Livre III - Prologue en vers
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33







§Prologue
§Pꝛologue ſur le tiers volume de la croinq̄ francoyſe.COnſiderant la charge gꝛoſſe
et lourde. Que ay a poꝛter, ou mon
cerueau seſlourde. Et meſmement, quant au
chemin q̄on tient. Qui en longueur et diſtance contient. [5]Ans moys et iours de tel et ſi gꝛand nombꝛe. Que oꝛdꝛe ny voy de ſeur repoz en vmbꝛe. Gꝛand beſoing fuſt mexcuſer ſur ce paz. Car poſe oꝛ que ie ne ſceuſſe pas. La peſanteur de ſi haulte entrepꝛiſe. [10]Nauoir eſte par neſung aultre pꝛiſe. Si vaulſiſt mieulx me repoſer enuers. Que auoir empꝛis mettre pꝛoſes en vers. Meſmes congneu quen choſe ſi ardue. Fuſt dvng ouurier lexcellence en art deue. [15]Telle que deubſt attaindꝛe le ſommet. Ou ſtille hault qui pleine lecon mect. De motz doꝛez et argentez cantiques.
§Prologue. Paſſantz eſcriptz tant modernes que antiques. Mais ie / qui ſuis de vieilleſſe accueilly. [20]Voyant que peu de bon fruict a cueilly. Le mien labeur / puis ie a plaiſir ny ayſe. Faire pꝛeſent, de facon ſi nyayſe. Que peult poꝛter / tel homme non ſcauant. Il eſt requiz que lon me nunce auant. [25]Se, quelque foiz, a compleu ma poꝛtee. A ceſtuy la qui de plume a poꝛtee. Telle doulceur, en termes elegantz. Que pꝛiz dhonneur en merite et les gandz. §Pleuſt oꝛe a dieu / que apꝛes luy ſceuſſe ēpꝛendꝛe. [30]Lart de bien dire / ou moyen pour en pꝛendꝛe. Au myel et laict dont il fut alaicte. Car comme on voyt, de lyuer a leſte. Que boꝛeas a zephyꝛus differe. En cela neſt impertinent dy faire. [35]Comparaiſon ſur tous / veu quil compꝛent. En ſon parler, vne gꝛace que on pꝛend. A plaiſir gꝛand / ou mercure lembouche. Si quen linſtant, luy croiſt parolle en bouche. §Se cicero, ains du monde partir.
Prologue. [40]Par teſtament, meuſt voulu departir. Quelque elegance et doulceur de ſa muſe. Lœuure fuſt faict ou la et deca muſe. §Se iuuenal, que moꝛt vif a cite. Meuſt reſigne vne viuacite. [45]De motz ſubtilz, couchez en ſes ſatyꝛes. Telle couleur couuerte ceſſaſt yꝛes. Aux cueurs de ceulx que on picque ſans couurir. Aucuneſfoiz, iuſques au ſang ouurir. §Se perſe / omere / ouide / auec therence. [50]Ou mieulx, uirgile / euſſent loy ne taire en ce. Leurs doulx eſcriptz / et lerre ſuſciter. En mon endꝛoict / de les reſſuſciter. On y trouuaſt tare foꝛt differente, Car en leurs champs nay pouoir dy faire ente. [55]Qui poꝛte fruict / veu que on trouue en moy ſons. Mal reſonantz / par quoy, comme en moyſſons. Dont ſimples gentz, paz a paz / non gꝛand erre. Cueillir petitz eſpiz de gꝛain en terre. Suiure les fault, de loing, pour aſſembler. [60]Ce que apꝛes eulx / bon me pourra ſembler. A tout le moins ſe ieuſſe en poge pꝛiſe.
