Livre III - Chapitre 14
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33









59v
§Sur aribert retourne le propoz. Qui fut contrainct par la fiere atropoz. Clorre le paz du ſien regne terreſte. [2360]Son filz auſſi la paye eut toſt et reſte. Au long dormir du naturel repoz.
§Chapꝛtre.xiiiie.AU neufieſme an du regne dagobert. Surpꝛis de moꝛt / fut ſon frere aribert. Vng filz laiſſa / mais ſoudain la fatale. [2365]Le pꝛint au coꝛps / par quoy de leur totale. Succeſſion paiſible et iouyſſant. Cauſe receut den eſtre eſiouyſſant. Non du treſpas / mais de ſi gꝛandes crues. Voyant ſa gloire et puiſſances accrues. [2370]A bien le pꝛendꝛe et tout examiner. Nul eſt qui fuye amour de dominer. La vollunte de lhomme en telle attente. A peine ou tard de ſon bien ſe contente.
§Et dagobert reduyt a bien viure. 60r Linſaciable et couuoiteux deſir. [2375]Dvng bien receu / en vouldꝛoit deux ſaiſir. Et de tant plus quen richeſſes habonde. Plus fuyt apꝛes / ainſi en va le monde. Mais dagobert que auons icy deuant. Foꝛt blazonne deſtre ainſi mal viuant. [2380]Apꝛes quil eut ceſte bonne auenture. Myct ſa penſee a raiſon de dꝛoicture. Et congnoiſſant ſes iours longs et ans meurs. Changea du tout conditions et meurs. Pour neſtre ingꝛat eut de bien viure enuie. [2385]Auſſi mal vit qui namende ſa vie. Oꝛ comme on voyt que foꝛtune touſiours. Eſt enuieuſe Et ſur royaulx ſeiours. Auſſi ſoudain tourne ſon faulx viſaige. Que ſur petitz / manoirs Elle a vſaige. [2390]Et ſcet foꝛt bien dꝛagee entremeſler. De ioye et dueil / apꝛes rire beller. Apꝛes plaiſir mect les cueurs en deſtreſſe. Apꝛes doulceur / damour faincte et traytreſſe. Fongne du gꝛoing et rechigne des dentz. [2395]Par appareil de moꝛtelz accidentz.
§Guerre eſmeue.60v Ainſi en feyt a ce roy / car a lheure. Que auoir penſoit paix paiſible et meilleure. Par tous endꝛoitz / dont iouyꝛ iamais ſceut. Soudainement les nouuelles receut. [2400]Comme en thuringe aux marches de loꝛraine. Les eſclauons ſans moꝛs bꝛide ne reſne. Dhumanite impetueuſement. La deſcenduz tresfoꝛt piteuſement. Par glaiue et feu ceulx du pays traictoyent. [2405]Et des occiz la deſpouille empoꝛtoient. Si de cela il fut foꝛt mal content. Non ſans raiſon / loꝛs de ſoꝛte que on tend. En caz pareil ſoudain pꝛendꝛe vengeance. Ses oſtz mis ſus / a toute diligence. [2410]Bien equippe de cuyꝛaces armetz. Et tous ouſtilz de guerre / alla par metz. Paſſer ardenne / et ſon armee entiere. Logea dedans mayence ſur frontiere. Des ennemys / penſant au deſloger. [2415]A poincte et poꝛt / deſperon les charger. Car il auoit belle bende choiſye. En la bourgongne / et par toute auſtraſie.
§Entre dagobert et les eſclauons 61r Seſtoit fourny de cheualiers eſleuz. Bien adextrez hardiz et reſoluz. [2420]De monſtrer barbe a gentz de haultes tailles. Loꝛs donnant oꝛdꝛe au faict de ſes batailles Vindꝛent vers luy de la part des saxons. Ambaſſadeurs poꝛtantz en leurs lecons. Inſtructions / amples / affin de faire. [2425]Pꝛomeſſe et foy des eſclauons deffaire. A leurs deſpendz ſouldes miſes et couſtz. En les rendant de coups foꝛt bien eſcoux. Sans iamais plus en la ſoꝛte pareille. Auoir le cueur ſi hault dꝛeſſer loꝛeille. [2430]Sil luy plaiſoit quitter le tribut deulx. Montant par an ſeullement cinq cens beufz Lequel touſiours a temps deu et pꝛoſpere. Seſtoit paye tant a luy que a ſon pere. Conſeil tenu pour dꝛoit frapper au but. [2435]Entierement leur quitta ce tribut. Par conuenant dexcecuter et mettre. A plein effect ce quentendent pꝛomettre. Le tout iure accoꝛde et pꝛomys. Loſt des francoys de batailler remys.
