Peintures du Livre II
Le décor renaissance du cadre reprend la métaphore végétale. Une cordelière, longue tige, est soutenue par un putti ailé, peut-être allusion au labeur de l’écrivain, en bas une fleur de lys rappelle qu’il œuvre pour le roi. Près de Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français, la colonne est composée de boutons floraux tête bêche, qui laissent apparaître un marbre rouge précieux. Le peintre décrit le climat doux et humide, la douceur du paysage d’Île de France, l’importance de la capitale. Dans le lointain, sur des collines quatre forteresses se dessinent sous un ciel chargé de nuages noirs,leur ombre semble encore porter sur le toit d’un édifice avec renfort d’angle et cheminée, lieu de résidence du chanoine.Il est situé près d’un bois dans un faubourg à l’extérieur d’une impressionnante place forte à laquelle conduisent à travers la campagne deux chemins, encombrés de cailloux, qui se rejoignent devant une porte : chemin de longue étude semé d’embûches pour atteindre la grande et belle forteresse du savoir ?Paris se reconnaît à sa double enceinte de Charles VInformations à venir et de Philippe AugusteInformations à venir et à l’intérieur à la densité du bâti. En arrière-plan, domine la forteresse du Louvre, porte méridionale et tour du coin.A droite, au bout d’un chemin, Saint-Denis confirme l’orientation de la fenêtre du cabinet vers le nord.Le cabinet est dans une pièce au décor renaissant sur le mur avec un médaillon en forme de mandorle (sujet religieux) et un rond. La fenêtre éclaire l’auteur, les livres qu’il consulte et le pupitre où il écrit, sa main ne lui fait pas ainsi d’ombre.Dans la bibliothèque, le mobilier de bois domine : sous la fenêtre deux étagères en plan incliné avec rebord et en dessous un coffre à livres sur lequel est posé une étoffe bleu brodée d’un semé d’abeilles dorées.Ce meuble fermé est à la même hauteur que le bureau ouvert, isolé du sol, et sculpté, sur le côté, d’un artichaut. Deux livres sont couchés : la tranche gouttière est en avant et le dos de la reliure de l’un face au dos de l’autre, sans doute les derniers de leur pile, les autres sont au-dessus en cours d’utilisation ou prêts à l’être.Sur le dessus, couvert d’un tissu gris clair au motif doré, voisinent un pupitre de lecture et un pupitre d’écriture dont le bas reprend le motif du meuble.Derrière, une tenture bleue semée de coquille ornée de perles dorées est terminée par un retour arrondi frangée, sorte de dais. Un livre ouvert à la hauteur des yeux de l’écrivain est sur l’unique étagère, dispositif raisonné. Le lien étroit entre écriture et lecture est un topos des portraits d’auteurs. La collection de livres de Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français se définit non par le nombre mais par la disposition qui structure l’accumulation (C. Rabel). Les livres ne sont pas disposés au hasard. Leur répartition sur l’étagère, leur format et leur position évoquent un classement, une organisation. Treize livres ont une reliure rouge, sous la fenêtre huit. Sur l’étagère du haut deux groupes se dessinent : à gauche trois sont béchevetés un rouge posé sur un bleu vertical lui-même posé sur un rouge, à droite un vert vertical posé sur un rouge couché et à distance un volume plus épais à reliure gris clair. Les gouttières sont tournées vers la gauche pour le bleu, le vert et le gris. Les livres au-dessus des autres sont sans doute les derniers utilisés.L’étagère médiane comprend, posé sur un livre vert et un rouge, un volume étroit ouvert et à quelque distance un épais volume relié de rouge, gouttière vers la droite. Au dessous sur le tapis, un livre rouge à cabochons est posé sur la tranche de queue, à côté à plat et béchevetés un livre gris et un rouge avec tranche dorée et plat orné de filets et décor central dorés.Devant l’auteur, un volume relié de rouge est posé sur petit format gris les deux ont cinq cabochons dorés. Au total les 21 volumes se distinguent par la couleur de leur reliure, leur format et la façon dont ils sont rangés par auteur, catégorie (sources anciennes ouvrages récents) ou fréquence d’utilisation (au plus près de l’utilisateur). L’organisation rationnelle traduit aussi le soin de ne pas abîmer les livres, imprimés ou manuscrits. Le livre posé en évidence au premier plan fait question. Le gros volume est appuyé contre le bureau : dos de la reliure sur le sol, tranches de tête et de gouttière très blanches comme pour la plupart des livres. La reliure de cuir rouge sur des ais épais est pourvue d’un filet or et de cabochons, soit une reliure de type ancien dotée d’un fermoir noir modeste. S’agit-il d’un ouvrage référentiel dont la consultation est ponctuelle, d’un volume trop fort et encombrant pour être posée sur le bureau … ou du premier volume de la chronique française ? Pour ce qui relève de l’auteur au travail, son meuble de bureau somptueux, bien agencé, est assorti à une chaise à haut dossier dont l’auteur s’est extrait. Il tient à la main une plume aspre et tendue mais il n’y a pas d’encrier. Trois livres sont ouverts avec un format haut, étroit, dont un sur le pupitre de lecture, dont il maintient la page ornée de vignetures traditionnelles. Tous sont justifiés et réglés, sans iitiales calligraphiées. L’encre est noire. Aucun des livres ouverts n’est illustré. Sur l’écritoire un long feuillet avec titre de la page, emplacement vide pour une initiale et une rubrique calligraphiée, justification à droite et avant dernière ligne interrompue.Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français est debout alors que depuis les représentations des évangélistes ou de saint JérômeInformations à venir les auteurs sont le plus souvent figurés assis, notation intéressante rendue nécessaire par l’utilisation simultanée et qui se veut fidèle de plusieurs sources. PichoreInformations à venir donne ici un portrait de Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français plus flatteur que celui vigoureux de l’image de dédicace. Il est de trois quart face, en longue robe noire à manches larges ornée d’une fine ganse blanche. De la toque noire dépassent des cheveux gris. Le visage, menton volontaire, nez long, joue rosée, traits marqués, a une expression de fatigue et de sérénité. Les yeux ne sont plus bleus, les pupilles sont noires. Il est tout à son travail.
Surmonté de trois arcs surbaissés portant
une cordelière à nœuds, le haut du portique comporte une frise bleue et or au
répertoire renaissant affirmé. La colonne gauche souligne le passage de la bataille
au supplice, son dernier tiers comprend deux colonnettes devant un mur gris clair,
sorte de cénotaphe des deux enfants royaux. En bas, deux hybrides encadrent au centre
un diable - deux branches d’acanthe sortent de sa bouche une en direction du roi -
et
au-dessous un visage barbu, marquent la désapprobation de PichoreInformations à venir. Le ciel bleu qui s’éclaircit à
l’horizon occupe peu de place. La composition complexe dessine trois zones disposées
en
diagonales. Elle comprend deux scènes, puis une en bas. L’image en haut se lit de
droite
à gauche, en bas l’inverse. Elle évoque selon un parcours circulaire le siège de
l’église, puis la bataille avec les Bretons (d’où la cordelière) le procès, le supplice
et suggère le retour à l’église, sa reconstruction pour en expier l’horreur. Un axe
vertical établit un lien entre l’église incendiée et le supplice de la famille de
ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc. Le rebelle en est exclu, l’auteur
condamnant sa révolte. Le roi
Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
(511 à 561) est représenté trois fois,son fils deux fois.La composition met en valeur l’église de Tours. L’image est
censée représenter la première basilique décrite par Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge : à cinquante pas de la
ville, avec 160 pieds de long, 60 de large et une hauteur de 45, 52 fenêtres, dont
20
dans la nef. Ravagée en 558, elle est encore incendiée quatre fois et reconstruite
deux fois, en 1014 trois tours sont ajoutées. La tour du Trésor (50m de haut et carré
de 10m de côté), qui reçoit en 1175-1180 un placage gothique, comprend deux étages
dont les angles sont dotés de contreforts plats jusqu’au sommet au troisième. Elle
conserve cet aspect avec une horloge au début du XVIe siècle. Quant à la toiture,
où
des travaux ont eu lieu aux XIIIe et XIVe siècles, elle rappelle celle de Saint-Jean
d’Angely. Pour le lecteur la silhouette de l’édifice, avec ses fenêtres et la tour
sont identifiables. Le peintre n’a pas la possibilité de reconstituer le monument
mérovingien et la reconstruction de Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
.La
façade est pourvue de trois marches en pierre puis de trois en bois, allusion à la
basilique dédiée d’abord à saint PierrePierre, saint (Ier siècle avant J.C. — entre 64 et 68) Apôtre du Christ et premier pape de l'Église catholique
et saint PaulPaul, saint (5 — entre 64 et 67) Apôtre du Christ et missionnaire construite au-dessus des
boiseries du premier édifice en 437 par l’évêque BriceInformations à venir pour abriter le tombeau et la chape de saint MartinMartin de Tours, saint (316 — 08/11/397) Saint catholique et orthodoxe. À l’entrée deux colonnes
torsadées soutiennent un arc roman au-dessus un fronton et au sommet une croix. Des
flammes courent sur le toit, sortent des fenêtres, embrasent toute la porte et
l’intérieur.Le roi d’Aquitaine ConnebaultWiliachaire ( — ) Comte d'Orléans au VIe siècle (?-?)
, soutien de ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc défait par ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, s’est réfugié dans l’église, dont il refuse de sortir.
Terrifié il tente d’échapper en vain aux flammes.L’édifice est cerné par une armée de cavaliers sous un gonfanon de gueules à la
croix d’argent, à côté du roi, critique implicite un cavalier à visage découvert,
monté sur un cheval fauve harnaché de cuir non teint (péjoratif), est proche du
bâtiment, il n’est pas montré mettant le feu.ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
sur un
cheval blanc, porte sur son amure dorée le tabard azur semé de lis d’or des rois de
France. Il est couronné, sa responsabilité est dénoncée par sa position de profil
et
son bouclier rouge ovoïde.Sortant d’un bois une
autre partie de l’armée est composée de gens de pied de dos, deux avec des boucliers
ronds. Les pointes des lances des hommes qu’ils commandent devant l’église, suggèrent
une intervention dans les départs de feu.ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc s’étant réfugié ensuite auprès du comte de
Bretagne Conomer (Senabut dans le texte)Conomor (VIe siècle — 560) Personnage de l'histoire bretonne,
réunit une armée contre ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
. Le texte
décrit la bataille et les bannières levées. Deux sont représentées : pour ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
un gonfanon gris à la croix blanche,
pour les Bretons un rouge avec une figure non lisible. Les flammes soulignent le
mouvement des deux armées. Le lieu de l’affrontement n’est pas précisé par le texte.
Le champ de bataille, terrain plat permettant de charger, est séparé de la scène
tourangelle par une colline. Les chevaux ont un port de tête encolure arrondie
révélateur du même dressage.L’armée de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
se déploie devant une forêt, pour évoquer le chemin parcouru.
Au deuxième rang, les grands, loyaux, qui ont essayé avant la bataille de l’éviter,
ne chargent pas.Au premier rang, sur un cheval de
guerre blanc, le roi a lâché les rênes, il tient un bouclier bleu laissant la tête
de
sa monture à sa gauche, la lance est couchée sous l’aisselle droite. Le peintre fait
le choix de ne pas montrer ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
taillant à tout va avec son épée et découpant ses ennemis, l’accent est mis sur le
mouvement, l’intrépidité de la charge royale. Il est en armure dorée des solerets
à
l’armet, sur sa dossière une fleur de lys en relief. Le fait qu’elle ne gêne pas le
mouvement signe de qualité, est indiquée avec maladresse par des plis comme pour une
étoffe.Le vers 561 rappelle que des
deux côtés la bataille est meurtrière, pour l’illustrer, à côté du roi, un cheval
fauve a perdu son cavalier. Au sol gisent quatre corps au milieu de flaques de sang.
Un en bleu, évoque les pertes que le roi redoute et indirectement son imploration
à
Dieu pour lui donner une victoire sans trop sacrifier de vies. Il est tombé sous un
soldat du comte (ou roi) de Bretagne en cotte grise. Un autre breton en cotte rose,
blessé et la main sectionnée, a tenté de fuir. À peu de distance, un dernier visage
a
la bouche ouverte, dents visibles, ce qui est rare et renvoie aux vers évoquant la
dureté du combat par des comparaisons animales (ourse femelle redoutable quand elle
défend ses petits). Son poing fermé est le signe d’une grande hostilité, il est
blessé au niveau de la taille, c’est-à-dire des parties molles vulnérables.Pour l’armée vaincue, un moment précis est figuré : les deux
premiers rangs comprennent quatre combattants en train de fuir, ce que ne fait pas
le
gros de la troupe. Juste derrière le comte de Bretagne, monture fauve et armure
dorée, deux combattants chargent encore.ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc est reconnaissable à son cheval blanc, avec
harnais et selle roses. Le prince en armure gris foncé sans éperons, comme ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, est figuré de trois quarts dos, le
poing droit dirigé vers lui. La cordelière à nœuds établit un lien entre la révolte
du fils contre son père, le procès et le supplice inique.Pour la triade de gens de droit qui ont instruit le procès, le
peintre joue sur l’alternance rose-gris. Leur réaction à l’égard du supplice n’est
pas identique. Un, visage en partie caché, paraît horrifié. Le second, chapeau rouge,
regarde avec tristesse. Les bras croisés, main gauche index pointé vers le bas, il
récuse les modalités de l’exécution, décision du roi. Au premier rang, le troisième
est aligné sur ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
. Le peintre place
sa main droite au bout du sceptre tenu par le souverain : il en est
l’instrument.Le roi est éploré, yeux cernés, bouche
ouverte, une manière de rappeler sa contrition après la quadruple exécution. Il est
en robe héraldique avec grand col d’hermine. Le revers de sa manche a une polychromie
péjorative. Pour expliciter l’enjeu, son poing droit est en direction de son
fils. Le peintre décrit la famille du rebelle consommée avec lui, sans corriger
Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français, deux fils au lieu de filles,
ce qui change la portée politique du drame. Le visage de
ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc exprime une douleur physique et
morale. Le haut du corps à la morphologie vigoureuse est de face. Dans l’effort pour
se tourner vers les siens apparaît une chemise noire, détail bien observé. Malgré
deux chaînes noires, il a tenté de se lever du banc sur lequel il a été assis pour
être jugé.A la différence de son époux, sa jeune
femme, aux joues encore rondes, est en bleu couleur royale. Visage tourné vers le
ciel, elle hurle. Enveloppée par les flammes, elle se débat pour se tourner vers ses
enfants et illustre la force de l’amour maternel. Le dossier du banc dont elle a
tenté de s’arracher est surmonté d’une barre.Dévoré
par les mêmes flammes, l’aîné de ses enfants, yeux roulés, s’époumone, visage levé
vers elle. Il est derrière le banc, le cou sur la barre, à laquelle le lie une chaîne
qui enserre la poitrine puis la taille. La manière dont il est attaché souligne le
courage du petit fils de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
.Son jeune frère en a tout
autant. Lié à la barre le long de l’accoudoir, assis sur le banc, il a réussi à se
mettre debout en arrachant la barre. En se débattant la chaîne a glissé et l’étrangle
et il reste entravé par la taille. Son bras droit et une partie de sa robe, proie
des
flammes, le petit prince repousse le meuble. Aux horribles souffrances de l’enfant
brûlé vif, se mêle une peur panique. Il crie à pleins poumons et se tourne avec
désespoir vers sa mère qu’il voit brûler.Le bûcher
surbaissé est mal construit, de longues bûches de bois sont disposées autour du banc,
un fagot est posé contre la robe de la mère, des bûches sont aussi accumulées près
du
petit prince. ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc, les flammes dépassant
à peine son visage, va mourir le dernier en voyant le martyr des siens, placés
précisément sous la basilique Saint-Martin. La construction de l’image accorde
à cet atroce supplice ordonné par le père le premier plan et la plus grande surface.
Il
est pour le peintre l’essentiel, là où pour l’auteur le pillage des biens de l’Église
est la faute première de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, dont seule
la révolte de son héritier le détourne. L’artiste, père d’une famille nombreuse,
souligne le caractère effroyable d’une vengeance qu’il dénonce comme diabolique, ce
que
ne fait pas l’auteur.
L’auteur parmi les crimes du roi Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
ne retient que l’affaire évoquée par
Robert GaguinGaguin, Robert (1434 — 22/05/1501) Philosophe et historien français, dans son Compendium de
Francorum origine et gestis. L’animosité royale inexpliquée a provoqué un long exil
de
GauthierGautier d’Yvetot ( — ), bon et loyal serviteur. Sur
le conseil du pape, il tente de renouer avec le prince, en se présentant devant lui
dans
une église. Dans le BnF fr. 2818, fol. 7v le peintre suit le texte avec une composition
audacieuse et synthétique qui utilise le nombre d’or. Le fronton du portique qui sert de cadre soutient
une cordelière qui s’enroule à gauche autour des deux colonnes - derrière lesquels
apparaît un décor bleu à motifs renaissant, du côté de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
- et à droite sur une face des pilastres
superposés. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
opte avec toute la famille royale pour la cordelière à grains
franciscaine adoptée par Anne de
BretagneInformations à venir, Claude de
FranceInformations à venir à laquelle Louise de
SavoieInformations à venir a fait ajouter les nœuds de la cordelière de Savoie. En bas, une
tête de face, sortent de sa bouche des feuilles d’acanthe peut-être une allusion aux
faux rapports des envieux qui suscitent la haine du roi (vers 691-694). L’image
présente une unité de lieu. La scène est située, ce que ne précise pas le texte, dans
l’église de Soissons capitale du royaume de Clotaire
Ier.Clotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
L’identification des personnages est
facilitée par leur situation dans l’image, leur position, leurs gestes, les costumes
et
le choix des couleurs, l’ensemble des corrélations s’accorde avec le jugement moral
et
politique porté par l’auteur. L’office du Vendredi Saint célébré, l’après-midi, permet
de dater l’événement précision rare (vers 788) Le quart supérieur met en scène RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde. D’après Venance FortunatInformations à venir, fille du roi de Thuringe et
prisonnière de Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, elle devient son épouse en 535, puis décide à la suite de
l’assassinat de son frère par son mari, de s’enfuir et entre en religion. Ce n’est
pas
la version retenue par l’auteur (vers 672-674), mais celle choisie par le prince qui
l’aménage.L’espace sacré, un tabernacle, est délimité
devant une tenture rouge et or par quatre anges chacun sur une colonne, ils tiennent
les arma christi : la torche des gardes venus l’arrêter, la colonne de flagellation
et le roseau, de l’autre côté la couronne d’épines et l’éponge, en dernier la lance
dans la direction de RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde : elle
s’associe à ses souffrances. Sur l’autel un retable évoque le Christ en croix entre
MarieMarie Mère de Jésus-Christ et JeanInformations à venir. Le choix des couleurs est mélioratif : rideaux, vert semé d’or,
nappe d’autel blanche au bandeau rouge et or, dais et devant d’autel gris et or. Le
célébrant après avoir présenté à RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde
la croix pour faire mémoire de la Passion, la tourne vers la partie féminine des
fidèles.La reine sur une estrade devant une clôture
de bois aux panneaux décorés, donc encore en dehors de l’espace sacré, regarde le
cocélébrant qui tient une patène avec le pain consacré la veille. Sans couronne (elle
a renoncé à son statut), ni nimbe, en costume à la mode du temps, robe de brocart
d’or, voile noir, elle s’est prosternée pour rendre hommage à la croix, rappel de
sa
vénération pour un fragment de la Croix, qu’elle ne quitte pas. L’image établit un
lien – une diagonale les unit - entre la décision de RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde d’entrer en religion et l’homicide de GauthierGautier d’Yvetot ( — ), un martyr (vers 788).Dans l’église, les fidèles sont séparés : les femmes, à gauche
avec une stalle videet les hommes à droite, à genoux sur le sol,
sauf un assis bras croisés. Le texte ne précise pas s’il s’agit du chœur dont
les laïcs sont exclus ou de la nef. Depuis le Xe siècle toute église ayant un collège
de
prêtres a un chœur fermé par un jubé, entre l’autel et la nef, qui peut être courte,
pour les fidèles laïcs. Les huit chantres debout, au centre
devant un lutrin, chantent l’office. Ils sont séparés du roi et d’un groupe de
fidèles par un banc coffre sur lequel sont posés trois livres liturgiques.Dans la nef, les cinq gardes du roi sont armés de
hallebarde : trois à gauche, dont deux figures monumentales en pourpoint jaune et
chausses orange sont dépréciés. Un tourne le dos à la scène, un autre ne la voit pas,
le troisième, en chapeau rose (le chef de la garde) lance au poing n’a pas le temps
d’intervenir. Les fers des armes proches de la stalle laissée vide rappellent
peut-être que la reine a fui et que ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
a tenté par la force de la récupérer.Au premier plan la quasi totalité de la hauteur de l’image est
occupé par un dais azur fleurdelisé dont le pan rouge et or comme la tenture derrière
l’autel souligne la sacralité de celui qu’il honore. Une différence de couleur et
de
taille des fleurs de lys suggère la présence d’un drap d’honneur sur le siège
royal.Le roi est vêtu d’un ample manteau, aussi
noir que sa colère (vers 794, fureur comme celle du guerrier dans le texte), doublé
d’hermine sur une robe de même couleur que celle de son épouse. Il porte sur sa toque
rose une petite couronne. L’enlumineur ne donne pas d’information sur la provenance
de l’arme, d’après le texte, enlevée à un garde (vers 795). Les sourcils froncés,
le
roi donne à GauthierGautier d’Yvetot ( — ) un coup mortel
de bas en haut à travers les parties molles atteignant à coup sûr le cœur, geste
technique, (vers 796-798) un flot de sang s’écoule.Les deux princes à droite, l’un tenant un livre ouvert, n’ont pas le temps de
réagir.GauthierGautier d’Yvetot ( — ) sidéré et effrayé les yeux tournés vers le ciel, en robe
courte du même gris que le devant d’autel et le dais qui le surmonte, a sur les
épaules une cape d’hermine, allusion au titre royal, que sa lignée reçoit en
réparation. Le roi ayant agi sous le coup de la colère, une contrition est
possible : à cas énorme, réponse exceptionnelle et légendaire la royauté d’Yvetot
datant
du XI siècle. Le rôle du pape AgapetAgapet Ier ( — ?) Pape de l’Église catholique romaine (535-536),
qui accorde à GauthierGautier d’Yvetot ( — ) soutien et
conseil, lui donne un bref pour le roi dont la lecture suscite sa colère (vers 791-794)
et envoie un rescrit après le meurtre (vers 827), n’est en rien évoqué. Faut-il faire
un
lien avec la neutralité relative de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
à l’égard de la réforme lors de la première
partie de son règne ? La puissance du roi de France vient de Dieu, aucune limite n’est
posée à l’exercice de son pouvoir. Agissant sans conseil ni contrôle et n’étant pas
maître de lui, il se comporte en tyran, une leçon. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
(dont les couleurs sont argent
tanné et sable en 1521), qui assiste à la messe tous les jours, est décrit comme
coléreux et supportant mal la contradiction. Il gouverne par conseil... en rappelant
qu’il n’en a pas statutairement l’obligation. Le discours moral des humanistes est
de
maîtriser sa colère, l’auteur les suit. Le peintre saisit avec lui à travers l’affaire
d’autres enjeux politiques en quelque sorte en suspens. La localisation dans l’église
et
le moment sont évoqués par le pape Agapet IerAgapet Ier ( — ?) Pape de l’Église catholique romaine (vers 810-816) comme autant de circonstances
aggravantes. Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français met sous la plume
du pape le terme de sauveté (vers 811) rappelant que l’église, domaine sacré, est
un
lieu de refuge protégé par des interdits. Asile inviolable, elle est une zone
d’exterritorialité, qui contrarie l’exercice de la justice royale. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
finit par
éteindre ce privilège d’immunité par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 (art.
166). L’auteur dénonce le crime, l’homicide, sans le qualifier avec prudence de
sacrilège ou de profanation (délibérée) ou de crime de lèse-majesté divine et sans
rappeler qu’il implique un rite pénitentiel de purification. L’appel à la contrition
du
pape est assorti de la menace d’une « censure » (vers 831-834), en fait de l’interdit
personnel et plus grave celui jeté sur le royaume avec suspension des sacrements.
Le
risque politique n’est pas précisé, question délicate : Dieu peut renverser le roi
en
permettant à ses ennemis de le vaincre, mais la désobéissance, la révolte de ses sujets
restent exclues. Enfin le lieu du crime et son moment fondent l’argumentation juridique
des praticiens et avocats du roi qui l’amènent à accorder à la famille du défunt des
terres de la couronne en toute souveraineté (vers 850-860). Or l’inaliénabilité (et
l’imprescriptibilité) du domaine royal est inscrite dans le serment du sacre depuis
Jean IIInformations à venir et Charles VInformations à venir. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
la rappelle à plusieurs reprises et à sa
mort lors de l’avènement d’Henry IIInformations à venir elle est
consacrée juridiquement par le mariage du roi et de la Res Publica qui apporte en
dot le
domaine de la couronne.
L’élimination de GogonGogone en 581 suit les débuts
des guerres civiles nées de deux mariages royaux (570 à 613). ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et ses trois frères se partagent le
royaume. CharibertCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
est tancé en vain par
saint GermainGermain de Paris, saint (496 — 28/05/576) Evêque de Paris à propos de ses
concubines, (fol. 17r -18r) GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne ne fait pas
mieux. SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
alors décide de se marier
avec BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
(fol. 18v-19r). GogonGogone « maître du palais » accompagne BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
depuis l’Espagne (fol. 20r) Ingrate, elle
le prend en haine et le fait assassiner, fol. 20v. Sigebert IerSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
abusé par le discours de sa
femme, ne s’émeut pas de la mort du noble et vaillant comte, (fol. 21r) Le fronton sur le haut du cadre est orné d’un
décor végétal, dont seule la moitié gauche est réalisée, au-dessus de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
et de GogonGogone. La cordelière s’arrête au un cinquième de la hauteur du
portique des deux côtés. A gauche deux colonnes superposées et un pilastre
symbolisant sans doute SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
et
BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
partagent le même chapiteau et
la même base entre les deux une étroite bande bleu, les unit. A droite le motif des
colonnes est repris. Sur le bas deux feuilles d’acanthe se réunissent sous GogonGogone. L’image dit plus que le texte (la mort
de GalswintheGalswinthe (540 — 568) Reine des Francs de Neustrie (567-568)
Reine de Neustrie), autre chose (la carrière de
GogonGogone) et interprète le récit en le censurant
et en l’étoffant. Le peintre oppose dans un joli paysage sous un ciel clair deux scènes
dans le quart supérieur gauche et deux dans le registre inférieur,le lien entre elles est établi par une tour, à dôme doré, qui
appartient à l’ensemble palatial. La surface considérable occupée par le palais,
adossé à la ville Metz capitale de l’Austrasie (1141), donne à voir l’enjeu de
pouvoir. L’image juxtapose de manière audacieuse plusieurs moments et donne une
synthèse signifiante : deux rois en exercice, sur quatre figurés. CharibertCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
l’aîné, sans couronne - il est décédé (vers1100-1112)
–et devant lui GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne couronné qui lui succède (vers 1113)entendent les remontrances de l’évêque saint GermainGermain de Paris, saint (496 — 28/05/576) Evêque de Paris (vers 1100, 1101),
alors que dans le texte il ne tance que le premier. Le second, mains doigts croisés,
écoute sans tenir compte du propos, ce que l’auteur reproche au premier (vers 1112).
La raison de l’admonition : leur lubricité, vice maudit (vers 1103, 1119, 1121,
1131-1133) se devine indirectement par l’arrivée de deux futures reines. Elle traduit
l’efficacité, au demeurant relative, de la parole du saint sur les deux autres
frères.BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
(vers 1150-1151) en robe rose arrive la première,derrière elle son époux SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
Ieret à ses côtés sa sœur aînée GalswintheGalswinthe (540 — 568) Reine des Francs de Neustrie (567-568)
Reine de Neustrie que le texte ne mentionne pas encore car elle épouse
Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
plus tard. Elle est représentée bras croisés, comme une
morte : elle va être assassinée par son mari, ce que le programme choisit de ne pas
montrer, à la différence de nombre d’exemplaires des Grandes Chroniques de
France.GogonGogone
a posé une main sur son épaule : il l’escorte, alors que le texte indique que c’est
BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
dont il a négocié le mariage
(vers 1123-1124). Escorter l’aînée, épouse exemplaire et martyre est sans doute plus
valorisant.Le gouverneur du palais pose l’autre
main sur le jeune Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais qui
prie. L’image se dissocie du texte qui n’en dit rien. GogonGogone est son nutricus, son tuteur, il vit près de lui. Chargé de son
éducation, il exerce la régence à la mort de Sigebert
IerSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
pendant six ans. La seconde
scène intervient dans une salle du palais. Le peintre puise dans le répertoire
renaissant pour en dire la richesse et la beauté (médaillons de marbre, moulures..).
BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
sans
couronne, revêtue d’une robe rose comme précédemment, donne ordre de
l’assassinat.SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
,
couronné, en robe bleue, paludamentum gris et toque rose est au centre de la pièce.
Il se tourne vers elle : approuvant à tort (main gauche) son discours, et montre son
hostilité à GogonGogone.Le maire du palais (vers1127), a un costume luxueux, qui dit
le prestige de son activité : il est vêtu d’un court manteau noir doublé d’hermine
sur une robe de brocart or et botté. Il a mis un genou à terre et s’est décoiffé pour
s’adresser au roi.Sur le seuil du palais, à son
départ, il est surpris par les assassins, à la solde de la reine (d’où le bleu sur
leurs vêtements) et tombe, étranglé par un lacet (vers 1254-1256).Un témoin qui représente l’opinion de beaucoup (vers 1258)
regarde le couple royal et déplore l’assassinat.Sigebert IerSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
,
abusé par le discours de sa femme, ne s’émeut pas de la mort du noble et vaillant
comte
(vers 1258) Le discours politique et moral sur la puissance royale sans limite et
dévoyée condamne ici un roi à la personnalité faible, qui laisse une influence maléfique
à son épouse. Princesse wisigothique, élevée à la romaine, elle entend jouer un rôle
politique fort d’où sa haine à l’endroit du maire du palais dont la réputation fait
ombrage au couple. Un siècle plus tard, les jeux sont faits en faveur de l’aristocratie.
Ici le menton un peu empâté et le nez évoquent peut-être Anne de BeaujeuInformations à venir dont le triptyque par Jean HeyInformations à venir, le Maître de Moulins conserve le portrait et
que Louise de SavoieInformations à venir n’apprécie
pas.
Le cadre monochrome oppose les montants du
portique. A gauche, deux colonnes jumelées et superposées sont à l’image du pouvoir
partagé entre ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, celle du bas en avant plan s’orne de
végétaux et d’un visage de face. De l’autre côté, deux pilastres superposés,
reprennent pour SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
sur leurs
panneaux le motif de la cordelière. Cette dernière court sur le sommet de l’arc
déprimé qui couronne l’ensemble en prenant appui de manière symétrique sur deux vases
et des acanthes. Elle s’enroule à gauche au niveau de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
à droite au niveau de la tente de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
. En bas deux acanthes sortent de la
bouche d’un visage de face. Le peintre ici utilise une composition complexe. La
lecture, qui se fait d’abord par le registre inférieur de droite à gauche, met en
évidence le siège et la préparation de l’attentat. Elle
souligne la situation désespérée de Tournai, où ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et son épouse se sont réfugiés (vers 1762). Une partie de la
ville est représentée, rive gauche, site de la première implantation romaine, elle
occupe les quatre cinquièmes de la hauteur de l’image s’étend autour de l’axe
central : une tour ronde d’angle surmontée d’un dôme dorée. L’Escaut qui traverse la ville est représenté ici coulant
sous ses murs jusqu’au pont Notre Dame, sous lequel il s’engouffre. Le
prestige de la première capitale des Francs Saliens est souligné par ses toits en
coupole sur les tours carrées ou rondes et le pavement des rues. Le peintre sait
distinguer deux étapes de la construction. Au premier plan, suivant les sources
écrites qui évoquent les murs en pierre de l’enceinte romaine une courtine en opus
incertum dotée d’un mâchicoulis et de canonnières. Face
au camp de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
une double enceinte
est commandée par une tour carrée occupée par des défenseurs.La ville est dominée par la cathédrale Notre-Dame au toit
d’ardoise et son imposante tour clocher (en fait au-dessus du transept) sans
toutefois les quatre tourelles d’angle pour signifier au lecteur qu’il s’agit là
d’un état ancien.Le peintre
distingue deux quartiers : l’un, derrière FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, constitué de deux maisons en pierre et l’autre, après
la porte et le pont Notre-Dame, de quatre maisons en pans de bois de belle hauteur
qui rappelle la richesse et la puissance de sa bourgeoisie.La moitié de la ville est encerclée (v.1767-1768) : au premier
plan une batterie de six pièces d’artillerie mobiles, avec servant d’artillerie, a
déjà endommagé la courtine. Malgré l’avertissement de GermainGermain de Paris, saint (496 — 28/05/576) Evêque de Paris qui l’avertit de ne pas « mectre main
au propre sang » de son frère (v.1805-1808), SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
, roi d’Austrasie, dirige le siège :
couronné, en tunique bleue sur son armure dorée, botté, il tient un bâton de
commandement et désigne la ville au capitaine à sa droite, visage découvert comme
le
roi.Leurs troupes en armure complète et armées de
lance sont rangées sous un étendard de gueule au solifuge d’or (ils ne sont pas
encore chrétiens), préfigure du soleil, un des emblèmes de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
qui fait
frapper des écus avec ce motif et qui est, pour ses thuriféraires, un second soleil
encore en 1538.Dans la ville, FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, ancienne esclave devenue reine, en
robe or aux manches ourlées d’hermine, prépare l’assassinat. Elle est en marche, pour
signifier qu’elle a l’initiative de l’attentat (v.1771,1772). Les sourcils arrondis,
le regard en coin contribuent à l’expressivité du visage.Elle prend à part (v.1775) les sicaires, qualifiés de
paillards, nom donné à une troupe d’infanterie et de truands prompts à mal faire (v.
