Livre III - Chapitre 28
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33
§Pour declairer ce que le conte en dit. Ceſt que le faulx / traytre gaſcon tendit. [4325]De ſe venger / par mauldictz et rebelles. Turqs meſcreans / ou eut victoires belles. Charles martel qui ſur eulx contendit.
§Chapitre xxuiiie.
110v
§Machinaciō du roy de gaſcgne 2tre charles 111r VNg cueur ſelon dardeur vindicatifue. Tient ſa penſee ennuyeuſe & captifue. [4330]Iuſques au poinct quil ſoit aſſez venge. Du faict en quoy dit / eſtre endommaige. Lerre ſuiuant de criminelle ſente. Tant que alleige du fier deſpit ſe ſente. Et neantmoins comme on le tient et croyt. [4335]Tel veult venger ſon dueil qui bien laccroiſt. Pource le dy que ce roy de gaſcongne. Voulant venger la honteuſe vergongne. Receue au iour que alla ceulx ſecourir. Leſquelz fuyantz vit a foꝛce courir. [4340]Iaſoit ce que euſt foy iuree et pꝛomiſe. Toute ranqueur heyneuſe auoir remiſe. Le faulx pariure / a ſa confuſion. Cauſa de ſang cruelle effuſion. Et pour autant quil nauoit pleine ayſance. [4345]Faire a celuy charles martel nuyſance. Comme neſchant / villain laſche et peruers. Faulſant ſa foy a toꝛt et de trauers.
§La ville de bordeaulx prinſe des turqs.111v Pꝛint cruaulte et fureur pour compaignes. Et ſe alya aux turqs / qui des eſpaignes. [4350]Les congnoiſſoyt poſſeſſeurs / ia dix ans. Et leur requiſt neſtre contrediſantz. A ſa parolle / ains voulloir condeſcendꝛe. Armes charger et en france deſcendꝛe. §A bidirame / ennemy de la foy. [4355]Loꝛs roy deſpaigne / auecques vng conuoy. De gꝛoſſe armee eſtrange et ſumptueuſe. Feyt a boꝛdeaulx / deſcente impetueuſe. Le ſiege mys ſoudain et de plein ſault. La ville pꝛint tout du pꝛemier aſſault. [4360]§Ô cruaulte oꝛrible et miſerable. Cruelle oꝛreur / miſere intollerable. De ces villains mauldictz chiens enraigez. Au furieux feu doultraige rengez. Voulantz par coupz moꝛtelz de playes gꝛiefues. [4365]Baingner en ſang humain lexs. maīs / & glaiues. On ne ſcauroit dvng tour auoir eſcrys. Les pleurs / clameurs / ſouſpirs / plainctes & crys. Dont ſe plaingint la cite douloureuſe. Au iour dolent et heure malheureuſe.
§Par le roy de gaſcongne. 112r [4370]§Qui loꝛs ouyſt getter crys et ſangloutz En la fureur de ces turqz au ſang gloutz Des poures gentz / ce fuſt aſſez pour dire. Eſtre ſur eulx allume le feu de yꝛe. Loupz affamez a trauers gꝛandz troppeaulx. [4375]Daigneaulx petitz pour gꝛiffes mettre aux peaulx Et a leur col les empoꝛter et pendꝛe. Ne ſont point tant cruelz a ſang eſpendꝛe. §Qui veyſt adonq gꝛandz et petitz crier. A ioinctes mains mercy a dieu pꝛier. [4380]Voyantz ſur eulx fondꝛe telles tempeſtes Goꝛges coupper / abattre et coupper teſtes Trouueroit on / au monde cueurs ſi durs. Qui par pitie neuſſent oꝛreur veoir turqs Dauſterite ſeuere et inciuile. [4385]Tyꝛannizer et traicter ainſi ville. Ainſi que feu ardant qui en four eſt. Ou flamme eſpꝛiſe emmy vne foꝛeſt. Conſomme et ard ce que peult encontrer. Ces chiens maſtins tous foꝛcenez dentrer. [4390]A feu et ſang ainſi la cite miſrent. Et nul viuant en eſchapper permiſrent
§La cite de poictiers.112v Qui dœil verroit telles occiſions Faire des coꝛps gꝛandes inciſions Membꝛes trenchez / teſtes eſſeruelees. [4395]Femmes courir / toutes deſcheuelees. Les cueurs naurez deſia pꝛeſque tranſſiz. Pour leurs marys aupꝛes delles occiz. Peres enffentz / freres ſeurs et parentes. Diroit on pas / cauſes eſtre apparentes. [4400]Pour en mener / tant de cueur comme dœil. Foꝛt exceſſif gꝛand et extreme dueil. Certes ie tien / a franchement reſpondꝛe. Cela deuoir a raiſon coꝛreſpondꝛe. Conſidere le mal qui en deppend. [4405]Et que a nous tous / autant a lœil en pend. §Ceſte cite ſubuertie et deſtruicte. Par glaiue et feu / pour pareille introite. Chanter ailleurs/et pꝛophaner aultiers. Allerent turqs pꝛendꝛe et piller poictiers. [4410]§Les cloches / dont / loꝛs ſonnerent matines. Furent canons / faulcons et ſerpentines. Reſpons / verſetz / hympnes / motetz et chantz. Poꝛterent crys / deſpiteux et trenchantz.
