste pour chace. Ce roy lombard galoppant contre val. [5170]Aprés ung cerf tumba de son cheval. Par accident de mortelle roupture. Et fut la fin de sa male aventure. §Persecuteur d'eglise ainsi mourra. Et impugny jamais ne demoura. [5175]Les jugementz de Dieu tost s'executent. Sur gentz pervers qui les siens persecutent. Il scet en fin loyers attribuer. Pour maulx pugnir et biens retribuer. Et si on dit que l'eglise est trop riche. [5180]Notte celuy qui ses terres deffriche. Si d'elle prend et il ne s'en repend. Deux piedz sans plus luy cousteront larpent.
§Ambassade transmyse au roy Pepin
124v
§ La matiere offre / en ce paſſaige mettre. Comme pepin au pape oza tranſmettre. Le ſuppliant de voulloir expoſer. Vng caz quen brief luy faiſoit propoſer. [4900]Ou sattendoit totalement ſubmettre.
§Chapitre xxxie.
125r
§Legacion tranſmyſe au pape zacharie.125v SElon le bꝛuyt deſloꝛs courant en court. Ce duc pepin / dit et nomme le court. A la raiſon de celle petiteſſe. Quen coꝛps auoit / pour monſtrer la haulteſſe. [4905]De ſa gꝛandeur en magnanimite. Conſiderant puſillanimite. En childerich / rendꝛe vertu tarye. Loꝛs roy de france / au pappe zacharye. Tranſmyct les ſiens meſſagiers et legatz. [4910]Pour laduertir / et reciter les caz. Dont ne pouoit ſans luy en ceſt affaire. A ſon deſir / bonnement ſatiffaire. Sa ſainctete ſuppliant decreter. Ce quentendoit deuers elle traicter. [4915]Et quil luy pleuſt a la choſe condigne. Donner auiz / lequel des deux plus digne. Eſtre deuoit nomme roy / ou celuy. De valleur nulle / aux aultres ne pour luy. Qui fruict ne coeult / en ſa terre fertille. [4920]Mais comme vng ſot nyes et inutille.
§Par pepin le court. 126r Touſiours demeure aux cendꝛes endoꝛmny Sans luy challoir damy ou ennemy. Dont la vie eſt tresignominieuſe. Honteuſe aux ſiens / et a tous ennuyeuſe. [4925]Par folz delictz remplys dinfections. En quoy du tout mect ſes affections. Et na ſoucy / ſoing / chagꝛin / ſens ne cure. Si bien ou mal / ſon peuple ſe pꝛocure. Ou ceſtuy la qui poꝛte iours et nuyctz. [4930]Peynes / trauaulx / meſayſes et ennuys. Qui en tout temps par challeurs et froidures. Souſtient la peine / et fex de guerres dures. Qui toſt et tard / veult ſa vie expoſer. A gꝛandz perilz / ſans voulloir repoſer. [4935]En lictz parez / mais auec ſes genſdarmes. Sur terre dure / attendans les alarmes. Qui ſcet mener les affaires vrgentz. Sans riens doubter / faire combatz ſur gentz Combien que foꝛtz et puiſſantz penſent eſtre. [4940]Qui par la foꝛce et vertu de ſa dextre. Rend ia domptez aduerſaires a taz. Et qui ſi bien gouuerne les eſtatz.
§Pepin eſleu roy de france.126v Que tout le faict de la choſe publique. Soubz luy va dꝛoict / et non par voye oblique. [4945]Semblables motz au ſainct pere manda. Et ſon conſeil ſur ce paz demanda. A quoy luy feyt bonne et bꝛiefue reſponſe. Selon le dict narre en ſa ſemonce. Diſant deuoir homme tel pꝛeferer. [4950]Auant tout aultre / et roy le pꝛoferer. Ou la vertu ſi foꝛiſſante habonde. Au gꝛe de dieu et vueil de tout le monde. Et que celuy negligent pareſſeux. Et inutile / oꝛ compare a ceulx. [4955]Deſquelz la vie on eſcript et deſchiffre. Rien ne ſeruir au monde que dvng chiffre. Du nom royal deuoir deſtituer. Pour le vaillant / et pꝛeux inſtituer. §Oꝛ bien ſcauoit pepin pꝛudent homme eſtre. [4960]Chef gouuerneur du palays et gꝛand maiſtre. Plein de vertus pꝛoueſſes et honneurs. Pource manda aux pꝛinces et ſeigneurs. Que roy de france on le voulſiſt eſlire. Ce qui fut faict apꝛes ſon reſcript lire.
