Livre III - Chapitre 13
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33









55v
§On peult cy veoir que par ſens beſtourne. Fut dagobert de bien a mal tourne. [2200]Et qui plus fort rend ſon caz piteable. De ieune hermite il deuint vng vieil deable. Dont ſe trouua meſchamment attourne.
§Chapitre.xiiie.SE loy deſcripꝛe obtient et eſt ꝑmiſe. Foꝛme de compte en recepte et par miſe. [2205]Faire le bon ſur mauuais balancer. Et que la debte on voye au baz lancer.
§De la droicte voye dequite 56r Ie doubte foꝛt en la ſomme dꝛecee. A dagobert partie auoir foꝛcee. Plus de mauuais que du bon / veu ce que a. [2210]Petit acquit touchant le reliqua. Dont il demeure / ainſi que appert au texte. Par fin de compte / en vne gꝛoſſe reſte. Oꝛ entendons ceſte moꝛalite. Que le pꝛopoz ne demoure alitte. [2215]Et en liſant chaſcun entende et voye. Que follement vng homme ſe deſuoye. Suiuant ſentier toꝛtu en lieu du dꝛoict. Sil veyt iuſtice a lenuers pour lendꝛoict Ainſi que feyt dagobert laiſſant vie. [2220]Dont au pꝛemier auoit ſi gꝛoſſe enuie. Faire a chaſcun dꝛoict de iuſte equite. Qui depuis fut tout plein de iniquite. Oꝛ comme aduient q̄ vng mal viuant seſlōgne. Du vertueux : l eueſque de coulongne. [2225]Nomme Combert / que auoit pꝛis tout expꝛes. Auec pepin / le bon pꝛeudhomme / Apꝛes. Que ſainct arnoul fut paſſe de ce monde. Foꝛt eſlongna / et par ſon vice immunde.
§Blaſme ſur la vie ſcandaleuſe.56v Delaiſſa croyꝛe a ces deux bonnes gentz. [2230]Qui neantmoins ne furent negligentz. De le blaſmer coꝛriger et repꝛendꝛe. Sans nulle craincte et iuſques a le rendꝛe. Souuent confuz ſi quil leur pꝛomettoit. Viure aultrement / mais pour ce ne mettoit [2235]Riens a effect dont lerreur couſtumiere. Se demonſtroit pire que la pꝛemiere. Pour loꝛs eſtoit ſi foꝛt exercite. A exploicter vaine lubꝛicite. Que par pays tenoit concubinaige [2240]De ſept ou huyt putains en ſon meſnaige. Sans le ſurplus quen reſerue laiſſoit. En pluſieurs lieux / penſez combien let ſoit. A vng gꝛand pꝛince et choſe mal honneſte. Quant laguillon damours tant ladmonneſte. [2245]Et lappetit ſenſuel le contrainct. De foꝛuoyer que au moins ne ſe reſtrainct. Iuſques ſa honte a raiſon rendꝛe eſgale. Pour caultement eſuiter le ſcandale. Comme en conſeil lapoſtre a bien cotte. [2250]Si non caſte / dit il / tamen caute.
§De dagobert. 57r Aux pꝛinces gꝛandz / pꝛelatz et gentz degliſe. Sextend le mot / mais chaſcun ſcandalize. Foꝛt ſon eſtat par les traictz gꝛacieux. De cupido qui tant bende les yeulx. [2255]Aux enyurez de ceſte mere goutte. Que aduis leur eſt le monde ny veoir goutte. Ce roy changea ces facons / bonnes meurs. Condicions / vertuz / biens / et honneurs. Que auoir ſouloit non ſans plus par ce vice. [2260]Dont a venuz faiſoit ſi gꝛand ſeruice. Mais pour ſon cueur conuoiteux aſſouuir. Les biens daultruy seffoꝛca de rauir. Et en pꝛenant ſur marchandz marchandiſes. En rauiſſant meubles et biens degliſes. [2265]Et du commun gꝛandz deniers attirant. Acquiſt le nom et tiltre de tyꝛant. Il deſpouilla mainte egliſe clauſtrale. Colegiate et mainte cathedꝛale. De leurs treſoꝛs / en cela sexcuſoit. [2270]Et publioyt de telz excez que vſoit. Eſtre pour mieulx / aoꝛner la ſepulture. De ſainct denys / et ſa digne cloſture.
