Livre III - Chapitre 11
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46v
§Selon que aux faictz de dagobert contēple. Bien pourrons veoir, pour en faire compte āple. Se de œil ouuert leſcript acompaignons. Que a ſainct denys et ſes deux compaignons. [1875]Ediffya vng magniffique temple.
Chapitre.xie.I
47r
§Legliſe ſainct denys ediffiee.47v DE lheure et iour que ces deux
eurent faict. Accoꝛd de paix / Il poꝛta tel
effect. Que onques depuis occaſion ne quiſrent. [1880]Daucun debat / mais en amour veſquirent. De foy reiglee a oꝛdꝛe dequite. Loꝛs dagobert, ſe voyant acquitte. Enuers ſon frere / eut bonne ſouuenance. Du veu quil feyt, pꝛomeſſe et conuenance. [1885]A ſainct denys et ſes benoiſtz conſoꝛs. A ceſte cauſe / il deſploya treſoꝛs Telz et ſi gꝛandz que en bien petit deſpace. Fut faicte egliſe en beaulte loultrepaſſe. Daultres pluſieurs / la veue au deſcouurir. [1890]Faict de ce pꝛeuue / Adonc feyt terre ouurir. Au pꝛopꝛe lieu / ou les ſainctz coꝛps giſoyent. Et la trouua lettres qui diuiſoient. Les dignes noms diceulx martyꝛs tous troys. Et congnoiſſant les bienſfaictz et ottroys. [1895]En quoy vers luy / furent tres fauoꝛables. Par reuerendz eueſques venerables.
§Et tranſlacion des corps ſainctz 48r Les feyt leuer / si deuez penſer que eulx. Honneſtement, les myꝛent aux ſercueulx. De pur argent / pꝛeparez pour laffaire. [1900]Oultre cela / le roy oꝛdonna faire. Vne belle arche / en laquelle / on voyt / que oꝛ. Ny eſpargna / et deſloꝛs comme encoꝛ. Fut gꝛande / elle eſt, entre aultres ſpacieuſes. Foꝛt decoꝛee en pierres pꝛecieuſes. [1905]Comme leſcript nous fait relation. Le iour que on feyt ceſte tranſlation. De peuple y eut merueilleuſe affluence. Loꝛs, par laſpect de diuine influence. Et le merite au benoiſt ſainct denys. [1910]La furent faictz miracles infiniz. Apꝛes baſtir ce royal ediffice. Dingenieux et ſubtil artiffice. Faire tranſpoꝛtz et pures ceſſions. De reuenuz / rentes / poſſeſſions. [1915]Villes / chaſteaulx / boys / terres / heritaiges. De gꝛos, peſantz et ſumptueux couſtaiges. Voullant les noms / des martyꝛs, toutes pars. En lieux pꝛochains / et loingtains eſtre eſpars.
§Riche decoration de legliſe ſainct denys.48v Et que eut fondez ſolempnelz luminaires. [1920]Payez cōptant des deniers oꝛdinaires. Apꝛes donner excellentz parementz. Bagues / ioyaulx / et riches aoꝛnementz. Belles croix doꝛ / de telle oꝛfauerye. Que lœil humain, voyant lœuure, y varye. [1925]Et apꝛes faire au dedans pꝛeparer. Gꝛans dꝛaps de ſoye affin de tous parer. Pilliers, paroys et arcz damples richeſſes. Et pierrerye a tresgꝛandes largeſſes. Oultre et deſſus ce queſtoit au dedans. [1930]De ſes treſoꝛs combles et habondans. Par le dehoꝛs, feyt faire couuerture. De fin argent / ſelon la quadꝛature. Et pꝛopꝛe endꝛoit / ou les coꝛps pꝛecieux. Furent poſez / moult eſtoit ſoucieux. [1935]De ceſte choſe / et pour rien ny obmettre. Pꝛes de laultier, vng tronq dargent feyt mettre. A receuoir les aulmoſnes des gentz. Quil commanda, aux poures indigentz. Eſtre eſlargiz par les mains des miniſtres. [1940]Du temple ſainct / dauentaige aux regiſtres.
§Au dedans et par dehors. 49r Se trouue eſcript que certain oꝛ donna. Par chaſcun an / au tronq / et oꝛdonna. Que ſes enffentz et ſucceſſeurs gardaſſent. Dy faire faulte / et ſur tout regardaſſent. [1945]Telz deniers neſtre ailleurs attribuez. Mais ſans faillir fuſſent diſtribuez. A ſouffreteux pellerins / et enfermes. Son cueur auoit affections ſi fermes. Enuers les ſiens patrons et deffenſeurs. [1950]Quil luy ſembloit ne trouuer ſes faitz ſeurs. Sil ne faiſoit leur ſaincte egliſe bꝛuyꝛe. Par gꝛand renom, et ſur toutes reluyꝛe. Bien ſe penſa que cela luy venoit. A gꝛand merite / et ſe vng denier donnoit. [1955]Quil en ſeroit guerdonne a cent doubles. Si ſaige eſtoit que pour appaiſer troubles. Et queſtions quil veoit ſuruenir. Touſiours tendoit, par ſongneux ſouuenir. Rendꝛe a chaſcun iuſtice dꝛoicturiere. [1960]Sans faire a lvng, pour faueur ou pꝛiere. Non plus que a laultre / il eut affection. Telle en ce cas quen ſa reffection.
