Livre III - Chapitre 1
Prologue en vers | Chapitre 1 | Chapitre 2 | Chapitre 3 | Chapitre 4 | Chapitre 5 | Chapitre 6 | Chapitre 7 | Chapitre 8 | Chapitre 9 | Chapitre 10 | Chapitre 11 | Chapitre 12 | Chapitre 13 | Chapitre 14 | Chapitre 15 | Chapitre 16 | Chapitre 17 | Chapitre 18 | Chapitre 19 | Chapitre 20 | Chapitre 21 | Chapitre 22 | Chapitre 23 | Chapitre 24 | Chapitre 25 | Chapitre 26 | Chapitre 27 | Chapitre 28 | Chapitre 29 | Chapitre 30 | Chapitre 31 | Chapitre 32 | Chapitre 33











[115]§Sur le propoz facille a recouurer. Icy endroict, prenant lheure que œuurer. Puiſſe au deffault de meilleur ſecrettaire. Ie traicteray que le ſecond clotaire. Faict brunechilde a dure mort liurer.
§Chapitre pꝛemier.
§Du roy clotaire ſecond de ce nō Et de brunechilde.1r [120]SOuuenteſfoiz foꝛtune, a la
trauerſe. Eſt doulce a lvng et foꝛt a
laultre aduerſe. Lvng mect en ieu / laultre
ſert au rabat. Lvng fait monter / laultre par terre abat. Lvng rend ioyeux / laultre ſoudain engaīgne. [125]Lvng perd ſes biens / laultre par elle en gaīgne. Pource le dy que a ce clotaire icy. Second du nom, en aduint tout ainſi. Que apꝛes pluſieurs querelles ruyneuſes. Diſcentions et ryottes heynneuſes. [130]En quoy les ſiens anceſtres / comme on ſcet. Eurent regne des ans cinquante ſept. Depuis clouis / leur ayeul, Et que enuye. Feyt par aulcuns aux aultres perdꝛe vie. Ses oncles roys / du ſiecle decedez. [135]Aueq les biens par iceulx poſſedez. A luy eſcheut la monarchie entiere. De toute france. Oꝛ en ceſte matiere. Conuient noter / que brunechilde auoit.
§La trahiſon deſcouuerte.1v Cueur deſireux trop plus que ne deuoit. [140]En pꝛetendant faire a ſa fantaſye. Sygibert, roy de metz et auſtraſye. Baſtard de feu theodoꝛich / dont bien toſt. Fut aduerty / clotaire / qui gꝛand oſt. Myct ſur les champs / et comme bien a dextre. [145]Tout des pꝛemiers voulut aux armes eſtre. Pꝛompt et legier / Loꝛs, les auſtraſiens. Pour eulx monſtrer en ceſt affaire ſiens. Ambaſſadeurs deuers luy enuoyerent. Qui de marcher bon paz le conuyerent. [150]Ce que ſoudain empꝛiſt, et de plein ſault. Vng foꝛt chaſtel la endꝛoit pꝛint daſſault. §Eſtant leans brunechilde ennuyeuſe. De ſon venir / par ſemonce odieuſe. Luy oza bien mander / que deſloger. [155]Penſaſt tantoſt, ſans plus endommaiger. La terre / ou loy / par raiſon naturelle. Comme diſoit, ne luy donnoit querelle. Et que auſtraſye, au filz appartenoit. De theodoꝛich / que heritier maintenoit. [160]§Ayant ces motz / clotaire a ſon ouye.
§De brunechilde. 2r Reſponce feyt choſe a luy non ouye. Femme deuoir royaulmes departir. Et quil neſtoit delibere partir. Que a ſon voulloir il ne leuſt ſubiuguee. [165]Veu quelle auoit raiſon ſotte aleguee. Dire que deubſt ſucceder vng baſtard. Et que a lendꝛoit y arriuoit trop tard. Plus luy manda par ſes pꝛopꝛes meſſaiges. Selle voulloit aſſembler hommes ſaiges. [170]Et les barons / du pays / pour ſcauoir. Qui en deuroit la iouyſſance auoir. Que luy offroit tenir ſans contredire. A faict et dict tout ce que en vouldꝛont dire. §A ce rappoꝛt, brunechilde entendit. [175]Le caz naller ſelon ſon intendit. Parquoy ſoudain feyt ſa querimonye. Aux allemans de toute germanye. Et, penſant deulx / ſecours loyal et bon. Tranſmyct Garnier et le ſeigneur Albon. [180]Pour les pꝛier gꝛoſſe bende et ſequelle. Contre clotaire, amener auec elle. §Ces deux eſtantz en la commiſſion.