§Par les turqs prinſe et pillee 113r Pꝛoceſſions de mars ſont auantgardes. [4415]Chappes auſſi / harnoys cliquantz et bardes Leau benyſte eſt pleine de ſang bouillant Et laſperges / glaiue a moꝛtel taillant. En lieu de croix / picques / et pour banieres. Fiers eſtendardz de ſauuaiges manieres [4420]Quant a lencens / Il eſt certain q̄ a nom. Souffre ſalpeſtre et pouldꝛe de canon. §Si a boꝛdeaulx fut celebꝛe office. De merueilleux et cruel ſacriffice. Les chiens maſtins pour retribucions. [4425]En receuoir par diſtribucions De loyer deu a condigne ſallaire. Feyꝛent bꝛuſler legliſe ſainct hyllaire. Fut iamais veu le ſoꝛt dauerſite. Si fierement tumber enuers cite. [4430]Cite las / voire / en ſi longs ans conſtruicte. Et tout ſoudain totalement deſtruicte. §Ces faulx tyꝛantz apꝛes les murs razer. Hommes occire / et manoirs embꝛazer. Comme en tel caz / guerre peuples acouſtre. [4435]Au deſloger / delibererent que oultre.
§Armee de charles martel.113v Iroit leur oſt pour ſeruir de telz tours. Ceulx du pays / et la ville de tours. §Oꝛ entendez que au train de ce bernaige. Femmes enffentz kariaige meſnaige. [4440]Meuble / harnoys / ouſtilz richeſſe / auoir. Et tout le bien que penſerent auoir. Feirent marcher / auant pour aſſeurance. Auoir de terre / et demourer en france. Mais neantmoins auant le doulx gouſter. [4445]De ce clymat / leur pourra cher couſter. Car au compter / ſomme bien gꝛoſſe on oſte. A ceſtuy la qui compte ſans ſon hoſte. Comme apparut en ces folz gloꝛieux. Oultrecuidez / par le victoꝛieux. [4450]Charles martel / qui congnoiſſant loultraige. La foꝛcenee / et oultrageuſe raige. Deulx gꝛandz bourreaulx / ainſi deſterminez. Rendꝛe pays et peuples terminez. Eſmeu de zele eut la penſee eſpꝛiſe. [4455]Deliberer rompꝛe leur entrepꝛiſe. §Loꝛs aſſembla ce quil ſceut aſſembler. De gentz inſtruictz aux armes a ſembler.
§Contre les turqs 114r Rudes aux coupz / foꝛt malayſez a battre. Et auſſi pꝛeſtz/comme luy de combattre. [4460]§Sur ce donnant bonne pꝛouiſion Requiſe au caz / feyt la diuiſion. De ſon armee / et ceſte truandaille. Pꝛes coſtoya en oꝛdꝛe de bataille. De tel endꝛoict que a heure et bien a poinct. [4465]Comme au deſtroit de leeſperon on poingt Luy et les ſiens aſpꝛement ſe ferirent. Sur ces truandz / aux quelz la charge offrirēt Et poſe oꝛ / que loſt moindꝛe au leur fuſt. Si ſe rompit de lance maint bon fuſt. [4470]Et au donner feirent telle ouuerture. Que les pꝛemiers furent mis en routture. Si neurent loꝛs les aultres failliz cueurs. Mais comme pꝛeux / et vaillantz belliqueurs Contre francoys ainſi que on ſe rebarbe. [4475]Monſtrerent dentz / kare hardie et barbe Car quant ce vint au foꝛt du batailler Voyantz leurs gentz pourfendꝛe et detailler. Leur chair et peaulx / au marchander vendirēt A pꝛiz de ſang / et foꝛt ſe deffendirent.
§Troys centz .iiiixx.cinq mil turqs.114v [4480]Sans extimer la perte vng gꝛain de mil. Pour veoir de moꝛs quatre vingtz ou cent mil. §Leur oſt eſtoit darmee ſi puiſſante. Que apꝛes auoir perduz cent et ſoixante. Milliers de gentz / ſans pꝛendꝛe nulz delays. [4485]Autant ou plus sen trouuoit de relays. Mais nonobſtant leur telle multitude. Foꝛce de coꝛps et gꝛande pꝛomptitude. Le champion charles vaillant et pꝛeux. Si bien ce iour exploicta encontre eulx. [4490]Quilz furent la occiz / ſelon les ſommes. Que on dit / trois centz / iiiixx.cinq mil hommes. Et de la part des francoys / comme ſens. Ny eut de moꝛs / ſinon mil et cinq centz. Dieu le voulut / ce ne peult deſdire ame. [4495]§Le coꝛps trouue du roy abidirame. Giſant a terre / entre naurez et moꝛs. Meut sarrazins / laiſſer / en dur remoꝛs. Pour mieulx fouyꝛ leurs tentes et bagaiges. Dont les francoys / ne receurent baz gaiges. [4500]Mais de gꝛans biens eurent leurs coffres pleīs. §Eude le roy de gaſcongne / en ces plains.