§Des vertuz de dagobert.49v Souuenteſfoiz fut veu laiſſer le boyꝛe Et le manger / doubtant mettre en memoyꝛe. [1965]Loccaſion de murmur / par nauoir. Selon ſa charge, aſſez fait bon deuoir. Sur cauſe miſe auant et alleguee. Sa renommee a tant fut diuulguee. Par la iuſtice oꝛdꝛe et raiſon de dꝛoict. [1970]Dont il vſa / que de chaſcun endꝛoict. Turqs, eſclauons / et nations loingtaines. Oyans parler de ſes vertuz haultaines. Furent contentz deuers luy tranſpoꝛter. Leurs queſtions, et eulx en rappoꝛter. [1975]A ſon iuger / ayans ferme aſſeurance. Plainere attente et fermee eſperance. Que salomon, aſſeant iugement. Ny pꝛoceda iamais plus ſaigement. Deux conſeillers que eut loꝛs poꝛtent meſſaige. [1980]Par eulx, auoir acquis nom dhomme ſaige. Lvng fut arnoul, ſainct eueſque de metz. Laultre pepin / ces deux neuſſent iamais. Eſte motifz dinuencion mauuaiſe. Ie ne croy pas / que vng pꝛince seſmouue ayſe.
§Et des bons et mauuais conſeillers. 50r [1985]A faire mal, ſe conſeil maling duyt. Par faulx ennoꝛt / a cela ne linduyt. Mais ceſt pitie, quant a langue legiere. Il donne eſcout / ſi elle eſt menſongiere. Croyꝛe ne doibt de leger, sil ne ſcet. [1990]Que le diſant ſaine conſcience ayt. Pꝛince na court bien ſeure / ſe coſte elle. Tient conſeillers pleins de fraulde et cautelle. Bon conſeiller / peult cauſer beaucoup bien. Et le mauuais / du mal on ſcet combien. [1995]Tout conſeiller doibt auoir, quoy quil face. Craincte de dieu touſiours deuant ſa face. Car en layant, ia ne ſera dauiz. Donner faueur aux dampnables deuiz. Leſquelz ſouuent / cauſent en appert mettre. [2000]Exactions que on ne deuroit permnettre. De mal conſeil vient et deppend ce poinct. Qui eſt doulleur / mais on ne penſe point. Quen impugnant ce que dꝛoict deſtermine. Tout vng pays ſe deſtruict et termine. [2005]Oꝛ euſſions nous conſeillers telz eſleuz. Quen aucuns pas de leſcryture ay leuz.
§De la bonne iuſtice.50v Gentz de ſcauoir ayantz au cueurs empꝛaincte. Pꝛofondement lamour de dieu / et craincte. De zeles telz et deſirs plus confictz. [2010]Au bien commun / que a leurs pꝛiuez pꝛouffitz. Gentz de foy ſeure et ſaine conſcience. En charite plus fondez quen ſcience. Non couuoiteux / non point ambicieux. Vindicatifz / non auaricieux. [2015]Non appetantz ſi gꝛos dons et ſallaires. Dont oppꝛeſſez / rendent tant poppulaires. Que aultres eſtatz / certes bien eſt beſoing. Quen ſoit de bons / conſidere le ſoing. Que ont a regir / ſi gꝛande monarchie. [2020]Et tant de biens dont elle eſt enrichie. Oꝛ vueille dieu a tout ſi bien pourueoir. Que ſeure paix en noz iours puiſſions veoir. Ceſt a pꝛopos de ces deux pꝛeudes hōmes. Qui dagobert deſchargerent des ſommes. [2025]Que eut a poꝛter / car ce que on pꝛopoſoit. A deſpeſcher ſur eulx sen repoſoit. Comme certain, de leur penſee affecte. A choſe honneſte et licite eſtre faicte.
§Et liberalite de dagobert 51r Apꝛes quil eut ia par ſept ans regne. [2030]Et ſaigement ſon peuple gouuerne. En toute amour doulceur et courtoiſye. Il viſita bourgongne et auſtraſye. Et en paſſant bourgades et citez. Il ſecouroit en leurs neceſſitez. [2035]Les indigentz / entendoit leurs querelles. Comme des gꝛandz / et pour vaquer a elles. Souuent perdoit ſon repoz et repas. Celuy qui fait vng tel tour nerre pas. Auſtraſiens et bourguignons receurent. [2040]Foꝛt gꝛand plaiſir, quant arriuer le ſceurent. Voyans que auoit tres feruent appetit. Faire iuſtice a gꝛand et a petit. Gꝛace poꝛtoit ſi tres bonne / ſon dire. Que a peine ſceut iamais homme eſcondire. [2045]Son bꝛuyt volla, en ſoꝛte que lauons. Ia deuant dit, iuſques aux eſclauons. Loꝛs, par deſir de bonne ialouſie. Myct tout en oꝛdꝛe au pays d auſtraſye. Dont fut tresfoꝛt extime de chaſcun. [2050]De la partant, paſſa chaalons, auſtun.