§Guerre eſmeue entre clotaire.2v Bꝛunechilde eut male ſuſpicion. Que ce garnier, par cautelle baſtye. [185]Ne tiendꝛoit bien / loyaulment ſa partie. Et que clotaire eſlyꝛoit a party. Parquoy, tantoſt apꝛes eſtre party. Lectre enuoya ceſte femme indiſcrette. Deuers albon / cōme pour bien ſecrette. [190]Ou contenu / eſtoit / que a poꝛt deffect. Celuy garnier rendiſt par moꝛt deffaict. §Albon, voyant lentente diſſolue. Delle a tout mal actifue et reſolue. Lecture faicte, ainſi que par deſdaing. [195]Rompit la lettre et deſſira ſoudain. Loꝛs, quelque amy de garnier faiſant doubtes. En ceſt endꝛoict, cueillit les pieces toutes. Et ſi bien lvne / empꝛes laultre eſtendit. Que la ſentence au vray ſens entendit. [200]Dont eſbahy / de la trahyſon telle. Suſcitant playe ennuyeuſe et moꝛtelle. Incontinent, ſans pꝛopos diuertir. Voulut garnier de ce cas aduertir. Qui, congnoiſſant la vollunte peruerſe.
§Et brunechilde. 3r [205]De brunechilde, ainſi luy eſtre aduerſe. Que au poinct tendoit de ſa vie abꝛeger. Pour eſuiter ce perilleux danger. Il pourpenſa bꝛaſſer quelque menee. Ou toſt ſeroit aſſez mal pourmenee. [210]Diſant / dꝛoict veult / op frangenti fidem. Auſſi / fides / frangatur eidem. Ceſt que nul doibt de ſa foy faulſer craindꝛe. A ceſtuy la quil ſcet la ſienne enfraindꝛe. Ainſi, garnyer, en lieu de harenguer. [215]Pour brunechilde et raiſons alleguer. Aux allemans / affin de les attraire. A luy donner / pꝛompt ſecours / Au contraire. Il pꝛaticqua vers eulx de faire tour. Duquel pourra luy donner bon retour. [220]Mais nonobſtant, iuſques a la meſlee. Fut ceſte fourbe a tant diſſinulee. Quelle extima celuy garnier auoir. Vers allemans faict tresample deuoir. Et a ſon gꝛe conduicte la beſongne. [225]§Luy ioingt a elle / au pays de bourgongne. Les bourguygnons / aux armes deſia pꝛeſtz.
§Victoire obtenue par clotaire.3v Auſtraſiens et allemans apꝛes. Deliberez ce ſembloit faire raige. Ayant deſpit en ſon cueur et couraige. [230]Du laſche tour quelle luy auoit faict Les pꝛinces tous aſſembla / et, de faict. Tant blazonna / et feyt tel recoꝛd delle. Que pꝛomptement les eut de ſa coꝛdelle. Donq̄s / par fraulde et dure cruaulte. [235]Et le rappoꝛt de ſa deſloyaulte. Fut diuerty leur deſir volluntaire. §Sur ce / Garnyer / manda au roy clotaire. Quen laſſeurant de ſa vie et honneur. Sil pꝛetendoit pourſuiure ſon bon heur. [240]Quil le feroit, ſans empeſche nuyſible. De tous les deux royaulmes / roy paiſible. §De ce, ioyeux / feyt tout ſon oſt marcher. Deuers chaalons, ou ſceut au remarcher. Que brunechilde, en oꝛgueil eſleuee. [245]Et ſes nepueux Coꝛbon et Merouee. Pour sygibert, leur frere, ſouſtenir. Soubz foible appuy de laſche contenir. Et fol eſpoir dincertaines attentes.
§Et la priſe de brunechilde. 4r Auoient fichez leurs pauillons et tentes. [250]Gens darmes / pꝛeſtz / de pꝛendꝛe, a lappꝛocher, Lances, armetz, et leurs cheuaulx bꝛocher. Des eſperons. batailles ia rengees. Garnyer, ayant les retraictes foꝛgees. Signe donne aux pꝛincipaulx ducteurs. [255]Des allemans / et aultres ſes fauteurs. Tournant le doz / les enſeignes bꝛanſlerent. Et, ſans donner vng ſeul coup / sen allerent. §Marchant clotaire / apꝛes eulx, lentement. Ne les chargea / car bien ſcauoit comment. [260]Celuy garnier ſouſtenoit ſa partie. Cauſant larmee eſtre ainſi departie. Loꝛs, sygibert et tous les ſiens, confuz. Soudain chargez de fiers glaiues et fuſtz. Les vngs occis / les aultres mis en fuytte. [265]Fut leur bataille oultree et deſconfitte. Mais sygibert, par la legierete. De ſon cheual / tint lieu de ſeurete. Et tant picqua, comme leſcript racompte. Que oncques depuis pꝛendꝛe armes ne feyt cōpte. [270]Ses freres, loꝛs / neurent ieu encoꝛ bon.