§Childerich rendu moyne. 127r [4965]Et childerich en nouice tondu. Religieux a chelles fut rendu. Ou demoura le ſurplus de ſa vie. §Ceulx qui de luy / et ſon frere ont enuye. Scauoir au vray / le temps du regne leur. [4970]Sans auoir faict / nul acte de valeur. Saichent / Celuy theodoꝛich / de ſon regne. Le quinzieſme an / de ſa bꝛide auoir reſne. Par moꝛt rompue / a childerich auſſi. Foible de ſens / de ſcauoir et ſoucy. [4975]Le neufieſme an de ſon regner eut marque. Pepin ſur luy / eſleu ſeul chef monarque. Et roy de france / ainſi ſe deffinit. Que la lignee a pharamond finit. A ces deux cy / en lan ſept centz cinquante. [4980]Ainſi que fut la couronne vaquante. Dix et huyt roys regnerent par trois centz. Trente et vng an / ſelon ce que ien ſens. §Pepin faict roy en publique audience. Sainct boniface eueſque de mayence. [4985]Tenu martyꝛ / et aſcript aux lecons. Du cathalogue / Au ſeiour de soiſſons.
§Victoire de pepin contre les saxons127v Loingnit ſacra et benyſt en la foꝛme. Des roys iadiz au dꝛoict diuin confoꝛme. Et ce meſme an quil eut tiltre de roy. [4990]Foꝛce luy fut ſes oſtz mettre en arroy. Et demonſtrer leffect de ſa vaillance. Contre saxons comblez de malueillance. Comme oublieux / et non aſſez recoꝛdz Quelz pꝛoffitz font paciffiques accoꝛdz. [4995]Comme la guerre eſt fiere / et moult dyuerſe. Comme ſouuent leſpoir du monde y verſe. Et comme auſſi a gꝛand peine on sen ſoꝛt. Veu que aſſeurance on na vne once en ſoꝛt. Si hazardeux / quant foꝛtune en ſes tailles. [5000]Foꝛt contre foꝛt fauoꝛize aux batailles. §Ces malheureux / malencontre cherchantz. Pour le gꝛeuer / ſe getterent aux champs. Qui les chargea de ſi farouche ataincte. Que emmy leur ſang / fut mainte lāce taingte. [5005]Et maint eſtoc / loꝛs conduicte aueq heur. Deulx et leur roy / le rendirent vainqueur. §Lan enſuuant poꝛta gꝛiefue ſouffrance. Le papꝛe eſtienne / abſtraint venir en france.
§Le pappe eſtienne venu en france 128r Au roy pepin / pource que toutes pars. [5010]Alſtulphe loꝛs / eſtant roy des lombardz Par gꝛos excez qui monde ſcandalize. Moleſtoit / luy les romains et legliſe. §Quant appꝛocher le bon ſainct pere ſceut. Par humble accueil / doulcement le receut. [5015]Dedans paris / allant de veue apperte. Bayſer ſes piedz / auſſi la royne berthe. Sa chere eſpouſe / et ſes deux filz / Auant. Son arriuee / allerent au deuant. Ceſt aſcauoir charles et charlemaigne. [5020]§Roy / royne / enffentz / de reuerence humaine. Treshumblement le ſceurent honnoꝛer. Meſmes le roy / pour mieulx le reuerer. Se myct a pied / tenant en main la reſne. De ſa monture / Apꝛes marcha la royne. [5025]En train honneſte / auecques ſes enffantz. Et aultres maintz / en eſtatz triumphantz. Ainſi marchantz / de maniere poſee. Vindꝛent au lieu eſieu pour repoſee. Luy deſcendu / pꝛint le roy par la main. [5030]Et loꝛs plourant tant ſur peuple romain.