§Des femmes que eut dagobert51v Langꝛes / auxerre / et sens eſperant tendꝛe. Deuers paris / Oꝛ nottez pour entendꝛe. Que congnoiſſant, de ſa femme, nauoir. Enffentz dont ſceuſt / hoir nommer nauouer. [2055]La delaiſſa, pour ce que eſtoit bꝛehaigne. Et pꝛint mathilde a eſpouſe et compaigne. Penſant que delle il deuſt auoir vng filz. Mais autant eut de vne que aultre pꝛouffitz. Cueillant le fruict de leurs fleurs puerilles. [2060]Car toutes deux ſe trouuerent ſterilles. Pource, laiſſa mathilde apꝛes gertrude. Et en ſon lict accueillit Raguetrude. Ieune pucelle / autant belle que on ſceut. En place veoir / laquelle en bꝛief conceut. [2065]Comme verrons apꝛes, ſans riens obmettre. Mais pꝛemier vueil, par eſcript, icy mettre. Comme il alla, vers les benoiſtz coꝛps ſainctz. Gꝛaces leur rendꝛe en tant que membꝛes ſaīs. Par leur merite auoit faict ſon voyage. [2070]Et augmentant tribut de ſeur payaige. Vng lieu nomme eſtrepaigny ceda. A leur egliſe, et deſloꝛs conceda.
§Et de loctroy quil feyt a legliſe ſaīct denys. 52r En eſtre faicte vne chartre autentique. Que encoꝛ on voyt / de lettre et date antique. [2075]Oꝛ repꝛenons aleyne et appetit. Il ſe fait bon repoſer vng petit.
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§Selon que aux faictz de Dagobert contemple, Bien pourrons veoir, pour en faire compte ample, Se de œil ouvert l'escript acompaignons, Que à sainct Denys et ses deux compaignons [1875]Ediffÿa ung magniffique temple.
Chapitre.xie.I
§L'eglise sainct Denys ediffiee De l'heure et jour que ces deux eurent faict Accord de paix, il porta tel effect Que onques depuis occasïon ne quisrent [1880]D'aucun debat, mais en amour vesquirent, De foy reiglee à ordre d'equité. Lors Dagobert, se voyant acquitté Envers son frere, eut bonne souvenance Du veu qu'il feyt, promesse et convenance [1885]À sainct Denys et ses benoistz consors. À ceste cause, il desploya tresors Telz et si grandz que en bien petit d'espace, Fut faicte eglise en beaulté l'oultrepasse. D'aultres plusieurs, la veue au descouvrir, [1890]Faict de ce preuve. Adonc feyt terre ouvrir, Au propre lieu où les sainctz corps gisoyent, Et là trouva lettres qui divisoient Les dignes noms d'iceulx martyrs tous troys. Et congnoissant les biensfaictz et ottroys [1895]En quoy vers luy furent trés favorables, Par reverendz evesques venerables,
§Et translacion des corps sainctz Les feyt lever. Si devez penser que eulx, Honnestement, les myrent aux sercueulx De pur argent, preparez pour l'affaire. [1900]Oultre cela, le roy ordonna faire Une belle arche, en laquelle on voyt que or N'y espargna. Et deslors comme encor Fut grande, elle est, entre aultres spacïeuses, Fort decoree en pierres precïeuses. [1905]Comme l'escript nous fait relatïon, Le jour que on feyt ceste translatïon, De peuple y eut merveilleuse afflüence. Lors, par l'aspect de divine inflüence, Et le merite au benoist sainct Denys, [1910]Là furent faictz miracles infiniz, Aprés bastir ce royal ediffice D'ingenïeux et subtil artiffice, Faire transportz et pures cessïons De revenuz, rentes, possessïons, [1915]Villes, chasteaulx, boys, terres, heritaiges De gros, pesantz et sumptueux coustaiges, Voullant les noms des martyrs, toutes pars, En lieux prochains et loingtains estre espars,
§Riche decoration de l'eglise sainct Denys Et que eut fondez solempnelz luminaires, [1920]Payez comptant des deniers ordinaires. Aprés donner excellentz parementz, Bagues, joyaulx, et riches aornementz, Belles croix d'or, de telle orfaverye Que l'œil humain, voyant l'œuvre, y varye, [1925]Et aprés faire au dedans preparer Grans draps de soye affin de tous parer, Pilliers, paroys et arcz d'amples richesses, Et pierrerye à trésgrandes largesses, Oultre et dessus ce qu'estoit au dedans [1930]De ses tresors combles et habondans, Par le dehors, feyt faire couverture De fin argent, selon la quadrature Et propre endroit où les corps precïeux, Furent posez. Moult estoit soucïeux. [1935]De ceste chose. Et pour rien n'y obmettre, Près de l'aultier, ung tronq d'argent feyt mettre, À recevoir les aulmosnes des gentz Qu'il commanda, aux povres indigentz, Estre eslargiz par les mains des ministres. [1940]Du temple sainct, d'aventaige aux registres,
§Au dedans et par dehors Se trouve escript que certain or donna, Par chascun an, au tronq. Et ordonna Que ses enffentz et successeurs gardassent D'y faire faulte, et sur tout regardassent [1945]Telz deniers n'estre ailleurs attribuez, Mais sans faillir fussent distribuez À souffreteux pellerins, et enfermes. Son cueur avoit affectïons si fermes Envers les siens patrons et deffenseurs, [1950]Qu'il luy sembloit ne trouver ses faitz seurs, S'il ne faisoit leur saincte eglise bruyre Par grand renom, et sur toutes reluyre. Bien se pensa que cela luy venoit À grand merite, et se ung denier donnoit, [1955]Qu'il en seroit guerdonné à cent doubles. Si saige estoit que pour appaiser troubles Et questïons qu'il vëoit survenir, Tousjours tendoit, par songneux souvenir, Rendre à chascun justice droicturiere, [1960]Sans faire à l'ung, pour faveur ou prïere, Non plus que à l'aultre. Il eut affectïon Telle en ce cas qu'en sa reffectïon,