§Deffaictz par charles martel 115r Loꝛs deſconfit le ſurplus de larmee. Car il auoit paix faicte et reffoꝛmee. Au parauant / auec charles martel. [4505]Se repentant dauoir faict / vng mal tel. Quant ſuſcita de vollunte affecte. Faire venir / celle mauldicte ſecte. Dont tant de maulx furent faictz et commys §Se repentir alloꝛs / fut beaucoup mys [4510]Si vault il mieulx tard que iamais / poͬ. miſe. Laiſſer en ieu de la faulte commyſe. §Oꝛ congnoiſſons combien ferme pillier. Fut ce martel gardant tours de piller. Et comme auſſi fut france a luy tenue. [4515]Ayant ſi bien la charge ſouſtenue. Certes ſans luy moꝛtiffere accident. Fuſt arriue / Cecy eſt incident. Mais iay regꝛet sil eſt ainſi que lame. Soit comme on tient en eternelle flame. [4520]Et ſi ceſt caz ſuffiſamment pꝛouue. De ce quen eſt aux croniques trouue. Reſte a ſcauoir / mais ie pꝛens repoſee. Pour meulx cueulir la matiere poſee.
§Pluſieurs victoires obtenues.115v
Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Pour declairer ce que le conte en dit. C'est que le faulx traytre gascon tendit. [4325]De se venger par mauldictz et rebelles. Turqs mescrëans où eut victoires belles. Charles Martel qui sur eulx contendit.
§Chapitre xxviije.
§Machinacion du roy de Gascgne 2tre hharles Ung cueur selon d'ardeur vindicatifue. Tient sa pensee ennuyeuse et captifve. [4330]Jusques au poinct qu'il soit assez vengé. Du faict en quoy dit estre endommaigé. L'erre suivant de criminelle sente. Tant que alleigé du fier despit se sente. Et neantmoins comme on le tient et croyt. [4335]Tel veult venger son dueil qui bien l'accroist. Pource le dy que ce roy de Gascongne. Voulant venger la honteuse vergongne. Receue au jour que alla ceulx secourir. Lesquelz fuyantz vit à force courir. [4340]Jasoit ce que eust foy juree et promise. Toute ranqueur heyneuse avoir remise. Le faulx parjure à sa confusïon. Causa de sang crüelle effusïon. Et pour autant qu'il n'avoit pleine aysance. [4345]Faire à celuy Charles Martel nuysance. Comme neschant villain lasche et pervers. Faulsant sa foy à tort et de travers.
§La ville de Bordeaulx prinse des Turqs Print cruaulté et fureur pour compaignes. Et se alya aux Turqs qui des Espaignes. [4350]Les congnoissoyt possesseurs ja dix ans. Et leur requist n'estre contredisantz. À sa parolle ains voulloir condescendre. Armes charger et en France descendre. §À Bidirame ennemy de la foy. [4355]Lors roy d'Espaigne avecques ung convoy. De grosse armee estrange et sumptueuse. Feyt à Bordeaulx descente impetüeuse. Le siege mys soudain et de plein sault. La ville print tout du premier assault. [4360]§Ô cruaulté orrible et miserable. Crüelle orreur misere intollerable. De ces villains mauldictz chiens enraigez. Au furïeux feu d'oultraige rengez. Voulantz par coupz mortelz de playes griefves. [4365]Baingner en sang humain leurs mains et glaives. On ne sçauroit d'ung tour avoir escrys. Les pleurs clameurs souspirs plainctes et crys. Dont se plaingint la cité douloureuse. Au jour dolent et heure malheureuse.
§Par le roy de Gascongne [4370]§Qui lors ouyst getter crys et sangloutz En la fureur de ces Turqz au sang gloutz Des povres gentz ce fust assez pour dire. Estre sur eulx allumé le feu de yre. Loupz affamez à travers grandz troppeaulx. [4375]D'aigneaulx petitz pour griffes mettre aux peaulx Et à leur col les emporter et pendre. Ne sont point tant crüelz à sang espendre. §Qui veyst adonq grandz et petitz crïer. À joinctes mains mercy à Dieu prïer. [4380]Voyantz sur eulx fondre telles tempestes Gorges coupper abattre et coupper testes Trouveroit on au monde cueurs si durs. Qui par pitié n'eussent orreur veoir Turqs D'austerité severe et incivile. [4385]Tyrannizer et traicter ainsi ville. Ainsi que feu ardant qui en four est. Ou flamme esprise emmy une forest. Consomme et ard ce que peult encontrer. Ces chiens mastins tous forcenez d'entrer. [4390]À feu et sang ainsi la cité misrent. Et nul vivant en eschapper permisrent
§La cité de Poictiers Qui d'œil verroit telles occisïons Faire des corps grandes incisïons Membres trenchez testes esservelees. [4395]Femmes courir toutes deschevelees. Les cueurs navrez desja presque transsiz. Pour leurs marys auprés d'elles occiz. Peres enffentz freres seurs et parentés. Diroit on pas causes estre apparentés. [4400]Pour en mener tant de cueur comme d'œil. Fort excessif grand et extreme dueil. Certes je tien à franchement respondre. Cela devoir à raison correspondre. Consideré le mal qui en deppend. [4405]Et que à nous tous autant à l'œil en pend. §Ceste cité subvertie et destruicte. Par glaive et feu pour pareille introite. Chanter ailleurs et prophaner aultiers. Allerent Turqs prendre et piller Poictiers. [4410]§Les cloches dont lors sonnerent matines. Furent canons faulcons et serpentines. Respons versetz hympnes motetz et chantz. Porterent crys despiteux et trenchantz.