§Le pappe eſtienne ſacre et beneyt pepin.128v Que pour legliſe en parolles piteuſes. Luy recita dalſtulphe les doubteuſes. Oppꝛeſſions / dont tel alarme oyant. Pepin piteux du pappe larmoyant. [5035]Dhumble confoꝛt / luy pꝛomyt que loffence. Toſt vengeroit et quil ſeroit deffenſe. Poꝛt et pillier de luy et des romains. En laſſeurant / tout remettre en ſes mains. Ce que tenoit le roy de lombardye. [5040]Diſant / ſe auoit la chere ſi hardye. De ſe combatre homme a homme en leſtour. Bien pꝛomettoit / ne luy faire vng let tour. Mais donneroit a congnoiſtre dentree. Sil auoit main aux armes adextree. [5045]Et ſi aux coupz departir / vng lombard. Feroit ce iour / au francoys a la part. §En ſes pꝛopoz eut le pape eſperance. De recouurer quelque heureuſe aſſeurance. Voyant le roy faire a mont et a val. [5050]Gentz aſſembler / tant de pied que a cheual. Pour rendꝛe toſt lombardye enuahye. §Oꝛ ce pendant / en la belle abbaye.
§En labbaye ſainct denys 129r De ſainct denys / eſleurent leur ſeiour. En attendant le tant deſire iour. [5055]Que loſt marchaſt pour ainſi que on ſe auoye. Paſſer deſtroitz et alpes de sauoye. Tant ſe trouua le ſainct pere eſiouy. En ce que auoit de ſa reuenge ouy. Quen celebꝛant le diuin ſacriffice. [5060]Pour rendꝛe au roy / guerdon du beneffice. Luy myct la ſaincte / vnction ſur le chef. Le conferma et ſacra de rechef. §La royne auſſi a ce faire pꝛeſente. Ne ſe trouua de telle gꝛace exempte. [5065]Les deux enffentz / et leur poſterite. Toute benyſt et de lauctoꝛite. Des clefz ſainct pierre / autant q̄̇l les ſent ſeures. Ceule interdit de agꝛauantes cenſures. Poullantz ſur tous / roys de france aduenir. [5070]Par nul effoꝛt en riens contreuenir. §Alſtulphe loꝛs / pour diuertir lempꝛiſe. Feyt karlomaus partir hoꝛs la pourpꝛiſe. Du mont Caſſin : et labbe contraingnit. Si quen linſtant a ſon moyne enioingnit.
§Carlomans tranſmys a uienne.129v [5075]Deuers ſon frere / aller pour le diſtraire. De donner ayde au pappe a luy contraire. §Non bien content pepin de ſon venir. Le renuoya / pour viure a laduenir. En vng couuent reffoꝛme / a uienne. [5080]Diſant ces motz / frere ne vous aduienne. Sans mandement / deuers moy retourner. Pour mon empꝛiſe entendꝛe deſtourner. §Si croy et tien / toute raiſon compꝛiſe. Que de bon gꝛe nauoit la charge pꝛiſe. [5085]Mais ceſt aſſez pour moynes eſbahyꝛ. Quant leur abbe les contrainct dobeyꝛ. §Ainſi alla ſans murmur ny enuye. La conſommer le ſurplus de ſa vie. §Adonq pepin larmee feyt marcher. [5090]Autant pieton gendarme comme archer. Artillerye et aultres vſtencilles. Pour faict de guerre En deſtroictz difficilles. De montz ayguz paſſerent aſſez toſt. Et quant alſtulphe entendit ſi gꝛand oſt. [5095]Ainſi marcher / feyt par ſoudains meſſaiges. Ban publier / pour garder les paſſaiges.
§Pepin paſſe les montz a groſſe armee 130r Ou le dangier eſt ſi gꝛand comme on ſcet. Que vng homme ſeul en deuroit battre ſept. La voye eſtroicte / eſtrange et peu hantee. [5100]Rend vne armee a lheure eſpouentee. Car on ny peult marcher / ſinon atraict. Mais au moyen que eut foꝛce gentz de traict. Ce gentil roy qui iamais ne vaxille. Du difficille / il feyt trouuer facille. [5105]Parquoy francoys pꝛindꝛent couraige et cueur. De foꝛce vifue / et ardante vigueur. Dont les lombardz / telle craincte receurent. Que reſiſter au paſſaige ne ſceurent. Les montz paſſez ozerent encoꝛ moins. [5110]Eſtre en pleins champs / aux coupz doner / teſmoīgs. Leur roy auſſi / nauenturant pas vie. Comme vng couard fouyt dedans pauye. Ou ſe voyant aſſiege / moult / doubta. Mais ce doubter / en telle mode oſta. [5115]Que au roy liura quarante bons hoſtaiges. Pꝛomettant rendꝛe au pappe ſes couſtaiges. Terres et biens / du tout reſtituer. Ont il lauoit voulu deſtituer.