§Des vertuz de Dagobert Souventesfoiz fut veu laisser le boyre Et le manger, doubtant mettre en memoyre [1965]L'occasïon de murmur, par n'avoir, Selon sa charge, assez fait bon devoir Sur cause mise avant et alleguee. Sa renommee à tant fut divulguee, Par la justice ordre et raison de droict [1970]Dont il usa, que de chascun endroict, Turqs, Esclavons et natïons loingtaines, Oyans parler de ses vertuz haultaines, Furent contentz devers luy transporter Leurs questïons, et eulx en rapporter [1975]À son juger, ayans ferme asseurance Plainere attente et fermee esperance, Que Salomon, assëant jugement, N'y proceda jamais plus saigement. Deux conseillers que eut lors portent messaige, [1980]Par eulx, avoir acquis nom d'homme saige. L'ung fut Arnoul, sainct evesque de Metz, L'aultre Pepin. Ces deux n'eussent jamais Esté motifz d'invencïon mauvaise. Je ne croy pas que ung prince s'esmouve ayse
§Et des bons et mauvais conseillers [1985]À faire mal, se conseil maling duyt, Par faulx ennort, à cela ne l'induyt. Mais c'est pitié, quant à langue legiere, Il donne escout, si elle est mensongiere. Croyre ne doibt de leger, s'il ne scet [1990]Que le disant saine conscïence ayt. Prince n'a court bien seure, se costé elle Tient conseillers pleins de fraulde et cautelle. Bon conseiller, peult causer beaucoup bien, Et le mauvais du mal on scet combien. [1995]Tout conseiller doibt avoir, quoy qu'il face, Craincte de Dieu tousjours devant sa face, Car en l'ayant, ja ne sera d'aviz Donner faveur aux dampnables deviz, Lesquelz souvent causent en appert mettre [2000]Exactïons que on ne devroit permnettre. De mal conseil vient et deppend ce poinct Qui est doulleur, mais on ne pense point Qu'en impugnant ce que droict destermine, Tout ung paÿs se destruict et termine. [2005]Or eussions nous conseillers telz esleuz, Qu'en aucuns pas de l'escryture ay leuz,
§De la bonne justice Gentz de sçavoir ayantz au cueurs empraincte Profondement l'amour de Dieu, et craincte, De zeles telz et desirs plus confictz [2010]Au bien commun que à leurs privez prouffitz, Gentz de foy seure et saine conscïence, En charité plus fondez qu'en scïence, Non couvoiteux, non point ambicïeux, Vindicatifz, non avaricïeux, [2015]Non appetantz si gros dons et sallaires, Dont oppressez, rendent tant poppulaires Que aultres estatz, certes bien est besoing Qu'en soit de bons, consideré le soing Que ont à regir si grande monarchie, [2020]Et tant de biens dont elle est enrichie. Or vueille Dieu à tout si bien pourveoir, Que seure paix en noz jours puissions veoir. C'est à propos de ces deux preudes hommes, Qui Dagobert deschargerent des sommes [2025]Que eut à porter, car ce que on proposoit À despescher sur eulx s'en reposoit, Comme certain, de leur pensee affecte, À chose honneste et licite estre faicte,
§Et liberalité de Dagobert Aprés qu'il eut ja par sept ans regné, [2030]Et saigement son peuple gouverné, En toute amour doulceur et courtoisye, Il visita Bourgongne et Austrasye, Et en passant bourgades et citez, Il secouroit en leurs necessitez [2035]Les indigentz, entendoit leurs querelles, Comme des grandz. Et pour vaquer à elles, Souvent perdoit son repoz et repas. Celuy qui fait ung tel tour n'erre pas. Austrasiens et Bourguignons receurent [2040]Fort grand plaisir, quant arriver le sceurent, Voyans que avoit trés fervent appetit Faire justice à grand et à petit. Grace portoit si trés bonne son dire Que à peine sceut jamais homme escondire. [2045]Son bruyt volla, en sorte que l'avons Ja devant dit, jusques aux Esclavons. Lors, par desir de bonne jalousie, Myct tout en ordre au paÿs d' Austrasye, Dont fut trés fort extimé de chascun. [2050]De là partant, passa Chaalons, Austun,
§Des femmes que eut Dagobert Langres Auxerre et Sens esperant tendre. Devers Paris. Or nottez pour entendre Que congnoissant, de sa femme, n'avoir Enffentz dont sceust hoir nommer n'avouer, [2055]La delaissa, pour ce que estoit brehaigne. Et print MAthilde à espouse et compaigne, Pensant que d'elle il deust avoir ung filz. Mais autant eut de une que aultre prouffitz, Cueillant le fruict de leurs fleurs püerilles, [2060]Car toutes deux se trouverent sterilles. Pour ce, laissa Mathilde aprés Gertrude, Et en son lict accueillit raguetrude, Jeune pucelle, autant belle que on sceut En place veoir. Laquelle en brief conceut, [2065]Comme verrons aprés, sans riens obmettre. Mais premier vueil, par escript, icy mettre Comme il alla, vers les benoistz corps sainctz, Graces leur rendre en tant que membres sains, Par leur merite avoit faict son voyage, [2070]Et augmentant tribut de seur payaige. Ung lieu nommé Estrepaigny ceda À leur eglise, et deslors conceda
§Et de l'octroy qu'il feyt à l'eglise sainct Denys En estre faicte une chartre autentique, Que encor on voyt de lettre et date antique. [2075]Or reprenons aleyne et appetit, Il se fait bon reposer ung petit.