§La ville de poictiers deſtruicte.57v Mais on ne doit treſoꝛ quelconque ouurir. Deu a ſainct paul / pour ſainct pierre en couurir. [2275]Ce nonobſtant voullant pꝛopoz pourſuyure. Feyt enleuer les deux poꝛtes de cuyure. Du temple ſainct hyllaire de poitiers. Quoy plus ſon coꝛps et les fontz tous entiers Ou ſe faiſoit iournellement loffice. [2280]Du ſainct bapteſme / Et pour gꝛand beneffice. Le tout tranſmyt par mer a ſainct denys. Ce tour feyt il voulant rendꝛe pugnys. Les poicteuins / diſant a dꝛoict de guerre. Auoir acquis tous les biens de la terre. [2285]Veu le foꝛffaict de leur rebellion. En ce monſtra couraige de lyon. Car la cite iadis ſi bien conſtruicte. Par feu et ſang rendit toute deſtruicte. Et qui plus eſt pour le tout abolyꝛ. [2290]Feyt la muraille et maiſons deſmolyꝛ. Sans y laiſſer le ſeul canton ne rue. Puis commanda y mettre la charrue. Et labourer tant places que deſtroitz. Nour y ſemer du ſel par tous endꝛoictz.
§Par dagobert. 58r [2295]Si que a iamais fuſt la terre trouuee. Sterille ſeiche / et de tous repꝛouuee. Si ne luy vint toute la pꝛoye a poꝛt. De ſeurete / car ſelon le rappoꝛt. Des meſſaigers / lvne des poꝛtes pꝛiſes. [2300]Dedans la mer tumba / ce ſont repꝛiſes Pour demonſtrer que tourne a peu deffect. Le larrecin a celuy qui le faict. Et nōpourtant la partie offenſee. Se trouue a tard / de ce reſcompenſee. [2305]Par quoy chaſcun ſe deuroit contenter. Sans ſur aultruy nulle choſe attempter. Mais le deuoir a dieu de bon cueur rendꝛe. Et a ceſar tribut / tel que doibt pꝛendꝛe. Le bon paſteur renomme ſainct amand. [2310]Fut dagobert ſouuenteſfoiz blaſmant. Sur ce que auoit ia par longs iours menee. Si oꝛde vie et tant effeminee. En ſes ſermons pꝛeſchoit publiquement. Pꝛeſent le roy que viure iniquement. [2315]Comme il viuoit / du monde acqueroit blaſme Et enuers dieu / peril de perdꝛe lame.
§Du grand bien q̄ font preudes hōmes.58v Par telle aygꝛeur dont ſe ſentit repꝛis. Enfle doꝛgueil / et de colere eſpꝛis. Feyt bannyꝛ hoꝛs le royaume de france. [2320]Ce ſainct pꝛelat / mais bien toſt recouurance. Eut de lexil qui lalloit deſtourbant. Car loꝛs pepin le conte de braband. Auec combert eueſque de coulongne. Et le pꝛeudhomme egna ſans aultre alōgne. [2325]Diſrent au roy que pour le conſeiller. Ne deuoit pas vng tel homme exiller. Oꝛ de ces troys auoit il pacience. Car ſelon dieu iuſtice et conſcience. Sans demonſtrer dures ſeueritez. [2330]Ozerent bien dire ſes veritez. Par quoy les eut en gꝛoſſe amour et craīcte. En leurs deuiz de doulceur non contraincte. Sceurent parolle et telle gꝛace auoir. Que par bon ſens pꝛudence / et gꝛand ſcauoir. [2335]A traict de temps / en luy ceſſerent vices. Telz hommes font aux pꝛinces bons ſeruices. Et ne doibt on plaindꝛe la myſe et couſt. DE leurs eſtatz Quant vng roy doNne eſcout.