§Pepin paſſant les montz poꝛ la ſeconde foiz130v Pepin ioyeulx penſant le caz reduyꝛe. [5120]A ſeurete / feyt le pappe conduyꝛe. Iuſques a rome / et au congie de luy. Sen retourna en france / mais celuy. Laſche lombard / apꝛes ſa deliurance. Se deſmentit nonobſtant laſſeurance. [5125]Par luy donnee / en hoſtaiges la mys. Car ſans tenir ce quil auoit pꝛomis. Ses oſtz mena fierement deuers rome. Et ny permyct a peine ſauluer homme. Que tout ne fuſt par glaiue ou feu deſtruict. [5130]Maint temple ſainct trimphāment cōſtruict. Maint hault palays / par ouuraige autentique. Ediffye / et baſty a lantique. Feyt deſmolir / mainte place razer. Et maint manoir par flames embꝛazer. [5135]Non gardant foy de loyal catholique. Cauſa getter du ſiege apoſtolique. Le pere ſainct / qui neut ailleurs recours. Foꝛs a pepin pour demander ſecours. Tant feyt dexcez en la cite romaine. [5140]Ce fier tyꝛant que la raige inhumaine.
§Remect le ſainct pere en ſon ſiege.131r Des viſegothz paſſe a troys centz ans. Ne feyꝛent maulx ſi aygꝛement cuiſantz. Loꝛs de rechef ce pꝛince tresilluſtre. Paſſa les montz en armes de bon luſtre. [5145]Pour chaſtier la gꝛande meſpꝛiſon. De ce menteur tout plein de trahyſon. §Dedans pauye aſſailly / telle craincte. Eut en ſon cueur quil fut foꝛce contraincte. vuider ſes mains en faiſant ceſſion. [5150]De tout le bien et la poſſeſſion. Quil vſurpoit ſur legliſe romaine. Aueq cela de ſon pꝛopꝛe demaine. Non par amour / mais en craintif deuoir. Donna rauenne / au pappe pour auoir. [5155]Remiſſion de la faulte commiſe. Par ainſi fut ſa ſainctete remiſe. Aydant le roy / en ſon ſiege pappal. Comme vray filz pꝛemier et pꝛincipal. De ſaincte egliſe et loꝛs en paix pꝛoſpere. [5160]Rome voyant / pꝛint congie du ſainct pere Qui luy donna en retribution. Tel pꝛiuileige et benediction.
§Priuileige dōne au roy pepin et ſes ſucceſſeurs.131v Que pappe nul pour quelque cauſe de yꝛe. Scaura iamais roy de france interdire. [5165]Et ſur ce poinct ſans pꝛendꝛe aultre deſtour. Delibera de ſon ioyeux / retour. §Peu temps apꝛes / ainſi que homme pourchace. En ſes foꝛeſtz faiſant queſte pour chace. Ce roy lombard / galoppant contre val. [5170]Apꝛes vng cerf tumba de ſon cheual. Par accident de moꝛtelle roupture. Et fut la fin de ſa male auenture. §Perſecuteur degliſe ainſi mourra. Et impugny iamais ne demoura. [5175]Les iugementz de dieu / toſt sexecutent. Sur gentz peruers / qui les ſiens perſecutent. Il ſcet en fin loyers attribuer. Pour maulx pugnir et biens retribuer. Et ſi on dit que legliſe eſt trop riche. [5180]Notte celuy / qui ſes terres deffriche. Si delle pꝛend / et il ne sen repend. Deux piedz ſans plus luy couſteront larpent.
§Ambaſſade tranſmyſe au roy pepin.
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§ La matiere offre en ce passaige mettre. Comme Pepin au pape oza transmettre. Le supplïant de uoulloir exposer. Ung caz qu'en brief luy faisoit proposer. [4900]Où s'attendoit totalement submettre.
§Chapitre xxxje.