46v
§Selon que aux faictz de dagobert contēple. Bien pourrons veoir, pour en faire compte āple. Se de œil ouuert leſcript acompaignons. Que a ſainct denys et ſes deux compaignons. [1875]Ediffya vng magniffique temple.
Chapitre.xie.I
47r
§Legliſe ſainct denys ediffiee.47v DE lheure et iour que ces deux
eurent faict. Accoꝛd de paix / Il poꝛta tel
effect. Que onques depuis occaſion ne quiſrent. [1880]Daucun debat / mais en amour veſquirent. De foy reiglee a oꝛdꝛe dequite. Loꝛs dagobert, ſe voyant acquitte. Enuers ſon frere / eut bonne ſouuenance. Du veu quil feyt, pꝛomeſſe et conuenance. [1885]A ſainct denys et ſes benoiſtz conſoꝛs. A ceſte cauſe / il deſploya treſoꝛs Telz et ſi gꝛandz que en bien petit deſpace. Fut faicte egliſe en beaulte loultrepaſſe. Daultres pluſieurs / la veue au deſcouurir. [1890]Faict de ce pꝛeuue / Adonc feyt terre ouurir. Au pꝛopꝛe lieu / ou les ſainctz coꝛps giſoyent. Et la trouua lettres qui diuiſoient. Les dignes noms diceulx martyꝛs tous troys. Et congnoiſſant les bienſfaictz et ottroys. [1895]En quoy vers luy / furent tres fauoꝛables. Par reuerendz eueſques venerables.
§Et tranſlacion des corps ſainctz 48r Les feyt leuer / si deuez penſer que eulx. Honneſtement, les myꝛent aux ſercueulx. De pur argent / pꝛeparez pour laffaire. [1900]Oultre cela / le roy oꝛdonna faire. Vne belle arche / en laquelle / on voyt / que oꝛ. Ny eſpargna / et deſloꝛs comme encoꝛ. Fut gꝛande / elle eſt, entre aultres ſpacieuſes. Foꝛt decoꝛee en pierres pꝛecieuſes. [1905]Comme leſcript nous fait relation. Le iour que on feyt ceſte tranſlation. De peuple y eut merueilleuſe affluence. Loꝛs, par laſpect de diuine influence. Et le merite au benoiſt ſainct denys. [1910]La furent faictz miracles infiniz. Apꝛes baſtir ce royal ediffice. Dingenieux et ſubtil artiffice. Faire tranſpoꝛtz et pures ceſſions. De reuenuz / rentes / poſſeſſions. [1915]Villes / chaſteaulx / boys / terres / heritaiges. De gꝛos, peſantz et ſumptueux couſtaiges. Voullant les noms / des martyꝛs, toutes pars. En lieux pꝛochains / et loingtains eſtre eſpars.
§Riche decoration de legliſe ſainct denys.48v Et que eut fondez ſolempnelz luminaires. [1920]Payez cōptant des deniers oꝛdinaires. Apꝛes donner excellentz parementz. Bagues / ioyaulx / et riches aoꝛnementz. Belles croix doꝛ / de telle oꝛfauerye. Que lœil humain, voyant lœuure, y varye. [1925]Et apꝛes faire au dedans pꝛeparer. Gꝛans dꝛaps de ſoye affin de tous parer. Pilliers, paroys et arcz damples richeſſes. Et pierrerye a tresgꝛandes largeſſes. Oultre et deſſus ce queſtoit au dedans. [1930]De ſes treſoꝛs combles et habondans. Par le dehoꝛs, feyt faire couuerture. De fin argent / ſelon la quadꝛature. Et pꝛopꝛe endꝛoit / ou les coꝛps pꝛecieux. Furent poſez / moult eſtoit ſoucieux. [1935]De ceſte choſe / et pour rien ny obmettre. Pꝛes de laultier, vng tronq dargent feyt mettre. A receuoir les aulmoſnes des gentz. Quil commanda, aux poures indigentz. Eſtre eſlargiz par les mains des miniſtres. [1940]Du temple ſainct / dauentaige aux regiſtres.
§Au dedans et par dehors. 49r Se trouue eſcript que certain oꝛ donna. Par chaſcun an / au tronq / et oꝛdonna. Que ſes enffentz et ſucceſſeurs gardaſſent. Dy faire faulte / et ſur tout regardaſſent. [1945]Telz deniers neſtre ailleurs attribuez. Mais ſans faillir fuſſent diſtribuez. A ſouffreteux pellerins / et enfermes. Son cueur auoit affections ſi fermes. Enuers les ſiens patrons et deffenſeurs. [1950]Quil luy ſembloit ne trouuer ſes faitz ſeurs. Sil ne faiſoit leur ſaincte egliſe bꝛuyꝛe. Par gꝛand renom, et ſur toutes reluyꝛe. Bien ſe penſa que cela luy venoit. A gꝛand merite / et ſe vng denier donnoit. [1955]Quil en ſeroit guerdonne a cent doubles. Si ſaige eſtoit que pour appaiſer troubles. Et queſtions quil veoit ſuruenir. Touſiours tendoit, par ſongneux ſouuenir. Rendꝛe a chaſcun iuſtice dꝛoicturiere. [1960]Sans faire a lvng, pour faueur ou pꝛiere. Non plus que a laultre / il eut affection. Telle en ce cas quen ſa reffection.