1773,1774). Ils se sont découverts devant elle et concluent un marché dont le texte
donne la teneur (v.1778-1781). Ils n’ont pas le costume de l’emploi, car ils ne
pourraient pas accéder à la reine sans cela, surtout l’auteur les dédouane. Les
malheureux, qui risquent leur vie et la damnation, ont été trompés (v.1789-1790) :
la
reine leur promet s’ils sont tués de faire des fondations pieuses pour obtenir leur
pardon, ce sont donc de bons chrétiens.FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
a décidé seule de retourner la
situation, alors que les armes ont été favorables à SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
. Dans le registre supérieur la composition est circulaire de
droite à gauche : l’assassinat, le massacre des assassins, puis en bas de gauche à
droite la sortie de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, annonce de la
victoire permise par le crime. Sur un fond de paysage très vallonné, le ciel clair
ne
laisse pas deviner que la scène intervient de nuit et fait contraste avec le
déchaînement de violence dans le camp de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
. Il est composé de huit pavillons
somptueux, trois rouge, quatre gris, brodés d’or avec boule sommitale. Ils sont
disposés par groupes de trois. Une foule considérable de combattants, tous en armure
se presse entre les tentes.Sous un gonfanon vermeil au solifuge d’or, la tente royale
rectangulaire est rose doublée de gris. Ses pans s’ouvrent sur le lit : la
courtepointe bleue semé d’annelet blanc et les draps sont souillés du sang de
SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
, frappé au front d’une
blessure mortelle.Deux gardes au statut inégal,
alertés par les cris, sont intervenus aussitôt. Les assassins gisent déjà au sol avec
leurs épées, ils ont été découpés comme de la chair à pâté, dit le texte (v.
1799-1802). Ils sont identifiables par leurs vêtements civils, qui traduisent aussi
le caractère suicidaire de l’opération spéciale. L’auteur ne précise pas qu’ils ont
tué SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
avec des scramasaxes
empoisonnés. Le reste de l’armée n’a pas eu le temps d’intervenir. Un troisième garde visage découvert bouche ouverte évoque le
grand bruit (v.1815-1822) suscité par l’attentat. Le tumulte alerte les
assiégés (v.1821-1828), qui réagissent. Chilpéric Ier de
NeustrieChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, roi débauché, sous l’emprise de son épouse, à la tête de sa
cavalerie et devant un de ses généraux, sort de la ville, par la porte Notre-Dame.
Il
est en partie caché par la tour de l’entrée, mais son cheval blanc harnaché de bleu
ne laisse pas de doute sur son identification. Sans se contenter de l’annonce faite
en riant par FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
(v.1831-1832), il
ne lance cette sortie qu’après confirmation du décès de son frère : ainsi il n’est
pas associé à l’attentat qu’il n’a peut-être pas souhaité ni organisé.Il se dirige aussitôt (v1836-1837) vers l’armée du défunt
suscitant la surprise d’un capitaine ennemi au premier rang et de haute
stature.FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
(545-597), ancienne esclave
ambitieuse et sanguinaire, par rejet social devient un contre-modèle idéal. Elle
pratique la trahison et use de violence comme BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
sa rivale (534-613) certes mais s’en distingue par son mobile
qui se limite à son aventure personnelle, maintenir sa situation à tout prix et sa
perversité. Au début du XVIe siècle, la tension entre ce qui relève du privé et du
public colore les régicides mérovingiens et en renouvelle l’intérêt.
Le cadre est surmonté d’un arc déprimé et
d’une cordelière à nœuds. Elle s’arrête au niveau de la toiture de Saint-Martin de
Tours et à droite se prolonge jusqu’au gonfanon de l’armée de Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. Le
portique comprend une colonne, un pilastre orné d’un médaillon et de panneaux au
décor renaissance (candélabre, cassolette, végétaux, oiseaux), en bas du cadre trois
motifs d’acanthe. Le peintre attire l’attention sur le roi et approuve son
action. La composition réunit quatre scènes et accorde une place particulière à
l’espace naturel : au premier plan devant une barre rocheuse une grande plaine où
les
troupes sont disposées autour de l’église en trois ensembles.À gauche un premier corps se dirige vers l’arrière de l’église, sous le commandement
d’un général en armure renaissance et enveloppé d’une sorte de paludamentum court.
La
selle de son cheval et la housse – en deux parties à la mode début XVIe siècle - sont
bleues, ce qui renvoie aux vers 2067-2068, la noblesse du roi.À droite, le dispositif est le même, tourné vers le porche
avant de l’église, deux chefs sont de trois quarts dos : un second général et seul
visible en entier, le roi sur un cheval blanc harnaché de rouge, en armure dorée sous
une cotte bleu. Son paludamentum rose, rappelle celui pourpre de l’empereur romain.
Il n’a pas de couronne sans doute parce qu’il investit l’église de
saint-Martin-de-Tours.Au troisième plan le dernier
corps est prêt à en découdre il est composé de gens de pied avec hallebardes commandé
par un capitaine avec un grand bouclier rond qui regarde au premier rang de la
cavalerie lourde, supérieure en nombre, un général équipé comme les précédents.Pour la deuxième fois dans le volume apparaît l’église de
Saint-Martin de Tours, elle est décrite différemment : la tour sur le transept
présente moins d’ouverture, surtout le bâtiment est flanqué d’une tour (celle sud
construite en 1014) construction plus récente, idée que PichoreInformations à venir traduit en ajoutant au premier étage, une meurtrière et une
canonnière, au second sur chaque face un médaillon rose-orangé, au-dessus une
plate-forme avec créneau et machicoulis sur contreforts et un lanterneau de forme
hexagonale. Le toit de l’église et celui de la tour du transept sont en bois, ce que
rapporte Robert GaguinGaguin, Robert (1434 — 22/05/1501) Philosophe et historien français, pour évoquer le
premier édicule.Un tiers de l’image utilise le
procédé de la mansion, pour montrer l’intérieur de l’église, où se déroule une
première scène. Le peintre insiste sur la qualité du décor intérieur : sol carrelé,
autel sur une estrade devant une tenture bleu semé d’annelets d’or, retable en bois
prolongé par un petit rideau gris, nappe blanche et devant d’autel bleu. En arrière
plan, deux fenêtres sont là pour les 52 fenêtres du bâtiment et deux colonnes de
marbre sur les 120 existantes.En fait
il y a ici confusion de deux moments. Dans un premier temps le couple Mérovée IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier-BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
s’est réfugié selon Robert
GaguinGaguin, Robert (1434 — 22/05/1501) Philosophe et historien français dans le temple de Saint-Martin de Rouen. Ici le texte indique
Saint-Martin de Tours (vers 2060, 2067) où Mérovée
IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier se réfugie seul bien après. Le peintre suit le texte, les époux sont
poureux : visages tournés vers la gauche comme pour fuir.BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, sans
couronne, a les mains jointes doigts croisés geste d’intense supplication et les
genoux semi-fléchis. Elle est en longue robe rose aux grandes manches ourlées de
fourrure tachetée (péjorative), sur ses cheveux blonds un voile noir brodé
d’or.Mérovée
IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier au visage juvénile, fils aîné de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, prince héritier en a les attributs. Coiffé d’un chapeau
rose-rouge avec un affiquet il porte une tunique grise au col d’hermine dont les
larges manches ont glissé sur le bras découvrant une chemise pourpre. Les chausses
sont bleues pour rappeler son appartenance à la famille royale et son statut. Ses
bras sont croisés sur la poitrine, geste d’acceptation de la situation.La deuxième scène se situe dans un espace de transition : le
seuil. L’arc de l’entrée surmonté de fleurs de lys, repose sur deux colonnes
torsadées (symbole de la perversité de la reine, tante et épouse de MérovéeMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier). Les voussures et le décor intérieur sont
renaissants avec médaillon de marbre rose, corniche cannelée. L’image dynamique est
pleine de mouvement.La reine est en train de
sortir, penchée en avant, de la main elle indique qu’elle va suivre son mari et
regarde Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. La soumission intervient au bas des marches, sur le sol
de terre battue, le caractère contraint est souligné par le dispositif des troupes.
Mérovée IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier a une
tunique plus courte pour montrer son genou à terre. Il s’est découvert, sa main
touche celle du roi. L’accent est mis sur sa chevelure châtain foncé, qui rappelle
indirectement qu’il est ensuite tonsuré pour se réfugier dans l’abbaye.Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
sur un cheval blanc, est en civil :
chaussé de bottes de cuir souple, sur des chausses bleues et vêtu d’une tunique
dorée. Alors que son fils a un large col d’hermine sur les épaules, lui en a un bleu
et sur son chapeau à rebras noir une couronne à courts fleurons. Visage fermé, il
se
penche pour prendre la main de son fils qui pleure. Le bon accueil que le roi réserve
au couple n’a qu’un temps.Sur le même axe
intervient l’épilogue après être sorti de la franchise de l’église de Tours,
MérovéeMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier part loin avec une petite
assemblée en Champagne. Sur fond de paysage de collines avec forteresse sommitale,
la
scène intervient dans une plaine.À droite, le
fugitif est fait prisonnier par le chef sur un cheval
blanc d’une cavalerie, armée régulière dont rien dans le texte n’indique
l’appartenance. Incestueux, révolté contre son père, qu’il a affronté en armes et
défroqué, MérovéeMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier, visière de son bacinet
levée, est désormais déprécié par ses lèvres charnues et son gros nez. Cinq
combattants, ses compagnons sont derrière lui à la lisière de la forêt, le premier
a les
traits d’un diable, le groupe étant condamné pour l’avoir aidé. Le texte explique qu’après sa capture, sans indication de qui
le capture, par crainte de tomber aux mains de son père et de désespoir (vers. 2116)
il contraint un de ses parents à lui donner un coup mortel. Celui qui le tue, son
parent, coiffé d’un armet et visage découvert est ici sur un cheval blanc au harnais
bleu. Issu des rangs de l’armée royale, il fonce vers le captif, le frappe dans le
dos en le transperçant de son épée tout en le maintenant. Le suicide qui plus est
par
un tiers et sur ordre, étant condamné par l’Église, devient exécution par
surprise. Le droit des armes interdit la mise à mort d’un prisonnier de guerre
sans arme, ici il s’agit d’un réprouvé, condamné et en fuite, soit au XVIe siècle
un
mauvais geste, licite compte tenu de la personnalité de l’exécuteur. Dans le ciel
dégagé, sous un nuage bleu foncé, la scène conclut un tragique enchaînement : la
soumission du couple jugé illégitime, puis après la fuite du fils révolté, sa mise
à
mort.
Le cadre attire l’attention sur la partie
gauche de l’image. Au-dessus, deux putti ailés de profil tirent la queue de deux
dragons entrelacés, pour les séparer dessinant un omega de chaque côté, les bêtes
sont gueules ouvertes, langue sortie. Leur appendice caudal se transforme en
cordelière à nœuds. À gauche, elle s’enroule autour du pilastre, disparaît pour
réapparaître plusieurs fois dans l’image, au niveau de PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, à droite une autre descend parallèle à la colonne
jusqu’à ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. Une plaque bleue sur
le haut du portique est ornée d’une douzaine de motifs renaissants. Deux panneaux
bleus et deux gris clair décorent aussi le pilastre. En bas au centre un visage de
face porte une couronne fermée impériale, deux branches d’acanthe en sortent et
ondulent allusion au mensonge, à la tromperie et à la cautèle évoqués par le
texte.Le concile donne lieu à une
scène d’intérieur, la nature n’est pas tout à fait absente, elle apparaît à travers
une fenêtre et par le portail ouvert sur le porche. Le site est vallonné Le paysage
naturel autour de la capitale est constitué dans le lointain de collines avec
forteresses sommitales ou couronnées de bois. Le cinquième Concile de Paris,
qui en 576 (577) juge PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen évêque de
Rouen, réunit 45 prélats. Il n’est pas possible de savoir s’il s’agit d’un concile
provincial, métropolitain, interprovincial, ou national. La fonction d’un évêque est
viagère et il ne peut être déplacé à volonté à la différence d’un agent du roi. Gênants
ou jugés indignes, ils sont déchus selon les formes, pas assassinés. Le texte évoque
à
la fois les trois sessions du concile et les négociations qui interviennent dans
l’intervalle. Dans l’image, il y a unité de lieu, en
l’occurrence la Basilique de l’apôtre PierrePierre, saint (Ier siècle avant J.C. — entre 64 et 68) Apôtre du Christ et premier pape de l'Église catholique. Le peintre ne s’attarde pas sur les éléments subsistant de
l’édifice primitif au XVIe siècle cinq chapiteaux de marbre blanc et quatre colonnes
antiques de marbre noir. Il rend compte du prestige de l’établissement, en le dotant
d’un décor renaissant. Pour la composition il utilise le nombre d’or. Le quart
supérieur droit évoque le porche vu de l’intérieur. Une colonne d’angle en soutient
le plafond, sur un des murets une plaque de marbre vert clair hexagonale, sur l’autre
de nombreuses moulures et un panneau oblong sculpté. Le dallage en damier (toujours
le même) prolonge celui de la nef. Le portail en bois comprend, sur le côté deux
caissons finement décorés, puis un pilastre cannelé laisse voir le plafond en lattes
de bois du sas.Au-dessus de la porte, une frise en
bas-relief montre sur le côté deux personnages en robe longue, puis l’affrontement
de deux hommes armés de gourdins, bras tendus vers l’arrière, et de boucliers
ronds confrontés. Ils se précipitent l’un vers l’autre à grandes enjambées,
illustration métaphorique du combat entre le vice et la vertu qui intervient lors
de la réunion. Au-dessus un groupe sculpté forme un couronnement pyramidé. A
droite entrant un riche décor à l’antique apparaît derrière un banc de bois à
dossier. Un dais accroché au mur occupe la moitié de
l’image en largeur et plus des trois quarts de sa hauteur, une pente est en
velours rouge brodé d’une décor végétal et frangé d’or. Le ciel est bleu pâle à
décor d’annelets. La tenture du baldaquin est assez longue pour couvrir les bancs
ou les prélats se sont assis. Les évêques disposent du privilège de siéger dans
l’église, sous un dais comme celui qui figure dans les processions liturgiques
au-dessus du corps du Christ et comme celui au-dessus du roi très chrétien,
fontaine de justice, lors de lit de justice en la chambre du
Parlement. Alors que la tenture est aux armes du roi azur semé de fleurs
de lis or (en rang) Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
est exclu de cet espace sacralisé. Il en va de même pour le
cortège d’une demi-douzaine d’hommes qui s’étire du porche à l’entrée de la nef. Les
accusations de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, reprises par son
époux, qui expliquent la mise en jugement de l’évêque n’apparaissent pas. L’image
en
évoque le motif par la situation des personnages, leur position et leur geste et ce
qui
se joue : le droit pour le pouvoir royal de sanctionner un ecclésiastique coupable
du
crime de lèse-majesté. Ici sont confrontés pour les faits mis en cause, deux statuts
juridiques avec une terminologie flottante jusqu’au XVIe siècle et de vifs débats
au
Parlement qui se poursuivent dans la seconde moitié du règne. Les cas privilégiés sont
les crimes et délits commis par des clercs considérés comme assez graves pour être
jugés
par les tribunaux royaux et l’officialité. Les cas royaux infractions ou crimes qui
relèvent directement des juridictions royales, sont d’abord des affaires touchant
le roi
et ses officiers dans l’exercice de leur fonction ou des crimes contre eux. Ils
diffèrent des droits royaux, droits dont le roi se réserve l’exercice qui englobent
entre autres les cas royaux. Cet état de la question au début du règne colore fortement
la représentation. L’image se lit de bas en haut. Une diagonale part de la gauche
avec
les quatre prélats, une autre de Praetextatus et aboutissent à la personne du roi,
représenté deux fois. Les sept prélats ont le même costume. Une robe talaire ample qui couvre le corps
cache les pieds. Le choix des couleurs répond des considérations esthétiques
(alternance chromatique), mais pas seulement. Elle est en tissu gris aux reflets
dorés pour PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, un de ses
collègues assis partisan du roi et celui qui relève ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. Elle est rose pour trois autres : un assis favorable au
roi, un nu-tête qui le rallie et un debout. Par-dessus se trouvent un surplis (aube
blanche raccourcie) et sur les épaules un camail, courte pélerine pourvu d’une
capuche. Quatre camails sont marron clair dont celui de PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, deux gris dont un sur un opposant au
roi qui débat avec ses collègues. Celui de Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge est rose. Les prélats sont coiffés de toques qui se
distinguent de celles du roi et des courtisans plus plates et volumineuses. Compte
tenu des corrélations, le prélat assis coiffé de rose est peut-être Ragnemodus de Paris, dit RuccoInformations à venir et celui
qui relève le roi Bertrammus de
BordeauxInformations à venir. Le peintre ne montre pas la première session, lors de
laquelle l’accusation d’homicide et de vol est portée, la multitude des Francs de
colère
voulant briser les portes pour lapider PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen. Le peintre retient de la deuxième session trois moments
forts.D’abord celui où le prélat circonvenu s’adressant
au roi se reconnaît coupable et demande la miséricorde royale. Au premier plan, deux
genoux à terre, les mains jointes en position de suppliant, il regarde le roi avec
étonnement. Son camail marron rappelle qu’il s’est laissé circonvenir par certains
prélats cauteleux favorables au roi (ils ont un camail de la même couleur).Le deuxième moment retenu est la réaction du roi : il s’est
mis à genoux, après avoir jeté son chapeau, les mains jointes et tête inclinée. Son
costume est une superposition de trois pièces : sur une robe de soie orangée aux
manches doublées d’hermine et un manteau gris il a revêtu le grand manteau héraldique
(une chape).Troisième moment, deux
prélats, représentatifs des deux camps en présence, se précipitent pour le relever.
Le premier tête nue a été un soutien de PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, il tend avec déférence au roi son chapeau noir. A ses
côtés, un partisan du roi, vient l’aider à se relever. Le roi se retire
ensuite, envoie une bulle aux prélats, précisant son droit. Intervient alors la
troisième session : un grand débat, le texte n’indique pas la présence du roi. PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen est chassé du concile, ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
le fait aussitôt arrêter. Ici devant le rideau du baldaquin deux prélats assis montrent
de la main droite qu’ils adhérent au point de vue royal.Un partisan du camp adverse s’est levé et se tourne vers son
voisin pour débattre, pointant du doigt la scène qui s’est déroulée sous leurs
yeux.A ses côtés la haute stature de Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge se détache, hommage à
l’historien et à son rôle de premier opposant au roi. Il défend le for ecclésiastique
Ses cheveux sont plus longs que ceux des autres prélats. La position des mains
indique le caractère dramatique de sa situation, son incapacité d’agir. A côté de
sa
main droite, un gant gris est peut-être déjà symbole de pureté, de noblesse (mais
les
gants épiscopaux sont blancs), en tous cas retirer ses gants devant le roi est une
marque de respect à l’égard de la Couronne.Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
lui présente son argumentaire et main gauche en pronation,
rappelle son préjudice. Le visage est juvénile, le costume royal, robe or, ample
manteau gris doublé d’hermine comme le col et des chausses bleues, derrière lui dans
l’entrée ou sous le porche, la cour.Un peu en
retrait, un grand, main droite dans le dos du roi pour le soutenir, tunique et
manteau rose doublé de fourrure tachetée : il fait partie des flatteurs qui poussent
le roi à s’imposer.A ses côtés un personnage de
haute stature, toque rose sur cheveux gris, en cuirasse dorée sous un manteau bleu
doublé de noir, s’indigne. Furieux contre Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge, il pointe la sortie. Il représente les leudes, qui
après avoir réagi violemment contre PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, persistent dans leur hostilité à l’égard de prélats trop
indépendants.Derrière lui un autre a la même
expression de mécontentement. Le texte après la condamnation de l’évêque,
décrit son arrestation. L’image dit autre chose, elle montre le roi acceptant de
débattre alors que les leudes sont hostiles et prêts à la voie de fait. Cette modération
diffère toutefois de son attitude lors de l’accusation initiale, elle était alors
dictée
par un souci d’éviter une élimination brutale de l’évêque au profit d’un procès, plus
utile pour lui assurer la soumission des prélats. Les critiques du texte à son égard
n’apparaissent guère dans l’image si ce n’est peut-être par l’absence de couronne :
donc
des prélats divisés sur le sort de l’un des leurs, un roi qui s’humilie devant eux
et
leur demande justice, ce qui les retourne en sa faveur, un débat qui se prolonge avec
le
chef de ses opposants, Grégoire de
ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge, quand les grands demeurent hostiles.
La partie la plus valorisante du cadre est
du côté de la sanction naturelle des agissements du roi. La cordelière s’arrête à
droite au niveau du ciel, à gauche elle descend, disparaît près de la grotte
réapparaît, disparaît à nouveau près de la faille, réapparaît pour les éboulis et
tombe jusqu’au décor mural sorte de cénotaphe. Sur le haut du cadre, le fronton porte
une plaque bleue à décor renaissant. A gauche un pilastre est orné de deux panneaux
de marbre gris, bleu, alors que la colonne à droite est monochrome. La partie basse
du cadre comprend quatre feuilles d’acanthe deux sortant d’une tête de face : crâne
chauve, grandes oreilles arrondies et bajoues. Le peintre rend compte avec
fidélité du texte par une composition qui se lit de haut en bas et de gauche à droite.
Le palais occupe près de la moitié de l’image, le reste représente le royaume : Tours,
Orléans, le Berry, Chartres, Lyon, Bordeaux, les Pyrénées. L’ordre de présentation
n’est
pas géographique et ne suit pas tout à fait le texte. Le ciel occupe moins d’un
cinquième de l’image. Deux trains de nuages gris-noirs sont
au-dessus du palais de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
.La perspective atmosphérique
de plus en plus claire vers la droite donne aussi le sens de l’écoulement du fleuve
grossi (en fait il en évoque plusieurs).PichoreInformations à venir donne un catalogue des catastrophes
naturelles, par type. A gauche, une place forte à l’enceinte
quarrée, cernée par les eaux, est frappée par la foudre suscitant un incendie. Le
texte indique que Bordeaux est frappée par une grande et horrible foudre qui consume
de grands « manoirs », c’est-à-dire de grandes habitations, des demeures. Ici des
flammes sortent du toit ou des fenêtres des maisons et d’une église, la foudre tombe
sur une haute tour. Les nuages dessinent une colonne cinq langues de flammes en
descendent et se transforment en éclairs encadrées par deux colonnes de fumées
montant de la ville incendiée. De manière révélatrice la croix du clocher n’est pas
touchée à la différence de la hampe métallique qui sert accrocher drapeaux et
bannières sur la forte tour d’un château dans la ville. L’appareillage pourrait
évoquer l’enceinte de 310 et l’église primitive, aucune porte n’est visible. A
l’intérieur de la ville, au nord, proche de la Garonne, le château trompette symbole
de l’autorité royale dans la ville, est le plus touché : tout est consommé. Une
autre épreuve, un tremblement de terre (2692), n’est pas montré. Comme à Lyon, Bordeaux subit des inondations qui font tomber
les bâtiments. L’estuaire de la Garonne emporte vers la mer trois maisons et charrie
poutres et débris.Deux feuillus sont
représentés, sur la rive près du Palais. Des branches sont sèches, stigmates des
intempéries pour les Tourangeaux ou indications du moment de l’année qui n’est pas
précisé : printemps, équinoxes.A gauche un massif
rocheux avec une grotte se reflète dans l’eau du fleuve. Les vers 2700 et 2703
permettent de préciser : la Loire, l’Indre, le Cher, l’Eure en raison de la mention
des habitants. Orléanais, Berruyers et Chartrains se réfugient dans des cavernes
(confondues avec des grottes) et y séjournent pour s’abriter des intempéries,
allusion aux maisons troglodytes du Val de Loire. La caverne ne reçoit ici que deux
hommes.Les Pyrénées abruptes occupent plus du tiers
de la hauteur de l’image. Sous l’effet du tremblement de terre des pans de la
montagne s’effondrent ; hommes et bêtes sont écrasés, ensevelis par les blocs qui
se
détachent. A gauche à plat ventre, position symbolique des morts violentes, un
laboureur à côté d’un bœuf, à droite une paysanne écrasée à côté de deux cochons
qu’elle a d’ordinaire la tâche de nourrir.Le Palais a un toit en bois, avec une cheminée en pierre, le
décor extérieur est sobre. A l’intérieur, les fenêtres ont chambranles ornés, décor
haut en triangle avec fleurs de lys et support avec acanthes. Le mur sous un large
cordon présente un jeu de moulures qui encadrent des médaillons de marbre rose ou
vert. Le carrelage déborde sur le devant du palais, sur une terrasse prolongée par
trois marches. Un muret avec un lion de pierre assis,
attire le regard sur la plaque qui l’orne. Elle évoque la dernière calamité la
« peste », qui a enlevé les trois fils de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. La plaque funéraire
est une sorte de cénotaphe où domine un décor végétal, trois fleurs fanées, une
coupe plate, puis entre deux branches comme des ailes un visage d’enfant de face,
pupilles vers la gauche et coiffé d’une couronne d’or, sous un ensemble ternaire
feuilles de chêne, lys et acanthes : soit un seul visage, pour les trois frères
qui chacun à un moment donné s’est trouvé héritier du trône. L’autre muret
est décoré d’un médaillon.De manière significative,
le bas de la robe de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
touche la
plaque, visuellement le lien est établi entre la mémoire des enfants récemment
décédés et la démarche de la reine, couronné car son chagrin la rachète en quelque
sorte. Le texte décrit longuement sa prise de conscience, ses remords, sa contrition.
Elle est en robe de soie rose, avec hermine sur le rabat des manches. Un voile noir
bordé de broderies d’or est posé sur ses cheveux blonds la carnation est blanche,
les
joues un peu rosées, les sourcils arrondis, le nez court. Le contour du visage et
le
dessus de la lèvre supérieure sont un peu flous pour évoquer les larmes, les lèvres
sont pales. A genoux, les mains aux doigts longs et fins jointes, elle regarde son
époux.Le roi est assis sur un trône à haut dossier
couvert d’un drap d’honneur héraldique. ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
est vêtu d’un ample manteau doré doublé d’hermine qui
s’ouvre sur une tunique noire. Il ne regarde pas son épouse mais à la suite de son
discours les catastrophes qui se sont abattues sur le royaume et affectent son
peuple. Le visage est rond le menton petit et la bouche sans couleur, il paraît
pleurer. De sa couronne sur sa toque ne se voit que trois fleurons, presque confondus
avec les lys du drap d’honneur, une manière de souligner l’éminence de sa fonction
à
défaut de celle du roi.La main gauche tient un
sceptre mince, orné d’un Christ en croix non de CharlemagneCharlemagne (entre 06/04/742 et 06/04/748 — 01/02/814) Roi des Francs (13/10/768-01/02/814)
Roi des Lombards (14/07/774-01/02/814)
Empereur d'Occident (29/12/800-01/02/814)
Duc de Bavière (?-?)
assis sur son trône. La main dirigée vers son épouse
montre qu'il accepte sa supplique en forme de remontrances. Leur objet se devine par
le
regard porté sur les calamités qui sanctionnent son mauvais gouvernement.Le petit lion en pierre près du cénotaphe a les
babines serrées à l’horizontale, le second les remontrances acceptées a le sourire,
commissures des lèvres relevées, petite notation personnelle de l’artiste en forme
d’approbation qui rejoint celle emphatique de l’auteur.
La décoration du cadre se concentre sur le
haut. Un fronton avec panneau triangulaire bleu rappelle que le récit concerne les
« enfants » de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, régnant de façon
semblable sur des peuples jumeaux, la sœur du roi Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais ayant épousé le fils de LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth. Il est surmonté par une cordelière portée sur ses épaules
par un putti assis de face qui tente de la tirer vers la gauche, à droite elle
s’entoure autour de la colonne. La composition utilise le nombre d’or et
l’image se lit de bas en haut : la fin tragique d’un fils révolté contre son père
puis
le sort de sa veuve et de son fils. Le texte ne donne pas d’indication précise sur
les
lieux mais indique le jour de Pâques pour le meurtre, se trompe sur le nom du père,
Hengilde au lieu de LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth. Le peintre accorde une place majeure à la ville où HerménégildeHerménégilde (564 — 13/04/585) Prince wisigoth, canonisé par l’Église catholique est tué : Tarragone. Capitale
d’une ancienne province romaine, où ont résidé trois empereurs romains, elle comprend
sous les Wisigoths toute une partie de la péninsule ibérique, deux dômes dorés
rappellent ce passé impérial. PichoreInformations à venir tente
d’en donner une vue semi panoramique, sans montrer le port ni la cathédrale. Il
retient ses imposantes murailles et le forum. Le plan de la ville se devine mal,
l’enceinte s’interrompt sur deux côtés, son organisation autour du forum sur des
terrasses artificielles est à peine suggérée à droite par un tracé en
zig-zag.Le peintre met
l’accent sur les éléments architecturaux essentiels au récit : la porte par laquelle
est arrivé LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth, la prison et la
porte par où Ingonde et son fils fuient la ville. La première a un décor renaissant
à
peu de distance de la prison qui domine la ville.La
tour hexagonale a cinq niveaux, le premier est surmonté d’un chemin de ronde couvert
avec créneaux sur machicoulis, indiquant qu’elle est bien défendue. Le second étage,
nécessaire pour évoquer a contrario l’idée d’un surcroît de mauvais traitement avec
enfermement d’HerménégildeHerménégilde (564 — 13/04/585) Prince wisigoth, canonisé par l’Église catholique au plus
profond de la geôle « dans une charte obscure ». Il est plus petit est pourvu du même
dispositif défensif non couvert, autour du dôme doré, faste impérial, au-dessus une
lanterne et un lanterneau de style gothique très ajourée qui laisse voir une cloche.
Les deux étages sont éclairés de lucarnes en fait fenêtres à la romaine avec quatre
barreaux entrecroisés associés par convention aux plus dures prisons : à droite une
fenêtre à meneau, autre maladresse un pilastre torsadé court à l’intérieur du premier
étage mais à l’extérieur du second. Une mansion découvre l’intérieur de la cellule,
qui de manière caractéristique est ornée d’un médaillon pourpre derrière le saint
et
de carreaux comme éclairés par sa présence.La
figure monumentale de LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth en occupe
la moitié. Le peintre insiste sur son costume royal. Le souverain porte une couronne
sur une toque d’hermine, la fourrure se retrouve sur le col et la doublure de sa
robe. Cette dernière est en épais tissu doré très longue et ceinturée d’une écharpe
grise nouée dans son dos, pour souligner son impuissance à agir sur son fis rebelle
et converti. Là où le texte évoque un coup de sang, l’image montre sa détermination
(lèvres serrées à l’horizontale). Une fente sur le côté et de larges manches
découvrent une tunique longue rayée, péjorative quand il fléchit les genoux pour
maintenir son fils par l’épaule et le frapper d’une hachette métallique au long fer
allongé et doté à l’arrière d’un pic. Cette arme de guerre entre ses mains un jour
de
fête de Pâques ruine l’idée d’une visite pacifique : il y a préméditation. En fait
LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth a fait assassiner son
fils.Le crâne fendu est couvert de sang et
constitue comme une couronne, celle du martyr et coule sur la joue gauche, tache le
haut du col d’hermine. Il a mis un genou à terre, mains jointes, pour supplier son
père. Il n’a pas de fers aux pieds et aux mains, rien ne rappelle qu’il est en piteux
état du fait des conditions très douloureuses de sa captivité, soit une atténuation.
Pour PichoreInformations à venir le caractère sordide du meurtre
est incompatible avec la majesté royale. HerménégildeHerménégilde (564 — 13/04/585) Prince wisigoth, canonisé par l’Église catholique est blond, terrorisé, pâle et sourcils levés. Ses
chausses grises, sa tunique courte rose ceinturée indique son statut princier
d’héritier. Marié à une princesse franque et converti, il a voulu détrôner son père
arien en jouant sur le séparatisme de la Bétique.La
deuxième scène, la capture par les Byzantins d’IngondeIngonthe (567 — 585) Princesse franque (567-585)
Princesse franque épouse du prince wisigoth d'Espagne
Herménégild sa veuve et de son fils
AthanagildInformations à venir fuyant
vers la France, se déroule sur fond de paysage de collines escarpées portant de forts
châteaux jusqu’à l’horizon sous un ciel clair. Elle n’occupe qu’une petite partie
de
l’image, le texte est bref.La cavalerie lourde
byzantine armée de lances et de fauchards se reconnaît à un gonfanon rose portant
un
animal passant or, dont les flammes sous l’effet de la poursuite se retournent, et
à
une bannière rouge et portant un crabe doré. Aux premiers rangs huit cavaliers en
bacinet, dont un sur un cheval blanc harnaché de noir. A gauche de trois quarts dos,
l’un d’eux est lancé à la poursuite des fugitifs pour évoquer la rapidité du
mouvement la housse de son cheval flotte au vent.Les autres font cercle autour d’Ingonde en robe dorée, en amazone sur un cheval gris
clair harnaché de bleu. Couronnée, elle est reine et régente reconnaissance post
mortem de la légitimité de son époux et de l’illégitimité de son beau-père
infanticide.Son jeune fils portant déjà une
couronne sur une toque rose, en tunique gris clair sur chemise et chausses roses,
fuit à ses côtés.Sa mère est capturée sous ses
yeux, par un cavalier qui pose la main sur son épaule, le texte n’en dit rien. Seul
à
visage découvert, en armure complète, sous une cotte bleue qui fait un contraste
esthétique, avec le rose, il montre le poing, hostile aux fuyards. Son cheval blanc
a
la queue raccourcie, une critique. L’espoir de la reine de se réfugier en France est
trahi.