§Prologue. Quelque lecon / leſcript, que pou ie pꝛiſe. Fuſt embelly de motz facecyeux. Remede quel ? leuer la face es cieulx. [65]Vers celuy ſeul / qui vie en terre aſſigne. Aux animaulx, faiſant plante et racine. Fructiffier / daſpect vif affluant. Et doulx regard / que au monde va fluant. §Mon foible ſens, qui ſur telle erre queſte. [70]Treshumblement le pꝛie et faict requeſte. De vne influence / oꝛendꝛoit meſtre affin Pour ce chef dœuure / entrepꝛis mectre a fin. §Se tant veult faire / et quil ne meſcondye. Ce me ſera gꝛand honneur meſque on dye. [75]En viſitant ce volume aux deſtroictz. Que obtienne lieu pour le parfaict des troys. §Oꝛ donq, ſelon la main debile et tendꝛe. Se plume peult, ſur le papier, extendꝛe. Quelque bon mot, gette ſon vol au tiers. [80]De noz traictez / comme feyt volluntiers. Aux deux pꝛemiers / mais par trop longue touche. Neſt ia beſoing quen ce pꝛologne touche. Les faictz des roys au liure contenuz.
§Prologue Ne les pꝛopoz differentz que ont tenuz. [85]§Qui lœil a bon / et ſe treuue a deliure. Balance tout et nombꝛe a poix de liure. Par le menu verra comment ſera. Que finira et quil commencera. Sur le ſecond / clotaire / ou ira pꝛendꝛe. [90]Pꝛopoz nouueaulx / mais qui deſire appꝛendꝛe. Lhiſtoire au long / voye comme elle court. Fin trouuera au roy pepin le court. Et sil aduient, dauenture, que on mecte. Faulte ſur moy, que en laffaire commecte. [95]Les auditeurs ie depꝛie, et liſans. Eſtre le bon de louuraige eſliſans. Se vice y a derreur qui par foiz bleſſe. Foꝛme deſcripꝛe / excuſent ma foibleſſe. Mais ſe deffault notoire y eſt pꝛouue. [100]Ainſi que loꝛ / en fournaiſe eſpꝛouue. Offre ie fays / ſans que gꝛace on me face. De lamender / ſi ne craings dhomme face. Foꝛs de celuy / qui peult bien mes deffaultz. Rompꝛe et trencher, de congnee ou de faulx [105]Si luy ſupplye auant que ſermon œuure.
§Prologue. Pour en ſes mains faire adꝛeſſer mon œuure. Son plaiſir ſoit accepter le caz tel. Comme sil fuſt compoſe de caſtel. De sainct gelays / molinet, du gꝛand geoꝛges. [110]Ou mechinot / iay mys en ma gꝛange oꝛges. Non purs fromentz / dont pain ont diſtille. Doulx a gouſter / et ne me dy ſtille. En lart comme eulx / mais ay plume appꝛeſtee. Selon que dieu / gꝛace plus ma pꝛeſtee.
§Cy finiſt le pꝛologue de ce pꝛe
ſent volume.
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§Prologue
§Prologue sur le tiers volume de la cronique françoyse.Considerant la charge grosse et lourde Que ay à porter, où mon cerveau s'eslourde, Et mesmement, quant au chemin qu'on tient, Qui en longueur et distance contient [5]Ans moys et jours de tel et si grand nombre, Que ordre ny voy de seur repoz en umbre, Grand besoing fust m'excuser sur ce paz. Car posé or que je ne sceusse pas La pesanteur de si haulte entreprise [10]N'avoir esté par nesung aultre prise, Si vaulsist mieulx me reposer envers, Que avoir empris mettre proses en vers. Mesmes congneu qu'en chose si ardue, Fust d'ung ouvrier l'excellence en art deue [15]Telle que deubst attaindre le sommet, Où stille hault qui pleine leçon mect De motz dorez et argentez cantiques,
§Prologue Passantz escriptz tant modernes que antiques. Mais je, qui suis de vieillesse accueilly, [20]Voyant que peu de bon fruict a cueilly, Le mien labeur, puis je à plaisir ny ayse Faire present, de façon si nÿayse Que peult porter tel homme non sçavant, Il est requiz que l'on me nunce avant. [25]Se, quelque foiz, a compleu ma portee À cestuy là qui de plume a portee Telle doulceur, en termes elegantz, Que priz d'honneur en merite et les gandz. §Pleust ore à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme que aprés luy sceusse emprendre [30]L'art de bien dire ou moyen pour en prendre Au myel et laict dont il fut alaicté. Car comme on voyt, de l'yver à l'esté, Que Boreas à Zephyrus differe, En cela n'est impertinent d'y faire [35]Comparaison sur tous, veu qu'il comprent, En son parler, une grace que on prend À plaisir grand, où MercureMercure Dieu romain du commerce et messager des dieux l'embouche, Si qu'en l'instant, luy croist parolle en bouche. §Se CiceroCicéron (03/01/106 av J.C. — 07/12/43 av J.C.) Orateur, homme politique et philosophe romain, ains du monde partir,