§Des vertuz de dagobert.49v Souuenteſfoiz fut veu laiſſer le boyꝛe Et le manger / doubtant mettre en memoyꝛe. [1965]Loccaſion de murmur / par nauoir. Selon ſa charge, aſſez fait bon deuoir. Sur cauſe miſe auant et alleguee. Sa renommee a tant fut diuulguee. Par la iuſtice oꝛdꝛe et raiſon de dꝛoict. [1970]Dont il vſa / que de chaſcun endꝛoict. Turqs, eſclauons / et nations loingtaines. Oyans parler de ſes vertuz haultaines. Furent contentz deuers luy tranſpoꝛter. Leurs queſtions, et eulx en rappoꝛter. [1975]A ſon iuger / ayans ferme aſſeurance. Plainere attente et fermee eſperance. Que salomon, aſſeant iugement. Ny pꝛoceda iamais plus ſaigement. Deux conſeillers que eut loꝛs poꝛtent meſſaige. [1980]Par eulx, auoir acquis nom dhomme ſaige. Lvng fut arnoul, ſainct eueſque de metz. Laultre pepin / ces deux neuſſent iamais. Eſte motifz dinuencion mauuaiſe. Ie ne croy pas / que vng pꝛince seſmouue ayſe.
§Et des bons et mauuais conſeillers. 50r [1985]A faire mal, ſe conſeil maling duyt. Par faulx ennoꝛt / a cela ne linduyt. Mais ceſt pitie, quant a langue legiere. Il donne eſcout / ſi elle eſt menſongiere. Croyꝛe ne doibt de leger, sil ne ſcet. [1990]Que le diſant ſaine conſcience ayt. Pꝛince na court bien ſeure / ſe coſte elle. Tient conſeillers pleins de fraulde et cautelle. Bon conſeiller / peult cauſer beaucoup bien. Et le mauuais / du mal on ſcet combien. [1995]Tout conſeiller doibt auoir, quoy quil face. Craincte de dieu touſiours deuant ſa face. Car en layant, ia ne ſera dauiz. Donner faueur aux dampnables deuiz. Leſquelz ſouuent / cauſent en appert mettre. [2000]Exactions que on ne deuroit permnettre. De mal conſeil vient et deppend ce poinct. Qui eſt doulleur / mais on ne penſe point. Quen impugnant ce que dꝛoict deſtermine. Tout vng pays ſe deſtruict et termine. [2005]Oꝛ euſſions nous conſeillers telz eſleuz. Quen aucuns pas de leſcryture ay leuz.
§De la bonne iuſtice.50v Gentz de ſcauoir ayantz au cueurs empꝛaincte. Pꝛofondement lamour de dieu / et craincte. De zeles telz et deſirs plus confictz. [2010]Au bien commun / que a leurs pꝛiuez pꝛouffitz. Gentz de foy ſeure et ſaine conſcience. En charite plus fondez quen ſcience. Non couuoiteux / non point ambicieux. Vindicatifz / non auaricieux. [2015]Non appetantz ſi gꝛos dons et ſallaires. Dont oppꝛeſſez / rendent tant poppulaires. Que aultres eſtatz / certes bien eſt beſoing. Quen ſoit de bons / conſidere le ſoing. Que ont a regir / ſi gꝛande monarchie. [2020]Et tant de biens dont elle eſt enrichie. Oꝛ vueille dieu a tout ſi bien pourueoir. Que ſeure paix en noz iours puiſſions veoir. Ceſt a pꝛopos de ces deux pꝛeudes hōmes. Qui dagobert deſchargerent des ſommes. [2025]Que eut a poꝛter / car ce que on pꝛopoſoit. A deſpeſcher ſur eulx sen repoſoit. Comme certain, de leur penſee affecte. A choſe honneſte et licite eſtre faicte.
§Et liberalite de dagobert 51r Apꝛes quil eut ia par ſept ans regne. [2030]Et ſaigement ſon peuple gouuerne. En toute amour doulceur et courtoiſye. Il viſita bourgongne et auſtraſye. Et en paſſant bourgades et citez. Il ſecouroit en leurs neceſſitez. [2035]Les indigentz / entendoit leurs querelles. Comme des gꝛandz / et pour vaquer a elles. Souuent perdoit ſon repoz et repas. Celuy qui fait vng tel tour nerre pas. Auſtraſiens et bourguignons receurent. [2040]Foꝛt gꝛand plaiſir, quant arriuer le ſceurent. Voyans que auoit tres feruent appetit. Faire iuſtice a gꝛand et a petit. Gꝛace poꝛtoit ſi tres bonne / ſon dire. Que a peine ſceut iamais homme eſcondire. [2045]Son bꝛuyt volla, en ſoꝛte que lauons. Ia deuant dit, iuſques aux eſclauons. Loꝛs, par deſir de bonne ialouſie. Myct tout en oꝛdꝛe au pays d auſtraſye. Dont fut tresfoꝛt extime de chaſcun. [2050]De la partant, paſſa chaalons, auſtun.