§Dagobert donne auſtraſye.61v [2440]Qui par auant ſe ventoit tout pourfendꝛe. De la partit ainſi ſans beſte vendꝛe. On lentend bien / ce fut ſans coup ferir. Par quoy saxons gaignerent a offrir Plus que ce roy accoꝛdant leur requeſte. [2445]Car en faiſant de leur faict bonne enqueſte. On les trouua ſur les poinctz accoꝛdez. Auoir voulloirs cueurs et bꝛaz ſi coꝛdez. Que aux eſclauons feyꝛent arme
§A ſon filz sygibert. 62r Soubz leur conduitte / alloꝛs toute auſtraſye. Fut gouuernee / et neuſt ſceu oultre aſye. Deux conſeillers Ce croy en dictz et faictz. [2465]Meilleurs choiſir ne de plus gꝛandz effectz. Par eulx au loing fut guerre ſequeſtree. Iuſtice a tous foꝛt bien adminiſtree. Ceſt celle auſſi qui fait les roys regner. Legliſe luyꝛe et nobles gouuerner. [2470]Peuple menu en ſoꝛte ſi tres belle. Que on nen ſcauroit faire mauuais libelle. Ces bons ſeigneurs ne furent coꝛrompuz. De gꝛos pꝛeſentz ne gꝛas loppins repeuz. Amour charnel ne les feyt variables. [2475]Heyne encoꝛ moins / les rendit chariables A iugement qui faict dꝛoict trauerſer. Et bonne cauſe a aultruy mal verſer. Acception de perſonnes aulcunes. Neurent iamais pour faueurs ou peccunes. [2480]Mais de vertu et pꝛudence muniz Eurent les cueurs / touſiours de meſme vniz. Poꝛtantz au roy parolle de replique. Pour le pꝛoffit de la choſe publique.
§Partaige faict par dagobert.62v Auſtraſyens par auant ennuyeux. [2485]Furent alloꝛs ſi ayſes que riens mieulx. Pour la raiſon quilz congnoiſſent et voyēt. Ce que long temps foꝛt deſire auoient. Ceſtoit le bien gꝛand pꝛoffit et honneur. De veoir leur pꝛince et ſouuerain ſeigneur. [2490]Ou le roy eſt quoy que les gentz eſtriuent. Largent ſe trouue / et tous biens y arriuēt. Si laiſſerons auſtraſye et pꝛendꝛons. Sur dagobert / pꝛopoz ou appꝛendꝛons. Quen ce meſme an de manthilde ſa femme. [2495]Eut vng beau filz / dont creut ſon loz et fame. Aulcuns autheurs ce filz nomment loys. Aultres clouys / iay les yeulx eſblouys. En voyant tant doppinions diuerſes. Car ce ne ſont que delays et trauerſes. [2500]Soit dit clouis ou loys / ceſt tout vng Cauſe ny voy dempeſchement aucun. Oꝛ diſons donq / luy venu a dꝛoict aaige. Deſtat tenir ſon pere pour partaige. Voulut neuſtrye a luy appartenir. [2505]Et de bourgongne entiere part tenir.
§A ſes deux filz clouis et sygibert 63r Cela conclud pour nourrir en concoꝛde. Ses filz ſi que vng auecques laultre accoꝛde. A tant manda sigybert / et expꝛes. Commandement luy feyt que par apꝛes. [2510]Le ſien decez ia ne voulſiſt empꝛendꝛe. De toute france / vſurper terre ou pꝛendꝛe. Foꝛs ſon partaige / Auſſi pꝛint adiurer. Celuy clouis deſloꝛs / et feyt iurer. Que ſur ſon frere / il ne pꝛendꝛoit querelle. [2515]En auſtraſye et terres dentour elle. Ainſi vinz en la fraternite. Du vray lien damour et vnite. Pꝛomiſrent foy dꝛoicte iuſte et loyalle. Telle que enffentz de vne maiſon royalle. [2520]Doiuent tenir / ces choſes compaſſees. Contractz eſcriptz et les chartres paſſees. Fut dagobert excite daller veoir. Ses bons patrons / loꝛs affin de pourueoir. Que le diuin office et ſainct miſtere. [2525]Fuſt augmente / Leur deuot monaſtere. De gꝛans treſoꝛs / et ioyaulx ennoblit. Et dauentaige vne foyꝛe eſtablit.