Prologue [40]Par testament, m'eust voulu departir Quelque elegance et doulceur de sa muse, L'œuvre fust faict où là et deça muse. §Se Juvenal, que mort vif a cité, M'eust resigné une vivacité, [45]De motz subtilz, couchez en ses satyres, Telle couleur couverte cessast yres, Aux cueurs de ceulx que on picque sans couvrir Aucunesfoiz, jusques au sang ouvrir. §Se Perse, Omere, OvideOvide (20/03/43 av J.C. — entre 18 av J.C. et 17 av J.C.) Poète romain, avec Therence, [50]Ou mieulx, Virgile, eussent loy ne taire en ce, Leurs doulx escriptz et l'erre susciter, En mon endroict, de les ressusciter, On y trouvast tare fort differente, Car en leurs champs n'ay pouoir d'y faire ente [55]Qui porte fruict veu que on trouve en moy sons Mal resonantz, par quoy, comme en moyssons, Dont simples gentz, paz à paz, non grand erre, Cueillir petitz espiz de grain en terre, Suivre les fault, de loing, pour assembler [60]Ce que aprés eulx, bon me pourra sembler. À tout le moins se j'eusse en poge prise
§Prologue Quelque leçon, l'escript, que pou je prise, Fust embelly de motz facecÿeux. Remede quel ? lever la face ès cieulx, [65]Vers celuy seul qui vie en terre assigne, Aux animaulx, faisant plante et racine Fructiffier, d'aspect vif affluant, Et doulx regard, que au monde va fluant. §Mon foible sens, qui sur telle erre queste, [70]Trés humblement le prie et faict requeste De une influence orendroit m'estre affin Pour ce chef d'œuvre entrepris mectre à fin. §Se tant veult faire, et qu'il ne mescondye, Ce me sera grand honneur mesque on dye, [75]En visitant ce volume aux destroictz, Que obtienne lieu pour le parfaict des troys. §Or donq, selon la main debile et tendre, Se plume peult, sur le papier, extendre Quelque bon mot, gette son vol au tiers [80]De noz traictez, comme feyt volluntiers Aux deux premiers. Mais par trop longue touche. N'est ja besoing qu'en ce prologne touche Les faictz des roys au livre contenuz,
§Prologue Ne les propoz differentz que ont tenuz. [85]§Qui l'œil a bon et se treuve à delivre, Balance tout et nombre à poix de livre. Par le menu verra comment sera, Que finira et qu'il commencera, Sur le second ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, où ira prendre [90]Propoz nouveaulx. Mais qui desire apprendre L'histoire au long, voyë comme elle court, Fin trouvera au roy PepinPépin le Bref (714 — 24/09/768) Maire du Palais de Neustrie (741-751)
Roi des Francs (751-768)
le court. Et s'il advient, d'aventure, que on mecte Faulte sur moy, que en l'affaire commecte, [95]Les auditeurs je deprie, et lisans, Estre le bon de l'ouvraige eslisans. Se vice y a d'erreur qui par foiz blesse Forme d'escripre, excusent ma foiblesse. Mais se deffault notoire y est prouvé, [100]Ainsi que l'or en fournaise esprouvé, Offre je fays, sans que grace on me face De l'amender, si ne craings d'homme face. Fors de celuy qui peult bien mes deffaultz Rompre et trencher, de congnee ou de faulx. [105]Si luy supplye avant que sermon œuvre,
§Prologue Pour en ses mains faire adresser mon œuvre, Son plaisir soit accepter le caz tel, Comme s'il fust composé de Castel, De Sainct Gelays, MolinetMolinet, Jean (1435 — 23/08/1507) Chroniqueur, poète et compositeur, historiographe de la cour de Bourgogne, du grand Georges, [110]Ou Mechinot. J'ay mys en ma grange orges, Non purs fromentz, dont pain ont distillé, Doulx à gouster, et ne me dy stillé En l'art comme eulx. Mais ay plume apprestee, Selon que Dieu grace plus m'a prestee.
§Cy finist le prologue de ce present volume.