§Des femmes que eut dagobert51v Langꝛes / auxerre / et sens eſperant tendꝛe. Deuers paris / Oꝛ nottez pour entendꝛe. Que congnoiſſant, de ſa femme, nauoir. Enffentz dont ſceuſt / hoir nommer nauouer. [2055]La delaiſſa, pour ce que eſtoit bꝛehaigne. Et pꝛint mathilde a eſpouſe et compaigne. Penſant que delle il deuſt auoir vng filz. Mais autant eut de vne que aultre pꝛouffitz. Cueillant le fruict de leurs fleurs puerilles. [2060]Car toutes deux ſe trouuerent ſterilles. Pource, laiſſa mathilde apꝛes gertrude. Et en ſon lict accueillit Raguetrude. Ieune pucelle / autant belle que on ſceut. En place veoir / laquelle en bꝛief conceut. [2065]Comme verrons apꝛes, ſans riens obmettre. Mais pꝛemier vueil, par eſcript, icy mettre. Comme il alla, vers les benoiſtz coꝛps ſainctz. Gꝛaces leur rendꝛe en tant que membꝛes ſaīs. Par leur merite auoit faict ſon voyage. [2070]Et augmentant tribut de ſeur payaige. Vng lieu nomme eſtrepaigny ceda. A leur egliſe, et deſloꝛs conceda.
§Et de loctroy quil feyt a legliſe ſaīct denys. 52r En eſtre faicte vne chartre autentique. Que encoꝛ on voyt / de lettre et date antique. [2075]Oꝛ repꝛenons aleyne et appetit. Il ſe fait bon repoſer vng petit.
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§Selon que aux faictz de Dagobert contemple, Bien pourrons veoir, pour en faire compte ample, Se de œil ouvert l'escript acompaignons, Que à sainct Denys et ses deux compaignons [1875]Ediffÿa ung magniffique temple.
Chapitre.xie.I
§L'eglise sainct Denys ediffiee De l'heure et jour que ces deux eurent faict Accord de paix, il porta tel effect Que onques depuis occasïon ne quisrent [1880]D'aucun debat, mais en amour vesquirent, De foy reiglee à ordre d'equité. Lors Dagobert, se voyant acquitté Envers son frere, eut bonne souvenance Du veu qu'il feyt, promesse et convenance [1885]À sainct Denys et ses benoistz consors. À ceste cause, il desploya tresors Telz et si grandz que en bien petit d'espace, Fut faicte eglise en beaulté l'oultrepasse. D'aultres plusieurs, la veue au descouvrir, [1890]Faict de ce preuve. Adonc feyt terre ouvrir, Au propre lieu où les sainctz corps gisoyent, Et là trouva lettres qui divisoient Les dignes noms d'iceulx martyrs tous troys. Et congnoissant les biensfaictz et ottroys [1895]En quoy vers luy furent trés favorables, Par reverendz evesques venerables,
§Et translacion des corps sainctz Les feyt lever. Si devez penser que eulx, Honnestement, les myrent aux sercueulx De pur argent, preparez pour l'affaire. [1900]Oultre cela, le roy ordonna faire Une belle arche, en laquelle on voyt que or N'y espargna. Et deslors comme encor Fut grande, elle est, entre aultres spacïeuses, Fort decoree en pierres precïeuses. [1905]Comme l'escript nous fait relatïon, Le jour que on feyt ceste translatïon, De peuple y eut merveilleuse afflüence. Lors, par l'aspect de divine inflüence, Et le merite au benoist sainct Denys, [1910]Là furent faictz miracles infiniz, Aprés bastir ce royal ediffice D'ingenïeux et subtil artiffice, Faire transportz et pures cessïons De revenuz, rentes, possessïons, [1915]Villes, chasteaulx, boys, terres, heritaiges De gros, pesantz et sumptueux coustaiges, Voullant les noms des martyrs, toutes pars, En lieux prochains et loingtains estre espars,
§Riche decoration de l'eglise sainct Denys Et que eut fondez solempnelz luminaires, [1920]Payez comptant des deniers ordinaires. Aprés donner excellentz parementz, Bagues, joyaulx, et riches aornementz, Belles croix d'or, de telle orfaverye Que l'œil humain, voyant l'œuvre, y varye, [1925]Et aprés faire au dedans preparer Grans draps de soye affin de tous parer, Pilliers, paroys et arcz d'amples richesses, Et pierrerye à trésgrandes largesses, Oultre et dessus ce qu'estoit au dedans [1930]De ses tresors combles et habondans, Par le dehors, feyt faire couverture De fin argent, selon la quadrature Et propre endroit où les corps precïeux, Furent posez. Moult estoit soucïeux. [1935]De ceste chose. Et pour rien n'y obmettre, Près de l'aultier, ung tronq d'argent feyt mettre, À recevoir les aulmosnes des gentz Qu'il commanda, aux povres indigentz, Estre eslargiz par les mains des ministres. [1940]Du temple sainct, d'aventaige aux registres,
§Au dedans et par dehors Se trouve escript que certain or donna, Par chascun an, au tronq. Et ordonna Que ses enffentz et successeurs gardassent D'y faire faulte, et sur tout regardassent [1945]Telz deniers n'estre ailleurs attribuez, Mais sans faillir fussent distribuez À souffreteux pellerins, et enfermes. Son cueur avoit affectïons si fermes Envers les siens patrons et deffenseurs, [1950]Qu'il luy sembloit ne trouver ses faitz seurs, S'il ne faisoit leur saincte eglise bruyre Par grand renom, et sur toutes reluyre. Bien se pensa que cela luy venoit À grand merite, et se ung denier donnoit, [1955]Qu'il en seroit guerdonné à cent doubles. Si saige estoit que pour appaiser troubles Et questïons qu'il vëoit survenir, Tousjours tendoit, par songneux souvenir, Rendre à chascun justice droicturiere, [1960]Sans faire à l'ung, pour faveur ou prïere, Non plus que à l'aultre. Il eut affectïon Telle en ce cas qu'en sa reffectïon,