Le contraste entre la douceur du paysage et la sérénité du ciel souligne l’horreur
des scènes illustrées. Le cadre est surmonté
d’un arc déprimé, la cordelière supportée par deux vases pansus ne descend pas à
gauche, sur la droite elle s’arrête au niveau de la geôle de Clovis IIClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier, le motif réapparaît sur le
panneau du pilastre. Les montants du portique opposent à gauche, des chapiteaux
végétalisés, une colonne épaisse supportée par deux plus minces entre lesquelles
apparaît un décor bleu à candélabre or pour dire la légitimité du propriétaire du
palais héritier du trône, à droite un pilastre. En bas, trois hybrides renvoient aux
ignominies représentées : un diable ailé et aux oreilles pointues « la faulse
deablesse » (v3437) est encadré par deux autres à visage de face, triple
condamnation. Le texte insiste sur la longue habitude du vice de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. Après la mort de ses fils (v. 3284-3285,
3290-3291) elle redoute que Clovis son beau-fils succède à ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
(v 3293-3294) et se propose alors de
faire en sorte que le père haïsse son héritier (v 3296-3297). Elle l’accuse d’avoir
fomenté la mort de ses enfants (v 3310-3311) avec l’aide de sa concubine ProserpineProserpine Divinité de la mythologie romaine, reine des Enfers (v.3298) et de sa mère sorcière (v.
3303-3306). L’image suit le récit et se lit de bas en haut.A
gauche, occupant les trois quarts de sa hauteur et le tiers de sa largeur, le
somptueux palais de ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier a un
décor renaissant tant à l’extérieur qu’à l’intérieur médaillon avec sol de marbre,
corniche, moulure.Scène I, devant la porte,
emplacement choisi pour « que ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier eut tristesse » (v 3314-3318) un pieu a été planté et ProserpineProserpine Divinité de la mythologie romaine, reine des Enfers est empalée : yeux fermés, morte. Elle
a tenté de se tourner vers le palais les deux mains en pronation. La concubine à la
longue chevelure blonde (en cheveux car non mariée) a perdu son statut social et son
identité. Elle n’a plus qu’une chemise blanche, une humiliation équivalente à une
dénudation, remontée jusqu’au haut des cuisses et dégouttant de sang. La description
effroyable ne correspond pas tout à fait à ce qui se fait en Russie sous Ivan IIIInformations à venir lors des exécutions collectives de révoltés
ou de déserteurs. Le supplice ne se pratique pas dans le royaume, il n’est connu que
par l’Histoire ancienne de Bretagne : AcaciusInformations à venir
en 123 ou 128 venant avec 9000 hommes écraser des rebelles chrétiens, se convertit
et
finit empâlé avec ses compagnons. Il est décrit de manière incertaine par Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge : ProserpineProserpine Divinité de la mythologie romaine, reine des Enfers aurait été suspendue à un pieu, ou
aurait eu seulement la chevelure coupée.Sa mère,
que FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
a fait prisonnière (v.
3312, 3313) en même temps qu’elle, assiste à l’exécution, bras croisés cachés par
le
revers de ses manches, elle ne peut rien empêcher, sa robe grise, couleur
ambivalente, ici péjorative rappelle qu’elle est réputée sorcière (v.
3306).FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
en donne l’ordre. Elle a pris l’initiative de l’exécution :
en marche elle soulève sa robe or doublée de blanc, qui laisse apparaître une chemise
bleue : sans couronne, elle est cependant épouse de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et reine.Scène II, dans le
tiers central de la composition, ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
ordonne de brûler la sorcière à l’instigation de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
: le roi reprend le geste de la reine,
plus grande et devant lui. Le peintre n’évoque pas les longues tortures qui ont
brisé l’accusée et sous lesquelles, elle avoue son rôle dans la mort des fils de la
reine et celui de ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier
commanditaire (v.3320-3328) L’auteur ajoute un plaidoyer contre la torture un topos
depuis le milieu du XIVe siècle Le peintre ne laisse pas deviner que sur le bûcher,
elle
se rétracte (v. 3334-3340). Le roi ne lui pardonne pas pour autant (v. 3350-3351),
ne
change pas d’avis sur ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier
(3352-3353) et FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
lui conserve son
hostilité. Le peintre n’évoque en rien les propos du prince qui se vante de grever
ses
ennemis à la mort de son père (v.3359).La suppliciée,
attachée à un poteau sur le bûcher ne porte pas les stigmates de la torture et
regarde sa fille. Le peintre lui laisse son costume pour l’identifier, mais lui
enlève sa coiffe.Le bûcher est attisé par un
bourreau au service du roi. Les flammes enveloppent la condamnée et lèchent
le bas d’un bâtiment dans une forêt seule allusion au
stratagème de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
contre son fils
ClovisInformations à venir. Ce dernier à la faveur
d’une partie de chasse (v. 3372-3375), le fait arrêter, ligoter, après l’avoir revêtu
du
costume sale d’un maraud pour l’humilier (v. 3379-3384). Le peintre ne le montre pas
livré à FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
(v. 3385-3387) qui
l’interroge et ne laisse pas deviner la réponse maladroite du prince qui se vante
d’avoir le soutien des grands (v.3396-3401) : de fait son existence même est une menace
pour sa marâtre qui risque de perdre le pouvoir.Scène III,
la reine l’a fait jeter dans un cul-de-basse-fosse (v. 3402-3403). PichoreInformations à venir en évoque la dureté par les solides barreaux
des trois fenêtres qui éclairent la scène du crime. Le costume du prince
rappelle son statut d’héritier, il n’est pas celui dégradant qu’on lui a imposé.Les assassins le frappent, dont un sur le dos,
avec des bâtons. Les diagonales soulignent le déchaînement de violence. ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier
se retourne pour tenter de fuir, la main sur la poignée du couteau, que l’assassin
lui a laissé dans le ventre pour faire croire à un suicide. La position de l’arme
plantée du haut en bas confirmerait la mise en scène, elle n’est pas la plus efficace
et la plus courante - coup de bas en haut - pour tuer un adversaire. En ajoutant les
coups de bâton, le peintre lève l’ambiguïté. Le peintre ne décrit pas
l’épilogue. Le père pour couvrir la honte, fait enterrer ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier avec sa mère, sans verser une
larme. Parmi les crimes de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
est
retenu ici celui qui vise l’unique héritier du trône. Implacable, elle cherche à
l’atteindre moralement, à le discréditer, puis à l’éliminer. La composition la place
sur
une ligne verticale qui aboutit à ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier sans laisser de doute sur sa responsabilité dans les événements.
Le roi couronné discrètement y paraît sous l’influence de sa femme, aussi belle que
monstrueuse. L’auteur et le peintre reprennent la version la plus défavorable à la
reine
celle de Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge, alors que
Venance FortunatInformations à venir décrit son immense
chagrin à la mort de ses enfants. De fait la réalité de son pouvoir dépend de sa
situation familiale et en particulier de la survie de ses fils et de l’affection de
son
époux. Elle utilise la violence comme les membres des élites masculines mérovingiennes,
avec une perversité rare. Au XVIe siècle le tout est inacceptable et lui fait perdre
son
humanité (v. 3420-3435).
Le cadre s’adapte le décor sommital comprend
un arc décalé vers la droite et une cordelière qui est vigoureusement tirée par un
putti ailé vers la gauche. Un autre de trois quarts dos pèse de tout son poids pour
la faire descendre au niveau du roi, tout en s’en écartant. Elle ne s’enroule pas
tout à fait autour des pilastres superposés avec panneaux au fin décor renaissant,
bleu (ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
est roi de Neustrie) puis
gris, alternance chromatique qui joue avec celle du palais et le manteau héraldique
du roi, mis en valeur. En bas, la tête de fou est en accord avec la critique du texte
à l’égard de MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne. L’image se lit
de haut en bas et la composition utilise le nombre d’or.Elle représente d’abord les signes : comète
barbue et nuage très noir avec pluie de sang annonciateurs de malheurs et d’une
peste. A l’horizon sous un ciel encore serein un paysage de collines et dans la
vallée les méandres de la Seine, la comète est représentée comme une étoile, seule
anomalie elle brille en plein jour.Rive droite, le
sanctuaire de Saint-Denis est enfermé dans sa clôture dominé par la basilique, avec
deux croix une sur son clocher et une sur le toit. Une de ses cinq tours rondes au
toit en dôme, est surmonté d’un coq emblématique (Gallus, Gallia).Il se retrouve sur une des tours de l’île de la Cité. Le
peintre accorde une place centrale au palais royal au toit bleu, toute la Cité est
enveloppée de la pluie sanglante.Dans la
deuxième moitié du VIe siècle le royaume affaibli ne rend plus nécessaire une
capitale à la mode romaine, le roi ne réside plus à Paris, mais dans ses palais
ruraux. Ici il s’agit sans doute de Rueil devenu palais avec en 591 le baptême de
Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
.La plaine qui l’entoure ne comprend que deux arbres, notation
révélatrice de l’économie d’ensemble : un dépouillé de ses branches (elles servent
de
verges) et un tronc coupé pour le poteau où est attaché le condamné.Le palais
est clos d’un mur et comporte quatre bâtiments de création récente. La perspective
permet mal d’en évaluer les proportions. Le principal et le mur d’enceinte comportent
un décor renaissant comme la tour qui le jouxte (mal alignée) et son étrange dôme
conique. Ce décor est encore plus présent à l’intérieur. Il apparaît à travers le
portail monumental en bois doré avec ses pilastres et sur l’entablement un arc avec
un groupe sculpté végétal exubérant comportant une cordelière, petit clin d’œil du
peintre. Un troisième édifice inférieur par sa qualité est sans doute la prison où
séjourne longuement le condamné Eunius
MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne.Blond, attaché au poteau,
mains liées derrière et au niveau des chevilles, il est nu à l’exception du
perizonium, figure christique, il se tourne vers le groupe curial. Il a déjà reçu
des
coups et en porte les marques.Les trois bourreaux entourent le
supplicié. Ils ont chacun un geste différent : l’un frappe de taille, l’autre de
haut, le troisième à revers. Celui de gauche, de trois quarts face prend son élan
et
a roulé ses manches, le peintre montre une veine saillante sur son bras, sourcils
froncés, un grand nez, bouche ouverte, il fournit un gros effort. Un autre à droite
est entièrement de profil, bras gauche en avant, jambe fléchie. Leurs chausses, ce
qui est le cas aussi pour certains gardes, ne laissent rien ignorer de leur
morphologie ce qui leur vaut une condamnation depuis un siècle par les moralistes.
Tous sont au service du roi, dans des fonctions associées aux violences souveraines.
Le troisième en arrière-plan a une tunique courte rose comme sa toque, il est aussi
le seul à avoir des grandes manches bleues et les cheveux gris, il est sans doute
le
bourreau, les deux autres plus jeunes étant ses acolytes. Le second, déprécié de
surcroît par des rayures noires, a le poing gauche fermé, il entame déjà la deuxième
partie du supplice.MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne est fustigé puis, plus grave, battu, ce
qui conduit à la mort. L’exécution intervient en présence de l’ordonnateur, de la
cour
mais sans public, une critique. Elle n’est pas achevée en raison de l’intervention
de la
reine. Le texte souligne que MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne n’a pas
voulu la mort du fils de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, il
cherchait les bonnes grâces du roi.Sortant du palais huit
personnages se devinent, ils regardent le supplice, le plus près du roi est aussi
le
second en importance comme l’indique son costume.Le
roi au premier plan se distingue par sa couronne, sa robe dorée, ses chausses roses,
mais son manteau héraldique est sous le genou, la doublure et le col en fourrure
péjorative, pour condamner le caractère excessif du supplice. Il tient de la main
gauche le sceptre de Charles VInformations à venir (orné d’une
représentation de CharlemagneCharlemagne (entre 06/04/742 et 06/04/748 — 01/02/814) Roi des Francs (13/10/768-01/02/814)
Roi des Lombards (14/07/774-01/02/814)
Empereur d'Occident (29/12/800-01/02/814)
Duc de Bavière (?-?)
assis sur
son trône !), de la droite il accepte la demande présentée par la reine.Cette dernière deux genoux à terre, dans une longue robe grise
et soyeuse, à la jupe ample, présente sa requête en faveur de MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne : cheveux blond vénitien, les yeux baignés
de larmes, le nez et la bouche petits et bien dessinés, les mains trop grandes. Une
de ses grandes manches à revers d’hermine cache opportunément sa taille et deux
points marquent les mamelons de ses seins arrondis : elle est enceinte. L’image a
été
retouchée : elle a été privée de sa couronne, correction spontanée par le peintre
ou
sur demande ? nul doute en raison de ses méfaits.
Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
dernier roi à régner en souverain absolu, avant que la noblesse ne capte le pouvoir,
est
assassiné le 20 ou 28 septembre 584 près de sa villa de Chelles, après une partie
de
chasse à la tombée de la nuit. Les sources ne concordent pas. Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge ne donne pas le mobile. La
Chronique de FrédégaireInformations à venir désigne BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
comme commanditaire. Le Liber Historiae
Francorum plus tardif accuse FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, qui
aurait trompé ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
avec le maire du
palais LandryLandry ( — ), mais un LandéricLandry ( — ) n’est maire du palais qu’en 603. L’attribution
à Gontran, partisan d’une politique d’équilibre, ne tient pas mieux. Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français désigne FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. Le cadre est
surmonté d’un fronton orné de deux larmes et d’un cercle bleu, qui soutient la
cordelière. Elle descend et s’enroule à gauche et jusqu’au sol de la chambre, le long
de la première superposition de colonnes. Elle est séparée de la seconde par un
espace coloré du même gris que le ciel et les rideaux du lit royal. Sur les tores
entre les deux, un putti est assis de face, tête tournée pour ne pas voir ce qui se
passe dans l’intimité de la chambre. La colonnde de droite repose sur une base
carrée, fragile équilibre et le bas du cadre n’est orné que de feuilles
d’acanthe. L’image est construite autour d’une diagonale : de la chambre au
petit matin à la forêt et de l’autre le retour à la tombée de la nuit sur le seuil,
de
la villa. Sous un ciel sans nuages, la villa de Chelles
occupe une place considérable. Elle est protégée par un mur d’enceinte : avec au
premier plan une courtine crénelée et avec canonnière et une porte commandée par une
tour. Cet appareil défensif se retrouve à l’intérieur en particulier pour la porte
principale du palais. Le tout renvoie au long développement du texte (v. 3742-3762)
montrant Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
après la naissance de son fils ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
soudain envahi de crainte, redoutant la vengeance de son
frère et de son neveu, au point de ne loger que dans des tentes en plein champ au
milieu de son armée. Il décide de s’installer à Chelles pour chasser (v. 3763-3765).
Les multiples fenêtres, le dôme doré, les lanternes sommitales, l’encadrement de la
porte d’entrée soulignent la richesse du lieu de plaisance. Tout indique le calme
et
le confort de la résidence, préoccupation récente inspirée des cours italiennes,
comme le décor renaissant des façades de la chambre et à l’intérieur du palais sur
les murs de l’entrée. La chambre dite seconde – celle de la reine avec un lit à une
place - (v. 3782) est luxueuse avec un chambranle de porte orné d’une cordelière et
de vases, une tenture rouge avec décor en roue de paon récent. Le peintre utilise
l’azur fleurdelisé, pour la courtepointe du lit, la tunique du roi, le drap d’honneur
sur la chaise de la reine.De manière
révélatrice, un motif déjà rencontré en bas des cadres en mauvaise part est ici
déplacé dans l’image et démultiplié : quatre têtes soufflant dans des trompes et une
dans deux branches. Scène I, ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
découvre l’adultère de la reine, en partant à la chasse au
petit matin (3776-3778). FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
nue dans son lit, une couronne sur sa coiffe blanche dort
sur le côté droit, dos au roi.ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, cor de chasse à la ceinture,
de trois quart dos et visage de profil, position péjorative, la frappe au-dessus du
coude avec un bâton là où le texte indique un petit coup sur le dos avec une houssine
baguette de houx flexible, une vergette petite baguette. (v. 3786-3788). Le texte
évoque sa réaction, ce que l’image ne montre pas : « laisse landryLandry ( — ) qui te donne dit-elle, la hardiesse telle »
(3790-3791), pas plus qu’elle ne suggère la relation adultère et le contexte :
ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, dont la lubricité est
connue (fol. 80 verso) a testé l’honneur de la femme du maire du palais, ce qu’il
lui
rend en devenant l’amant de la reine (3799-3801). Le roi sur l’instant ne dit rien,
il entre en frénésie, prit d’une grosse lourde et forte jalousie (3792-3797). Sa
position déséquilibrée en suggère la cause et l’effet : tête de profil, corps de
trois quarts dos et jambes vers la droite pour « passer tel ennuy » en allant
chasser.Scène II, à la lisière de la forêt, suivi
par un autre cavalier, le roi cheval blanc harnaché de rouge et sonnant du cor force
un cerf avec un lévrier blanc symbole de fidélité au collier précieux et deux chiens
courants. Le texte décrit longuement ce qui se passe au palais dans
l’intervalle. Sachant que le roi a peu de compagnie pour le défendre, FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
mande LandryLandry ( — ) (3804-3806). En pleurs elle lui annonce qu’il va mourir
(3810-3813) en donne la raison (3820-3822), le laissant terrorisé (3825-3836).
Criminelle expérimentée (3338-3339), la reine lui conseille de payer des sicaires
capables de se taire (3840-3845) pour éliminer le roi et profiter du royaume (3855-3856)
grâce à leur fils, donc un bâtard. L’image résume en retenant sa responsabilité
exclusive. Une fenêtre de la villa, laisse voir la reine
dans un retrait. Son visage tourné vers la scène I souligne le lien de causalité avec
l’attentat. Le peintre joue sur le contraste entre les marques d’honneur, la
couronne, l’assise couverte d’un drap d’honneur, les pieds sur un coussin et le geste
par lequel elle commandite le régicide, qu’il souligne par la fourrure tachetée très
péjorative de ses manches.Scène III. Le roi est
attaqué à son retour, le soir même, par trois hommes à l’épée : le premier vise
l’aisselle gauche, au côté les tripes sortent, un autre perce la gorge, le troisième
s’apprête à donner un coup de taille (3869-3873).Les chiens sont en train de franchir le seuil,
pour montrer la rapidité de l’attaque à l’arrivée du roi. L’auteur décrit
ensuite circonstances aggravantes le sang froid des criminels. Les tueurs en courant
crient que le roi est mort et cherchent avec la cour les assassins. FrédegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
mène grand deuil, « en sorte escervelee
elle criant gémissant souspirant tordant les braz et ses cheveulx tirant » (3887-3889)
en son cœur elle rit. LandryLandry ( — ) feint l’ignorant,
affiche sa tristesse. La fin de Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, « vil et horrible homicide » (3899)
correspond à sa vie (3915), exemple à méditer (3920). Suivent deux paragraphes sur
les
vices et cruautés de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, comparé à
NéronNéron (13/12/37 — 07/06/68) Cinquième empereur romain de 54 à 68. L’image contribue à faire de l’esclave
ambitieuse et sanguinaire, par rejet social, un contre-modèle idéal, sans contester
sa
légitimité. Le programme lui donne le premier rôle alors qu’elle vit et règne moins
longtemps que sa rivale BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, qui
pratique comme elle la grande trahison et à défaut de l’adultère, l’inceste.
Le cadre est surmonté d’un double décor de
pierre s’enroulant en volute (volumen), et symbolique, entre les deux un petit
diable, et dessous trois incrustations bleues et or. La cordelière pend plus à gauche
et la colonne à décor végétal est plus épaisse attestant de l’absence de contestation
du pouvoir. La régente, sans statut légal, est reconnue par les grands ce qui assure
la continuité dynastique et renforce leur poids. En bas le visage de face se tourne
vers la gauche, deux acanthes sortent de sa bouche, prudence du peintre.
L’image illustre deux scènes : la fustigation sur ordre de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
d’un envoyé de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
chargé de l’assassiner et à son retour,
le supplice ordonné par la seconde. Elle se lit de haut en bas, la composition place
sur
l’axe central BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
à son balcon. Elle
instaure une unité de lieu factice, puisque BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
est aux abords de Paris et FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
près de Rouen en Normandie. La
villa royale de Vaudreuil, est représentée ici dans un paysage paisible. A
l’intérieur de la clôture, des bâtiments, au goût du jour sont groupés. L’ensemble
comprend une tour carrée, un édifice central, avec terrasse, encadré de deux tours
rondes et deux entrées. La première sous un toit d’ardoise se devine avec une colonne
lisse au rez-de-chaussée. La seconde est sous un toit en bois. Par un portail encadré
de deux colonnes torsadées sous un arc décoré d’un groupe pyramidé végétal, elle
permet d’accéder à une cour intérieure pavée puis avec trois marches à une galerie
couverte soutenue par une colonne torsadée. Le tout est à l’image de la personnalité
tortueuse de l’occupante.Les deux
reines ont le même costume, soit un statut identique. La première, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, n’apparaît que trois fois dans le
manuscrit, ici elle est brune contre six pour la blonde FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. Le peintre les distingue sans
ambiguïté par leur manière d’exercer une composante de leur pouvoir : rendre la
justice. En haut BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
hors de proportion avec l’édifice, est sortie sur sa
terrasse, ornée d’un drap d’or, rose et motifs circulaires dorés, soit le rappel
indirect de sa culture et direct de sa politique de retour de l’Etat au sens
romain.Elle ordonne, à distance, le supplice
d’HauldryHauldry ( — ) à l’intention d’un groupe d’au
moins six hommes : le premier tout en rose montre la reine, ce qui vaut acceptation
de la décision, le second en longue robe bleue tourne le regard vers le
précédent.HauldryHauldry ( — ) présenté par Guillaume
CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français comme un sicaire (en fait un clerc), dénudé jusqu’à la taille,
les bras croisés sur la poitrine pour se protéger, a déjà des marques et des traces
de sang sur sa chemise rabattue.Les
deux exécuteurs, des agents subalternes du pouvoir (costume) sont dépréciés : le
bourreau de profil frappe de haut, son acolyte cingle le dos du supplicié. Le
contexte du deuxième supplice diffère par l’absence de public.FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
est
installée au premier plan dans la cour, sur un trône représenté de trois quarts
devant une tenture bleue et or qui fait office de tapis mais à même le sol. Le meuble
luxueux à très haut dossier, porte un grand décor végétal et des lettres capitales
sur le haut du dossier et l’accoudoir. La reine pour donner l’ordre de l’exécution
ne
s’appuie pas sur le dossier. Sa longue robe grise épouse ses deux jambes (un peu)
écartées convention ancienne, pour distinguer un mauvais gouvernant. Le peintre non
sans humour lui fait poser la main gauche sur l’accoudoir cachant les yeux de
l’animal du trône, le second étant derrière sa manche. Elle regarde la main sur le
billot, une manière pour le peintre d’indiquer sa volonté de vengeance. Bourreaux
et
condamné sont tous tournés vers elle.HauldryHauldry ( — ) rhabillé (en bleu et rose pour dire son
loyalisme) a un pied posé sur le tapis, rappel du lien avec la commanditaire de la
tentative d’homicide. Un officier, le plus âgé, le
présente avec tristesse et son second, plus jeune l’immobilise en le tenant par
les épaules (le rebras cranté de son chapeau est péjoratif). Un genou à
terre jambe contre le billot en bois, le supplicié vient d’avoir la main droite
tranchée (celle de la trahison, de l’homicide raté) le sang gicle du
moignon.Sur le dos de la main gauche à plat sur le
billot le bourreau a posé la lame d’un couteau et s’apprête avec une massette à
frapper. Le supplice cruel, inhumain, dégradant et injuste est dénoncé par le choix
inadéquat de l’instrument de justice, en raison de la référence biblique du texte
(déjà la cognée est mise à la racine de l’arbre), qui évoque la justice terrible de
Dieu. Entre autres pour la même raison, n’est pas montré après l’émanotation,
l’amputation des deux pieds.Deux dames de
compagnie, des aristocrates, sont debout à côté de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
une en bleu en partie cachée souriante, l’autre en rose,
qui a soulevé sa robe pour venir assister au spectacle et approuve de la main gauche,
à tort. Elle valide ainsi la tentative de la reine de s’exonérer de sa responsabilité
dans la tentative d’homicide contre BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
.
Le cadre présente des variantes
significatives. Au sommet un vase cassolette avec flamme ne brûle pas la cordelière
qu’il soutient et ne descend pas à gauche le long des deux superpositions de
colonnes, entre lesquelles se trouve un panneau d’un bleu saturé, rappel de
l’appartenance de la Bourgogne au royaume. Le tout s’oppose à la superposition de
pilastres et en bas, au centre, au visage d’un petit diable qui souffle dans deux
branches d’acanthe, le menton et le cou gonflés. Le peintre renvoie peut-être à
l’enflure des discours des ambassadeurs et de leur maître L’épisode pose la
question du droit sacré des légations. L’image se lit de bas en haut, de gauche à
droite
et la composition utilise le nombre d’or. La scène fait une synthèse des suites de
l’audience des ambassadeurs de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français. Deux
moments sont représentés : le supplice et l’envoi en prison. Elle intervient à l’intérieur d’une grandiose salle du trône, unité de lieu. La
moitié de l’image est occupée par le sol carrelé dont PichoreInformations à venir fait un usage constant. L’autre moitié laisse deviner sa
hauteur avec un décor renaissant très présent sur les murs et autour des fenêtres
du
fond. Il s’articule mal avec le mur de droite plus clair. Le chambranle de la porte
en bois sculpté reprend le décor sommital du cadre.La salle est occupée à gauche par un dais au pan gris brodé d’or et au plafond bleu
foncé. Un rideau azur fleurdelisé descend jusqu’au sol. La Bourgogne est partie
intégrante du royaume franc, rappel a contrario des revendications de Maximilien Ier de
HabsbourgInformations à venir puis ensuite de Charles
QuintInformations à venir.La salle est traversée par un
portique : une poutre soutenue par trois colonnes de marbre, leurs bases sont
disposées en triangle pour les besoins du supplice, une maladresse.Au premier plan en perspective de trois quarts (la plus
simple) sur un coffre de bois aux panneaux sculptés de décor végétal, ont été jeté
les vêtements des envoyés. La dénudation est dégradante, une injure.Au deuxième plan, les trois hommes sont attachés à la colonne
grise centrale, bras dans le dos, en petit drap, sourcils levés, terrifiés, avec déjà
des marques (haut du bras, bras et poitrine). Deux sont visage de profil, le corps
de
trois quarts dos. Le seul visible en entier est le chef de la légation : le visage
vers son bourreau, le corps de face plutôt bien observé jusqu’au veine saillante sur
le bras gauche et la jambe droite tournée pour tenter d’esquiver le coup et un raté
au niveau de la taille, une tache blanche.Leurs bourreaux les entourent. Le
premier de profil, visage en partie caché par son bras levé pour donner un coup de
haut est en plein élan. Il a adapté sa tenue en remontant chemise et tunique
accrochées à la ceinture. Le poing fermé pour éviter le ballant, il frappe la
première victime. Le second bourreau, en grande partie caché par la colonne, sourcil
froncé pour traduire son effort, lui donne un coup de taille. Le troisième bourreau,
devant la colonne bleue, de trois quarts face, s’apprête à cingler à revers du bras
droit et tient de la main gauche d’autres verges, jambes écartées, pieds au sol, il
enchaîne les coups en rythme, bouche ouverte sous l’effort. La disposition des verges
renvoie pour deux d’entre elles à l’ordonnateur.Le peintre fait le lien entre la
fustigation et la scène suivante de deux manières, par la main droite de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne qui ordonne le supplice et par le visage
d’un courtisan qui par-dessus l’épaule d’un autre regarde l’exécution. Le poing
gauche du roi est dirigé vers la droite, la prison.GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne est assis, haut du corps et
visage sur un trône en bois aux formes géométriques qui ne peuvent se confondre avec
le trône de DagobertInformations à venir (ou ses variantes)
inspiré de la chaise curule. Le souverain n’a pas de couronne, mais une toque rouge
à
grand rebras d’hermine, comme sa collerette et ses revers de manches sur une robe
de
drap d’or rose. Le peintre insiste sur la blancheur de sa chevelure et de sa barbe,
la colère qui lui monte aux joues, son nez massif et sa bouche dure : un vieillard
mais vigoureux et implacable.Au premier rang d’un
groupe de cinq courtisans, lui servant d’étiquette, le plus éminent (le maire du
palais, le Grand Maître de la cour ?) regarde avec tristesse la mise en prison des
envoyés, il marque sans ambiguïté sa désapprobation bras croisés.A droite deux gardes- le premier en tunique rose, chausses
blanches, ce qui reprend les codes couleur de son maître- poussent les trois ambassadeurs rhabillés et couverts vers
l’obscure basse fosse. Le costume souligne leur dignité : robe longue bleue ou grise,
col d’hermine toque à rebras. Ils sont de trois quarts dos les mains liées dans le
dos, décalées pour mieux donner à voir leur position peu naturelle - pronation et
un
croisement - associée à leur impuissance. Par la façon dont la légation a été
traitée, GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne en 585 ne reconnaît pas aux
émissaires de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français, leur statut
d’ambassadeur. Il les considère comme des traîtres et les fait immédiatement torturer.
L’image n’évoque en rien la teneur de leurs discours et leurs menaces, renvoyant ainsi
au problème de fond, l’illégitimité de leur mandataire, héritier secondaire considéré
comme un usurpateur.
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français, bâtard non reconnu du roi
Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
et donc demi-frère putatif de ses fils ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
, s’exile à Constantinople, où l’empereur le
soutient. Gontran BosonInformations à venir duc austrasien,
alors ambassadeur de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, roi de Burgundie,
sans héritier, le rappelle et le reconnaît. Il revient, mais le roi, s’étant rapproché
de son jeune neveu Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais (fils de
SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
et de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
), veut le chasser. Il se réfugie à
Saint-Bertrand-de-Comminges (Convenae) situé sur un éperon rocheux à 515m d’altitude
où
il finit, trahi par ses partisans. La ville est détruite, les habitants massacrés
et les
traîtres aussi. Grégoire de ToursAmbiguïtéInformations à venirInformations à venirInformations à venir,
contemporain des faits consacre à son destin tragique huit chapitres du Livre VII
en
s’autocensurant, FrédégaireInformations à venir élude.
L’enchaînement des événements est complexe. 1 - GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français à Bordeaux cherche des secours contre Gontran de BurgondieGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, il enlève les trésors de
RigontheRigonde (circa 569 — ) (?-?)
Fille de Chilpéric, quitte la ville et se réfugie 312
km plus loin à Saint-Bertrand-de-Comminges, sur le piémont pyrénéen, où il espère
l’arrivée de secours espagnols. Il fait venir les gens à l’entour, les dépouille de
leurs vivres puis les chasse. 2 – GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne lui
fait envoyer un faux, une lettre de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
,
lui demandant de congédier son armée et de rejoindre Bordeaux, une ruse pour savoir
ce
qu’il fait. Ses généraux le cherchent sur les rives de la Garonne, trouvent les trésors
et les chevaux qu’il a laissé en chemin, en deux étapes, apprenant où il s’est réfugié,
ils décident de le poursuivre. 3 - Arrivés à Saint-Bertrand-de-Comminges ils ravagent
le
plat pays et LeudegésileLendegesille ( — ) (v 4389) chef de
l’armée de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, prépare des machines de
siège puis envoie des messagers négocier secrètement dans la cité. Le duc et patrice
MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne (v. 4393) l’évêque SagittaireInformations à venir, ChariulfInformations à venir et Waddon en échange de leur vie
(v. 4392-4395 des lâches pour l’auteur qui ne mache pas ses mots) promettent de livrer
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français à condition qu’il ne soit pas tué
et entre en religion (v. 4398 l’auteur le dit livrer à la mort). Ils lui demandent
alors
de se rendre. Il sort pour négocier avec OllonInformations à venir
comte de Bourges et Gontran BosonInformations à venir.
MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne ferme les portes. GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français conduit vers l’escarpement est poussé par
OllonInformations à venir, qui tente de le percer d’un javelot, il
se relève tente de remonter alors Gontran
BosonInformations à venir le tue avec une pierre (v 4402). L’auteur ne cache pas ses
difficultés (v. 4385-4388, 4404-4409) : il manque de temps pour rendre compte des
différents épisodes et ne peut leur consacrer de longs développements et renvoie le
lecteur à sa source pour de plus amples informations. Le peintre confronté aux
incohérences et aux ellipses du récit donne des derniers mois de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français (584-585) une version vraisemblable et
politiquement correcte au début du XVIe siècle, c’est-à-dire tenant compte des visées
impériales sur la Bourgogne. Certains épisodes disparaissent ou sont présentés
autrement. Les tractations lors du siège, entre LeudegésileLendegesille ( — ) et MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne et les
partisans de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français ne sont pas figurées.