§Linſtitucion du lendit / faicte par Dagobert63v Franche de tout que lendit on appelle. Entre leur temple et bourg de la chappelle. [2530]Par certains iours vers la ſainct barnabe. Eſtre tenue / Et voulut que labbe. Dicelle egliſe / euſt ſeure iouyſſance. Dauctoꝛite / plein pouoir et puiſſance. Dy exercer / ſans contradiction. [2535]Le dꝛoict total de iuriſdicion. Ceſtuy marche par coꝛrompu langaige. Eſt appelle lendit / mais ſe len gaige. Que mieulx deuroit eſtre nomme eſdict. Veu le ſtatut royal / pareil que ay dict. [2540]De ce mattends et rappoꝛte aux magiſtres. Qui plus auant viſitent les regiſtres.
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§Sur Aribert retourne le propoz. Qui fut contrainct par la fiere Atropoz. Clorre le paz du sien regne terreste. [2360]Son filz aussi la paye eut tost et reste. Au long dormir du naturel repoz.
§Chaprtre.xiiiie.Au neufiesme an du regne Dagobert. Surpris de mort fut son frere Aribert. Ung filz laissa mais soudain la fatale. [2365]Le print au corps par quoy de leur totale. Successïon paisible et jouÿssant. Cause receut d'en estre esjouÿssant. Non du trespas mais de si grandes crues. Voyant sa gloire et puissances accrues. [2370]À bien le prendre et tout examiner. Nul est qui fuye amour de dominer. La vollunté de l'homme en telle attente. À peine ou tard de son bien se contente.
§Et Dagobert reduyt à bien vivre L'insacïable et couvoiteux desir. [2375]D'ung bien receu en vouldroit deux saisir. Et de tant plus qu'en richesses habonde. Plus fuyt aprés ainsi en va le monde. Mais Dagobert que avons icy devant. Fort blazonné d'estre ainsi mal vivant. [2380]Aprés qu'il eut ceste bonne aventure. Myct sa pensee à raison de droicture. Et congnoissant ses jours longs et ans meurs. Changea du tout conditïons et meurs. Pour n'estre ingrat eut de bien vivre envie. [2385]Aussi mal vit qui n'amende sa vie. Or comme on voyt que Fortune tousjours. Est envïeuse et sur royaulx sejours. Aussi soudain tourne son faulx visaige. Que sur petitz manoirs elle a usaige. [2390]Et scet fort bien dragee entremesler. De joye et dueil aprés rire beller. Aprés plaisir mect les cueurs en destresse. Aprés doulceur d'amour faincte et traytresse. Fongne du groing et rechigne des dentz. [2395]Par appareil de mortelz accidentz.
§Guerre esmeue Ainsi en feyt à ce roy car à l'heure. Que avoir pensoit paix paisible et meilleure. Par tous endroitz dont jouÿr jamais sceut. Soudainement les nouvelles receut. [2400]Comme en Thuringe aux marches de Lorraine. Les Esclavons sans mors bride ne resne. D'humanité impetüeusement. Là descenduz trés fort piteusement. Par glaive et feu ceulx du paÿs traictoyent. [2405]Et des occiz la despouille emportoient. Si de cela il fut fort mal content. Non sans raison lors de sorte que on tend. En caz pareil soudain prendre vengeance. Ses ostz mis sus à toute diligence. [2410]Bien equippé de cuyraces armetz. Et tous oustilz de guerre alla par Metz. Passer Ardenne et son armee entiere. Logea dedans Mayence sur frontiere. Des ennemys pensant au desloger. [2415]À poincte et port d'esperon les charger. Car il avoit belle bende choisye. En la Bourgongne et par toute Austrasie.
§Entre Dagobert et les Esclavons S'estoit fourny de chevaliers esleuz. Bien adextrez hardiz et resoluz. [2420]De monstrer barbe à gentz de haultes tailles. Lors donnant ordre au faict de ses batailles Vindrent vers luy de la part des Saxons. Ambassadeurs portantz en leurs leçons. Instructïons amples affin de faire. [2425]Promesse et foy des Esclavons deffaire. À leurs despendz souldes mises et coustz. En les rendant de coups fort bien escoux. Sans jamais plus en la sorte pareille. Avoir le cueur si hault dresser l'oreille. [2430]S'il luy plaisoit quitter le tribut d'eulx. Montant par an seullement cinq cens beufz Lequel tousjours à temps deu et prospere. S'estoit payé tant à luy que à son pere. Conseil tenu pour droit frapper au but. [2435]Entierement leur quitta ce tribut. Par convenant d'excecuter et mettre. À plein effect ce qu'entendent promettre. Le tout juré accordé et promys. L'ost des Françoys de batailler remys.