§a lentour des princes. 59r Au ſien feal ſeruiteur qui lincite. [2340]A delaiſſer ouuraige non licite. Il doibt plus toſt ſes pꝛopoz relater. Que dvng menteur couſtumier de flater. Ouyꝛ le vent plein de veines flagoꝛnes. Qui par oꝛgueil luy font leuer les coꝛnes. [2345]Car poſe oꝛ que toſt ſoit diuerty. Du bon conſeil dont ſe ſent aduerty. Et que pour loꝛs nen extime ne face. Se bien peu non / ſi croy ie quil nefface. De ſon penſer / ce dont homme de bien. [2350]Luy faict recit / veu quil la dit pour bien. Oꝛ plaiſe a dieu que bouches veritables. Parlent ſouuent deuant royales tables. Et noze aucun legierement ſonger. Faire rappoꝛt faulſaire et menſonger. [2355]Si que iamais detracteur ne detaille. Lhonneur daultruy / et quen oꝛdꝛe tout aille.
§Le treſpaz de aribert.59v
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§On peult cy veoir que par sens bestourné. Fut Dagobert de bien à mal tourné. [2200]Et qui plus fort rend son caz pitëable. De jeune hermite il devint ung vieil deable. Dont se trouva meschamment attourné.
§Chapitre.xiiie.Se loy d'escripre obtient et est permise. Forme de compte en recepte et par mise. [2205]Faire le bon sur mauvais balancer. Et que la debte on voye au baz lancer.
§De la droicte voye d'equité Je doubte fort en la somme drecee. À Dagobert partie avoir forcee. Plus de mauvais que du bon veu ce que a. [2210]Petit acquit touchant le reliqua. Dont il demeure ainsi que appert au texte. Par fin de compte en une grosse reste. Or entendons ceste moralité. Que le propoz ne demoure alitté. [2215]Et en lisant chascun entende et voye. Que follement ung homme se desvoye. Suivant sentier tortu en lieu du droict. S'il veyt justice à l'envers pour l'endroict Ainsi que feyt Dagobert laissant vie. [2220]Dont au premier avoit si grosse envie. Faire à chascun droict de juste equité. Qui depuis fut tout plein de iniquité. Or comme advient que ung mal vivant s'eslongne. Du vertüeux : l' evesque de Coulongne. [2225]Nommé Combert que avoit pris tout exprés. Avec Pepin le bon preud'homme aprés. Que sainct Arnoul fut passé de ce monde. Fort eslongna et par son vice immunde.
§Blasme sur la vie scandaleuse Delaissa croyre à ces deux bonnes gentz. [2230]Qui neantmoins ne furent negligentz. De le blasmer corriger et reprendre. Sans nulle craincte et jusques à le rendre. Souvent confuz si qu'il leur promettoit. Vivre aultrement mais pour ce ne mettoit [2235]Riens à effect dont l'erreur coustumiere. Se demonstroit pire que la premiere. Pour lors estoit si fort exercité. À exploicter vaine lubricité. Que par paÿs tenoit concubinaige [2240]De sept ou huyt putains en son mesnaige. Sans le surplus qu'en reserve laissoit. En plusieurs lieux pensez combien let soit. À ung grand prince et chose mal honneste. Quant l'aguillon d'amours tant l'admonneste. [2245]Et l'appetit sensuel le contrainct. De forvoyer que au moins ne se restrainct. Jusques sa honte à raison rendre esgale. Pour caultement esviter le scandale. Comme en conseil l'apostre a bien cotte. [2250]Si non caste dit il tamen caute.
§De Dagobert Aux princes grandz prelatz et gentz d'eglise. S'extend le mot mais chascun scandalize. Fort son estat par les traictz gracïeux. De Cupido qui tant bende les yeulx. [2255]Aux enyvrez de ceste mere goutte. Que advis leur est le monde n'y veoir goutte. Ce roy changea ces façons bonnes meurs. Condicïons vertuz biens et honneurs. Que avoir souloit non sans plus par ce vice. [2260]Dont à Venuz faisoit si grand service. Mais pour son cueur convoiteux assouvir. Les biens d'aultruy s'efforça de ravir. Et en prenant sur marchandz marchandises. En ravissant meubles et biens d'eglises. [2265]Et du commun grandz deniers attirant. Acquist le nom et tiltre de tyrant. Il despouilla mainte eglise claustrale. Colegiate et mainte cathedrale. De leurs tresors en cela s'excusoit. [2270]Et publioyt de telz excez que usoit. Estre pour mieulx aorner la sepulture. De sainct Denys et sa digne closture.