§Prologue
§Pꝛologue ſur le tiers volume de la croinq̄ francoyſe.COnſiderant la charge gꝛoſſe
et lourde. Que ay a poꝛter, ou mon
cerueau seſlourde. Et meſmement, quant au
chemin q̄on tient. Qui en longueur et diſtance contient. [5]Ans moys et iours de tel et ſi gꝛand nombꝛe. Que oꝛdꝛe ny voy de ſeur repoz en vmbꝛe. Gꝛand beſoing fuſt mexcuſer ſur ce paz. Car poſe oꝛ que ie ne ſceuſſe pas. La peſanteur de ſi haulte entrepꝛiſe. [10]Nauoir eſte par neſung aultre pꝛiſe. Si vaulſiſt mieulx me repoſer enuers. Que auoir empꝛis mettre pꝛoſes en vers. Meſmes congneu quen choſe ſi ardue. Fuſt dvng ouurier lexcellence en art deue. [15]Telle que deubſt attaindꝛe le ſommet. Ou ſtille hault qui pleine lecon mect. De motz doꝛez et argentez cantiques.
§Prologue. Paſſantz eſcriptz tant modernes que antiques. Mais ie / qui ſuis de vieilleſſe accueilly. [20]Voyant que peu de bon fruict a cueilly. Le mien labeur / puis ie a plaiſir ny ayſe. Faire pꝛeſent, de facon ſi nyayſe. Que peult poꝛter / tel homme non ſcauant. Il eſt requiz que lon me nunce auant. [25]Se, quelque foiz, a compleu ma poꝛtee. A ceſtuy la qui de plume a poꝛtee. Telle doulceur, en termes elegantz. Que pꝛiz dhonneur en merite et les gandz. §Pleuſt oꝛe a dieu / que apꝛes luy ſceuſſe ēpꝛendꝛe. [30]Lart de bien dire / ou moyen pour en pꝛendꝛe. Au myel et laict dont il fut alaicte. Car comme on voyt, de lyuer a leſte. Que boꝛeas a zephyꝛus differe. En cela neſt impertinent dy faire. [35]Comparaiſon ſur tous / veu quil compꝛent. En ſon parler, vne gꝛace que on pꝛend. A plaiſir gꝛand / ou mercure lembouche. Si quen linſtant, luy croiſt parolle en bouche. §Se cicero, ains du monde partir.
Prologue. [40]Par teſtament, meuſt voulu departir. Quelque elegance et doulceur de ſa muſe. Lœuure fuſt faict ou la et deca muſe. §Se iuuenal, que moꝛt vif a cite. Meuſt reſigne vne viuacite. [45]De motz ſubtilz, couchez en ſes ſatyꝛes. Telle couleur couuerte ceſſaſt yꝛes. Aux cueurs de ceulx que on picque ſans couurir. Aucuneſfoiz, iuſques au ſang ouurir. §Se perſe / omere / ouide / auec therence. [50]Ou mieulx, uirgile / euſſent loy ne taire en ce. Leurs doulx eſcriptz / et lerre ſuſciter. En mon endꝛoict / de les reſſuſciter. On y trouuaſt tare foꝛt differente, Car en leurs champs nay pouoir dy faire ente. [55]Qui poꝛte fruict / veu que on trouue en moy ſons. Mal reſonantz / par quoy, comme en moyſſons. Dont ſimples gentz, paz a paz / non gꝛand erre. Cueillir petitz eſpiz de gꝛain en terre. Suiure les fault, de loing, pour aſſembler. [60]Ce que apꝛes eulx / bon me pourra ſembler. A tout le moins ſe ieuſſe en poge pꝛiſe.
§Prologue. Quelque lecon / leſcript, que pou ie pꝛiſe. Fuſt embelly de motz facecyeux. Remede quel ? leuer la face es cieulx. [65]Vers celuy ſeul / qui vie en terre aſſigne. Aux animaulx, faiſant plante et racine. Fructiffier / daſpect vif affluant. Et doulx regard / que au monde va fluant. §Mon foible ſens, qui ſur telle erre queſte. [70]Treshumblement le pꝛie et faict requeſte. De vne influence / oꝛendꝛoit meſtre affin Pour ce chef dœuure / entrepꝛis mectre a fin. §Se tant veult faire / et quil ne meſcondye. Ce me ſera gꝛand honneur meſque on dye. [75]En viſitant ce volume aux deſtroictz. Que obtienne lieu pour le parfaict des troys. §Oꝛ donq, ſelon la main debile et tendꝛe. Se plume peult, ſur le papier, extendꝛe. Quelque bon mot, gette ſon vol au tiers. [80]De noz traictez / comme feyt volluntiers. Aux deux pꝛemiers / mais par trop longue touche. Neſt ia beſoing quen ce pꝛologne touche. Les faictz des roys au liure contenuz.