§Dagobert donne Austrasye [2440]Qui par avant se ventoit tout pourfendre. De là partit ainsi sans beste vendre. On l'entend bien ce fut sans coup ferir. Par quoy Saxons gaignerent à offrir Plus que ce roy accordant leur requeste. [2445]Car en faisant de leur faict bonne enqueste. On les trouva sur les poinctz accordez. Avoir voulloirs cueurs et braz si cordez. Que aux Esclavons feyrent armes petites. Et neantmoins du tribut furent quictes. [2450]C'est comme on voyt souvent telz prometeurs. Estre à l'effect de leurs dictz prou menteurs. Or en ce temps celuy roy Dagobert. Considerant ja son filz Sygybert. Sur le droict poinct et fleur de jeunesse estre. [2455]Luy voulant veoir porter couronne et sceptre. Toute Austrasie entiere luy donna. Et deux vaillantz preud'hommes ordonna. Pour le conduyre au faict de sa besongne. L'ung fut Combert evesque de Coulongne. [2460]L'aultre Adalgyse ung conte palatin. Clerc en françoys et beaucoup en latin.
§À son filz Sygibert Soubz leur conduitte allors toute Austrasye. Fut gouvernee et n'eust sceu oultre Asye. Deux conseillers ce croy en dictz et faictz. [2465]Meilleurs choisir ne de plus grandz effectz. Par eulx au loing fut guerre sequestree. Justice à tous fort bien administree. C'est celle aussi qui fait les roys regner. L'eglise luyre et nobles gouverner. [2470]Peuple menu en sorte si trés belle. Que on n'en sçauroit faire mauvais libelle. Ces bons seigneurs ne furent corrompuz. De gros presentz ne gras loppins repeuz. Amour charnel ne les feyt varïables. [2475]Heyne encor moins les rendit charïables À jugement qui faict droict traverser. Et bonne cause à aultruy mal verser. Acceptïon de personnes aulcunes. N'eurent jamais pour faveurs ou peccunes. [2480]Mais de vertu et prudence muniz Eurent les cueurs tousjours de mesme uniz. Portantz au roy parolle de replique. Pour le proffit de la chose publique.
§Partaige faict par Dagobert Austrasÿens par avant ennuyeux. [2485]Furent allors si ayses que riens mieulx. Pour la raison qu'ilz congnoissent et voyent. Ce que longtemps fort desiré avoient. C'estoit le bien grand proffit et honneur. De veoir leur prince et souverain seigneur. [2490]Où le roy est quoy que les gentz estrivent. L'argent se trouve et tous biens y arrivent. Si laisserons Austrasye et prendrons. Sur Dagobert propoz où apprendrons. Qu'en ce mesme an de Manthilde sa femme. [2495]Eut ung beau filz dont creut son loz et fame. Aulcuns autheurs ce filz nomment Löys. Aultres Clovys j'ay les yeulx esblouÿs. En voyant tant d'oppinïons diverses. Car ce ne sont que delays et traverses. [2500]Soit dit Clovis ou Löys c'est tout ung Cause n'y voy d'empeschement aucun. Or disons donq luy venu à droict aaige. D'estat tenir son pere pour partaige. Voulut Neustrye à luy appartenir. [2505]Et de Bourgongne entiere part tenir.
§À ses deux filz Clovis et Sygibert Cela conclud pour nourrir en concorde. Ses filz si que ung avecques l'aultre accorde. À tant manda Sigybert et exprés. Commandement luy feyt que par aprés. [2510]Le sien decez ja ne voulsist emprendre. De toute France usurper terre ou prendre. Fors son partaige aussi print adjurer. Celuy Clovis deslors et feyt jurer. Que sur son frere il ne prendroit querelle. [2515]En Austrasye et terres d'entour elle. Ainsi vinz en la fraternité. Du vray lïen d'amour et unité. Promisrent foy droicte juste et loyälle. Telle que enffentz de une maison royälle. [2520]Doivent tenir ces choses compassees. Contractz escriptz et les chartres passees. Fut Dagobert excité d'aller veoir. Ses bons patrons lors affin de pourveoir. Que le divin office et sainct mistere. [2525]Fust augmenté leur devot monastere. De grans tresors et joyaulx ennoblit. Et daventaige une foyre establit.
§L'institucion du lendit faicte par Dagobert Franche de tout que lendit on appelle. Entre leur temple et bourg de la chappelle. [2530]Par certains jours vers la sainct Barnabé. Estre tenue et voulut que l'abbé. D'icelle eglise eust seure jouyssance. D'auctorité plein pouoir et puissance. D'y exercer sans contradictïon. [2535]Le droict total de jurisdicïon. Cestuy marché par corrompu langaige. Est appellé lendit mais se l'en gaige. Que mieulx devroit estre nommé esdict. Veu le statut royal pareil que ay dict. [2540]De ce m'attends et rapporte aux magistres. Qui plus avant visitent les registres.