Or ils parviennent à le convaincre de sortir. Surtout, la suite embarrassante pour
GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne roi de Burgondie - le patrice
MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne qui referme le piège, puis la mise
à mort sordide de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français - n’est pas
décrite. Le cadre est surmonté d’un arc déprimé
orné de bleu sous une cordelière qui s’enroule autour des colonnes superposées à
gauche jusqu’aux murailles de la cité et à droite autour de la colonne plus large
superposée à un pilastre. Trois putti la soutiennent : le premier, de la main gauche
tombé à plat ventre sur le cadre (4370-4377, allusion peut-être au pauvre saut de
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français tombé dans le piège de la
fausse lettre), le second visible à mi-corps, de la droite. Le troisième debout sur
le tore du pilastre qui semble vouloir l’entraîner dans sa fuite. Le pilastre orné
d’un décor bleu à candélabre or, attire l’attention sur une courtine et les
assiégeants tout aux pieds des murailles. En bas du cadre un diable souffle dans deux
acanthes. L’image se lit de haut en bas, un tiers est consacré à ce qui précède
le siège, et deux tiers à la prise de la cité. Scène I,
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français en armure dorée et sur un
cheval blanc à la tête de sa cavalerie sort de Bordeaux (v. 4373-4379 l’auteur évoque
l’inverse), ville prestigieuse avec des tours rondes couronnés de dôme, des murailles
puissantes et de nombreux bâtiments à l’intérieur.Scène II À la traversée d’une épaisse forêt, un premier convoi avec trois
conducteurs en civil et deux ânes transportant les trésors de GondewaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français (v 4382-4384) dans des coffres
métalliques est attaqué par six combattants en armure et leur capitaine en bacinet
fermé. Une première victime est au sol, les deux autres sont frappées dans le
dos.Dans la plaine plus loin, un
second convoi avec une charrette, un âne bâté de ballots blancs et deux conducteurs
est attaqué par un homme de guerre, qui va être rejoint par les autres. Scène
III Saint-Bertrand-de-Comminges (v. 4360-4367) est investie. La ville est dominée par la cathédrale Notre-Dame avec ses contreforts et sa tour
clocher quadrangulaire, sur un toit en bois, à sa gauche peut-être le palais
épiscopal et un édifice, le tout fortifié évoquant peut-être l’enclos canonial.Bertrand de Got, évêque de la cité, futur Clément
VInformations à venir, premier pape d’Avignon, en a fait un lieu de pèlerinage réputé grâce à
la canonisation de Bertrand de
l’IsleInformations à venir, un de ses prédécesseurs du XIe siècle. Elle est aussi située sur
le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, d’où le nombre de maisons autour d’un vaste
espace central. Au premier plan, le décor renaissant de la
porte entre deux tours avec médaillons et la courtine en opus incertum dotée de
canonnières rappellent le passé romain de Convenae dont les murailles hautes datent
du Ve siècle. Elle a perdu la moitié de ses créneaux, évocation indirecte des
machines de guerre installées par LeudegisèleInformations à venir.Deux assaillants lancent
l’assaut à l’épée et à la lance.Un des nombreux
défenseurs oppose sur la partie endommagée une ultime résistance protégé par un
bouclier et armé d’une hache. Sur la tour qui commande la courtine, un autre avec
une
hallebarde est en appui.A droite, une vingtaine de
combattants au pied de la muraille sous un gonfanon gris attend, suggérant la durée
du siège et sa difficulté.Au premier rang des
défenseurs, sur les murs, un combattant qui a perdu son arme est percé d’une lance
alors qu’il se tourne pour combattre vers la gauche. La destruction partielle
de la courtine découvre largement ce qui intervient ensuite. Scène IV La prise de
la
ville. La cavalerie de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne envahit la cité.
Le roi se distingue par son équipement qui dit la
plénitude de son pouvoir : il est couronné, bacinet fermé, en armure dorée, une
courte cape bleue flottant sur les épaules et sur un cheval blanc harnaché de rose
et
rouge. Au premier plan il est à l’arrière de ses troupes par convention, pour montrer
au lecteur, qu’il en est le chef. Il charge épée au clair, alors que tous ses hommes
sont armés de lance sans avoir encore franchi le seuil. La mise en scène l’exclut
ainsi de ce qui se passe dans la cité.A
l’intérieur, les assaillants sous un gonfanon vermeil sont au cœur de la
cité.Le peintre met l’accent sur deux figures
monumentales, seuls visages découverts. Elles ont engagé un âpre corps à corps.
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français, en armure dorée, comparable
par sa qualité à celle de son demi-frère, visière relevée en forme d’aile, cherche
à
se réfugier dans l’église. Il se bat à l’épée, mais sans gantelet à la différence
de
Gontran Boson, en harnois complet, cotte bleue et jupe rose sur sa braconnière. Le
premier ne s’est pas rendu, n’est pas prisonnier, ce qui autorise selon le droit des
armes le général du roi burgonde à le percer d’un coup mortel à l’épée se dirigeant
à
travers les parties molles vers le cœur. Il n’y a pas fratricide, ni
assassinat, ce qui est conforme à la version de l’auteur. Cependant le lieu, où le
meurtre du prisonnier est intervenu, sur les pentes escarpées en dehors des murs est
bien figurée en bas à droite au premier plan au niveau de la plaque bleue. Est ainsi
laissée la possibilité de retrouver le sordide déroulement du crime. Le massacre des
habitants et la destruction de la ville ne sont pas suggérés, ce qui confirme avec
dernier assassinat du volume des enjeux politiques très actuels.
Le cadre. L’importance du végétal l’emporte
en lien avec la scène principale. Au sommet subsistent du répertoire renaissant deux
vases autour de l’arc déprimé et en soutien de la cordelière. Les montants du
portique opposent : une superposition tête bêche de deux bourgeons ouverts sur un
fut
terra cotta contre à droite un tronc ébranché (les douze branches se retrouvent dans
l’image) et écorcé. Sur le bas deux des quatre hybrides pattes de lion-feuilles
tournés en sens opposé sont unis par un bandeau comme ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
sait ensuite réunir le royaume des Francs.Sous un ciel clair où stratus, alto stratus glissent vers la
gauche, le paysage comprend à l’horizon une ligne de collines avec forteresses, puis
trois autres dont une abrupte porte les murs de Droizy entre deux fleuves (le Lavoir
et la Crise). Le camp de Childebert
IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais est installé dans une grande plaine limité par deux buttes qui occupe
les deux tiers de l’image.Au centre FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
attire le regard, elle joue un rôle
décisif souligné par le texte. Elle est derrière le camp de toiles, la scène
intervient après le premier affrontement, au point du jour. Elle est couronnée, vêtue
d’une longue robe bleue. Les larges revers anthracites de ces manches rappellent son
statut de veuve, ils sont l’indice d’une réticence, au début du XVIe siècle, sa place
n’est pas sur le champ de bataille. Assise en amazone sur un cheval blanc, harnaché
de noir et d’argent,elle tient dans ses bras son
fils représenté en petit enfant conformément au texte, en fait il a dix ans. Il est
déjà couronné et porte une robe grise et une ceinture dorée… en tenant son biberon.
Il touche de manière symbolique la main droite la tente royale de Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais, qui va lui revenir en quelque
sorte, tout en regardant sa mère, à qui il doit la victoire.Régente du royaume de
Neustrie après la justice, elle exerce une autre prérogative du pouvoir souverain :
elle dirige l’armée, LandryLandry ( — ), dont elle a fait son capitaine est derrière elle, en armure
dorée, épée au clair sur l’épaule. Il a comme second un cavalier équipé
d’une targe. Composée de nobles, cette cavalerie lourde innombrable marche (de nuit)
sous un gonfanon gris et or près de la reine - une des deux flammes descend vers
LandryLandry ( — ) - et une bannière carrée, rouge
vermillon brodée de motifs et de filets or comme pour les unités tactiques romaines.
FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
au premier rang agit comme
un commandant romain et utilise la ruse face à un ennemi redoutable. Ses ordres ont
été respectés. Les cavaliers n’ont pas démonté, ils ont gardé leur armure et sont
lances au poing. La reine a fait mettre au col des chevaux y compris le sien - une
cloche, pratique utilisée quand ils pâturent également par l’ennemi, le bruit
n’éveille donc pas l’attention. Pour la même raison les chevaux vont au pas Surtout
une douzaine de cavaliers a sur l’épaule une branche bien verte, comme camouflage.
Cette véritable forêt qui marche fait la célébrité de l’épisode et inspire à
ShakespeareInformations à venir le dernier acte de
Macbeth. L’attaque surprend à heure non suspecte, c’est-à-dire au point du
jour, le camp de Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais.Les assaillants circulent déjà entre les tentes. Trois
seulement en évoquent la richesse. Une grise et or, puis une blanche très haute et
une somptueuse tente royale rose au décor de perles dorées. Le pan du toit est orné
de lettres, de volutes et de franges et elle est doublée d’azur semé d’annelets
d’or.Elle s’ouvre sur un lit dont le luxe contraste
avec le désarroi de ChildebertChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais et de sa
compagne coiffés d’un bonnet de nuit, nus, qui cherchent du regard à comment
s’échapper. La femme, dont rien ne permet de dire qu’il s’agit de l’épouse du roi
(FaileubaInformations à venir) est couverte du sang de ses
blessures.Le peintre donne à son agresseur une
armure à la romaine, un capitaine de gens de pied compte tenu de la qualité des
prisonniers et de l’enjeu (le texte insiste sur le butin),un autre s’en prend devant la tente à un serviteur.A l’extérieur les assaillants se distinguent en fonction de
leur équipement : un en armure complète jusqu’aux solerets, un autre avec protection
de bras, de jambes, gambison , toiles et un grand bouclier rond bleu, qui s’apprête
à
frapper un homme déjà blessé en train de fuir au premier plan n’ayant qu’un casque,
le troisième agenouillé sur un combattant qui a tenté de se relever, traverse la
gorge du prisonnier. Les deux sont de profil, la cruauté des gens de pied de petit
état est un topoï. L’opération, qui occupe le tiers inférieur de l’image, a fait de
nombreuses victimes. Une douzaine de lances et l’intérieur d’un bouclier bleu
indiquent une vaine résistance. Sentinelles gardant le camp, soldats désarmés, sont
tombés à plat ventre convention pour indiquer une mort violente que le peintre
renouvelle par un double silhouetté au premier plan et des morceaux de cadavres
têtes, pieds. L’usage du bleu et du rose, pour la tente royale, les hommes de
FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
comme ceux de Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais, répond à des considérations
esthétiques et traduit l’affreuse mêlée de la prise du camp. Le tout est une double
condamnation de la violence de la soldatesque et de la guerre civile.Intervient alors une troisième scène dans le registre
supérieur à droite, sous un gonfanon rouge portant entre autres une lettre or (R)
une
armée s’éloigne en s’engageant entre deux buttes. Ceux qui la dirigent sont à
l’arrière par convention, un roi couronné en armure dorée, sur un cheval blanc
harnaché de noir, à ses côtés un général braconnière bleue sur un cheval bai. Sans
doute, ChildebertChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais partant à la conquête
de la Bourgogne, non de la Lombardie, où d’après le texte, il n’envoie que ses
capitaines.
L’enlumineur retient deux moments, à l’intérieur d’Orléans assiégée par l’armée de
Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne défie en combat singulier LandryLandry ( — ) qui l’a provoqué pour éviter un bain de sang (I). Près d’Etampes,
Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
installe ses tentes. Puis
LandryLandry ( — ) et MérovéeInformations à venir attaquent l’armée de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, qui, malgré la mort de BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, a la victoire. MérovéeInformations à venir est capturé et LandryLandry ( — ) fuit, dans la déroute beaucoup de morts (II).Le cadre a comme les précédents une fonction
visuelle indexicale c’est-à-dire qu’il pose des limites à la surface enluminée et
renvoi à son contenu tout en étant révélateur du contexte. Monochrome il est surmonté
d’un arc déprimé sur lequel repose une cordelière, elle descend au niveau d’Orléans,
un putti ailé tente de grimper sur le cadre pour mieux la tirer du côté droit où se
trouvent deux colonnes jumelles (un tore, au niveau de MérovéeInformations à venir et LandryLandry ( — )). A gauche une seule colonne, paraît en
quelque sorte habitée le fut au niveau de la forêt porte un petit visage, près de
la
tour d’angle, un visage au gros nez et aux yeux tombants, et une petite figure de
diable avec des cornes reposant sur une tête de singe. Sur la partie inférieure de
la
colonne coule une masse grisâtre. En bas le motif des branches d’acanthe est inversé,
la tête est dessous. Il s’agit là d’une dénonciation vigoureuse de la guerre civile
fratricide, un monde à l’envers, toutefois la préférence du peintre va à Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
roi de Neustrie (Paris). L’image se
lit de haut en bas.Sous un ciel où glissent
quelques stratus bleu foncé, la rive sud de la Loire comprend une série de collines
au sommet occupé par des forteresses ou des places fortes, derrière deux autres plus
loin bleuissent et les deux dernières à l’horizon sont un ton plus clair. Le cours
sinueux du fleuve traverse l’image et deux navires se dirigent vers la droite
(aval).Orléans sur la rive nord est vue ici en
perspective en angle, les murailles sont commandées de deux à trois étages par dix
tours, une carrée les autres rondes. Le peintre décrit pour les courtines, crénelées
et avec machicoulis, le parfait alignement des canonnières au même niveau, soit une
circulation interne facilitant le déplacement des combattants. Le tout rend compte
du
choix de BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne de se réfugier dans la
place bien défendue (4790-4791) et lui vaut d’être accusé de lâcheté et raillé par
LandryLandry ( — ) (vers 4792 à 4794). Le chemin de
ronde en haut des murs est occupé par des soldats en armure, certains à visage
découvert, tenant des boucliers ovoïdes, guisarmes et hallebardes, armes d’hast au
poing. A l’intérieur, l’église Notre-Dame (devenu cathédrale Saint-Etienne puis
Sainte-Croix) dont la titulature et l’emplacement exacts ne sont plus connus,
apparaît entre les dômes de deux tours, celle de droite est surmonté d’un gonfanon
rouge pour indiquer sans doute le centre de commandement de la place, sa résidence.
Vient ensuite la porte de la ville encadrée de deux tours et défendue par une
plate-forme. Pour renforcer l’idée d’une place bien défendue, PichoreInformations à venir ajoute un talus au bas des murs.BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, lieutenant
de Théodebert (Thierry II)Thierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
en Neustrie en
armure dorée et plus grand que les autres, occupe seul une courtine, main sur un
créneau,il répond de l’autre à LandryLandry ( — ). La proposition de duel à l’initiative
de BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, est révélatrice de la dégradation
de la discipline antique, un général est censé obéir aux ordres du palais, pas de
trouver un règlement à l’amiable avec l’ennemi. LandryLandry ( — ) assiège la ville en l’encerclant une dizaine d’hommes à pied sont
visibles de dos au revers d’une colline, tandis
qu’à gauche figure le camp de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
et
son armée tous sont à pied, recouverts de leur armure et lance ou arme d ’hast au
poing.Ils sont répartis entre de luxueuses tentes
de guerre et de parade : une grande (tref) gris clair au pan brodé d’or, dont les
tentures tendues laissent deviner l’armature de bois, les cordages ne sont pas
visibles et un pavillon rose-rouge avec boule faîtière, toit orné de rais torses et
pan brodé d’or, pour ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, MérovéeInformations à venir et LandryLandry ( — ).Ce dernier
est représenté en marche sous les murs d’Orléans, en armure dorée sur laquelle il
a
revêtu une cotte bleue, main gauche sur le pommeau de son épée et la droite paume
dirigée vers BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne doigts écartés,
traduit le vers 4794 l’un moque l’autre raille.Derrière le plateau une tente rose a un décor identique, les tentures sont ornées
d’un semé d’annelets d’or mélioratifs. Elle ne correspond pas au siège
d’Orléans.ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
s’est porté vers Étampes à 62 km au nord Est d’Orléans (vers
4821-4822) et s’est installé près de la Juine sur des coteaux étagés de 66 à 156 m
d’altitude. La ville royale est dans une vallée. À l’intérieur de l’enceinte les
maisons se serrent autour de l’église fortifiée la collégiale Notre Dame du fort
d’Étampes à proximité du Château d’Étampes non représenté, dont elle était l’église
en contre bas) avec une terrasse évoquée sommairement par un mur sur le toit
au-dessus des tuiles.Sur le plateau, les deux
armées s’affrontent : celle de Théodebert (Thierry
II)Thierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
sous un gonfanon bleu et or, et celle de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, en fait de son fils MérovéeInformations à venir et LandryLandry ( — ), sous un rouge aux lettres d’or. La
première phase de la bataille n’est pas illustrée, lorsque l’armée Burgonde de Théodebert (Thierry II)Thierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, franchi la rivière Louette
affluent de la Chalouette aux gués d’Étampes LandryLandry ( — ) fait le choix de l’attaquer à ce moment-là pour profiter de son
fractionnement, il a l’avantage. Le peintre a essayé de rendre compte de la complexité
des opérations qui interviennent ensuite, de la durée de l’affrontement et du grand
nombre de combattants. Ici dans l’armée burgonde trois mouvements sont représentés
simultanément sous le gonfanon bleu la charge de l’avant-garde – un tiers de l’armée
-à laquelle vient se joindre BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne (4852) (I), mais il n’est pas encore tué
(4875). Derrière deux vagues (4841) remontent en diagonale depuis la gauche
(II) alors qu’au premier rang intervient la charge royale avec trois chevaux en ligne
(4877-4878). Le roi charge droit devant lui au premier plan,
il a déjà combattu. Sa monture avec sur la tête trois plumes roses est blessée.
Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
se lance à la poursuite
(4885) (III) de l’armée de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
déjà
en train de fuir (4881).Un cavalier fait prisonnier
MérovéeInformations à venir (4882),la rapidité de la fuite est suggérée par la housse retroussée
sous l’effet de la vitesse du cheval de LandryLandry ( — ). Quelques éléments semblent signifiants, les deux armées
sont équipées de lances, dix combattants ont un statut particulier pour les Burgondes.
Cinq se battent à l’épée BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne (4854), trois
hommes et surtout le roi Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
. Ce
dernier en armure dorée, couronné, braconnière plissée et bouclier roses sur son cheval
blanc est au premier plan. Quatre cavaliers se distinguent
par leur taille BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, avec un bouclier
et une selle rouge (il aurait indiqué à LandryLandry ( — ) comme signe pour se reconnaître d’être tous deux vêtus de
vermeil, ce que le texte n’indique pas), un cavalier tenant un écu bleu, puis
derrière lui un autre au casque orné de quatre plumes noires et en jupe bleue. Le dernier portant un paludamentum rose et dont le cheval a
une housse bleue est le second de Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, le texte ne donne pas son nom. D’autres sont de moindre rang
comme son voisin plus petit qui est sur une monture à la housse grise, deux autres
tenant des boucliers gris. Près du roi certains chevaux n’ont plus leur cavalier.
La
hiérarchisation du commandement, l’échelonnement des corps de bataille dit l’ampleur
des
forces engagées. Dans l’armée de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, un cavalier dont le nom d’est pas donné
fait prisonnier MérovéeInformations à venir en
posant son gantelet sur son épaule. Le peintre rend hommage à sa valeur en le dotant
d’une housse bleue semé d’annelets blancs et ourlé de lettres et souligne par la
richesse du costume et de son équipement le prestige de MérovéeInformations à venir : de trois quarts dos,
couronné (alors que son père ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
est
encore vivant), en armure dorée ouvragée et pour sa monture une housse gris clair
ornée de motifs de perles.LandryLandry ( — ), maire du palais a droit à des plumes rouges
sur un tortil assorti, une jupe plissée bleue. Sa selle et la housse de son cheval
sont roses pour la seconde avec des annelets, soit la mise en œuvre des codes visuels
du pouvoir politique et militaire. Par convention les deux hommes sont à
l’arrière de leur armée. Au sol gisent les victimes
piétinées par les chevaux royaux. Cinq sont couchés sur le ventre pour dire leur mort
violente, deux sont sur le dos, dont un portant un armet doré et une cotte grise,
sous le cheval de LandryLandry ( — ) son compagnon
d’infortune qui tente de se relever n’a qu’un simple casque de métal gris. La
proximité des deux défunts souligne que la mort frappe tous les combattants. Les
corps n’ont pas toujours une position susceptible d’indiquer pour qui ils
combattaient au tout premier plan, une critique un guerrier au teint très coloré et
à
la barbe noire est sans doute du côté des Neustriens. Se retrouvent sur le sol les
tronçons de lances brisées (4884 rompus comme les hommes) et le motif des boucliers
tombés à l’envers. La distribution de la couleur bleu et rose dans les deux
camps rappelle que le combat s’inscrit dans une guerre civile meurtrière, qui n’a
que
trop duré. À la mort de MérovéeInformations à venir,
quand Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
a un fils, il l’appelle
MérovéeInformations à venir et choisit Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
comme parrain. Ce dernier fait de
Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
son fils spirituel.
D’après FrédégaireInformations à venir, après la victoire
d’Etampes, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
fait donner le poste de
maire du palais à ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais, partisan d’une
guerre fratricide avec l’Austrasie. BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
convainc Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
de déclarer la guerre.
Avec son armée, il parvient au palais de Quierzy, mais au moment où la bataille est
sur
le point d’être déclenchée, les grands de Burgondie demandent la paix. ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais s’y refuse alors ils le tuent et la paix est
scellée. Le cadre tranche avec le précédent par
le retour de quatre décors bleus et or aux motifs renaissants. Sur le haut un fronton
supporte la cordelière et deux putti ailés tournés vers la gauche la soutiennent :
un
à cheval essaie de la remonter tandis que l’autre à genou sur le cadre s’arc-boute
pour la ramener de son côté. Le portique comprend à gauche, près de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien une colonne superposée sur un
pilastre, à droite du côté de son frère Thierry II
(ThéodoricThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
pour Guillaume
CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français) deux colonnes superposées. Au centre, un visage souriant, tient
dans ses mains végétales deux acanthes qui s’épanouissent de part et d’autre. Le
peintre condamne la démarche belliqueuse de Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
(et de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
), le
refus de la paix par ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais mais aussi la
mise à mort de ce dernier par un des leudes qui contrevient aux ordres du
roi.La construction de l’image est symétrique,
cependant Quierzy est en grande partie du côté de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien dont l’armée est la plus proche de l’axe central. Le
ciel est dégagé, malgré deux nuages, un au-dessus de chaque belligérant. Un paysage
de
collines s’étend jusqu’à l’horizon. Le texte (vers 4997) indique que ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien est informé de l’attaque quand l’armée
de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
est déjà près de Metz, il n’y a
pas mention du lieu de la bataille.L’image montre à droite
l’Oise qui traverse Quierzy et suggère qu’elle est dans une vallée (toute une partie
des murs n’étant pas visible).Cité gallo-romaine, la villa royale (impériale sous les
Carolingiens) est aux confins du Soissonnais, du Noyonnais et du Laonnais. Le
prestige de la ville se marque par ses dômes et entre les tours centrales - une tour
double et une tour carrée avec une guette - le toit bleu du logis royal et son pignon
blanc.Un chemin conduit au camp de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien figuré par deux pavillons un bleu et
un gris.En vis-à-vis, celui de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
en comprend cinq alignés, au premier
rang blanc, gris le plus grand pour le roi, rouge pour ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais, puis rouge et bleu derrière, pour dire l’ampleur des
préparatifs. Au-dessus de chaque camp et des corps d’armée deux gonfanons
flottent en sens opposé.Du côté de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien le plus haut est rose et or - les
fanons se retournent symboliquement - le second vermeil et or,pour Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
un
gris imposant et un bleu. Les deux armées sont constituées et disposées de
façon identique. Le peintre suit la distinction entre gens de pied (vers 4944
coustiller), fantassins armés d’hast (coutille : couteau fixé dans une hampe ou
demi-lance) et gens d’arme, depuis le XVe siècle, cavaliers appartenant à certaines
compagnies d'ordonnance et remplace les archers par des canons.Au premier plan des pièces d’artillerie mobile,
attestent de l’importance primordiale au XVIe siècle de leur rôle dans toutes les
batailles.De chaque côté une dizaine
de lignes de gens de pied abaisse progressivement leur lance, ils sont cependant trop
près. Aucun n’a de gantelets. Tous sont en position de combat : pied droit en avant,
jambes souples, légèrement inclinés ils sont prêts au choc avec l’adversaire.
Le capitaine de chaque côté se repère par à son plus grand nombre de protection sans
toutefois les avoir toutes.Le capitaine de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien a des bottes pas des jambières et
des solerets,celui de Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
n’a pas de protections de bras et d’épaules. Une petite ambiguïté,
il est proche des deux pièces d’artillerie mobile, il peut s’agir d’un canonnier,
dont le statut diffère des fantassins et des cavaliers, ce sont des techniciens très
recherchés.Celui couvert d’un chapeau
vert, devant le roi occupe une grande surface, il est sans doute emblématique pour
le
peintre des bourgeois, chefs de milice communale Les autres ont un équipement
beaucoup plus hétéroclite que les Austrasiens, la plupart sont en souliers, deux
n’ont pas de casque et trois sont armés d’épieux. Deux sont de trois quart face et
quatre de profil. Les deux camps se jaugent du regard. Les bouches ouvertes,
les sourcils froncés ou levés rendent palpable la tension.Au
second rang les gens de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
semblent
s’étonner du mouvement chez leur adversaire, au troisième rang un blême regarde le
meurtre.Au premier rang de la cavalerie lourde
austrasienne, un groupe comprend le roi, sans couronne (elle a été effacée) sur son
bassinet et en armure dorée, sur un cheval blanc harnaché de noir et or. Il tourne
la
tête vers l’arrière comme pour s’en aller. Il n’est pas l’agresseur et ne tient pas
de lance et il en va de même pour son voisin, visière levée et en longue cotte
d’armes rose. En avant plan, un cavalier de trois quarts dos, lance droite fait
mouvement lui aussi.Par contre trois cavaliers
gardent l’alignement, indispensable à la charge.Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, couronné, en armure dorée
et lance droite au poing, occupe une plus grande surface. De profil comme sa monture
blanche (une maladresse au niveau du poitrail), il est hiératique, sans voir ce qui
se joue en un instant à sa droite.Un cavalier s’est
mis en travers devant ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais et le
transperce au niveau du menton - le cou est protégé - par une épée de forme effilée,
appelée bâtarde, qui sert pour l’estoc devant le harnois. ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais sans lance et visière de son bassinet
relevée, sourcils levés, crie. Son assassin, un grand avec une armure identique à
la
sienne, est comme son voisin coiffé d’un armet et visage découvert. Les deux hommes
tournent leur regard vers la droite, anticipant peut-être le châtiment à venir : ils
ont bravé l’interdiction du roi de s’en prendre à son gouverneur du district d’Outre
Jura, duc ou patrice, fonction publique. D’origine romaine, il a exercé d’abord des
fonctions palatines, sa nomination, une prérogative royale, marque une rupture avec
la tradition d’élire un membre de l’aristocratie de la région. Rappel du principe
étatique, qu’illustre la réponse de ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais
aux contestataires (vers 4970-4976), elle est légale mais mal acceptée par les grands
(vers 4956 barons et seigneurs) dont le roi se méfie, car ils cherchent à cumuler
les
pouvoirs dans les régions un peu éloignées où ils ont leurs propriétés foncières.
Le
gouverneur n’est pas l’amant de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
,
contrairement à ce qu’affirme l’auteur à la suite de FrédégaireInformations à venir que cette nomination irrite. Il n’est pas tué dans sa tente
en train de jouer aux échecs (vers 4990), mais dans l’exercice de ses
fonctions.
Le cadre est surmonté par un arc déprimé et
deux vases qui soutiennent une cordelière qui descend à gauche vers le cabinet de
Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien, le long d’une
superposition d’une colonne ronde et d’un pilastre à panneau gris à décor de
candélabre, sans doute une manière d’approuver sa décision de partager son trésor
avec son frère Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
pour sauver la
ville. La superposition de colonnes à droite oppose la victoire et ses suites. Le
bandeau bleu rappelle que les protagonistes sont deux rois du Regnum Francorum
symbolisé par une fleur de lis dans une acanthe. Sur un fond de paysage serein
et sous un ciel où s’amoncellent des nuages noirs, la composition s’organise autour
de
quatre scènes. L’auteur suit la version rapportée par l’Histoire des Francs que rédige
Aimoin de FleuryInformations à venir encouragé par
Abbon de FleuryInformations à venir. L’image se lit de
bas en haut. Scène I Théodebert II
d’AustrasieThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien mis en fuite par Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, que CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français appelle TheodorichThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, est assiégé dans Cologne (v, 5209) par
son frère, intervient alors sa « traytreuse et vilaine mort » (titre du paragraphe
fol.
111v.). Dans le camp de ce dernier entre trois riches
pavillons aux boules sommitales dorées et deux tentes, son armée attend en armes.
Au
premier rang, visage découvert, deux généraux équipés de grands boucliers ronds à
umbo l’un avec un pourpoint vert sur sa cuirasse et l’autre en cotte d’armes rose
regardent la tête de Théodebert
IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien.L’image donne une vue partielle de la
ville qui occupe deux tiers de la hauteur et trois quarts de la largeur. Capitale
de
la province romaine de la Germanie intérieure et un temps de tout l’Empire romain,
résidence de maires du palais, la ville est prestigieuse. Elle est dominée par la cathédrale siège archiépiscopal depuis 795, ici au second
plan.A côté se trouve le palais de l’empereur
construit vers 950, qui comprend le cabinet de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien et une tour à contrefort, avec dôme et
lanterne. Au troisième plan sans doute la tour
avec lanterne de l’Hôtel de ville. Toute la ville est pavée, des maisons
s’intercalent entre les édifices majeurs.Une
courtine au premier plan a perdu un étage pour découvrir le cabinet de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien, une salle dont les deux fenêtres
sont fermées de grilles solides. L’image n’évoque qu’indirectement la ruse
(v.5224-5225) des habitants de la ville : un des représentants des habitants, proposant
au roi de partager ses trésors avec son frère, (v. 5230-5234), ce qu’il accepte
(v.5238). Elle le montre en train de trier son trésor (v.
5241-5245) penché sur un coffre rempli de pièces d’or (v. 5246) pour un partage
équitable susceptible d’empêcher la prise par force de la ville. Le roi porte une
collerette d’hermine, sur une robe or fendue sur le côté découvrant une tunique
bleue. Une large ceinture blanche est nouée à sa taille, symbole de son impuissance
à
agir. Sur ces cheveux châtains, alors qu’il est l’aîné, il est coiffé d’un chapeau
à
grand rebras blanc, dont c’est la première figuration dans l’œuvre.Derrière lui, le représentant de la ville avec un paludamentum
rose, s’apprête à le décapiter avec un cimeterre arme orientale pour le déprécier
(v.
5249). Le traître, vêtu de gris et d’orange, est aussi un homme du roi : il a un
chapeau bleu. Scène II Le meurtrier court aux murs
encore le cimeterre à la main, en tenant par les cheveux la tête de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien pour la jeter à Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, remplissant le pacte conclu avec lui
(v.5250-5255).Près de la porte de Mars, le roi en
armure dorée couvert d’une cape grise doublée de blanc a les cheveux blancs,
peut-être pour rappeler qu’il meurt peu après, empoisonné par BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
. Sa main gauche est en pronation pour
indiquer sa tristesse, ce qui contredit le texte qui l’en dit exempt. L’image
n’évoque pas l’entrée triomphale de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
dans la ville (v. 5258-5259), ni le fait qu’il récupère les enfants de son frère
(v.5263-5265). Scène III En haut à droite devant Metz
sommairement représentée (v. 5266-5267), où les deux fils de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien sont amenés, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
dès leur arrivée se précipite pour les
tuer (v. 5268-5270). Au sol, le plus grand avec le même costume que son défunt père
Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien blessé au cou, au côté
et au ventre, a tenté de fuir son arrière-grand-mère. Elle frappe son petit frère
d’un coup de dague au ventre. Elle est vêtue d’une robe de soie rose à reflets dorés,
qu’elle porte encore dans la scène suivante.Scène
IV Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, en chausses orangées
péjoratives, rajeuni et sans couronne, une main sur le cœur, montre l’objet de son
désir (v. 5291-5295). À ses côtés, un courtisan,
bras croisés, ne se prononce pas sur la démarche. Devant lui, trois femmes :
une dame de haut rang, à l’expression sévère, s’interpose. En retrait, la nièce du roi qu’il veut épouser est vêtue d’une robe bleue de même
couleur que la tunique royale, pour souligner leur lien de parenté. La jeune fille
décrite comme belle et douce s’incline, une main en pronation, l’autre marquant son
rejet, une expression douloureuse sur le visage.Derrière, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, sans couronne, a tenté de s’opposer à la
volonté royale (v. 5296-5301). La réaction du roi est décrite comme brutale (v.
5302-5314). Il rappelle son rôle dans la guerre civile, ses crimes, l’injurie et tire
son épée ce que l’image ne montre pas (v. 5315-5319). Effrayée, elle s’apprête à fuir,
non pas sauvée par l’intervention de gens de biens et courageux (v. 5320-5321) comme
l’indique le texte. Elle a mis en avant le caractère illicite et immoral de l’union,
surtout elle craint que cette toute jeune future reine prenne auprès de son mari une
influence qui la prive de son pouvoir. Fratricide et incestueux, Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
montre qu’à l’apogée de la dynastie
mérovingienne le souverain a une conception absolue de son pouvoir, sans limite. Il
est
au-dessus des lois et des normes qui s’appliquent aux aristocrates. Les luttes pour
le
contrôle du Regnum Francorum dans un contexte accepté de violence généralisée entre
les
prétendants, sont un moyen de rappeler aux aristocrates que le regnum à vocation à
englober les tria regna secondaires (Austrasie, Neustrie, Bourgogone) en vain.