§Par les Turqs prinse et pillee Processïons de Mars sont avantgardes. [4415]Chappes aussi harnoys cliquantz et bardes L'eau benyste est pleine de sang bouillant Et l'asperges glaive à mortel taillant. En lieu de croix picques et pour banieres. Fiers estendardz de sauvaiges manieres [4420]Quant à l'encens Il est certain que a nom. Souffre salpestre et pouldre de canon. §Si à Bordeaulx fut celebré office. De merveilleux et crüel sacriffice. Les chiens mastins pour retribucïons. [4425]En recevoir par distribucïons De loyer deu à condigne sallaire. Feyrent brusler l'eglise sainct Hyllaire. Fut jamais veu le sort d'aversité. Si fierement tumber envers cité. [4430]Cité las voire en si longs ans construicte. Et tout soudain totalement destruicte. §Ces faulx tyrantz aprés les murs razer. Hommes occire et manoirs embrazer. Comme en tel caz guerre peuples acoustre. [4435]Au desloger delibererent que oultre.
§Armee de Charles Martel Iroit leur ost pour servir de telz tours. Ceulx du paÿs et la ville de Tours. §Or entendez que au train de ce bernaige. Femmes enffentz kariaige mesnaige. [4440]Meuble harnoys oustilz richesse avoir. Et tout le bien que penserent avoir. Feirent marcher avant pour asseurance. Avoir de terre et demourer en France. Mais neantmoins avant le doulx gouster. [4445]De ce clymat leur pourra cher couster. Car au compter somme bien grosse on oste. À cestuy là qui compte sans son hoste. Comme apparut en ces folz glorïeux. Oultrecuidez par le victorïeux. [4450]Charles Martel qui congnoissant l'oultraige. La forcenee et oultrageuse raige. D'eulx grandz bourreaulx ainsi desterminez. Rendre paÿs et peuples terminez. Esmeu de zele eut la pensee esprise. [4455]Deliberer rompre leur entreprise. §Lors assembla ce qu'il sceut assembler. De gentz instruictz aux armes à sembler.
§Contre les Turqs Rudes aux coupz fort malaysez à battre. Et aussi prestz comme luy de combattre. [4460]§Sur ce donnant bonne provisïon Requise au caz feyt la division. De son armee et ceste truandaille. Près costoya en ordre de bataille. De tel endroict que à heure et bien à poinct. [4465]Comme au destroit de léesperon on poingt Luy et les siens asprement se ferirent. Sur ces truandz auxquelz la charge offrirent Et posé or que l'ost moindre au leur fust. Si se rompit de lance maint bon fust. [4470]Et au donner feirent telle ouverture. Que les premiers furent mis en routture. Si n'eurent lors les aultres failliz cueurs. Mais comme preux et vaillantz belliqueurs Contre Françoys ainsi que on se rebarbe. [4475]Monstrerent dentz kare hardie et barbe Car quant ce vint au fort du batailler Voyantz leurs gentz pourfendre et detailler. Leur chair et peaulx au marchander vendirent A priz de sang et fort se deffendirent.
§Troys centz .iiijxx.cinq mil Turqs [4480]Sans extimer la perte ung grain de mil. Pour veoir de mors quatre vingtz ou cent mil. §Leur ost estoit d'armee si puissante. Que aprés avoir perduz cent et soixante. Milliers de gentz sans prendre nulz delays. [4485]Autant ou plus s'en trouvoit de relays. Mais nonobstant leur telle multitude. Force de corps et grande promptitude. Le champion Charles vaillant et preux. Si bien ce jour exploicta encontre eulx. [4490]Qu'ilz furent là occiz selon les sommes. Que on dit trois centz iiijxx.cinq mil hommes. Et de la part des Françoys comme sens. N'y eut de mors sinon mil et cinq centz. Dieu le voulut ce ne peult desdire ame. [4495]§Le corps trouvé du roy Abidirame. Gisant à terre entre navrez et mors. Meut Sarrazins laisser en dur remors. Pour mieulx fouyr leurs tentes et bagaiges. Dont les Françoys ne receurent baz gaiges. [4500]Mais de grans biens eurent leurs coffres pleins. §Eude le roy de Gascongne en ces plains.
§Deffaictz par Charles Martel Lors desconfit le surplus de l'armee. Car il avoit paix faicte et refformee. Auparavant avec Charles Martel. [4505]Se repentant d'avoir faict ung mal tel. Quant suscita de vollunté affecte. Faire venir celle mauldicte secte. Dont tant de maulx furent faictz et commys §Se repentir allors fut beaucoup mys [4510]Si vault il mieulx tard que iamais pour mise. Laisser en jeu de la faulte commyse. §Or congnoissons combien ferme pillier. Fut ce Martel gardant Tours de piller. Et comme aussi fut France à luy tenue. [4515]Ayant si bien la charge soustenue. Certes sans luy mortiffere accident. Fust arrivé Cecy est incident. Mais j'ay regret s'il est ainsi que l'ame. Soit comme on tient en eternelle flame. [4520]Et si c'est caz suffisamment prouvé. De ce qu'en est aux croniques trouvé. Reste à sçavoir mais je prens reposee. Pour meulx cueulir la matiere posee.