§Brunechilde menee deuant loſt.4v Car merouee y fut pꝛins / et coꝛbon. §La, brunechilde auoit, auecques elle. Celle endelyne / honneſte damoyſelle. Seur du feu roy Theodoꝛich / toutes deux. [275]Cheurent es mains de garnyer / non piteux. De leur ennuy / meſmes de ſa heynneuſe. Qui le penſa mettre a fin ruyneuſe. §Delles, tantoſt foꝛt bien ſe deliura. Et a clotaire, en lheure, les liura. [280]Loꝛs, eſiouy de la belle victoire. Manda coꝛbon, pour ſa faulte notoire. Eſtre a moꝛt mys / mais voulut pardonner. A merouee / et, en oultre, oꝛdonner. Honneſte eſtat / pour raiſon de ce teſme. [285]Que, ſur les fontz du digne et ſainct bapteſme. Lauoit tenu et nomme / Son heur tel. Saulua le coup de ce glaiue moꝛtel. §Oꝛ donq, apꝛes la victoire obtenue. Feyt brunechilde amener, toute nue. [290]Vers luy, pꝛeſentz les barons et ſes / gentz. Puis commanda aux plus foꝛtz, diligentz. Et gꝛandz bourreaux / ſans repoz eulx eſbatre.
§Du roy clotaire toute nue. 5r Par quatre foyz la fuſtiguer et battre. Puis, pour plus foꝛt la faire villener. [295]Par tout ſon oſt nue la feyt mener. Et ſur cheual foꝛt maigꝛe fut montee. Pour honte ioindꝛe a ſa vie eſhontee. Cela parfaict / a elle raiſonna. Publiquement / et foꝛt la blazonna. [300]Luy repꝛochant viure au mōde a faulx tiltre. Comme dirons en ce pꝛeſent chappitre.
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[115]§Sur le propoz facille à recouvrer, Icy endroict, prenant l'heure que œuvrer, Puisse au deffault de meilleur secrettaire, Je traicteray que le second ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
Faict BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
à dure mort livrer.
§Chapitre premier.
§Du roy ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
second de ce nom et de BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
[120]Souventesfoiz FortuneFortune Allégorie, à la traverse, Est doulce à l'ung et fort à l'aultre adverse. L'ung mect en jeu, l'aultre sert au rabat, L'ung fait monter, l'aultre par terre abat, L'ung rend joyeux, l'aultre soudain engaingne, [125]L'ung perd ses biens, l'aultre par elle en gaingne. Pource le dy que à ce ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
icy, Second du nom, en advint tout ainsi, Que aprés plusieurs querelles rüyneuses, Discentïons et rÿottes heynneuses, [130]En quoy les siens ancestres, comme on scet, Eurent regné des ans cinquante sept Depuis ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, leur ayeul, et que envye Feyt par aulcuns aux aultres perdre vie, Ses oncles roys, du siecle decedez, [135]Aveq les biens par iceulx possedez, À luy escheut la monarchie entiere De toute France. Or en ceste matiere, Convient noter que BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
avoit
§La trahison descouverte Cueur desireux trop plus que ne devoit, [140]En pretendant faire à sa fantasye, Sygibert, roy de Metz et Austrasye, Bastard de feu TheodorichThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, dont bien tost Fut adverty ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, qui grand ost Myct sur les champs. Et comme bien à dextre, [145]Tout des premiers voulut aux armes estre, Prompt et legier. lors, les Austrasïens, Pour eulx monstrer en cest affaire siens, Ambassadeurs devers luy envoyërent, Qui de marcher bon paz le convyërent. [150]Ce que soudain emprist, et de plein sault, Ung fort chastel là endroit print d'assault. §Estant lëans BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
ennuÿeuse De son venir, par semonce odïeuse, Luy oza bien mander que desloger [155]Pensast tantost, sans plus endommaiger, La terre où loy, par raison naturelle, Comme disoit, ne luy donnoit querelle, Et que Austrasye, au filz appartenoit De TheodorichThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
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, que heritier maintenoit. [160]§Ayant ces motz ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
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à son ouÿe,
§De Brunechilde Responce feyt chose à luy non ouÿe : Femme devoir royaulmes departir, Et qu'il n'estoit deliberé partir, Que à son voulloir il ne l'eust subjuguee. [165]Veu qu'elle avoit raison sotte aleguee, Dire que deubst succeder ung bastard, Et que à l'endroit y arrivoit trop tard, Plus luy manda par ses propres messaiges S'elle voulloit assembler hommes saiges, [170]Et les barons du paÿs, pour sçavoir Qui en devroit la jouÿssance avoir ; Que luy offroit tenir sans contredire, À faict et dict tout ce que en vouldront dire. §À ce rapport, BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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entendit [175]Le caz n'aller selon son intendit. Parquoy soudain feyt sa querimonye Aux Allemans de toute germanye Et, pensant d'eulx secours loyal et bon, Transmyct Garnier et le seigneur Albon, [180]Pour les prïer grosse bende et sequelle, Contre ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
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, amener avec elle. §Ces deux estantz en la commissïon,
§Guerre esmeue entre Clotaire BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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eut male suspicïon Que ce Garnier, par cautelle bastye, [185]Ne tiendroit bien loyaulment sa partie, Et que ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