Le décor renaissance du cadre reprend la métaphore végétale. Une cordelière, longue tige, est soutenue par un putti ailé, peut-être allusion au labeur de l’écrivain, en bas une fleur de lys rappelle qu’il œuvre pour le roi. Près de Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français, la colonne est composée de boutons floraux tête bêche, qui laissent apparaître un marbre rouge précieux. Le peintre décrit le climat doux et humide, la douceur du paysage d’Île de France, l’importance de la capitale. Dans le lointain, sur des collines quatre forteresses se dessinent sous un ciel chargé de nuages noirs,leur ombre semble encore porter sur le toit d’un édifice avec renfort d’angle et cheminée, lieu de résidence du chanoine.Il est situé près d’un bois dans un faubourg à l’extérieur d’une impressionnante place forte à laquelle conduisent à travers la campagne deux chemins, encombrés de cailloux, qui se rejoignent devant une porte : chemin de longue étude semé d’embûches pour atteindre la grande et belle forteresse du savoir ?Paris se reconnaît à sa double enceinte de Charles VInformations à venir et de Philippe AugusteInformations à venir et à l’intérieur à la densité du bâti. En arrière-plan, domine la forteresse du Louvre, porte méridionale et tour du coin.A droite, au bout d’un chemin, Saint-Denis confirme l’orientation de la fenêtre du cabinet vers le nord.Le cabinet est dans une pièce au décor renaissant sur le mur avec un médaillon en forme de mandorle (sujet religieux) et un rond. La fenêtre éclaire l’auteur, les livres qu’il consulte et le pupitre où il écrit, sa main ne lui fait pas ainsi d’ombre.Dans la bibliothèque, le mobilier de bois domine : sous la fenêtre deux étagères en plan incliné avec rebord et en dessous un coffre à livres sur lequel est posé une étoffe bleu brodée d’un semé d’abeilles dorées.Ce meuble fermé est à la même hauteur que le bureau ouvert, isolé du sol, et sculpté, sur le côté, d’un artichaut. Deux livres sont couchés : la tranche gouttière est en avant et le dos de la reliure de l’un face au dos de l’autre, sans doute les derniers de leur pile, les autres sont au-dessus en cours d’utilisation ou prêts à l’être.Sur le dessus, couvert d’un tissu gris clair au motif doré, voisinent un pupitre de lecture et un pupitre d’écriture dont le bas reprend le motif du meuble.Derrière, une tenture bleue semée de coquille ornée de perles dorées est terminée par un retour arrondi frangée, sorte de dais. Un livre ouvert à la hauteur des yeux de l’écrivain est sur l’unique étagère, dispositif raisonné. Le lien étroit entre écriture et lecture est un topos des portraits d’auteurs. La collection de livres de Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français se définit non par le nombre mais par la disposition qui structure l’accumulation (C. Rabel). Les livres ne sont pas disposés au hasard. Leur répartition sur l’étagère, leur format et leur position évoquent un classement, une organisation. Treize livres ont une reliure rouge, sous la fenêtre huit. Sur l’étagère du haut deux groupes se dessinent : à gauche trois sont béchevetés un rouge posé sur un bleu vertical lui-même posé sur un rouge, à droite un vert vertical posé sur un rouge couché et à distance un volume plus épais à reliure gris clair. Les gouttières sont tournées vers la gauche pour le bleu, le vert et le gris. Les livres au-dessus des autres sont sans doute les derniers utilisés.L’étagère médiane comprend, posé sur un livre vert et un rouge, un volume étroit ouvert et à quelque distance un épais volume relié de rouge, gouttière vers la droite. Au dessous sur le tapis, un livre rouge à cabochons est posé sur la tranche de queue, à côté à plat et béchevetés un livre gris et un rouge avec tranche dorée et plat orné de filets et décor central dorés.Devant l’auteur, un volume relié de rouge est posé sur petit format gris les deux ont cinq cabochons dorés. Au total les 21 volumes se distinguent par la couleur de leur reliure, leur format et la façon dont ils sont rangés par auteur, catégorie (sources anciennes ouvrages récents) ou fréquence d’utilisation (au plus près de l’utilisateur). L’organisation rationnelle traduit aussi le soin de ne pas abîmer les livres, imprimés ou manuscrits. Le livre posé en évidence au premier plan fait question. Le gros volume est appuyé contre le bureau : dos de la reliure sur le sol, tranches de tête et de gouttière très blanches comme pour la plupart des livres. La reliure de cuir rouge sur des ais épais est pourvue d’un filet or et de cabochons, soit une reliure de type ancien dotée d’un fermoir noir modeste. S’agit-il d’un ouvrage référentiel dont la consultation est ponctuelle, d’un volume trop fort et encombrant pour être posée sur le bureau … ou du premier volume de la chronique française ? Pour ce qui relève de l’auteur au travail, son meuble de bureau somptueux, bien agencé, est assorti à une chaise à haut dossier dont l’auteur s’est extrait. Il tient à la main une plume aspre et tendue mais il n’y a pas d’encrier. Trois livres sont ouverts avec un format haut, étroit, dont un sur le pupitre de lecture, dont il maintient la page ornée de vignetures traditionnelles. Tous sont justifiés et réglés, sans iitiales calligraphiées. L’encre est noire. Aucun des livres ouverts n’est illustré. Sur l’écritoire un long feuillet avec titre de la page, emplacement vide pour une initiale et une rubrique calligraphiée, justification à droite et avant dernière ligne interrompue.Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français est debout alors que depuis les représentations des évangélistes ou de saint JérômeInformations à venir les auteurs sont le plus souvent figurés assis, notation intéressante rendue nécessaire par l’utilisation simultanée et qui se veut fidèle de plusieurs sources. PichoreInformations à venir donne ici un portrait de Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français plus flatteur que celui vigoureux de l’image de dédicace. Il est de trois quart face, en longue robe noire à manches larges ornée d’une fine ganse blanche. De la toque noire dépassent des cheveux gris. Le visage, menton volontaire, nez long, joue rosée, traits marqués, a une expression de fatigue et de sérénité. Les yeux ne sont plus bleus, les pupilles sont noires. Il est tout à son travail.
Surmonté de trois arcs surbaissés portant
une cordelière à nœuds, le haut du portique comporte une frise bleue et or au
répertoire renaissant affirmé. La colonne gauche souligne le passage de la bataille
au supplice, son dernier tiers comprend deux colonnettes devant un mur gris clair,
sorte de cénotaphe des deux enfants royaux. En bas, deux hybrides encadrent au centre
un diable - deux branches d’acanthe sortent de sa bouche une en direction du roi -
et
au-dessous un visage barbu, marquent la désapprobation de PichoreInformations à venir. Le ciel bleu qui s’éclaircit à
l’horizon occupe peu de place. La composition complexe dessine trois zones disposées
en
diagonales. Elle comprend deux scènes, puis une en bas. L’image en haut se lit de
droite
à gauche, en bas l’inverse. Elle évoque selon un parcours circulaire le siège de
l’église, puis la bataille avec les Bretons (d’où la cordelière) le procès, le supplice
et suggère le retour à l’église, sa reconstruction pour en expier l’horreur. Un axe
vertical établit un lien entre l’église incendiée et le supplice de la famille de
ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc. Le rebelle en est exclu, l’auteur
condamnant sa révolte. Le roi
Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
(511 à 561) est représenté trois fois,son fils deux fois.La composition met en valeur l’église de Tours. L’image est
censée représenter la première basilique décrite par Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge : à cinquante pas de la
ville, avec 160 pieds de long, 60 de large et une hauteur de 45, 52 fenêtres, dont
20
dans la nef. Ravagée en 558, elle est encore incendiée quatre fois et reconstruite
deux fois, en 1014 trois tours sont ajoutées. La tour du Trésor (50m de haut et carré
de 10m de côté), qui reçoit en 1175-1180 un placage gothique, comprend deux étages
dont les angles sont dotés de contreforts plats jusqu’au sommet au troisième. Elle
conserve cet aspect avec une horloge au début du XVIe siècle. Quant à la toiture,
où
des travaux ont eu lieu aux XIIIe et XIVe siècles, elle rappelle celle de Saint-Jean
d’Angely. Pour le lecteur la silhouette de l’édifice, avec ses fenêtres et la tour
sont identifiables. Le peintre n’a pas la possibilité de reconstituer le monument
mérovingien et la reconstruction de Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
.La
façade est pourvue de trois marches en pierre puis de trois en bois, allusion à la
basilique dédiée d’abord à saint PierrePierre, saint (Ier siècle avant J.C. — entre 64 et 68) Apôtre du Christ et premier pape de l'Église catholique
et saint PaulPaul, saint (5 — entre 64 et 67) Apôtre du Christ et missionnaire construite au-dessus des
boiseries du premier édifice en 437 par l’évêque BriceInformations à venir pour abriter le tombeau et la chape de saint MartinMartin de Tours, saint (316 — 08/11/397) Saint catholique et orthodoxe. À l’entrée deux colonnes
torsadées soutiennent un arc roman au-dessus un fronton et au sommet une croix. Des
flammes courent sur le toit, sortent des fenêtres, embrasent toute la porte et
l’intérieur.Le roi d’Aquitaine ConnebaultWiliachaire ( — ) Comte d'Orléans au VIe siècle (?-?)
, soutien de ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc défait par ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, s’est réfugié dans l’église, dont il refuse de sortir.
Terrifié il tente d’échapper en vain aux flammes.L’édifice est cerné par une armée de cavaliers sous un gonfanon de gueules à la
croix d’argent, à côté du roi, critique implicite un cavalier à visage découvert,
monté sur un cheval fauve harnaché de cuir non teint (péjoratif), est proche du
bâtiment, il n’est pas montré mettant le feu.ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
sur un
cheval blanc, porte sur son amure dorée le tabard azur semé de lis d’or des rois de
France. Il est couronné, sa responsabilité est dénoncée par sa position de profil
et
son bouclier rouge ovoïde.Sortant d’un bois une
autre partie de l’armée est composée de gens de pied de dos, deux avec des boucliers
ronds. Les pointes des lances des hommes qu’ils commandent devant l’église, suggèrent
une intervention dans les départs de feu.ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc s’étant réfugié ensuite auprès du comte de
Bretagne Conomer (Senabut dans le texte)Conomor (VIe siècle — 560) Personnage de l'histoire bretonne,
réunit une armée contre ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
. Le texte
décrit la bataille et les bannières levées. Deux sont représentées : pour ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
un gonfanon gris à la croix blanche,
pour les Bretons un rouge avec une figure non lisible. Les flammes soulignent le
mouvement des deux armées. Le lieu de l’affrontement n’est pas précisé par le texte.
Le champ de bataille, terrain plat permettant de charger, est séparé de la scène
tourangelle par une colline. Les chevaux ont un port de tête encolure arrondie
révélateur du même dressage.L’armée de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
se déploie devant une forêt, pour évoquer le chemin parcouru.
Au deuxième rang, les grands, loyaux, qui ont essayé avant la bataille de l’éviter,
ne chargent pas.Au premier rang, sur un cheval de
guerre blanc, le roi a lâché les rênes, il tient un bouclier bleu laissant la tête
de
sa monture à sa gauche, la lance est couchée sous l’aisselle droite. Le peintre fait
le choix de ne pas montrer ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
taillant à tout va avec son épée et découpant ses ennemis, l’accent est mis sur le
mouvement, l’intrépidité de la charge royale. Il est en armure dorée des solerets
à
l’armet, sur sa dossière une fleur de lys en relief. Le fait qu’elle ne gêne pas le
mouvement signe de qualité, est indiquée avec maladresse par des plis comme pour une
étoffe.Le vers 561 rappelle que des
deux côtés la bataille est meurtrière, pour l’illustrer, à côté du roi, un cheval
fauve a perdu son cavalier. Au sol gisent quatre corps au milieu de flaques de sang.
Un en bleu, évoque les pertes que le roi redoute et indirectement son imploration
à
Dieu pour lui donner une victoire sans trop sacrifier de vies. Il est tombé sous un
soldat du comte (ou roi) de Bretagne en cotte grise. Un autre breton en cotte rose,
blessé et la main sectionnée, a tenté de fuir. À peu de distance, un dernier visage
a
la bouche ouverte, dents visibles, ce qui est rare et renvoie aux vers évoquant la
dureté du combat par des comparaisons animales (ourse femelle redoutable quand elle
défend ses petits). Son poing fermé est le signe d’une grande hostilité, il est
blessé au niveau de la taille, c’est-à-dire des parties molles vulnérables.Pour l’armée vaincue, un moment précis est figuré : les deux
premiers rangs comprennent quatre combattants en train de fuir, ce que ne fait pas
le
gros de la troupe. Juste derrière le comte de Bretagne, monture fauve et armure
dorée, deux combattants chargent encore.ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc est reconnaissable à son cheval blanc, avec
harnais et selle roses. Le prince en armure gris foncé sans éperons, comme ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, est figuré de trois quarts dos, le
poing droit dirigé vers lui. La cordelière à nœuds établit un lien entre la révolte
du fils contre son père, le procès et le supplice inique.Pour la triade de gens de droit qui ont instruit le procès, le
peintre joue sur l’alternance rose-gris. Leur réaction à l’égard du supplice n’est
pas identique. Un, visage en partie caché, paraît horrifié. Le second, chapeau rouge,
regarde avec tristesse. Les bras croisés, main gauche index pointé vers le bas, il
récuse les modalités de l’exécution, décision du roi. Au premier rang, le troisième
est aligné sur ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
. Le peintre place
sa main droite au bout du sceptre tenu par le souverain : il en est
l’instrument.Le roi est éploré, yeux cernés, bouche
ouverte, une manière de rappeler sa contrition après la quadruple exécution. Il est
en robe héraldique avec grand col d’hermine. Le revers de sa manche a une polychromie
péjorative. Pour expliciter l’enjeu, son poing droit est en direction de son
fils. Le peintre décrit la famille du rebelle consommée avec lui, sans corriger
Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français, deux fils au lieu de filles,
ce qui change la portée politique du drame. Le visage de
ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc exprime une douleur physique et
morale. Le haut du corps à la morphologie vigoureuse est de face. Dans l’effort pour
se tourner vers les siens apparaît une chemise noire, détail bien observé. Malgré
deux chaînes noires, il a tenté de se lever du banc sur lequel il a été assis pour
être jugé.A la différence de son époux, sa jeune
femme, aux joues encore rondes, est en bleu couleur royale. Visage tourné vers le
ciel, elle hurle. Enveloppée par les flammes, elle se débat pour se tourner vers ses
enfants et illustre la force de l’amour maternel. Le dossier du banc dont elle a
tenté de s’arracher est surmonté d’une barre.Dévoré
par les mêmes flammes, l’aîné de ses enfants, yeux roulés, s’époumone, visage levé
vers elle. Il est derrière le banc, le cou sur la barre, à laquelle le lie une chaîne
qui enserre la poitrine puis la taille. La manière dont il est attaché souligne le
courage du petit fils de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
.Son jeune frère en a tout
autant. Lié à la barre le long de l’accoudoir, assis sur le banc, il a réussi à se
mettre debout en arrachant la barre. En se débattant la chaîne a glissé et l’étrangle
et il reste entravé par la taille. Son bras droit et une partie de sa robe, proie
des
flammes, le petit prince repousse le meuble. Aux horribles souffrances de l’enfant
brûlé vif, se mêle une peur panique. Il crie à pleins poumons et se tourne avec
désespoir vers sa mère qu’il voit brûler.Le bûcher
surbaissé est mal construit, de longues bûches de bois sont disposées autour du banc,
un fagot est posé contre la robe de la mère, des bûches sont aussi accumulées près
du
petit prince. ChrammeChramne (VIe siècle — 01/12/560) Rebel franc, les flammes dépassant
à peine son visage, va mourir le dernier en voyant le martyr des siens, placés
précisément sous la basilique Saint-Martin. La construction de l’image accorde
à cet atroce supplice ordonné par le père le premier plan et la plus grande surface.
Il
est pour le peintre l’essentiel, là où pour l’auteur le pillage des biens de l’Église
est la faute première de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, dont seule
la révolte de son héritier le détourne. L’artiste, père d’une famille nombreuse,
souligne le caractère effroyable d’une vengeance qu’il dénonce comme diabolique, ce
que
ne fait pas l’auteur.
L’auteur parmi les crimes du roi Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
ne retient que l’affaire évoquée par
Robert GaguinGaguin, Robert (1434 — 22/05/1501) Philosophe et historien français, dans son Compendium de
Francorum origine et gestis. L’animosité royale inexpliquée a provoqué un long exil
de
GauthierGautier d’Yvetot ( — ), bon et loyal serviteur. Sur
le conseil du pape, il tente de renouer avec le prince, en se présentant devant lui
dans
une église. Dans le BnF fr. 2818, fol. 7v le peintre suit le texte avec une composition
audacieuse et synthétique qui utilise le nombre d’or. Le fronton du portique qui sert de cadre soutient
une cordelière qui s’enroule à gauche autour des deux colonnes - derrière lesquels
apparaît un décor bleu à motifs renaissant, du côté de ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
- et à droite sur une face des pilastres
superposés. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
opte avec toute la famille royale pour la cordelière à grains
franciscaine adoptée par Anne de
BretagneInformations à venir, Claude de
FranceInformations à venir à laquelle Louise de
SavoieInformations à venir a fait ajouter les nœuds de la cordelière de Savoie. En bas, une
tête de face, sortent de sa bouche des feuilles d’acanthe peut-être une allusion aux
faux rapports des envieux qui suscitent la haine du roi (vers 691-694). L’image
présente une unité de lieu. La scène est située, ce que ne précise pas le texte, dans
l’église de Soissons capitale du royaume de Clotaire
Ier.Clotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
L’identification des personnages est
facilitée par leur situation dans l’image, leur position, leurs gestes, les costumes
et
le choix des couleurs, l’ensemble des corrélations s’accorde avec le jugement moral
et
politique porté par l’auteur. L’office du Vendredi Saint célébré, l’après-midi, permet
de dater l’événement précision rare (vers 788) Le quart supérieur met en scène RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde. D’après Venance FortunatInformations à venir, fille du roi de Thuringe et
prisonnière de Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
, elle devient son épouse en 535, puis décide à la suite de
l’assassinat de son frère par son mari, de s’enfuir et entre en religion. Ce n’est
pas
la version retenue par l’auteur (vers 672-674), mais celle choisie par le prince qui
l’aménage.L’espace sacré, un tabernacle, est délimité
devant une tenture rouge et or par quatre anges chacun sur une colonne, ils tiennent
les arma christi : la torche des gardes venus l’arrêter, la colonne de flagellation
et le roseau, de l’autre côté la couronne d’épines et l’éponge, en dernier la lance
dans la direction de RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde : elle
s’associe à ses souffrances. Sur l’autel un retable évoque le Christ en croix entre
MarieMarie Mère de Jésus-Christ et JeanInformations à venir. Le choix des couleurs est mélioratif : rideaux, vert semé d’or,
nappe d’autel blanche au bandeau rouge et or, dais et devant d’autel gris et or. Le
célébrant après avoir présenté à RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde
la croix pour faire mémoire de la Passion, la tourne vers la partie féminine des
fidèles.La reine sur une estrade devant une clôture
de bois aux panneaux décorés, donc encore en dehors de l’espace sacré, regarde le
cocélébrant qui tient une patène avec le pain consacré la veille. Sans couronne (elle
a renoncé à son statut), ni nimbe, en costume à la mode du temps, robe de brocart
d’or, voile noir, elle s’est prosternée pour rendre hommage à la croix, rappel de
sa
vénération pour un fragment de la Croix, qu’elle ne quitte pas. L’image établit un
lien – une diagonale les unit - entre la décision de RadegondeRadegonde (518 — 15/08/587) Reine des Francs (539-?)
Sainte catholique, religieuse à Poitiers que Cretin confond avec
Aregonde d’entrer en religion et l’homicide de GauthierGautier d’Yvetot ( — ), un martyr (vers 788).Dans l’église, les fidèles sont séparés : les femmes, à gauche
avec une stalle videet les hommes à droite, à genoux sur le sol,
sauf un assis bras croisés. Le texte ne précise pas s’il s’agit du chœur dont
les laïcs sont exclus ou de la nef. Depuis le Xe siècle toute église ayant un collège
de
prêtres a un chœur fermé par un jubé, entre l’autel et la nef, qui peut être courte,
pour les fidèles laïcs. Les huit chantres debout, au centre
devant un lutrin, chantent l’office. Ils sont séparés du roi et d’un groupe de
fidèles par un banc coffre sur lequel sont posés trois livres liturgiques.Dans la nef, les cinq gardes du roi sont armés de
hallebarde : trois à gauche, dont deux figures monumentales en pourpoint jaune et
chausses orange sont dépréciés. Un tourne le dos à la scène, un autre ne la voit pas,
le troisième, en chapeau rose (le chef de la garde) lance au poing n’a pas le temps
d’intervenir. Les fers des armes proches de la stalle laissée vide rappellent
peut-être que la reine a fui et que ClotaireClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
a tenté par la force de la récupérer.Au premier plan la quasi totalité de la hauteur de l’image est
occupé par un dais azur fleurdelisé dont le pan rouge et or comme la tenture derrière
l’autel souligne la sacralité de celui qu’il honore. Une différence de couleur et
de
taille des fleurs de lys suggère la présence d’un drap d’honneur sur le siège
royal.Le roi est vêtu d’un ample manteau, aussi
noir que sa colère (vers 794, fureur comme celle du guerrier dans le texte), doublé
d’hermine sur une robe de même couleur que celle de son épouse. Il porte sur sa toque
rose une petite couronne. L’enlumineur ne donne pas d’information sur la provenance
de l’arme, d’après le texte, enlevée à un garde (vers 795). Les sourcils froncés,
le
roi donne à GauthierGautier d’Yvetot ( — ) un coup mortel
de bas en haut à travers les parties molles atteignant à coup sûr le cœur, geste
technique, (vers 796-798) un flot de sang s’écoule.Les deux princes à droite, l’un tenant un livre ouvert, n’ont pas le temps de
réagir.GauthierGautier d’Yvetot ( — ) sidéré et effrayé les yeux tournés vers le ciel, en robe
courte du même gris que le devant d’autel et le dais qui le surmonte, a sur les
épaules une cape d’hermine, allusion au titre royal, que sa lignée reçoit en
réparation. Le roi ayant agi sous le coup de la colère, une contrition est
possible : à cas énorme, réponse exceptionnelle et légendaire la royauté d’Yvetot
datant
du XI siècle. Le rôle du pape AgapetAgapet Ier ( — ?) Pape de l’Église catholique romaine (535-536),
qui accorde à GauthierGautier d’Yvetot ( — ) soutien et
conseil, lui donne un bref pour le roi dont la lecture suscite sa colère (vers 791-794)
et envoie un rescrit après le meurtre (vers 827), n’est en rien évoqué. Faut-il faire
un
lien avec la neutralité relative de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
à l’égard de la réforme lors de la première
partie de son règne ? La puissance du roi de France vient de Dieu, aucune limite n’est
posée à l’exercice de son pouvoir. Agissant sans conseil ni contrôle et n’étant pas
maître de lui, il se comporte en tyran, une leçon. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
(dont les couleurs sont argent
tanné et sable en 1521), qui assiste à la messe tous les jours, est décrit comme
coléreux et supportant mal la contradiction. Il gouverne par conseil... en rappelant
qu’il n’en a pas statutairement l’obligation. Le discours moral des humanistes est
de
maîtriser sa colère, l’auteur les suit. Le peintre saisit avec lui à travers l’affaire
d’autres enjeux politiques en quelque sorte en suspens. La localisation dans l’église
et
le moment sont évoqués par le pape Agapet IerAgapet Ier ( — ?) Pape de l’Église catholique romaine (vers 810-816) comme autant de circonstances
aggravantes. Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français met sous la plume
du pape le terme de sauveté (vers 811) rappelant que l’église, domaine sacré, est
un
lieu de refuge protégé par des interdits. Asile inviolable, elle est une zone
d’exterritorialité, qui contrarie l’exercice de la justice royale. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
finit par
éteindre ce privilège d’immunité par l’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 (art.
166). L’auteur dénonce le crime, l’homicide, sans le qualifier avec prudence de
sacrilège ou de profanation (délibérée) ou de crime de lèse-majesté divine et sans
rappeler qu’il implique un rite pénitentiel de purification. L’appel à la contrition
du
pape est assorti de la menace d’une « censure » (vers 831-834), en fait de l’interdit
personnel et plus grave celui jeté sur le royaume avec suspension des sacrements.
Le
risque politique n’est pas précisé, question délicate : Dieu peut renverser le roi
en
permettant à ses ennemis de le vaincre, mais la désobéissance, la révolte de ses sujets
restent exclues. Enfin le lieu du crime et son moment fondent l’argumentation juridique
des praticiens et avocats du roi qui l’amènent à accorder à la famille du défunt des
terres de la couronne en toute souveraineté (vers 850-860). Or l’inaliénabilité (et
l’imprescriptibilité) du domaine royal est inscrite dans le serment du sacre depuis
Jean IIInformations à venir et Charles VInformations à venir. François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
la rappelle à plusieurs reprises et à sa
mort lors de l’avènement d’Henry IIInformations à venir elle est
consacrée juridiquement par le mariage du roi et de la Res Publica qui apporte en
dot le
domaine de la couronne.
L’élimination de GogonGogone en 581 suit les débuts
des guerres civiles nées de deux mariages royaux (570 à 613). ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et ses trois frères se partagent le
royaume. CharibertCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
est tancé en vain par
saint GermainGermain de Paris, saint (496 — 28/05/576) Evêque de Paris à propos de ses
concubines, (fol. 17r -18r) GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne ne fait pas
mieux. SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
alors décide de se marier
avec BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
(fol. 18v-19r). GogonGogone « maître du palais » accompagne BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
depuis l’Espagne (fol. 20r) Ingrate, elle
le prend en haine et le fait assassiner, fol. 20v. Sigebert IerSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
abusé par le discours de sa
femme, ne s’émeut pas de la mort du noble et vaillant comte, (fol. 21r) Le fronton sur le haut du cadre est orné d’un
décor végétal, dont seule la moitié gauche est réalisée, au-dessus de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
et de GogonGogone. La cordelière s’arrête au un cinquième de la hauteur du
portique des deux côtés. A gauche deux colonnes superposées et un pilastre
symbolisant sans doute SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
et
BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
partagent le même chapiteau et
la même base entre les deux une étroite bande bleu, les unit. A droite le motif des
colonnes est repris. Sur le bas deux feuilles d’acanthe se réunissent sous GogonGogone. L’image dit plus que le texte (la mort
de GalswintheGalswinthe (540 — 568) Reine des Francs de Neustrie (567-568)
Reine de Neustrie), autre chose (la carrière de
GogonGogone) et interprète le récit en le censurant
et en l’étoffant. Le peintre oppose dans un joli paysage sous un ciel clair deux scènes
dans le quart supérieur gauche et deux dans le registre inférieur,le lien entre elles est établi par une tour, à dôme doré, qui
appartient à l’ensemble palatial. La surface considérable occupée par le palais,
adossé à la ville Metz capitale de l’Austrasie (1141), donne à voir l’enjeu de
pouvoir. L’image juxtapose de manière audacieuse plusieurs moments et donne une
synthèse signifiante : deux rois en exercice, sur quatre figurés. CharibertCaribert Ier (520 — 567) Roi des Francs de Paris (561-567)
l’aîné, sans couronne - il est décédé (vers1100-1112)
–et devant lui GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne couronné qui lui succède (vers 1113)entendent les remontrances de l’évêque saint GermainGermain de Paris, saint (496 — 28/05/576) Evêque de Paris (vers 1100, 1101),
alors que dans le texte il ne tance que le premier. Le second, mains doigts croisés,
écoute sans tenir compte du propos, ce que l’auteur reproche au premier (vers 1112).
La raison de l’admonition : leur lubricité, vice maudit (vers 1103, 1119, 1121,
1131-1133) se devine indirectement par l’arrivée de deux futures reines. Elle traduit
l’efficacité, au demeurant relative, de la parole du saint sur les deux autres
frères.BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
(vers 1150-1151) en robe rose arrive la première,derrière elle son époux SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
Ieret à ses côtés sa sœur aînée GalswintheGalswinthe (540 — 568) Reine des Francs de Neustrie (567-568)
Reine de Neustrie que le texte ne mentionne pas encore car elle épouse
Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
plus tard. Elle est représentée bras croisés, comme une
morte : elle va être assassinée par son mari, ce que le programme choisit de ne pas
montrer, à la différence de nombre d’exemplaires des Grandes Chroniques de
France.GogonGogone
a posé une main sur son épaule : il l’escorte, alors que le texte indique que c’est
BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
dont il a négocié le mariage
(vers 1123-1124). Escorter l’aînée, épouse exemplaire et martyre est sans doute plus
valorisant.Le gouverneur du palais pose l’autre
main sur le jeune Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais qui
prie. L’image se dissocie du texte qui n’en dit rien. GogonGogone est son nutricus, son tuteur, il vit près de lui. Chargé de son
éducation, il exerce la régence à la mort de Sigebert
IerSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
pendant six ans. La seconde
scène intervient dans une salle du palais. Le peintre puise dans le répertoire
renaissant pour en dire la richesse et la beauté (médaillons de marbre, moulures..).
BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
sans
couronne, revêtue d’une robe rose comme précédemment, donne ordre de
l’assassinat.SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
,
couronné, en robe bleue, paludamentum gris et toque rose est au centre de la pièce.
Il se tourne vers elle : approuvant à tort (main gauche) son discours, et montre son
hostilité à GogonGogone.Le maire du palais (vers1127), a un costume luxueux, qui dit
le prestige de son activité : il est vêtu d’un court manteau noir doublé d’hermine
sur une robe de brocart or et botté. Il a mis un genou à terre et s’est décoiffé pour
s’adresser au roi.Sur le seuil du palais, à son
départ, il est surpris par les assassins, à la solde de la reine (d’où le bleu sur
leurs vêtements) et tombe, étranglé par un lacet (vers 1254-1256).Un témoin qui représente l’opinion de beaucoup (vers 1258)
regarde le couple royal et déplore l’assassinat.Sigebert IerSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
,
abusé par le discours de sa femme, ne s’émeut pas de la mort du noble et vaillant
comte
(vers 1258) Le discours politique et moral sur la puissance royale sans limite et
dévoyée condamne ici un roi à la personnalité faible, qui laisse une influence maléfique
à son épouse. Princesse wisigothique, élevée à la romaine, elle entend jouer un rôle
politique fort d’où sa haine à l’endroit du maire du palais dont la réputation fait
ombrage au couple. Un siècle plus tard, les jeux sont faits en faveur de l’aristocratie.
Ici le menton un peu empâté et le nez évoquent peut-être Anne de BeaujeuInformations à venir dont le triptyque par Jean HeyInformations à venir, le Maître de Moulins conserve le portrait et
que Louise de SavoieInformations à venir n’apprécie
pas.
Le cadre monochrome oppose les montants du
portique. A gauche, deux colonnes jumelées et superposées sont à l’image du pouvoir
partagé entre ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, celle du bas en avant plan s’orne de
végétaux et d’un visage de face. De l’autre côté, deux pilastres superposés,
reprennent pour SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
sur leurs
panneaux le motif de la cordelière. Cette dernière court sur le sommet de l’arc
déprimé qui couronne l’ensemble en prenant appui de manière symétrique sur deux vases
et des acanthes. Elle s’enroule à gauche au niveau de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
à droite au niveau de la tente de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
. En bas deux acanthes sortent de la
bouche d’un visage de face. Le peintre ici utilise une composition complexe. La
lecture, qui se fait d’abord par le registre inférieur de droite à gauche, met en
évidence le siège et la préparation de l’attentat. Elle
souligne la situation désespérée de Tournai, où ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et son épouse se sont réfugiés (vers 1762). Une partie de la
ville est représentée, rive gauche, site de la première implantation romaine, elle
occupe les quatre cinquièmes de la hauteur de l’image s’étend autour de l’axe
central : une tour ronde d’angle surmontée d’un dôme dorée. L’Escaut qui traverse la ville est représenté ici coulant
sous ses murs jusqu’au pont Notre Dame, sous lequel il s’engouffre. Le
prestige de la première capitale des Francs Saliens est souligné par ses toits en
coupole sur les tours carrées ou rondes et le pavement des rues. Le peintre sait
distinguer deux étapes de la construction. Au premier plan, suivant les sources
écrites qui évoquent les murs en pierre de l’enceinte romaine une courtine en opus
incertum dotée d’un mâchicoulis et de canonnières. Face
au camp de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
une double enceinte
est commandée par une tour carrée occupée par des défenseurs.La ville est dominée par la cathédrale Notre-Dame au toit
d’ardoise et son imposante tour clocher (en fait au-dessus du transept) sans
toutefois les quatre tourelles d’angle pour signifier au lecteur qu’il s’agit là
d’un état ancien.Le peintre
distingue deux quartiers : l’un, derrière FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, constitué de deux maisons en pierre et l’autre, après
la porte et le pont Notre-Dame, de quatre maisons en pans de bois de belle hauteur
qui rappelle la richesse et la puissance de sa bourgeoisie.La moitié de la ville est encerclée (v.1767-1768) : au premier
plan une batterie de six pièces d’artillerie mobiles, avec servant d’artillerie, a
déjà endommagé la courtine. Malgré l’avertissement de GermainGermain de Paris, saint (496 — 28/05/576) Evêque de Paris qui l’avertit de ne pas « mectre main
au propre sang » de son frère (v.1805-1808), SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
, roi d’Austrasie, dirige le siège :
couronné, en tunique bleue sur son armure dorée, botté, il tient un bâton de
commandement et désigne la ville au capitaine à sa droite, visage découvert comme
le
roi.Leurs troupes en armure complète et armées de
lance sont rangées sous un étendard de gueule au solifuge d’or (ils ne sont pas
encore chrétiens), préfigure du soleil, un des emblèmes de François IerFrançois Ier (12/09/1494 — 31/03/1547) Roi de France (1515-1547)
qui fait
frapper des écus avec ce motif et qui est, pour ses thuriféraires, un second soleil
encore en 1538.Dans la ville, FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, ancienne esclave devenue reine, en
robe or aux manches ourlées d’hermine, prépare l’assassinat. Elle est en marche, pour
signifier qu’elle a l’initiative de l’attentat (v.1771,1772). Les sourcils arrondis,
le regard en coin contribuent à l’expressivité du visage.Elle prend à part (v.1775) les sicaires, qualifiés de
paillards, nom donné à une troupe d’infanterie et de truands prompts à mal faire (v.
1773,1774). Ils se sont découverts devant elle et concluent un marché dont le texte
donne la teneur (v.1778-1781). Ils n’ont pas le costume de l’emploi, car ils ne
pourraient pas accéder à la reine sans cela, surtout l’auteur les dédouane. Les
malheureux, qui risquent leur vie et la damnation, ont été trompés (v.1789-1790) :
la
reine leur promet s’ils sont tués de faire des fondations pieuses pour obtenir leur
pardon, ce sont donc de bons chrétiens.FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
a décidé seule de retourner la
situation, alors que les armes ont été favorables à SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
. Dans le registre supérieur la composition est circulaire de
droite à gauche : l’assassinat, le massacre des assassins, puis en bas de gauche à
droite la sortie de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, annonce de la
victoire permise par le crime. Sur un fond de paysage très vallonné, le ciel clair
ne
laisse pas deviner que la scène intervient de nuit et fait contraste avec le
déchaînement de violence dans le camp de SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
. Il est composé de huit pavillons
somptueux, trois rouge, quatre gris, brodés d’or avec boule sommitale. Ils sont
disposés par groupes de trois. Une foule considérable de combattants, tous en armure
se presse entre les tentes.Sous un gonfanon vermeil au solifuge d’or, la tente royale
rectangulaire est rose doublée de gris. Ses pans s’ouvrent sur le lit : la
courtepointe bleue semé d’annelet blanc et les draps sont souillés du sang de
SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
, frappé au front d’une
blessure mortelle.Deux gardes au statut inégal,
alertés par les cris, sont intervenus aussitôt. Les assassins gisent déjà au sol avec
leurs épées, ils ont été découpés comme de la chair à pâté, dit le texte (v.