§Plusieurs victoires obtenues
§Pour declairer ce que le conte en dit. Ceſt que le faulx / traytre gaſcon tendit. [4325]De ſe venger / par mauldictz et rebelles. Turqs meſcreans / ou eut victoires belles. Charles martel qui ſur eulx contendit.
§Chapitre xxuiiie.
110v
§Machinaciō du roy de gaſcgne 2tre charles 111r VNg cueur ſelon dardeur vindicatifue. Tient ſa penſee ennuyeuſe & captifue. [4330]Iuſques au poinct quil ſoit aſſez venge. Du faict en quoy dit / eſtre endommaige. Lerre ſuiuant de criminelle ſente. Tant que alleige du fier deſpit ſe ſente. Et neantmoins comme on le tient et croyt. [4335]Tel veult venger ſon dueil qui bien laccroiſt. Pource le dy que ce roy de gaſcongne. Voulant venger la honteuſe vergongne. Receue au iour que alla ceulx ſecourir. Leſquelz fuyantz vit a foꝛce courir. [4340]Iaſoit ce que euſt foy iuree et pꝛomiſe. Toute ranqueur heyneuſe auoir remiſe. Le faulx pariure / a ſa confuſion. Cauſa de ſang cruelle effuſion. Et pour autant quil nauoit pleine ayſance. [4345]Faire a celuy charles martel nuyſance. Comme neſchant / villain laſche et peruers. Faulſant ſa foy a toꝛt et de trauers.
§La ville de bordeaulx prinſe des turqs.111v Pꝛint cruaulte et fureur pour compaignes. Et ſe alya aux turqs / qui des eſpaignes. [4350]Les congnoiſſoyt poſſeſſeurs / ia dix ans. Et leur requiſt neſtre contrediſantz. A ſa parolle / ains voulloir condeſcendꝛe. Armes charger et en france deſcendꝛe. §A bidirame / ennemy de la foy. [4355]Loꝛs roy deſpaigne / auecques vng conuoy. De gꝛoſſe armee eſtrange et ſumptueuſe. Feyt a boꝛdeaulx / deſcente impetueuſe. Le ſiege mys ſoudain et de plein ſault. La ville pꝛint tout du pꝛemier aſſault. [4360]§Ô cruaulte oꝛrible et miſerable. Cruelle oꝛreur / miſere intollerable. De ces villains mauldictz chiens enraigez. Au furieux feu doultraige rengez. Voulantz par coupz moꝛtelz de playes gꝛiefues. [4365]Baingner en ſang humain lexs. maīs / & glaiues. On ne ſcauroit dvng tour auoir eſcrys. Les pleurs / clameurs / ſouſpirs / plainctes & crys. Dont ſe plaingint la cite douloureuſe. Au iour dolent et heure malheureuſe.
§Par le roy de gaſcongne. 112r [4370]§Qui loꝛs ouyſt getter crys et ſangloutz En la fureur de ces turqz au ſang gloutz Des poures gentz / ce fuſt aſſez pour dire. Eſtre ſur eulx allume le feu de yꝛe. Loupz affamez a trauers gꝛandz troppeaulx. [4375]Daigneaulx petitz pour gꝛiffes mettre aux peaulx Et a leur col les empoꝛter et pendꝛe. Ne ſont point tant cruelz a ſang eſpendꝛe. §Qui veyſt adonq gꝛandz et petitz crier. A ioinctes mains mercy a dieu pꝛier. [4380]Voyantz ſur eulx fondꝛe telles tempeſtes Goꝛges coupper / abattre et coupper teſtes Trouueroit on / au monde cueurs ſi durs. Qui par pitie neuſſent oꝛreur veoir turqs Dauſterite ſeuere et inciuile. [4385]Tyꝛannizer et traicter ainſi ville. Ainſi que feu ardant qui en four eſt. Ou flamme eſpꝛiſe emmy vne foꝛeſt. Conſomme et ard ce que peult encontrer. Ces chiens maſtins tous foꝛcenez dentrer. [4390]A feu et ſang ainſi la cite miſrent. Et nul viuant en eſchapper permiſrent
§La cite de poictiers.112v Qui dœil verroit telles occiſions Faire des coꝛps gꝛandes inciſions Membꝛes trenchez / teſtes eſſeruelees. [4395]Femmes courir / toutes deſcheuelees. Les cueurs naurez deſia pꝛeſque tranſſiz. Pour leurs marys aupꝛes delles occiz. Peres enffentz / freres ſeurs et parentes. Diroit on pas / cauſes eſtre apparentes. [4400]Pour en mener / tant de cueur comme dœil. Foꝛt exceſſif gꝛand et extreme dueil. Certes ie tien / a franchement reſpondꝛe. Cela deuoir a raiſon coꝛreſpondꝛe. Conſidere le mal qui en deppend. [4405]Et que a nous tous / autant a lœil en pend. §Ceſte cite ſubuertie et deſtruicte. Par glaiue et feu / pour pareille introite. Chanter ailleurs/et pꝛophaner aultiers. Allerent turqs pꝛendꝛe et piller poictiers. [4410]§Les cloches / dont / loꝛs ſonnerent matines. Furent canons / faulcons et ſerpentines. Reſpons / verſetz / hympnes / motetz et chantz. Poꝛterent crys / deſpiteux et trenchantz.