§La ville de Poictiers destruicte Mais on ne doit tresor quelconque ouvrir. Deu à sainct Paul pour sainct Pierre en couvrir. [2275]Ce nonobstant voullant propoz poursuyvre. Feyt enlever les deux portes de cuyvre. Du temple sainct Hyllaire de Poitiers. Quoy plus son corps et les fontz tous entiers Où se faisoit journellement l'office. [2280]Du sainct baptesme et pour grand beneffice. Le tout transmyt par mer à sainct Denys. Ce tour feyt il voulant rendre pugnys. Les Poictevins disant à droict de guerre. Avoir acquis tous les biens de la terre. [2285]Veu le forffaict de leur rebellïon. En ce monstra couraige de lÿon. Car la cité jadis si bien construicte. Par feu et sang rendit toute destruicte. Et qui plus est pour le tout abolyr. [2290]Feyt la muraille et maisons desmolyr. Sans y laisser le seul canton ne rue. Puis commanda y mettre la charrue. Et labourer tant places que destroitz. Nour y semer du sel par tous endroictz.
§Par Dagobert [2295]Si que à jamais fust la terre trouvee. Sterille seiche et de tous reprouvee. Si ne luy vint toute la proye à port. De seureté car selon le rapport. Des messaigers l'une des portes prises. [2300]Dedans la mer tumba ce sont reprises Pour demonstrer que tourne à peu d'effect. Le larrecin à celuy qui le faict. Et nonpourtant la partie offensee. Se trouve à tard de ce rescompensee. [2305]Par quoy chascun se devroit contenter. Sans sur aultruy nulle chose attempter. Mais le devoir à Dieu de bon cueur rendre. Et à Cesar tribut tel que doibt prendre. Le bon pasteur renommé sainct Amand. [2310]Fut Dagobert souventesfoiz blasmant. Sur ce que avoit ja par longs jours menee. Si orde vie et tant effeminee. En ses sermons preschoit publiquement. Present le roy que vivre iniquement. [2315]Comme il vivoit du monde acqueroit blasme Et envers Dieu peril de perdre l'ame.
§Du grand bien que font preudes hommes Par telle aygreur dont se sentit repris. Enflé d'orgueil et de colere espris. Feyt bannyr hors le royaume de France. [2320]Ce sainct prelat mais bien tost recouvrance. Eut de l'exil qui l'alloit destourbant. Car lors Pepin le conte de Braband. Avec Combert evesque de Coulongne. Et le preud'homme egna sans aultre alongne. [2325]Disrent au roy que pour le conseiller. Ne devoit pas ung tel homme exiller. Or de ces troys avoit il pacïence. Car selon Dieu justice et conscïence. Sans demonstrer dures severitez. [2330]Ozerent bien dire ses veritez. Par quoy les eut en grosse amour et craincte. En leurs deviz de doulceur non contraincte. Sceurent parolle et telle grace avoir. Que par bon sens prudence et grand sçavoir. [2335]À traict de temps en luy cesserent vices. Telz hommes font aux princes bons services. Et ne doibt on plaindre la myse et coust. DE leurs estatz quant ung roy doNne escout.
§à l'entour des princes Au sien fëal serviteur qui l'incite. [2340]À delaisser ouvraige non licite. Il doibt plus tost ses propoz relater. Que d'ung menteur coustumier de flater. Ouÿr le vent plein de veines flagornes. Qui par orgueil luy font lever les cornes. [2345]Car posé or que tost soit diverty. Du bon conseil dont se sent adverty. Et que pour lors n'en extime ne face. Se bien peu non si croy je qu'il n'efface. De son penser ce dont homme de bien. [2350]Luy faict recit veu qu'il l'a dit pour bien. Or plaise à Dieu que bouches veritables. Parlent souvent devant royales tables. Et n'oze aucun legierement songer. Faire rapport faulsaire et mensonger. [2355]Si que jamais detracteur ne detaille. L'honneur d'aultruy et qu'en ordre tout aille.