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eslyroit à party. Parquoy, tantost aprés estre party, Lectre envoya ceste femme indiscrette Devers Albon, comme pour bien secrette, [190]Où contenu estoit que à port d'effect, Celuy Garnier rendist par mort deffaict. §Albon, voyant l'entente dissolue D'elle à tout mal actifve et resolue, Lecture faicte, ainsi que par desdaing, [195]Rompit la lettre et dessira soudain. Lors, quelque amy de Garnier faisant doubtes, En cest endroict, cueillit les pieces toutes, Et si bien l'une emprés l'aultre estendit, Que la sentence au vray sens entendit. [200]Dont esbahy de la trahyson telle, Suscitant playe ennuyeuse et mortelle, Incontinent, sans propos divertir, Voulut Garnier de ce cas advertir, Qui, congnoissant la vollunté perverse,
§Et BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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[205]De BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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, ainsi luy estre adverse Que au poinct tendoit de sa vie abreger, Pour esviter ce perilleux danger, Il pourpensa brasser quelque menee, Où tost seroit assez mal pourmenee, [210]Disant : droict veult op frangenti fidem, Aussi, fides frangatur eidem. C'est que nul doibt de sa foy faulser craindre À cestuy là qu'il scet la sienne enfraindre. Ainsi, Garnyer, en lieu de harenguer [215]Pour BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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et raisons alleguer Aux Allemans, affin de les attraire À luy donner prompt secours, au contraire, Il praticqua vers eulx de faire tour, Duquel pourra luy donner bon retour. [220]Mais nonobstant, jusques à la meslee Fut ceste fourbe à tant dissinulee, Qu'elle extima celuy Garnier avoir Vers Allemans faict trés ample devoir Et à son gré conduicte la besongne. [225]§Luy joingt à elle, au paÿs de Bourgongne, Les bourguygnons aux armes desja prestz,
§Victoire obtenue par Clotaire Austrasiens et Allemans aprés, Deliberez ce sembloit faire raige. Ayant despit en son cueur et couraige [230]Du lasche tour qu'elle luy avoit faict, Les princes tous assembla et, de faict, Tant blazonna et feyt tel record d'elle, Que promptement les eut de sa cordelle. Donques par fraulde et dure cruaulté, [235]Et le rapport de sa desloyaulté, Fut diverty leur desir volluntaire. §Sur ce, Garnyer manda au roy ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
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Qu'en l'asseurant de sa vie et honneur, S'il pretendoit poursuivre son bon heur, [240]Qu'il le feroit, sans empesché nuysible, De tous les deux royaulmes, roy paisible. §De ce, joyeux, feyt tout son ost marcher Devers Chaalons, où sceut au remarcher Que BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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, en orgueil eslevee, [245]Et ses nepveux Corbon et Merovee, Pour Sygibert, leur frere, soustenir, Soubz foible appuy de lasche contenir Et fol espoir d'incertaines attentes,
§Et la prise de BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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Avoient fichez leurs pavillons et tentes, [250]Gens d'armes prestz de prendre, à l'approcher, Lances, armetz, et leurs chevaulx brocher Des esperons. Batailles ja rengees, Garnyer, ayant les retraictes forgees, Signe donne aux principaulx ducteurs [255]Des Allemans et aultres ses fauteurs. Tournant le doz, les enseignes branslerent Et, sans donner ung seul coup, s'en allerent. §Marchant ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
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, aprés eulx, lentement, Ne les chargea, car bien sçavoit comment [260]Celuy Garnier soustenoit sa partie, Causant l'armee estre ainsi departie. Lors, Sygibert et tous les siens, confuz, Soudain chargez de fiers glaives et fustz, Les ungs occis, les aultres mis en fuytte, [265]Fut leur bataille oultree et desconfitte. Mais Sygibert, par la legiereté De son cheval, tint lieu de seureté. Et tant picqua, comme l'escript racompte, Que oncques depuis prendre armes ne feyt compte. [270]Ses freres, lors, n'eurent jeu encor bon,
§Brunechilde menee devant l'ost Car Merovee y fut prins, et Corbon. §Là, BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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avoit, avecques elle, Celle Endelyne, honneste damoyselle, Seur du feu roy Theodorich. Toutes deux [275]Cheurent ès mains de Garnyer, non piteux De leur ennuy, mesmes de sa heynneuse Qui le pensa mettre à fin ruÿneuse. §D'elles, tantost fort bien se delivra, Et à Clotaire, en l'heure, les livra. [280]Lors, esjouy de la belle victoire, Manda Corbon, pour sa faulte notoire Estre à mort mys. Mais voulut pardonner À Merovee et, en oultre, ordonner Honneste estat, pour raison de ce tesme [285]Que, sur les fontz du digne et sainct baptesme, L'avoit tenu et nommé. Son heur tel, Saulva le coup de ce glaive mortel. §Or donq, aprés la victoire obtenue, Feyt Brunechilde amener, toute nue, [290]Vers luy, presentz les barons et ses gentz. Puis commanda aux plus fortz, diligentz, Et grandz bourreaux, sans repoz eulx esbatre,
§Du roy Clotaire toute nue Par quatre foyz la fustiguer et battre. Puis, pour plus fort la faire villener, [295]Par tout son ost nue la feyt mener, Et sur cheval fort maigre fut montee, Pour honte joindre à sa vie eshontee. Cela parfaict, à elle raisonna Publiquement et fort la blazonna, [300]Luy reprochant vivre au monde à faulx tiltre, Comme dirons en ce present chappitre.