§Par les turqs prinſe et pillee 113r Pꝛoceſſions de mars ſont auantgardes. [4415]Chappes auſſi / harnoys cliquantz et bardes Leau benyſte eſt pleine de ſang bouillant Et laſperges / glaiue a moꝛtel taillant. En lieu de croix / picques / et pour banieres. Fiers eſtendardz de ſauuaiges manieres [4420]Quant a lencens / Il eſt certain q̄ a nom. Souffre ſalpeſtre et pouldꝛe de canon. §Si a boꝛdeaulx fut celebꝛe office. De merueilleux et cruel ſacriffice. Les chiens maſtins pour retribucions. [4425]En receuoir par diſtribucions De loyer deu a condigne ſallaire. Feyꝛent bꝛuſler legliſe ſainct hyllaire. Fut iamais veu le ſoꝛt dauerſite. Si fierement tumber enuers cite. [4430]Cite las / voire / en ſi longs ans conſtruicte. Et tout ſoudain totalement deſtruicte. §Ces faulx tyꝛantz apꝛes les murs razer. Hommes occire / et manoirs embꝛazer. Comme en tel caz / guerre peuples acouſtre. [4435]Au deſloger / delibererent que oultre.
§Armee de charles martel.113v Iroit leur oſt pour ſeruir de telz tours. Ceulx du pays / et la ville de tours. §Oꝛ entendez que au train de ce bernaige. Femmes enffentz kariaige meſnaige. [4440]Meuble / harnoys / ouſtilz richeſſe / auoir. Et tout le bien que penſerent auoir. Feirent marcher / auant pour aſſeurance. Auoir de terre / et demourer en france. Mais neantmoins auant le doulx gouſter. [4445]De ce clymat / leur pourra cher couſter. Car au compter / ſomme bien gꝛoſſe on oſte. A ceſtuy la qui compte ſans ſon hoſte. Comme apparut en ces folz gloꝛieux. Oultrecuidez / par le victoꝛieux. [4450]Charles martel / qui congnoiſſant loultraige. La foꝛcenee / et oultrageuſe raige. Deulx gꝛandz bourreaulx / ainſi deſterminez. Rendꝛe pays et peuples terminez. Eſmeu de zele eut la penſee eſpꝛiſe. [4455]Deliberer rompꝛe leur entrepꝛiſe. §Loꝛs aſſembla ce quil ſceut aſſembler. De gentz inſtruictz aux armes a ſembler.
§Contre les turqs 114r Rudes aux coupz / foꝛt malayſez a battre. Et auſſi pꝛeſtz/comme luy de combattre. [4460]§Sur ce donnant bonne pꝛouiſion Requiſe au caz / feyt la diuiſion. De ſon armee / et ceſte truandaille. Pꝛes coſtoya en oꝛdꝛe de bataille. De tel endꝛoict que a heure et bien a poinct. [4465]Comme au deſtroit de leeſperon on poingt Luy et les ſiens aſpꝛement ſe ferirent. Sur ces truandz / aux quelz la charge offrirēt Et poſe oꝛ / que loſt moindꝛe au leur fuſt. Si ſe rompit de lance maint bon fuſt. [4470]Et au donner feirent telle ouuerture. Que les pꝛemiers furent mis en routture. Si neurent loꝛs les aultres failliz cueurs. Mais comme pꝛeux / et vaillantz belliqueurs Contre francoys ainſi que on ſe rebarbe. [4475]Monſtrerent dentz / kare hardie et barbe Car quant ce vint au foꝛt du batailler Voyantz leurs gentz pourfendꝛe et detailler. Leur chair et peaulx / au marchander vendirēt A pꝛiz de ſang / et foꝛt ſe deffendirent.
§Troys centz .iiiixx.cinq mil turqs.114v [4480]Sans extimer la perte vng gꝛain de mil. Pour veoir de moꝛs quatre vingtz ou cent mil. §Leur oſt eſtoit darmee ſi puiſſante. Que apꝛes auoir perduz cent et ſoixante. Milliers de gentz / ſans pꝛendꝛe nulz delays. [4485]Autant ou plus sen trouuoit de relays. Mais nonobſtant leur telle multitude. Foꝛce de coꝛps et gꝛande pꝛomptitude. Le champion charles vaillant et pꝛeux. Si bien ce iour exploicta encontre eulx. [4490]Quilz furent la occiz / ſelon les ſommes. Que on dit / trois centz / iiiixx.cinq mil hommes. Et de la part des francoys / comme ſens. Ny eut de moꝛs / ſinon mil et cinq centz. Dieu le voulut / ce ne peult deſdire ame. [4495]§Le coꝛps trouue du roy abidirame. Giſant a terre / entre naurez et moꝛs. Meut sarrazins / laiſſer / en dur remoꝛs. Pour mieulx fouyꝛ leurs tentes et bagaiges. Dont les francoys / ne receurent baz gaiges. [4500]Mais de gꝛans biens eurent leurs coffres pleīs. §Eude le roy de gaſcongne / en ces plains.