1799-1802). Ils sont identifiables par leurs vêtements civils, qui traduisent aussi
le caractère suicidaire de l’opération spéciale. L’auteur ne précise pas qu’ils ont
tué SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
avec des scramasaxes
empoisonnés. Le reste de l’armée n’a pas eu le temps d’intervenir. Un troisième garde visage découvert bouche ouverte évoque le
grand bruit (v.1815-1822) suscité par l’attentat. Le tumulte alerte les
assiégés (v.1821-1828), qui réagissent. Chilpéric Ier de
NeustrieChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, roi débauché, sous l’emprise de son épouse, à la tête de sa
cavalerie et devant un de ses généraux, sort de la ville, par la porte Notre-Dame.
Il
est en partie caché par la tour de l’entrée, mais son cheval blanc harnaché de bleu
ne laisse pas de doute sur son identification. Sans se contenter de l’annonce faite
en riant par FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
(v.1831-1832), il
ne lance cette sortie qu’après confirmation du décès de son frère : ainsi il n’est
pas associé à l’attentat qu’il n’a peut-être pas souhaité ni organisé.Il se dirige aussitôt (v1836-1837) vers l’armée du défunt
suscitant la surprise d’un capitaine ennemi au premier rang et de haute
stature.FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
(545-597), ancienne esclave
ambitieuse et sanguinaire, par rejet social devient un contre-modèle idéal. Elle
pratique la trahison et use de violence comme BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
sa rivale (534-613) certes mais s’en distingue par son mobile
qui se limite à son aventure personnelle, maintenir sa situation à tout prix et sa
perversité. Au début du XVIe siècle, la tension entre ce qui relève du privé et du
public colore les régicides mérovingiens et en renouvelle l’intérêt.
Le cadre est surmonté d’un arc déprimé et
d’une cordelière à nœuds. Elle s’arrête au niveau de la toiture de Saint-Martin de
Tours et à droite se prolonge jusqu’au gonfanon de l’armée de Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. Le
portique comprend une colonne, un pilastre orné d’un médaillon et de panneaux au
décor renaissance (candélabre, cassolette, végétaux, oiseaux), en bas du cadre trois
motifs d’acanthe. Le peintre attire l’attention sur le roi et approuve son
action. La composition réunit quatre scènes et accorde une place particulière à
l’espace naturel : au premier plan devant une barre rocheuse une grande plaine où
les
troupes sont disposées autour de l’église en trois ensembles.À gauche un premier corps se dirige vers l’arrière de l’église, sous le commandement
d’un général en armure renaissance et enveloppé d’une sorte de paludamentum court.
La
selle de son cheval et la housse – en deux parties à la mode début XVIe siècle - sont
bleues, ce qui renvoie aux vers 2067-2068, la noblesse du roi.À droite, le dispositif est le même, tourné vers le porche
avant de l’église, deux chefs sont de trois quarts dos : un second général et seul
visible en entier, le roi sur un cheval blanc harnaché de rouge, en armure dorée sous
une cotte bleu. Son paludamentum rose, rappelle celui pourpre de l’empereur romain.
Il n’a pas de couronne sans doute parce qu’il investit l’église de
saint-Martin-de-Tours.Au troisième plan le dernier
corps est prêt à en découdre il est composé de gens de pied avec hallebardes commandé
par un capitaine avec un grand bouclier rond qui regarde au premier rang de la
cavalerie lourde, supérieure en nombre, un général équipé comme les précédents.Pour la deuxième fois dans le volume apparaît l’église de
Saint-Martin de Tours, elle est décrite différemment : la tour sur le transept
présente moins d’ouverture, surtout le bâtiment est flanqué d’une tour (celle sud
construite en 1014) construction plus récente, idée que PichoreInformations à venir traduit en ajoutant au premier étage, une meurtrière et une
canonnière, au second sur chaque face un médaillon rose-orangé, au-dessus une
plate-forme avec créneau et machicoulis sur contreforts et un lanterneau de forme
hexagonale. Le toit de l’église et celui de la tour du transept sont en bois, ce que
rapporte Robert GaguinGaguin, Robert (1434 — 22/05/1501) Philosophe et historien français, pour évoquer le
premier édicule.Un tiers de l’image utilise le
procédé de la mansion, pour montrer l’intérieur de l’église, où se déroule une
première scène. Le peintre insiste sur la qualité du décor intérieur : sol carrelé,
autel sur une estrade devant une tenture bleu semé d’annelets d’or, retable en bois
prolongé par un petit rideau gris, nappe blanche et devant d’autel bleu. En arrière
plan, deux fenêtres sont là pour les 52 fenêtres du bâtiment et deux colonnes de
marbre sur les 120 existantes.En fait
il y a ici confusion de deux moments. Dans un premier temps le couple Mérovée IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier-BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
s’est réfugié selon Robert
GaguinGaguin, Robert (1434 — 22/05/1501) Philosophe et historien français dans le temple de Saint-Martin de Rouen. Ici le texte indique
Saint-Martin de Tours (vers 2060, 2067) où Mérovée
IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier se réfugie seul bien après. Le peintre suit le texte, les époux sont
poureux : visages tournés vers la gauche comme pour fuir.BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, sans
couronne, a les mains jointes doigts croisés geste d’intense supplication et les
genoux semi-fléchis. Elle est en longue robe rose aux grandes manches ourlées de
fourrure tachetée (péjorative), sur ses cheveux blonds un voile noir brodé
d’or.Mérovée
IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier au visage juvénile, fils aîné de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, prince héritier en a les attributs. Coiffé d’un chapeau
rose-rouge avec un affiquet il porte une tunique grise au col d’hermine dont les
larges manches ont glissé sur le bras découvrant une chemise pourpre. Les chausses
sont bleues pour rappeler son appartenance à la famille royale et son statut. Ses
bras sont croisés sur la poitrine, geste d’acceptation de la situation.La deuxième scène se situe dans un espace de transition : le
seuil. L’arc de l’entrée surmonté de fleurs de lys, repose sur deux colonnes
torsadées (symbole de la perversité de la reine, tante et épouse de MérovéeMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier). Les voussures et le décor intérieur sont
renaissants avec médaillon de marbre rose, corniche cannelée. L’image dynamique est
pleine de mouvement.La reine est en train de
sortir, penchée en avant, de la main elle indique qu’elle va suivre son mari et
regarde Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. La soumission intervient au bas des marches, sur le sol
de terre battue, le caractère contraint est souligné par le dispositif des troupes.
Mérovée IIMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier a une
tunique plus courte pour montrer son genou à terre. Il s’est découvert, sa main
touche celle du roi. L’accent est mis sur sa chevelure châtain foncé, qui rappelle
indirectement qu’il est ensuite tonsuré pour se réfugier dans l’abbaye.Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
sur un cheval blanc, est en civil :
chaussé de bottes de cuir souple, sur des chausses bleues et vêtu d’une tunique
dorée. Alors que son fils a un large col d’hermine sur les épaules, lui en a un bleu
et sur son chapeau à rebras noir une couronne à courts fleurons. Visage fermé, il
se
penche pour prendre la main de son fils qui pleure. Le bon accueil que le roi réserve
au couple n’a qu’un temps.Sur le même axe
intervient l’épilogue après être sorti de la franchise de l’église de Tours,
MérovéeMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier part loin avec une petite
assemblée en Champagne. Sur fond de paysage de collines avec forteresse sommitale,
la
scène intervient dans une plaine.À droite, le
fugitif est fait prisonnier par le chef sur un cheval
blanc d’une cavalerie, armée régulière dont rien dans le texte n’indique
l’appartenance. Incestueux, révolté contre son père, qu’il a affronté en armes et
défroqué, MérovéeMérovée II (550 — 577) Prince franc (550-577)
Prince franc mérovingien, fils de Chilpéric Ier, visière de son bacinet
levée, est désormais déprécié par ses lèvres charnues et son gros nez. Cinq
combattants, ses compagnons sont derrière lui à la lisière de la forêt, le premier
a les
traits d’un diable, le groupe étant condamné pour l’avoir aidé. Le texte explique qu’après sa capture, sans indication de qui
le capture, par crainte de tomber aux mains de son père et de désespoir (vers. 2116)
il contraint un de ses parents à lui donner un coup mortel. Celui qui le tue, son
parent, coiffé d’un armet et visage découvert est ici sur un cheval blanc au harnais
bleu. Issu des rangs de l’armée royale, il fonce vers le captif, le frappe dans le
dos en le transperçant de son épée tout en le maintenant. Le suicide qui plus est
par
un tiers et sur ordre, étant condamné par l’Église, devient exécution par
surprise. Le droit des armes interdit la mise à mort d’un prisonnier de guerre
sans arme, ici il s’agit d’un réprouvé, condamné et en fuite, soit au XVIe siècle
un
mauvais geste, licite compte tenu de la personnalité de l’exécuteur. Dans le ciel
dégagé, sous un nuage bleu foncé, la scène conclut un tragique enchaînement : la
soumission du couple jugé illégitime, puis après la fuite du fils révolté, sa mise
à
mort.
Le cadre attire l’attention sur la partie
gauche de l’image. Au-dessus, deux putti ailés de profil tirent la queue de deux
dragons entrelacés, pour les séparer dessinant un omega de chaque côté, les bêtes
sont gueules ouvertes, langue sortie. Leur appendice caudal se transforme en
cordelière à nœuds. À gauche, elle s’enroule autour du pilastre, disparaît pour
réapparaître plusieurs fois dans l’image, au niveau de PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, à droite une autre descend parallèle à la colonne
jusqu’à ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. Une plaque bleue sur
le haut du portique est ornée d’une douzaine de motifs renaissants. Deux panneaux
bleus et deux gris clair décorent aussi le pilastre. En bas au centre un visage de
face porte une couronne fermée impériale, deux branches d’acanthe en sortent et
ondulent allusion au mensonge, à la tromperie et à la cautèle évoqués par le
texte.Le concile donne lieu à une
scène d’intérieur, la nature n’est pas tout à fait absente, elle apparaît à travers
une fenêtre et par le portail ouvert sur le porche. Le site est vallonné Le paysage
naturel autour de la capitale est constitué dans le lointain de collines avec
forteresses sommitales ou couronnées de bois. Le cinquième Concile de Paris,
qui en 576 (577) juge PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen évêque de
Rouen, réunit 45 prélats. Il n’est pas possible de savoir s’il s’agit d’un concile
provincial, métropolitain, interprovincial, ou national. La fonction d’un évêque est
viagère et il ne peut être déplacé à volonté à la différence d’un agent du roi. Gênants
ou jugés indignes, ils sont déchus selon les formes, pas assassinés. Le texte évoque
à
la fois les trois sessions du concile et les négociations qui interviennent dans
l’intervalle. Dans l’image, il y a unité de lieu, en
l’occurrence la Basilique de l’apôtre PierrePierre, saint (Ier siècle avant J.C. — entre 64 et 68) Apôtre du Christ et premier pape de l'Église catholique. Le peintre ne s’attarde pas sur les éléments subsistant de
l’édifice primitif au XVIe siècle cinq chapiteaux de marbre blanc et quatre colonnes
antiques de marbre noir. Il rend compte du prestige de l’établissement, en le dotant
d’un décor renaissant. Pour la composition il utilise le nombre d’or. Le quart
supérieur droit évoque le porche vu de l’intérieur. Une colonne d’angle en soutient
le plafond, sur un des murets une plaque de marbre vert clair hexagonale, sur l’autre
de nombreuses moulures et un panneau oblong sculpté. Le dallage en damier (toujours
le même) prolonge celui de la nef. Le portail en bois comprend, sur le côté deux
caissons finement décorés, puis un pilastre cannelé laisse voir le plafond en lattes
de bois du sas.Au-dessus de la porte, une frise en
bas-relief montre sur le côté deux personnages en robe longue, puis l’affrontement
de deux hommes armés de gourdins, bras tendus vers l’arrière, et de boucliers
ronds confrontés. Ils se précipitent l’un vers l’autre à grandes enjambées,
illustration métaphorique du combat entre le vice et la vertu qui intervient lors
de la réunion. Au-dessus un groupe sculpté forme un couronnement pyramidé. A
droite entrant un riche décor à l’antique apparaît derrière un banc de bois à
dossier. Un dais accroché au mur occupe la moitié de
l’image en largeur et plus des trois quarts de sa hauteur, une pente est en
velours rouge brodé d’une décor végétal et frangé d’or. Le ciel est bleu pâle à
décor d’annelets. La tenture du baldaquin est assez longue pour couvrir les bancs
ou les prélats se sont assis. Les évêques disposent du privilège de siéger dans
l’église, sous un dais comme celui qui figure dans les processions liturgiques
au-dessus du corps du Christ et comme celui au-dessus du roi très chrétien,
fontaine de justice, lors de lit de justice en la chambre du
Parlement. Alors que la tenture est aux armes du roi azur semé de fleurs
de lis or (en rang) Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
est exclu de cet espace sacralisé. Il en va de même pour le
cortège d’une demi-douzaine d’hommes qui s’étire du porche à l’entrée de la nef. Les
accusations de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, reprises par son
époux, qui expliquent la mise en jugement de l’évêque n’apparaissent pas. L’image
en
évoque le motif par la situation des personnages, leur position et leur geste et ce
qui
se joue : le droit pour le pouvoir royal de sanctionner un ecclésiastique coupable
du
crime de lèse-majesté. Ici sont confrontés pour les faits mis en cause, deux statuts
juridiques avec une terminologie flottante jusqu’au XVIe siècle et de vifs débats
au
Parlement qui se poursuivent dans la seconde moitié du règne. Les cas privilégiés sont
les crimes et délits commis par des clercs considérés comme assez graves pour être
jugés
par les tribunaux royaux et l’officialité. Les cas royaux infractions ou crimes qui
relèvent directement des juridictions royales, sont d’abord des affaires touchant
le roi
et ses officiers dans l’exercice de leur fonction ou des crimes contre eux. Ils
diffèrent des droits royaux, droits dont le roi se réserve l’exercice qui englobent
entre autres les cas royaux. Cet état de la question au début du règne colore fortement
la représentation. L’image se lit de bas en haut. Une diagonale part de la gauche
avec
les quatre prélats, une autre de Praetextatus et aboutissent à la personne du roi,
représenté deux fois. Les sept prélats ont le même costume. Une robe talaire ample qui couvre le corps
cache les pieds. Le choix des couleurs répond des considérations esthétiques
(alternance chromatique), mais pas seulement. Elle est en tissu gris aux reflets
dorés pour PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, un de ses
collègues assis partisan du roi et celui qui relève ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
. Elle est rose pour trois autres : un assis favorable au
roi, un nu-tête qui le rallie et un debout. Par-dessus se trouvent un surplis (aube
blanche raccourcie) et sur les épaules un camail, courte pélerine pourvu d’une
capuche. Quatre camails sont marron clair dont celui de PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, deux gris dont un sur un opposant au
roi qui débat avec ses collègues. Celui de Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge est rose. Les prélats sont coiffés de toques qui se
distinguent de celles du roi et des courtisans plus plates et volumineuses. Compte
tenu des corrélations, le prélat assis coiffé de rose est peut-être Ragnemodus de Paris, dit RuccoInformations à venir et celui
qui relève le roi Bertrammus de
BordeauxInformations à venir. Le peintre ne montre pas la première session, lors de
laquelle l’accusation d’homicide et de vol est portée, la multitude des Francs de
colère
voulant briser les portes pour lapider PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen. Le peintre retient de la deuxième session trois moments
forts.D’abord celui où le prélat circonvenu s’adressant
au roi se reconnaît coupable et demande la miséricorde royale. Au premier plan, deux
genoux à terre, les mains jointes en position de suppliant, il regarde le roi avec
étonnement. Son camail marron rappelle qu’il s’est laissé circonvenir par certains
prélats cauteleux favorables au roi (ils ont un camail de la même couleur).Le deuxième moment retenu est la réaction du roi : il s’est
mis à genoux, après avoir jeté son chapeau, les mains jointes et tête inclinée. Son
costume est une superposition de trois pièces : sur une robe de soie orangée aux
manches doublées d’hermine et un manteau gris il a revêtu le grand manteau héraldique
(une chape).Troisième moment, deux
prélats, représentatifs des deux camps en présence, se précipitent pour le relever.
Le premier tête nue a été un soutien de PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, il tend avec déférence au roi son chapeau noir. A ses
côtés, un partisan du roi, vient l’aider à se relever. Le roi se retire
ensuite, envoie une bulle aux prélats, précisant son droit. Intervient alors la
troisième session : un grand débat, le texte n’indique pas la présence du roi. PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen est chassé du concile, ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
le fait aussitôt arrêter. Ici devant le rideau du baldaquin deux prélats assis montrent
de la main droite qu’ils adhérent au point de vue royal.Un partisan du camp adverse s’est levé et se tourne vers son
voisin pour débattre, pointant du doigt la scène qui s’est déroulée sous leurs
yeux.A ses côtés la haute stature de Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge se détache, hommage à
l’historien et à son rôle de premier opposant au roi. Il défend le for ecclésiastique
Ses cheveux sont plus longs que ceux des autres prélats. La position des mains
indique le caractère dramatique de sa situation, son incapacité d’agir. A côté de
sa
main droite, un gant gris est peut-être déjà symbole de pureté, de noblesse (mais
les
gants épiscopaux sont blancs), en tous cas retirer ses gants devant le roi est une
marque de respect à l’égard de la Couronne.Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
lui présente son argumentaire et main gauche en pronation,
rappelle son préjudice. Le visage est juvénile, le costume royal, robe or, ample
manteau gris doublé d’hermine comme le col et des chausses bleues, derrière lui dans
l’entrée ou sous le porche, la cour.Un peu en
retrait, un grand, main droite dans le dos du roi pour le soutenir, tunique et
manteau rose doublé de fourrure tachetée : il fait partie des flatteurs qui poussent
le roi à s’imposer.A ses côtés un personnage de
haute stature, toque rose sur cheveux gris, en cuirasse dorée sous un manteau bleu
doublé de noir, s’indigne. Furieux contre Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge, il pointe la sortie. Il représente les leudes, qui
après avoir réagi violemment contre PraetextatusPrétextat (Ve siècle — entre 25/02/586 et 16/04/586) Evêque de Rouen, persistent dans leur hostilité à l’égard de prélats trop
indépendants.Derrière lui un autre a la même
expression de mécontentement. Le texte après la condamnation de l’évêque,
décrit son arrestation. L’image dit autre chose, elle montre le roi acceptant de
débattre alors que les leudes sont hostiles et prêts à la voie de fait. Cette modération
diffère toutefois de son attitude lors de l’accusation initiale, elle était alors
dictée
par un souci d’éviter une élimination brutale de l’évêque au profit d’un procès, plus
utile pour lui assurer la soumission des prélats. Les critiques du texte à son égard
n’apparaissent guère dans l’image si ce n’est peut-être par l’absence de couronne :
donc
des prélats divisés sur le sort de l’un des leurs, un roi qui s’humilie devant eux
et
leur demande justice, ce qui les retourne en sa faveur, un débat qui se prolonge avec
le
chef de ses opposants, Grégoire de
ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge, quand les grands demeurent hostiles.
La partie la plus valorisante du cadre est
du côté de la sanction naturelle des agissements du roi. La cordelière s’arrête à
droite au niveau du ciel, à gauche elle descend, disparaît près de la grotte
réapparaît, disparaît à nouveau près de la faille, réapparaît pour les éboulis et
tombe jusqu’au décor mural sorte de cénotaphe. Sur le haut du cadre, le fronton porte
une plaque bleue à décor renaissant. A gauche un pilastre est orné de deux panneaux
de marbre gris, bleu, alors que la colonne à droite est monochrome. La partie basse
du cadre comprend quatre feuilles d’acanthe deux sortant d’une tête de face : crâne
chauve, grandes oreilles arrondies et bajoues. Le peintre rend compte avec
fidélité du texte par une composition qui se lit de haut en bas et de gauche à droite.
Le palais occupe près de la moitié de l’image, le reste représente le royaume : Tours,
Orléans, le Berry, Chartres, Lyon, Bordeaux, les Pyrénées. L’ordre de présentation
n’est
pas géographique et ne suit pas tout à fait le texte. Le ciel occupe moins d’un
cinquième de l’image. Deux trains de nuages gris-noirs sont
au-dessus du palais de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
.La perspective atmosphérique
de plus en plus claire vers la droite donne aussi le sens de l’écoulement du fleuve
grossi (en fait il en évoque plusieurs).PichoreInformations à venir donne un catalogue des catastrophes
naturelles, par type. A gauche, une place forte à l’enceinte
quarrée, cernée par les eaux, est frappée par la foudre suscitant un incendie. Le
texte indique que Bordeaux est frappée par une grande et horrible foudre qui consume
de grands « manoirs », c’est-à-dire de grandes habitations, des demeures. Ici des
flammes sortent du toit ou des fenêtres des maisons et d’une église, la foudre tombe
sur une haute tour. Les nuages dessinent une colonne cinq langues de flammes en
descendent et se transforment en éclairs encadrées par deux colonnes de fumées
montant de la ville incendiée. De manière révélatrice la croix du clocher n’est pas
touchée à la différence de la hampe métallique qui sert accrocher drapeaux et
bannières sur la forte tour d’un château dans la ville. L’appareillage pourrait
évoquer l’enceinte de 310 et l’église primitive, aucune porte n’est visible. A
l’intérieur de la ville, au nord, proche de la Garonne, le château trompette symbole
de l’autorité royale dans la ville, est le plus touché : tout est consommé. Une
autre épreuve, un tremblement de terre (2692), n’est pas montré. Comme à Lyon, Bordeaux subit des inondations qui font tomber
les bâtiments. L’estuaire de la Garonne emporte vers la mer trois maisons et charrie
poutres et débris.Deux feuillus sont
représentés, sur la rive près du Palais. Des branches sont sèches, stigmates des
intempéries pour les Tourangeaux ou indications du moment de l’année qui n’est pas
précisé : printemps, équinoxes.A gauche un massif
rocheux avec une grotte se reflète dans l’eau du fleuve. Les vers 2700 et 2703
permettent de préciser : la Loire, l’Indre, le Cher, l’Eure en raison de la mention
des habitants. Orléanais, Berruyers et Chartrains se réfugient dans des cavernes
(confondues avec des grottes) et y séjournent pour s’abriter des intempéries,
allusion aux maisons troglodytes du Val de Loire. La caverne ne reçoit ici que deux
hommes.Les Pyrénées abruptes occupent plus du tiers
de la hauteur de l’image. Sous l’effet du tremblement de terre des pans de la
montagne s’effondrent ; hommes et bêtes sont écrasés, ensevelis par les blocs qui
se
détachent. A gauche à plat ventre, position symbolique des morts violentes, un
laboureur à côté d’un bœuf, à droite une paysanne écrasée à côté de deux cochons
qu’elle a d’ordinaire la tâche de nourrir.Le Palais a un toit en bois, avec une cheminée en pierre, le
décor extérieur est sobre. A l’intérieur, les fenêtres ont chambranles ornés, décor
haut en triangle avec fleurs de lys et support avec acanthes. Le mur sous un large
cordon présente un jeu de moulures qui encadrent des médaillons de marbre rose ou
vert. Le carrelage déborde sur le devant du palais, sur une terrasse prolongée par
trois marches. Un muret avec un lion de pierre assis,
attire le regard sur la plaque qui l’orne. Elle évoque la dernière calamité la
« peste », qui a enlevé les trois fils de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. La plaque funéraire
est une sorte de cénotaphe où domine un décor végétal, trois fleurs fanées, une
coupe plate, puis entre deux branches comme des ailes un visage d’enfant de face,
pupilles vers la gauche et coiffé d’une couronne d’or, sous un ensemble ternaire
feuilles de chêne, lys et acanthes : soit un seul visage, pour les trois frères
qui chacun à un moment donné s’est trouvé héritier du trône. L’autre muret
est décoré d’un médaillon.De manière significative,
le bas de la robe de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
touche la
plaque, visuellement le lien est établi entre la mémoire des enfants récemment
décédés et la démarche de la reine, couronné car son chagrin la rachète en quelque
sorte. Le texte décrit longuement sa prise de conscience, ses remords, sa contrition.
Elle est en robe de soie rose, avec hermine sur le rabat des manches. Un voile noir
bordé de broderies d’or est posé sur ses cheveux blonds la carnation est blanche,
les
joues un peu rosées, les sourcils arrondis, le nez court. Le contour du visage et
le
dessus de la lèvre supérieure sont un peu flous pour évoquer les larmes, les lèvres
sont pales. A genoux, les mains aux doigts longs et fins jointes, elle regarde son
époux.Le roi est assis sur un trône à haut dossier
couvert d’un drap d’honneur héraldique. ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
est vêtu d’un ample manteau doré doublé d’hermine qui
s’ouvre sur une tunique noire. Il ne regarde pas son épouse mais à la suite de son
discours les catastrophes qui se sont abattues sur le royaume et affectent son
peuple. Le visage est rond le menton petit et la bouche sans couleur, il paraît
pleurer. De sa couronne sur sa toque ne se voit que trois fleurons, presque confondus
avec les lys du drap d’honneur, une manière de souligner l’éminence de sa fonction
à
défaut de celle du roi.La main gauche tient un
sceptre mince, orné d’un Christ en croix non de CharlemagneCharlemagne (entre 06/04/742 et 06/04/748 — 01/02/814) Roi des Francs (13/10/768-01/02/814)
Roi des Lombards (14/07/774-01/02/814)
Empereur d'Occident (29/12/800-01/02/814)
Duc de Bavière (?-?)
assis sur son trône. La main dirigée vers son épouse
montre qu'il accepte sa supplique en forme de remontrances. Leur objet se devine par
le
regard porté sur les calamités qui sanctionnent son mauvais gouvernement.Le petit lion en pierre près du cénotaphe a les
babines serrées à l’horizontale, le second les remontrances acceptées a le sourire,
commissures des lèvres relevées, petite notation personnelle de l’artiste en forme
d’approbation qui rejoint celle emphatique de l’auteur.
La décoration du cadre se concentre sur le
haut. Un fronton avec panneau triangulaire bleu rappelle que le récit concerne les
« enfants » de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, régnant de façon
semblable sur des peuples jumeaux, la sœur du roi Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais ayant épousé le fils de LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth. Il est surmonté par une cordelière portée sur ses épaules
par un putti assis de face qui tente de la tirer vers la gauche, à droite elle
s’entoure autour de la colonne. La composition utilise le nombre d’or et
l’image se lit de bas en haut : la fin tragique d’un fils révolté contre son père
puis
le sort de sa veuve et de son fils. Le texte ne donne pas d’indication précise sur
les
lieux mais indique le jour de Pâques pour le meurtre, se trompe sur le nom du père,
Hengilde au lieu de LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth. Le peintre accorde une place majeure à la ville où HerménégildeHerménégilde (564 — 13/04/585) Prince wisigoth, canonisé par l’Église catholique est tué : Tarragone. Capitale
d’une ancienne province romaine, où ont résidé trois empereurs romains, elle comprend
sous les Wisigoths toute une partie de la péninsule ibérique, deux dômes dorés
rappellent ce passé impérial. PichoreInformations à venir tente
d’en donner une vue semi panoramique, sans montrer le port ni la cathédrale. Il
retient ses imposantes murailles et le forum. Le plan de la ville se devine mal,
l’enceinte s’interrompt sur deux côtés, son organisation autour du forum sur des
terrasses artificielles est à peine suggérée à droite par un tracé en
zig-zag.Le peintre met
l’accent sur les éléments architecturaux essentiels au récit : la porte par laquelle
est arrivé LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth, la prison et la
porte par où Ingonde et son fils fuient la ville. La première a un décor renaissant
à
peu de distance de la prison qui domine la ville.La
tour hexagonale a cinq niveaux, le premier est surmonté d’un chemin de ronde couvert
avec créneaux sur machicoulis, indiquant qu’elle est bien défendue. Le second étage,
nécessaire pour évoquer a contrario l’idée d’un surcroît de mauvais traitement avec
enfermement d’HerménégildeHerménégilde (564 — 13/04/585) Prince wisigoth, canonisé par l’Église catholique au plus
profond de la geôle « dans une charte obscure ». Il est plus petit est pourvu du même
dispositif défensif non couvert, autour du dôme doré, faste impérial, au-dessus une
lanterne et un lanterneau de style gothique très ajourée qui laisse voir une cloche.
Les deux étages sont éclairés de lucarnes en fait fenêtres à la romaine avec quatre
barreaux entrecroisés associés par convention aux plus dures prisons : à droite une
fenêtre à meneau, autre maladresse un pilastre torsadé court à l’intérieur du premier
étage mais à l’extérieur du second. Une mansion découvre l’intérieur de la cellule,
qui de manière caractéristique est ornée d’un médaillon pourpre derrière le saint
et
de carreaux comme éclairés par sa présence.La
figure monumentale de LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth en occupe
la moitié. Le peintre insiste sur son costume royal. Le souverain porte une couronne
sur une toque d’hermine, la fourrure se retrouve sur le col et la doublure de sa
robe. Cette dernière est en épais tissu doré très longue et ceinturée d’une écharpe
grise nouée dans son dos, pour souligner son impuissance à agir sur son fis rebelle
et converti. Là où le texte évoque un coup de sang, l’image montre sa détermination
(lèvres serrées à l’horizontale). Une fente sur le côté et de larges manches
découvrent une tunique longue rayée, péjorative quand il fléchit les genoux pour
maintenir son fils par l’épaule et le frapper d’une hachette métallique au long fer
allongé et doté à l’arrière d’un pic. Cette arme de guerre entre ses mains un jour
de
fête de Pâques ruine l’idée d’une visite pacifique : il y a préméditation. En fait
LéovigildLéovigilde (entre 519 et 525 — 23/04/586) Roi wisigoth a fait assassiner son
fils.Le crâne fendu est couvert de sang et
constitue comme une couronne, celle du martyr et coule sur la joue gauche, tache le
haut du col d’hermine. Il a mis un genou à terre, mains jointes, pour supplier son
père. Il n’a pas de fers aux pieds et aux mains, rien ne rappelle qu’il est en piteux
état du fait des conditions très douloureuses de sa captivité, soit une atténuation.
Pour PichoreInformations à venir le caractère sordide du meurtre
est incompatible avec la majesté royale. HerménégildeHerménégilde (564 — 13/04/585) Prince wisigoth, canonisé par l’Église catholique est blond, terrorisé, pâle et sourcils levés. Ses
chausses grises, sa tunique courte rose ceinturée indique son statut princier
d’héritier. Marié à une princesse franque et converti, il a voulu détrôner son père
arien en jouant sur le séparatisme de la Bétique.La
deuxième scène, la capture par les Byzantins d’IngondeIngonthe (567 — 585) Princesse franque (567-585)
Princesse franque épouse du prince wisigoth d'Espagne
Herménégild sa veuve et de son fils
AthanagildInformations à venir fuyant
vers la France, se déroule sur fond de paysage de collines escarpées portant de forts
châteaux jusqu’à l’horizon sous un ciel clair. Elle n’occupe qu’une petite partie
de
l’image, le texte est bref.La cavalerie lourde
byzantine armée de lances et de fauchards se reconnaît à un gonfanon rose portant
un
animal passant or, dont les flammes sous l’effet de la poursuite se retournent, et
à
une bannière rouge et portant un crabe doré. Aux premiers rangs huit cavaliers en
bacinet, dont un sur un cheval blanc harnaché de noir. A gauche de trois quarts dos,
l’un d’eux est lancé à la poursuite des fugitifs pour évoquer la rapidité du
mouvement la housse de son cheval flotte au vent.Les autres font cercle autour d’Ingonde en robe dorée, en amazone sur un cheval gris
clair harnaché de bleu. Couronnée, elle est reine et régente reconnaissance post
mortem de la légitimité de son époux et de l’illégitimité de son beau-père
infanticide.Son jeune fils portant déjà une
couronne sur une toque rose, en tunique gris clair sur chemise et chausses roses,
fuit à ses côtés.Sa mère est capturée sous ses
yeux, par un cavalier qui pose la main sur son épaule, le texte n’en dit rien. Seul
à
visage découvert, en armure complète, sous une cotte bleue qui fait un contraste
esthétique, avec le rose, il montre le poing, hostile aux fuyards. Son cheval blanc
a
la queue raccourcie, une critique. L’espoir de la reine de se réfugier en France est
trahi.
Le contraste entre la douceur du paysage et la sérénité du ciel souligne l’horreur
des scènes illustrées. Le cadre est surmonté
d’un arc déprimé, la cordelière supportée par deux vases pansus ne descend pas à
gauche, sur la droite elle s’arrête au niveau de la geôle de Clovis IIClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier, le motif réapparaît sur le
panneau du pilastre. Les montants du portique opposent à gauche, des chapiteaux
végétalisés, une colonne épaisse supportée par deux plus minces entre lesquelles
apparaît un décor bleu à candélabre or pour dire la légitimité du propriétaire du
palais héritier du trône, à droite un pilastre. En bas, trois hybrides renvoient aux
ignominies représentées : un diable ailé et aux oreilles pointues « la faulse
deablesse » (v3437) est encadré par deux autres à visage de face, triple
condamnation. Le texte insiste sur la longue habitude du vice de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. Après la mort de ses fils (v. 3284-3285,
3290-3291) elle redoute que Clovis son beau-fils succède à ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
(v 3293-3294) et se propose alors de
faire en sorte que le père haïsse son héritier (v 3296-3297). Elle l’accuse d’avoir
fomenté la mort de ses enfants (v 3310-3311) avec l’aide de sa concubine ProserpineProserpine Divinité de la mythologie romaine, reine des Enfers (v.3298) et de sa mère sorcière (v.