§Le trespaz de Aribert









55v
§On peult cy veoir que par ſens beſtourne. Fut dagobert de bien a mal tourne. [2200]Et qui plus fort rend ſon caz piteable. De ieune hermite il deuint vng vieil deable. Dont ſe trouua meſchamment attourne.
§Chapitre.xiiie.SE loy deſcripꝛe obtient et eſt ꝑmiſe. Foꝛme de compte en recepte et par miſe. [2205]Faire le bon ſur mauuais balancer. Et que la debte on voye au baz lancer.
§De la droicte voye dequite 56r Ie doubte foꝛt en la ſomme dꝛecee. A dagobert partie auoir foꝛcee. Plus de mauuais que du bon / veu ce que a. [2210]Petit acquit touchant le reliqua. Dont il demeure / ainſi que appert au texte. Par fin de compte / en vne gꝛoſſe reſte. Oꝛ entendons ceſte moꝛalite. Que le pꝛopoz ne demoure alitte. [2215]Et en liſant chaſcun entende et voye. Que follement vng homme ſe deſuoye. Suiuant ſentier toꝛtu en lieu du dꝛoict. Sil veyt iuſtice a lenuers pour lendꝛoict Ainſi que feyt dagobert laiſſant vie. [2220]Dont au pꝛemier auoit ſi gꝛoſſe enuie. Faire a chaſcun dꝛoict de iuſte equite. Qui depuis fut tout plein de iniquite. Oꝛ comme aduient q̄ vng mal viuant seſlōgne. Du vertueux : l eueſque de coulongne. [2225]Nomme Combert / que auoit pꝛis tout expꝛes. Auec pepin / le bon pꝛeudhomme / Apꝛes. Que ſainct arnoul fut paſſe de ce monde. Foꝛt eſlongna / et par ſon vice immunde.
§Blaſme ſur la vie ſcandaleuſe.56v Delaiſſa croyꝛe a ces deux bonnes gentz. [2230]Qui neantmoins ne furent negligentz. De le blaſmer coꝛriger et repꝛendꝛe. Sans nulle craincte et iuſques a le rendꝛe. Souuent confuz ſi quil leur pꝛomettoit. Viure aultrement / mais pour ce ne mettoit [2235]Riens a effect dont lerreur couſtumiere. Se demonſtroit pire que la pꝛemiere. Pour loꝛs eſtoit ſi foꝛt exercite. A exploicter vaine lubꝛicite. Que par pays tenoit concubinaige [2240]De ſept ou huyt putains en ſon meſnaige. Sans le ſurplus quen reſerue laiſſoit. En pluſieurs lieux / penſez combien let ſoit. A vng gꝛand pꝛince et choſe mal honneſte. Quant laguillon damours tant ladmonneſte. [2245]Et lappetit ſenſuel le contrainct. De foꝛuoyer que au moins ne ſe reſtrainct. Iuſques ſa honte a raiſon rendꝛe eſgale. Pour caultement eſuiter le ſcandale. Comme en conſeil lapoſtre a bien cotte. [2250]Si non caſte / dit il / tamen caute.
§De dagobert. 57r Aux pꝛinces gꝛandz / pꝛelatz et gentz degliſe. Sextend le mot / mais chaſcun ſcandalize. Foꝛt ſon eſtat par les traictz gꝛacieux. De cupido qui tant bende les yeulx. [2255]Aux enyurez de ceſte mere goutte. Que aduis leur eſt le monde ny veoir goutte. Ce roy changea ces facons / bonnes meurs. Condicions / vertuz / biens / et honneurs. Que auoir ſouloit non ſans plus par ce vice. [2260]Dont a venuz faiſoit ſi gꝛand ſeruice. Mais pour ſon cueur conuoiteux aſſouuir. Les biens daultruy seffoꝛca de rauir. Et en pꝛenant ſur marchandz marchandiſes. En rauiſſant meubles et biens degliſes. [2265]Et du commun gꝛandz deniers attirant. Acquiſt le nom et tiltre de tyꝛant. Il deſpouilla mainte egliſe clauſtrale. Colegiate et mainte cathedꝛale. De leurs treſoꝛs / en cela sexcuſoit. [2270]Et publioyt de telz excez que vſoit. Eſtre pour mieulx / aoꝛner la ſepulture. De ſainct denys / et ſa digne cloſture.