59v
§Sur aribert retourne le propoz. Qui fut contrainct par la fiere atropoz. Clorre le paz du ſien regne terreſte. [2360]Son filz auſſi la paye eut toſt et reſte. Au long dormir du naturel repoz.
§Chapꝛtre.xiiiie.AU neufieſme an du regne dagobert. Surpꝛis de moꝛt / fut ſon frere aribert. Vng filz laiſſa / mais ſoudain la fatale. [2365]Le pꝛint au coꝛps / par quoy de leur totale. Succeſſion paiſible et iouyſſant. Cauſe receut den eſtre eſiouyſſant. Non du treſpas / mais de ſi gꝛandes crues. Voyant ſa gloire et puiſſances accrues. [2370]A bien le pꝛendꝛe et tout examiner. Nul eſt qui fuye amour de dominer. La vollunte de lhomme en telle attente. A peine ou tard de ſon bien ſe contente.
§Et dagobert reduyt a bien viure. 60r Linſaciable et couuoiteux deſir. [2375]Dvng bien receu / en vouldꝛoit deux ſaiſir. Et de tant plus quen richeſſes habonde. Plus fuyt apꝛes / ainſi en va le monde. Mais dagobert que auons icy deuant. Foꝛt blazonne deſtre ainſi mal viuant. [2380]Apꝛes quil eut ceſte bonne auenture. Myct ſa penſee a raiſon de dꝛoicture. Et congnoiſſant ſes iours longs et ans meurs. Changea du tout conditions et meurs. Pour neſtre ingꝛat eut de bien viure enuie. [2385]Auſſi mal vit qui namende ſa vie. Oꝛ comme on voyt que foꝛtune touſiours. Eſt enuieuſe Et ſur royaulx ſeiours. Auſſi ſoudain tourne ſon faulx viſaige. Que ſur petitz / manoirs Elle a vſaige. [2390]Et ſcet foꝛt bien dꝛagee entremeſler. De ioye et dueil / apꝛes rire beller. Apꝛes plaiſir mect les cueurs en deſtreſſe. Apꝛes doulceur / damour faincte et traytreſſe. Fongne du gꝛoing et rechigne des dentz. [2395]Par appareil de moꝛtelz accidentz.
§Guerre eſmeue.60v Ainſi en feyt a ce roy / car a lheure. Que auoir penſoit paix paiſible et meilleure. Par tous endꝛoitz / dont iouyꝛ iamais ſceut. Soudainement les nouuelles receut. [2400]Comme en thuringe aux marches de loꝛraine. Les eſclauons ſans moꝛs bꝛide ne reſne. Dhumanite impetueuſement. La deſcenduz tresfoꝛt piteuſement. Par glaiue et feu ceulx du pays traictoyent. [2405]Et des occiz la deſpouille empoꝛtoient. Si de cela il fut foꝛt mal content. Non ſans raiſon / loꝛs de ſoꝛte que on tend. En caz pareil ſoudain pꝛendꝛe vengeance. Ses oſtz mis ſus / a toute diligence. [2410]Bien equippe de cuyꝛaces armetz. Et tous ouſtilz de guerre / alla par metz. Paſſer ardenne / et ſon armee entiere. Logea dedans mayence ſur frontiere. Des ennemys / penſant au deſloger. [2415]A poincte et poꝛt / deſperon les charger. Car il auoit belle bende choiſye. En la bourgongne / et par toute auſtraſie.
§Entre dagobert et les eſclauons 61r Seſtoit fourny de cheualiers eſleuz. Bien adextrez hardiz et reſoluz. [2420]De monſtrer barbe a gentz de haultes tailles. Loꝛs donnant oꝛdꝛe au faict de ſes batailles Vindꝛent vers luy de la part des saxons. Ambaſſadeurs poꝛtantz en leurs lecons. Inſtructions / amples / affin de faire. [2425]Pꝛomeſſe et foy des eſclauons deffaire. A leurs deſpendz ſouldes miſes et couſtz. En les rendant de coups foꝛt bien eſcoux. Sans iamais plus en la ſoꝛte pareille. Auoir le cueur ſi hault dꝛeſſer loꝛeille. [2430]Sil luy plaiſoit quitter le tribut deulx. Montant par an ſeullement cinq cens beufz Lequel touſiours a temps deu et pꝛoſpere. Seſtoit paye tant a luy que a ſon pere. Conſeil tenu pour dꝛoit frapper au but. [2435]Entierement leur quitta ce tribut. Par conuenant dexcecuter et mettre. A plein effect ce quentendent pꝛomettre. Le tout iure accoꝛde et pꝛomys. Loſt des francoys de batailler remys.