§Deffaictz par charles martel 115r Loꝛs deſconfit le ſurplus de larmee. Car il auoit paix faicte et reffoꝛmee. Au parauant / auec charles martel. [4505]Se repentant dauoir faict / vng mal tel. Quant ſuſcita de vollunte affecte. Faire venir / celle mauldicte ſecte. Dont tant de maulx furent faictz et commys §Se repentir alloꝛs / fut beaucoup mys [4510]Si vault il mieulx tard que iamais / poͬ. miſe. Laiſſer en ieu de la faulte commyſe. §Oꝛ congnoiſſons combien ferme pillier. Fut ce martel gardant tours de piller. Et comme auſſi fut france a luy tenue. [4515]Ayant ſi bien la charge ſouſtenue. Certes ſans luy moꝛtiffere accident. Fuſt arriue / Cecy eſt incident. Mais iay regꝛet sil eſt ainſi que lame. Soit comme on tient en eternelle flame. [4520]Et ſi ceſt caz ſuffiſamment pꝛouue. De ce quen eſt aux croniques trouue. Reſte a ſcauoir / mais ie pꝛens repoſee. Pour meulx cueulir la matiere poſee.
§Pluſieurs victoires obtenues.115v
Afficher les surlignagesMasquer les surlignagesAfficher les appels de collationsMasquer les appels de collationsAfficher les appels de notesMasquer les appels de notes
§Pour declairer ce que le conte en dit. C'est que le faulx traytre gascon tendit. [4325]De se venger par mauldictz et rebelles. Turqs mescrëans où eut victoires belles. Charles Martel qui sur eulx contendit.
§Chapitre xxviije.
§Machinacion du roy de Gascgne 2tre hharles Ung cueur selon d'ardeur vindicatifue. Tient sa pensee ennuyeuse et captifve. [4330]Jusques au poinct qu'il soit assez vengé. Du faict en quoy dit estre endommaigé. L'erre suivant de criminelle sente. Tant que alleigé du fier despit se sente. Et neantmoins comme on le tient et croyt. [4335]Tel veult venger son dueil qui bien l'accroist. Pource le dy que ce roy de Gascongne. Voulant venger la honteuse vergongne. Receue au jour que alla ceulx secourir. Lesquelz fuyantz vit à force courir. [4340]Jasoit ce que eust foy juree et promise. Toute ranqueur heyneuse avoir remise. Le faulx parjure à sa confusïon. Causa de sang crüelle effusïon. Et pour autant qu'il n'avoit pleine aysance. [4345]Faire à celuy Charles Martel nuysance. Comme neschant villain lasche et pervers. Faulsant sa foy à tort et de travers.
§La ville de Bordeaulx prinse des Turqs Print cruaulté et fureur pour compaignes. Et se alya aux Turqs qui des Espaignes. [4350]Les congnoissoyt possesseurs ja dix ans. Et leur requist n'estre contredisantz. À sa parolle ains voulloir condescendre. Armes charger et en France descendre. §À Bidirame ennemy de la foy. [4355]Lors roy d'Espaigne avecques ung convoy. De grosse armee estrange et sumptueuse. Feyt à Bordeaulx descente impetüeuse. Le siege mys soudain et de plein sault. La ville print tout du premier assault. [4360]§Ô cruaulté orrible et miserable. Crüelle orreur misere intollerable. De ces villains mauldictz chiens enraigez. Au furïeux feu d'oultraige rengez. Voulantz par coupz mortelz de playes griefves. [4365]Baingner en sang humain leurs mains et glaives. On ne sçauroit d'ung tour avoir escrys. Les pleurs clameurs souspirs plainctes et crys. Dont se plaingint la cité douloureuse. Au jour dolent et heure malheureuse.
§Par le roy de Gascongne [4370]§Qui lors ouyst getter crys et sangloutz En la fureur de ces Turqz au sang gloutz Des povres gentz ce fust assez pour dire. Estre sur eulx allumé le feu de yre. Loupz affamez à travers grandz troppeaulx. [4375]D'aigneaulx petitz pour griffes mettre aux peaulx Et à leur col les emporter et pendre. Ne sont point tant crüelz à sang espendre. §Qui veyst adonq grandz et petitz crïer. À joinctes mains mercy à Dieu prïer. [4380]Voyantz sur eulx fondre telles tempestes Gorges coupper abattre et coupper testes Trouveroit on au monde cueurs si durs. Qui par pitié n'eussent orreur veoir Turqs D'austerité severe et incivile. [4385]Tyrannizer et traicter ainsi ville. Ainsi que feu ardant qui en four est. Ou flamme esprise emmy une forest. Consomme et ard ce que peult encontrer. Ces chiens mastins tous forcenez d'entrer. [4390]À feu et sang ainsi la cité misrent. Et nul vivant en eschapper permisrent
§La cité de Poictiers Qui d'œil verroit telles occisïons Faire des corps grandes incisïons Membres trenchez testes esservelees. [4395]Femmes courir toutes deschevelees. Les cueurs navrez desja presque transsiz. Pour leurs marys auprés d'elles occiz. Peres enffentz freres seurs et parentés. Diroit on pas causes estre apparentés. [4400]Pour en mener tant de cueur comme d'œil. Fort excessif grand et extreme dueil. Certes je tien à franchement respondre. Cela devoir à raison correspondre. Consideré le mal qui en deppend. [4405]Et que à nous tous autant à l'œil en pend. §Ceste cité subvertie et destruicte. Par glaive et feu pour pareille introite. Chanter ailleurs et prophaner aultiers. Allerent Turqs prendre et piller Poictiers. [4410]§Les cloches dont lors sonnerent matines. Furent canons faulcons et serpentines. Respons versetz hympnes motetz et chantz. Porterent crys despiteux et trenchantz.