§La ville de poictiers deſtruicte.57v Mais on ne doit treſoꝛ quelconque ouurir. Deu a ſainct paul / pour ſainct pierre en couurir. [2275]Ce nonobſtant voullant pꝛopoz pourſuyure. Feyt enleuer les deux poꝛtes de cuyure. Du temple ſainct hyllaire de poitiers. Quoy plus ſon coꝛps et les fontz tous entiers Ou ſe faiſoit iournellement loffice. [2280]Du ſainct bapteſme / Et pour gꝛand beneffice. Le tout tranſmyt par mer a ſainct denys. Ce tour feyt il voulant rendꝛe pugnys. Les poicteuins / diſant a dꝛoict de guerre. Auoir acquis tous les biens de la terre. [2285]Veu le foꝛffaict de leur rebellion. En ce monſtra couraige de lyon. Car la cite iadis ſi bien conſtruicte. Par feu et ſang rendit toute deſtruicte. Et qui plus eſt pour le tout abolyꝛ. [2290]Feyt la muraille et maiſons deſmolyꝛ. Sans y laiſſer le ſeul canton ne rue. Puis commanda y mettre la charrue. Et labourer tant places que deſtroitz. Nour y ſemer du ſel par tous endꝛoictz.
§Par dagobert. 58r [2295]Si que a iamais fuſt la terre trouuee. Sterille ſeiche / et de tous repꝛouuee. Si ne luy vint toute la pꝛoye a poꝛt. De ſeurete / car ſelon le rappoꝛt. Des meſſaigers / lvne des poꝛtes pꝛiſes. [2300]Dedans la mer tumba / ce ſont repꝛiſes Pour demonſtrer que tourne a peu deffect. Le larrecin a celuy qui le faict. Et nōpourtant la partie offenſee. Se trouue a tard / de ce reſcompenſee. [2305]Par quoy chaſcun ſe deuroit contenter. Sans ſur aultruy nulle choſe attempter. Mais le deuoir a dieu de bon cueur rendꝛe. Et a ceſar tribut / tel que doibt pꝛendꝛe. Le bon paſteur renomme ſainct amand. [2310]Fut dagobert ſouuenteſfoiz blaſmant. Sur ce que auoit ia par longs iours menee. Si oꝛde vie et tant effeminee. En ſes ſermons pꝛeſchoit publiquement. Pꝛeſent le roy que viure iniquement. [2315]Comme il viuoit / du monde acqueroit blaſme Et enuers dieu / peril de perdꝛe lame.
§Du grand bien q̄ font preudes hōmes.58v Par telle aygꝛeur dont ſe ſentit repꝛis. Enfle doꝛgueil / et de colere eſpꝛis. Feyt bannyꝛ hoꝛs le royaume de france. [2320]Ce ſainct pꝛelat / mais bien toſt recouurance. Eut de lexil qui lalloit deſtourbant. Car loꝛs pepin le conte de braband. Auec combert eueſque de coulongne. Et le pꝛeudhomme egna ſans aultre alōgne. [2325]Diſrent au roy que pour le conſeiller. Ne deuoit pas vng tel homme exiller. Oꝛ de ces troys auoit il pacience. Car ſelon dieu iuſtice et conſcience. Sans demonſtrer dures ſeueritez. [2330]Ozerent bien dire ſes veritez. Par quoy les eut en gꝛoſſe amour et craīcte. En leurs deuiz de doulceur non contraincte. Sceurent parolle et telle gꝛace auoir. Que par bon ſens pꝛudence / et gꝛand ſcauoir. [2335]A traict de temps / en luy ceſſerent vices. Telz hommes font aux pꝛinces bons ſeruices. Et ne doibt on plaindꝛe la myſe et couſt. DE leurs eſtatz Quant vng roy doNne eſcout.