§Prologue Ne les pꝛopoz differentz que ont tenuz. [85]§Qui lœil a bon / et ſe treuue a deliure. Balance tout et nombꝛe a poix de liure. Par le menu verra comment ſera. Que finira et quil commencera. Sur le ſecond / clotaire / ou ira pꝛendꝛe. [90]Pꝛopoz nouueaulx / mais qui deſire appꝛendꝛe. Lhiſtoire au long / voye comme elle court. Fin trouuera au roy pepin le court. Et sil aduient, dauenture, que on mecte. Faulte ſur moy, que en laffaire commecte. [95]Les auditeurs ie depꝛie, et liſans. Eſtre le bon de louuraige eſliſans. Se vice y a derreur qui par foiz bleſſe. Foꝛme deſcripꝛe / excuſent ma foibleſſe. Mais ſe deffault notoire y eſt pꝛouue. [100]Ainſi que loꝛ / en fournaiſe eſpꝛouue. Offre ie fays / ſans que gꝛace on me face. De lamender / ſi ne craings dhomme face. Foꝛs de celuy / qui peult bien mes deffaultz. Rompꝛe et trencher, de congnee ou de faulx [105]Si luy ſupplye auant que ſermon œuure.
§Prologue. Pour en ſes mains faire adꝛeſſer mon œuure. Son plaiſir ſoit accepter le caz tel. Comme sil fuſt compoſe de caſtel. De sainct gelays / molinet, du gꝛand geoꝛges. [110]Ou mechinot / iay mys en ma gꝛange oꝛges. Non purs fromentz / dont pain ont diſtille. Doulx a gouſter / et ne me dy ſtille. En lart comme eulx / mais ay plume appꝛeſtee. Selon que dieu / gꝛace plus ma pꝛeſtee.
§Cy finiſt le pꝛologue de ce pꝛe
ſent volume.
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§Prologue
§Prologue sur le tiers volume de la cronique françoyse.Considerant la charge grosse et lourde Que ay à porter, où mon cerveau s'eslourde, Et mesmement, quant au chemin qu'on tient, Qui en longueur et distance contient [5]Ans moys et jours de tel et si grand nombre, Que ordre ny voy de seur repoz en umbre, Grand besoing fust m'excuser sur ce paz. Car posé or que je ne sceusse pas La pesanteur de si haulte entreprise [10]N'avoir esté par nesung aultre prise, Si vaulsist mieulx me reposer envers, Que avoir empris mettre proses en vers. Mesmes congneu qu'en chose si ardue, Fust d'ung ouvrier l'excellence en art deue [15]Telle que deubst attaindre le sommet, Où stille hault qui pleine leçon mect De motz dorez et argentez cantiques,
§Prologue Passantz escriptz tant modernes que antiques. Mais je, qui suis de vieillesse accueilly, [20]Voyant que peu de bon fruict a cueilly, Le mien labeur, puis je à plaisir ny ayse Faire present, de façon si nÿayse Que peult porter tel homme non sçavant, Il est requiz que l'on me nunce avant. [25]Se, quelque foiz, a compleu ma portee À cestuy là qui de plume a portee Telle doulceur, en termes elegantz, Que priz d'honneur en merite et les gandz. §Pleust ore à DieuDieu Concept de Dieu dans le christianisme que aprés luy sceusse emprendre [30]L'art de bien dire ou moyen pour en prendre Au myel et laict dont il fut alaicté. Car comme on voyt, de l'yver à l'esté, Que Boreas à Zephyrus differe, En cela n'est impertinent d'y faire [35]Comparaison sur tous, veu qu'il comprent, En son parler, une grace que on prend À plaisir grand, où MercureMercure Dieu romain du commerce et messager des dieux l'embouche, Si qu'en l'instant, luy croist parolle en bouche. §Se CiceroCicéron (03/01/106 av J.C. — 07/12/43 av J.C.) Orateur, homme politique et philosophe romain, ains du monde partir,