§Dagobert donne auſtraſye.61v [2440]Qui par auant ſe ventoit tout pourfendꝛe. De la partit ainſi ſans beſte vendꝛe. On lentend bien / ce fut ſans coup ferir. Par quoy saxons gaignerent a offrir Plus que ce roy accoꝛdant leur requeſte. [2445]Car en faiſant de leur faict bonne enqueſte. On les trouua ſur les poinctz accoꝛdez. Auoir voulloirs cueurs et bꝛaz ſi coꝛdez. Que aux eſclauons feyꝛent arme
§A ſon filz sygibert. 62r Soubz leur conduitte / alloꝛs toute auſtraſye. Fut gouuernee / et neuſt ſceu oultre aſye. Deux conſeillers Ce croy en dictz et faictz. [2465]Meilleurs choiſir ne de plus gꝛandz effectz. Par eulx au loing fut guerre ſequeſtree. Iuſtice a tous foꝛt bien adminiſtree. Ceſt celle auſſi qui fait les roys regner. Legliſe luyꝛe et nobles gouuerner. [2470]Peuple menu en ſoꝛte ſi tres belle. Que on nen ſcauroit faire mauuais libelle. Ces bons ſeigneurs ne furent coꝛrompuz. De gꝛos pꝛeſentz ne gꝛas loppins repeuz. Amour charnel ne les feyt variables. [2475]Heyne encoꝛ moins / les rendit chariables A iugement qui faict dꝛoict trauerſer. Et bonne cauſe a aultruy mal verſer. Acception de perſonnes aulcunes. Neurent iamais pour faueurs ou peccunes. [2480]Mais de vertu et pꝛudence muniz Eurent les cueurs / touſiours de meſme vniz. Poꝛtantz au roy parolle de replique. Pour le pꝛoffit de la choſe publique.
§Partaige faict par dagobert.62v Auſtraſyens par auant ennuyeux. [2485]Furent alloꝛs ſi ayſes que riens mieulx. Pour la raiſon quilz congnoiſſent et voyēt. Ce que long temps foꝛt deſire auoient. Ceſtoit le bien gꝛand pꝛoffit et honneur. De veoir leur pꝛince et ſouuerain ſeigneur. [2490]Ou le roy eſt quoy que les gentz eſtriuent. Largent ſe trouue / et tous biens y arriuēt. Si laiſſerons auſtraſye et pꝛendꝛons. Sur dagobert / pꝛopoz ou appꝛendꝛons. Quen ce meſme an de manthilde ſa femme. [2495]Eut vng beau filz / dont creut ſon loz et fame. Aulcuns autheurs ce filz nomment loys. Aultres clouys / iay les yeulx eſblouys. En voyant tant doppinions diuerſes. Car ce ne ſont que delays et trauerſes. [2500]Soit dit clouis ou loys / ceſt tout vng Cauſe ny voy dempeſchement aucun. Oꝛ diſons donq / luy venu a dꝛoict aaige. Deſtat tenir ſon pere pour partaige. Voulut neuſtrye a luy appartenir. [2505]Et de bourgongne entiere part tenir.
§A ſes deux filz clouis et sygibert 63r Cela conclud pour nourrir en concoꝛde. Ses filz ſi que vng auecques laultre accoꝛde. A tant manda sigybert / et expꝛes. Commandement luy feyt que par apꝛes. [2510]Le ſien decez ia ne voulſiſt empꝛendꝛe. De toute france / vſurper terre ou pꝛendꝛe. Foꝛs ſon partaige / Auſſi pꝛint adiurer. Celuy clouis deſloꝛs / et feyt iurer. Que ſur ſon frere / il ne pꝛendꝛoit querelle. [2515]En auſtraſye et terres dentour elle. Ainſi vinz en la fraternite. Du vray lien damour et vnite. Pꝛomiſrent foy dꝛoicte iuſte et loyalle. Telle que enffentz de vne maiſon royalle. [2520]Doiuent tenir / ces choſes compaſſees. Contractz eſcriptz et les chartres paſſees. Fut dagobert excite daller veoir. Ses bons patrons / loꝛs affin de pourueoir. Que le diuin office et ſainct miſtere. [2525]Fuſt augmente / Leur deuot monaſtere. De gꝛans treſoꝛs / et ioyaulx ennoblit. Et dauentaige vne foyꝛe eſtablit.