§Legacion transmyse au pape Zacharie Selon le bruyt deslors courant en court. Ce duc Pepin dit et nommé le court. À la raison de celle petitesse. Qu'en corps avoit pour monstrer la haultesse. [4905]De sa grandeur en magnanimité. Considerant pusillanimité. En Childerich rendre vertu tarye. Lors roy de France au pappe Zacharye. Transmyct les siens messagiers et legatz. [4910]Pour l'advertir et reciter les caz. Dont ne povoit sans luy en cest affaire. À son desir bonnement satiffaire. Sa saincteté supplïant decreter. Ce qu'entendoit devers elle traicter. [4915]Et qu'il luy pleust à la chose condigne. Donner aviz lequel des deux plus digne. Estre devoit nommé roy ou celuy. De valleur nulle aux aultres né pour luy. Qui fruict ne coeult en sa terre fertille. [4920]Mais comme ung sot nyés et inutille.
§Par Pepin le court Tousjours demeure aux cendres endormny Sans luy challoir d'amy ou ennemy. Dont la vie est trés ignominieuse. Honteuse aux siens et à tous ennuyeuse. [4925]Par folz delictz remplys d'infectïons. En quoy du tout mect ses affectïons. Et n'a soucy soing chagrin sens ne cure. Si bien ou mal son peuple se procure. Ou cestuy là qui porte jours et nuyctz. [4930]Peynes travaulx mesayses et ennuys. Qui en tout temps par challeurs et froidures. Soustient la peine et fex de guerres dures. Qui tost et tard veult sa vie exposer. À grandz perilz sans voulloir reposer. [4935]En lictz parez mais avec ses gensdarmes. Sur terre dure attendans les alarmes. Qui scet mener les affaires urgentz. Sans riens doubter faire combatz sur gentz Combien que fortz et puissantz pensent estre. [4940]Qui par la force et vertu de sa dextre. Rend ja domptez adversaires à taz. Et qui si bien gouverne les estatz.
§Pepin esleu roy de France Que tout le faict de la chose publique. Soubz luy va droict et non par voye oblique. [4945]Semblables motz au sainct pere manda. Et son conseil sur ce paz demanda. À quoy luy feyt bonne et briefve response. Selon le dict narré en sa semonce. Disant devoir homme tel preferer. [4950]Avant tout aultre et roy le proferer. Où la vertu si forissante habonde. Au gré de Dieu et vueil de tout le monde. Et que celuy negligent paresseux. Et inutile or compare à ceulx. [4955]Desquelz la vie on escript et deschiffre. Rien ne servir au monde que d'ung chiffre. Du nom royal devoir destituer. Pour le vaillant et preux instituer. §Or bien sçavoit Pepin prudent homme estre. [4960]Chef gouverneur du palays et grand maistre. Plein de vertus prouësses et honneurs. Pour ce manda aux princes et seigneurs. Que roy de France on le voulsist eslire. Ce qui fut faict aprés son rescript lire.
§Childerich rendu moyne [4965]Et Childerich en novice tondu. Religïeux à Chelles fut rendu. Où demoura le surplus de sa vie. §Ceulx qui de luy et son frere ont envye. Sçavoir au vray le temps du regne leur. [4970]Sans avoir faict nul acte de valeur. Saichent Celuy Theodorich de son regne. Le quinziesme an de sa bride avoir resne. Par mort rompue à Childerich aussi. Foible de sens de sçavoir et soucy. [4975]Le neufiesme an de son regner eut marque. Pepin sur luy esleu seul chef monarque. Et roy de France ainsi se deffinit. Que la lignee à Pharamond finit. À ces deux cy en l'an sept centz cinquante. [4980]Ainsi que fut la couronne vaquante. Dix et huyt roys regnerent par trois centz. Trente et ung an selon ce que j'en sens. §Pepin faict roy en publique audïence. Sainct Boniface evesque de Mayence. [4985]Tenu martyr et ascript aux leçons. Du cathalogue Au sejour de Soissons.
§Victoire de Pepin contre les Saxons L'oingnit sacra et benyst en la forme. Des roys jadiz au droict divin conforme. Et ce mesme an qu'il eut tiltre de roy. [4990]Force luy fut ses ostz mettre en arroy. Et demonstrer l'effect de sa vaillance. Contre Saxons comblez de malveillance. Comme oublieux et non assez recordz Quelz proffitz font paciffiques accordz. [4995]Comme la guerre est fiere et moult dyverse. Comme souvent l'espoir du monde y verse. Et comme aussi à grand peine on s'en sort. Veu que asseurance on n'a une once en sort. Si hazardeux quant Fortune en ses tailles. [5000]Fort contre fort favorize aux batailles. §Ces malheureux malencontre cherchantz. Pour le grever se getterent aux champs. Qui les chargea de si farouche ataincte. Que emmy leur sang fut mainte lance taingte. [5005]Et maint estoc lors conduicte aveq heur. D'eulx et leur roy le rendirent vainqueur. §L'an ensuuant porta griefve souffrance. Le papre Estienne abstraint venir en France.