[115]§Sur le propoz facille a recouurer. Icy endroict, prenant lheure que œuurer. Puiſſe au deffault de meilleur ſecrettaire. Ie traicteray que le ſecond clotaire. Faict brunechilde a dure mort liurer.
§Chapitre pꝛemier.
§Du roy clotaire ſecond de ce nō Et de brunechilde.1r [120]SOuuenteſfoiz foꝛtune, a la
trauerſe. Eſt doulce a lvng et foꝛt a
laultre aduerſe. Lvng mect en ieu / laultre
ſert au rabat. Lvng fait monter / laultre par terre abat. Lvng rend ioyeux / laultre ſoudain engaīgne. [125]Lvng perd ſes biens / laultre par elle en gaīgne. Pource le dy que a ce clotaire icy. Second du nom, en aduint tout ainſi. Que apꝛes pluſieurs querelles ruyneuſes. Diſcentions et ryottes heynneuſes. [130]En quoy les ſiens anceſtres / comme on ſcet. Eurent regne des ans cinquante ſept. Depuis clouis / leur ayeul, Et que enuye. Feyt par aulcuns aux aultres perdꝛe vie. Ses oncles roys / du ſiecle decedez. [135]Aueq les biens par iceulx poſſedez. A luy eſcheut la monarchie entiere. De toute france. Oꝛ en ceſte matiere. Conuient noter / que brunechilde auoit.
§La trahiſon deſcouuerte.1v Cueur deſireux trop plus que ne deuoit. [140]En pꝛetendant faire a ſa fantaſye. Sygibert, roy de metz et auſtraſye. Baſtard de feu theodoꝛich / dont bien toſt. Fut aduerty / clotaire / qui gꝛand oſt. Myct ſur les champs / et comme bien a dextre. [145]Tout des pꝛemiers voulut aux armes eſtre. Pꝛompt et legier / Loꝛs, les auſtraſiens. Pour eulx monſtrer en ceſt affaire ſiens. Ambaſſadeurs deuers luy enuoyerent. Qui de marcher bon paz le conuyerent. [150]Ce que ſoudain empꝛiſt, et de plein ſault. Vng foꝛt chaſtel la endꝛoit pꝛint daſſault. §Eſtant leans brunechilde ennuyeuſe. De ſon venir / par ſemonce odieuſe. Luy oza bien mander / que deſloger. [155]Penſaſt tantoſt, ſans plus endommaiger. La terre / ou loy / par raiſon naturelle. Comme diſoit, ne luy donnoit querelle. Et que auſtraſye, au filz appartenoit. De theodoꝛich / que heritier maintenoit. [160]§Ayant ces motz / clotaire a ſon ouye.
§De brunechilde. 2r Reſponce feyt choſe a luy non ouye. Femme deuoir royaulmes departir. Et quil neſtoit delibere partir. Que a ſon voulloir il ne leuſt ſubiuguee. [165]Veu quelle auoit raiſon ſotte aleguee. Dire que deubſt ſucceder vng baſtard. Et que a lendꝛoit y arriuoit trop tard. Plus luy manda par ſes pꝛopꝛes meſſaiges. Selle voulloit aſſembler hommes ſaiges. [170]Et les barons / du pays / pour ſcauoir. Qui en deuroit la iouyſſance auoir. Que luy offroit tenir ſans contredire. A faict et dict tout ce que en vouldꝛont dire. §A ce rappoꝛt, brunechilde entendit. [175]Le caz naller ſelon ſon intendit. Parquoy ſoudain feyt ſa querimonye. Aux allemans de toute germanye. Et, penſant deulx / ſecours loyal et bon. Tranſmyct Garnier et le ſeigneur Albon. [180]Pour les pꝛier gꝛoſſe bende et ſequelle. Contre clotaire, amener auec elle. §Ces deux eſtantz en la commiſſion.
§Guerre eſmeue entre clotaire.2v Bꝛunechilde eut male ſuſpicion. Que ce garnier, par cautelle baſtye. [185]Ne tiendꝛoit bien / loyaulment ſa partie. Et que clotaire eſlyꝛoit a party. Parquoy, tantoſt apꝛes eſtre party. Lectre enuoya ceſte femme indiſcrette. Deuers albon / cōme pour bien ſecrette. [190]Ou contenu / eſtoit / que a poꝛt deffect. Celuy garnier rendiſt par moꝛt deffaict. §Albon, voyant lentente diſſolue. Delle a tout mal actifue et reſolue. Lecture faicte, ainſi que par deſdaing. [195]Rompit la lettre et deſſira ſoudain. Loꝛs, quelque amy de garnier faiſant doubtes. En ceſt endꝛoict, cueillit les pieces toutes. Et ſi bien lvne / empꝛes laultre eſtendit. Que la ſentence au vray ſens entendit. [200]Dont eſbahy / de la trahyſon telle. Suſcitant playe ennuyeuſe et moꝛtelle. Incontinent, ſans pꝛopos diuertir. Voulut garnier de ce cas aduertir. Qui, congnoiſſant la vollunte peruerſe.