3303-3306). L’image suit le récit et se lit de bas en haut.A
gauche, occupant les trois quarts de sa hauteur et le tiers de sa largeur, le
somptueux palais de ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier a un
décor renaissant tant à l’extérieur qu’à l’intérieur médaillon avec sol de marbre,
corniche, moulure.Scène I, devant la porte,
emplacement choisi pour « que ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier eut tristesse » (v 3314-3318) un pieu a été planté et ProserpineProserpine Divinité de la mythologie romaine, reine des Enfers est empalée : yeux fermés, morte. Elle
a tenté de se tourner vers le palais les deux mains en pronation. La concubine à la
longue chevelure blonde (en cheveux car non mariée) a perdu son statut social et son
identité. Elle n’a plus qu’une chemise blanche, une humiliation équivalente à une
dénudation, remontée jusqu’au haut des cuisses et dégouttant de sang. La description
effroyable ne correspond pas tout à fait à ce qui se fait en Russie sous Ivan IIIInformations à venir lors des exécutions collectives de révoltés
ou de déserteurs. Le supplice ne se pratique pas dans le royaume, il n’est connu que
par l’Histoire ancienne de Bretagne : AcaciusInformations à venir
en 123 ou 128 venant avec 9000 hommes écraser des rebelles chrétiens, se convertit
et
finit empâlé avec ses compagnons. Il est décrit de manière incertaine par Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge : ProserpineProserpine Divinité de la mythologie romaine, reine des Enfers aurait été suspendue à un pieu, ou
aurait eu seulement la chevelure coupée.Sa mère,
que FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
a fait prisonnière (v.
3312, 3313) en même temps qu’elle, assiste à l’exécution, bras croisés cachés par
le
revers de ses manches, elle ne peut rien empêcher, sa robe grise, couleur
ambivalente, ici péjorative rappelle qu’elle est réputée sorcière (v.
3306).FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
en donne l’ordre. Elle a pris l’initiative de l’exécution :
en marche elle soulève sa robe or doublée de blanc, qui laisse apparaître une chemise
bleue : sans couronne, elle est cependant épouse de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
et reine.Scène II, dans le
tiers central de la composition, ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
ordonne de brûler la sorcière à l’instigation de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
: le roi reprend le geste de la reine,
plus grande et devant lui. Le peintre n’évoque pas les longues tortures qui ont
brisé l’accusée et sous lesquelles, elle avoue son rôle dans la mort des fils de la
reine et celui de ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier
commanditaire (v.3320-3328) L’auteur ajoute un plaidoyer contre la torture un topos
depuis le milieu du XIVe siècle Le peintre ne laisse pas deviner que sur le bûcher,
elle
se rétracte (v. 3334-3340). Le roi ne lui pardonne pas pour autant (v. 3350-3351),
ne
change pas d’avis sur ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier
(3352-3353) et FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
lui conserve son
hostilité. Le peintre n’évoque en rien les propos du prince qui se vante de grever
ses
ennemis à la mort de son père (v.3359).La suppliciée,
attachée à un poteau sur le bûcher ne porte pas les stigmates de la torture et
regarde sa fille. Le peintre lui laisse son costume pour l’identifier, mais lui
enlève sa coiffe.Le bûcher est attisé par un
bourreau au service du roi. Les flammes enveloppent la condamnée et lèchent
le bas d’un bâtiment dans une forêt seule allusion au
stratagème de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
contre son fils
ClovisInformations à venir. Ce dernier à la faveur
d’une partie de chasse (v. 3372-3375), le fait arrêter, ligoter, après l’avoir revêtu
du
costume sale d’un maraud pour l’humilier (v. 3379-3384). Le peintre ne le montre pas
livré à FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
(v. 3385-3387) qui
l’interroge et ne laisse pas deviner la réponse maladroite du prince qui se vante
d’avoir le soutien des grands (v.3396-3401) : de fait son existence même est une menace
pour sa marâtre qui risque de perdre le pouvoir.Scène III,
la reine l’a fait jeter dans un cul-de-basse-fosse (v. 3402-3403). PichoreInformations à venir en évoque la dureté par les solides barreaux
des trois fenêtres qui éclairent la scène du crime. Le costume du prince
rappelle son statut d’héritier, il n’est pas celui dégradant qu’on lui a imposé.Les assassins le frappent, dont un sur le dos,
avec des bâtons. Les diagonales soulignent le déchaînement de violence. ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier
se retourne pour tenter de fuir, la main sur la poignée du couteau, que l’assassin
lui a laissé dans le ventre pour faire croire à un suicide. La position de l’arme
plantée du haut en bas confirmerait la mise en scène, elle n’est pas la plus efficace
et la plus courante - coup de bas en haut - pour tuer un adversaire. En ajoutant les
coups de bâton, le peintre lève l’ambiguïté. Le peintre ne décrit pas
l’épilogue. Le père pour couvrir la honte, fait enterrer ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier avec sa mère, sans verser une
larme. Parmi les crimes de FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
est
retenu ici celui qui vise l’unique héritier du trône. Implacable, elle cherche à
l’atteindre moralement, à le discréditer, puis à l’éliminer. La composition la place
sur
une ligne verticale qui aboutit à ClovisClovis (VIe siècle — 580) Prince franc (?-580)
Prince franc, fils de Childéric Ier sans laisser de doute sur sa responsabilité dans les événements.
Le roi couronné discrètement y paraît sous l’influence de sa femme, aussi belle que
monstrueuse. L’auteur et le peintre reprennent la version la plus défavorable à la
reine
celle de Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge, alors que
Venance FortunatInformations à venir décrit son immense
chagrin à la mort de ses enfants. De fait la réalité de son pouvoir dépend de sa
situation familiale et en particulier de la survie de ses fils et de l’affection de
son
époux. Elle utilise la violence comme les membres des élites masculines mérovingiennes,
avec une perversité rare. Au XVIe siècle le tout est inacceptable et lui fait perdre
son
humanité (v. 3420-3435).
Le cadre s’adapte le décor sommital comprend
un arc décalé vers la droite et une cordelière qui est vigoureusement tirée par un
putti ailé vers la gauche. Un autre de trois quarts dos pèse de tout son poids pour
la faire descendre au niveau du roi, tout en s’en écartant. Elle ne s’enroule pas
tout à fait autour des pilastres superposés avec panneaux au fin décor renaissant,
bleu (ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
est roi de Neustrie) puis
gris, alternance chromatique qui joue avec celle du palais et le manteau héraldique
du roi, mis en valeur. En bas, la tête de fou est en accord avec la critique du texte
à l’égard de MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne. L’image se lit
de haut en bas et la composition utilise le nombre d’or.Elle représente d’abord les signes : comète
barbue et nuage très noir avec pluie de sang annonciateurs de malheurs et d’une
peste. A l’horizon sous un ciel encore serein un paysage de collines et dans la
vallée les méandres de la Seine, la comète est représentée comme une étoile, seule
anomalie elle brille en plein jour.Rive droite, le
sanctuaire de Saint-Denis est enfermé dans sa clôture dominé par la basilique, avec
deux croix une sur son clocher et une sur le toit. Une de ses cinq tours rondes au
toit en dôme, est surmonté d’un coq emblématique (Gallus, Gallia).Il se retrouve sur une des tours de l’île de la Cité. Le
peintre accorde une place centrale au palais royal au toit bleu, toute la Cité est
enveloppée de la pluie sanglante.Dans la
deuxième moitié du VIe siècle le royaume affaibli ne rend plus nécessaire une
capitale à la mode romaine, le roi ne réside plus à Paris, mais dans ses palais
ruraux. Ici il s’agit sans doute de Rueil devenu palais avec en 591 le baptême de
Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
.La plaine qui l’entoure ne comprend que deux arbres, notation
révélatrice de l’économie d’ensemble : un dépouillé de ses branches (elles servent
de
verges) et un tronc coupé pour le poteau où est attaché le condamné.Le palais
est clos d’un mur et comporte quatre bâtiments de création récente. La perspective
permet mal d’en évaluer les proportions. Le principal et le mur d’enceinte comportent
un décor renaissant comme la tour qui le jouxte (mal alignée) et son étrange dôme
conique. Ce décor est encore plus présent à l’intérieur. Il apparaît à travers le
portail monumental en bois doré avec ses pilastres et sur l’entablement un arc avec
un groupe sculpté végétal exubérant comportant une cordelière, petit clin d’œil du
peintre. Un troisième édifice inférieur par sa qualité est sans doute la prison où
séjourne longuement le condamné Eunius
MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne.Blond, attaché au poteau,
mains liées derrière et au niveau des chevilles, il est nu à l’exception du
perizonium, figure christique, il se tourne vers le groupe curial. Il a déjà reçu
des
coups et en porte les marques.Les trois bourreaux entourent le
supplicié. Ils ont chacun un geste différent : l’un frappe de taille, l’autre de
haut, le troisième à revers. Celui de gauche, de trois quarts face prend son élan
et
a roulé ses manches, le peintre montre une veine saillante sur son bras, sourcils
froncés, un grand nez, bouche ouverte, il fournit un gros effort. Un autre à droite
est entièrement de profil, bras gauche en avant, jambe fléchie. Leurs chausses, ce
qui est le cas aussi pour certains gardes, ne laissent rien ignorer de leur
morphologie ce qui leur vaut une condamnation depuis un siècle par les moralistes.
Tous sont au service du roi, dans des fonctions associées aux violences souveraines.
Le troisième en arrière-plan a une tunique courte rose comme sa toque, il est aussi
le seul à avoir des grandes manches bleues et les cheveux gris, il est sans doute
le
bourreau, les deux autres plus jeunes étant ses acolytes. Le second, déprécié de
surcroît par des rayures noires, a le poing gauche fermé, il entame déjà la deuxième
partie du supplice.MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne est fustigé puis, plus grave, battu, ce
qui conduit à la mort. L’exécution intervient en présence de l’ordonnateur, de la
cour
mais sans public, une critique. Elle n’est pas achevée en raison de l’intervention
de la
reine. Le texte souligne que MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne n’a pas
voulu la mort du fils de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, il
cherchait les bonnes grâces du roi.Sortant du palais huit
personnages se devinent, ils regardent le supplice, le plus près du roi est aussi
le
second en importance comme l’indique son costume.Le
roi au premier plan se distingue par sa couronne, sa robe dorée, ses chausses roses,
mais son manteau héraldique est sous le genou, la doublure et le col en fourrure
péjorative, pour condamner le caractère excessif du supplice. Il tient de la main
gauche le sceptre de Charles VInformations à venir (orné d’une
représentation de CharlemagneCharlemagne (entre 06/04/742 et 06/04/748 — 01/02/814) Roi des Francs (13/10/768-01/02/814)
Roi des Lombards (14/07/774-01/02/814)
Empereur d'Occident (29/12/800-01/02/814)
Duc de Bavière (?-?)
assis sur
son trône !), de la droite il accepte la demande présentée par la reine.Cette dernière deux genoux à terre, dans une longue robe grise
et soyeuse, à la jupe ample, présente sa requête en faveur de MumolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne : cheveux blond vénitien, les yeux baignés
de larmes, le nez et la bouche petits et bien dessinés, les mains trop grandes. Une
de ses grandes manches à revers d’hermine cache opportunément sa taille et deux
points marquent les mamelons de ses seins arrondis : elle est enceinte. L’image a
été
retouchée : elle a été privée de sa couronne, correction spontanée par le peintre
ou
sur demande ? nul doute en raison de ses méfaits.
Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
dernier roi à régner en souverain absolu, avant que la noblesse ne capte le pouvoir,
est
assassiné le 20 ou 28 septembre 584 près de sa villa de Chelles, après une partie
de
chasse à la tombée de la nuit. Les sources ne concordent pas. Grégoire de ToursGrégoire de Tours, saint (02/12/538 — ?) Saint chrétien, historien, homme d’église du haut Moyen Âge ne donne pas le mobile. La
Chronique de FrédégaireInformations à venir désigne BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
comme commanditaire. Le Liber Historiae
Francorum plus tardif accuse FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
, qui
aurait trompé ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
avec le maire du
palais LandryLandry ( — ), mais un LandéricLandry ( — ) n’est maire du palais qu’en 603. L’attribution
à Gontran, partisan d’une politique d’équilibre, ne tient pas mieux. Guillaume CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français désigne FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. Le cadre est
surmonté d’un fronton orné de deux larmes et d’un cercle bleu, qui soutient la
cordelière. Elle descend et s’enroule à gauche et jusqu’au sol de la chambre, le long
de la première superposition de colonnes. Elle est séparée de la seconde par un
espace coloré du même gris que le ciel et les rideaux du lit royal. Sur les tores
entre les deux, un putti est assis de face, tête tournée pour ne pas voir ce qui se
passe dans l’intimité de la chambre. La colonnde de droite repose sur une base
carrée, fragile équilibre et le bas du cadre n’est orné que de feuilles
d’acanthe. L’image est construite autour d’une diagonale : de la chambre au
petit matin à la forêt et de l’autre le retour à la tombée de la nuit sur le seuil,
de
la villa. Sous un ciel sans nuages, la villa de Chelles
occupe une place considérable. Elle est protégée par un mur d’enceinte : avec au
premier plan une courtine crénelée et avec canonnière et une porte commandée par une
tour. Cet appareil défensif se retrouve à l’intérieur en particulier pour la porte
principale du palais. Le tout renvoie au long développement du texte (v. 3742-3762)
montrant Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
après la naissance de son fils ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
soudain envahi de crainte, redoutant la vengeance de son
frère et de son neveu, au point de ne loger que dans des tentes en plein champ au
milieu de son armée. Il décide de s’installer à Chelles pour chasser (v. 3763-3765).
Les multiples fenêtres, le dôme doré, les lanternes sommitales, l’encadrement de la
porte d’entrée soulignent la richesse du lieu de plaisance. Tout indique le calme
et
le confort de la résidence, préoccupation récente inspirée des cours italiennes,
comme le décor renaissant des façades de la chambre et à l’intérieur du palais sur
les murs de l’entrée. La chambre dite seconde – celle de la reine avec un lit à une
place - (v. 3782) est luxueuse avec un chambranle de porte orné d’une cordelière et
de vases, une tenture rouge avec décor en roue de paon récent. Le peintre utilise
l’azur fleurdelisé, pour la courtepointe du lit, la tunique du roi, le drap d’honneur
sur la chaise de la reine.De manière
révélatrice, un motif déjà rencontré en bas des cadres en mauvaise part est ici
déplacé dans l’image et démultiplié : quatre têtes soufflant dans des trompes et une
dans deux branches. Scène I, ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
découvre l’adultère de la reine, en partant à la chasse au
petit matin (3776-3778). FrédégondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
nue dans son lit, une couronne sur sa coiffe blanche dort
sur le côté droit, dos au roi.ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, cor de chasse à la ceinture,
de trois quart dos et visage de profil, position péjorative, la frappe au-dessus du
coude avec un bâton là où le texte indique un petit coup sur le dos avec une houssine
baguette de houx flexible, une vergette petite baguette. (v. 3786-3788). Le texte
évoque sa réaction, ce que l’image ne montre pas : « laisse landryLandry ( — ) qui te donne dit-elle, la hardiesse telle »
(3790-3791), pas plus qu’elle ne suggère la relation adultère et le contexte :
ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, dont la lubricité est
connue (fol. 80 verso) a testé l’honneur de la femme du maire du palais, ce qu’il
lui
rend en devenant l’amant de la reine (3799-3801). Le roi sur l’instant ne dit rien,
il entre en frénésie, prit d’une grosse lourde et forte jalousie (3792-3797). Sa
position déséquilibrée en suggère la cause et l’effet : tête de profil, corps de
trois quarts dos et jambes vers la droite pour « passer tel ennuy » en allant
chasser.Scène II, à la lisière de la forêt, suivi
par un autre cavalier, le roi cheval blanc harnaché de rouge et sonnant du cor force
un cerf avec un lévrier blanc symbole de fidélité au collier précieux et deux chiens
courants. Le texte décrit longuement ce qui se passe au palais dans
l’intervalle. Sachant que le roi a peu de compagnie pour le défendre, FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
mande LandryLandry ( — ) (3804-3806). En pleurs elle lui annonce qu’il va mourir
(3810-3813) en donne la raison (3820-3822), le laissant terrorisé (3825-3836).
Criminelle expérimentée (3338-3339), la reine lui conseille de payer des sicaires
capables de se taire (3840-3845) pour éliminer le roi et profiter du royaume (3855-3856)
grâce à leur fils, donc un bâtard. L’image résume en retenant sa responsabilité
exclusive. Une fenêtre de la villa, laisse voir la reine
dans un retrait. Son visage tourné vers la scène I souligne le lien de causalité avec
l’attentat. Le peintre joue sur le contraste entre les marques d’honneur, la
couronne, l’assise couverte d’un drap d’honneur, les pieds sur un coussin et le geste
par lequel elle commandite le régicide, qu’il souligne par la fourrure tachetée très
péjorative de ses manches.Scène III. Le roi est
attaqué à son retour, le soir même, par trois hommes à l’épée : le premier vise
l’aisselle gauche, au côté les tripes sortent, un autre perce la gorge, le troisième
s’apprête à donner un coup de taille (3869-3873).Les chiens sont en train de franchir le seuil,
pour montrer la rapidité de l’attaque à l’arrivée du roi. L’auteur décrit
ensuite circonstances aggravantes le sang froid des criminels. Les tueurs en courant
crient que le roi est mort et cherchent avec la cour les assassins. FrédegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
mène grand deuil, « en sorte escervelee
elle criant gémissant souspirant tordant les braz et ses cheveulx tirant » (3887-3889)
en son cœur elle rit. LandryLandry ( — ) feint l’ignorant,
affiche sa tristesse. La fin de Chilpéric IerChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, « vil et horrible homicide » (3899)
correspond à sa vie (3915), exemple à méditer (3920). Suivent deux paragraphes sur
les
vices et cruautés de ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, comparé à
NéronNéron (13/12/37 — 07/06/68) Cinquième empereur romain de 54 à 68. L’image contribue à faire de l’esclave
ambitieuse et sanguinaire, par rejet social, un contre-modèle idéal, sans contester
sa
légitimité. Le programme lui donne le premier rôle alors qu’elle vit et règne moins
longtemps que sa rivale BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, qui
pratique comme elle la grande trahison et à défaut de l’adultère, l’inceste.
Le cadre est surmonté d’un double décor de
pierre s’enroulant en volute (volumen), et symbolique, entre les deux un petit
diable, et dessous trois incrustations bleues et or. La cordelière pend plus à gauche
et la colonne à décor végétal est plus épaisse attestant de l’absence de contestation
du pouvoir. La régente, sans statut légal, est reconnue par les grands ce qui assure
la continuité dynastique et renforce leur poids. En bas le visage de face se tourne
vers la gauche, deux acanthes sortent de sa bouche, prudence du peintre.
L’image illustre deux scènes : la fustigation sur ordre de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
d’un envoyé de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
chargé de l’assassiner et à son retour,
le supplice ordonné par la seconde. Elle se lit de haut en bas, la composition place
sur
l’axe central BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
à son balcon. Elle
instaure une unité de lieu factice, puisque BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
est aux abords de Paris et FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
près de Rouen en Normandie. La
villa royale de Vaudreuil, est représentée ici dans un paysage paisible. A
l’intérieur de la clôture, des bâtiments, au goût du jour sont groupés. L’ensemble
comprend une tour carrée, un édifice central, avec terrasse, encadré de deux tours
rondes et deux entrées. La première sous un toit d’ardoise se devine avec une colonne
lisse au rez-de-chaussée. La seconde est sous un toit en bois. Par un portail encadré
de deux colonnes torsadées sous un arc décoré d’un groupe pyramidé végétal, elle
permet d’accéder à une cour intérieure pavée puis avec trois marches à une galerie
couverte soutenue par une colonne torsadée. Le tout est à l’image de la personnalité
tortueuse de l’occupante.Les deux
reines ont le même costume, soit un statut identique. La première, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, n’apparaît que trois fois dans le
manuscrit, ici elle est brune contre six pour la blonde FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
. Le peintre les distingue sans
ambiguïté par leur manière d’exercer une composante de leur pouvoir : rendre la
justice. En haut BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
hors de proportion avec l’édifice, est sortie sur sa
terrasse, ornée d’un drap d’or, rose et motifs circulaires dorés, soit le rappel
indirect de sa culture et direct de sa politique de retour de l’Etat au sens
romain.Elle ordonne, à distance, le supplice
d’HauldryHauldry ( — ) à l’intention d’un groupe d’au
moins six hommes : le premier tout en rose montre la reine, ce qui vaut acceptation
de la décision, le second en longue robe bleue tourne le regard vers le
précédent.HauldryHauldry ( — ) présenté par Guillaume
CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français comme un sicaire (en fait un clerc), dénudé jusqu’à la taille,
les bras croisés sur la poitrine pour se protéger, a déjà des marques et des traces
de sang sur sa chemise rabattue.Les
deux exécuteurs, des agents subalternes du pouvoir (costume) sont dépréciés : le
bourreau de profil frappe de haut, son acolyte cingle le dos du supplicié. Le
contexte du deuxième supplice diffère par l’absence de public.FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
est
installée au premier plan dans la cour, sur un trône représenté de trois quarts
devant une tenture bleue et or qui fait office de tapis mais à même le sol. Le meuble
luxueux à très haut dossier, porte un grand décor végétal et des lettres capitales
sur le haut du dossier et l’accoudoir. La reine pour donner l’ordre de l’exécution
ne
s’appuie pas sur le dossier. Sa longue robe grise épouse ses deux jambes (un peu)
écartées convention ancienne, pour distinguer un mauvais gouvernant. Le peintre non
sans humour lui fait poser la main gauche sur l’accoudoir cachant les yeux de
l’animal du trône, le second étant derrière sa manche. Elle regarde la main sur le
billot, une manière pour le peintre d’indiquer sa volonté de vengeance. Bourreaux
et
condamné sont tous tournés vers elle.HauldryHauldry ( — ) rhabillé (en bleu et rose pour dire son
loyalisme) a un pied posé sur le tapis, rappel du lien avec la commanditaire de la
tentative d’homicide. Un officier, le plus âgé, le
présente avec tristesse et son second, plus jeune l’immobilise en le tenant par
les épaules (le rebras cranté de son chapeau est péjoratif). Un genou à
terre jambe contre le billot en bois, le supplicié vient d’avoir la main droite
tranchée (celle de la trahison, de l’homicide raté) le sang gicle du
moignon.Sur le dos de la main gauche à plat sur le
billot le bourreau a posé la lame d’un couteau et s’apprête avec une massette à
frapper. Le supplice cruel, inhumain, dégradant et injuste est dénoncé par le choix
inadéquat de l’instrument de justice, en raison de la référence biblique du texte
(déjà la cognée est mise à la racine de l’arbre), qui évoque la justice terrible de
Dieu. Entre autres pour la même raison, n’est pas montré après l’émanotation,
l’amputation des deux pieds.Deux dames de
compagnie, des aristocrates, sont debout à côté de FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
une en bleu en partie cachée souriante, l’autre en rose,
qui a soulevé sa robe pour venir assister au spectacle et approuve de la main gauche,
à tort. Elle valide ainsi la tentative de la reine de s’exonérer de sa responsabilité
dans la tentative d’homicide contre BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
.
Le cadre présente des variantes
significatives. Au sommet un vase cassolette avec flamme ne brûle pas la cordelière
qu’il soutient et ne descend pas à gauche le long des deux superpositions de
colonnes, entre lesquelles se trouve un panneau d’un bleu saturé, rappel de
l’appartenance de la Bourgogne au royaume. Le tout s’oppose à la superposition de
pilastres et en bas, au centre, au visage d’un petit diable qui souffle dans deux
branches d’acanthe, le menton et le cou gonflés. Le peintre renvoie peut-être à
l’enflure des discours des ambassadeurs et de leur maître L’épisode pose la
question du droit sacré des légations. L’image se lit de bas en haut, de gauche à
droite
et la composition utilise le nombre d’or. La scène fait une synthèse des suites de
l’audience des ambassadeurs de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français. Deux
moments sont représentés : le supplice et l’envoi en prison. Elle intervient à l’intérieur d’une grandiose salle du trône, unité de lieu. La
moitié de l’image est occupée par le sol carrelé dont PichoreInformations à venir fait un usage constant. L’autre moitié laisse deviner sa
hauteur avec un décor renaissant très présent sur les murs et autour des fenêtres
du
fond. Il s’articule mal avec le mur de droite plus clair. Le chambranle de la porte
en bois sculpté reprend le décor sommital du cadre.La salle est occupée à gauche par un dais au pan gris brodé d’or et au plafond bleu
foncé. Un rideau azur fleurdelisé descend jusqu’au sol. La Bourgogne est partie
intégrante du royaume franc, rappel a contrario des revendications de Maximilien Ier de
HabsbourgInformations à venir puis ensuite de Charles
QuintInformations à venir.La salle est traversée par un
portique : une poutre soutenue par trois colonnes de marbre, leurs bases sont
disposées en triangle pour les besoins du supplice, une maladresse.Au premier plan en perspective de trois quarts (la plus
simple) sur un coffre de bois aux panneaux sculptés de décor végétal, ont été jeté
les vêtements des envoyés. La dénudation est dégradante, une injure.Au deuxième plan, les trois hommes sont attachés à la colonne
grise centrale, bras dans le dos, en petit drap, sourcils levés, terrifiés, avec déjà
des marques (haut du bras, bras et poitrine). Deux sont visage de profil, le corps
de
trois quarts dos. Le seul visible en entier est le chef de la légation : le visage
vers son bourreau, le corps de face plutôt bien observé jusqu’au veine saillante sur
le bras gauche et la jambe droite tournée pour tenter d’esquiver le coup et un raté
au niveau de la taille, une tache blanche.Leurs bourreaux les entourent. Le
premier de profil, visage en partie caché par son bras levé pour donner un coup de
haut est en plein élan. Il a adapté sa tenue en remontant chemise et tunique
accrochées à la ceinture. Le poing fermé pour éviter le ballant, il frappe la
première victime. Le second bourreau, en grande partie caché par la colonne, sourcil
froncé pour traduire son effort, lui donne un coup de taille. Le troisième bourreau,
devant la colonne bleue, de trois quarts face, s’apprête à cingler à revers du bras
droit et tient de la main gauche d’autres verges, jambes écartées, pieds au sol, il
enchaîne les coups en rythme, bouche ouverte sous l’effort. La disposition des verges
renvoie pour deux d’entre elles à l’ordonnateur.Le peintre fait le lien entre la
fustigation et la scène suivante de deux manières, par la main droite de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne qui ordonne le supplice et par le visage
d’un courtisan qui par-dessus l’épaule d’un autre regarde l’exécution. Le poing
gauche du roi est dirigé vers la droite, la prison.GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne est assis, haut du corps et
visage sur un trône en bois aux formes géométriques qui ne peuvent se confondre avec
le trône de DagobertInformations à venir (ou ses variantes)
inspiré de la chaise curule. Le souverain n’a pas de couronne, mais une toque rouge
à
grand rebras d’hermine, comme sa collerette et ses revers de manches sur une robe
de
drap d’or rose. Le peintre insiste sur la blancheur de sa chevelure et de sa barbe,
la colère qui lui monte aux joues, son nez massif et sa bouche dure : un vieillard
mais vigoureux et implacable.Au premier rang d’un
groupe de cinq courtisans, lui servant d’étiquette, le plus éminent (le maire du
palais, le Grand Maître de la cour ?) regarde avec tristesse la mise en prison des
envoyés, il marque sans ambiguïté sa désapprobation bras croisés.A droite deux gardes- le premier en tunique rose, chausses
blanches, ce qui reprend les codes couleur de son maître- poussent les trois ambassadeurs rhabillés et couverts vers
l’obscure basse fosse. Le costume souligne leur dignité : robe longue bleue ou grise,
col d’hermine toque à rebras. Ils sont de trois quarts dos les mains liées dans le
dos, décalées pour mieux donner à voir leur position peu naturelle - pronation et
un
croisement - associée à leur impuissance. Par la façon dont la légation a été
traitée, GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne en 585 ne reconnaît pas aux
émissaires de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français, leur statut
d’ambassadeur. Il les considère comme des traîtres et les fait immédiatement torturer.
L’image n’évoque en rien la teneur de leurs discours et leurs menaces, renvoyant ainsi
au problème de fond, l’illégitimité de leur mandataire, héritier secondaire considéré
comme un usurpateur.
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français, bâtard non reconnu du roi
Clotaire IerClotaire Ier (circa 498 — entre 29/11/561 et 31/12/561) Roi des Francs (558-561)
Roi des Francs de Soissons (511-558)
Roi des Francs d'Orléans (524-558)
Roi des Francs d'Austrasie (555-558)
et donc demi-frère putatif de ses fils ChilpéricChilpéric Ier (537 — 29/09/584) Roi des Francs de Neustrie (561-584)
, GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
, s’exile à Constantinople, où l’empereur le
soutient. Gontran BosonInformations à venir duc austrasien,
alors ambassadeur de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, roi de Burgundie,
sans héritier, le rappelle et le reconnaît. Il revient, mais le roi, s’étant rapproché
de son jeune neveu Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais (fils de
SigebertSigebert Ier (535 — 575) Roi des Francs d'Austrasie (561-575)
et de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
), veut le chasser. Il se réfugie à
Saint-Bertrand-de-Comminges (Convenae) situé sur un éperon rocheux à 515m d’altitude
où
il finit, trahi par ses partisans. La ville est détruite, les habitants massacrés
et les
traîtres aussi. Grégoire de ToursAmbiguïtéInformations à venirInformations à venirInformations à venir,
contemporain des faits consacre à son destin tragique huit chapitres du Livre VII
en
s’autocensurant, FrédégaireInformations à venir élude.
L’enchaînement des événements est complexe. 1 - GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français à Bordeaux cherche des secours contre Gontran de BurgondieGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, il enlève les trésors de
RigontheRigonde (circa 569 — ) (?-?)
Fille de Chilpéric, quitte la ville et se réfugie 312
km plus loin à Saint-Bertrand-de-Comminges, sur le piémont pyrénéen, où il espère
l’arrivée de secours espagnols. Il fait venir les gens à l’entour, les dépouille de
leurs vivres puis les chasse. 2 – GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne lui
fait envoyer un faux, une lettre de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
,
lui demandant de congédier son armée et de rejoindre Bordeaux, une ruse pour savoir
ce
qu’il fait. Ses généraux le cherchent sur les rives de la Garonne, trouvent les trésors
et les chevaux qu’il a laissé en chemin, en deux étapes, apprenant où il s’est réfugié,
ils décident de le poursuivre. 3 - Arrivés à Saint-Bertrand-de-Comminges ils ravagent
le
plat pays et LeudegésileLendegesille ( — ) (v 4389) chef de
l’armée de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne, prépare des machines de
siège puis envoie des messagers négocier secrètement dans la cité. Le duc et patrice
MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne (v. 4393) l’évêque SagittaireInformations à venir, ChariulfInformations à venir et Waddon en échange de leur vie
(v. 4392-4395 des lâches pour l’auteur qui ne mache pas ses mots) promettent de livrer
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français à condition qu’il ne soit pas tué
et entre en religion (v. 4398 l’auteur le dit livrer à la mort). Ils lui demandent
alors
de se rendre. Il sort pour négocier avec OllonInformations à venir
comte de Bourges et Gontran BosonInformations à venir.
MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne ferme les portes. GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français conduit vers l’escarpement est poussé par
OllonInformations à venir, qui tente de le percer d’un javelot, il
se relève tente de remonter alors Gontran
BosonInformations à venir le tue avec une pierre (v 4402). L’auteur ne cache pas ses
difficultés (v. 4385-4388, 4404-4409) : il manque de temps pour rendre compte des
différents épisodes et ne peut leur consacrer de longs développements et renvoie le
lecteur à sa source pour de plus amples informations. Le peintre confronté aux
incohérences et aux ellipses du récit donne des derniers mois de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français (584-585) une version vraisemblable et
politiquement correcte au début du XVIe siècle, c’est-à-dire tenant compte des visées
impériales sur la Bourgogne. Certains épisodes disparaissent ou sont présentés
autrement. Les tractations lors du siège, entre LeudegésileLendegesille ( — ) et MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne et les
partisans de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français ne sont pas figurées.