§Le pappe Estienne venu en France Au roy Pepin pource que toutes pars. [5010]Alstulphe lors estant roy des Lombardz Par gros excez qui monde scandalize. Molestoit luy les romains et l'eglise. §Quant approcher le bon sainct pere sceut. Par humble accueil doulcement le receut. [5015]Dedans Paris allant de veue apperte. Bayser ses piedz aussi la royne Berthe. Sa chere espouse et ses deux filz Avant. Son arrivee allerent au devant. C'est à scavoir Charles et Charlemaigne. [5020]§Roy royne enffentz de reverence humaine. Trés humblement le sceurent honnorer. Mesmes le roy pour mieulx le reverer. Se myct à pied tenant en main la resne. De sa monture Aprés marcha la royne. [5025]En train honneste avecques ses enffantz. Et aultres maintz en estatz triumphantz. Ainsi marchantz de maniere posee. Vindrent au lieu esieu pour reposee. Luy descendu print le roy par la main. [5030]Et lors plourant tant sur peuple Romain.
§Le pappe Estienne sacre et beneyt Pepin Que pour l'eglise en parolles piteuses. Luy recita d'Alstulphe les doubteuses. Oppressïons dont tel alarme oyant. Pepin piteux du pappe larmoyant. [5035]D'humble confort luy promyt que l'offence. Tost vengeroit et qu'il seroit deffense. Port et pillier de luy et des romains. En l'asseurant tout remettre en ses mains. Ce que tenoit le roy de Lombardye. [5040]Disant se avoit la chere si hardye. De se combatre homme à homme en l'estour. Bien promettoit ne luy faire ung let tour. Mais donneroit à congnoistre d'entree. S'il avoit main aux armes adextree. [5045]Et si aux coupz departir ung Lombard. Feroit ce jour au Françoys à la part. §En ses propoz eut le pape esperance. De recouvrer quelque heureuse asseurance. Voyant le roy faire à mont et à val. [5050]Gentz assembler tant de pied que à cheval. Pour rendre tost Lombardye envahye. §Or ce pendant en la belle abbaye.
§En l'abbaye sainct Denys De sainct Denys esleurent leur sejour. En attendant le tant desiré jour. [5055]Que l'ost marchast pour ainsi que on se avoye. Passer destroitz et Alpes de Savoye. Tant se trouva le sainct pere esjouy. En ce que avoit de sa revenge ouy. Qu'en celebrant le divin sacriffice. [5060]Pour rendre au roy guerdon du beneffice. Luy myct la saincte unction sur le chef. Le conferma et sacra de rechef. §La royne aussi à ce faire presente. Ne se trouva de telle grace exempte. [5065]Les deux enffentz et leur posterité. Toute benyst et de l'auctorité. Des clefz sainct Pierre autant qu'il les sent seures. Ceule interdit de agrauantes censures. Poullantz sur tous roys de France advenir. [5070]Par nul effort en riens contrevenir. §Alstulphe lors pour divertir l'emprise. Feyt Karlomaus partir hors la pourprise. Du mont Cassin : et l'abbé contraingnit. Si qu'en l'instant à son moyne enjoingnit.
§Carlomans transmys à Vienne [5075]Devers son frere aller pour le distraire. De donner ayde au pappe à luy contraire. §Non bien content Pepin de son venir. Le renvoya pour vivre à l'advenir. En ung couvent refformé à Vïenne. [5080]Disant ces motz frere ne vous advïenne. Sans mandement devers moy retourner. Pour mon emprise entendre destourner. §Si croy et tien toute raison comprise. Que de bon gré n'avoit la charge prise. [5085]Mais c'est assez pour moynes esbahyr. Quant leur abbé les contrainct d'obeyr. §Ainsi alla sans murmur ny envye. Là consommer le surplus de sa vie. §Adonq Pepin l'armee feyt marcher. [5090]Autant pieton gendarme comme archer. Artillerye et aultres ustencilles. Pour faict de guerre En destroictz difficilles. De montz ayguz passerent assez tost. Et quant Alstulphe entendit si grand ost. [5095]Ainsi marcher feyt par soudains messaiges. Ban publier pour garder les passaiges.