§a lentour des princes. 59r Au ſien feal ſeruiteur qui lincite. [2340]A delaiſſer ouuraige non licite. Il doibt plus toſt ſes pꝛopoz relater. Que dvng menteur couſtumier de flater. Ouyꝛ le vent plein de veines flagoꝛnes. Qui par oꝛgueil luy font leuer les coꝛnes. [2345]Car poſe oꝛ que toſt ſoit diuerty. Du bon conſeil dont ſe ſent aduerty. Et que pour loꝛs nen extime ne face. Se bien peu non / ſi croy ie quil nefface. De ſon penſer / ce dont homme de bien. [2350]Luy faict recit / veu quil la dit pour bien. Oꝛ plaiſe a dieu que bouches veritables. Parlent ſouuent deuant royales tables. Et noze aucun legierement ſonger. Faire rappoꝛt faulſaire et menſonger. [2355]Si que iamais detracteur ne detaille. Lhonneur daultruy / et quen oꝛdꝛe tout aille.
§Le treſpaz de aribert.59v
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§On peult cy veoir que par sens bestourné. Fut Dagobert de bien à mal tourné. [2200]Et qui plus fort rend son caz pitëable. De jeune hermite il devint ung vieil deable. Dont se trouva meschamment attourné.
§Chapitre.xiiie.Se loy d'escripre obtient et est permise. Forme de compte en recepte et par mise. [2205]Faire le bon sur mauvais balancer. Et que la debte on voye au baz lancer.
§De la droicte voye d'equité Je doubte fort en la somme drecee. À Dagobert partie avoir forcee. Plus de mauvais que du bon veu ce que a. [2210]Petit acquit touchant le reliqua. Dont il demeure ainsi que appert au texte. Par fin de compte en une grosse reste. Or entendons ceste moralité. Que le propoz ne demoure alitté. [2215]Et en lisant chascun entende et voye. Que follement ung homme se desvoye. Suivant sentier tortu en lieu du droict. S'il veyt justice à l'envers pour l'endroict Ainsi que feyt Dagobert laissant vie. [2220]Dont au premier avoit si grosse envie. Faire à chascun droict de juste equité. Qui depuis fut tout plein de iniquité. Or comme advient que ung mal vivant s'eslongne. Du vertüeux : l' evesque de Coulongne. [2225]Nommé Combert que avoit pris tout exprés. Avec Pepin le bon preud'homme aprés. Que sainct Arnoul fut passé de ce monde. Fort eslongna et par son vice immunde.
§Blasme sur la vie scandaleuse Delaissa croyre à ces deux bonnes gentz. [2230]Qui neantmoins ne furent negligentz. De le blasmer corriger et reprendre. Sans nulle craincte et jusques à le rendre. Souvent confuz si qu'il leur promettoit. Vivre aultrement mais pour ce ne mettoit [2235]Riens à effect dont l'erreur coustumiere. Se demonstroit pire que la premiere. Pour lors estoit si fort exercité. À exploicter vaine lubricité. Que par paÿs tenoit concubinaige [2240]De sept ou huyt putains en son mesnaige. Sans le surplus qu'en reserve laissoit. En plusieurs lieux pensez combien let soit. À ung grand prince et chose mal honneste. Quant l'aguillon d'amours tant l'admonneste. [2245]Et l'appetit sensuel le contrainct. De forvoyer que au moins ne se restrainct. Jusques sa honte à raison rendre esgale. Pour caultement esviter le scandale. Comme en conseil l'apostre a bien cotte. [2250]Si non caste dit il tamen caute.
§De Dagobert Aux princes grandz prelatz et gentz d'eglise. S'extend le mot mais chascun scandalize. Fort son estat par les traictz gracïeux. De Cupido qui tant bende les yeulx. [2255]Aux enyvrez de ceste mere goutte. Que advis leur est le monde n'y veoir goutte. Ce roy changea ces façons bonnes meurs. Condicïons vertuz biens et honneurs. Que avoir souloit non sans plus par ce vice. [2260]Dont à Venuz faisoit si grand service. Mais pour son cueur convoiteux assouvir. Les biens d'aultruy s'efforça de ravir. Et en prenant sur marchandz marchandises. En ravissant meubles et biens d'eglises. [2265]Et du commun grandz deniers attirant. Acquist le nom et tiltre de tyrant. Il despouilla mainte eglise claustrale. Colegiate et mainte cathedrale. De leurs tresors en cela s'excusoit. [2270]Et publioyt de telz excez que usoit. Estre pour mieulx aorner la sepulture. De sainct Denys et sa digne closture.