§Par les Turqs prinse et pillee Processïons de Mars sont avantgardes. [4415]Chappes aussi harnoys cliquantz et bardes L'eau benyste est pleine de sang bouillant Et l'asperges glaive à mortel taillant. En lieu de croix picques et pour banieres. Fiers estendardz de sauvaiges manieres [4420]Quant à l'encens Il est certain que a nom. Souffre salpestre et pouldre de canon. §Si à Bordeaulx fut celebré office. De merveilleux et crüel sacriffice. Les chiens mastins pour retribucïons. [4425]En recevoir par distribucïons De loyer deu à condigne sallaire. Feyrent brusler l'eglise sainct Hyllaire. Fut jamais veu le sort d'aversité. Si fierement tumber envers cité. [4430]Cité las voire en si longs ans construicte. Et tout soudain totalement destruicte. §Ces faulx tyrantz aprés les murs razer. Hommes occire et manoirs embrazer. Comme en tel caz guerre peuples acoustre. [4435]Au desloger delibererent que oultre.
§Armee de Charles Martel Iroit leur ost pour servir de telz tours. Ceulx du paÿs et la ville de Tours. §Or entendez que au train de ce bernaige. Femmes enffentz kariaige mesnaige. [4440]Meuble harnoys oustilz richesse avoir. Et tout le bien que penserent avoir. Feirent marcher avant pour asseurance. Avoir de terre et demourer en France. Mais neantmoins avant le doulx gouster. [4445]De ce clymat leur pourra cher couster. Car au compter somme bien grosse on oste. À cestuy là qui compte sans son hoste. Comme apparut en ces folz glorïeux. Oultrecuidez par le victorïeux. [4450]Charles Martel qui congnoissant l'oultraige. La forcenee et oultrageuse raige. D'eulx grandz bourreaulx ainsi desterminez. Rendre paÿs et peuples terminez. Esmeu de zele eut la pensee esprise. [4455]Deliberer rompre leur entreprise. §Lors assembla ce qu'il sceut assembler. De gentz instruictz aux armes à sembler.
§Contre les Turqs Rudes aux coupz fort malaysez à battre. Et aussi prestz comme luy de combattre. [4460]§Sur ce donnant bonne provisïon Requise au caz feyt la division. De son armee et ceste truandaille. Près costoya en ordre de bataille. De tel endroict que à heure et bien à poinct. [4465]Comme au destroit de léesperon on poingt Luy et les siens asprement se ferirent. Sur ces truandz auxquelz la charge offrirent Et posé or que l'ost moindre au leur fust. Si se rompit de lance maint bon fust. [4470]Et au donner feirent telle ouverture. Que les premiers furent mis en routture. Si n'eurent lors les aultres failliz cueurs. Mais comme preux et vaillantz belliqueurs Contre Françoys ainsi que on se rebarbe. [4475]Monstrerent dentz kare hardie et barbe Car quant ce vint au fort du batailler Voyantz leurs gentz pourfendre et detailler. Leur chair et peaulx au marchander vendirent A priz de sang et fort se deffendirent.
§Troys centz .iiijxx.cinq mil Turqs [4480]Sans extimer la perte ung grain de mil. Pour veoir de mors quatre vingtz ou cent mil. §Leur ost estoit d'armee si puissante. Que aprés avoir perduz cent et soixante. Milliers de gentz sans prendre nulz delays. [4485]Autant ou plus s'en trouvoit de relays. Mais nonobstant leur telle multitude. Force de corps et grande promptitude. Le champion Charles vaillant et preux. Si bien ce jour exploicta encontre eulx. [4490]Qu'ilz furent là occiz selon les sommes. Que on dit trois centz iiijxx.cinq mil hommes. Et de la part des Françoys comme sens. N'y eut de mors sinon mil et cinq centz. Dieu le voulut ce ne peult desdire ame. [4495]§Le corps trouvé du roy Abidirame. Gisant à terre entre navrez et mors. Meut Sarrazins laisser en dur remors. Pour mieulx fouyr leurs tentes et bagaiges. Dont les Françoys ne receurent baz gaiges. [4500]Mais de grans biens eurent leurs coffres pleins. §Eude le roy de Gascongne en ces plains.
§Deffaictz par Charles Martel Lors desconfit le surplus de l'armee. Car il avoit paix faicte et refformee. Auparavant avec Charles Martel. [4505]Se repentant d'avoir faict ung mal tel. Quant suscita de vollunté affecte. Faire venir celle mauldicte secte. Dont tant de maulx furent faictz et commys §Se repentir allors fut beaucoup mys [4510]Si vault il mieulx tard que iamais pour mise. Laisser en jeu de la faulte commyse. §Or congnoissons combien ferme pillier. Fut ce Martel gardant Tours de piller. Et comme aussi fut France à luy tenue. [4515]Ayant si bien la charge soustenue. Certes sans luy mortiffere accident. Fust arrivé Cecy est incident. Mais j'ay regret s'il est ainsi que l'ame. Soit comme on tient en eternelle flame. [4520]Et si c'est caz suffisamment prouvé. De ce qu'en est aux croniques trouvé. Reste à sçavoir mais je prens reposee. Pour meulx cueulir la matiere posee.
§Plusieurs victoires obtenues