§Et brunechilde. 3r [205]De brunechilde, ainſi luy eſtre aduerſe. Que au poinct tendoit de ſa vie abꝛeger. Pour eſuiter ce perilleux danger. Il pourpenſa bꝛaſſer quelque menee. Ou toſt ſeroit aſſez mal pourmenee. [210]Diſant / dꝛoict veult / op frangenti fidem. Auſſi / fides / frangatur eidem. Ceſt que nul doibt de ſa foy faulſer craindꝛe. A ceſtuy la quil ſcet la ſienne enfraindꝛe. Ainſi, garnyer, en lieu de harenguer. [215]Pour brunechilde et raiſons alleguer. Aux allemans / affin de les attraire. A luy donner / pꝛompt ſecours / Au contraire. Il pꝛaticqua vers eulx de faire tour. Duquel pourra luy donner bon retour. [220]Mais nonobſtant, iuſques a la meſlee. Fut ceſte fourbe a tant diſſinulee. Quelle extima celuy garnier auoir. Vers allemans faict tresample deuoir. Et a ſon gꝛe conduicte la beſongne. [225]§Luy ioingt a elle / au pays de bourgongne. Les bourguygnons / aux armes deſia pꝛeſtz.
§Victoire obtenue par clotaire.3v Auſtraſiens et allemans apꝛes. Deliberez ce ſembloit faire raige. Ayant deſpit en ſon cueur et couraige. [230]Du laſche tour quelle luy auoit faict Les pꝛinces tous aſſembla / et, de faict. Tant blazonna / et feyt tel recoꝛd delle. Que pꝛomptement les eut de ſa coꝛdelle. Donq̄s / par fraulde et dure cruaulte. [235]Et le rappoꝛt de ſa deſloyaulte. Fut diuerty leur deſir volluntaire. §Sur ce / Garnyer / manda au roy clotaire. Quen laſſeurant de ſa vie et honneur. Sil pꝛetendoit pourſuiure ſon bon heur. [240]Quil le feroit, ſans empeſche nuyſible. De tous les deux royaulmes / roy paiſible. §De ce, ioyeux / feyt tout ſon oſt marcher. Deuers chaalons, ou ſceut au remarcher. Que brunechilde, en oꝛgueil eſleuee. [245]Et ſes nepueux Coꝛbon et Merouee. Pour sygibert, leur frere, ſouſtenir. Soubz foible appuy de laſche contenir. Et fol eſpoir dincertaines attentes.
§Et la priſe de brunechilde. 4r Auoient fichez leurs pauillons et tentes. [250]Gens darmes / pꝛeſtz / de pꝛendꝛe, a lappꝛocher, Lances, armetz, et leurs cheuaulx bꝛocher. Des eſperons. batailles ia rengees. Garnyer, ayant les retraictes foꝛgees. Signe donne aux pꝛincipaulx ducteurs. [255]Des allemans / et aultres ſes fauteurs. Tournant le doz / les enſeignes bꝛanſlerent. Et, ſans donner vng ſeul coup / sen allerent. §Marchant clotaire / apꝛes eulx, lentement. Ne les chargea / car bien ſcauoit comment. [260]Celuy garnier ſouſtenoit ſa partie. Cauſant larmee eſtre ainſi departie. Loꝛs, sygibert et tous les ſiens, confuz. Soudain chargez de fiers glaiues et fuſtz. Les vngs occis / les aultres mis en fuytte. [265]Fut leur bataille oultree et deſconfitte. Mais sygibert, par la legierete. De ſon cheual / tint lieu de ſeurete. Et tant picqua, comme leſcript racompte. Que oncques depuis pꝛendꝛe armes ne feyt cōpte. [270]Ses freres, loꝛs / neurent ieu encoꝛ bon.
§Brunechilde menee deuant loſt.4v Car merouee y fut pꝛins / et coꝛbon. §La, brunechilde auoit, auecques elle. Celle endelyne / honneſte damoyſelle. Seur du feu roy Theodoꝛich / toutes deux. [275]Cheurent es mains de garnyer / non piteux. De leur ennuy / meſmes de ſa heynneuſe. Qui le penſa mettre a fin ruyneuſe. §Delles, tantoſt foꝛt bien ſe deliura. Et a clotaire, en lheure, les liura. [280]Loꝛs, eſiouy de la belle victoire. Manda coꝛbon, pour ſa faulte notoire. Eſtre a moꝛt mys / mais voulut pardonner. A merouee / et, en oultre, oꝛdonner. Honneſte eſtat / pour raiſon de ce teſme. [285]Que, ſur les fontz du digne et ſainct bapteſme. Lauoit tenu et nomme / Son heur tel. Saulua le coup de ce glaiue moꝛtel. §Oꝛ donq, apꝛes la victoire obtenue. Feyt brunechilde amener, toute nue. [290]Vers luy, pꝛeſentz les barons et ſes / gentz. Puis commanda aux plus foꝛtz, diligentz. Et gꝛandz bourreaux / ſans repoz eulx eſbatre.