§Linſtitucion du lendit / faicte par Dagobert63v Franche de tout que lendit on appelle. Entre leur temple et bourg de la chappelle. [2530]Par certains iours vers la ſainct barnabe. Eſtre tenue / Et voulut que labbe. Dicelle egliſe / euſt ſeure iouyſſance. Dauctoꝛite / plein pouoir et puiſſance. Dy exercer / ſans contradiction. [2535]Le dꝛoict total de iuriſdicion. Ceſtuy marche par coꝛrompu langaige. Eſt appelle lendit / mais ſe len gaige. Que mieulx deuroit eſtre nomme eſdict. Veu le ſtatut royal / pareil que ay dict. [2540]De ce mattends et rappoꝛte aux magiſtres. Qui plus auant viſitent les regiſtres.
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§Sur Aribert retourne le propoz. Qui fut contrainct par la fiere Atropoz. Clorre le paz du sien regne terreste. [2360]Son filz aussi la paye eut tost et reste. Au long dormir du naturel repoz.
§Chaprtre.xiiiie.Au neufiesme an du regne Dagobert. Surpris de mort fut son frere Aribert. Ung filz laissa mais soudain la fatale. [2365]Le print au corps par quoy de leur totale. Successïon paisible et jouÿssant. Cause receut d'en estre esjouÿssant. Non du trespas mais de si grandes crues. Voyant sa gloire et puissances accrues. [2370]À bien le prendre et tout examiner. Nul est qui fuye amour de dominer. La vollunté de l'homme en telle attente. À peine ou tard de son bien se contente.
§Et Dagobert reduyt à bien vivre L'insacïable et couvoiteux desir. [2375]D'ung bien receu en vouldroit deux saisir. Et de tant plus qu'en richesses habonde. Plus fuyt aprés ainsi en va le monde. Mais Dagobert que avons icy devant. Fort blazonné d'estre ainsi mal vivant. [2380]Aprés qu'il eut ceste bonne aventure. Myct sa pensee à raison de droicture. Et congnoissant ses jours longs et ans meurs. Changea du tout conditïons et meurs. Pour n'estre ingrat eut de bien vivre envie. [2385]Aussi mal vit qui n'amende sa vie. Or comme on voyt que Fortune tousjours. Est envïeuse et sur royaulx sejours. Aussi soudain tourne son faulx visaige. Que sur petitz manoirs elle a usaige. [2390]Et scet fort bien dragee entremesler. De joye et dueil aprés rire beller. Aprés plaisir mect les cueurs en destresse. Aprés doulceur d'amour faincte et traytresse. Fongne du groing et rechigne des dentz. [2395]Par appareil de mortelz accidentz.
§Guerre esmeue Ainsi en feyt à ce roy car à l'heure. Que avoir pensoit paix paisible et meilleure. Par tous endroitz dont jouÿr jamais sceut. Soudainement les nouvelles receut. [2400]Comme en Thuringe aux marches de Lorraine. Les Esclavons sans mors bride ne resne. D'humanité impetüeusement. Là descenduz trés fort piteusement. Par glaive et feu ceulx du paÿs traictoyent. [2405]Et des occiz la despouille emportoient. Si de cela il fut fort mal content. Non sans raison lors de sorte que on tend. En caz pareil soudain prendre vengeance. Ses ostz mis sus à toute diligence. [2410]Bien equippé de cuyraces armetz. Et tous oustilz de guerre alla par Metz. Passer Ardenne et son armee entiere. Logea dedans Mayence sur frontiere. Des ennemys pensant au desloger. [2415]À poincte et port d'esperon les charger. Car il avoit belle bende choisye. En la Bourgongne et par toute Austrasie.
§Entre Dagobert et les Esclavons S'estoit fourny de chevaliers esleuz. Bien adextrez hardiz et resoluz. [2420]De monstrer barbe à gentz de haultes tailles. Lors donnant ordre au faict de ses batailles Vindrent vers luy de la part des Saxons. Ambassadeurs portantz en leurs leçons. Instructïons amples affin de faire. [2425]Promesse et foy des Esclavons deffaire. À leurs despendz souldes mises et coustz. En les rendant de coups fort bien escoux. Sans jamais plus en la sorte pareille. Avoir le cueur si hault dresser l'oreille. [2430]S'il luy plaisoit quitter le tribut d'eulx. Montant par an seullement cinq cens beufz Lequel tousjours à temps deu et prospere. S'estoit payé tant à luy que à son pere. Conseil tenu pour droit frapper au but. [2435]Entierement leur quitta ce tribut. Par convenant d'excecuter et mettre. À plein effect ce qu'entendent promettre. Le tout juré accordé et promys. L'ost des Françoys de batailler remys.