§La ville de Poictiers destruicte Mais on ne doit tresor quelconque ouvrir. Deu à sainct Paul pour sainct Pierre en couvrir. [2275]Ce nonobstant voullant propoz poursuyvre. Feyt enlever les deux portes de cuyvre. Du temple sainct Hyllaire de Poitiers. Quoy plus son corps et les fontz tous entiers Où se faisoit journellement l'office. [2280]Du sainct baptesme et pour grand beneffice. Le tout transmyt par mer à sainct Denys. Ce tour feyt il voulant rendre pugnys. Les Poictevins disant à droict de guerre. Avoir acquis tous les biens de la terre. [2285]Veu le forffaict de leur rebellïon. En ce monstra couraige de lÿon. Car la cité jadis si bien construicte. Par feu et sang rendit toute destruicte. Et qui plus est pour le tout abolyr. [2290]Feyt la muraille et maisons desmolyr. Sans y laisser le seul canton ne rue. Puis commanda y mettre la charrue. Et labourer tant places que destroitz. Nour y semer du sel par tous endroictz.
§Par Dagobert [2295]Si que à jamais fust la terre trouvee. Sterille seiche et de tous reprouvee. Si ne luy vint toute la proye à port. De seureté car selon le rapport. Des messaigers l'une des portes prises. [2300]Dedans la mer tumba ce sont reprises Pour demonstrer que tourne à peu d'effect. Le larrecin à celuy qui le faict. Et nonpourtant la partie offensee. Se trouve à tard de ce rescompensee. [2305]Par quoy chascun se devroit contenter. Sans sur aultruy nulle chose attempter. Mais le devoir à Dieu de bon cueur rendre. Et à Cesar tribut tel que doibt prendre. Le bon pasteur renommé sainct Amand. [2310]Fut Dagobert souventesfoiz blasmant. Sur ce que avoit ja par longs jours menee. Si orde vie et tant effeminee. En ses sermons preschoit publiquement. Present le roy que vivre iniquement. [2315]Comme il vivoit du monde acqueroit blasme Et envers Dieu peril de perdre l'ame.
§Du grand bien que font preudes hommes Par telle aygreur dont se sentit repris. Enflé d'orgueil et de colere espris. Feyt bannyr hors le royaume de France. [2320]Ce sainct prelat mais bien tost recouvrance. Eut de l'exil qui l'alloit destourbant. Car lors Pepin le conte de Braband. Avec Combert evesque de Coulongne. Et le preud'homme egna sans aultre alongne. [2325]Disrent au roy que pour le conseiller. Ne devoit pas ung tel homme exiller. Or de ces troys avoit il pacïence. Car selon Dieu justice et conscïence. Sans demonstrer dures severitez. [2330]Ozerent bien dire ses veritez. Par quoy les eut en grosse amour et craincte. En leurs deviz de doulceur non contraincte. Sceurent parolle et telle grace avoir. Que par bon sens prudence et grand sçavoir. [2335]À traict de temps en luy cesserent vices. Telz hommes font aux princes bons services. Et ne doibt on plaindre la myse et coust. DE leurs estatz quant ung roy doNne escout.
§à l'entour des princes Au sien fëal serviteur qui l'incite. [2340]À delaisser ouvraige non licite. Il doibt plus tost ses propoz relater. Que d'ung menteur coustumier de flater. Ouÿr le vent plein de veines flagornes. Qui par orgueil luy font lever les cornes. [2345]Car posé or que tost soit diverty. Du bon conseil dont se sent adverty. Et que pour lors n'en extime ne face. Se bien peu non si croy je qu'il n'efface. De son penser ce dont homme de bien. [2350]Luy faict recit veu qu'il l'a dit pour bien. Or plaise à Dieu que bouches veritables. Parlent souvent devant royales tables. Et n'oze aucun legierement songer. Faire rapport faulsaire et mensonger. [2355]Si que jamais detracteur ne detaille. L'honneur d'aultruy et qu'en ordre tout aille.
§Le trespaz de Aribert