Prologue [40]Par testament, m'eust voulu departir Quelque elegance et doulceur de sa muse, L'œuvre fust faict où là et deça muse. §Se Juvenal, que mort vif a cité, M'eust resigné une vivacité, [45]De motz subtilz, couchez en ses satyres, Telle couleur couverte cessast yres, Aux cueurs de ceulx que on picque sans couvrir Aucunesfoiz, jusques au sang ouvrir. §Se Perse, Omere, OvideOvide (20/03/43 av J.C. — entre 18 av J.C. et 17 av J.C.) Poète romain, avec Therence, [50]Ou mieulx, Virgile, eussent loy ne taire en ce, Leurs doulx escriptz et l'erre susciter, En mon endroict, de les ressusciter, On y trouvast tare fort differente, Car en leurs champs n'ay pouoir d'y faire ente [55]Qui porte fruict veu que on trouve en moy sons Mal resonantz, par quoy, comme en moyssons, Dont simples gentz, paz à paz, non grand erre, Cueillir petitz espiz de grain en terre, Suivre les fault, de loing, pour assembler [60]Ce que aprés eulx, bon me pourra sembler. À tout le moins se j'eusse en poge prise
§Prologue Quelque leçon, l'escript, que pou je prise, Fust embelly de motz facecÿeux. Remede quel ? lever la face ès cieulx, [65]Vers celuy seul qui vie en terre assigne, Aux animaulx, faisant plante et racine Fructiffier, d'aspect vif affluant, Et doulx regard, que au monde va fluant. §Mon foible sens, qui sur telle erre queste, [70]Trés humblement le prie et faict requeste De une influence orendroit m'estre affin Pour ce chef d'œuvre entrepris mectre à fin. §Se tant veult faire, et qu'il ne mescondye, Ce me sera grand honneur mesque on dye, [75]En visitant ce volume aux destroictz, Que obtienne lieu pour le parfaict des troys. §Or donq, selon la main debile et tendre, Se plume peult, sur le papier, extendre Quelque bon mot, gette son vol au tiers [80]De noz traictez, comme feyt volluntiers Aux deux premiers. Mais par trop longue touche. N'est ja besoing qu'en ce prologne touche Les faictz des roys au livre contenuz,
§Prologue Ne les propoz differentz que ont tenuz. [85]§Qui l'œil a bon et se treuve à delivre, Balance tout et nombre à poix de livre. Par le menu verra comment sera, Que finira et qu'il commencera, Sur le second ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, où ira prendre [90]Propoz nouveaulx. Mais qui desire apprendre L'histoire au long, voyë comme elle court, Fin trouvera au roy PepinPépin le Bref (714 — 24/09/768) Maire du Palais de Neustrie (741-751)
Roi des Francs (751-768)
le court. Et s'il advient, d'aventure, que on mecte Faulte sur moy, que en l'affaire commecte, [95]Les auditeurs je deprie, et lisans, Estre le bon de l'ouvraige eslisans. Se vice y a d'erreur qui par foiz blesse Forme d'escripre, excusent ma foiblesse. Mais se deffault notoire y est prouvé, [100]Ainsi que l'or en fournaise esprouvé, Offre je fays, sans que grace on me face De l'amender, si ne craings d'homme face. Fors de celuy qui peult bien mes deffaultz Rompre et trencher, de congnee ou de faulx. [105]Si luy supplye avant que sermon œuvre,
§Prologue Pour en ses mains faire adresser mon œuvre, Son plaisir soit accepter le caz tel, Comme s'il fust composé de Castel, De Sainct Gelays, MolinetMolinet, Jean (1435 — 23/08/1507) Chroniqueur, poète et compositeur, historiographe de la cour de Bourgogne, du grand Georges, [110]Ou Mechinot. J'ay mys en ma grange orges, Non purs fromentz, dont pain ont distillé, Doulx à gouster, et ne me dy stillé En l'art comme eulx. Mais ay plume apprestee, Selon que Dieu grace plus m'a prestee.
§Cy finist le prologue de ce present volume.