§Des vertuz de Dagobert Souventesfoiz fut veu laisser le boyre Et le manger, doubtant mettre en memoyre [1965]L'occasïon de murmur, par n'avoir, Selon sa charge, assez fait bon devoir Sur cause mise avant et alleguee. Sa renommee à tant fut divulguee, Par la justice ordre et raison de droict [1970]Dont il usa, que de chascun endroict, Turqs, Esclavons et natïons loingtaines, Oyans parler de ses vertuz haultaines, Furent contentz devers luy transporter Leurs questïons, et eulx en rapporter [1975]À son juger, ayans ferme asseurance Plainere attente et fermee esperance, Que Salomon, assëant jugement, N'y proceda jamais plus saigement. Deux conseillers que eut lors portent messaige, [1980]Par eulx, avoir acquis nom d'homme saige. L'ung fut Arnoul, sainct evesque de Metz, L'aultre Pepin. Ces deux n'eussent jamais Esté motifz d'invencïon mauvaise. Je ne croy pas que ung prince s'esmouve ayse
§Et des bons et mauvais conseillers [1985]À faire mal, se conseil maling duyt, Par faulx ennort, à cela ne l'induyt. Mais c'est pitié, quant à langue legiere, Il donne escout, si elle est mensongiere. Croyre ne doibt de leger, s'il ne scet [1990]Que le disant saine conscïence ayt. Prince n'a court bien seure, se costé elle Tient conseillers pleins de fraulde et cautelle. Bon conseiller, peult causer beaucoup bien, Et le mauvais du mal on scet combien. [1995]Tout conseiller doibt avoir, quoy qu'il face, Craincte de Dieu tousjours devant sa face, Car en l'ayant, ja ne sera d'aviz Donner faveur aux dampnables deviz, Lesquelz souvent causent en appert mettre [2000]Exactïons que on ne devroit permnettre. De mal conseil vient et deppend ce poinct Qui est doulleur, mais on ne pense point Qu'en impugnant ce que droict destermine, Tout ung paÿs se destruict et termine. [2005]Or eussions nous conseillers telz esleuz, Qu'en aucuns pas de l'escryture ay leuz,
§De la bonne justice Gentz de sçavoir ayantz au cueurs empraincte Profondement l'amour de Dieu, et craincte, De zeles telz et desirs plus confictz [2010]Au bien commun que à leurs privez prouffitz, Gentz de foy seure et saine conscïence, En charité plus fondez qu'en scïence, Non couvoiteux, non point ambicïeux, Vindicatifz, non avaricïeux, [2015]Non appetantz si gros dons et sallaires, Dont oppressez, rendent tant poppulaires Que aultres estatz, certes bien est besoing Qu'en soit de bons, consideré le soing Que ont à regir si grande monarchie, [2020]Et tant de biens dont elle est enrichie. Or vueille Dieu à tout si bien pourveoir, Que seure paix en noz jours puissions veoir. C'est à propos de ces deux preudes hommes, Qui Dagobert deschargerent des sommes [2025]Que eut à porter, car ce que on proposoit À despescher sur eulx s'en reposoit, Comme certain, de leur pensee affecte, À chose honneste et licite estre faicte,
§Et liberalité de Dagobert Aprés qu'il eut ja par sept ans regné, [2030]Et saigement son peuple gouverné, En toute amour doulceur et courtoisye, Il visita Bourgongne et Austrasye, Et en passant bourgades et citez, Il secouroit en leurs necessitez [2035]Les indigentz, entendoit leurs querelles, Comme des grandz. Et pour vaquer à elles, Souvent perdoit son repoz et repas. Celuy qui fait ung tel tour n'erre pas. Austrasiens et Bourguignons receurent [2040]Fort grand plaisir, quant arriver le sceurent, Voyans que avoit trés fervent appetit Faire justice à grand et à petit. Grace portoit si trés bonne son dire Que à peine sceut jamais homme escondire. [2045]Son bruyt volla, en sorte que l'avons Ja devant dit, jusques aux Esclavons. Lors, par desir de bonne jalousie, Myct tout en ordre au paÿs d' Austrasye, Dont fut trés fort extimé de chascun. [2050]De là partant, passa Chaalons, Austun,
§Des femmes que eut Dagobert Langres Auxerre et Sens esperant tendre. Devers Paris. Or nottez pour entendre Que congnoissant, de sa femme, n'avoir Enffentz dont sceust hoir nommer n'avouer, [2055]La delaissa, pour ce que estoit brehaigne. Et print MAthilde à espouse et compaigne, Pensant que d'elle il deust avoir ung filz. Mais autant eut de une que aultre prouffitz, Cueillant le fruict de leurs fleurs püerilles, [2060]Car toutes deux se trouverent sterilles. Pour ce, laissa Mathilde aprés Gertrude, Et en son lict accueillit raguetrude, Jeune pucelle, autant belle que on sceut En place veoir. Laquelle en brief conceut, [2065]Comme verrons aprés, sans riens obmettre. Mais premier vueil, par escript, icy mettre Comme il alla, vers les benoistz corps sainctz, Graces leur rendre en tant que membres sains, Par leur merite avoit faict son voyage, [2070]Et augmentant tribut de seur payaige. Ung lieu nommé Estrepaigny ceda À leur eglise, et deslors conceda
§Et de l'octroy qu'il feyt à l'eglise sainct Denys En estre faicte une chartre autentique, Que encor on voyt de lettre et date antique. [2075]Or reprenons aleyne et appetit, Il se fait bon reposer ung petit.