§Pepin passe les montz à grosse armee Où le dangier est si grand comme on scet. Que ung homme seul en devroit battre sept. La voye estroicte estrange et peu hantee. [5100]Rend une armee à l'heure espoventee. Car on n'y peult marcher sinon atraict. Mais au moyen que eut force gentz de traict. Ce gentil roy qui jamais ne vaxille. Du difficille il feyt trouver facille. [5105]Parquoy Françoys prindrent couraige et cueur. De force vifve et ardante vigueur. Dont les Lombardz telle craincte receurent. Que resister au passaige ne sceurent. Les montz passez ozerent encor moins. [5110]Estre en pleins champs aux coupz doner tesmoings. Leur roy aussi n'aventurant pas vie. Comme ung couard fouÿt dedans Pavye. Où se voyant assiegé moult doubta. Mais ce doubter en telle mode osta. [5115]Que au roy livra quarante bons hostaiges. Promettant rendre au pappe ses coustaiges. Terres et biens du tout restituer. Ont il l'avoit voulu destituer.
§Pepin passant les montz pour la seconde foiz Pepin joyeulx pensant le caz reduyre. [5120]À seureté feyt le pappe conduyre. Jusques à Rome et au congié de luy. S'en retourna en France mais celuy. Lasche Lombard aprés sa delivrance. Se desmentit nonobstant l'asseurance. [5125]Par luy donnee en hostaiges l'a mys. Car sans tenir ce qu'il avoit promis. Ses ostz mena fierement devers Rome. Et n'y permyct à peine saulver homme. Que tout ne fust par glaive ou feu destruict. [5130]Maint temple sainct trimphamment construict. Maint hault palays par ouvraige autentique. Ediffyé et basty à l'antique. Feyt desmolir mainte place razer. Et maint manoir par flames embrazer. [5135]Non gardant foy de loyal catholique. Causa getter du siege apostolique. Le pere sainct qui n'eut ailleurs recours. Fors à Pepin pour demander secours. Tant feyt dexcez en la cité romaine. [5140]Ce fier tyrant que la raige inhumaine.
§Remect le sainct pere en son siege Des Visegothz passé à troys centz ans. Ne feyrent maulx si aygrement cuisantz. Lors de rechef ce prince trés illustre. Passa les montz en armes de bon lustre. [5145]Pour chastier la grande mesprison. De ce menteur tout plein de trahyson. §Dedans Pavye assailly telle craincte. Eut en son cueur qu'il fut force contraincte. vuider ses mains en faisant cessïon. [5150]De tout le bien et la possessïon. Qu'il usurpoit sur l'eglise romaine. Aveq cela de son propre demaine. Non par amour mais en craintif devoir. Donna Ravenne au pappe pour avoir. [5155]Remissïon de la faulte commise. Par ainsi fut sa saincteté remise. Aydant le roy en son siege pappal. Comme vray filz premier et principal. De saincte eglise et lors en paix prospere. [5160]Rome voyant print congié du sainct pere Qui luy donna en retributïon. Tel privileige et benedictïon.
§Privileige donné au roy Pepin et ses successeurs Que pappe nul pour quelque cause de yre. Sçaura jamais roy de France interdire. [5165]Et sur ce poinct sans prendre aultre destour. Delibera de son joyeux retour. §Peu temps aprés ainsi que homme pourchace. En ses forestz faisant queste pour chace. Ce roy lombard galoppant contre val. [5170]Aprés ung cerf tumba de son cheval. Par accident de mortelle roupture. Et fut la fin de sa male aventure. §Persecuteur d'eglise ainsi mourra. Et impugny jamais ne demoura. [5175]Les jugementz de Dieu tost s'executent. Sur gentz pervers qui les siens persecutent. Il scet en fin loyers attribuer. Pour maulx pugnir et biens retribuer. Et si on dit que l'eglise est trop riche. [5180]Notte celuy qui ses terres deffriche. Si d'elle prend et il ne s'en repend. Deux piedz sans plus luy cousteront larpent.
§Ambassade transmyse au roy Pepin