§Du roy clotaire toute nue. 5r Par quatre foyz la fuſtiguer et battre. Puis, pour plus foꝛt la faire villener. [295]Par tout ſon oſt nue la feyt mener. Et ſur cheual foꝛt maigꝛe fut montee. Pour honte ioindꝛe a ſa vie eſhontee. Cela parfaict / a elle raiſonna. Publiquement / et foꝛt la blazonna. [300]Luy repꝛochant viure au mōde a faulx tiltre. Comme dirons en ce pꝛeſent chappitre.
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[115]§Sur le propoz facille à recouvrer, Icy endroict, prenant l'heure que œuvrer, Puisse au deffault de meilleur secrettaire, Je traicteray que le second ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
Faict BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
à dure mort livrer.
§Chapitre premier.
§Du roy ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
second de ce nom et de BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
[120]Souventesfoiz FortuneFortune Allégorie, à la traverse, Est doulce à l'ung et fort à l'aultre adverse. L'ung mect en jeu, l'aultre sert au rabat, L'ung fait monter, l'aultre par terre abat, L'ung rend joyeux, l'aultre soudain engaingne, [125]L'ung perd ses biens, l'aultre par elle en gaingne. Pource le dy que à ce ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
icy, Second du nom, en advint tout ainsi, Que aprés plusieurs querelles rüyneuses, Discentïons et rÿottes heynneuses, [130]En quoy les siens ancestres, comme on scet, Eurent regné des ans cinquante sept Depuis ClovisClovis Ier (466 — 29/11/511) Roi des Francs (481-511)
, leur ayeul, et que envye Feyt par aulcuns aux aultres perdre vie, Ses oncles roys, du siecle decedez, [135]Aveq les biens par iceulx possedez, À luy escheut la monarchie entiere De toute France. Or en ceste matiere, Convient noter que BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
avoit
§La trahison descouverte Cueur desireux trop plus que ne devoit, [140]En pretendant faire à sa fantasye, Sygibert, roy de Metz et Austrasye, Bastard de feu TheodorichThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, dont bien tost Fut adverty ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, qui grand ost Myct sur les champs. Et comme bien à dextre, [145]Tout des premiers voulut aux armes estre, Prompt et legier. lors, les Austrasïens, Pour eulx monstrer en cest affaire siens, Ambassadeurs devers luy envoyërent, Qui de marcher bon paz le convyërent. [150]Ce que soudain emprist, et de plein sault, Ung fort chastel là endroit print d'assault. §Estant lëans BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
ennuÿeuse De son venir, par semonce odïeuse, Luy oza bien mander que desloger [155]Pensast tantost, sans plus endommaiger, La terre où loy, par raison naturelle, Comme disoit, ne luy donnoit querelle, Et que Austrasye, au filz appartenoit De TheodorichThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, que heritier maintenoit. [160]§Ayant ces motz ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
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Roi des Francs (613-629)
à son ouÿe,
§De Brunechilde Responce feyt chose à luy non ouÿe : Femme devoir royaulmes departir, Et qu'il n'estoit deliberé partir, Que à son voulloir il ne l'eust subjuguee. [165]Veu qu'elle avoit raison sotte aleguee, Dire que deubst succeder ung bastard, Et que à l'endroit y arrivoit trop tard, Plus luy manda par ses propres messaiges S'elle voulloit assembler hommes saiges, [170]Et les barons du paÿs, pour sçavoir Qui en devroit la jouÿssance avoir ; Que luy offroit tenir sans contredire, À faict et dict tout ce que en vouldront dire. §À ce rapport, BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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entendit [175]Le caz n'aller selon son intendit. Parquoy soudain feyt sa querimonye Aux Allemans de toute germanye Et, pensant d'eulx secours loyal et bon, Transmyct Garnier et le seigneur Albon, [180]Pour les prïer grosse bende et sequelle, Contre ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
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, amener avec elle. §Ces deux estantz en la commissïon,
§Guerre esmeue entre Clotaire BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
eut male suspicïon Que ce Garnier, par cautelle bastye, [185]Ne tiendroit bien loyaulment sa partie, Et que ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
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Roi des Francs d'Austrasie et de Bourgogne (613-629)
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eslyroit à party. Parquoy, tantost aprés estre party, Lectre envoya ceste femme indiscrette Devers Albon, comme pour bien secrette, [190]Où contenu estoit que à port d'effect, Celuy Garnier rendist par mort deffaict. §Albon, voyant l'entente dissolue D'elle à tout mal actifve et resolue, Lecture faicte, ainsi que par desdaing, [195]Rompit la lettre et dessira soudain. Lors, quelque amy de Garnier faisant doubtes, En cest endroict, cueillit les pieces toutes, Et si bien l'une emprés l'aultre estendit, Que la sentence au vray sens entendit. [200]Dont esbahy de la trahyson telle, Suscitant playe ennuyeuse et mortelle, Incontinent, sans propos divertir, Voulut Garnier de ce cas advertir, Qui, congnoissant la vollunté perverse,