Or ils parviennent à le convaincre de sortir. Surtout, la suite embarrassante pour
GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne roi de Burgondie - le patrice
MummolusMummolus (VIe siècle — 585) Roi de Bourgogne qui referme le piège, puis la mise
à mort sordide de GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français - n’est pas
décrite. Le cadre est surmonté d’un arc déprimé
orné de bleu sous une cordelière qui s’enroule autour des colonnes superposées à
gauche jusqu’aux murailles de la cité et à droite autour de la colonne plus large
superposée à un pilastre. Trois putti la soutiennent : le premier, de la main gauche
tombé à plat ventre sur le cadre (4370-4377, allusion peut-être au pauvre saut de
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français tombé dans le piège de la
fausse lettre), le second visible à mi-corps, de la droite. Le troisième debout sur
le tore du pilastre qui semble vouloir l’entraîner dans sa fuite. Le pilastre orné
d’un décor bleu à candélabre or, attire l’attention sur une courtine et les
assiégeants tout aux pieds des murailles. En bas du cadre un diable souffle dans deux
acanthes. L’image se lit de haut en bas, un tiers est consacré à ce qui précède
le siège, et deux tiers à la prise de la cité. Scène I,
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français en armure dorée et sur un
cheval blanc à la tête de sa cavalerie sort de Bordeaux (v. 4373-4379 l’auteur évoque
l’inverse), ville prestigieuse avec des tours rondes couronnés de dôme, des murailles
puissantes et de nombreux bâtiments à l’intérieur.Scène II À la traversée d’une épaisse forêt, un premier convoi avec trois
conducteurs en civil et deux ânes transportant les trésors de GondewaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français (v 4382-4384) dans des coffres
métalliques est attaqué par six combattants en armure et leur capitaine en bacinet
fermé. Une première victime est au sol, les deux autres sont frappées dans le
dos.Dans la plaine plus loin, un
second convoi avec une charrette, un âne bâté de ballots blancs et deux conducteurs
est attaqué par un homme de guerre, qui va être rejoint par les autres. Scène
III Saint-Bertrand-de-Comminges (v. 4360-4367) est investie. La ville est dominée par la cathédrale Notre-Dame avec ses contreforts et sa tour
clocher quadrangulaire, sur un toit en bois, à sa gauche peut-être le palais
épiscopal et un édifice, le tout fortifié évoquant peut-être l’enclos canonial.Bertrand de Got, évêque de la cité, futur Clément
VInformations à venir, premier pape d’Avignon, en a fait un lieu de pèlerinage réputé grâce à
la canonisation de Bertrand de
l’IsleInformations à venir, un de ses prédécesseurs du XIe siècle. Elle est aussi située sur
le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, d’où le nombre de maisons autour d’un vaste
espace central. Au premier plan, le décor renaissant de la
porte entre deux tours avec médaillons et la courtine en opus incertum dotée de
canonnières rappellent le passé romain de Convenae dont les murailles hautes datent
du Ve siècle. Elle a perdu la moitié de ses créneaux, évocation indirecte des
machines de guerre installées par LeudegisèleInformations à venir.Deux assaillants lancent
l’assaut à l’épée et à la lance.Un des nombreux
défenseurs oppose sur la partie endommagée une ultime résistance protégé par un
bouclier et armé d’une hache. Sur la tour qui commande la courtine, un autre avec
une
hallebarde est en appui.A droite, une vingtaine de
combattants au pied de la muraille sous un gonfanon gris attend, suggérant la durée
du siège et sa difficulté.Au premier rang des
défenseurs, sur les murs, un combattant qui a perdu son arme est percé d’une lance
alors qu’il se tourne pour combattre vers la gauche. La destruction partielle
de la courtine découvre largement ce qui intervient ensuite. Scène IV La prise de
la
ville. La cavalerie de GontranGontran (532 — 30/03/593) Roi des Francs de Bourgogne (561-593)
Saint catholique, roi franc de Bourgogne envahit la cité.
Le roi se distingue par son équipement qui dit la
plénitude de son pouvoir : il est couronné, bacinet fermé, en armure dorée, une
courte cape bleue flottant sur les épaules et sur un cheval blanc harnaché de rose
et
rouge. Au premier plan il est à l’arrière de ses troupes par convention, pour montrer
au lecteur, qu’il en est le chef. Il charge épée au clair, alors que tous ses hommes
sont armés de lance sans avoir encore franchi le seuil. La mise en scène l’exclut
ainsi de ce qui se passe dans la cité.A
l’intérieur, les assaillants sous un gonfanon vermeil sont au cœur de la
cité.Le peintre met l’accent sur deux figures
monumentales, seuls visages découverts. Elles ont engagé un âpre corps à corps.
GondovaldGondovald (VIe siècle — ?) Roi français, en armure dorée, comparable
par sa qualité à celle de son demi-frère, visière relevée en forme d’aile, cherche
à
se réfugier dans l’église. Il se bat à l’épée, mais sans gantelet à la différence
de
Gontran Boson, en harnois complet, cotte bleue et jupe rose sur sa braconnière. Le
premier ne s’est pas rendu, n’est pas prisonnier, ce qui autorise selon le droit des
armes le général du roi burgonde à le percer d’un coup mortel à l’épée se dirigeant
à
travers les parties molles vers le cœur. Il n’y a pas fratricide, ni
assassinat, ce qui est conforme à la version de l’auteur. Cependant le lieu, où le
meurtre du prisonnier est intervenu, sur les pentes escarpées en dehors des murs est
bien figurée en bas à droite au premier plan au niveau de la plaque bleue. Est ainsi
laissée la possibilité de retrouver le sordide déroulement du crime. Le massacre des
habitants et la destruction de la ville ne sont pas suggérés, ce qui confirme avec
dernier assassinat du volume des enjeux politiques très actuels.
Le cadre. L’importance du végétal l’emporte
en lien avec la scène principale. Au sommet subsistent du répertoire renaissant deux
vases autour de l’arc déprimé et en soutien de la cordelière. Les montants du
portique opposent : une superposition tête bêche de deux bourgeons ouverts sur un
fut
terra cotta contre à droite un tronc ébranché (les douze branches se retrouvent dans
l’image) et écorcé. Sur le bas deux des quatre hybrides pattes de lion-feuilles
tournés en sens opposé sont unis par un bandeau comme ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
sait ensuite réunir le royaume des Francs.Sous un ciel clair où stratus, alto stratus glissent vers la
gauche, le paysage comprend à l’horizon une ligne de collines avec forteresses, puis
trois autres dont une abrupte porte les murs de Droizy entre deux fleuves (le Lavoir
et la Crise). Le camp de Childebert
IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais est installé dans une grande plaine limité par deux buttes qui occupe
les deux tiers de l’image.Au centre FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
attire le regard, elle joue un rôle
décisif souligné par le texte. Elle est derrière le camp de toiles, la scène
intervient après le premier affrontement, au point du jour. Elle est couronnée, vêtue
d’une longue robe bleue. Les larges revers anthracites de ces manches rappellent son
statut de veuve, ils sont l’indice d’une réticence, au début du XVIe siècle, sa place
n’est pas sur le champ de bataille. Assise en amazone sur un cheval blanc, harnaché
de noir et d’argent,elle tient dans ses bras son
fils représenté en petit enfant conformément au texte, en fait il a dix ans. Il est
déjà couronné et porte une robe grise et une ceinture dorée… en tenant son biberon.
Il touche de manière symbolique la main droite la tente royale de Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais, qui va lui revenir en quelque
sorte, tout en regardant sa mère, à qui il doit la victoire.Régente du royaume de
Neustrie après la justice, elle exerce une autre prérogative du pouvoir souverain :
elle dirige l’armée, LandryLandry ( — ), dont elle a fait son capitaine est derrière elle, en armure
dorée, épée au clair sur l’épaule. Il a comme second un cavalier équipé
d’une targe. Composée de nobles, cette cavalerie lourde innombrable marche (de nuit)
sous un gonfanon gris et or près de la reine - une des deux flammes descend vers
LandryLandry ( — ) - et une bannière carrée, rouge
vermillon brodée de motifs et de filets or comme pour les unités tactiques romaines.
FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
au premier rang agit comme
un commandant romain et utilise la ruse face à un ennemi redoutable. Ses ordres ont
été respectés. Les cavaliers n’ont pas démonté, ils ont gardé leur armure et sont
lances au poing. La reine a fait mettre au col des chevaux y compris le sien - une
cloche, pratique utilisée quand ils pâturent également par l’ennemi, le bruit
n’éveille donc pas l’attention. Pour la même raison les chevaux vont au pas Surtout
une douzaine de cavaliers a sur l’épaule une branche bien verte, comme camouflage.
Cette véritable forêt qui marche fait la célébrité de l’épisode et inspire à
ShakespeareInformations à venir le dernier acte de
Macbeth. L’attaque surprend à heure non suspecte, c’est-à-dire au point du
jour, le camp de Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais.Les assaillants circulent déjà entre les tentes. Trois
seulement en évoquent la richesse. Une grise et or, puis une blanche très haute et
une somptueuse tente royale rose au décor de perles dorées. Le pan du toit est orné
de lettres, de volutes et de franges et elle est doublée d’azur semé d’annelets
d’or.Elle s’ouvre sur un lit dont le luxe contraste
avec le désarroi de ChildebertChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais et de sa
compagne coiffés d’un bonnet de nuit, nus, qui cherchent du regard à comment
s’échapper. La femme, dont rien ne permet de dire qu’il s’agit de l’épouse du roi
(FaileubaInformations à venir) est couverte du sang de ses
blessures.Le peintre donne à son agresseur une
armure à la romaine, un capitaine de gens de pied compte tenu de la qualité des
prisonniers et de l’enjeu (le texte insiste sur le butin),un autre s’en prend devant la tente à un serviteur.A l’extérieur les assaillants se distinguent en fonction de
leur équipement : un en armure complète jusqu’aux solerets, un autre avec protection
de bras, de jambes, gambison , toiles et un grand bouclier rond bleu, qui s’apprête
à
frapper un homme déjà blessé en train de fuir au premier plan n’ayant qu’un casque,
le troisième agenouillé sur un combattant qui a tenté de se relever, traverse la
gorge du prisonnier. Les deux sont de profil, la cruauté des gens de pied de petit
état est un topoï. L’opération, qui occupe le tiers inférieur de l’image, a fait de
nombreuses victimes. Une douzaine de lances et l’intérieur d’un bouclier bleu
indiquent une vaine résistance. Sentinelles gardant le camp, soldats désarmés, sont
tombés à plat ventre convention pour indiquer une mort violente que le peintre
renouvelle par un double silhouetté au premier plan et des morceaux de cadavres
têtes, pieds. L’usage du bleu et du rose, pour la tente royale, les hommes de
FredegondeFrédégonde (entre 543 et 545 — 10/12/597) Reine des Francs de Neustrie (568-584)
comme ceux de Childebert IIChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais, répond à des considérations
esthétiques et traduit l’affreuse mêlée de la prise du camp. Le tout est une double
condamnation de la violence de la soldatesque et de la guerre civile.Intervient alors une troisième scène dans le registre
supérieur à droite, sous un gonfanon rouge portant entre autres une lettre or (R)
une
armée s’éloigne en s’engageant entre deux buttes. Ceux qui la dirigent sont à
l’arrière par convention, un roi couronné en armure dorée, sur un cheval blanc
harnaché de noir, à ses côtés un général braconnière bleue sur un cheval bai. Sans
doute, ChildebertChildebert II (08/04/570 — ?) Roi des Francs de Paris (592-596)
Roi des Francs d'Austrasie (575-596)
Roi des Francs de Bourgogne (593-596)
Roi d’Austrasie de 575 à 596, et, à partir de 592, roi de la Bourgogne et de
l’Orléanais partant à la conquête
de la Bourgogne, non de la Lombardie, où d’après le texte, il n’envoie que ses
capitaines.
L’enlumineur retient deux moments, à l’intérieur d’Orléans assiégée par l’armée de
Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne défie en combat singulier LandryLandry ( — ) qui l’a provoqué pour éviter un bain de sang (I). Près d’Etampes,
Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
installe ses tentes. Puis
LandryLandry ( — ) et MérovéeInformations à venir attaquent l’armée de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, qui, malgré la mort de BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, a la victoire. MérovéeInformations à venir est capturé et LandryLandry ( — ) fuit, dans la déroute beaucoup de morts (II).Le cadre a comme les précédents une fonction
visuelle indexicale c’est-à-dire qu’il pose des limites à la surface enluminée et
renvoi à son contenu tout en étant révélateur du contexte. Monochrome il est surmonté
d’un arc déprimé sur lequel repose une cordelière, elle descend au niveau d’Orléans,
un putti ailé tente de grimper sur le cadre pour mieux la tirer du côté droit où se
trouvent deux colonnes jumelles (un tore, au niveau de MérovéeInformations à venir et LandryLandry ( — )). A gauche une seule colonne, paraît en
quelque sorte habitée le fut au niveau de la forêt porte un petit visage, près de
la
tour d’angle, un visage au gros nez et aux yeux tombants, et une petite figure de
diable avec des cornes reposant sur une tête de singe. Sur la partie inférieure de
la
colonne coule une masse grisâtre. En bas le motif des branches d’acanthe est inversé,
la tête est dessous. Il s’agit là d’une dénonciation vigoureuse de la guerre civile
fratricide, un monde à l’envers, toutefois la préférence du peintre va à Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
roi de Neustrie (Paris). L’image se
lit de haut en bas.Sous un ciel où glissent
quelques stratus bleu foncé, la rive sud de la Loire comprend une série de collines
au sommet occupé par des forteresses ou des places fortes, derrière deux autres plus
loin bleuissent et les deux dernières à l’horizon sont un ton plus clair. Le cours
sinueux du fleuve traverse l’image et deux navires se dirigent vers la droite
(aval).Orléans sur la rive nord est vue ici en
perspective en angle, les murailles sont commandées de deux à trois étages par dix
tours, une carrée les autres rondes. Le peintre décrit pour les courtines, crénelées
et avec machicoulis, le parfait alignement des canonnières au même niveau, soit une
circulation interne facilitant le déplacement des combattants. Le tout rend compte
du
choix de BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne de se réfugier dans la
place bien défendue (4790-4791) et lui vaut d’être accusé de lâcheté et raillé par
LandryLandry ( — ) (vers 4792 à 4794). Le chemin de
ronde en haut des murs est occupé par des soldats en armure, certains à visage
découvert, tenant des boucliers ovoïdes, guisarmes et hallebardes, armes d’hast au
poing. A l’intérieur, l’église Notre-Dame (devenu cathédrale Saint-Etienne puis
Sainte-Croix) dont la titulature et l’emplacement exacts ne sont plus connus,
apparaît entre les dômes de deux tours, celle de droite est surmonté d’un gonfanon
rouge pour indiquer sans doute le centre de commandement de la place, sa résidence.
Vient ensuite la porte de la ville encadrée de deux tours et défendue par une
plate-forme. Pour renforcer l’idée d’une place bien défendue, PichoreInformations à venir ajoute un talus au bas des murs.BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, lieutenant
de Théodebert (Thierry II)Thierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
en Neustrie en
armure dorée et plus grand que les autres, occupe seul une courtine, main sur un
créneau,il répond de l’autre à LandryLandry ( — ). La proposition de duel à l’initiative
de BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, est révélatrice de la dégradation
de la discipline antique, un général est censé obéir aux ordres du palais, pas de
trouver un règlement à l’amiable avec l’ennemi. LandryLandry ( — ) assiège la ville en l’encerclant une dizaine d’hommes à pied sont
visibles de dos au revers d’une colline, tandis
qu’à gauche figure le camp de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
et
son armée tous sont à pied, recouverts de leur armure et lance ou arme d ’hast au
poing.Ils sont répartis entre de luxueuses tentes
de guerre et de parade : une grande (tref) gris clair au pan brodé d’or, dont les
tentures tendues laissent deviner l’armature de bois, les cordages ne sont pas
visibles et un pavillon rose-rouge avec boule faîtière, toit orné de rais torses et
pan brodé d’or, pour ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, MérovéeInformations à venir et LandryLandry ( — ).Ce dernier
est représenté en marche sous les murs d’Orléans, en armure dorée sur laquelle il
a
revêtu une cotte bleue, main gauche sur le pommeau de son épée et la droite paume
dirigée vers BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne doigts écartés,
traduit le vers 4794 l’un moque l’autre raille.Derrière le plateau une tente rose a un décor identique, les tentures sont ornées
d’un semé d’annelets d’or mélioratifs. Elle ne correspond pas au siège
d’Orléans.ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
s’est porté vers Étampes à 62 km au nord Est d’Orléans (vers
4821-4822) et s’est installé près de la Juine sur des coteaux étagés de 66 à 156 m
d’altitude. La ville royale est dans une vallée. À l’intérieur de l’enceinte les
maisons se serrent autour de l’église fortifiée la collégiale Notre Dame du fort
d’Étampes à proximité du Château d’Étampes non représenté, dont elle était l’église
en contre bas) avec une terrasse évoquée sommairement par un mur sur le toit
au-dessus des tuiles.Sur le plateau, les deux
armées s’affrontent : celle de Théodebert (Thierry
II)Thierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
sous un gonfanon bleu et or, et celle de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, en fait de son fils MérovéeInformations à venir et LandryLandry ( — ), sous un rouge aux lettres d’or. La
première phase de la bataille n’est pas illustrée, lorsque l’armée Burgonde de Théodebert (Thierry II)Thierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, franchi la rivière Louette
affluent de la Chalouette aux gués d’Étampes LandryLandry ( — ) fait le choix de l’attaquer à ce moment-là pour profiter de son
fractionnement, il a l’avantage. Le peintre a essayé de rendre compte de la complexité
des opérations qui interviennent ensuite, de la durée de l’affrontement et du grand
nombre de combattants. Ici dans l’armée burgonde trois mouvements sont représentés
simultanément sous le gonfanon bleu la charge de l’avant-garde – un tiers de l’armée
-à laquelle vient se joindre BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne (4852) (I), mais il n’est pas encore tué
(4875). Derrière deux vagues (4841) remontent en diagonale depuis la gauche
(II) alors qu’au premier rang intervient la charge royale avec trois chevaux en ligne
(4877-4878). Le roi charge droit devant lui au premier plan,
il a déjà combattu. Sa monture avec sur la tête trois plumes roses est blessée.
Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
se lance à la poursuite
(4885) (III) de l’armée de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
déjà
en train de fuir (4881).Un cavalier fait prisonnier
MérovéeInformations à venir (4882),la rapidité de la fuite est suggérée par la housse retroussée
sous l’effet de la vitesse du cheval de LandryLandry ( — ). Quelques éléments semblent signifiants, les deux armées
sont équipées de lances, dix combattants ont un statut particulier pour les Burgondes.
Cinq se battent à l’épée BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne (4854), trois
hommes et surtout le roi Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
. Ce
dernier en armure dorée, couronné, braconnière plissée et bouclier roses sur son cheval
blanc est au premier plan. Quatre cavaliers se distinguent
par leur taille BertoaldBertoald (VIe siècle — 603) Maire du palais de Bourgogne, avec un bouclier
et une selle rouge (il aurait indiqué à LandryLandry ( — ) comme signe pour se reconnaître d’être tous deux vêtus de
vermeil, ce que le texte n’indique pas), un cavalier tenant un écu bleu, puis
derrière lui un autre au casque orné de quatre plumes noires et en jupe bleue. Le dernier portant un paludamentum rose et dont le cheval a
une housse bleue est le second de Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, le texte ne donne pas son nom. D’autres sont de moindre rang
comme son voisin plus petit qui est sur une monture à la housse grise, deux autres
tenant des boucliers gris. Près du roi certains chevaux n’ont plus leur cavalier.
La
hiérarchisation du commandement, l’échelonnement des corps de bataille dit l’ampleur
des
forces engagées. Dans l’armée de ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
, un cavalier dont le nom d’est pas donné
fait prisonnier MérovéeInformations à venir en
posant son gantelet sur son épaule. Le peintre rend hommage à sa valeur en le dotant
d’une housse bleue semé d’annelets blancs et ourlé de lettres et souligne par la
richesse du costume et de son équipement le prestige de MérovéeInformations à venir : de trois quarts dos,
couronné (alors que son père ClotaireClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
est
encore vivant), en armure dorée ouvragée et pour sa monture une housse gris clair
ornée de motifs de perles.LandryLandry ( — ), maire du palais a droit à des plumes rouges
sur un tortil assorti, une jupe plissée bleue. Sa selle et la housse de son cheval
sont roses pour la seconde avec des annelets, soit la mise en œuvre des codes visuels
du pouvoir politique et militaire. Par convention les deux hommes sont à
l’arrière de leur armée. Au sol gisent les victimes
piétinées par les chevaux royaux. Cinq sont couchés sur le ventre pour dire leur mort
violente, deux sont sur le dos, dont un portant un armet doré et une cotte grise,
sous le cheval de LandryLandry ( — ) son compagnon
d’infortune qui tente de se relever n’a qu’un simple casque de métal gris. La
proximité des deux défunts souligne que la mort frappe tous les combattants. Les
corps n’ont pas toujours une position susceptible d’indiquer pour qui ils
combattaient au tout premier plan, une critique un guerrier au teint très coloré et
à
la barbe noire est sans doute du côté des Neustriens. Se retrouvent sur le sol les
tronçons de lances brisées (4884 rompus comme les hommes) et le motif des boucliers
tombés à l’envers. La distribution de la couleur bleu et rose dans les deux
camps rappelle que le combat s’inscrit dans une guerre civile meurtrière, qui n’a
que
trop duré. À la mort de MérovéeInformations à venir,
quand Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
a un fils, il l’appelle
MérovéeInformations à venir et choisit Clotaire IIClotaire II (584 — 21/10/629) Roi des Francs de Neustrie (584-613)
Roi des Francs de Paris (595-613)
Roi des Francs d'Austrasie et de
Bourgogne (613-629)
Roi des Francs (613-629)
comme parrain. Ce dernier fait de
Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
son fils spirituel.
D’après FrédégaireInformations à venir, après la victoire
d’Etampes, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
fait donner le poste de
maire du palais à ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais, partisan d’une
guerre fratricide avec l’Austrasie. BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
convainc Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
de déclarer la guerre.
Avec son armée, il parvient au palais de Quierzy, mais au moment où la bataille est
sur
le point d’être déclenchée, les grands de Burgondie demandent la paix. ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais s’y refuse alors ils le tuent et la paix est
scellée. Le cadre tranche avec le précédent par
le retour de quatre décors bleus et or aux motifs renaissants. Sur le haut un fronton
supporte la cordelière et deux putti ailés tournés vers la gauche la soutiennent :
un
à cheval essaie de la remonter tandis que l’autre à genou sur le cadre s’arc-boute
pour la ramener de son côté. Le portique comprend à gauche, près de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien une colonne superposée sur un
pilastre, à droite du côté de son frère Thierry II
(ThéodoricThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
pour Guillaume
CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français) deux colonnes superposées. Au centre, un visage souriant, tient
dans ses mains végétales deux acanthes qui s’épanouissent de part et d’autre. Le
peintre condamne la démarche belliqueuse de Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
(et de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
), le
refus de la paix par ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais mais aussi la
mise à mort de ce dernier par un des leudes qui contrevient aux ordres du
roi.La construction de l’image est symétrique,
cependant Quierzy est en grande partie du côté de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien dont l’armée est la plus proche de l’axe central. Le
ciel est dégagé, malgré deux nuages, un au-dessus de chaque belligérant. Un paysage
de
collines s’étend jusqu’à l’horizon. Le texte (vers 4997) indique que ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien est informé de l’attaque quand l’armée
de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
est déjà près de Metz, il n’y a
pas mention du lieu de la bataille.L’image montre à droite
l’Oise qui traverse Quierzy et suggère qu’elle est dans une vallée (toute une partie
des murs n’étant pas visible).Cité gallo-romaine, la villa royale (impériale sous les
Carolingiens) est aux confins du Soissonnais, du Noyonnais et du Laonnais. Le
prestige de la ville se marque par ses dômes et entre les tours centrales - une tour
double et une tour carrée avec une guette - le toit bleu du logis royal et son pignon
blanc.Un chemin conduit au camp de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien figuré par deux pavillons un bleu et
un gris.En vis-à-vis, celui de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
en comprend cinq alignés, au premier
rang blanc, gris le plus grand pour le roi, rouge pour ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais, puis rouge et bleu derrière, pour dire l’ampleur des
préparatifs. Au-dessus de chaque camp et des corps d’armée deux gonfanons
flottent en sens opposé.Du côté de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien le plus haut est rose et or - les
fanons se retournent symboliquement - le second vermeil et or,pour Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
un
gris imposant et un bleu. Les deux armées sont constituées et disposées de
façon identique. Le peintre suit la distinction entre gens de pied (vers 4944
coustiller), fantassins armés d’hast (coutille : couteau fixé dans une hampe ou
demi-lance) et gens d’arme, depuis le XVe siècle, cavaliers appartenant à certaines
compagnies d'ordonnance et remplace les archers par des canons.Au premier plan des pièces d’artillerie mobile,
attestent de l’importance primordiale au XVIe siècle de leur rôle dans toutes les
batailles.De chaque côté une dizaine
de lignes de gens de pied abaisse progressivement leur lance, ils sont cependant trop
près. Aucun n’a de gantelets. Tous sont en position de combat : pied droit en avant,
jambes souples, légèrement inclinés ils sont prêts au choc avec l’adversaire.
Le capitaine de chaque côté se repère par à son plus grand nombre de protection sans
toutefois les avoir toutes.Le capitaine de ThéodebertThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien a des bottes pas des jambières et
des solerets,celui de Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
n’a pas de protections de bras et d’épaules. Une petite ambiguïté,
il est proche des deux pièces d’artillerie mobile, il peut s’agir d’un canonnier,
dont le statut diffère des fantassins et des cavaliers, ce sont des techniciens très
recherchés.Celui couvert d’un chapeau
vert, devant le roi occupe une grande surface, il est sans doute emblématique pour
le
peintre des bourgeois, chefs de milice communale Les autres ont un équipement
beaucoup plus hétéroclite que les Austrasiens, la plupart sont en souliers, deux
n’ont pas de casque et trois sont armés d’épieux. Deux sont de trois quart face et
quatre de profil. Les deux camps se jaugent du regard. Les bouches ouvertes,
les sourcils froncés ou levés rendent palpable la tension.Au
second rang les gens de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
semblent
s’étonner du mouvement chez leur adversaire, au troisième rang un blême regarde le
meurtre.Au premier rang de la cavalerie lourde
austrasienne, un groupe comprend le roi, sans couronne (elle a été effacée) sur son
bassinet et en armure dorée, sur un cheval blanc harnaché de noir et or. Il tourne
la
tête vers l’arrière comme pour s’en aller. Il n’est pas l’agresseur et ne tient pas
de lance et il en va de même pour son voisin, visière levée et en longue cotte
d’armes rose. En avant plan, un cavalier de trois quarts dos, lance droite fait
mouvement lui aussi.Par contre trois cavaliers
gardent l’alignement, indispensable à la charge.Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, couronné, en armure dorée
et lance droite au poing, occupe une plus grande surface. De profil comme sa monture
blanche (une maladresse au niveau du poitrail), il est hiératique, sans voir ce qui
se joue en un instant à sa droite.Un cavalier s’est
mis en travers devant ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais et le
transperce au niveau du menton - le cou est protégé - par une épée de forme effilée,
appelée bâtarde, qui sert pour l’estoc devant le harnois. ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais sans lance et visière de son bassinet
relevée, sourcils levés, crie. Son assassin, un grand avec une armure identique à
la
sienne, est comme son voisin coiffé d’un armet et visage découvert. Les deux hommes
tournent leur regard vers la droite, anticipant peut-être le châtiment à venir : ils
ont bravé l’interdiction du roi de s’en prendre à son gouverneur du district d’Outre
Jura, duc ou patrice, fonction publique. D’origine romaine, il a exercé d’abord des
fonctions palatines, sa nomination, une prérogative royale, marque une rupture avec
la tradition d’élire un membre de l’aristocratie de la région. Rappel du principe
étatique, qu’illustre la réponse de ProtadiusProtade ( — 606) Maire du Palais
aux contestataires (vers 4970-4976), elle est légale mais mal acceptée par les grands
(vers 4956 barons et seigneurs) dont le roi se méfie, car ils cherchent à cumuler
les
pouvoirs dans les régions un peu éloignées où ils ont leurs propriétés foncières.
Le
gouverneur n’est pas l’amant de BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
,
contrairement à ce qu’affirme l’auteur à la suite de FrédégaireInformations à venir que cette nomination irrite. Il n’est pas tué dans sa tente
en train de jouer aux échecs (vers 4990), mais dans l’exercice de ses
fonctions.
Le cadre est surmonté par un arc déprimé et
deux vases qui soutiennent une cordelière qui descend à gauche vers le cabinet de
Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien, le long d’une
superposition d’une colonne ronde et d’un pilastre à panneau gris à décor de
candélabre, sans doute une manière d’approuver sa décision de partager son trésor
avec son frère Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
pour sauver la
ville. La superposition de colonnes à droite oppose la victoire et ses suites. Le
bandeau bleu rappelle que les protagonistes sont deux rois du Regnum Francorum
symbolisé par une fleur de lis dans une acanthe. Sur un fond de paysage serein
et sous un ciel où s’amoncellent des nuages noirs, la composition s’organise autour
de
quatre scènes. L’auteur suit la version rapportée par l’Histoire des Francs que rédige
Aimoin de FleuryInformations à venir encouragé par
Abbon de FleuryInformations à venir. L’image se lit de
bas en haut. Scène I Théodebert II
d’AustrasieThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien mis en fuite par Thierry
IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, que CretinCretin, Guillaume (circa 1460 — 30/11/1525) Poète et historiographe français appelle TheodorichThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, est assiégé dans Cologne (v, 5209) par
son frère, intervient alors sa « traytreuse et vilaine mort » (titre du paragraphe
fol.
111v.). Dans le camp de ce dernier entre trois riches
pavillons aux boules sommitales dorées et deux tentes, son armée attend en armes.
Au
premier rang, visage découvert, deux généraux équipés de grands boucliers ronds à
umbo l’un avec un pourpoint vert sur sa cuirasse et l’autre en cotte d’armes rose
regardent la tête de Théodebert
IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien.L’image donne une vue partielle de la
ville qui occupe deux tiers de la hauteur et trois quarts de la largeur. Capitale
de
la province romaine de la Germanie intérieure et un temps de tout l’Empire romain,
résidence de maires du palais, la ville est prestigieuse. Elle est dominée par la cathédrale siège archiépiscopal depuis 795, ici au second
plan.A côté se trouve le palais de l’empereur
construit vers 950, qui comprend le cabinet de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien et une tour à contrefort, avec dôme et
lanterne. Au troisième plan sans doute la tour
avec lanterne de l’Hôtel de ville. Toute la ville est pavée, des maisons
s’intercalent entre les édifices majeurs.Une
courtine au premier plan a perdu un étage pour découvrir le cabinet de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien, une salle dont les deux fenêtres
sont fermées de grilles solides. L’image n’évoque qu’indirectement la ruse
(v.5224-5225) des habitants de la ville : un des représentants des habitants, proposant
au roi de partager ses trésors avec son frère, (v. 5230-5234), ce qu’il accepte
(v.5238). Elle le montre en train de trier son trésor (v.
5241-5245) penché sur un coffre rempli de pièces d’or (v. 5246) pour un partage
équitable susceptible d’empêcher la prise par force de la ville. Le roi porte une
collerette d’hermine, sur une robe or fendue sur le côté découvrant une tunique
bleue. Une large ceinture blanche est nouée à sa taille, symbole de son impuissance
à
agir. Sur ces cheveux châtains, alors qu’il est l’aîné, il est coiffé d’un chapeau
à
grand rebras blanc, dont c’est la première figuration dans l’œuvre.Derrière lui, le représentant de la ville avec un paludamentum
rose, s’apprête à le décapiter avec un cimeterre arme orientale pour le déprécier
(v.
5249). Le traître, vêtu de gris et d’orange, est aussi un homme du roi : il a un
chapeau bleu. Scène II Le meurtrier court aux murs
encore le cimeterre à la main, en tenant par les cheveux la tête de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien pour la jeter à Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, remplissant le pacte conclu avec lui
(v.5250-5255).Près de la porte de Mars, le roi en
armure dorée couvert d’une cape grise doublée de blanc a les cheveux blancs,
peut-être pour rappeler qu’il meurt peu après, empoisonné par BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
. Sa main gauche est en pronation pour
indiquer sa tristesse, ce qui contredit le texte qui l’en dit exempt. L’image
n’évoque pas l’entrée triomphale de Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
dans la ville (v. 5258-5259), ni le fait qu’il récupère les enfants de son frère
(v.5263-5265). Scène III En haut à droite devant Metz
sommairement représentée (v. 5266-5267), où les deux fils de Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien sont amenés, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
dès leur arrivée se précipite pour les
tuer (v. 5268-5270). Au sol, le plus grand avec le même costume que son défunt père
Théodebert IIThéodebert II (585 — 612) Roi des Francs d'Austrasie (596-612)
Prince mérovingien blessé au cou, au côté
et au ventre, a tenté de fuir son arrière-grand-mère. Elle frappe son petit frère
d’un coup de dague au ventre. Elle est vêtue d’une robe de soie rose à reflets dorés,
qu’elle porte encore dans la scène suivante.Scène
IV Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
, en chausses orangées
péjoratives, rajeuni et sans couronne, une main sur le cœur, montre l’objet de son
désir (v. 5291-5295). À ses côtés, un courtisan,
bras croisés, ne se prononce pas sur la démarche. Devant lui, trois femmes :
une dame de haut rang, à l’expression sévère, s’interpose. En retrait, la nièce du roi qu’il veut épouser est vêtue d’une robe bleue de même
couleur que la tunique royale, pour souligner leur lien de parenté. La jeune fille
décrite comme belle et douce s’incline, une main en pronation, l’autre marquant son
rejet, une expression douloureuse sur le visage.Derrière, BrunehautBrunehaut (entre 545 et 550 — 613) Princesse Wisigoths (?-566)
Reine des Francs d'Austrasie (566-575)
, sans couronne, a tenté de s’opposer à la
volonté royale (v. 5296-5301). La réaction du roi est décrite comme brutale (v.
5302-5314). Il rappelle son rôle dans la guerre civile, ses crimes, l’injurie et tire
son épée ce que l’image ne montre pas (v. 5315-5319). Effrayée, elle s’apprête à fuir,
non pas sauvée par l’intervention de gens de biens et courageux (v. 5320-5321) comme
l’indique le texte. Elle a mis en avant le caractère illicite et immoral de l’union,
surtout elle craint que cette toute jeune future reine prenne auprès de son mari une
influence qui la prive de son pouvoir. Fratricide et incestueux, Thierry IIThierry II (587 — 613) Roi des Francs de Bourgogne (596-613)
Roi des Francs d'Austrasie (612-613)
montre qu’à l’apogée de la dynastie
mérovingienne le souverain a une conception absolue de son pouvoir, sans limite. Il
est
au-dessus des lois et des normes qui s’appliquent aux aristocrates. Les luttes pour
le
contrôle du Regnum Francorum dans un contexte accepté de violence généralisée entre
les
prétendants, sont un moyen de rappeler aux aristocrates que le regnum à vocation à
englober les tria regna secondaires (Austrasie, Neustrie, Bourgogone) en vain.