§Dagobert donne Austrasye [2440]Qui par avant se ventoit tout pourfendre. De là partit ainsi sans beste vendre. On l'entend bien ce fut sans coup ferir. Par quoy Saxons gaignerent à offrir Plus que ce roy accordant leur requeste. [2445]Car en faisant de leur faict bonne enqueste. On les trouva sur les poinctz accordez. Avoir voulloirs cueurs et braz si cordez. Que aux Esclavons feyrent armes petites. Et neantmoins du tribut furent quictes. [2450]C'est comme on voyt souvent telz prometeurs. Estre à l'effect de leurs dictz prou menteurs. Or en ce temps celuy roy Dagobert. Considerant ja son filz Sygybert. Sur le droict poinct et fleur de jeunesse estre. [2455]Luy voulant veoir porter couronne et sceptre. Toute Austrasie entiere luy donna. Et deux vaillantz preud'hommes ordonna. Pour le conduyre au faict de sa besongne. L'ung fut Combert evesque de Coulongne. [2460]L'aultre Adalgyse ung conte palatin. Clerc en françoys et beaucoup en latin.
§À son filz Sygibert Soubz leur conduitte allors toute Austrasye. Fut gouvernee et n'eust sceu oultre Asye. Deux conseillers ce croy en dictz et faictz. [2465]Meilleurs choisir ne de plus grandz effectz. Par eulx au loing fut guerre sequestree. Justice à tous fort bien administree. C'est celle aussi qui fait les roys regner. L'eglise luyre et nobles gouverner. [2470]Peuple menu en sorte si trés belle. Que on n'en sçauroit faire mauvais libelle. Ces bons seigneurs ne furent corrompuz. De gros presentz ne gras loppins repeuz. Amour charnel ne les feyt varïables. [2475]Heyne encor moins les rendit charïables À jugement qui faict droict traverser. Et bonne cause à aultruy mal verser. Acceptïon de personnes aulcunes. N'eurent jamais pour faveurs ou peccunes. [2480]Mais de vertu et prudence muniz Eurent les cueurs tousjours de mesme uniz. Portantz au roy parolle de replique. Pour le proffit de la chose publique.
§Partaige faict par Dagobert Austrasÿens par avant ennuyeux. [2485]Furent allors si ayses que riens mieulx. Pour la raison qu'ilz congnoissent et voyent. Ce que longtemps fort desiré avoient. C'estoit le bien grand proffit et honneur. De veoir leur prince et souverain seigneur. [2490]Où le roy est quoy que les gentz estrivent. L'argent se trouve et tous biens y arrivent. Si laisserons Austrasye et prendrons. Sur Dagobert propoz où apprendrons. Qu'en ce mesme an de Manthilde sa femme. [2495]Eut ung beau filz dont creut son loz et fame. Aulcuns autheurs ce filz nomment Löys. Aultres Clovys j'ay les yeulx esblouÿs. En voyant tant d'oppinïons diverses. Car ce ne sont que delays et traverses. [2500]Soit dit Clovis ou Löys c'est tout ung Cause n'y voy d'empeschement aucun. Or disons donq luy venu à droict aaige. D'estat tenir son pere pour partaige. Voulut Neustrye à luy appartenir. [2505]Et de Bourgongne entiere part tenir.
§À ses deux filz Clovis et Sygibert Cela conclud pour nourrir en concorde. Ses filz si que ung avecques l'aultre accorde. À tant manda Sigybert et exprés. Commandement luy feyt que par aprés. [2510]Le sien decez ja ne voulsist emprendre. De toute France usurper terre ou prendre. Fors son partaige aussi print adjurer. Celuy Clovis deslors et feyt jurer. Que sur son frere il ne prendroit querelle. [2515]En Austrasye et terres d'entour elle. Ainsi vinz en la fraternité. Du vray lïen d'amour et unité. Promisrent foy droicte juste et loyälle. Telle que enffentz de une maison royälle. [2520]Doivent tenir ces choses compassees. Contractz escriptz et les chartres passees. Fut Dagobert excité d'aller veoir. Ses bons patrons lors affin de pourveoir. Que le divin office et sainct mistere. [2525]Fust augmenté leur devot monastere. De grans tresors et joyaulx ennoblit. Et daventaige une foyre establit.
§L'institucion du lendit faicte par Dagobert Franche de tout que lendit on appelle. Entre leur temple et bourg de la chappelle. [2530]Par certains jours vers la sainct Barnabé. Estre tenue et voulut que l'abbé. D'icelle eglise eust seure jouyssance. D'auctorité plein pouoir et puissance. D'y exercer sans contradictïon. [2535]Le droict total de jurisdicïon. Cestuy marché par corrompu langaige. Est appellé lendit mais se l'en gaige. Que mieulx devroit estre nommé esdict. Veu le statut royal pareil que ay dict. [2540]De ce m'attends et rapporte aux magistres. Qui plus avant visitent les registres.