§Et BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
[205]De BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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, ainsi luy estre adverse Que au poinct tendoit de sa vie abreger, Pour esviter ce perilleux danger, Il pourpensa brasser quelque menee, Où tost seroit assez mal pourmenee, [210]Disant : droict veult op frangenti fidem, Aussi, fides frangatur eidem. C'est que nul doibt de sa foy faulser craindre À cestuy là qu'il scet la sienne enfraindre. Ainsi, Garnyer, en lieu de harenguer [215]Pour BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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et raisons alleguer Aux Allemans, affin de les attraire À luy donner prompt secours, au contraire, Il praticqua vers eulx de faire tour, Duquel pourra luy donner bon retour. [220]Mais nonobstant, jusques à la meslee Fut ceste fourbe à tant dissinulee, Qu'elle extima celuy Garnier avoir Vers Allemans faict trés ample devoir Et à son gré conduicte la besongne. [225]§Luy joingt à elle, au paÿs de Bourgongne, Les bourguygnons aux armes desja prestz,
§Victoire obtenue par Clotaire Austrasiens et Allemans aprés, Deliberez ce sembloit faire raige. Ayant despit en son cueur et couraige [230]Du lasche tour qu'elle luy avoit faict, Les princes tous assembla et, de faict, Tant blazonna et feyt tel record d'elle, Que promptement les eut de sa cordelle. Donques par fraulde et dure cruaulté, [235]Et le rapport de sa desloyaulté, Fut diverty leur desir volluntaire. §Sur ce, Garnyer manda au roy ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
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Qu'en l'asseurant de sa vie et honneur, S'il pretendoit poursuivre son bon heur, [240]Qu'il le feroit, sans empesché nuysible, De tous les deux royaulmes, roy paisible. §De ce, joyeux, feyt tout son ost marcher Devers Chaalons, où sceut au remarcher Que BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
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, en orgueil eslevee, [245]Et ses nepveux Corbon et Merovee, Pour Sygibert, leur frere, soustenir, Soubz foible appuy de lasche contenir Et fol espoir d'incertaines attentes,
§Et la prise de BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
Avoient fichez leurs pavillons et tentes, [250]Gens d'armes prestz de prendre, à l'approcher, Lances, armetz, et leurs chevaulx brocher Des esperons. Batailles ja rengees, Garnyer, ayant les retraictes forgees, Signe donne aux principaulx ducteurs [255]Des Allemans et aultres ses fauteurs. Tournant le doz, les enseignes branslerent Et, sans donner ung seul coup, s'en allerent. §Marchant ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
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, aprés eulx, lentement, Ne les chargea, car bien sçavoit comment [260]Celuy Garnier soustenoit sa partie, Causant l'armee estre ainsi departie. Lors, Sygibert et tous les siens, confuz, Soudain chargez de fiers glaives et fustz, Les ungs occis, les aultres mis en fuytte, [265]Fut leur bataille oultree et desconfitte. Mais Sygibert, par la legiereté De son cheval, tint lieu de seureté. Et tant picqua, comme l'escript racompte, Que oncques depuis prendre armes ne feyt compte. [270]Ses freres, lors, n'eurent jeu encor bon,
§Brunechilde menee devant l'ost Car Merovee y fut prins, et Corbon. §Là, BrunechildeBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
avoit, avecques elle, Celle Endelyne, honneste damoyselle, Seur du feu roy Theodorich. Toutes deux [275]Cheurent ès mains de Garnyer, non piteux De leur ennuy, mesmes de sa heynneuse Qui le pensa mettre à fin ruÿneuse. §D'elles, tantost fort bien se delivra, Et à Clotaire, en l'heure, les livra. [280]Lors, esjouy de la belle victoire, Manda Corbon, pour sa faulte notoire Estre à mort mys. Mais voulut pardonner À Merovee et, en oultre, ordonner Honneste estat, pour raison de ce tesme [285]Que, sur les fontz du digne et sainct baptesme, L'avoit tenu et nommé. Son heur tel, Saulva le coup de ce glaive mortel. §Or donq, aprés la victoire obtenue, Feyt Brunechilde amener, toute nue, [290]Vers luy, presentz les barons et ses gentz. Puis commanda aux plus fortz, diligentz, Et grandz bourreaux, sans repoz eulx esbatre,
§Du roy Clotaire toute nue Par quatre foyz la fustiguer et battre. Puis, pour plus fort la faire villener, [295]Par tout son ost nue la feyt mener, Et sur cheval fort maigre fut montee, Pour honte joindre à sa vie eshontee. Cela parfaict, à elle raisonna Publiquement et fort la blazonna, [300]Luy reprochant vivre au monde à faulx tiltre, Comme dirons en ce present chappitre.